- Raymond Radiguet
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Raymond Radiguet Raymond RadiguetActivités Écrivain, romancier, poète Naissance 18 juin 1903
Saint-Maur-des-Fossés, FranceDécès 12 décembre 1923 (à 20 ans)
Paris, FranceLangue d'écriture Français Genres Roman, poésie Œuvres principales - Le Diable au corps (1923)
- Le Bal du comte d'Orgel (1924)
Raymond Radiguet est un écrivain français, né le 18 juin 1903 à Saint-Maur et mort le 12 décembre 1923 à Paris. Talent très précoce, il a écrit deux romans ayant connu un grand succès critique et populaire, soit Le Diable au corps et Le Bal du comte d'Orgel, publiés alors qu'il abordait la vingtaine.
Sommaire
Biographie
Premières années
Ainé de sept enfants, Raymond Radiguet est le fils du dessinateur Maurice Radiguet (1866-1941) et de Jeanne Marie Louise Tournier (1884-1958).
Après l'école communale, il passe l’examen des bourses et entre au lycée Charlemagne à Paris. Considéré comme un élève médiocre, il s’adonne entièrement à la lecture : les écrivains des XVIIe et XVIIIe siècles, notamment La Princesse de Clèves de Mme de Lafayette, puis Stendhal, Proust, et enfin les poètes : Verlaine, Mallarmé, Arthur Rimbaud, Lautréamont.
En avril 1917, Raymond rencontre Alice, une jeune femme, voisine de ses parents à Saint-Maur. Elle vient de se marier avec Gaston, un soldat qui est au front. La liaison de Radiguet (14 ans) avec Alice alors que le mari de celle-ci est soldat dans les tranchées, sont autant d’éléments que l’on retrouvera dans Le Diable au corps[1]. Cette liaison ne durera qu'un an et, à partir de 1918, il s’éloignera d'elle peu à peu.
Vie à Montparnasse
À l’âge de 15 ans, il abandonne définitivement ses études et se lance dans le journalisme. Il se lie avec André Salmon, Max Jacob, Pierre Reverdy, François Bernouard (le futur éditeur, en 1920, de ses poèmes, Les Joues en feu) ; il fait aussi la connaissance des peintres Juan Gris, Picasso, Modigliani, Jean Hugo ; enfin il fréquente les jeunes compositeurs - Milhaud (avec qui il créera plus tard la pantomime célèbre Le Bœuf sur le toit), Georges Auric, Francis Poulenc, Arthur Honegger et trouve dans leurs œuvres le même désir d’originalité que chez les peintres et les écrivains. Au début du Canard enchaîné, il signe quelques contes sous le pseudonyme de Rajky[2].
Rencontre avec Jean Cocteau
En 1918, il fait une rencontre qui exercera sur sa future carrière une influence capitale : on le présente à Jean Cocteau, qui aussitôt devine — « A quoi ? Je me le demande », écrira-t-il plus tard dans La Difficulté d’être — un talent caché. Enthousiasmé par les poèmes que Radiguet lui lit, Cocteau le conseille, l’encourage et le fait travailler ; il l’aide ensuite à publier ses vers dans les revues d’avant-garde, notamment dans Sic et dans Littérature.
Ils deviennent inséparables et fondent en mai 1920 une petite revue : Le Coq, d’allure fantaisiste et de caractère essentiellement avant-gardiste à laquelle collaborent, entre autres, Georges Auric, le peintre Roger de la Fresnaye, Paul Morand et Tristan Tzara. Radiguet fait paraître dans le premier numéro un article qui débute par ces mots en grandes majuscules : « DEPUIS 1789 ON ME FORCE À PENSER. J’EN AI MAL À LA TÊTE. » Jean Cocteau y publie des vers et cette critique de la critique : « La critique compare toujours. L’incomparable lui échappe. »
On a suggéré que l'amitié de Cocteau avec Radiguet a en fait été une liaison amoureuse, intense et souvent orageuse, mais aucune preuve formelle ne permet de le justifier.
Vers 1921, Radiguet abandonne la vie déréglée qu’il mène depuis quelques années et s’impose une forte discipline intérieure. « Rien de moins ordonné que sa vie extérieure, écrira plus tard Joseph Kessel qui fut aussi son ami, mais rien de plus harmonieux, de plus équilibré, de mieux construit et de mieux protégé que sa vie intérieure. Il peut traîner de bar en bar, ne pas dormir des nuits entières, errer de chambre en chambre d’hôtel, son esprit travaillait avec une lucidité constante, une merveilleuse et sûre logique. »
Œuvre littéraire
En septembre 1921, à Piquey, loin de Paris, où l’a entraîné Jean Cocteau, il a terminé Le Diable au corps. L’année suivante, au Lavandou cette fois, toujours avec Cocteau et ses amis, il écrit son deuxième et dernier roman, Le Bal du comte d’Orgel.
Le Diable au corps
En 1923, Bernard Grasset lance Le Diable au corps de façon spectaculaire, sur le thème : « le premier livre d’un romancier de 17 ans ». Devant une telle publicité, qu’elle juge de mauvais goût, la critique est surprise, voire moqueuse et hostile. Mais, après la publication, Radiguet reçoit de chaleureuses félicitations d’écrivains tels que Max Jacob, René Benjamin, Henri Massis et Paul Valéry. Le jeune écrivain écrit dans Les Nouvelles littéraires le jour même de la publication de son roman, le 10 mars 1923, un article dans lequel il affirme que son roman qui puise pourtant dans sa vie est « une fausse biographie » : « Ce petit roman d'amour n'est pas une confession […] On y voit la liberté, le désœuvrement, dus à la guerre, façonner un jeune homme et tuer une jeune femme […] le roman exigeant un relief qui se trouve rarement dans la vie, il est naturel que ce soit justement une fausse biographie qui semble la plus vraie[3] ».
Le Bal du comte d’Orgel
Le Bal du comte d’Orgel fut publié en 1924 par Bernard Grasset, à titre posthume. Dans son émouvante préface, Jean Cocteau qui a pris part aux corrections des épreuves évoque la mort de son jeune ami :
- « Voici ses dernières paroles:
- “ Écoutez, me dit-il le 9 décembre, écoutez une chose terrible. Dans trois jours je vais être fusillé par les soldats de Dieu ”. Comme j’étouffais de larmes, que j’inventais des renseignements contradictoires : “ Vos renseignements, continua-t-il, sont moins bons que les miens. L’ordre est donné. J’ai entendu l’ordre. ”
- Plus tard, il dit encore : “ Il y a une couleur qui se promène et des gens cachés dans cette couleur. ”
- Je lui demandai s’il fallait les chasser. Il répondit : “ Vous ne pouvez pas les chasser, puisque vous ne voyez pas la couleur. ”
- Ensuite, il sombra.
- Il remuait la bouche, il nous nommait, il posait ses regards avec surprise sur sa mère, sur son père, sur ses mains.
- Raymond Radiguet commence. »
Décès
Raymond Radiguet meurt emporté par la fièvre typhoïde le 12 décembre 1923. Avait-il le pressentiment de sa fin prématurée lorsqu’il écrivait dans les dernières pages du Diable au corps : « Un homme désordonné et qui va mourir et ne s’en doute pas met souvent de l’ordre autour de lui. Sa vie change. Il classe ses papiers. Il se lève tôt, il se couche de bonne heure. Il renonce à ses vices. Ainsi sa mort brutale semble-t-elle d’autant plus injuste. Il allait vivre heureux. » ?
Œuvres
- Roman
- Poésie
- Les joues en feu, 1920
- Devoirs de vacances, 1921
- Vers libres, 1926 (publication posthume)
- Jeux innocents (publication posthume)
- Théâtre
- Le Gendarme incompris, 1921. Critique bouffe en un acte de Jean Cocteau et Raymond Radiguet, musique de Francis Poulenc, mise en scène de Pierre Bertin, montée au Théâtre Michel.
Voir aussi
Notes et références
Notes
- Raymond Radiguet et la Marne dans Le Diable au corps
- Le Canard enchaîné du 6 mai 1918 sous le pseudonyme de Rajky. Sa première œuvre, nommée Galanterie française, parut dans
- Cité par Clémence Camon.
Références
- Kilien Stengel (dir.), Les poètes de la bonne chère : Anthologie de poésie gastronomique, Éditions de la Table ronde, coll. « Petite Vermillon », 2008 (ISBN 2710330733)
Liens externes
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