- Basse-Navarre
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La Basse-Navarre est une des sept provinces historiques du Pays basque. Partie la plus septentrionale de l'ancien royaume de Navarre jusqu'à la Renaissance, elle s'en sépare de fait au début du XVIe siècle après que l'Espagne a pris le contrôle de l'essentiel du Royaume. De 1620 à la Révolution française, elle est « unie » à la France mais conserve l'appellation flatteuse de « Royaume de Navarre ». Depuis 1790, elle constitue une petite partie du département qui s'appelle aujourd'hui les Pyrénées-Atlantiques.
Sommaire
Nom et gentilés
La Basse-Navarre n'est appelée ainsi que depuis le XVIe siècle, après sa séparation du reste de la Navarre[1].
Le territoire fut également appelé d' ultrapuertos (en espagnol, "d'outre-port" soit "par delà la montagne") pour la distinguer des cinq autres districts (ou merindades) sud-navarrais. Un certain nombre de livres historiques postérieurs à 1620 font même mention de "merindad de Ultrapuertos" pour la Basse-Navarre même si, dans les faits, le territoire ne devait pas posséder ce titre de "merindad".
Sa traduction en basque est Nafarroa Beherea. On peut trouver également Baxe Nafarroa ou Baxe Nabarra. En langue espagnole, on dit généralement Baja Navarra. On trouve également dans des livres d'histoire la notion de Navarre la Baja.
Le gentilé est en français, bas-navarrais(e) et en basque, baxenabartar (pluriel : baxenabartarrak). En Soule, tant en basque qu'en français, les Bas-Navarrais sont dénommés de manière familière manex (manex signifiant Jean en bas-navarrais).
Géographie
La Basse-Navarre est limitée à l'est par la Soule, au sud et à l'ouest par l'Espagne (Communauté Forale de Navarre : vallées d'Aezcoa, de Roncevaux et du Baztan) et au nord-ouest par la province du Labourd.
Le relief de la Basse-Navarre peut être divisée en deux secteurs : le secteur nord regroupant les pays de Mixe, d'Arberoue et le duché de Gramont est composé de coteaux et de collines semblables à celles du Labourd. Le pays d'Ostabarret assure la transition vers la zone sud composée des Pyrénées basques regroupant le pays de Cize et les vallées des Aldudes et d'Ossès.
Les bourgades les plus peuplées sont aujourd'hui Saint-Palais (1900 habitants), Saint-Jean-Pied-de-Port (1500 habitants) et Bidache (1200 habitants).
Histoire
La Basse-Navarre était la partie la plus septentrionale du royaume de Navarre, dont les terres principales étaient au sud des Pyrénées et dont Pampelune était la ville principale. La châtellenie de Saint-Jean-Pied-de-Port en était le centre[2]. C'est la seule province du royaume de Navarre que l'Espagne de Ferdinand II d'Aragon n'annexa pas définitivement en 1515. Bien que les troupes de Charles Quint aient pris possession de l'ensemble des terres détenues par le roi de Navarre, un repli stratégique s'opéra pour ne pas trop s'exposer.
La Basse-Navarre resta un royaume indépendant sous la dynastie des Albret qui était également seigneur de Béarn. Quatre générations après l'invasion de la Haute Navarre par les Espagnols, Henri III de Navarre monta sur le trône, puis devint roi de France Henri IV. Louis XIII prononça en 1620 la réunion du Béarn et de la Basse Navarre au royaume de France.
Ceci explique qu'en 1789, la Basse-Navarre refusa de députer aux États Généraux du royaume de France, et se contenta d'envoyer des députés à Louis, roi de Navarre. D'ailleurs, la double couronne se conserva jusqu'en 1790, le roi étant désigné « roi de France et de Navarre ». Ce titre est à l'origine de l'expression « de France et de Navarre ».
Géographie historique
Jusqu'à la refonte complète du système institutionnel intervenue à la Révolution française, la Basse-Navarre est une fédération de sept pays ou vallées, aussi appelées « Universités », disposant chacune d'une institution délibérative et judiciaire particulière dite Cour Générale[3].
- le pays d'Arberoue, en basque Erberua, au nord-ouest ;
- le pays de Mixe, en basque Amikuze, au nord-est ;
- la vallée d'Ossès, en basque Ortzaize, à l'ouest ;
- la vallée de Lantabat, au centre est[4] ;
- le pays d'Ostabarret, en basque Oztibarre, à l'est ;
- la vallée des Aldudes, en basque Aldude, au sud-ouest ;
- le pays de Cize, en basque Garazi, au sud-est.
Au centre de la province, les trois paroisses d'Iholdy, Irissarry et Armendarits sont dans une situation particulière : elles n'appartiennent à aucune des sept vallées et aucune Cour Générale n'y siège ; chacune dispose d'une assemblée paroissiale et les trois assemblées ne se réunissent conjointement que pour la gestion des terres indivises appartenant en commun aux trois villages[5].
Aux sept vallées s'ajoutent cinq « villes », sans lien avec les pays qui les entourent[6] et qui disposent chacune d'une cour de jurats :
Quelques paroisses, selon Eugène Goyneneche, restent « jusqu'à la fin de l'Ancien Régime en dehors de la vie politique et administrative du pays ». Ce sont des terres seigneuriales sur lesquelles un baron a haute, moyenne et basse justice[7], à savoir :
- la baronnie de Béhorléguy, qui ne perdure pas ;
- la baronnie de Luxe ;
- la baronnie de Lantabat ;
- la baronnie de Sorhapuru.
Enfin tout au nord les terres de Gramont, en basque Agramonde sont dans une situation spécifique ; on peut y distinguer :
- trois paroisses qui appartiennent à la fois au duché de Gramont et au pays de Mixe : Bergouey, Viellenave-sur-Bidouze et Escos ;
- la ville de Bidache, qui prétend à être une « principauté souveraine » ;
- trois villages qui n'appartiennent pas au royaume de Navarre mais sont aujourd'hui le plus souvent inclus dans les listes de communes de Basse-Navarre : Came, Arancou et Sames.
Langues
L'usage du basque est toujours largement répandu. En 2001, la proportion de bilingues bascophones/francophones était de 61% pour l'ensemble Basse-Navarre/Soule[8].
Historiquement, la forme dialectale est le bas-navarrais (occidental et oriental).
Une des écrivants basse-navarrais contemporain est Itxaro Borda.
Dans certains villages des terres de Gramont, l'occitan gascon était également utilisé, majoritairement dans certains[réf. souhaitée].
Blasonnement
De gueules aux chaines d'or posées en orle, en croix et en sautoir, chargées en cœur d'une émeraude au naturel.
Notes et références
- Jean-Baptiste Orpustan, Nouvelle toponymie basque: Noms des pays, vallées, communes et hameaux historiques de Labourd, Basse-Navarre et Soule], Presses Univ de Bordeaux, 2006 (ISBN 9782867813962), p. 58
- ISBN 2-11-094732-2, En ligne [1], consulté le 3 mars 2007 Gérard Folio. La citadelle et la place de Saint-Jean-Pied-de-Port, de la Renaissance à l’Époque Contemporaine, in Cahier du Centre d’études d’histoire de la défense n° 25 Histoire de la fortification, 2005
- ISBN 2913156207) tome II, p. 164-166. Anne Zink, dans Pays ou circonscriptions. Les collectivités territoriales de la France du Sud-Ouest sous l'Ancien Régime, Publications de la Sorbonne, 2000 (ISBN 2859443894), p. 64 utilise l'expression « forme fédérative » pour décrire cette structuration du territoire. Pour l'ensemble de la section et sauf notes plus spécifiques, voir Manex Goyhenetche, Histoire générale du Pays basque, Elkarlanean Donostia, 1998 (
- Une autre énumération des sept vallées de Basse-Navarre, figurant dans Eugène Goyheneche, Le Pays Basque, Société nouvelle d'éditions régionales et de diffusion, Pau, 1979, p. 141-145, n'inclut pas Lantabat dans leur liste ni ne mentionne de Cour Générale pour ce pays ; pour cet auteur, c'est le secteur d'Iholdy, Irissarry et Armendarits qui constitue la septième vallée.
- Eugène Goyheneche, op. cit., p. 141-145
- Eugène Goyheneche, op. cit., p. 139
- Eugène Goyheneche, op. cit., p. 139 et 143
- Détails de l'enquête sur www.eustat.es (en espagnol) Tercera Encuesta Sociolingüística de Euskal Herria (2001).
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