Bagaudes

Bagaudes
Pillards gaulois par Évariste-Vital Luminais. Musée de la société historique et archéologique de Langres.

Les bagaudes (bagaudae en latin) étaient, sous l'empire romain du IIIe et IVe siècle, le nom donné aux bandes armées de brigands, de soldats déserteurs, d'esclaves et de paysans sans terre qui rançonnaient le nord-ouest de la Gaule. Le poids de la fiscalité romaine conjugué à la misère causée par le refroidissement du climat et les pillages des barbares venus du nord semble être, pour la plupart de ces hommes, le motif de vouloir vivre de rapines. Ce nom bagaude dérive du mot celtique qui a donné le breton bagad, qui signifie troupe, groupe, troupeau. Certaines bagaudes se doteront d'une organisation politico-militaire. Dans leur plus grande extension, elles couvriront les deux cinquièmes du territoire de la Gaule (Nord-ouest principalement).

On peut aussi faire un rapprochement avec les usurpations contemporaines qui semblent également la conséquence des problèmes sociaux et de l'agitation politique de l'époque, même si elles ne concernent pas les mêmes classes sociales et ne sont pas identifiées comme bagaudes. Par exemple, en 281 les habitants de Lugdunum soutinrent l'usurpation de Proculus, riche propriétaire terrien qui arma ses 2 000 esclaves. Il prit la fuite dès que les légions impériales s'approchèrent.

Sommaire

Premières bagaudes

En 284 (ou plus tôt selon les auteurs[1]) sont apparues les premières bagaudes menées par Pomponius Élien[2] dans une Gaule du Nord à peine remise des ravages de l’invasion germanique de 276. Des paysans gaulois se révoltèrent contre l'administration impériale. Ils prirent Autun et la saccagèrent. Contenus quelque temps par Aurélien et Probus, ils se révoltèrent de nouveau sous Dioclétien, ayant à leur tête un certain Amandus. Elles furent vaincues en 286 par l’empereur Maximien Hercule.

La reprise

Les révoltes bagaudes reprirent au IVe siècle, lors des invasions germaniques en Gaule et en Espagne. Les ravages exercés sur la population rurale et urbaine, et l’anarchie développée par le recul de l’autorité impériale parfois remplacée par des dominations barbares moins assurées induisirent de nouveau le regroupement de bandes armées de paysans ruinés et de déserteurs, auxquelles se joignirent depuis les villes des esclaves fugitifs et des citadins endettés, luttant pour leur survie ou tentés de se joindre aux pillages des barbares. Certains historiens y ont vu aussi des aspirations autonomistes contre l’Empire Romain, dans les interactions entre les bagaudes et les réfugiés bretons d’Armorique ou les tribus basques en Espagne. Mais la faim et l’appât du gain facile semblent des motivations suffisantes lors d’une telle époque de bouleversement.

Bagaude de Tibatto

En 435, Tibatto est le chef d'une bagaude qui, selon la Chronica gallica, provoqua la sécession de la Gaule ultérieure et à laquelle se joignirent tous les esclaves. Tibatto est vaincu et capturé en 437. Une légende tirée de sources ecclésiastiques, notamment de l'abbaye de Saint-Maur, situe ces événements sur les bords de la Marne au lieu Bagaudarum castrum aujourd'hui appelé Saint-Maur-des-Fossés, près de Paris. Les fossés en question étaient ceux qui auraient protégé leurs camps mais ces fossés remontent à une date beaucoup plus ancienne. Une porte de Paris du côté de Saint-Maur aurait reçu, en mémoire des Bagaudes, le nom de porta Bugaudarum, et, par abréviation, porta Bauda; elle était située sur le terrain appelé depuis place Baudoyer (derrière l'hôtel de ville de Paris actuel). Il s'agit en fait d'une interprétation étymologique erronée. D'ailleurs il n'est nullement démontré que ce lien supposé avec les Bagaudes concernerait l'époque de Tibatto plus que celle d'Aelianus et d'Amandus.

Dernières bagaudes

Peu après cette date, une révolte bagaude fut réprimée en Espagne par les Wisigoths, sur ordre des autorités romaines.

En 448, une nouvelle bagaude en Gaule centrale est dirigée par un médecin nommé Eudoxe. Battu, il se réfugia à la cour d’Attila.

Un texte de 638 relatif à Saint-Maur-des-Fossés, dans la région parisienne, mentionne un retranchement des bagaudes dans la localité.

Un boulevard des Bagaudes existe entre les communes de Saint-Maur-des-Fossés et de Joinville-le-Pont (Val-de-Marne) ; la plaque porte la mention « peuplade gauloise ».

Notes et références

  1. Selon la chronologie adoptée par Maurice Bouvier-Ajam dans Les Empereurs gaulois la grande révolte des Bagaudes a lieu en 270. Réprimée par Aurélien, puis par Probus, mais un état persistant de bagaudage subsistera pendant un siècle.
  2. Aelianus ou Élien est le chef bagaude le plus connu. Il traitera, un temps d'égal à égal avec Probus

Voir aussi


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