- Mezcal
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Le mezcal (ou mescal, du nahuatl metl ixcalli, qui signifie « maguey cuit ») est une boisson alcoolisée élaborée à partir de l'agave (à ne pas confondre avec la mescaline, alcaloïde hallucinogène extrait du peyotl).
Sommaire
Origines
Les Mésoaméricains ne connaissant pas le procédé de la distillation, la seule boisson alcoolisée qu'ils tiraient de l'agave était le pulque, dont le degré d'alcool était faible, entre 6 et 8 degrés GL environ[1].
La distillation fut pratiquée à partir du XVIIe siècle, lorsque les Espagnols introduisirent en Nouvelle-Espagne ce procédé qu'ils avaient hérité des Arabes pour obtenir une eau-de-vie plus forte.
Distinction entre le mezcal et la tequila
La tequila et le mezcal sont deux spiritueux différents issus d'agaves, de modes de fabrication, de régions de production et de terroirs distincts.
En 1995 fut créé une appellation d'origine "Mezcal d'Oaxaca". Toutefois la législation tolère aussi la production de mezcal dans les États de Guerrero, Durango, San Luis Potosi et Zacatecas sous l'appellation "Origines Officielles" et portent la mention du lieu de mise en bouteille.
En 1997 une législation sur le mezcal en définit 2 catégories :
- Le type 1 : il est 100% agave dit "Maguey".
- Le type 2 : il doit contenir un minimum de 80% de Maguey.
Cette nouvelle loi établit aussi plusieurs catégories selon l'âge du mezcal, ces catégories sont les mêmes que pour la tequila : Joven, Reposado et añejo[2].
L'agave utilisé pour le mezcal est l’Agave falcata espadina alors que pour la tequila on utilise principalement l'Agave tequilana.
Le mezcal est principalement produit dans la région d'Oaxaca à partir d'une quinzaine de variétés d’Agave falcata tandis que la tequila est principalement produite dans le Jalisco.
Production
Pour le mezcal, on utilise des agaves ayant mûri pendant 6 à 12 ans avant qu'ait lieu la récolte, et qu'on appelle jima. Les feuilles acérées (pencas) sont élaguées par le cultivateur d'agave (jimador) à l'aide d'un outil tranchant, la coa, pour ne garder que le cœur ou piñas (mot espagnol pour ananas).
Traditionnellement, les piñas, qui ressemblent à un ananas géant de 30 à 60 kg, sont cuites dans des palenques, des fosses coniques de 2 à 3 mètres de diamètre creusées dans le sol et dont les parois sont recouvertes de pierres chaudes, de feuilles d'agave, de petate (tapis de fibre de palme) et de terre. La cuisson à la vapeur, qui dure entre 24 et 50 heures à une température d'environ 55 °C, permet de transformer les amidons contenus naturellement dans la plante en sucres qui après fermentation donneront l'alcool. Ce mode de cuisson permet également à la boisson de s'imprégner des saveurs de la terre et de la fumée.
Pour la tequila, on utilise des autoclaves industrielles.
Après la cuisson, la piña est refroidie et repose jusqu'à une semaine. Puis elle est moulue pour en extraire la pulpe. Cette dernière opération est effectuée dans un pressoir ou sur un disque de pierre ou de béton sur lequel tourne une roue de pierre.
La « purée » additionnée de 5 à 10% d'eau, est ensuite placée dans de grandes cuves de 5 000 à 50 000 litres où les sucres vont être transformés en alcool par fermentation, sous l'action de ses propres levures. Cette fermentation dure de une à quatre semaines en fonction de la température extérieure. Des catalyseurs (des levures chimiques, par exemple), permettant d'accélérer la fermentation en 2 à 4 jours, sont parfois ajoutés. Du sucre de canne ou de maïs peut également être utilisé lors de cette fermentation.
Le jus fermenté obtenu, appelé "pulque" ("mosto" pour le Tequila), est ensuite distillé deux fois (à trois fois) dans un alambic en acier inoxydable ou en cuivre. Le résultat de la première distillation, une fois les fibres enlevées, est appelé ordinario et titre entre 20° et 30° Vol. Il est replacé dans l'alambic pour une deuxième distillation qui fera monter le degré d'alcool jusqu'à 55°. Parfois, de l'eau est ajoutée pour réduire le degré à 40° (mixtos, dilué avec de l'eau).
Commercialisation
Le degré de commercialisation minimum est de 38 °GL pour le mezcal et de 35 pour la tequila.
Les normes mexicaines permettent la commercialisation de tequila ou de mezcal vieillis en fûts de chêne. Le blanco repose moins de deux mois en barriques, le reposado de deux mois à un an, l'añejo un an au minimum.
La meilleure qualité de mezcal et de tequila est celle produite uniquement à base d'agave. Les alcools dont l'étiquetage ne comporte pas la mention « 100% agave » sont "coupés" (mixtos, en espagnol), c'est-à-dire que l'on a utilisé seulement 60% d'alcool provenant des agaves pour leur élaboration, complété par de l'alcool provenant souvent de la distillation de la canne à sucre, beaucoup moins cher que l'agave.
Le ver ou gusano
Les producteurs de mezcal ajoutent généralement une chenille parasite de l'agave, l'Hypopta agavis (en espagnol chilocuil, chinicuil, ou tecol, mots provenant du nahuatl). Ces larves (qui ne sont donc pas des vers) se nourrissent des feuilles succulentes du maguey.
Dans les bouteilles on distingue deux type de gusano, le blanc qui niche dans les feuilles et le rouge dans les racines.
L'origine de cette pratique remonterait à un homme nommé Jacobo Lozano Páez. En 1940, alors qu'il goûtait de l'agave préparée, lui et son partenaire trouvèrent que le ver, qui infeste parfois les agaves et qu'on retrouve dans la piña après la récolte, enrichissait la qualité gustative de l'agave.
Selon certaines croyances mexicaines, la dégustation de ce ver donnerait pouvoir et virilité. Selon d'autres légendes le gusano hériterait de l'esprit de la plante et le transmettrait à celui qui le mange.
Certaines distilleries remplacent le ver traditionnel par un scorpion.[3].
Culture populaire
La boisson mezcal apparait dans le film Né un 4 juillet, où un vétéran de l'armée américaine finit par avaler le ver se trouvant au fond de sa bouteille. C'est la boisson préférée du héros du roman Au-dessous du volcan de Malcolm Lowry.
Noir Désir, dans leur chanson Joey I parle de Mezcal. "Sauver la race humaine, servir le mezcal". Le groupe IAM en fait mention aussi dans une de ses chansons avec la Fonky Family Le retour du shit squad "Tu prendras bien un spatial, Verre de mezcal un poquito". Mais aussi Hubert-Felix Thiefaine dans sa chanson "Pulque Mescal Y Tequila" On y fais aussi souvent référence dans "fear and loathing in las-vegas" ainsi que dans "where the Buffalo Roam" ,deux films sur le journaliste Hunter S. Thompson.
Notes et références de l'article
- ISBN 2-905779-00-4) d'après Le Mezcal Mythique (
- ISBN 3-8290-1905-X) d'après Tequila de Laurence Kretchmer édition Könemann 1999 (
- Sous le signe du scorpion » sur Courrier International, 3 août 2006 Tom Sutherland, «
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- Le Mezcal : ses secrets, sa légende, sa dégustation (Archive, Wikiwix, que faire ?)
- (fr)Que faire avec un cactus ? sur monMexique.com
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