Piotr Nikolaïevitch Wrangel

Piotr Nikolaïevitch Wrangel
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Piotr Nikolaïevitch Wrangel
Wrangel Pyotr 5.jpg
Naissance 15 août 1878
Novoaleksandrovsk
Décès 25 avril 1928 (à 49 ans)
Bruxelles
Origine Lituanien
Allégeance Flag of Russia.svg Empire russe
Flag of Russia.svg Armées blanches
Arme Flag of Russia.svg Armée impériale russe
Flag of Russia.svg Armées blanches
Conflits Guerre russo-japonaise
Première Guerre mondiale
Guerre civile russe

Piotr Nikolaïevitch Wrangel (en russe : Пётр Николаевич Врангель) est un général russe, commandant en chef des armées du Sud, qui combattit dans les Armées blanches durant la guerre civile russe. Né Peter von Wrangel le 15 août 1878 à Novoaleksandrovsk, Russie (aujourd'hui Zarasai, Lituanie) et mort le 25 avril 1928 à Bruxelles (Belgique). Sa dépouille repose dans l'église orthodoxe russe de Belgrade (Serbie).

Sommaire

Début de carrière

Wrangel descend d'une famille illustre, attestée en Estonie dès le XIIIe siècle, peut-être venue de Basse-Saxe. Différentes branches s'établirent aux XVIe et XVIIIe siècles en Suède, Prusse et Russie, puis aux États-Unis, France et Belgique après 1920. Plusieurs membres se sont distingués au service des roi de Prusse et de Suède et des tsars de Russie.

Le jeune Wrangel étudie d'abord à l'École des Mines de Saint-Pétersbourg et obtient son diplôme d'ingénieur en 1901. En 1902, il abandonne cette carrière et s'inscrit à l'école de cavalerie de Saint-Pétersbourg où il est vite promu au rang d'officier. En 1904, il prend part à la guerre russo-japonaise.

En 1914, au début de la Première Guerre mondiale, il est capitaine de la Garde à cheval et s'illustre dès les premières batailles, en s'emparant d'une batterie prussienne après une charge furieuse.

En 1916, il est commandant de la division des Cosaques de l'Oussouri. En mars 1917, il est l'un des seuls commandants de l'armée à préconiser l'envoi de troupes à Petrograd pour y rétablir l'ordre. Il croit que non seulement l'abdication du tsar ne règlera pas les problèmes mais les multipliera au contraire.

Comme il n'est que subalterne, on ne l'écoute pas. Le gouvernement provisoire, qui n'aime guère ses points de vue, le démet vite de ses fonctions. Wrangel se retire en Crimée avec sa famille.

La guerre civile

Peu après la Révolution russe, il est arrêté par des marins bolchévistes à Yalta et ne doit la vie qu'à sa femme qui les supplie de l'épargner. Libéré, il fuit vers le Kouban où il retrouve le général Denikine en septembre 1918. Celui-ci le charge de prendre en main une division de Cosaques sur le point de se mutiner. Non seulement parvient-il à les mettre en confiance mais il en fait une division disciplinée capable de remporter des succès sur le champ de bataille.

Au cours de l'hiver 1918-1919, il conquiert le Kouban et le bassin du Terek, prend Rostov-sur-le-Don puis s'empare de Tsaritsyne en juin. Ses rapides victoires prouvent qu'il est très à l'aise dans cette nouvelle façon de faire la guerre, tentant de limiter les violences et sévissant durement contre le vol et les exactions. Malgré une stricte discipline, il parvient à se faire respecter.

À l'été 1919, alors que Koltchak à l'est et Ioudenitch au nord attaquent la Russie bolchévique, Denikine pousse à l'offensive par le sud. Trois armées, par des directions différentes, doivent se diriger vers Moscou. Wrangel est à la tête de l'une d'elles et Denikine le charge de passer par Saratov et Nijni Novgorod. Cependant, il a subi de grosses pertes lors de la prise de Tsaritsyne et il doit se contenter de défendre les places conquises.

Déjà, il ne se gêne pas pour critiquer le plan de Denikine déclarant qu'une division des forces de l'Armée blanche ne mènerait qu'à une série de défaites. Lui aurait plutôt préconisé un regroupement de toutes les forces armées puis une attaque conjointe sur Moscou.

L'armée de Denikine est finalement écrasée par l'Armée rouge. Wrangel est envoyé à Kharkov pour limiter le désastre. Lorsqu'il y arrive, il ne peut que constater que l'Armée blanche n'existe plus.

À la fin de 1919, le désaccord entre Wrangel et Denikine éclate au grand jour. Wrangel reproche à son chef son implication minimale dans la politique ainsi que son manque d'audace, d'agressivité et de charisme. Il complote même pour le remplacer mais celui-ci, informé, le relève de son commandement et le renvoie au Kouban. Wrangel demande d'être mis à la retraite pour des raisons de santé, ce qui lui est accordé. Il s'exile alors à Istanbul, qui sert de base arrière pour l'armée blanche.

Le nouveau général en chef

En mars 1920, l'Armée blanche subit de nouvelles défaites et est refoulée vers la Crimée. Denikine n'a plus le choix ; il doit démissionner. Le 4 avril, à Sébastopol, Wrangel participe au grand Conseil des généraux blancs et reçoit les pleins pouvoirs. A la tête de l'Armée blanche il combat les Bolcheviks au Sud de la Russie.

Wrangel, tente de trouver une solution non seulement militaire mais aussi politique à la situation de son pays. Il croit à une république disposant d'un exécutif fort et d'une classe dirigeante compétente. En Crimée, il crée une république provisoire qui, selon lui, pourrait attirer les populations déçues du régime bolchévique. Son programme politique consiste à donner les terres à ceux qui y travaillent et à garantir la sécurité du travail aux plus défavorisés.

Malgré l'avertissement des Britanniques lui annonçant qu'ils cessent leur assistance, il réorganise l'Armée blanche de Crimée, qui ne comprend que 25 000 hommes. Moscou est alors en guerre contre la Pologne de Pilsudski et il compte sur des victoires de ce dernier pour consolider son pouvoir.

Le 13 avril, une première attaque rouge sur l'isthme de Perekop est aisément repoussée. Il lance alors une contre-attaque et parvient à s'emparer de Melitopol et de la Tauride du Nord.

Défaite et évacuation

En juillet, Wrangel parvient à mettre en échec une nouvelle offensive des Rouges venue du Caucase mais, en septembre, la fin de la guerre avec la Pologne voit affluer les troupes de l'Armée rouge en Crimée. Leurs divisions comprennent 100 000 fantassins et 33 600 cavaliers. Le rapport de forces est maintenant de quatre contre un et Wrangel le sait parfaitement. Les Blancs évacuent la Tauride et retraitent vers l'isthme de Perekop.

Une première offensive de l'Armée rouge est arrêtée le 28 octobre mais Wrangel comprend que c'est reculer pour mieux sauter. Il commence à préparer l'évacuation de ses troupes et des civils qui voudront partir. Le 7 novembre, l'Armée rouge entre en force en Crimée. Pendant que les troupes du général Alexandre Koutiepov parviennent à contenir l'attaque, Wrangel débute une opération d'embarquement dans cinq ports de la mer Noire. En trois jours, il réussit à évacuer 146 000 personnes dont 70 000 soldats, casés sur 126 bateaux. La flotte française de la Méditerranée a même décidé d'aider à l'évacuation en envoyant le croiseur cuirassé Waldeck-Rousseau. Tous ces gens sont dirigés vers la Turquie, la Grèce, la Yougoslavie, la Roumanie et la Bulgarie. Parmi les évacués, des fonctionnaires, des intellectuels, des savants, qui trouvèrent asile à Gallipoli, puis en Yougoslavie. Parmi les exilés russes qui choisirent la France, beaucoup s'installèrent à Boulogne-Billancourt.

Installés à Boulogne-Billancourt, les hommes du général Wrangel entrèrent à l'usine Renault où ils travaillaient à la chaîne. Parmi les ouvriers exilés, on pouvait reconnaître des ex-diplomates, des ex-soldats de l'armée impériale russe. À Boulogne-Billancourt, les Wrangel vivaient dans des baraquements occupés lors de la Première Guerre mondiale par des Chinois remplaçant les français mobilisés sur le front. Les ouvriers en exil étaient encadrés par les officiers du général.

Wrangel décide de s'établir à Belgrade d'où il dirige l'émigration russe et tente de réorganiser des forces, fondant l'Union Générale des Combattants Russes. Il abandonne la lutte en 1925 et s'établit comme ingénieur à Bruxelles. Il s'éteint le 25 avril 1928. Selon sa famille, il aurait été empoisonné par le frère de son majordome qui était un agent de la Guépéou[réf. nécessaire]. Il a laissé ses Mémoires publiées en 1930 chez Taillandier.

La petite église orthodoxe de Saint-Nicolas de Boulogne-Billancourt est l'un des derniers témoignages qui restent en France, elle est l'une des traces de la vie des émigrés russes après la Révolution d'octobre.

Sources

  • Venner, Dominique. Les Blancs et les Rouges. 1997. Pygmalion.
  • Extrait de Mémoires d'exil de Frédéric Mitterrand
  • Catherine Gousseff, Paul Robinson, The White Russian Army in exile, 1920-1945. Oxford, Oxford University Press, 2002, 257 p., Cahiers du monde russe, 43/4
  • Mémoires du général Wrangel, éditions Jules Tallandier, 1930

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