Lucien Bonaparte

Lucien Bonaparte
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Lucien Bonaparte

Lucien Bonaparte[1],[2] (Ajaccio, 21 mars 1775, - Viterbe, 29 juin 1840), est le troisième[3] fils de Charles-Marie Bonaparte et de Maria-Létizia Ramolino et le second frère de Napoléon Bonaparte. Homme politique français, il est ministre de l'Intérieur (1799-1800) puis tribun (1802). Il est prince romain de Canino, prince français en 1815, puis prince (romain) de Musignano et prince (romain) Bonaparte en 1837. Il a douze enfants de son second mariage dont Charles-Lucien Bonaparte (1803-1857), Louis Lucien Bonaparte (1813-1891) et Pierre Bonaparte (1815-1881).


Sommaire

Biographie

Jeunesse

Comme tous les garçons Bonaparte, il fait ses études sur le continent, à Autun, puis à Brienne où il croise son illustre frère, mais il renonce à la carrière des armes pour celle de l'Église et entre au séminaire d'Aix-en-Provence. Revenu en Corse, il continue dans cette voie quand la Révolution française vient bouleverser sa vie.

Il a 15 ans et s'enthousiasme pour les idées nouvelles, il devient secrétaire particulier de Pascal Paoli, mais en 1793, à la mort de Louis XVI, Lucien, devenu jacobin se brouille avec Paoli et ourdit contre lui un complot qui échoue et qui provoque le bannissement de Corse de toute la famille Bonaparte. Réfugié à Saint-Maximin, il y épouse Christine Boyer, la fille de son aubergiste en 1794. Jacobin (il prend le nom de Brutus, en hommage au personnage de la Rome antique qui assassina Jules César pour « sauver la République »), ami de Robespierre, il est victime de la répression à la chute de ce dernier et est emprisonné un temps. Il n'a que 19 ans et, grâce à son frère devenu général, il obtient un poste de commissaire des guerres à l'armée du Nord une fois l'agitation de Thermidor retombée.

Vie politique

Il vient à Paris, fréquente Barras, la montée en puissance de Napoléon lui est favorable. Il entame une carrière politique dans le sillage de son frère mais souhaite se consacrer à sa région d'origine. Député aux Conseil des Cinq-Cents pour la Corse en 1798, il en était président le jour du 18 brumaire et avait avec Sieyès activement préparé le coup d'État mais n'en tira que peu de profit.

Il est, en tant que député, membre de la commission chargée de proposer une loi répressive des délits de la presse, antécédent historique à la liberté de la presse, ladite presse étant, à l'époque, placée sous la surveillance de la police par la loi du 19 fructidor de l'an V.

Il devient ministre de l'Intérieur sous le Consulat à partir du 24 décembre 1799, mais il fait de l'ombre au Premier Consul qui l'envoie pendant un an ambassadeur en Espagne ; il y fait prévaloir l'influence française contre le parti britannique et regagne par là les bonnes grâces du premier consul, bien qu'il ait touché plusieurs pots-de-vin des Espagnols et des Portugais. De retour en France, il est membre du Tribunat en 1802 mais finalement, sa mésentente avec Napoléon le fait s'écarter de la course au pouvoir, il accepte cependant un mandat au Sénat conservateur.

Sa première femme meurt en couches en 1800, le laissant père de deux enfants. Il se remarie avec une veuve, Alexandrine de Bleschamp veuve Jouberthon, qui vient de lui donner un fils en 1803, Charles Lucien, union qui provoque la fureur du futur empereur et force Lucien à partir à Rome, à se retirer auprès du pape Pie VII, dont il s'était concilié l'amitié en 1801 en soutenant le Concordat. Refusant de se séparer de sa femme, en 1804, il ne récolte rien des honneurs et promotions du sacre impérial et sa famille est déclarée non dynaste en France.

Il se fixe près de Viterbe dans la terre de Canino, que le pape érige pour lui en principauté. La réconciliation ne se fait pas avec Napoléon, si bien que Lucien veut partir aux États-Unis. En 1810, c'est au cours de cette traversée qu'il est arrêté par les Britanniques et emprisonné jusqu'en 1814. En exil à Rome depuis mai 1814, il est fait prince de Canino le 31 août de cette année par le pape Pie VII[4].

Il apprend en 1815 le retour de Napoléon de l'île d'Elbe et décide immédiatement de rentrer en France. L'empereur accepte de le recevoir et ils se réconcilient. Il est cette fois pair de France (2 juin 1815, faisant de Lucien, ipso facto un comte de l'Empire[5]), et prince français et couvert d'honneurs (néanmoins il demeure exclu de la succession impériale pour cause de mariage non autorisé par l'empereur). La chute définitive de Napoléon après Waterloo l'oblige à retourner à Rome, étant proscrit sous la Restauration. Il sera fait prince de Musignano le 21 mars 1824 par le pape Léon XII, prince Bonaparte par Grégoire XVI en 1837, mais mourra en exil comme simple particulier en 1840. Ses descendants ne seront que « princes Bonaparte » sous Napoléon III, avec prédicat d'Altesse pour le seul aîné d'entre eux.

Mariages et descendance

  • Marié le 4 mai 1794 avec Christine Boyer 1771-1800, dont
    • Filistine Charlotte Bonaparte née à Saint-Maximin le 22 février 1795, morte à Rome le 6 mai 1865, princesse française et altesse impériale (1815), princesse Bonaparte et altesse (1853) alliée à don Mario Gabrielli, 3e prince de Prossedi (1773-1841) puis en 1842 au chevalier Settimio Centamori
    • nn Bonaparte 1796-1796
    • Victoire Bonaparte 1797-1797
    • Christine-Egypta Bonaparte née à Paris le 19 octobre 1798, morte à Rome le 19 mai 1847, princesse française et altesse impériale (1815), alliée en 1818 à Arvid comte Posse, chambellan à la cour de Suède puis en 1824 à Lord Dudley Coutts Stuart, député à la Chambre des communes

Accomplissements littéraires

Parallèlement, Lucien s'intéressait beaucoup à la vie littéraire et écrivit lui-même quelques ouvrages, ce qui lui valut un fauteuil à l'Académie française en 1803 à l'âge de 28 ans. Il était aussi un assidu du salon de Mme Récamier. Il composa deux poèmes épiques : Charlemagne et La Cyrnéïde ou la Corse sauvée. Il avait été admis à l'Institut, et fut un des premiers protecteurs de Pierre-Jean de Béranger.

Les œuvres de Lucien Bonaparte

  • La Tribu indienne, ou Edouard et Stellina, roman, Paris 1799 (trad. en anglais et en allemand)
  • Charlemagne ou l'Église sauvée, poème épique en 24 chants, Paris 1815 (traduit en anglais)
  • La Cyrnéïde ou la Corse sauvée, 12 chants, Paris 1819
  • Aux citoyens français membres des colléges electoraux, Le Mans 1834
  • La vérité sur les Cent-Jours, Paris 1835
  • Mémoires de Lucien Bonaparte, prince de Canino, écrits par lui-même, Paris 1836
  • Mémoire sur les vases étrusques, Paris 1836
  • Le 18 Brumaire, Paris 1845

Notes et références

  1. Il fut déclaré et connu dans la première partie de sa vie sous le patronyme « de Buonaparte », son père Charles Bonaparte portant la particule dès avant son intégration à la noblesse française. Charles Bonaparte imposa la graphie avec le u avant le o bien que sa famille et lui-même aient aussi utilisé le nom Bonaparte sans le u ; ainsi, sur l'acte de mariage de Charles Bonaparte celui-ci est mentionné comme Carlo de Bonaparte. Par ailleurs, la famille Bonaparte parlant italien en Corse, il était appelé Luciano mais dès son enfance et son arrivée en France, on utilisa la forme française Lucien.
  2. Hervé Pinoteau, Vingt-cinq ans d'études dynastiques, Paris, Ed. Christian, 1982, p.228.
  3. Il est le quatrième fils si on prend en compte un Napoléon mort peu après sa naissance.
  4. Monument de Canino
  5. Brune sur napoleon-monuments.eu

Bibliographie

  • A. Lievyns, Jean Maurice Verdot, Pierre Bégat, Fastes de la Légion d'honneur : biographie de tous les décorés accompagnée de l'histoire législative et réglementaire de l'ordre, vol. 1, Bureau de l'administration, 1842 [lire en ligne (page consultée le 16 nov. 2009)]  ;
  • « Lucien Bonaparte » , dans Robert et Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, 1889 [détail de l’édition]

Liens externes

Précédé par Lucien Bonaparte Suivi par
Pierre-Simon de Laplace
Ministre français de l'Intérieur (1799-1800)
Jean-Antoine Chaptal
Jean-Pierre Chazal
Président du Conseil des Cinq-Cents
23 octobre-12 novembre 1799
Antoine Boulay de la Meurthe
Pierre Daunou
et Jean-Ignace Jacqueminot


Précédé par
François-Henri d'Harcourt
Fauteuil 32 de l’Académie française
1803-1816
Suivi par
Louis-Simon Auger

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