Invasions Mongoles Du Japon

Invasions Mongoles Du Japon

Invasions mongoles du Japon

Invasions mongoles du Japon
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Le samouraï Suenaga affrontant les Mongols, durant les invasions mongoles du Japon. Moko Shurai Ekotoba (蒙古襲来絵詞), vers 1293.
Informations générales
Date 1274 et 1281
Lieu Côtes du Japon
Casus belli Volonté de Kubilai Khan de s'emparer des « Îles d'Or » japonaises.
Issue Les envahisseurs mongols sont repoussés
Belligérants
Mongols Samouraïs japonais du shogunat de Kamakura.
Invasions mongoles
Batailles

Les invasions mongoles du Japon (元寇, Genkō) de 1274 et 1281 étaient des opérations militaires majeures entreprises par Kubilai Khan pour conquérir l'archipel japonais après sa conquête de la Corée. Malgré leurs défaites finales, ces tentatives d'invasions ont eu une grande importance macrohistorique ; elles mettent une borne à l'expansion mongole, et sont des événements de dimension nationale dans l'histoire du Japon. De nombreuses œuvres de fiction y font référence, et ce sont les premiers événements durant lesquelles le terme de kamikaze (« vent divin ») est utilisé. De plus, mis à part l'occupation américaine du Japon à la fin de la Seconde Guerre mondiale, ces invasions avortées représentent ce que le Japon a connu de plus proche d'une invasion dans les 1 500 dernières années.

Sommaire

Les prémices

En 1231, les Mongols envahissent la Corée, et après trente ans de guerre, la Corée signe un traité en faveur de la dynastie Yuan. Le Mongol Kubilai Khan devient empereur de Chine en 1260 et installe sa capitale à Beijing en 1264. Deux ans après, les Mongols envoient des émissaires au Japon, demandant aux Japonais de se soumettre à la loi mongole ou de faire face à une invasion. D'autres émissaires sont envoyés en 1268, revenant les mains vides comme leurs prédécesseurs. Tous ces émissaires avaient rencontré le Chinzei Bugyō, ou Commissaire à la défense de l'Ouest, qui transmet le message au shogun à Kamakura, et à l'empereur à Kyōto. Suite à cela, un certain nombre de messages est envoyé, par des émissaires coréens et mongols.

C'est le fait que les samouraïs du shogunat de Kamakura aient récemment pris le contrôle du Japon et n'aient aucune connaissance en politique étrangère qui détermine leur réaction. En effet, si la Cour impériale de Kyōto envisage de céder à la menace, le jeune régent Tokimune Hōjō refuse fermement, appuyé par des moines bouddhistes ayant voyagé en Chine, notamment Nichiren qui enseignait que l'invasion de la Chine par les Mongols était un signe néfaste[1].

Le régent ordonne à tous ceux qui possèdent des fiefs à Kyūshū (la région la plus proche de la Corée et donc la plus susceptible d'être attaquée) de retourner dans leurs terres, et fait déplacer les troupes de Kyūshū vers l'ouest, pour sécuriser les zones de débarquement les plus probables. De grands services de prières sont aussi organisés et la plupart des affaires du gouvernement cessent pour faire place à la gestion de la crise.

Déroulement

Le Khan veut partir en guerre dès 1268, mais l'empire mongol ne dispose pas encore des ressources nécessaires à la constitution d'une flotte et d'une armée d'invasion. En 1273, il envoie en Corée une force qui doit servir d'avant-garde, mais cette armée se trouve incapable de subvenir à ses besoins dans la campagne coréenne et doit retourner se ravitailller en Chine.

Première invasion

Enfin, en 1274, la flotte mongole prend la mer, avec environ 15 000 soldats mongols et chinois et 8 000 guerriers coréens, dans 300 grands vaisseaux et 4 à 500 plus petits. Les Japonais ne disposant pas de forces navales, les Mongols prennent facilement les îles de Tsushima et d'Iki, et débarquent le 19 novembre dans la baie de Hakata, non loin de Dazaifu, l'ancienne capitale administrative de Kyūshū.

Le lendemain a lieu la bataille de Bun'ei (文永の役), aussi connue sous le nom de « bataille de la baie de Hakata ». Les Mongols, avec leur armement (comprenant des explosifs chinois qui font sensation auprès des Japonais), leurs tactiques supérieures et leurs troupes largement plus nombreuses débordent la petite garnison de samouraïs qui doit se réfugier dans la forteresse de Dazaifu. Cependant, de lourdes pertes, un manque de ressources, un début de rébellion parmi les auxiliaires coréens et chinois qui constituent la majorité de l'armée et une tempête qui endommage gravement la flotte forcent les Mongols à renoncer à l'invasion. Cette retraite rapide pousse certains historiens, notamment Stephen Turnbull[2], à affirmer que l'attaque n'était guère plus qu'une reconnaissance des forces ennemies.

Répit

Mur défensif à Hakata. Moko Shurai Ekotoba, (蒙古襲来絵詞) vers 1293.

À partir de 1275, le bakufu augmente ses efforts pour préparer la défense contre l'inévitable invasion suivante. Entre temps, le prince yasu révolté par le fait qu'il ne reçut aucun fief après la première invasion, tente une trahison à l'encontre du Bakufu et accepte la venue de troupes mongoles dans son château mais la trahison est contrée par un shinobi du Bakufu et le prince Yasu est éliminé[réf. souhaitée]. En plus d'améliorer l'organisation des samouraïs de Kyūshū, il ordonne la construction de forts et d'autres structures défensives à de nombreux points de débarquement potentiels, Hakata compris. La construction d'une muraille défensive, le Genkōbori, le long des côtes nord de Kyūshū est entreprise, aux frais des samouraïs, qui ne sont pour la plupart pas des gokenin mais des guerriers indépendants du gouvernement, anciens membres ou vassaux des Taira.

Pendant ce temps, le roi de Corée tente à de nombreuses reprises de négocier avec les Mongols, espérant les décourager de faire d'autres tentatives pour envahir le Japon.

En 1279, les Mongols prennent le sud de la Chine et s'emparent de l'armée et de la flotte de la dynastie Song. Kubilai peut maintenant tenter une nouvelle invasion du Japon, avec ses deux flottes, celle de l'Est (15 000 marins et 25 000 soldats à bord de 900 vaisseaux) et celle du Sud, presque quatre fois plus nombreuse.

Seconde invasion

Des samouraïs japonais abordant des navires mongols en 1281.Moko Shurai Ekotoba (蒙古襲来絵詞), vers 1293.

Elle a lieu au printemps 1281, alors que la flotte chinoise (l'armée du Sud) est retardée par des difficultés à approvisionner son grand nombre de navires.

La flotte coréenne (l'armée de l'Est) prend la mer, débarque à Tsushima et Iki, puis, sans attendre l'arrivée de la flotte chinoise, tente de débarquer sur l'île de Shikanoshima. Elle subit de lourdes pertes face aux shugo Ōtomo no Yasuyori et Adachi Morimune et se replie pour attendre les renforts du Sud, d'abord au large de Hakata, puis au large de l'île de Takashima, à cause du harcèlement des japonais qui abordaient et incendiaient les navires à l'aide de petites embarcations.

Bateaux d'attaque japonais. Moko Shurai Ekotoba (蒙古襲来絵詞), vers 1293.

La flotte chinoise arrive en été. Les deux forces combinées prennent l'île d'Iki, et se rendent à Kyūshū, où elles débarquent en plusieurs endroits distincts. Dans une série d'escarmouches séparées, connues collectivement sous le nom de bataille de Kōan (弘安の役), ou de seconde bataille de la baie de Hakata, les forces mongoles sont repoussées jusqu'à leurs navires.

L'armée japonaise est toujours largement dépassée en nombre, mais elle a fortifié la ligne de côte et se trouve facilement capable de repousser les forces auxiliaires lancées contre elle, tandis que des bateaux japonais harcèlent la flotte, obligeant l'armée à rester à bord des navires. Durant deux jours à compter du 15 août, le célèbre typhon Kamikaze dévaste les côtes de Kyūshū, et détruit la majeure partie de la flotte Mongole, mettant ainsi fin à la deuxième tentative d'invasion.

De nombreux historiens actuels considèrent que la destruction de la flotte mongole fut grandement facilitée par l'utilisation de bateaux fluviaux chinois à fond plat qui constituent la plus grande partie de ses unités, et que si Kubilai avait utilisé des navires de haute mer, dotés d'une quille pour éviter le chavirement, sa flotte aurait en grande partie survécu à la tempête. Certains d'entre eux pensent également que des défauts de fabrication (plus ou moins volontaires) des navires spécialement construit pour l'expédition, et imputés notamment aux charpentiers de marine chinois, sont à l'origine du naufrage.

Conséquences

Kubilai Khan, après avoir envisagé une nouvelle tentative en 1284, doit renoncer à cause des troubles en Asie du Sud-Est.

Le Japon échappe donc à l'invasion mongole, mais la victoire lui coûte cher. Louis Frédéric[3] note à ce sujet qu'en l'absence de sentiment national, les guerriers ne combattent que pour le profit et que le bakufu, « épuisé par l'effort de défense, se révèle incapable de récompenser ses vassaux », et que certains de ceux-ci se voient obligés de céder des terres à des hommes ne faisant pas partie de la classe des bushi.

Le bakufu tentant d'empêcher ce phénomène contraire aux lois du Jōei Shikimoku s'aliène encore plus les samouraïs, pendant qu'une classe de marchands et d'artisans enrichis grâce à la guerre émerge. L'effondrement de l'économie au profit d'une classe de prêteurs sur gage, les taxes supplémentaires pour améliorer les dépenses du pays causent des troubles et entraîne l'instabilité du bakufu et permettent à l'empereur Go-Daigo de faire chuter le shogunat de Kamakura et d'initier la restauration de Kemmu.

Culture populaire

  • Les invasions mongoles du Japon sont le sujet de l'extension Invasion mongole du jeu Shogun: Total War. Cette campagne uchronique décrit une situation dans laquelle l'invasion mongole n'aurait pas été mise en déroute par les typhons.

Notes et références

  1. Source: Mitsuo Kure, Samouraïs, p.39-40
  2. Stephen Turnbull, The Samurai Sourcebook, p. 206
  3. Le Japon, dictionnaire et civilisation, p. 382

Bibliographie

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  • (en) George Sansom, A History of Japan to 1334, Stanford University Press, Stanford (Californie), 1958 (ISBN 0-8047-0522-4) 
  • (en) Stephen Turnbull, The Samurai Sourcebook, 2000 [détail des éditions] 
  • (fr) Louis Frédéric, Le Japon, dictionnaire et civilisation, Robert Laffont, coll. « Bouquins », Paris, 1996, 1419 p. (ISBN 2-221-06764-9) [détail des éditions] 
  • (fr) Mitsuo Kure, Samouraïs, 2004 [détail des éditions] 


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