Transnistrie (région)

Transnistrie (région)
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Transnistrie

19241990~1992

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La Transnistrie en jaune et orange ; liséré orange = la Rép. soc. sov. autonome moldave en 1924-1940 ; liséré rouge = la Rép. soc. sov. de Moldavie en 1940 (et jusqu’à nos jours).

Démographie
Population Roumanophones dits Moldaves, slavophones Ukrainiens, Russes ou Bulgares
Histoire et évènements
XVe siècle grand-duché de Lituanie
1500 la Podolie devient polonaise, le Yedisan devient turc
1792 Empire russe
1918 République populaire ukrainienne
1924 fondation en Ukraine d’une République autonome moldave
1940 partagée entre l’Ukraine et la Moldavie
1941 occupation roumaine
1944 rétablissement de la situation de 1940
1991 les 5 rayons de la Moldavie forment la République moldave du Dniestr auto-proclamée ; les rayons ukrainiens le restent

Transnistrie est le nom roumain d’un territoire de l’Ukraine, situé entre les fleuves Dniestr et Boug méridional, habité d’Ukrainiens, de Russes et de minorités roumanophones, et appelé ainsi par les Roumains depuis le début du XXe siècle.

La Roumanie entre juin 1941 et mars 1944 : en « compensation » pour la perte de la Transylvanie septentrionale au profit de la Hongrie, Hitler permet à Antonescu d’occuper la Transnistrie.
La Transnistrie et ses districts sous l’occupation roumaine.
Timbres de 1941 émis par l’occupant roumain, affranchis à Tiraspol.
Véhicules d’infanterie sur le pont disputé entre Tiraspol et Tighina

La majeure partie de la Transnistrie ukrainienne fait partie de l’oblast d’Odessa, et, historiquement, des régions de Podolie (au nord) et du Yedisan (au sud).

La partie de la Transnistrie qui appartient à la Moldavie est contrôlée depuis en 1991 par la République moldave du Dniestr, une entité autoproclamée indépendante, mais non reconnue par la communauté internationale. De jure, cette entité est reconnue par le gouvernement moldave (et par la communauté internationale) comme une « Unité territoriale autonome de la rive gauche du Dniestr », comportant 5 « rayons » (arrondissements, dont un, celui de Dubăsari, partiellement) et la municipalité de Tiraspol. De facto, la République moldave du Dniestr occupe aussi la municipalité de Tighina sur la rive droite du Dniestr et maintient son indépendance de fait grâce à des unités de volontaires « cosaques » russes ou ukrainiens, joints à la 14e armée russe, qui ont empêché la république de Moldavie d’exercer sa souveraineté sur cette partie de son territoire (guerre de Transnistrie, 1992). Depuis le cessez-le-feu de 1992, le Conseil de l’Europe considère la région de Transnistrie comme une région de « conflit larvé ».

En Transnistrie moldave, la population est de 550 000 habitants, dont 373 000 slavophones (à parts égales russes et ukrainiens) et 177 000 roumanophones, d’après les chiffres du référendum transnistrien de décembre 2004. Le moldave/roumain y est écrit en caractères cyrilliques, comme à l’époque soviétique, alors que dans le reste de la Moldavie, il s’écrit en caractères latins.

Sommaire

Noms

Le nom de la région provient du nom roumain du fleuve Dniestr : Nistru, et signifie « pays au-delà du Dniestr ». Les appellations (surtout anglo-saxonnes) de Transdniestrie ou Transniestrie sont erronées, car elles mêlent le roumain et le russe. En russe et en ukrainien, le nom du territoire de la République moldave du Dniestr est Пpиднecтpoвьe / Pridniestrovie, ce qui signifie « pays avant le Dniestr » (qu’on devrait transcrire par Pridniestrie ou traduire par Cisdnistrie).

Histoire

Histoire ancienne

À l’époque des Scythes, Tyras était un ancien comptoir grec de Milet, probablement fondé vers 600 avant notre ère, et situé à l’embouchure du Dniestr (dont l’ancien nom est également Tyras). Trois siècles plus tard, il fait partie du royaume du Bosphore (état scythe hellénisé) dont les rois apparaissent sur sa monnaie, puis il est conquis vers 50 av. J.-C. par les Daces qui l’appellent Turidava. En 56 av. J.-C., il est rebâti par les Romains[Contradiction !], et fait alors partie de la province de Mésie inférieure, qui inclut aussi la Scythie mineure (actuelle Dobrogée ou Dobroudja) et le nord-est de la Bulgarie. La romanisation des Daces produit les Valaques, ancêtres des populations roumanophones d’aujourd’hui, que les Russes appellent « Moldaves ».

Du Moyen Âge au XXe siècle

À partir du VIIe siècle, la Transnistrie est peuplée au nord par les tribus slaves des Oulitches et des Tivertzes, et au sud par des populations nomades finnoises ou turques comme les Avars, les Magyars, les Petchénègues, les Coumans que les Russes appellent Polovtsy, et après 1224 par les Tatars.

Du IXe au XIIIe siècles, son territoire sert de débouché vers Byzance aux Varègues (qui naviguent sur la Vistule, le Boug occidental et le Dniestr depuis la mer Baltique, à la principauté de Kiev, à la Pologne et au grand-duché de Lithuanie.

Au XVe siècle, le sud de la Transnistrie tombe sous le joug des Ottomans en 1504, faisant partie du sandjak du Yedisan, le nord en 1663, avec toute la Podolie. Puis les Ottomans la cèdent à l’Empire russe en 1792. En ce temps-là, à la fin du XVIIIe siècle, la population sédentaire était clairsemée et composée de Moldaves et de Ruthènes (respectivement roumanophones et ukrainophones), tandis que des nomades turcophones, les Tatars Nogaï, partent vers la Dobrogée et sont remplacés par des colons bulgares, ukrainiens, russes et allemands.

Seconde Guerre mondiale

La République socialiste soviétique de Moldavie (RSSM), créée par la décision du Soviet Suprême d’URSS le 2 août 1940, voit son territoire composé à partir d’un tiers de la République socialiste soviétique autonome moldave créée en 1924 en Podolie, et des deux tiers de la Bessarabie prise à la Roumanie le 28 juin, selon les termes du pacte Hitler-Staline.

En 1941, la Roumanie, sous le régime Antonescu, attaque l’URSS : ses armées franchissent le Dniestr et avancent avec la Wehrmacht jusqu’à Stalingrad. La Roumanie transforme alors toute la région entre le Dniestr et le Bug, y compris la ville d’Odessa, en une zone d’occupation militaire, sous le nom de « Transnistrie ». Le régime d’Antonescu, le « Pétain roumain » en fait une sorte de « Sibérie roumaine » où il déporte résistants, juifs et roms. Jusqu’en mars 1943, environ 185 000 juifs roumains (et d’Odessa) sont déportés ici : les trois quarts d’entre eux y sont morts de froid, de faim et de dysenterie, ou encore fusillés par les Einsatzgruppen ; les survivants sont devenus soviétiques en 1945 et ont ultérieurement émigré.

La République socialiste soviétique de Moldavie, membre de l’Union soviétique, est rétablie en 1944 grâce à l’avancée de l’Armée rouge jusqu’au Prut, atteint au mois de mars.

La RSSM après la Seconde Guerre mondiale

Après la seconde guerre mondiale, le terme de « Transnistrie » n’est plus usité. Le partage de 1940 est remis en vigueur : la Moldavie (devenue le sujet d’une politique de russification systématique, plus efficace qu’à l’époque tsariste) reçoit la Pridniestrie, c’est-à-dire les rivages du Dniestr côté podolien. En revanche, elle perd le district de Hotin et le Bougeac, attribués à l’Ukraine. L’écriture en caractères cyrilliques est imposée pour le roumain, dès lors identifié comme « moldave », qui garde un statut de langue co-officielle à côté du russe, langue principale de « communication inter-ethnique ».

La plus grande partie des industries est concentrée dans la partie transnistrienne de la Moldavie, alors que le reste de la république est agricole. En 1990, la Transnistrie émarge pour 40 % du PNB de la RSSM, et pour 90 % de sa production totale d’électricité, grâce à la centrale hydro-électrique de Dubăsari. On y trouve aussi des industries d’armement et le grand arsenal de Colbasna.

La 14e armée soviétique y est stationnée depuis 1956, et elle y reste cantonnée lors de la chute de l'URSS pour monter la garde sur ce qui est probablement un des plus grands stocks d'armes et de munitions en Europe, installé alors en vue d'un éventuel conflit autour de la mer Noire[1].

Le conflit en Transnistrie moldave

La politique de perestroika de Mikhaïl Gorbatchev dans l’URSS permet une démocratisation au niveau régional dans les années 1980. Dans les Républiques non-russes de l’URSS, les majorités autochtones locales réclament le respect de leurs identités et deviennent des forces politiques. C’est le cas aussi en Moldavie avec le Front populaire dirigé par Mircea Druc. Les colons russophones et les autres minorités de ces pays (en Moldavie : ukrainienne, gagaouze et bulgare) craignent pour leur statut. En Moldavie, elles s’opposent au Front populaire, en particulier parce que, au temps de l’Union soviétique, la politique locale a été souvent dominée par des non-Roumains, et plutôt par des personnalités d’origine russe. La loi sur le retour à l’usage de l’alphabet latin à la place de l’alphabet cyrillique, doublée de l’obligation de comprendre le roumain pour les fonctionnaires, fut ressentie comme contraignante par la population russophone qui ne comprenait pas la langue locale. Le problème des langues officielles dans la République de Moldavie devint un nœud gordien, et s’en trouva exagéré, et intensément politisé. Ce désaccord avec les nouvelles réformes fut encore plus sensible en Transnistrie, où les centres urbains comme Tiraspol possèdent une majorité slave. Les manifestations contre le gouvernement central furent plus impressionnantes là-bas.

Selon le recensement de 1989, la population de la République moldave du Dniestr est de 39,9 % de Moldaves, 28,3 % d’Ukrainiens, 25,4 % de Russes, et 1,9 % de Bulgares.

Le 2 septembre 1990 la République moldave du Dniestr (RMN) est proclamée unilatéralement république soviétique par les Deuxième Congrès des représentants du peuple de Pridniestrovie présidé par un sibérien installé dans la région en 1986 : Igor Smirnov. Le 22 décembre le président de l’URSS Mikhaïl Gorbatchev, refusant de reconnaître ce fait accompli, signe un decret « concernant les mesures qui pourraient faire revenir la situation à la normale dans la RSSM ». Cette décision précise que la proclamation de la république moldave du Dniestr est nulle et non avenue. Le 25 août 1991 le Soviet suprême de la RMN adopte la déclaration d’indépendance de la République moldave du Dniestr. Le 27 août 1991 le parlement moldave adopte la déclaration d’indépendance de la république de Moldavie, dont le territoire comprend la RMN. Le parlement moldave demande au gouvernement de la Fédération de Russie, considérée comme héritière diplomatique de l’URSS, mais surtout commandant la 14e armée russe stationnée dans la capitale moldave Chișinău, « d’ouvrir les négociations avec pour mettre un terme à l’occupation illégale de la république de Moldavie et de retirer ses troupes du territoire moldave ». La Russie a négocié avec la république de Moldavie, la RMN et l’Ukraine une autorisation de passage pour évacuer du matériel militaire vers la Russie, mais le voyage s’est arrêté, pour une partie des troupes, à Tighina et à Tiraspol, capitale de la République moldave du Dniestr. En 1992, le quartier général de la 14e armée est transféré de Chișinău, à Tiraspol. Des « volontaires cosaques » de Russie et d’Ukraine remplacent la partie des troupes rapatriée en Russie.

Lorsque la république de Moldavie devient membre des Nations unies (2 mars 1992), le président moldave Mircea Snegur (président de 1990 à 1996) ordonne une action militaire concertée contre les forces rebelles qui avaient attaqué les postes de police loyalistes moldaves sur la rive gauche du Dniestr (ainsi qu’un bus civil), et sur une petite zone de la rive droite autour de la ville de Tighina. Les rebelles, aidés par des contingents de Cosaques russes et par la Communauté des États indépendants et à la Fédération de Russie) stationnent en Transnistrie, et combattent à côté et à la place des forces séparatistes. Les séparatistes peuvent aussi se servir des armes prises dans les stocks de l’ancienne 14e armée (arsenal de Colbasna). Le rôle de cette 14e armée russe est crucial pour repousser l’armée moldave, qui ne peut prendre le contrôle de la Transnistrie. Un accord de cessez-le-feu est signé le 21 juillet 1992. On a parfois présenté ce conflit comme une « guerre ethnique » entre roumanophones et russophones, mais la lecture de la liste des morts[2] montre autant de russophones et de roumanophones de chaque côté, accréditant l’analyse d’un conflit avant tout politique pour le contrôle des centres industriels du Dniestr, de la centrale hydroélectrique de Dubăsari et de l’arsenal de Colbasna[1].

Après le conflit

La suite de l'histoire est celle de la République moldave du Dniestr.

Population

Au recensement de 1989, la population était de 546 400 personnes. Au recensement de 2004, dont les chiffres sont contestés, la population était de 555 000 personnes. Il y a eu une émigration importante depuis la région de Transnistrie, en raison des difficultés économiques des années 1990. C’est l’une des raisons pour laquelle il y a une proportion importante de retraités.

Ethnographie

Jusqu’aux années 1960, les Moldaves composaient la plus grande partie de la population de la région, mais les proportions ont changé du fait de l’industrialisation et de l’immigration de travailleurs et de cadres russes et ukrainiens, encouragés par les soviétiques (dont Igor Smirnov, le président de la Transnistrie). La tendance continue après 1991, et la fraction de la population moldave a diminué entre 1989 et 2004 de 41 % à 32 % de la population totale. Malgré ces chiffres, les Moldaves restent le groupe le plus important de la région.

Recensement de 1989

  • Population totale sur la rive gauche du Dniestr (sans Tighina) : 546 400
  • Population totale dans les raïons sur la rive gauche du Dniestr (avec Tighina) : 600 700
    • Moldaves : 40 %
    • Ukrainiens : 28 %
    • Russes : 24 %
    • Autres : 8 %

Recensement de 2004

  • Population totale (sans Tighina) : estimée à 425 000477 000
  • Population totale (avec Tighina) : 555 500
    • Moldoves : 31,9 %
    • Russes : 30,3 %
    • Ukrainiens : 28,8 %

Notes

  1. a et b Xavier Deleu, Transnistrie, la poudrière de l’Europe, éd. Hugo, 2005, 223 pages (ISBN 978-2-7556-0055-1).
  2. Olga Căpătînă, Cartea memoriei (« Livre mémorial » de l’Association des mères des soldats tombés sur le Dniestr en 1992), Chișinău, ed. Presa, 2000 (ISBN 9975-9562-0-3).

Liens externes

Sur les autres projets Wikimedia :

Côté moldave

Côté officiel de Transistrie

Côté roumain

Côté russe


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