- Guerre civile russe
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La guerre civile russe est l'ensemble des événements qui déchirent l'ancien Empire russe durant plus de cinq années, de la fin 1917 à 1923, le gros des combats étant terminé en 1921. Elle se situe dans le prolongement de la révolution russe d'Octobre 1917; l'essentiel des campagnes militaires se poursuit jusqu'à la proclamation de la NEP.
La guerre civile russe n'oppose pas simplement les révolutionnaires bolcheviques aux « Blancs » monarchistes partisans du retour à l'ancien régime tsariste. La violence ruineuse du conflit n'est pas due au seul choc des terreurs « blanche » et « rouge » décidées d'en-haut. Cette guerre civile est d'abord un chaos indescriptible et très violent, où l'État et la société russes se sont désintégrés sous la poussée de multiples forces centrifuges, jusqu'à leur reconstruction et leur reprise en main par les bolcheviks victorieux[1].
La guerre a vu en effet les autres formations révolutionnaires (mencheviks, SR, anarchistes, députés de l'ex-Constituante) se battre également contre les bolcheviks, parfois de façon autonome, parfois au prix d'une collusion compromettante avec les généraux blancs. Les tentatives d'émancipation de minorités nationales, l'action des « armées vertes » paysannes (hostiles à la fois aux bolcheviks et aux Blancs), la défense de projets de société concurrents (Makhnovchina anarchiste en Ukraine), l'intervention étrangère, les multiples règlements de compte et les déchaînements de violence spontanés n'ont pu qu'ajouter aux troubles[2]. Enfin, les retournements d'alliance et les divisions internes n'ont pas manqué, ni les retournements de situation : Kiev change ainsi 14 fois de main pendant la guerre.
Les bolcheviks ont bénéficié de leur organisation supérieure et de leur discipline. Bien qu'ils aient rencontré (et réprimé) des résistances populaires virulentes, leur programme a été finalement mieux reçu des masses que celui des Blancs, lequel tendait au retour pur et simple à l'état des choses antérieur. Le camp des opposants à la révolution d'octobre a pâti de son hétérogénéité et de ses désunions.
Certains généraux « blancs » tels Kornilov se soucient en fait fort peu de rétablir la monarchie, et se voient très bien à la tête d'une république dictatoriale. Leurs projets préfigurent en partie les fascismes européens[3].
Selon Serge Wolikow, « la guerre civile forme le Parti et fabrique une politique identifiée à la révolution sans être celle qui avait été rêvée. Entre 1918 et 1921-1922, se met en place un État révolutionnaire : la guerre civile est en même temps perçue comme la poursuite de la révolution »[4].
Sommaire
Les prémices
La guerre civile commence en novembre 1917, aussitôt après la prise de pouvoir par Lénine. Le nouveau régime se répand en Russie selon différents scénarios : dans les villes et régions où les bolscheviks peuvent compter sur de fortes concentrations ouvrières (Ivanovo, Kostroma, centre miniers de l'Oural), ils ont généralement déjà le contrôle politique par l'intermédiaire des soviets locaux, dans d'autres régions, ils doivent composer avec diverses forces de gauche et triomphent parfois au terme d'une confrontation armée assez brève (Kazan, Samara, Saratov, Nijni Novgorod, etc.), dans les bourgs et les régions agricole, où les bolscheviks sont très minoritaires (Koursk, Voronej, Orel, dans les villes de Sibérie, etc.), la prise de pouvoir entraîne souvent des conflits sanglants[5].
Finlande
En janvier 1918, la révolution en Finlande est réprimée par les « blancs », aidés par la division allemande du général Rüdiger von der Goltz. La répression est brutale. Les prisonniers rouges sont abattus à la mitrailleuse dans des fossés. La Terreur blanche fait 35 000 morts dans un pays de 4 millions d'habitants. Début mai 1918, on compte 64 camps de concentration comprenant 81 000 prisonniers (soit 6 % de la population adulte finlandaise), essentiellement répartis au sud du pays. La difficulté énorme que représente le maintien d'un système carcéral aussi massif dans une Finlande détruite par la guerre civile amène rapidement le gouvernement d'Helsinki à mettre en place des lois d'amnistie. Début juin 1918, les camps sont regroupés en 26 lieux de détention puis progressivement démantelés si bien qu'en décembre, il ne reste plus que 6 100 prisonniers, considérés comme les plus dangereux. Fin 1921, il ne restera plus que 900 emprisonnés politiques. Au total, on estime à 12 500 le nombre de prisonniers décédés dans les premiers camps de la guerre civile – avec plus de 25 % de pertes pour certains (comme celui de Ekenäs) – chiffre auquel il faut ajouter les 268 exécutions capitales prononcées après la répression de l'insurrection bolchevique.
Pour les monarchistes russes, c'est un exemple à suivre et un avertissement de ce qui attend les révolutionnaires s'ils perdent le pouvoir. Plus loin dans le temps, les bolcheviks se souviennent de l'écrasement impitoyable de la Commune de Paris vaincue, lors de la « Semaine sanglante ». Lénine n'a-t-il pas esquissé un pas de danse dans la neige au Kremlin, lorsqu'il s'est aperçu que son gouvernement venait de dépasser d'un jour la durée de la Commune ?
Ukraine
Jusqu'au traité de Brest-Litovsk, en mars 1918, divers groupes nationaux, notamment en Ukraine et dans le Caucase, mettent à profit la situation pour tenter de s'émanciper, mais les combats restent sporadiques.
L'intervention étrangère
À partir d'avril 1918, les Alliés - Français et Britanniques - interviennent dans le nord et dans le sud du pays, mais d'abord pour contrer l'occupation allemande. Les bolcheviks ne sont pas initialement hostiles à leur arrivée - Léon Trotski conseille même au soviet de Mourmansk d'accepter leur aide contre toute menace allemande, et laisse d'abord dans l'imprécision l'ennemi que la toute récente Armée rouge aura à affronter : Allemands ou Alliés ? L'armistice de Rethondes prévoit par ailleurs l'annulation du désastreux traité de Brest-Litovsk que le gouvernement bolchevique a dû conclure en mars 1918.
Ce n'est qu'après leur victoire de novembre 1918 que les Alliés prennent ouvertement position contre les Rouges et aux côtés des Blancs. Écœurés par le traité de Brest-Litovsk qui a permis au Kaiser de transférer ses divisions d'Est en Ouest et de manquer de peu de remporter la victoire en France, beaucoup de dirigeants occidentaux s'en tiennent à l'époque à la thèse d'un Lénine agent des « Boches », et conçoivent au départ leur intervention comme un prolongement de la lutte contre l'Allemagne. S'y mêle ensuite la peur de la contagion révolutionnaire. Comme le déclara Winston Churchill, certes anti-bolchevik particulièrement virulent même au regard des critères de l'époque, « le bolchevisme doit être étranglé dans son berceau ». Cependant, son premier ministre Lloyd George expose le 22 juillet 1918 que « le type de gouvernement mis en place par les Russes ne regarde pas la Grande-Bretagne : république, État bolchevik ou monarchie ». Le président américain Woodrow Wilson pense de même, et refuse de s'engager trop loin dans l'intervention.
L'idée de Lénine et Trotsky n'était pas d'instaurer un régime socialiste dans la seule Russie, mais que l'extension de la révolution aux pays industriellement avancés, comme l'Allemagne était le seul moyen de sauver la révolution.
À partir de l'été 1918, Anglais, Allemands, Français, Américains, Grecs, Polonais, Roumains et Japonais interviennent. Avant l'armistice de Rethondes, l'Ukraine reste occupée par les troupes allemandes, qui renversent le gouvernement et privent la Russie d'approvisionnement en blé. Les troupes autrichiennes occupent Odessa, les Japonais débarquent à Vladivostok, les Turcs pénètrent dans le Caucase.
Anglais et Français arment le général tsariste Dénikine, les Allemands la division cosaque de Krasnov. Le général blanc Lavr Kornilov (mort en 1918) écrit : « Même s'il faut brûler la moitié de la Russie et verser le sang de trois quarts de la population, nous le ferons si c'est nécessaire pour sauver la Russie ». L'écrivain blanc Andreiev écrit : « là où on fusille les gens comme des chiens, règnent la paix, la prospérité et un sens très fin de la légalité ». Les pogroms antisémites que perpètrent ou laissent perpétrer les généraux blancs font plusieurs centaines de milliers de victimes et constituent les pires massacres anti-juifs jamais perpétrés avant la Shoah.
Les déclarations incendiaires ne sont pas moins présentes dans le camp opposé. En exil, Lénine a théorisé le passage de la « guerre civile impérialiste » à la « guerre civile révolutionnaire ». La théorie bolchevique juge que la violence est un moteur de l'Histoire. Dans cette perspective, la guerre civile est inévitable, et même parfaitement souhaitable pour vaincre plus vite les forces de réaction et accélérer le changement social. Dès avril 1918, à propos des détachements chargés des réquisitions forcées de céréales, Trotsky s'exclame : « Notre parti est pour la guerre civile. La guerre civile, c’est la lutte pour le pain. Vive la guerre civile ! ». En septembre 1918, le Conseil des commissaires du peuple décrète officiellement la Terreur rouge, appelant à « isoler les ennemis de classe de la République soviétique dans des camps de concentration, et de fusiller sur-le-champ tout individu impliqué dans des organisations de Gardes-Blancs, des insurrections ou des émeutes »[6]. La Tchéka voit ses effectifs gonfler. Dans la chaleur d'un discours à Petrograd, Grigori Zinoviev s'emporte en 1919 jusqu'à parler d'anéantir les dix millions de Russes hostiles à la révolution. Quant à Nikolaï Boukharine, il appelle en ces termes à la vigilance policière : « nous devons tous être des tchékistes. »
Les deux camps principaux sont donc prêts à en découdre, et exempts de toute hésitation à recourir à la violence de masse. Trois fronts principaux se constituent par divers groupes nationaux qui mettent à profit la situation pour tenter de s'émanciper :
- au sud (l'armée des Volontaires et celle des cosaques dans la région du Don, commandée par le général Dénikine) ;
- au nord-ouest (armée de Ioudénitch) ;
- en Sibérie occidentale (armée de l'amiral Koltchak, renforcée par les 40 000 hommes de la Légion tchèque) à Omsk.
À ces trois fronts s'ajouteront d'autres forces blanches plus ou moins autonomes :
- en Sibérie orientale : les troupes cosaques de l'ataman Grigori Semenov appuyées par un fort contingent de « conseillers » japonais ;
- en Mongolie : la division asiatique de cavalerie du baron balte Ungern von Sternberg.
De la fondation de l’Armée rouge à la victoire des Bolcheviks
Face à la conjugaison des menaces, le gouvernement soviétique, qui a déjà transféré la capitale de Pétrograd à Moscou, proclame la mobilisation générale et obligatoire. Léon Trotski prend énergiquement la direction de l'Armée rouge, fondée dès le 23 février 1918 : de près d'un million d'hommes à la fin de l'année 1918, elle en compte plus de 5 millions deux années plus tard, volontaires ou conscrits.
Sillonnant le pays à bord de son train blindé devenu vite légendaire, Trotsky va d'un front à l'autre redresser la situation militaire, organiser les troupes et galvaniser les énergies. De même que de nombreux commissaires bolcheviques en mission, il associe étroitement dans son action une propagande à destination des masses et de leur éducation révolutionnaire (la célèbre agit-prop voulue par Lénine) et la conduite des combats militaires. Il rétablit dans les rangs une discipline de fer, toute défaillance, contestation ou désertion étant implacablement châtiée.[réf. nécessaire]
Il n'hésite pas à recycler par milliers les « spécialistes bourgeois » compétents et autres anciens officiers tsaristes, tel l'ex-général en chef Alexeï Broussilov, qui appelle ses pairs à rejoindre l'Armée rouge au nom du salut de la patrie. Des commissaires politiques bolcheviques flanquent ces chefs militaires pour s'assurer de leur loyauté. Ce recours aux spécialistes de l'ancien régime suscite toutefois les méfiances et les critiques virulentes de nombreux vieux bolcheviks, à l'image de Joseph Staline, commissaire en mission à Tsarytsine à l'été 1918. Environ 30 % des officiers tsaristes auraient choisi l'Armée rouge, par intérêt, par patriotisme ou… par souci de l'ordre[7].
Dès l'été 1918, Trotsky reprend l'important nœud de Kazan. À Tsarysie sur la Volga, clé des communications au sud de la Russie, il se heurte - déjà - à Staline et Vorochilov, qu'il fait rappeler à Moscou en septembre, la ville restant aux mains des bolcheviks. Puis l'Armée rouge défait une à une les armées blanches en commençant par Ioudenitch, qui échoue dans sa marche sur Pétrograd en octobre 1919, puis presque simultanément à la mi-novembre Koltchak et Denikine.
En 1920, la Pologne, mécontente de la ligne Curzon qui fixe ses limites à l'est, envahit la Russie bolchevique. La contre-attaque de l'Armée rouge conduit le général Toukhatchevski jusqu'aux portes de Varsovie. Les bolcheviks sont soulevés par un immense espoir: la prise de Varsovie ouvrirait le chemin de Berlin, et permettrait l'exportation de la révolution par les armes.
Mais une grave désobéissance de Staline met l'Armée rouge en vulnérabilité stratégique. De surcroît, les Polonais, qui viennent juste de retrouver leur indépendance après un siècle et demi d'occupation étrangère, font bloc contre un envahisseur qu'ils voient d'abord comme russe avant de le voir comme révolutionnaire. Même les masses ouvrières ou juives ne manifestent aucune intention d'aider l'Armée rouge. Le général Pilsudski, aidé de la mission militaire française du général Weygand (à laquelle participe le jeune officier Charles de Gaulle), s'appuie sur ce sursaut national pour redresser la situation militaire. Le 15 août 1920, l'armée polonaise remporte une éclatante victoire (« miracle de la Vistule ») et repousse l'Armée rouge à plus de 200 km à l'est de la ligne Curzon. Moscou doit s'incliner par traité, et reconnaître la perte d'un important territoire. Toutefois, la défaite des Blancs à l'intérieur reste aussi inéluctable qu'avant.
La période finale de la guerre fut le long siège des dernières forces blanches en Crimée. Piotr Wrangel y avait rassemblé les restes des troupes de Dénikine qui s'étaient fortifiés. Ils tinrent jusqu'à ce que les Anarchistes ukrainiens et l'Armée rouge, qui avait participé à la guerre contre la Pologne, débarquent. Alors les blancs furent débordés et leurs dernières troupes évacuées vers Constantinople en novembre 1920.
Les bolcheviks se retournèrent alors violemment contre leurs alliés de la veille, rompant l'accord passé. Fin 1920, le gouvernement a liquidé la Makhnovchtchina. Entre le printemps 1921 et fin 1922, l'Armée rouge aura aussi envahi et reconquis plusieurs Républiques momentanément indépendantes (Arménie, Géorgie, Asie centrale) qui sont réintégrées de force dans l'ex-Empire russe.
Violences d’en-bas et terreurs d’en-haut
La Russie tsariste était de loin le pays d'Europe avec la plus lourde tradition de violence politique et sociale. Celle-ci était omniprésente du haut en bas de l'échelle sociale. Elle n'épargnait pas plus les tsars Romanov (l'histoire dynastique la plus sanglante d'Europe) que les plus humbles victimes du servage. Les longues pratiques despotiques du knout, de la peine de mort, de l'exil aux katorga de Sibérie avaient marqué l'histoire russe, mais aussi la violence de nombreuses révoltes paysannes (bunt), le recours au terrorisme par divers révolutionnaires du XIXe siècle. Plus globalement, l'arriération du pays maintenait au quotidien des masses analphabètes et opprimées dans une grossièreté et une brutalité de mœurs régulièrement déplorées par les voyageurs ou les élites réformatrices. Enfin, la Grande Guerre de 1914-1917 et son cortège de « brutalisations » n'ont rien arrangé.
La violence de la guerre civile russe ne doit donc pas qu'au choc des « Blancs » et des « Rouges ». Selon Marc Ferro, les bolcheviks n'ont souvent fait qu'assumer ou encourager des violences sociales spontanées, afin de les récupérer ou de donner l'impression qu'ils contrôlaient la situation.
Ce qui n'empêche pas non plus la multiplication des mesures officielles de « Terreur rouge » à partir de l'été 1918. Sous l'impulsion de Felix Dzerjinski, la Tcheka gonfle ses effectifs et, en dehors de toute légalité, donne la chasse aux opposants réels ou supposés, aux suspects, aux récalcitrants, ou encore aux marginaux. Elle participe à la mise hors-la-loi de l'Église orthodoxe, certes souvent rangée du côté de la réaction : environ 1000 prêtres et 25 évêques auront péri en 1920. Au-delà, tout concourt déjà à mettre hors-la-loi quiconque ne partage pas la vision du monde bolchevique : c'est ainsi que les pacifistes tolstoïens sont pareillement éliminés par la police politique. Elle sert aussi à prélever de force le ravitaillement chez les paysans, ou à briser un nombre croissant de grèves ouvrières[8]. En août 1922, la guerre finie, l'État bolchevique organise aussi contre ses opposants vaincus le premier grand procès truqué de l'histoire soviétique : les chefs SR, amalgamés à des accusés de droit commun et à des provocateurs, sont jugés au mépris de toutes les règles du droit, et condamnés pour certains à mort[9].
Poussée par Lénine et Trotsky, la Tchéka inaugure un système de camps pour interner les suspects et les réprimés : on en compte 21 en 1919, plus de 100 en 1920, qui comptent 100 à 150 000 détenus à la fin de la guerre civile[10]. Les Blancs finlandais et russes ont également eu recours à des camps, aux conditions de vie déplorables, tout comme les Polonais de Pilsudski. Toutefois, seuls les camps bolcheviques ne disparaissent pas avec la fin du conflit, le système concentrationnaire devenant permanent, bien que sa population connaisse une diminution sensible dans la première moitié des années 1920[11]. La question de savoir si c'est bien en eux que se trouvent les origines du Goulag de l'ère stalinienne reste très discutée.
Trotsky, qui a rétabli une discipline de fer dans l'Armée rouge, est aussi à l'origine de la « loi des otages » : les enfants et épouses d'officiers tsaristes transformés par l'Armée rouge sont arrêtés et détenus pour s'assurer de la loyauté de l'homme - première introduction de la notion de responsabilité collective dans les pratiques soviétiques.
Début juillet, l'armée de Koltchak s'approche dangereusement de Iekaterinbourg, où sont enfermés le tsar Nicolas II et sa famille. Le Comité central du parti bolchevique, alors favorable à un procès public du dernier des Romanov, envoie à Iekaterinbourg Golechtchekine, « un bolchevique parfaitement sûr »[12], pour ramener Nicolas II et sa famille à Moscou et organiser le procès. Le 12 juillet, les officiers de l'Armée rouge préviennent que la chute de la ville n'est plus qu'une question de jours. Lénine et une partie du Bureau Politique décident alors secrètement d'exécuter le tsar sans procès. Celui-ci aurait été fusillé avec toute sa famille dans la nuit du 17 au 18 juillet 1918, à Iekaterinbourg, une semaine avant que celle-ci ne tombe aux mains des Blancs. Selon Marc Ferro, l'approche des armées blanches ne fournissait que le prétexte pour appliquer une décision arrêtée en fait de longue date. La population locale accueillera la mort du tsar avec assez d'indifférence[13].
La lutte la plus dure oppose surtout les bolcheviks - tout comme les Blancs - à des campagnes qui refusent souvent la conscription et les livraisons de céréales obligatoires (la ruine de l'industrie ayant depuis 1915-1916 privé les villes de biens de production à offrir en échange aux campagnes). Les réquisitions forcées sont accomplies au prix d'exactions indescriptibles, qui révoltent la paysannerie. Des « armées vertes » formées de réfractaires à l'enrôlement se forment dans les forêts et les campagnes, et se battent tour à tour ou simultanément contre les deux armées. Les campagnes cherchent ainsi à maintenir leur autonomie face à un pouvoir urbain traditionnellement mal accepté[14].
L'écrasement de centaines de révoltes campagnardes locales culmine à l'été 1921 lorsque Toukhatchevski réprime la vaste révolte des paysans de la région de Tambov. Au cours de cette véritable campagne militaire, l'Armée rouge a même eu recours contre les paysans aux bombardements à l'arme chimique.[réf. nécessaire]
La radicalisation des deux camps a fait disparaître toute alternative intermédiaire. En effet, l'aile extrême, réactionnaire et tsariste a vite pris le contrôle de l'ensemble de l'opposition aux bolcheviks. En juin 1918, à Samara, un comité formé d'ex-Constituants (Komoutch), avait proposé un programme réformiste et démocratique. De même, à Oufa, en septembre, un front anti-bolchevique unifié avait formé un gouvernement provisoire et un directoire siégeant à Omsk. Mais l'extrême-droite a vite le dessus sur eux : Koltchak renverse ce directoire dès novembre 1918, et prend le titre de « régent suprême de Russie »[15].
Massacres et tortures sont monnaie courante dans l'un et l'autre camp. Les Blancs supplicient et abattent impitoyablement les bolcheviks faits prisonniers. Ils perpètrent ou laissent leurs troupes perpétrer une série de pogroms antisémites extrêmement meurtriers(400 000 morts ?). Ils s'aliènent vite les populations locales en refusant toute concession aux minorités nationales, auxquelles ils n'ont rien à offrir que le retour au nationalisme grand-russe le plus classique. Ils dépossèdent aussi violemment les paysans, inquiets d'un retour probable des grands propriétaires dans les fourgons des armées blanches.
Victoire et crise du « communisme de guerre »
Bien que les bolcheviks ne contrôlent plus à l'été 1918 qu'un territoire encerclé et réduit en gros à l'ancien grand-duché de Moscovie, ils ont l'avantage de former un bloc territorial cohérent, très bien pourvu en routes et en voies ferrées stratégiques, face à des armées blanches dispersées et qui ne seront jamais capables de coordonner leurs offensives. Ils restent toujours maîtres des deux capitales.
Ils ont aussi bénéficié de nombreuses sympathies dans les classes populaires et les forces de gauche d'Occident : ainsi la révolte de la flotte française de la mer Noire conduite entre autres par André Marty et Charles Tillon (mars 1919) a joué un rôle important dans l'abandon de l'intervention française.
D'autre part, les masses ont laissé gagner les bolcheviks, en dépit de nombreux heurts. Si les bolcheviks réquisitionnaient les grains, les Blancs eux voulaient rendre la terre aux grands propriétaires. À tout prendre, la paysannerie a donc préféré la victoire des « Rouges ».
La guerre civile a accéléré considérablement le processus révolutionnaire par l'introduction d'un « communisme de guerre » particulièrement radical. Le Parti s'est militarisé tout en augmentant notablement ses effectifs. Dès 1918, les nationalisations ont touché jusqu'aux magasins et aux boutiques de coiffure. En novembre 1920, un décret confirme la nationalisation de toutes les usines de plus de 5 ouvriers (si elles ont un moteur) et de plus de 10 ouvriers sinon. On a aussi nationalisé tous les théâtres, l'industrie du cinéma, celle de la photographie. L'État instaure le monopole du commerce intérieur et extérieur, et prend en main la quasi-totalité des services. Beaucoup de bolcheviks rêvent même de profiter de ces mesures imposées par la guerre totale pour passer directement à l'édification de la société communiste : c'est ainsi que l'État assure désormais gratuitement à tous les services publics, le logement, l'électricité, et jusqu'aux bains publics, et que certains réfléchissent même à l'abolition de l'argent, du moins à une limitation drastique de son usage[16]. L'efficacité économique n'a pas du tout suivi, surtout dans les conditions désastreuses du temps.
Une discipline de fer a été rétablie sur les ouvriers. L'étatisation généralisée a signifié la fin du contrôle ouvrier proclamé en octobre 1917, et qui avait été une revendication principale de la classe ouvrière. Le salaire aux pièces honni de tous a été réinstauré dès le 3 avril 1918. À l'instauration du « samedi communiste » travaillé « volontairement » s'ajoutent le rétablissement du livret ouvrier, l'interdiction et la répression brutale des grèves, la déportation des meneurs emprisonnés, le recours aux lock-out, la militarisation du travail, l'instauration d'un travail obligatoire[15].
Un certain nombre de réformes ont également été introduites dès 1918 : par exemple passage au calendrier grégorien, ou séparation de l'Église et de l'État (suivie cependant par des années de violence antireligieuse et la création d'une « Église vivante » contrôlée par le pouvoir)[17]. Dès les lendemains d'octobre 1917, les bolcheviks n'ont pas hésité non plus à mettre sous séquestre les avoirs privés détenus dans les coffres-forts des banques, ou à collectiviser les vastes appartements bourgeois ou nobles, dont les anciens propriétaires sont souvent expulsés voire réduits à la rue. Les célèbres appartements communautaires sont nés, ils vont marquer la vie quotidienne des Soviétiques jusqu'à la fin de l'URSS et au-delà.
Par ailleurs, des trains de propagande ont sillonné tout le pays pour assurer l'éducation révolutionnaire des masses, également offerte aux innombrables conscrits et volontaires de l'Armée rouge. Un ambitieux programme de lutte contre l'analphabétisme a été mis en place par Lénine bien avant la fin des combats, ainsi que de développement de la culture physique et sportive, de lutte contre l'alcoolisme et l'antisémitisme... Les Komsomol ont été fondées dès novembre 1918 pour convertir la jeunesse soviétique. De nombreux artistes et intellectuels même non-bolcheviks ont rallié la révolution d'octobre, tels Vladimir Maïakovski, Alexandre Blok, Sergueï Essénine, ou encore Marc Chagall devenu commissaire à la Culture à Vitebsk. Dans le prolongement de « l'âge d'argent » ouvert vers 1900, la littérature et les arts modernes connaissent sous la guerre civile une vraie floraison (notamment dans l'affiche et les arts picturaux, essentiels dans une société massivement illettrée), brillante en dépit de l'extrême dureté des temps. La révolution d'octobre a donc aussi une dimension de révolution culturelle.
Début 1921, la révolution est donc sauvée, mais à un prix terrifiant. Le pays est territorialement amoindri, diplomatiquement isolé, et cerné par un « cordon sanitaire » de petits États hostiles au bolchevisme comme à la puissance russe.
Moscou et Pétrograd ont perdu la moitié de leur population, partie à la campagne devant la faillite du ravitaillement urbain. La famine de 1920-1921 fait elle-même plusieurs millions de morts parmi des paysans déjà très éprouvés par la guerre et par la violence des collectes forcées. L'épidémie très meurtrière de typhus ajoute au drame. On assiste à des cas de cannibalisme. Des bandes d'orphelins errants, les bespryzorniki, vont sillonner les routes de Russie pendant des années.
La gestion de la crise par Lénine suscitera de lourdes controverses. Il fait expulser le comité international de secours aux victimes, et profite surtout de la famine pour faire main-basse sur les biens de l'Église orthodoxe, sans même que ceux-ci profitent aux affamés. Certains historiens accuseront Lénine d'avoir utilisé la famine pour soumettre les régions récalcitrantes (méthode reprise ensuite par Staline en Ukraine lors de l'Holodomor) : « C'est précisément maintenant, que les régions en famine mangent de la chair humaine, et que des milliers de cadavres jonchent les chemins, que nous devons exécuter la confiscation des biens de l'église avec l'énergie la plus sauvage et la plus impitoyable, et écraser toute velléité de résistance, avec une telle brutalité qu'on en parlera pendant des dizaines d'années. »
La production industrielle s'est effondrée[18]. Le réseau de transports est disloqué. Le marché noir est florissant[19]. La monnaie qui ne vaut plus rien a disparu et on assiste au retour du troc[20].
La classe ouvrière s'est décomposée, car beaucoup de travailleurs d'usine sont entrés dans l'Armée rouge, ou bien dans la bureaucratie du Parti et de la Tchéka. De nombreux autres encore sont chassés des villes par la faim, et retournent à la campagne[21]. Lorsqu'au Xe congrès du Parti en mars 1921, Lénine déplore à la tribune la disparition de la classe ouvrière en Russie, Alexandre Chliapnikov, un des très rares dirigeants ayant une expérience du travail en usine, le félicite ironiquement « d'exercer le pouvoir au nom d'une classe qui n'existe pas »...
Le Parti a reconstruit un État, pour la première fois depuis la désagrégation du tsarisme qui avait même précédé février 1917. Il a aussi éliminé toutes les oppositions, mis sur pied un État policier redoutable, supprimé ou réprimé les institutions indépendantes, telles les Églises. Il a aussi pris le contrôle des soviets, rapidement réduits à des coquilles vides bureaucratisées et privées de pouvoir réel. Les comités d'usine ou de quartier qui proliféraient depuis 1914 et surtout 1917 ont été « phagocytés » par le Parti[22]. Quant aux syndicats, peu bolchevisés en 1917 mais transformés en courroie de transmission pendant la guerre civile, Trotsky propose fin 1920 leur « militarisation », suscitant de vives polémiques au sein du Parti.
La fin de tout pluralisme est mal ressentie jusque par certains acteurs de la révolution d'Octobre, de même que le fossé se creuse entre une bonne part de la population et les dirigeants ou les nouveaux bureaucrates, jugés comme de nouveaux privilégiés.
La révolte de Kronstadt et la NEP (mars 1921)
Article détaillé : Révolte de Kronstadt.En mars 1921, les marins de Kronstadt, célébrés jusque-là comme les « héros et gloire de la révolution » (Trotsky) se révoltent au cri de « Vive les soviets, à bas les bolcheviks ! » ou de « Vive les soviets sans les communistes ! ». Beaucoup des marins sont d'origine paysanne, et informés par leurs familles des exactions bolcheviques dans les campagnes ; leur révolte est aussi contemporaine d'une vague de grèves ouvrières à Pétrograd. Leur programme exige des élections libres, une constituante, le retour des libertés fondamentales, la fin de la police politique, le retour au marché libre.
L’Armée rouge conduite par Trotsky et Mikhaïl Toukhatchevski finit par prendre d'assaut l'île de Kronstadt en passant à pied la mer gelée. Une répression implacable s'abat sur les révoltés, certains revenus contre promesse de vie sauve sont fusillés après avoir dû creuser leurs tombes. D'autres s'enfuient pour être internés en Finlande dans des conditions déplorables.
La répression policière s'abat aussi à Pétrograd sur des dizaines de personnes sans lien entre elles et accusées de complicité avec l'insurrection, ainsi le poète Nicolas Goumilov, premier mari d'Anna Akhmatova, qui est fusillé et rayé de la mémoire officielle. Parallèlement, des milliers de mencheviks sont arrêtés et leur presse supprimée : ils avaient subsisté jusque-là en se cantonnant à une opposition légale au pouvoir, et en conservant une audience non négligeable dans les syndicats et les masses. Simultanément, le Xe congrès du Parti instaure aussi le centralisme démocratique, qui supprime le droit de tendance. L'Opposition ouvrière d'Alexandra Kollontaï et Alexandre Chliapnikov, qui critiquait les méthodes du « communisme de guerre », est ainsi défaite et obligée de s'incliner.
La dernière grande révolte politique du cycle révolutionnaire ouvert en février 1917 s'achève donc sur un échec, laissant intact le monopole bolchevique du pouvoir. Mais le choc de l'insurrection a convaincu Lénine d'abandonner définitivement le « communisme de guerre » au profit d'un « retour limité au capitalisme limité » : le Xe congrès, tenu au même moment que l'insurrection, instaure aussi la Nouvelle politique économique (NEP).
Notes et références
- Nicolas Werth, in « Que reste-t-il de la révolution d'Octobre ? », table ronde avec Marc Ferro et Serge Wolikow, l'Humanité, 7 novembre 2007 : « Ce qui s'écroule en 1917, c'est aussi l'État. Et la première chose que vont faire les bolcheviks, c'est de le reconstruire. Avec toute une série de piliers fondamentaux : la mise en place d'une armée plus efficace que les autres, d'appareils de répression, avec de très forts pouvoirs, et puis la capacité extraordinaire de bricoler un appareil d'État, avec à la fois des ralliés monarchistes qui y voient la fin du chaos des jacqueries paysannes et toute une gamme de nouveaux venus qui étaient dans les comités sans être nécessairement bolcheviks et qui vont y trouver une place. » Selon
- Peter Holquist parle d'ailleurs des guerres civiles (au pluriel), car : « Le terme généralement utilisé de « guerre civile russe » recouvre en réalité toute une série de conflits nationaux et de guerres civiles imbriqués les uns dans les autres. » Peter Holquist, « La question de la violence », dans Le Siècle des communismes, Éditions de l'Atelier, 2000, p. 188.
- Marc Ferro,« Nazisme et communisme : les limites d'une comparaison », Nazisme et communisme. Deux régimes dans le siècle, Hachette, coll. « Pluriel », Paris, 1999, p. 16.
- Serge Wolikow, in « Que reste-t-il de la révolution d'Octobre ? », loc. cit.
- Nicolas Werth, Histoire de l'Union soviétique, Paris, 2008, PUF, collection « Thémis », p. 139.
- Nicolas Werth, Crimes et violences de masse des guerres civiles russes, Online Encylopedia of Mass Violence / Sciences-Po Paris, 2008
- Arte, 7 novembre 2007. 1917, documentaire d'
- Nicolas Werth, « Un État contre son peuple », dans Le Livre noir du communisme, Robert Laffont, 1997.
- Jacques Baynac, La Terreur sous Lénine (1917-1924), Sagittaire, 1975, réédition Poche, 2003.
- Anne Applebaum, Goulag. Une histoire, Grasset, 2003.
- Jean-Jacques Marie, Le Goulag, PUF, coll. « Que sais-je », p. 33. Les camps compteront 25 000 détenus en janvier 1923, pour des effectifs pénitentiaires d'environ 70 000 individus.
- Arno J. Mayer, Les furies, p. 237
- Marc Ferro, Nicolas II, Payot, Paris, 1991, p. 295.
- Nicolas Werth, op. cit.
- Alessandro Mongili, Staline et le stalinisme, Casterman, 1995.
- Nicolas Werth, Histoire de l'Union soviétique de 1917 à 1953, PUF, coll. « Que sais-je ? », 1998, p. 17.
- Jean-Louis van Regemorter, La Russie et l'ex-URSS de 1914 à nos jours, Armand Colin, 1996.
- Léon Trotski, la production industrielle de 1921 représente moins d’un cinquième de celle d’avant guerre, la production d’acier chute de 4 200 000 à 180 000 tonnes. Selon Nicolas Werth (Histoire de l'Union Soviétique. De Lénine à Staline, PUF, coll. « Que Sais-je ? », Paris, 1998, p. 24), elle est tombée à 12 % du niveau d'avant-guerre. Selon
- Selon Nicolas Werth, ibidem, la moitié du ravitaillement urbain en 1919-1920 est assuré par les « porteurs de sac », ces citadins qui vont à la campagne échanger leurs biens contre des farines.
- le rouble a perdu 200 000 fois sa valeur[pas clair] entre 1913 et 1922 ! Selon A. Mongili, op. cit.,
- Nicolas Werth, op. cit., estime qu'il reste à peine 1 million d'ouvriers en 1921. Moscou a perdu la moitié de ses effectifs ouvriers, Petrograd les deux tiers.
- Marc Ferro, Des soviets au communisme bureaucratique, Hachette Pluriel, 1997. Selon l'expression de Nicolas Werth, in « Que reste-t-il de la révolution d'Octobre ? », loc. cit. Voir aussi
Voir aussi
Articles connexes
- Révolution russe
- Guerre russo-polonaise de 1920
- Guerre civile finlandaise
- Tcheka
- Terreur rouge
- Terreur blanche
- URSS
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- Roman Fedorovitch von Ungern-Sternberg
Autres personnalités
Bibliographie
- Edward Hallett Carr, La Révolution bolchevique, 1917-1923, 3 vol., Paris, Minuit, 1969-1974.
- (en) Peter Kenez, Civil War in South Russia, 1918: The First Year of the Volunteer Army, Berkeley, University of California Press, 1971.
- (en) Peter Kenez, Civil War in South Russia, 1919-1920: The Defeat of the Whites, Berkeley, University of California Press, 1977.
- (en) Diane P. Koenker, William G. Rosenberg, Ronald Grigor Suny (dir.), Party, State, and Society in the Russian Civil War: Explorations in Social History, University of Indiana Press, 1989.
- Nestor Makhno, Mémoires et écrits, éditions Ivrea, 2009 (à paraître). (ISBN 978-2-85184-286-2)
- Jean-Jacques Marie, La Guerre civile russe 1917-1922, coll. « Mémoires », 2005.
- Arno J. Mayer, Les Furies : Violence, vengeance, terreur aux temps de la Révolution française et de la Révolution russe, Éditions Fayard, 2002.
- Dominique Venner, Les blancs et les rouges : histoire de la guerre civile russe (1917-1921), Broché, 1997.
- Nicolas Werth, Un État contre son peuple, dans Le Livre noir du communisme, Robert Laffont, 1997.
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- Histoire militaire russe
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