Crimee

Crimee

Crimée

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République autonome de Crimée
Автономна Республіка Крим (uk)
Автономная Республика Крым (ru)
Qırım Muhtar Cumhuriyeti (crh)
Drapeau de Crimée Armoiries de Crimée
Drapeau Armoiries
Map of Ukraine political simple Oblast Krim.png
Administration
Statut politique République autonome d'Ukraine
Capitale Simferopol
Gouvernement
- Premier ministre - Chef du parlement

Viktor Plakida Anatolii Hrytsenko
Géographie
Superficie 26200 km²
Démographie
Population  (2005) 1 994 300 hab.
Langue(s) Ukrainien, Russe
Économie
Monnaie Hryvnia (UAH)
Autres
Fuseau horaire UTC +2
Domaine internet .crimea.ua
Indicatif téléphonique +380-65
Hymne Нивы и горы твои волшебны, Родина
Devise Процветание в единстве (prospérité et unité)

La Crimée (en ukrainien : Крим, en russe : Крым, en tatar de Crimée : Qırım) est une presqu'île située au Sud de l'Ukraine, plongeant dans la mer Noire, constituant une république autonome. Elle est reliée au continent par l'isthme de Perekop. Au Nord-Est se trouve la mer d'Azov. La région, bien que faisant partie de l'Ukraine, est essentiellement russophone. Elle a fait partie historiquement de l'Empire ottoman, de l' Empire Russe et de l'Union des républiques socialistes soviétiques (de la République socialiste fédérative soviétique de Russie, puis de la République socialiste soviétique d'Ukraine en 1954), avant d'être rattachée à l'Ukraine indépendante en 1991. C'est l'antique Chersonèse taurique.

La région est reconnue pour ses vignobles, ses vergers, ses endroits de villégiatures ainsi que ses sites touristiques. On y trouve notamment les villes de Sebastopol, Simferopol et la célèbre ville de Yalta, où furent signés les accords de Yalta en 1945, entre Staline, Roosevelt et Churchill.

Sommaire

Géographie

La Crimée borde les frontières de la région de Kherson au nord. Le reste de ses frontières est la mer Noire au sud et à l'ouest, et la mer d'Azov à l'est. Sa surface est de 26 100 kilomètres carrés, avec une population de 2 millions d'habitants. Sa capitale est Simferopol.

La Crimée est reliée au territoire ukrainien par une bande de terre large de 5 à 7 kilomètres appelée l'isthme de Perekop. À l'est se trouve la péninsule de Kertch, qui fait face directement à la péninsule russe de Taman. Entre les péninsules de Kertch et Taman se trouve le détroit de Kertch, large de 3 à 13 kilomètres, liant la mer Noire à la mer d'Azov.

Les côtes de Crimée sont irrégulières et forment un grand nombre de ports et de baies. Ces ports se trouvent dans la partie Ouest de l'isthme de Perekop, dans la baie de Karkinit. Dans le Sud-Ouest, dans la baie de Kalamita se trouvent les ports d'Eupatoria, de Sebastopol et de Balaklava. La baie d'Arabat se trouve dans le nord de la péninsule de Kertch. La baie de Caffa (ou Théodosie), avec le port du même nom, se trouve dans le Sud.

Les montagnes abruptes, sud-ouest de la Crimée

La côte Sud-Est est très montagneuse, avec une série de montagnes parallèles, à une distance de 8 à 12 km de la mer : la Yayla-Dagh, ou prairie alpine. Ces montagnes sont voisines d'une seconde rangée Azov plus dans l'arrière pays. 75% du reste de la surface criméenne est composée de prairies semi-arides, de steppes dans le sud qui longent par le Nord-Ouest les pieds de la Yayla-Dagh. Une grande partie de ces montagnes ont des sommets assez abrupts et impressionnants, avec une différence d'altitude élevée par rapport à la mer si proche (650 à 750 mètres), commençant à la pointe sud de la péninsule, appelée cap Sarytch. Dans la mythologie grecque, cette pointe aurait abrité le temple d'Artémis, où Iphigénie aurait officié comme prêtresse.

Les falaises tombant dans la mer Noire, Crimée

Les terres qui se trouvent au pied du Yayla-Dagh sont d'un caractère tout autre. Là, les bandes étroites de la côte et les pentes abruptes des montagnes sont couvertes de verdure. Cette « Riviera russe » s'étend tout le long des côtes Sud-Est, du Cap Sarich, dans l'extrême Sud, à Théodosie, accueillant de nombreuses plages, tel Aloupka, Yalta, Gurzuf et Sudak. À l'époque de l'Union des républiques socialistes soviétiques, cette région offrait de nombreux sites de villégiature pour les élites du parti et les travailleurs émérites. Près d'Aloupka se situe le plus prestigieux parc d'attraction pour enfants de l'ex-URSS, l'Artek.

La région de Crimée abrite de nombreuses vignes et vergers. On y pratique la pêche le long des côtes. Quelques mines subsistent, et on y produit des huiles essentielles. On peut aussi trouver de nombreux villages tatars, des mosquées, des monastères et des palais royaux, ainsi que d'anciens châteaux du Moyen Âge et des ruines grecques pittoresques.

La ville de villégiature de Foros, dans le sud-ouest de la Crimée

Villes principales

Histoire

Les débuts

Article détaillé : Chersonèse Taurique.
La colonie grecque de Chersonèsos, près de Sebastopol

Les tout premiers habitants furent les Cimmériens, qui furent par la suite expulsés par des Indo-Européens: les Scythes durant le VIIe siècle av. J.-C.. Les survivants se réfugièrent dans les montagnes et devinrent par la suite les Taurides. Dans le même temps, les colons grecs (surtout Ioniens) se sont installés sur les côtes, fondant des colonies : Chersonèsos, Théodosie... À partir de là, la Crimée (appelée Chersonèse taurique c'est à dire presqu'île des Taurides) fut intégrée au monde grec puis hellénistique durant 17 siècles, passant successivement sous la suzeraineté du royaume gréco-scythique du Bosphore (il s'agit du Bosphore cimmérien, aujourd'hui détroit de Kertch, et non du Bosphore de Byzance), et du Royaume du Pont.

Après la défaite de Mithridate, la région fut sous influence romaine. Alors que le versant Sud de ses montagnes resta gréco-romain et byzantin, le reste de la péninsule fut successivement occupé par les Goths (250 après J.-C.), les Huns (376), les Bulgares (Ve siècle), les Khazars (VIIIe siècle), les Rus' de Kiev (Xe-XIe siècles), les Pétchénègues (1016), les Kiptchaks (1050), les Coumans ou Polovtses (1171), et les Tatars et Mongols (1237). En 1204, les Vénitiens s'étaient emparés de la côte et des ports byzantins de Cembalo (Balaclava), Soldaia (Sudak) et Caffa (Théodosie), mais en 1235 l'empire grec de Trébizonde les leur reprit, pour les concéder finalement durant le XIIIe siècle aux Génois, qui les conservèrent jusqu'en 1430.

Khanat de Crimée

Article détaillé : Khanat de Crimée.

De 1430 à 1783 les Tatars Nogais établirent un État indépendant, le khanat de Crimée, cohabitant avec les Grecs pontins. Depuis longtemps, les Nogais vivaient en partie d'expéditions de pillage en Pologne, en Moldavie et en Russie. Mais les princes, voïvodes et tsars de ces pays devenaient de plus en plus puissants et en 1475, le khanat se plaça sous la protection de l'Empire ottoman, allié précieux (et musulman comme la majorité des Tatars). Il devenait ainsi vassal de la Porte et payait un tribut. En 1498, les Tatars de Crimée participèrent aux côtés des Ottomans à une guerre contre les Polonais et les Moldaves. En 1511, le khanat aida le futur sultan ottoman Sélim à obtenir le poste de gouverneur d'une province d'Europe.

En 1569, le khanat attaqua Astrakhan, qui était passé sous le contrôle de la Russie. Deux ans plus tard, les Tatars, sous les ordres du khan Devlet I Giray, lancèrent un raid contre Moscou, faisant environ 100 000 prisonniers. En 1578, le khanat aida l'Empire ottoman dans une guerre contre les Perses. Durant le XVIIIe siècle, craignant une invasion russe soutenue par les Grecs pontins de Crimée, le khanat en expulsa quelques milliers. La région devint russe en 1774, après la guerre russo-ottomane (1768-1774). Le traité de Iassy qui fut signé fit sortir le khanat de Crimée du giron ottoman pour le transférer dans l'Empire russe. Dès l’occupation russe, les Tatars de Crimée furent persécutés, déportés ou carrément massacrés, tandis que dans le même temps, la Russie envoyait des colons des autres provinces, afin de rendre les Tatars minoritaires dans leur propre pays.

L'Empire russe

Feux d'artifices célébrant la visite de Catherine II de Russie en 1780

La Russie impériale colonisa les territoires qu'elle venait d'enlever à l'Empire ottoman. Elle y installa donc des Slaves (Grands-Russiens et Petits-Russiens, c'est-à-dire Russes et Ukrainiens) qui cohabitèrent avec les Tatars de Crimée et quelques Grecs pontins. Les Cosaques furent chargés de "pacifier" et d'assimiler les Tatars. La Crimée fut intégrée dans le gouvernement de Tauride ; des nouvelles villes slaves furent édifiées, des voies ferrées construites, des marais assainis. Cependant, la Guerre de Crimée, qui eut lieu entre 1854 et 1856, ruina l'économie et les structures sociales de la Crimée, pendant quelques années.

Ce fut surtout après 1860 que la Crimée se releva et devint une véritable riviera russe. Les empereurs de Russie aimaient à séjourner dans leur palais de Livadia, tandis que Yalta allait devenir une ville comparable à Nice ou à Cannes et Sébastopol un port important. Ce fut le début du maillage des stations balnéaires tout autour de la mer Noire, et pas seulement en Crimée.

Beaucoup de Tatars de Crimée, déjà réduits en nombre par l'émigration forcée vers l'Empire ottoman au XVIIIe siècle et au début du XIXe siècle, durent quitter la région en raison des guerres russo-ottomanes, de persécutions et de confiscations de terres. Beaucoup se sont dirigés et réinstallés dans d'autres provinces de l'Empire ottoman, notamment en Dobroudja et en Anatolie. Constituant une minorité en Crimée, la majorité d'entre eux y vécut en diaspora. Finalement, le gouvernement russe décida de cesser le processus d'expulsion au XIXe siècle, car les rendements agricoles en souffraient et le peu de Tatars restant ne représentait plus une menace à ses yeux.

Durant la guerre civile russe en Crimée, la région fut un bastion de l'Armée blanche antibolchévique, avec comme chef le général Wrangel, tandis que les forces anglaises et françaises s'installèrent à partir de novembre 1918 dans les principaux ports. Les Blancs furent cependant défaits par l'Armée rouge en 1920 et beaucoup de Russes blancs prirent la fuite via Constantinople en Europe occidentale.

L'Union soviétique

En 1921 fut créée la République socialiste soviétique autonome de Crimée, partie de la République socialiste fédérative soviétique de Russie.

La Crimée fut la scène de batailles les plus sanglantes de la Seconde Guerre mondiale. Les Allemands subirent de nombreuses pertes pendant leur progression vers la Crimée, notamment sur l'isthme de Perekop, étroite bande qui relie l'Ukraine à la Crimée, durant l'été 1941. Une fois passés, les Allemands occupèrent en grande partie la Crimée, à l'exception de la ville de Sébastopol, à qui fut décernée le titre de Ville Héros par la suite. Sébastopol résista au siège d'octobre 1941 jusqu'au 4 juillet 1942. En mai 1944, les troupes soviétiques libérèrent la ville.

Le 18 mai 1944, Staline, comme forme de punition, fait déporter en trois jours les Tatars de Crimée, suspects à ses yeux comme certains autres peuples d'avoir été favorables aux Allemands. On estime que 46 % des 500 000 déportés moururent de faim ou de maladie. En 1967, les Tatars de Crimée furent réhabilités, mais leur exil ne prit pas fin pour autant avant les premiers retours massifs à partir des années 1990. Ainsi, le peuple légitime de Crimée est toujours en diaspora en Asie centrale ou en Turquie (l'estimation des Tatars de Crimée en Turquie est d'environ 4 millions de personnes).

La République socialiste soviétique autonome de Crimée fut abolie en 1945 et transformée en province de Crimée, toujours partie de la République socialiste fédérative soviétique de Russie. En 1954, Nikita Khrouchtchev ayant lui-même longtemps vécu en Ukraine, offrit la province à la République socialiste soviétique d'Ukraine pour marquer le 300e anniversaire de la réunification de la Russie et de l'Ukraine.

L'ère post-soviétique

Avec l'effondrement de l'Union soviétique, il devient difficile à accepter pour la population, majoritairement d'origine russe ou russophone, que la Crimée, donnée en 1954 à l'Ukraine soviétique, soit dorénavant une partie intégrante de l'Ukraine indépendante. Cette situation provoqua de nombreuses tensions entre la Russie et l'Ukraine, exacerbées par la présence de l'ex-flotte soviétique (devenue russe) de la mer Noire sur la péninsule, laissant planer le risque d'un conflit armé.

Avec les défaites des partis nationalistes ukrainiens les plus radicaux, les tensions se sont momentanément apaisées. La Crimée proclama ses propres lois le 5 mai 1992, mais décida plus tard de rester dans l'Ukraine en tant que république autonome. La ville de Sébastopol possède aussi un statut spécial en Ukraine. Les langues officielles de la Crimée sont le russe et l'ukrainien. Les Tatars de Crimée ne représentent que 10% de la population. Ils n’ont toujours pas obtenu le rétablissement de leurs droits et leur langue n’est toujours pas reconnue. On y parle aussi l'allemand, le grec, l'arménien et le roumain. On estime à 6 600 000 de locuteurs du tatar de Crimée, dont près des 90% se trouvent en Russie. Les Tatars de Crimée qui résident en Turquie, ne parlent plus, pour la plupart, leur langue d’origine, mais le turc.

Le débarquement de matériel militaire américain dans le port de Théodosie le 27 mai 2006 en prévision de l'exercice Sea Breeze 2006 a ravivé les passions. Le rattachement de la Crimée à l'Ukraine n'avait été reconnu qu'en 1997 par la Russie, pour dix ans seulement et uniquement compte tenu du statut autonome de la république de Crimée. Il en est résulté un clivage à l'intérieur même de l'Ukraine entre les pro-russes et les pro-occidentaux.

La Russie exerce une influence certaine dans les affaires intérieures de l'Ukraine, en particulier, à travers la distribution de passeports russes à la population russophone de Crimée. Cette situation perdure depuis 1996-1997 et évolue selon le même modèle qu'en Géorgie (la "passeportisation" des Ossètes du Sud et des Abkhazes). Les tensions autour du statut de la ville de Sébastopol, majoritairement pro-russe, et les questions relatives au retrait de la flotte russe de la mer Noire y stationnant ravivent de nombreuses inquiétudes quant aux relations entre la Russie et l'Ukraine.

Économie

Généralités

L’économie de la Crimée s’est formée au cours du XXe siècle grâce à l’utilisation des ressources naturelles. Elle a subi, à l’instar de l’Ukraine pendant la décennie 1990, une grave récession qui a amené les pouvoirs publics à tenter de diversifier ses ressources. Cette crise, brutale, bouleverse en effet l’ordre traditionnel de l’économie qui est basée sur l’exploitation des ressources de l’agriculture (céréale, vigne...) et sur l’industrie lourde (chimie, métallurgie). Car les ressources minérales jouent un rôle primordial dans l’économie de la Crimée. On dénombre pas moins de 250 gisements de 27 minéraux différents, constituant la base de l’industrie minière et de transformation chimique de l’Ukraine. Ces gisements de matière première sont exploités majoritairement pour la construction (60%) et la production d’hydrocarbure (15%). Le secteur industriel a connu une chute vertigineuse depuis 1985. Tous les secteurs ont vu leurs productions respectives diminuer de 10 à 70 % depuis cette date. L’industrie de la Crimée ne représente plus aujourd’hui que 2% des revenus de l’industrie ukrainienne. Ce secteur emploie aujourd’hui 60 000 personnes contre 100 000 en 1995 et compte 58% d’entreprises déficitaires. La production connaît toutefois une hausse de la production dans la période la plus récente ; +10% entre 1999 et 2000. La ville de Kertch reste l’une des principales zones d’activité industrielle, puisqu’elle représente près de 10% de la valeur industrielle de la Crimée.

Le secteur agricole est également en déprise.

Le nombre d’exploitations est passé de 652 en 1995 à 532 en 2000. L’agriculture criméenne connaît les mêmes déboires que l’agriculture ukrainienne. Faible productivité, grosse consommation d’engrais, mauvaise organisation, insuffisance des débouchés, ne permettent pas d’envisager un futur florissant, du moins à court terme. L’agriculture marque donc de moins en moins le paysage. Les surfaces d’ensemencement sont passées de 1 198 000 hectares en 1990 à 933 000 hectares en 2000. Pour autant, le secteur participe pour plus de 35% à la production viticole de l’Ukraine, 10% de la production de fruit et 5% de celle du blé.

Cette récession cause de nombreux problèmes sociaux.

La population décroît de 5% par an, passant de 2,2 M en 1993 à 2,1 M en 2001. Le nombre annuel de naissance est passé de 32 000 en 1990 à 15 000 en 2000. Le taux de chômage est, quant à lui, passé de 20% en 1993 à 28% aujourd’hui. La Crimée est donc une des régions les plus pauvres d’Ukraine, comme en témoigne le niveau de son revenu moyen (225 hrivna mensuel par habitant soit 2,5% de moins que celui de l’Ukraine). Autre constat inquiétant, 83% des ménages sont endettés, ce qui ne permet guère un investissement local. La Crimée profite pourtant de l’amélioration globale de l’économie ukrainienne et a vu son volume total de production croître de 20% entre 2000 et 2004. Les privatisations se poursuivent, et à ce titre, le gouvernement table sur des recettes de l’ordre de 400 millions de hrivna en 2005 (le nombre d’entreprises privées est en 2003 de 55%). Le gouvernement régional semble miser aujourd’hui sur une réorientation de la structure productive, en promulguant de nombreuses mesures incitatives, propres à redonner du dynamisme à cette économie chancelante. L’objectif principal des pouvoirs publics est en effet de tertiariser l’économie criméenne, à l’exemple de ce que tente de réaliser le gouvernement de Kiev. Les nouvelles lois d’orientation de la République Autonome de Crimée donnent de ce fait priorité au développement de la branche touristique.

Le secteur touristique

Historique

Le château du Nid d'hirondelle à Yalta

Le tourisme en Crimée peut être considéré comme une activité traditionnelle. En effet, dès la fin du XIXe siècle, les tsars décident d’y installer leurs lieux de villégiature, comme à Livadia. Sébastopol devient, grâce à l’installation du chemin de fer la reliant à Yozovaïa la première ville touristique de Crimée. Le tourisme thérapeutique d’alors est cependant réservé à une élite peu nombreuse. On pratique, comme le veut la mode, un tourisme « hygiéniste », basé sur la remise en forme, sur la pratique d’activités sportives, comme le prônaient les médecins de l’époque (création du « Crimean Mountain Club » en 1916). Faisant suite à la révolution soviétique, le pouvoir communiste décide de créer une administration touristique centralisée (Intourist), faisant de la Crimée le lieu de repos des travailleurs « méritants » et de l’oligarchie, ceci dans la démarche idéologique, culturelle et éducative propre à l’époque. Le secteur touristique était inséré dans la logique productive de l’économie planifiée : prix hors marché, service peu qualitatif, organisation centralisée. Les infrastructures principales, notamment hôtelières, sont construites à cette période et concentrées dans quelques villes littorales (Yalta, Sébastopol...).

À la suite de l’indépendance ukrainienne et de l’autonomie de la Crimée, les pouvoirs publics décident rapidement de miser sur le secteur touristique, considérant que celui-ci, grâce à son caractère dynamique, peut permettre, à moyen terme, de diversifier l’économie régionale. Dès 1993, le gouvernement régional crée les administrations adéquates afin de structurer ce secteur. Un ministère propre lui est dédié, une filière de l’Université de Sébastopol se consacre à former des scientifiques, cadres compétents, et on instaure, en 1994, une conférence annuelle permettant aux différents acteurs d’établir des synergies. Reste alors à créer un environnement économique facilitant les investissements. Cela sera chose faite en 1995 avec la promulgation de la «Loi Tourisme ». Cette loi encadre le développement touristique en lui donnant également les moyens de prospérer. Elle permet en effet d’assurer les intrants et les sortants des entreprises, d’améliorer la conformité avec les lois et normes internationales, de baisser les taxes sur les profits, d’assurer un contrôle du secteur, de développer la coopération internationale, de poursuivre les privatisations et de faciliter les investissements. Dans cette optique, le gouvernement central décide, en 2000, d’établir des zones franches dans le secteur touristique à Yalta, Aloutcha, Soudak et Théodosie.

La Crimée possède de nombreuses infrastructures touristiques. Elle est l’une des régions de l’ancienne URSS qui compte le plus de stations balnéaires et thermales.

L'offre touristique

Le secteur touristique représente dorénavant plus de 30% du PIB de la Crimée (2002). Elle accueille en effet 30% des touristes internationaux, majoritairement russes, de l’Ukraine, ce qui, avec les touristes nationaux, représente plus de 3 millions de touristes en 2003. En comparaison au chiffre de 1970 cela représente une augmentation de 100%. Cette progression spectaculaire se poursuit, puisque la fréquentation a connu, en 2003, une hausse de 6%. Ce développement rapide a été possible après la dislocation de l’URSS, l’accès au territoire étant devenu largement plus aisé pour les étrangers.

L’offre touristique s’est développée elle aussi sur l’exploitation des ressources naturelles. Le tourisme en Crimée s’est en effet spécialisé sur la vente de produits thérapeutiques, sur le tourisme de santé (stations thermales...).

Grâce à sa situation, elle joue également un rôle important de point d’escale des croisières de la mer Noire. Les ports sont essentiellement à vocation internationale et permettent de rejoindre les principales villes portuaires de la mer Noire. Les moyens de transport sont donc assez bien développés, même si on peut largement les améliorer. La Crimée compte un aéroport international (Simferopol) et deux aéroports à vocation régionale et nationale (Kertch et Sébastopol). Ces aéroports sont gérés par l’État et sont utilisés par l’aviation civile ukrainienne ainsi que par une compagnie nationale (Air Crimée) qui entretient des liaisons régulières avec Lviv, Kiev et Moscou. Ils restent sous-utilisés, mais, dans le contexte de l’économie ukrainienne, ils ne semblent pas être des priorités en termes d’investissement.

On distingue trois régions principales à vocation touristique :

  • la côte sud, qui avec Yalta et Alouchta, est la plus fréquentée. C’est une région touristique de longue date et c’est aussi la plus luxueuse. Yalta compte 92 stations de « traitement » c’est-à-dire de « remise en forme » (27 000 places), Aloutcha 16 pour 11 000 places.
  • la côte occidentale (Evpatoria, 25 000 places et Saki), célèbre pour ses bains de boues.
  • la côte orientale qui s’étend d’Aloutcha à Théodosie (ou Féodossia). Il s’agit d’une région bon marché.

Cette capacité est en effet en baisse puisque l’on dénombrait 150 000 places d’hébergement en 1995 contre 130 000 à l’heure actuelle. Cette baisse est due à la crise économique qui grève la capacité d’investissement. De plus, les structures réceptrices restent, à l’image de la situation ukrainienne, largement étatisées, souffrant d’un déficit en termes de services, de qualité et aussi de normes claires, facilement identifiables pour les touristes étrangers. Les futurs investissements doivent répondre à ce manque afin de permettre une meilleure relation prix-qualité. Kertch, qui se situe à la pointe est de la péninsule, est une ville à l’écart des principaux flux touristiques de la région. Cela constituera un des axes de travail proposé dans la troisième partie.

La préservation de l'environnement en Crimée

L’un des axes du développement touristique de la Crimée est la mise en valeur du patrimoine naturel. L’impact de Tchernobyl sur l’image du pays est évidemment très négatif, il convient donc d’établir un plan communication permettant de résorber ce déficit en termes d’image. Cela semble être une réelle préoccupation des différentes sphères du pouvoir, bien que les autorités compétentes en la matière rencontrent de nombreux problèmes dans la mise en place de politiques ambitieuses. On ne peut effectivement pas tout contrôler dans cette région pauvre et il apparaît que l’appât du gain immédiat est bien plus fort que toute préoccupation environnementale. Il faut pourtant agir vite car la Crimée traverse une crise sérieuse. Comme nous l’avons déjà remarqué, les sols sont souvent pollués du fait des besoins de l’agriculture et le manque de moyen financier des collectivités locales limite l’ampleur des actions entreprises.

Néanmoins, dans ce domaine, les choses avancent depuis une décennie.

La Constitution ukrainienne, reprise par la criméenne stipule dans son article 254K que «  la richesse des paysages naturels est une propriété commune du peuple ukrainien, son héritage naturel et doit servir aux présentes générations ainsi qu’aux générations futures ». L’Ukraine adhère, depuis 1997, aux chartes internationales de protection de l’environnement et adopte ses propres lois-cadres permettant de définir, sur le terrain, les principales zones à sauvegarder (« Conception of biological diversity protection of Ukrain »). Cette sauvegarde est parfois liée à la mise en tourisme de ces différents sites. Ainsi, les espaces jouissant d’une protection ont augmenté de plus de 78% entre 1996 et 2002. Il existe différents types de zones protégées : « natural reserve », « national natural park », « regional landscape park », « special reserve », « natural monument ». Suite au « On the state program for development of ukrain national ecological network ; 2000-2015 », les conditions d’applications de protection de ces différentes zones sont clairement définies. Il s’agit en priorité de zone touristique souffrant de déprise agricole. Ce programme permet une gestion rationnelle des différents moyens mis en œuvre (délimitation, objet propre, statut, coopération scientifique…). La Crimée compte, dorénavant, 6 réserves d’État et 33 réserves spéciales qui totalisent plus de 5% de la superficie de son territoire (soit 140 000 hectares). Les réserves criméennes ont donc différents statuts, objectifs et moyens qui dépendent notamment de la qualité des sites et de leurs tailles. Plusieurs niveaux de protections sont donc établis. Comme nous l’avons déjà vu, grâce à sa situation péninsulaire, elle possède de nombreuses espèces endémiques. Ces espèces bénéficient d’une protection spéciale (inscription dans « le Livre Rouge ») qui leur permettent d’être préservées.

Voir aussi

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