- Gouverneur des Invalides
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Hôtel des Invalides
Pour les articles homonymes, voir Invalides.L’hôtel national des Invalides est un monument parisien dont la construction fut ordonnée par Louis XIV par l'ordonnance du 24 février 1670, pour abriter les invalides de ses armées. Aujourd'hui, il accueille toujours des invalides, mais également plusieurs musées et une nécropole militaire.
Ce site est desservi par les stations de métro : Invalides, Varenne et La Tour-Maubourg.
Sommaire
Historique
La création des Invalides sous le règne de Louis XIV
Le roi Louis XIV souhaitait comme ses prédécesseurs Henri II, Henri III, Henri IV, assurer aide et assistance aux soldats invalides de ses armées ; pour que « ceux qui ont exposé leur vie et prodigué leur sang pour la défense de la monarchie (...) passent le reste de leurs jours dans la tranquillité », dit l'édit royal de 1670. Néanmoins, il faut savoir qu'au delà du geste humanitaire, Louis XIV a aussi des dessins parfaitement politiques. Ces invalides, issus pour la plupart de la guerre de 30 ans font mauvaises figures, trainant sur le Pont-Neuf, souvent mêlés aux rixes de rues. La population se plaint de ce comportement et bien que Louis XIV reloge les invalides dans certaines abbayes, en les imposant comme oblats, contribuant ainsi à renforcer les rangs du clergé, mais militaires comme religieux fuient cette solution, les premiers refusant une vie aussi stricte que celle de la vie monacale. De plus, Louis XIV ne cache plus ses projets de conquête, il doit redorer l'image de son armée auprès de la population, mais aussi sa propre image aux yeux de ses soldats.
Situés dans la plaine de Grenelle, alors faubourg de Paris, les travaux des bâtiments principaux sont confiés à Libéral Bruant par Louvois.
Libéral Bruant, dont le projet fut sélectionné par Louis XIV lui-même parmi les huit proposés, conçoit à l'age 36 ans une organisation en cinq cours, centrée sur la plus grande : la cour royale. Il reprend ainsi le plan de l'Escorial, le palais monastère de Philippe II, près de Madrid. Les travaux sont menés entre mars 1671 et février 1674, ce qui peut être qualifié de rapide grâce à l'aide que lui apporteront Louvois et ses intendants, les trois frères Camus(les premiers pensionnaires sont hébergés dès octobre 1674 par Louis XIV en personne. Néanmoins, à cette date, la construction de l'église n'est pas encore commencée). La face arrière de la grande cour est cependant détruite moins d'un an après son achèvement, pour laisser place aux fondations du grand dôme.
L'église, initialement prévue par Bruant, butte sur la construction. Louvois, qui y voit l'occasion de mettre à l'écart l'un des protégés de son rival, Colbert, confie l'ouvrage à partir de mars 1676 à Jules Hardouin-Mansart qui travaille également aux pavillons d'entrée et aux infirmeries. La construction de l'édifice religieux dure près de trente ans et n'est achevée que le 28 août 1706, date de la remise des clés par l'architecte au Roi Soleil. Une longue construction qui prit un tournant à la mort de Colbert, dont les restrictions étouffaient la construction. Louvois le remplaça au ministère et ainsi, quadruple la mise de cent mille livres allouée à la construction du dôme par Colbert. Néanmoins, celui-ci se fait très présent sur le chantier et n'hésite pas à harceler les fournisseurs en pierre retardataires tel que Carel. Louvois fut particulièrement attaché aux Invalides, dans lequel il souhaitait d'ailleurs reposer à sa mort. Le 19 juillet 1691, il fut inhumé dans l'église, mais il n'aura malheureusement jamais vu la fin des travaux sur le dôme. Tragique histoire d'amour car malgré tout, en 1699, son mausolée n'est toujours pas fini. On soupçonne Madame de Maintenon, épouse morganatique du roi et vieille adversaire de Louvois, de retarder la construction. Ainsi, le 29 janvier 1699, le corps de Louvois quitte son Hôtel des Invalides. Néanmoins celui ci reste présent par un joli jeu de mot. Tenez vous dans la cour des Invalides et admirez les décorations ornant les œils-de-bœuf. Parmi les décorations d'armes, l'une nous présente étrangement un animal sortant des hautes herbes fixant la cour. En effet, d'ici le "loup voit".
Le lieu devint alors une véritable promenade pour les parisiens, se mêlant à la population militaire. Les cérémonies qui s'y dérouleront attireront là encore de nombreux spectateurs. Les Invalides resteront pour la monarchie l'objet de Louis XIV. Louis XV ne s'y rendra pas, et Louis XVI qu'a de rares occasions durant lesquels il salua toujours la performance de cette institution. Autre invité illustre de l'époque monarchique, le tsar Pierre Ier de Russie s'y rendra en avril 1717.
Le bâtiment est, en fait, double, même s'il existe une continuité architecturale : la nef constitue l’église des soldats, le chœur, sous la coupole, étant qualifié d’église du dôme. Cette distinction est concrétisée par la mise en place, en 1873, d'une grande verrière, séparant les deux parties.
L'hôtel des Invalides comprend alors, outre l'église, une manufacture (confection d'uniformes et imprimerie), un hospice ("maison de retraite") et un hôpital militaire. Les ateliers initiaux sont rapidement abandonnés pour faire des chambrées supplémentaires.
L'Hôtel face à la fin de la monarchie
Lundi 13 juillet 1789, à Paris, la pensée révolutionnaire alourdit l'atmosphère et dès la nuit tombée, les barricades se lèvent dans Paris. Le baron Pierre-Victor de Besenval, lieutenant général des armées du roi et colonel du régiment des gardes suisses, est chargé de la protection de la ville, mais celui ci, face à la menace, s'est retranché avec ses troupes dans son camp installé Champ de Mars. La foule s'arme de bâtons et petit à petit pille le couvent Saint-Lazare. Le gouverneur Charles François de Virot de Sombreuil, chargé des Invalides, sait que ce climat s'est propagé dans les propres rangs de son institution. Les réformes impopulaires du comte de Saint-Germain, ministre de la Guerre de Louis XVI ont mis à dos le gouverneur royaliste et son état major. Parmi les invalides eux-mêmes, la proximité avec les loges maçonniques et la cohabitation avec les soldats français rescapés du corps expéditionnaire de La Fayette durant la révolution américaine, entrainent un élan de sympathie pour le mouvement révolutionnaire.
Le lendemain, 14 juillet, à sept heures du matin, le Comité permanent des électeurs, siegeant à l'Hôtel de Ville, envoie Ethis de Corny, procureur du Roi, pour réclamer les armes stockées aux Invalides. Celui-ci arrive à neuf heures, avec son escorte armée. Le gouverneur, ne disposant que de sa garde et d'une compagnie d'artilleurs, refuse de livrer les armes sans ordres formels du Roi. Déjà la veille au soir, Sombreuil avait reçu la demande de fournir les armes au peuple. Il avait alors compris l'intérêt de ce stock pour la foule et avait employé 20 invalides pour retirer les chiens des fusils et ainsi les rendre inutilisables. Mais ceux-ci prirent du retard, surement pour soutenir l'action révolutionnaire, et l'idée fut abandonnée. Sombreuil explique alors à Ethis de Corny qu'un courrier est parti pour Versailles, et lui demande d'attendre la réponse. Néanmoins la foule qui se masse autour des Invalides refuse la demande et se lance à l'assaut du bâtiment. L'ordre est donné aux artilleurs de faire feu sur la foule. Néanmoins pas un tir ne se fera entendre. Les invalides eux-mêmes ouvrent les grilles. La prise des Invalides permettra à la foule de récupérer 32 000 fusils et 27 canons.
Le 15 juillet 1789, Sombreuil ne peut calmer ses hommes. Il donne alors sa démission, qui sera refusé par le Roi demandant à celui ci d'attendre que l'Assemblée prenne une décision quant au sort de l'institution. Le dossier sera examiné bien plus tard en 1791 par la Constituante, chargeant Edmond Louis Alexis Dubois de Crancé du dossier, celui ci étant déjà chargé du dossier de la réorganisation de l'armée. Celui ci souhaite la fermeture de l'Hôtel pour faire des économies et augmenter la solde de 30 000 soldats invalides répartis dans tout le pays. Les malades seraient alors répartis dans les 83 "hospices de la Patrie" que la Constituante cherche à créer. Le bâtiment serait revendu à la Mairie de Paris qui pourrait alors le réutiliser comme prison. Le projet est débattu, les invalides eux-mêmes sont divisés, l'abbé Jean-Sifrein Maury est l'un des plus grands détracteurs de l'idée d'une fermeture d'un établissement qu'il juge être "un exemple pour toute l'Europe". Le 30 avril, la Constituante tranche le maintien de l'édifice et de son statut, mais sous le nouveau titre de "Hôtel National des Militaires Invalides" qui sera à la charge d'un comité électif du département de Paris. Ce nouveau statut sera contesté par une partie du personnel (entre autre le héros de la prise de la Bastille, Cordier, et la responsable de l'infirmerie, la veuve Piat), et sera finalement supprimé le 15 mai 1794 puis remplacé par une Agence révolutionnaire, composée de Jacobins. Ceux ci feront arrêter Sombreuil, qui sera guillotiné à tort avec son fils Stanislas, le 17 juin 1794. Depuis, l'Hôtel avait déjà été maintes fois pillé, les emblèmes royaux et symboles religieux martelés, les cours rebaptisées (la Cour Royale devient celle de la République, celle de l'Infirmerie en celle de l'Humanité, celle du Gouverneur en celle des Sans-Culottes...). Les quatre vertus qui ornaient le lanternon du dôme seront d'ailleurs saisis, fondus, pour devenir des balles. Le symbole de Louis XIV subit ainsi les foudres de la Révolution. Néanmoins, avec la déclaration de guerre contre l'Autriche du 20 avril 1792, le gouvernement révolutionnaire n'hésita plus à se tourner vers ses anciens soldats, les emblèmes ennemis sont présentés aux Invalides, des hommes à poigne sont enfin nommés à la tête de l'institution pour la redresser, tel que Louis-Adrien Brice de Montigny épaulé de l'adjudant-général Dumesnil et du général de division Jean-François Berruyer. Avec le temps, l'institution retrouve ses marques. Mais c'est un nom qui viendra unir les pensionnaires. Les blessés de la campagne d'Italie ne parlent déjà que de lui : le jeune général Napoléon Bonaparte.
Le tournant napoléonien
Le jeune général n'a jamais cessé d'entretenir avec les invalides un rapport étroit. C'était pour lui, à ses débuts, une manière de se légitimer, que de gagner le cœur des soldats. C'est ainsi que le 23 septembre 1800, l'anniversaire de la fondation de la République, menée par le Premier Consul, se tiendra aux Invalides, durant lequel, le discours prononcé par son frère, Lucien Bonaparte, fera vibrer la corde nationale des vieillissant soldats. À l'annonce de l'explosion de la bombe le 24 décembre 1800 lors de la visite de Bonaparte à l'Opéra, complot mené par Cadoudal, les invalides adressent immédiatement leurs soutiens et leurs vœux d'avenir. Avec l'annonce du senatus-consulte du 18 mai 1804, proclamant l'Empire, les vieux révolutionnaires s'inquiètent. Alors, Napoléon ruse, il décale l'anniversaire de la prise de la Bastille au lendemain, un dimanche, jour de repos. La ruse tient au fait qu'en même temps, il prépare une cérémonie nouvelle qui elle aussi prendra place aux Invalides. Ainsi, le15 juillet 1804 eut lieu en la chapelle des Invalides une fastueuse cérémonie officielle : la toute première remise de médailles de la Légion d'honneur par Napoléon aux officiers méritants.
La cérémonie est réglée au millimètre. Joséphine, ses belles-sœurs et ses dames d'honneur devancent Bonaparte qui quitte les Tuileries à midi sur un cheval richement harnaché. Il est escorté de ses maréchaux, aides de camp, colonels, généraux de sa garde et grands officiers, ainsi qu'une interminable haie de soldats, l'accompagnant jusqu'à l'entrée du dôme. Le nouveau gouverneur des Invalides, le général-sénateur Sérurier, ainsi que le cardinal De Belloy viennent à sa rencontre, Napoléon s'installe sur le trône installé dans le chœur. Depuis l'inauguration de Louis XIV en 1706, on n'avait connu pareille gloire pour le monument. Hauts militaires, Clergé et grands savants se disputent les meilleurs places, alors que les élèves de Polytechnique et les invalides, installés sur des gradins, assistent à tout ce beau spectacle. Après les discours vient le moment des décorations. Napoléon lui-même reçoit la Légion d'Honneur des mains de son fils, le prince Louis, mais celui ci le détache de son habit et préfère alors décorer le cardinal Giovanni Battista Caprara. Le noble geste attire la sympathie de la foule. Napoléon, qui a à ses pieds deux bassins, l'un contenant les légion en or pour les grands officiers, commandants et officiers, l'autre d'argent pour les chevaliers, commence la distribution en épinglant les croix à la poitrine de chacun. On y retrouve de brillants militaires, Kellermann, Oudinot, Suchet, Marmont... mais aussi les cardinaux comme Belloy ou Fesch, mais aussi des scientifiques comme Monge, fondateur de Polytechnique, le chimiste Berthollet, les astronomes Lalande, Cassini ou Méchain, le chirurgien Pelletan, le savant apothicaire Parmentier, ancien employé des Invalides, et bien d'autres., peintres, musiciens, botanistes, cuisiniers... À chacun d'eux il touche un mot, sur leurs blessures, leurs travaux, leurs souvenirs communs... Après la cérémonie, le Te Deum de Pierre Desvignes retentit dans le cœur de la chapelle impériale alors que Napoléon repart avec le grand-maître des cérémonies, M. De Ségur, et le grand chambellan Talleyrand.
Si son frère, Lucien Bonaparte, rêve d'une grand nécropole militaire, Napoléon lui, écarte les projets, n'étant pas suffisamment grandiose pour rivaliser avec l'œuvre de Louis XIV. Il préfère s'occuper du fonctionnement de l'Institution, ainsi que de sa réputation. Il efface tous les mauvais traitements qu'avait infligé la révolution française, avec la dégradation des statues, et ainsi il demande à Pierre Cartellier la reconstitution de la statue équestre de Louis XIV, sur le haut relief de la porte d'honneur, sculptée par Nicolas Coustou .Il y place le 17 mai 1807 en grande pompe l'épée de l'empereur de Prusse Frédéric II de Prusse, acquit suite à sa victoire le 25 octobre 1806 à la bataille de Potsdam. Celui ci se rendra à plusieurs reprises écouter les récriminations de ses anciens compagnons d'armes. Le 25 mars 1811, il concède à l'Hôtel un budget de 6 millions de francs de l'époque. C'est pour les Invalides un véritable âge d'or que ce Premier Empire.
De la mort de Napoléon à nos jours
Article détaillé : Retour des cendres.L'Empereur exilé, l'Empire vaincu, la nouvelle monarchie de Louis XVIII, revenu d'exil, s'impose à Paris, et renomme les Invalides en "Hôtel Royal des Invalides". Mais dans le cœur des militaires, Napoléon reste leur héros. Les Invalides deviennent le lieu type des bonapartistes. Avec la chute de Louis XVIII et l'instauration de Louis Philippe, les Trois Glorieuses vont apporter avec elles un vent de liberté. Les bonapartistes s'affichent, et la question du retour des cendres s'imposent. Victor Hugo, Alexandre Dumas réclament la tombe. Au final, c'est Adolphe Thiers qui à l'Assemblée, parvient à faire basculer le débat. Le retour des cendres lui semble un beau symbole du retour d'une France puissante. Si Louis Philippe reste réticent, son fils le duc d'Orléans est enthousiaste. Le 1er mai 1840, jour de la saint Louis-Philippe, celui ci accepte la requête d'Adolphe Thiers. Charles de Rémusat, ministre de l'Intérieur, demande alors à l'Assemblée, un crédit d'un million de francs pour financer le retour des cendres et la construction d'un tombeau dont l'emplacement est déjà désigné : les Invalides, déjà choisit par Napoléon lui-même. Si le deuxième million réclamé à l'Assemblée est refusé, la presse se déchaine : les royalistes y voient un affront, les républicains une somme colossale, les bonapartistes une œuvre naturelle. Le prince de Joinville se charge du transfert au bord de La Belle Poule et La Favorite le 7 juillet de Toulon, revenant le 30 novembre à Cherbourg. Mais coup de théâtre entre deux, le gouvernement Adolphe Thiers vient de chuter, et celui ci est remplacé par le maréchal Soult qui charge François Guizot des Affaires Etrangères, et ainsi donc du rapatriement. Or celui-ci est un fervent adversaire d'Thiers ainsi qu'un antibonapartiste. Joinville se retrouve alors bloqué à Cherbourg, attendant des ordres qui n'arrivent pas. Si le chantier avance à grand pas sous la houlette des maîtres d'œuvre Henri Labrouste et Visconti, la cérémonie, elle, n'est pas prête. Néanmoins, la Dorade part enfin remonter la Seine pour accoster à Courbevoie au crie de "Vive l'Empereur !"
L'hôtel se dote très tôt d'une fonction muséographique : musée d'artillerie en 1872 et musée historique des armées en 1896, réunis en musée de l'armée en 1905.
L'hôtel des Invalides accueille encore aujourd'hui une centaine de retraités et invalides des armées françaises. L'administration chargée de cette mission est l'Institut national des invalides.
Le samedi 13 septembre 2008, le pape Benoît XVI célébra une messe sur l'esplanade des Invalides devant 260.000 personnes dans le cadre de son voyage apostolique en France.
Architecture
L'église Saint-Louis-des-Invalides
La chapelle des Invalides, conçue pour accueillir les pensionnaires de l'hôpital des Invalides, a été élevée au rang de cathédrale. C'est le siège de l'évêque catholique aux Armées.
Le plan général de l’édifice, par Jules Hardouin-Mansart est simple : une croix grecque inscrite dans un plan carré. Chacune des façades est composée de deux ordres superposés, soulignés par un porche surmonté d’un fronton triangulaire.
Le dôme, séparé du reste de l'édifice par la verrière, est posé sur un haut tambour dont le second étage est orné de hautes fenêtres. C’est à ce niveau que la très grande rigueur « classique » de l’architecture évolue sensiblement : la partie basse du tambour est entourée de colonnes géminées entourant de hautes fenêtres aux linteaux courbés, ces colonnes ne sont plus disposées régulièrement aux points cardinaux de l’édifice car elles sont alors regroupées en deux fois deux pour assurer la stabilité du dôme. Pour la même raison, de petites volutes, à l’image de la Salute de Venise, sont disposées sur cette couronne de colonnes, à la base de la seconde partie du tambour.
La fresque, que vous retrouvez ici en photo, représente Saint Louis, dans son manteau d'hermine aux emblèmes royaux (la fleur de lys) présentant ses armes, entouré d'anges musiciens, à Jésus Christ en personne.
La coupole de forme ovoïde, entourée de pots à feu, est recouverte de riches motifs dorés de trophées et percée d’oculi. Enfin, elle est surmontée d’un lanterneau que n’aurait pas renié Boromini. C’est un petit pavillon carré, posé en biais par rapport à la façade, aux angles décorés de colonnes sur lesquelles sont disposées des statues. L’ensemble est enfin surmonté d’un obélisque effilé terminé d’une croix. D’une base à structure carrée surmontée de frontons triangulaires, on passe insensiblement à des formes complexes où les courbes dominent : tambour, dôme, oculi, volute…
On peut y voir, accrochés sous la voûte selon une tradition ancienne, les drapeaux et bannières pris à l'ennemi. Le Premier Consul désirait y installer les chefs-d'œuvre d'art envoyés d'Italie en France après le Traité de Tolentino; mais face aux réticences de David, il accepta la suggestion de l'architecte Pierre Fontaine de plutôt suspendre aux voûtes les drapeaux pris à l'ennemi[1].
Urbanisme
Le dôme doré des Invalides constitue un des points de repères du paysage parisien.
Au nord, la cour se prolonge au-delà des limites de l'hôtel par une large esplanade publique le long de laquelle se trouve les ambassades d'Autriche et de Finlande, l'aérogare d'Orsay et l'Hôtel du ministre des Affaires étrangères. Deux espaces cimentés aux extrémités nord servent de terrain d'entraînement aux patineurs à roulettes. Les Invalides sont un des grands espaces libres de construction à l'intérieur de Paris.
Au bout de cette esplanade des Invalides, la Seine est franchie au pont Alexandre-III pour atteindre le Petit et le Grand Palais.
L’Hôtel a la mission de garde des emblèmes et des trophées de la France. À ce titre, des canons pris à l'ennemi sont exposés en trophée le long des douves, face à l'esplanade des Invalides. Jusqu'au début du XXe siècle, ils tiraient des salves d'honneur qui marquaient les grandes réjouissances publiques.
Un véritable hôpital militaire, sous la bénédiction de Dieu
Les soldats invalides n'accédaient aux Invalides qu'après dix années de service dans l'Armée, puis porté à vingt en 1710. La charge était remise au gouverneur de l'Hôtel, car le lieu était considéré à la fois comme un bâtiment religieux mais à l'organisation militaire, de vérifier les différents dossiers de candidature. Ainsi les protestants, les marins et les malades des écrouelles furent refusés à l'époque de Louis XIV. Religieuse donc, par le refus des protestants, mais aussi par la formation de quarante jours que chaque soldat recevait à son arrivée par les prêtres. Cette instruction religieuse fut souvent descendue à quinze jours pour les officiers. Une différence que l'on retrouve dans le logement. Par deux ou trois, les officiers ont le droit à une chambre chauffée. Pour les soldats, des dortoirs de cinq ou six lits. La qualité des couvertures et la forme des lits en sont d'autres preuves. La vie quotidienne y est agréable, ils se promènent librement, allant dans l'un des huit chauffoirs dont deux étaient considérés comme « fumeurs ». Si les femmes sont interdites, les soldats mariés pourront découcher deux fois par semaine. Interdiction de boire ou manger dans les chambre, et interdiction à toute forme de commerce sous peine d'exclusion. L'institution saturée dès 1766, les invalides pouvaient loger à l'extérieur de l'Hôtel via leurs soldes. Louis XIV n'hésitait pas à distribuer des terrains à ses soldats sur lesquels ils pouvaient faire bâtir leur maison. Néanmoins, le bâtiment accueille jusqu'à 4 000 personnes, nourris de manière copieuse, et bénéficiant de bonnes règles d'hygiène et d'un service luxueux d'infirmerie. En effet, celui ci comprendra 300 lits individuels à l'époque de Louis XIV, véritable luxe à l'époque.
Deux fois par jour, médecin et chirurgien font la tournée des lits, cahier d'ordonnances à la main. Béquilles et jambes de bois sont distribués le jeudi. La nuit, deux sœurs veillent sur les malades. Néanmoins, ce lieu reste sous la coupelle religieuse. Douze prêtres de la congrégation de la Mission de Saint-Lazare se chargent des offices : prières quotidiennes au Roi, pour sa famille et la prospérité des armes. Matin et soir, les invalides suivent la prière, ainsi que les vêpres les dimanches et jours de fêtes.
Les invalides travaillent néanmoins encore au service de l'État. Les plus valides montent la garde (comme à Dieppe, Lisieux, Honfleur, Saint Malo...) alors que d'autres restent à Paris pour confectionner des uniformes, des bas, des souliers ou même des tapisseries dans les manufactures installées à l'Hôtel. L'une de ces manufactures, objet de toutes les fiertés, l'atelier de calligraphie et d'enluminures, travaille même pour Versailles. Une discipline de fer règne sous Louis XIV aux Invalides. Pas de retardataires acceptés lorsque les grilles se ferment au son du tambour militaire le soir. Un système de récompense enrichit les délateurs sur les mœurs mauvaises des invalides. En cas de faute : privation de vin, retenues, prison, expulsion ou cheval de bois (le soldat est suspendu sur un cheval d'arçon, dans l'avant-cour de l'Hôtel et subit les moqueries de ses compagnons...) sont possibles.
Panthéon militaire
Plusieurs hommes de guerre français reposent aux Invalides. Ainsi, pour les périodes monarchique et révolutionnaire : le maréchal de Henri de La Tour d'Auvergne, vicomte de Turenne, le cœur du maréchal de Sébastien Le Prestre de Vauban, le cœur de Théophile Malo Corret de La Tour d'Auvergne, héros des guerres de la Révolution, le général François Séverin Marceau et Claude Joseph Rouget de Lisle, l'auteur de La Marseillaise.
Napoléon Ier décédé en 1821 à l'Île Sainte-Hélène, y fut inhumé le 15 décembre 1840, sous la Monarchie de Juillet dont les dirigeants cherchaient à rassembler les partisans de l'empereur défunt (dans le même temps, était en effet achevé l'arc de triomphe de l'Étoile). Les cendres de Napoléon sont placées dans un monumental sarcophage en quartzite rouge aventuriné de Finlande, lui-même reposant sur un socle en marbre noir provenant de Sainte-Luce (Isère), l'ensemble étant placé dans une crypte ouverte de forme circulaire pratiquée au centre de la chapelle Saint-Louis, sous le dôme.
Son fils, le roi de Rome Napoléon II (également appelé « l'Aiglon ») y est inhumé en 1940 sur proposition d'Adolf Hitler. Joseph et Jérôme Bonaparte, frères de l'empereur, y sont également enterrés dans deux alcôves latérales. Le tombeau de Napoléon Ier est entouré par ceux des généraux d'Empire Gérard Christophe Michel Duroc et Henri Gatien Bertrand. Les restes du général Lasalle y ont été ramenés en 1891.
Plusieurs commandants en chef de la Première et Seconde Guerre mondiale sont aussi enterrés aux Invalides tels : les maréchaux de France Ferdinand Foch, Hubert Lyautey, Philippe Leclerc de Hauteclocque, Alphonse Juin et les généraux Robert Nivelle, Charles Mangin et Pierre Auguste Roques. Les gouverneurs de l'hôtel des Invalides, qui reste une place militaire, le sont également. L'amiral Émile Guépratte, le général Louis Ernest de Maud'huy sont enterrés dans le caveau des gouverneurs.
À défaut de leurs dépouilles, plusieurs grands personnages militaires français ont seulement leur cœur inhumé aux Invalides.
Musées
Dès 1777, la Galerie royale des Plans-relief avait quitté le palais du Louvre pour les Invalides où elle se trouve toujours. Elle y est rejointe en 1871 par le Musée de l'artillerie dont les pièces ornent les cours et promenades du palais.
Pour conserver la trace des traditions de l'armée, ses trophées et les objets de la vie quotidienne des soldats, un Musée historique de l'Armée est créé en 1896. Il fusionne avec celui de l'artillerie en 1905 pour former le Musée de l'Armée.
Article détaillé : Musée de l'Armée (Paris).Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale pendant laquelle les Invalides cachèrent un réseau de résistance en 1942, le musée s'est agrandi du musée de l’Ordre de la Libération et du musée d’histoire contemporaine.
L'Historial Charles-de-Gaulle est un espace multimédia de 2 500 m² en sous-sol retrace la vie du général de Gaulle par l'image et le son, principalement avec des documents audiovisuels. Il a été commandé par le Musée de l'armée et la Fondation Charles de Gaulle aux architectes Alain Moatti et Henri Rivière et inauguré en février 2008.
Gouverneurs
L'Hôtel des Invalides a été dirigé par des gouverneurs (1670-1792), un Conseil général d'administration (1793-1796), des commandants (1796-1803), des gouverneurs (1803-1871), des commandants (1871-1941) et enfin de nouveau des gouverneurs depuis 1941.
- 1670-1678 : François Lemaçon d’Ormoy (?-1678)
- 1678-1696 : Chevalier André Blanchard de Saint-Martin de Taley (1613-1696)
- 1696-1705 : Nicolas Desroches d’Orange (1626-1705)
- 1705-1728 : Alexandre de Boyveau (1660-1728), maréchal de camp
- 1728-1730 : Eugène de Beaulieu de Jauges
- 1730-1738 : Pierre de Vissecq de Ganges (1652-1738)
- 1738-1742 : Joseph de Mornay de Saint-André (1670-1742) également nommé Marnais de la Bastie, Chevalier de Saint-André
- 1742-1753 : Jean-Marie Cornier de la Courneuve (1670-1753)
- 1753-1766 : Général François d’Azemard de Panat de la Serre (1695-1766)
- 1766-1783 : Lieutenant-Général Jean Joseph Sahuguet d’Espagnac (1713-1783)
- 1783-1786 : Lieutenant-Général Charles Benoît de Guibert (1715-1786)
- 1786-1792 : Charles-François Virot, marquis de Sombreuil (1727-1794)
- 1793-1796 : Conseil général d'administration
- 1796-1796 : Général Arnaud Baville (1757-1813), commandant
- 1796-1797 : Général Louis Adrien Brice-Montigny, commandant
- 1797-1804 : Général Jean-François Berruyer (1738-1804), commandant puis nommé gouverneur le 28 août 1803
- 1804-1815 : Maréchal Jean Mathieu Philibert Sérurier (1742-1819)
- 1816-1821 : Maréchal François-Henri de Franquetot duc de Coigny (1737-1821)
- 1821-1830 : Général Victor Marie Nicolas de Faÿ marquis de La Tour-Maubourg (1768-1850)
- 1830-1833 : Maréchal Jean-Baptiste Jourdan (1762-1833).
- 1833-1842 : Maréchal Bon Adrien Jeannot de Moncey duc de Cornegliano (1754-1842)
- 1842-1847 : Maréchal Nicolas Charles Oudinot duc de Reggio (1767-1847)
- 1847-1848 : Maréchal Gabriel Jean Joseph Molitor (1770-1849)
- 1848-1852 : S.A.I. le roi Jérôme Napoléon (1784-1860)
- 1852-1853 : Général Jean-Toussaint Arrighi de Casanova (1778-1853)
- 1853-1863 : Maréchal Philippe Antoine, Comte d’Ornano (1784-1863)
- 1863-1870 : Général Charles Becelair, marquis de Lawoestine (1786-1870)
- 1870-1871 : Général Edmond Martinprey (1808-1883)
- 1871-1891 : Général Louis Sumpt (1816-1891), commandant
- 1891-1902 : Général Paul-Edouard Arnoux (1822-1902), commandant
- 1902-1919 : Général Gustave Niox (1840-1921), commandant
- 1919-1923 : Général Pierre Malleterre (1858-1923), commandant
- 1924-1944 : Général Augustin Mariaux (1864-1944), commandant puis gouverneur en 1941
- 1944-1944 : Général Marie-Joseph Pinon (1888-1947)
- 1944-1951 : Général Antoine Rodes (1870-1951)
- 1951-1960 : Général Jean Houdémon (1885-1960)
- 1961-1962 : Général André Kientz (1896-1962)
- 1962-1964 : Général Charles Raoul Magrin-Vernerey dit Ralph Monclar (1892-1964)
- 1964-1973 : Général Jacques de Grancey (1893-1973)
- 1973-1991 : Général Gabriel de Galbert (1912-2001)
- 15 juillet 1991-31 décembre 1996 : Général Maurice Schmitt (1930)
- 1er janvier 1997-30 juin 2002 : Général Bertrand Guillaume de Sauville de La Presle (1937)
- 1er juillet 2002-30 juin 2009 : Général Hervé Gobilliard (Ancien commandant du Secteur de Sarajevo)
- 1er juillet 2009- : Général d'armée Bruno Cuche (1948)
Notes
- ↑ Marie Louise Biver Fontaine Paris Librairie Plon 1964
Voir aussi
L'hôtel des Invalides fut le sujet d'un documentaire de commande réalisé par Georges Franju en 1951. Le documentaire glissant tout au long du film vers la critique et la dénonciation de la guerre et de ses conséquences, l'armée le refusa.
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