Andre Marty

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André Marty, né le 6 novembre 1886 à Perpignan, et mort le 23 novembre 1956 à Toulouse, était un homme politique français, dirigeant du parti communiste français exclu en 1952. Il a également été député, de 1924 à 1955, avec quelques interruptions, et secrétaire de l'Internationale communiste de 1935 à 1943.

Sommaire

Biographie

Né d'un père, négociant en vins, qui avait participé à la commune de Narbonne et professait des opinions libertaires, André Marty échoue au concours d'entrée de l'École Navale et apprend le métier de chaudronnier sur cuivre. Il fait son apprentissage chez un mécanicien travaillant à son compte à Perpignan. Il est introduit à la Loge maçonnique Saint-Jean des Arts et de la Régularité de Perpignan, affiliée à la Grande Loge de France par son patron et par un ingénieur des travaux publics, Mognier[1].

Chaudronnier, Marty s'engage en janvier 1908 dans la Marine nationale comme matelot mécanicien. Il deviendra ingénieur mécanicien en 1917. Il y restera jusqu'en 1919. Basé à Toulon, ses voyages le conduisent au large de la Chine, de l'Indochine, des Balkans et du Maroc. Scaphandrier, il participe en 1911 au renflouement du torpilleur Takou. Il a affirmé avoir collaboré en 1912-1913 à l'hebdomadaire le Cri du marin, dont les directeurs légaux étaient membres de la SFIO mais dont les articles étaient rédigés par des marins de la flotte militaire. Marty aurait également participé à une société secrète de mécaniciens de la flotte, organisation très centralisée disposant de cellules sur plusieurs navires. Marty a affirmé avoir été alors influencé par les idées syndicalistes révolutionnaires et hervéistes des ouvriers de l'Arsenal. Il participe également aux travaux de la Loge l'Action écossaise, toujours affiliée à la Grande Loge de France. En fait, à partir d'août 1914, il ne fréquente guère les milieux maçonniques, mais prononce néanmoins une conférence sur « La guerre en mer » à la Loge Saint-Jean des Arts et de la Régularité, de Perpignan[1].

En 1919, ingénieur mécanicien à bord du contre-torpilleur Protet, Marty est au cœur de la mutinerie de matelots qui éclate en rade d'Odessa, à la fois par sympathie avec les « rouges », en raison de la mauvaise nourriture et de la déconvenue de ne pas être démobilisés alors que la guerre était terminée. Cela lui vaut une condamnation à vingt ans de travaux forcés. Son nom devient un symbole, le jeune Parti communiste (la SFIC) issu du congrès de Tours (1920) prend alors sa défense, et il est élu au Soviet de Moscou par les ouvriers de l'usine Dynamo.

Gracié en 1923, il ne tarde pas à donner son adhésion au parti communiste; il démissionne de la Franc-maçonnerie [1], est élu député de Seine-et-Oise en 1924 et devient membre du Comité central de la SFIC. Il prend la défense de Cheikou Cissé (1890-1933), un tirailleur condamné en 1919 à la déportation en Nouvelle-Calédonie pour activités anticolonialistes. En 1925, le ministre de la Guerre Paul Painlevé, membre de la Ligue des droits de l'homme, écrit une lettre à Marty dans laquelle il refuse d'accorder la grâce à Cissé.

En 1927, à l'instar de nombreux autres dirigeants communistes, Marty est condamné et incarcéré à la prison de la Santé pour action antimilitariste. A partir de 1931, il est de plus en plus impliqué dans l'appareil de l'Internationale communiste (Komintern), représentant la section française. En 1935, il est nommé au présidium et au secrétariat, devenant ainsi le Français le plus gradé au sein du Komintern. Il entre également au bureau politique du PCF en 1932.

Pendant la guerre d'Espagne, le Komintern le nomme inspecteur général des Brigades internationales (en 1936) et il restera en Espagne jusqu'à la fin de la guerre, en 1939. En France, il est violemment pris à partie par le journal anarchiste Le Libertaire.

André Marty est à Moscou lors de l'annonce de la signature du pacte germano-soviétique, et de la déclaration de guerre, en septembre 1939. Il y est rejoint par Maurice Thorez, avec qui il n'a jamais eu de bons rapports. Il travaille pour le Komintern jusqu'à la dissolution de celui-ci, en mai 1943, et en octobre 1943, il arrive à Alger pour représenter le PCF auprès du gouvernement provisoire de de Gaulle et siéger à l'Assemblée consultative.

De la Libération à 1944, il est l'un des trois secrétaires du parti et apparaît ainsi formellement comme le numéro 3, après Maurice Thorez et Jacques Duclos. L'ancien "mutin de la Mer Noire" sera l'un des plus farouches accusateurs des amiraux de Vichy, qui avaient obéi aux ordres d'un gouvernement de fait mais néanmoins légitime. Dés 1947, il est marginalisé au sein du bureau politique, mais en reste membre jusqu'en 1952, en n'exerçant que des responsabilités de plus en plus secondaires. Le 1er septembre 1952, il est mis en accusation devant le bureau politique, exclu de cet organisme le 7 décembre, et exclu du parti par sa cellule le 24 décembre. Un article signé Etienne Fajon dénoncera les « liaisons policières de Marty ». Jacques Duclos, avait également déclaré que Marty avait été démasqué comme policier, accusation dont personne n'a jamais trouvé le moindre fondement.

Complètement isolé, après avoir essayé, en vain d'en appeler à l'autorité de Staline, et s'être finalement rapproché des anarchistes et des trotskistes, il meurt d'un cancer au poumon.

Homme d'appareil tourné vers l'international, André Marty avait accumulé une grande quantité de documents sur le PCF et le Komintern. Les « archives Marty », léguées à Jean Maitron, constituent aujourd'hui une mine pour les historiens du communisme.

Le rôle de Marty pendant la Guerre d'Espagne

André Marty fut envoyé par l'IC dés août 1936 auprès du gouvernement républicain espagnol pour organiser ce qui va devenir les Brigades internationales. Il portera le titre d'inspecteur général des B I. Il pouvait justifier de cette responsabilité, outre son grade élevé au sein du Komintern, par sa connaissance de l'espagnol et du catalan et par son passé d'officier de marine.

Les brigades internationales furent basées à Albacete. Assez vite, les rapports de Marty avec les Espagnols se dégradèrent et il fut rappelé à Moscou où Dimitrov le chargea des affaires d'Amérique Latine, mais Marty insista pour retourner en Espagne et réussit à se faire passer pour l'homme de la situation après l'intégration des Brigades dans l'armée populaire espagnole. Lorsqu'il revient à Albacete en octobre 1937, il doit accepter d'être contrôlé par Palmiro Togliatti.

André Marty fut-il le boucher d'Albacete dénoncé par la presse libertaire française ou le commissaire Massart borné que décrit Hemingway dans Pour qui sonne le glas ?

Togliatti, dans un rapport de novembre 1937, insistait pour que Marty "change radicalement ses méthodes de travail" et "évite d'intervenir dans les questions militaires et techniques des Brigades" mais en janvier 1938 il se félicite de son attitude tout en continuant d'évoquer "sa façon un peu rude de se comporter parfois avec les camarades". Selon le Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, certains combattants revenus en France dénoncèrent ses excès d'autorité et démissionnèrent du Parti communiste.

Si les méthodes brutales de Marty semblent indéniables, le fait qu'il ait pu faire "exécuter un grand nombre de volontaires pour des motifs futiles" comme cela lui fut reproché au point d'être affublé du nom de "boucher d'Albacete" est plus discutable bien que sa participation à la condamnation et à l'exécution du commandant Delasalle, dans le contexte de la lutte contre les anarchistes et les poumistes, est établie par Nick Guillain.

Philippe Robrieux voit en lui un emporté et un fanatique quelque peu mythomane, mais pas l'organisateur des crimes staliniens commis par le Guépéou en Espagne.

L'« Affaire Marty », ou l'exclusion du PCF en 1952

En 1952, alors que Thorez, malade, était à Moscou, ou en convalescence dans le Caucase, André Marty fut mis en cause avec Charles Tillon devant le Bureau politique auquel ils appartenaient tous les deux. Il était reproché aux deux hommes de s'être rencontrés au domicile du beau-frère de Tillon, Charles Beyer.

Une commission d'enquête formée de Léon Mauvais et Marcel Servin préparait ce « procès interne » depuis plusieurs mois. Selon Charles Tillon (On chantait Rouge), Duclos avait rencontré Thorez et même Staline à ce sujet, mais c'était l'époque des grands procès dans les démocraties populaires comme celui de A. London et R. Slansky en Tchécoslovaquie ou celui de Rajk en Hongrie, et dans ce contexte, Duclos avait pu faire comprendre à Staline qu'en France aussi, il y avait des traîtres. On ne voit guère d'autre explication concernant cette affaire que l'hostilité qui avait toujours existé entre Thorez et Marty, et l'accusation voilée de « non-Résistance » que Tillon aurait faite à Jeannette Vermeersch, la femme de Thorez.

Le rapport que Mauvais présenta le 4 septembre 1952 au Bureau Politique n'était qu'un assemblage hétéroclite de broutilles qui devenaient la preuve d'une longue opposition à la ligne du parti. L'affaire se transforma en une véritable campagne de dénonciation politique des accusés qui s'étendit à Jean, le frère d'André Marty, franc-maçon qui « a des liaisons avec des milieux policiers ». Le Comité central de Gennevilliers (du 5 jusqu'au 7 décembre) raya de ses rangs Marty et Tillon.


André Marty
Parlementaire français
Naissance 6 novembre 1886
Décès 23 novembre 1956
Mandat Député 1924-1928
puis 1929-1940
puis 1945-1955
Début du mandat
Fin du mandat {{{fin du mandat}}}
Circonscription Seine-et-Oise
puis Seine
Groupe parlementaire PCF
IIIème République-IVème République

Sources

Bibliographie

  • Yves Le Braz[2], Les rejetés, La Table Ronde, 1974.

Sur la participation d'André Marty à la guerre d'Espagne :

  • Pierre Broué et Émile Témime, La Révolution et la guerre d'Espagne, Éd. de Minuit, 1961.
  • Carlos Serrano, L'enjeu espagnol : PCF et guerre d'Espagne, Messidor, 1987.
  • Nick Guillain, Le mercenaire : carnet de route d'un combattant rouge, Fayard, 1938.
  • André Figueras, Marty sans laisser d'adresse, 1978.
  • Roger Codou, Le cabochard : mémoires d'un communiste 1925 - 1982, François Maspero, 1983.

Notes et références

  1. a , b  et c Article André Marty de Jean Maitron et Claude Pennetier in Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier
  2. Pseudonyme de Gérard Guégan

Voir aussi

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