- Sarmates
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Les Sarmates (Sauromates pour les Sarmates protohistoriques) sont un ancien peuple scythique de nomades des steppes, appartenant sur le plan ethno-linguistique au rameau iranien septentrional du grand ensemble indo-européen. Ils étaient établis à l'origine entre le Don et l'Oural.
Sommaire
Histoire
L'histoire des Sarmates est connue indirectement par les historiens grecs, puis romains de la période et grâce à de nombreux témoignages archéologiques ou toponymiques.
Origines
Le nom de Sauromates, employé par Hérodote[1], peut provenir du grec sauros/lézard, et signifierait porteurs de peaux de lézard, sans doute par allusion à leurs armures à écailles, mais il n’y a rien de franchement assuré[2]. Selon Hérodote, ces Sarmates protohistoriques participèrent notamment aux expéditions des Scythes contre Darius au Ve siècle avant notre ère. Bien plus tard, Eustathe, commentant la Description de l'Univers de Denys le Périégète, et à sa suite Thomas de Pinedo, éditeur de l’encyclopédiste Étienne de Byzance, s'efforçant de réconcilier deux traditions historiques (celle d'Hérodote et des « Sauromates », avec celle de Diodore de Sicile[3] et ses « Amazones »), indiquent que les Amazones prirent le nom de Sauromatides[4].
Selon Pline l'Ancien, qui cite Eudoxe de Cnide[5], les Sarmates historiques sont un peuple riverain du Don (Thanaïs), voisin des Scythes par l’est. Ils seraient donc apparus au IVe siècle avant notre ère et s’étendent depuis l’Oural au détriment des Scythes européens.
C’est aux IIIe et IIe siècles av. J.‑C. que les Sarmates supplantent ces derniers en Ukraine. Leur poussée vers l’ouest se poursuit jusqu’au Ier siècle : on trouve leurs traces de la mer Baltique jusqu’à la mer Caspienne.
À partir du Ier siècle av. J.‑C., alors qu'ils dominent la steppe européenne, Strabon[6] et Pline l'Ancien[7] distinguent plusieurs (quatre ?) tribus sarmates. Les Iazyges, les Urges, les Roxolans et les Scythes royaux, qui reconnaissaient l'autorité d'un roi, vont former une coalition.
Période romaine
Certains groupes de Sarmates obtinrent de Rome le statut de fédérés (alliés pouvant résider dans l'empire contre service militaire, par fœdus, traité) pour protéger les camps situés sur la voie Agrippa sur l'axe Rome - Boulogne-sur-Mer tel que celui de Cora dans l'Yonne. Trois des cinq villes nommées Sermaise en France doivent leur nom à ces différents relais.
Suite à de nombreuses confrontations avec l’Empire romain, des lanciers sarmates sont recrutés par Rome au cours du IIe siècle. L’intégration de ces unités auxiliaires se traduit par l’adoption de l'armement et des techniques militaires steppiques ainsi que par la création d’unités spécialisés. À partir du IIIe siècle une partie des Sarmates fut soumise aux Goths. Dès lors, ils font partie d'une coalition de peuples germaniques et non-germaniques, connue sous le nom de culture de Tcherniakov (aussi appelée « culture Sintana de Mures » par les archéologues roumains). À la fin du IVe siècle, sous la pression des Huns certains groupes de Sarmates prirent part aux migrations et s'installèrent sur le territoire romain.
Les Sarmates étaient à l’origine des éleveurs et guerriers nomades. Leurs cavaliers devinrent célèbres dans tout l’Empire romain, sous le nom de cataphractaires, pour être entièrement couverts, ainsi que leurs chevaux, de cuirasses appelées cataphractes.
Période des Goths
Une partie des Sarmates fut soumise par les Goths entre 200 et 300. Au IVe siècle de notre ère, les principaux groupes sarmates étaient les Roxolans et les Iazyges de Pannonie, à la frontière romaine, et les Alains d'Ukraine et de Russie méridionale, voisins des Ostrogoths, les Taïfales.
En 376, les Sarmates de la mer Noire s'allièrent aux Huns pour détruire le Royaume des Goths et prirent part aux invasions hunniques du Ve siècle en Europe occidentale.
Culture
En raison de la période et de l'aire géographique concernées, plusieurs cultures ont été attribuées aux Sauromates protohistoriques et aux Sarmates : culture de Prokhorovka, « culture sarmate moyenne » (IIe siècle av. J.‑C.)… Certains traits, toutefois, sont caractéristiques :
La culture sarmate des origines semble avoir conféré une importance particulière aux femmes, égales aux hommes en statut, guerrières et chasseresses. De nombreuses tombes féminines richement décorées et dotées d'armes corroborent cette idée pour les VIe et Ve siècles av. J.‑C.. Au IIe siècle de notre ère, une reine sarmate, Amagê, est également connue, indiquant peut-être une permanence de ce trait culturel.
À l'époque romaine, la célèbre cavalerie lourde sarmate (des lanciers cataphractaires, notamment représentés sur la colonne Trajane) témoigne également de l'importance de la culture guerrière de ce peuple.
Héritage
Le nom des Sarmates est à l'origine de nombreux toponymes. En Dacie, la cité de Sarmizegetusa rappelle leur présence; dans l'Empire romain d'occident, les noms de Sermizelles (Sarmisola XIIe siècle) et Salmaise, Sermaise, Sermaize, Sermoise, etc., qui remontent tous à un primitif Sarmatia (fundum ou villa).
Les géologues et les paléo-géographes appellent « Mer Sarmatique » l'étendue d'eau recouvrant, au Cénozoïque, les actuelles mer Noire, Ukraine, Sud de la Russie, mer Caspienne et mer d'Aral. Les géographes appellent « Sarmatie » la grande plaine polono-biélorusse où se tient la forêt de Białowieża.Plusieurs orthographes désignant les peuples sarmatiques existent dans la bibliographie :
- Roxolanes ou Roxelanes et Roxolans ;
- Jazygues ou Yazyges ou Lazygues ;
- Iasses, Jaszones, Jassics ?
Sur le plan militaire, et par l'intermédiaire des Goths que leur mode de combat influença, les Sarmates seraient à l'origine de la cavalerie lourde[8]
Enfin, dès Hérodote, les Sarmates sont associés à la légende des Amazones. Celle-ci dérive peut-être d'un statut particulier qu'avait la femme, guerrière et chasseresse, dans leur société.
Voir aussi
Bibliographie
- René Grousset, L’Empire des steppes, Attila, Gengis-Khan, Tamerlan, Paris: Éditions Payot, quatrième édition, 1965, 620 p., première édition: 1938
- Iaroslav Lebedynsky, Scythes, Sarmates et Slaves : l'influence des anciens nomades iranophones sur les Slaves, L'Harmattan, coll. « Présence ukrainienne », 2009, 194 p. (ISBN 229609290X)
- Gillian Bradshaw, L'Aigle et le dragon, roman, acte sud, ISBN 2-7427-5983-2
Liens internes
- Les Thraces dont la plus importante tribu était celle des Daco-Gètes.
- Antiquité tardive
- Lucius Artorius Castus
Liens externes
- Les Sarmates, références historiques
- Scythie, une bibliographie introductive Les bibliographies de la Bibliothèque des Sciences de l'Antiquité
- Reconstitution historique des Taïfales et des Sarmates en Poitou, IV-VIèmes siècles apr. J.-C.
Notes et références
- Hérodote, Histoires, « livre IV, chap. 57 ». D'après
- Pierre Petit, Traité historique sur les Amazones, vol. 1, Leyde, J. A. Langerak, 1718, « XIV - Éducation des Amazones », p. 152-153. Voir sur cette question la discussion de
- Diodore de Sicile, Bibliothèque historique, « livre II, chap. 44 ». D'après
- Pierre Petit, Traité historique sur les Amazones, vol. 1, Leyde, J. A. Langerak, 1718, « XIV - Éducation des Amazones », p. 153 ; et Diodore de Sicile (trad. A. F. Miot), Bibliothèque historique, vol. 1, Imprimerie royale, 1834, p. 485, note 101 sur le chap. XLV Cf.
- Eudoxe de Cnide a écrit sur l’astronomie et les zones climatériques, et son ouvrage est l’une des sources des Phénomènes d’Aratos de Soles. D’Eudoxe de Rhodes, auteur mystérieux parfois nommé comme la source d'information de Pline (cf. notamment Le Grand Dictionnaire Historique de Louis Moreri, vol. I, p. 1237, article « Eudoxe »), on ne sait rien que ce qu’en dit Diogène Laërce (Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres, chap. « Eudoxe le Pythagoricien »), à savoir qu’il écrivit une Histoire. L’attribution à cet auteur des citations de Pline est donc sujette à caution ; quoi qu’il en soit, la source de Pline est bien du IVe siècle av. J.‑C. Pline l'Ancien, Hist. nat., livre VI, chap. XIX. Pline mentionne en réalité « Eudoxe », sans précision (Hist. nat., livre I).
- Ister au Borysthène. » Strabon, Géographie, livre VII, chap. 2 et surtout 3, §17. Le géographe grec insiste sur le fait que ce sont des nomades, que l'on peut rencontrer « de l’
- Hist. nat., livre VI, chap. XIX
- René Grouset, op. cité, p. 79
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