Esthetique

Esthetique

Esthétique

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Première page du livre intitulé Æsthetica de Baumgarten, 1750

L'esthétique est une discipline philosophique ayant pour objet les perceptions, les sens, le beau (dans la nature ou l'art), ou exclusivement ce qui se rapporte au concept de l'art. L'esthétique correspond ainsi au domaine désigné jusqu'au XVIIIe siècle par science du beau ou critique du goût, et devient depuis le XIXe siècle la philosophie de l'art.

L'esthétique se rapporte, par exemple, aux émotions provoquées par une œuvre d'art (ou certains gestes, attitudes, choses), aux jugements de l'œuvre, que ce qui est spécifique ou singulier à une expression (artistique, littéraire, poétique, etc.), à ce qui pourrait se définir comme beau par opposition à l'utile et au fonctionnel.

L'esthétique est plus généralement, dans la philosophie de la connaissance, la science du sensible, de ce qui est donné aux sens dans l'intuition ou dans la vision, c'est-à-dire dans l'espace et dans les temps, par opposition à ce qui relève de l'intelligible, de l'entendement ou de la raison pure, soit la métaphysique.

Dans le langage courant, l'adjectif esthétique est synonyme de beau. Et comme nom, esthétique est une notion désignant l'ensemble des caractéristiques qui déterminent l'apparence d'une chose, souvent synonyme de design ou d'aspect physique du corps humain.

Sommaire

Définition de l'esthétique

Étymologie et sémantique

Le mot esthétique est dérivé du grec αίσθησιs signifiant la sensation. L'esthétique définit étymologiquement la science du sensible. Ce sens est présent, par exemple, dans la Critique de la Raison pure de Kant, où l'esthétique est l'étude de la sensibilité ou des sens. Mais l'usage a donné au mot une autre signification qui est sans rapport à l'étymologie lorsque l'esthétique désigne la science du beau ou la philosophie de l'art[1].

Bien que le mot esthétique ait une étymologie grecque, il était inconnu de l'antiquité, car la science de l'esthétique n'est apparue qu'à l'époque moderne et dans un contexte allemand. C'est le philosophe allemand Alexander Gottlieb Baumgarten, disciple de Christian Wolff, qui introduit au XVIIIe siècle le néologisme « esthétique » (en latin : Aesthetica) et lui donna son acception moderne avec la publication du premier volume de son Aesthetica, en 1750. Il délimite une discipline philosophique nouvelle et indépendante, en se basant initialement sur la distinction platonicienne entre les choses sensibles (aisthêta) et intelligibles (noêta)[2].

Dans l'ouvrage Méditations philosophiques[3] (1735), Baumgarten définit l'esthétique comme « la science du mode de connaissance et d'exposition sensible », puis dans Æsthetica (1750) : « L'esthétique (ou théorie des arts libéraux, gnoséologie inférieure, art de la beauté du penser, art de l'analogon de la raison) est la science de la connaissance sensible »[4]. En effet, Baumgarten considère l'idée du beau comme une perception confuse ou un sentiment et de ce fait comme une forme inférieure de connaissance, d'où l'usage du terme esthétique[5]. L'esthétique s'oppose à la logique comme les idées confuses s'opposent, dans l'école de Wolff et Leibniz, aux idées claires. Son esthétique est également une théorie des beaux-arts. Elle se substitue historiquement à la Poétique initiée par Aristote.

Le terme esthétique prend une signification différente selon les langues, n'ayant pas été adopté aux même périodes, et suite à l'influence des mêmes œuvres philosophiques (celles de Kant et Hegel notamment). De plus, ce domaine d'étude est également désigné par des termes synonymes ou proches[6]. L'esthétique est « la théorie, non de la beauté elle-même, mais du jugement qui prétend évaluer avec justesse la beauté, comme la laideur »[7].

Dans la langue anglaise, le champ de l'esthétique était traditionnellement catégorisé dans la Critic, à la suite de Elements of Criticism (1762) du philosophe Henry Home, et se définissait généralement comme « critique d'art » (critic of art). Depuis les années 1950, l'influence dominante de la philosophie analytique dans le monde anglo-saxon tend également à restreindre la portée de aesthetics à une seule philosophie de l'art (Voir esthétique analytique).

Dans la langue française, ce champ d'étude était généralement désigné avant le XIXe siècle, comme « théorie des arts » ou « critique du goût ». Dans ses commentaires sur les Salons de la deuxième moitié du XVIIIe siècle, Diderot utilise les termes de « manière » ou de « goût » dans sa critique d'art. Charles de Villers écrit en 1799 : « Diderot a voulu introduire dans l'Encyclopédie ce terme d'Esthétique, mais cela n'a pas pris. Nous n'avons sur les principes du goût que des ouvrages fragmentaires et une doctrine éclectique : ces principes ne sont pas rédigés dans un code certain et suivant une méthode vraiment scientifique, il est évident que nous n'avons point d'esthétique »[8]. Le mot esthétique entre dans la langue française à la fin du XVIIIe siècle et dans le Dictionnaire de l'Académie Française en 1835 seulement. Sa première apparition dans un dictionnaire philosophique est due à Charles Magloire Bénard (le traducteur français de Hegel) en 1845[9]. Le nom désigne "la science du beau" et la "philosophie des beaux-arts".

Le terme est aussi dérivé : l'esthétisme, qui caractérise l'évaluation des valeurs humaines du seul point de vue esthétique (selon le beau et l'agréable), puis désigne ultérieurement un mouvement artistique et littéraire anglais du XIXe siècle. L'esthétisation (allemand : Ästhetisierung), processus de transformation en réalité esthétique d'un phénomène initialement non esthétique. L'esthète, personne sensible au beau. L'esthéticien, philosophe spécialisé dans la branche de l'esthétique.

Article connexe : Esthétique (homonymie).

Objet de l'esthétique

Dans sa définition la plus large, l'esthétique a pour objet les perceptions sensorielles, l'essence et la perception du beau, les émotions et jugements liés aux perceptions, ainsi que l'art sous toutes ses formes (musique, peinture, gastronomie, etc) et tous ses aspects (œuvre, créativité, etc).

Des aspects fondamentaux et parfois opposés peuvent être particulièrement remarqués :

L'esthétique peut être une théorie du beau, qui se veut science normative, aux côtés de la logique (concept du vrai) et de la morale (concept du bien). Elle est donc une théorie d'un certain type de jugements de valeur qui énonce les normes générales du beau.

L'esthétique peut être également une métaphysique de la vérité, qui s'efforce de dévoiler la source originelle de toute beauté sensible : par exemple, le reflet de l'intelligible dans la matière (Platon), la manifestation de l'idée (Hegel), de la volonté (Schopenhauer), de l'être (Heidegger).

Le caractère de métaphysique du beau est progressivement remplacé par une philosophie de l'art (Hegel), qui prend pour objet les œuvres faites par les hommes au lieu des constructions a priori de ce qu'est le beau. Par suite, l'esthétique apparaît comme une réflexion sur les techniques ou sur les conditions sociales qui font tenir pour « artistique » un certain type d'action, qui réfléchit également sur la légitimité du concept de l'art.

Articles détaillés : Beau, Métaphysique et Art.

Histoire de l'esthétique occidentale

L'esthétique, comprise dans son sens traditionnel (kantien) comme l'étude philosophique des perceptions, émotions, du beau et de l'art, recouvre un domaine de recherche aussi ancien que la philosophie elle-même, mais la discipline est moderne car les Grecs ne distinguaient pas quelque chose de tel qu'une esthétique dans la philosophie. C'est donc de façon rétrospective que l'on peut parler d'une esthétique antique comme science du beau ou science du sensible. L'histoire de l'esthétique se développe en parallèle à l'histoire du rationalisme. Il faut dater "l'invention" de l'esthétique de la moitié du XVIIIe siècle et si l'on considère la philosophie de l'art il faut attendre le XIXe siècle (Hegel)[10].

Esthétique antique

Dans la Grèce antique, la question du beau est une question centrale, mais elle n'est pas rapportée nécessairement à la question de l'art. Elle est aussi bien une question qui touche à la morale et à la politique chez Platon[11].

La période phare de l'esthétique s'étend principalement au Ve et IVe siècle avant JC, à l'époque de la démocratie des cités grecques, bien que des notions et désignations esthétiques furent énoncées dans des temps plus anciens.[réf. nécessaire]
Homère (vers la fin du VIIIe siècle parle notamment de « beauté », « harmonie », etc., toutefois sans les fixer théoriquement. Par travail artistique, il comprenait la production d'un travail manuel, à travers laquelle une divinité agissait. Héraclite d'Éphèse explique le Beau comme qualité matérielle du vrai. L'art serait alors la manifestation d'un accord opposé par une imitation de la nature. Démocrite voit la nature du Beau dans l'ordre sensible de la symétrie et de l'harmonie des parties, envers un tout. Dans les représentations cosmologiques et esthétiques des pythagoriciens, les principes numéraires et proportionnels jouent un grand rôle pour l'Harmonie et le Beau.

Platon

Pour Socrate, le beau et le bien sont mêlés. L'art représentatif consiste principalement à représenter une personne belle de corps et d'esprit. Platon ne conçoit pas le beau comme quelque chose de seulement sensible mais comme une idée : la beauté a un caractère sur-naturel, elle est quelque chose d'intelligible, qui s'adresse à la pensée. Elle appartient à une sphère qui est supérieure à celle des sens et de l'entendement[12]. Les choses ne sont que des reflets des idées, et l'art copie seulement ces reflets. Et il évalue particulièrement négativement l'art, en tant que copie non fidèle, puisque réalisée de manière imparfaite par l'homme.[13] Il différencie néanmoins deux techniques d'imitation : la « copie » (eikastikè) telle la peinture ou la poésie, et « l'illusion » (phantastikè) telles les œuvres architecturales monumentales. Si Platon est favorable au beau, il demeure hostile à l'art et particulièrement à la poésie et la peinture. Son œuvre demeure néanmoins comme la première codification idéologique et politique de l'art.

Aristote

Aristote n'a traité ni du beau ni de l'art en général. Sa Poétique est un fragment sur l'art dramatique et ne comprend que les règles de la tragédie. Son point de vue est en outre plus expérimental que théorique. Il déduit des règles à partir des chefs d'oeuvres du théâtre grec[14]. Il développe néanmoins une théorie générale de l'imitation qui peut s'appliquer à différents arts : « L'épopée, la poésie tragique, la comédie, la poésie dithyrambique, le jeu de la flûte, le jeu de la cithare, sont toutes, de manière générale, des imitations. » (ch. 1). Pour Aristote, les arts se différencient par les objets qu'ils imitent et par les moyens artistiques utilisés pour réaliser cette imitation. L'art imite la nature ou bien achève des choses que la nature est incapable de réaliser. La pensée d'Aristote devient ainsi une base pour les « théories de l'art » ultérieures (au sens moderne), par sa dialectique de la connaissance et par son évaluation du rôle de la nature et de l'apparence dans la beauté artistique. Il met en place les concepts de l'imitation (mimèsis), de l'émotion, du plaisir du spectateur (katharsis), les figures de style ou encore le rôle de l'œuvre d'art. Ces théories seront reprises pour l'esthétique classique par Boileau (XVIIe siècle) aussi bien que dans l'esthétique marxiste.

Néoplatonisme

Plotin

Dans l'Antiquité tardive, la théorie du beau est particulièrement systématisée autour des concepts néoplatoniciens de Plotin (204-270). Dans les Énnéades, celui-ci reprend et dépasse les distinctions de Platon. L'essence du Beau réside dans l'intelligible et plus précisément dans l'idée. Ensuite la beauté s'identifie à « l'Unité », dont dépendent tous les êtres. Le beau est ainsi de nature spirituelle (relié à l'âme) et sa contemplation est un guide pour approcher l'Intelligible. De même la beauté réside dans la forme de l'œuvre, et non dans sa matière. Ainsi pour Plotin, l'art véritable ne copie pas simplement la nature, mais cherche plutôt à s'élever corriger la nature, en étant créatif)[réf. nécessaire]. Plotin fonde ainsi l'esthétique d'œuvres symbolistes et peu réalistes, dont les exemples sont les icônes byzantines ou les peintures et sculptures de l'art roman.[réf. souhaitée]

L'esthétique romaine reprend les concepts de la Grèce, comme les réflexions sur la relation entre nature et beauté, par exemple dans l'Art poétique de Horace, ou bien les théories de Sénèque sur le beau.[réf. nécessaire]

Esthétique médiévale et renaissante

Moyen âge

Boèce enseignant, manuscrit de la Consolation de la philosophie, 1385

L’esthétique du Moyen Âge reprend les principes du néoplatonisme en les rattachant au modèle théologique du christianisme. On considère alors, que dans la création artistique se distille une dignité créatrice, comparable à la création divine. L’art est un moyen de transcendance vers l’intelligible. Au symbolisme de Plotin est ajouté l’allégorisme, qui n’est plus considéré comme simple figure de style (rhétorique) mais comme un moyen privilégié de correspondance avec les idées.

Un travail important se développe sur les notions de proportion, et la lumière, dans l'art.

Philosophes : Pseudo-Denys l'Aréopagite, Augustin d'Hippone, Boèce, Thomas d’Aquin

Articles connexes : Philosophie médiévale et Art médiéval .

Renaissance

  • Leon Battista Alberti, De pictura (1435) : notion de perspective, beauté picturale dans la juste composition par le trait (circonscriptio), art du dessin, clair-obscur…
  • Marsile Ficin (1433-1499)
Article connexe : Renaissance artistique.

Esthétique classique (XVIIe, XVIIIe siècle)

Esthétique rationaliste

L'esthétique classique, inspirée par le Banquet de Platon et trouvant une de ses expressions les plus accomplies dans l'Art poétique de Boileau, ne concevait qu'une seule valeur esthétique, le beau, et son négatif, le laid. Le beau était conçu en termes d'harmonie, de symétrie, d'ordre et de mesure. L'esthétique empiriste ajoutera une seconde valeur esthétique positive, le sublime. Le sublime est une valeur caractérisée par la dysharmonie, la dissonance, la démesure, le désordre, la dissymétrie. Là où le beau produisait le sentiment de la sérénité dans l'âme, le sublime produit des sentiments tels la terreur et la passion violente (sans pour autant verser dans l'horreur). Le sublime trouvera son application artistique la plus absolue dans le romantisme, qui exaltera la passion et la démesure dans l'âme humaine (le génie artistique, l'amour passionné, le moi solitaire ou encore la révolution politique).

Pour l'esthétique classique, le beau était un concept. On peut parler à ce propos d'« art intellectuel » ou d'« intellectualisme esthétique ». Par exemple, dans l'Antiquité, la musique était mise parmi les quatre sciences du quadrivium. Elle était une science de l'harmonie et de la mesure, ainsi que saint Augustin la décrit dans son Traité de la musique.

René Descartes
  • Descartes : Les questions qui préoccupent le cartésianisme sont étrangères au beau et à l'art; dans cette école, quelques esprits se sont contentés de reproduire les traditions de l'antiquité, en particulier les idées de Platon et de saint Augustin (par exemple les traités sur le Beau de Crouzaz ou du Père André)[15].

Esthétique empiriste

Article détaillé : Empirisme#Esthétique.

Au contraire, l'esthétique empiriste conçoit le beau et le sublime comme des sentiments intérieurs. Ce sont des représentations que se fait l'âme lors de l'expérience esthétique. Le beau renvoie à un sentiment de plaisir et de calme, tandis que le sublime renvoie à un sentiment de plaisir mêlé de douleur, ou à une alternance contradictoire de sentiments. Le goût n'est plus alors une notion intellectuelle, mais concerne l'impression sensible et le sentiment, définis par les empiristes comme les idées de l'esprit les plus vraies et les plus vives.

Le livre Recherche philosophique sur l'origine de nos idées du sublime et du beau (1757) du philosophe irlandais Burke (1729-1797) peut être considéré comme le manifeste empiriste de la philosophie esthétique[16].

On peut y ajouter les Essais esthétiques[17] de Hume ainsi que les écrits de Shaftsesbury et Hutchinson.

En France, Diderot et les Encyclopédistes reprennent des idées similaires. Charles Batteux commente Aristote et réduit tous les arts au principe de l'imitation de la belle nature. L'Abbé Jean-Baptiste Dubos et Voltaire contribuent à la l'esthétique en tant que critique littéraire.

En Allemagne, les disciples de Wolff et de Leibniz fondent la nouvelle science de l'esthétique. Baumgarten est suivi par Moses Mendelssohn, Sulzer et Eberhard.

Esthétique moderne (XVIIIe, XIXe siècles)

Kant : le jugement esthétique

Emmanuel Kant (1724-1804)

Kant passe pour avoir donné à l'esthétique son autonomie comme domaine propre à l'art, mais en réalité l'autonomie concerne seulement le "sujet esthétique" et elle est en rapport avec la connaissance et la morale[18].

L'esthétique transcendantale dans la Critique de la raison pure (1781) désigne la science de l'intuition, des concepts a priori de l'espace et du temps du point de vue de la connaissance. L'esthétique est la science du "sensible" par opposition à la logique, qui est la science de "l'intelligible". Kant remarque que seuls les Allemands utilisent le terme esthétique au sens de critique du goût dont il n'est pas question pour lui[19].

Dans la Critique du Jugement (1790), Kant analyse la question du jugement du goût en rapport au beau et au sublime, mais également la question de la téléologie dans la nature. Il distingue la faculté de juger comme une faculté indépendante de l'entendement ou de la raison et intègre alors l'esthétique au sens de théorie du goût, du beau et de l'art dans le domaine de la philosophie transcendantale.

S'interrogeant sur la nature du sentiment esthétique, Kant observe que pour la perception de l'agréable, chaque personne reconnaît que ce sentiment n'a de valeur que pour sa propre personne, et qu'il n'est pas possible de contester le plaisir ressenti par l'autre : « quand je dis que le vin des Canaries est agréable, je souffre volontiers qu'on me reprenne et qu'on me rappelle que je dois dire seulement qu'il est agréable à moi. » Par cela, il en vient à penser que « chacun a son goût particulier ».

Le cas de la beauté serait pourtant différent, puisque s'il juge une chose comme belle : « j'attribue aux autres la même satisfaction » et « je ne juge pas seulement pour moi, mais pour tout le monde, et je parle de la beauté comme si c'était une qualité des choses (…) ». Il démontre ainsi que le beau n'est pas l'agréable. Le jugement du beau ne s'effectue pas d'après un goût personnel : « On ne peut donc pas dire ici que chacun a son goût particulier. »[20]

Article détaillé : Critique de la faculté de juger.

Hegel : la philosophie de l'art

Hegel fait preuve de suspicion à l'égard du terme allemand Ästhetik qu'il juge inapproprié ou superficiel. Il précise que les Français parlent de "théories des arts" ou des "belles-lettres" et les Anglais de "critique". Il rejette également le néologisme de "callistique" (formé sur le mot grec kallos, le beau) qui ne se réfère pas à l'art. Hegel se résigne à l'emploi du terme esthétique, mais précise qu'il ne s'agit pas de la science de la sensation[21].

L'Esthétique est définie comme philosophie de l'art et le but de l'art est d'exprimer la vérité. L'esthétique est la science du beau pour autant que le beau est le beau artistique, c'est-à-dire le beau produit par l'homme et pour l'homme.

1) Le Beau est l’Idée sous une forme sensible, c’est l’Absolu donné à l’intuition. L’art est une objectivation de la conscience par laquelle elle se manifeste à elle-même. Il constitue donc un moment important de son histoire. La réflexion sur l’art est liée à la fin de l’art, au sens où cette fin est un dépassement de l’élément sensible vers la pensée pure et libre. Ce dépassement s'effectue dans la religion et la philosophie. Pour Hegel la plus mauvaise des productions de l'homme sera toujours supérieure au plus beau des paysages, car l'œuvre d'art est le moyen privilégié par lequel l'esprit humain se réalise.

2) L’histoire de l’art se divise en trois, suivant la forme et le contenu de l’art :

  • art symbolique, oriental, sublime, où la forme excède le contenu ;
  • art classique, grec, beau, qui est l’équilibre de la forme et du contenu ;
  • art romantique, chrétien, vrai, où le contenu se retire de la forme.

3) Le système des beaux-arts se divise en quatre arts principaux suivant l'espace et le temps :

  • l'architecture (espace)
  • la sculpture (espace)
  • la peinture (espace)
  • la musique (temps)
  • la poésie (temps)

L'esthétique en France (XIXe siècle)

Le terme esthétique, qui est absent de l'Encyclopédie de Diderot, trouve sa première occurrence en français en 1743. Mais il ne s'implante en France que vers 1850, lorsque les grands textes de Kant, de Hegel et de Schelling sont traduits ou transposés par Jules Barni et Charles Magloire Bénard. Bénard remarque, en 1845, que l'esthétique est cultivée avec ardeur en Allemagne, mais qu'elle n'est pas connue en France. Le retard tient à des enjeux nationaux. La science de l'esthétique est perçue comme allemande et ne trouve une reconnaissance philosophique que tardivement.

De nombreux ouvrages sont publiés, certes, tout au long du XIXe siècle, qui relèvent de l'esthétique comme science du beau. L'esthétique fait également l'objet d'enseignement chez les disciples de Victor Cousin comme Théodore Simon Jouffroy ou Charles Lévêque (1861) dans une optique platonicienne et spiritualiste. Mais la première chaire universitaire consacrée à l'enseignement de l'esthétique est créée à la Sorbonne pour Victor Basch en 1921 seulement[22].

Baudelaire par Nadar (1855)
Baudelaire

L'esthétique se développe également hors de l'institution philosophique dans le domaine de la critique d'art. En 1856, Charles Baudelaire intitule Bric-à-brac esthétique son étude consacrée aux Salons de 1845 et 1846. Il lui donnera son titre définitif de Curiosités esthétiques en 1868. Dans son article sur l'Exposition universelle de 1855, il critique les "professeurs d'esthétique", les "doctrinaires du beau" enfermés dans leur système et qui ne savent saisir les correspondances. Il théorise l'avènement de la modernité dans son article capital sur Le peintre de la vie moderne (1863).

L'esthétique en Allemagne (XIXe siècle)

Burckhardt

Au XIXe siècle se formalise la Kunstwissenschaft[23] ou « science de l'art », autour d'une approche historique de l'art, dite historicisme (autour des principes d'individualité et d'évolution), notamment à travers les travaux de l'historien Jacob Burckhardt. L'ambition est celle d'une étude scientifique, éloignée de l'idéalisme philosophique et de la critique littéraire [24]. La "science de l'art" n'est pas clairement distinguée de l'histoire de l'art[25]. L'émergence de ce mouvement est influencé par les écrits de Winckelmann (1717-1768), qui détermina l'art par une approche historique, et assimila l'histoire de l'art à l'histoire de la civilisation. Les Leçons d'esthétique de Hegel justifiaient de même l'importance de l'abord historique, ainsi que la systématisation du savoir.

Schopenhauer

Arthur Schopenhauer (1788-1860) est directement influencé par Kant, mais il renoue avec les pensées de Platon et de Plotin. Pour Schopenhauer, l’art est une connaissance directe des Idées (au-delà de la raison), qui elles-mêmes renvoient à un aspect ultime : la volonté. Il présente aussi l'archétype du génie, capable de surmonter la subjectivité humaine et d’accéder à la connaissance ultime (et la révéler aux hommes). Il met en place une classification des arts, qui renvoie au platonisme (ou à la pensée médiévale). Il influence profondément les drames et les écrits théoriques de Richard Wagner.

Article connexe : Philosophie de Schopenhauer.
Kierkegaard

Kierkegaard s’oppose à Hegel après avoir adopté sa philosophie.

  • L’histoire est mythe.
  • Stade esthétique.
  • Instant et sensualité (réprimé par christianisme)
Nietzsche
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Friedrich Nietzsche (1844-1900) s’oppose à Schopenhauer et à Richard Wagner.

  • Le sensible est la réalité fondamentale.
  • dionysiaque - apollinien
  • Inversion du rapport platonique qui fait de l’art un simple symbole de l'Être (monde supra-sensible de Platon). « l’art a plus de valeur que la vérité » Pas seulement identification des valeurs (histoire), mais critiques le principes même des valeurs, qu’il abolit : s’éloigne de la perspective historique pour appréhender l’art. Chaque artiste crée ses valeurs et évalue selon elles : singularité.
Article détaillé : Esthétique de Nietzsche.

Esthétique contemporaine (XXe et XXIe siècles)

Apparus au XXe siècle, ce sont les principaux mouvements[26] de l'esthétique contemporaine. Ils s'inscrivent notamment dans la préoccupation du langage (question centrale de la philosophie du XXe siècle et l'émergence de sciences nouvelles.

La discipline de l'histoire de l'art se détache de l'histoire et de l'esthétique en développant une possible autonomie méthodologique[27] selon ses objets (collection muséographique, marché de l'art, activité spéculative). Elle se tourne alors vers le formalisme (analyse des formes, iconographie et iconologie, sémiologie), ou vers le travail critique (herméneutique, épistémologie, études contextuelles, etc.) interrogeant les sciences humaines et sociales. Ces études sur l'art, parfois qualifiées de positivistes en esthétique, se sont développées à l'époque contemporaine au sein de « sciences nouvelles de l'art ».

Articles détaillés : histoire de l'art et histoire culturelle.

La phénoménologie

Heidegger
Une paire de chaussures de Van Gogh, objet du commentaire de Heidegger dans le texte sur l'origine de l'oeuvre d'art (1935)

Heidegger définit l'esthétique comme "la science du comportement sensible et affectif de l'homme et ce qui le détermine"[28]. C’est après 1933, dans les conférences sur « L’origine de l’œuvre d’art »[29], ses études de la poésie de Hölderlin et la peinture de Van Gogh, que Heidegger aborde la question de l'art. Il déplace toute la question ontologique (« Qu'est-ce l'être ? ») sur les arts. Dans son approche phénoménologique, il désigne l’œuvre d’art comme une mise en œuvre d’un dévoilement (alètheia) de l’Être de l’étant. S'opposant ainsi au courant objectiviste (qui établit la vérité par un rapport à l'idée de réalité), Heidegger définit l'art comme le moyen privilégié d’une « mise en œuvre de la vérité » par l'esprit :

« Ce n’est que par l’œuvre d’art, en tant que l’être qui est (das seiende Sein), que tout ce qui apparaît par ailleurs et se trouve déjà là est confirmé et accessible, élucidable et compréhensible, en tant qu’étant ou au contraire en tant que non-étant. C’est parce que l’art (Kunst), en un sens insigne, porte l’être à se tenir dans l’œuvre et à y apparaître en tant qu’étant, qu’il peut valoir comme le pouvoir-mettre-en-œuvre tout court, comme la technè. » — Heidegger[30]
Voir aussi

L'École de Francfort

Adorno est mort en laissant inachevée sa Théorie esthétique (1970)

Les philosophes de l’École de Francfort sont fortement marqués par une pensée matérialiste, inspirée du marxisme et de l'étude des crises du XXe siècle. Leur esthétique se fonde sur une analyse critique des sciences sociales, et une étude de la culture de masse.

Pour Theodor W. Adorno (1903-1969), notamment dans sa Théorie esthétique (1970), l’art demeure un espace de liberté, de contestation et de créativité dans un monde technocratique. L’art a un rôle critique vis-à-vis de la société, et reste un lieu d’utopie, pour autant qu’il rejette son propre passé (conservatisme, dogmatisme, sérialisme). Adorno s'opposera également aux facilités de la culture de masse (industrie culturelle)

Benjamin parmi ses sujets d’études disparats, élabore notamment le concept d’aura de l’œuvre d’art (1917), qu’il étend ultérieurement à l’étude de la photographie et du cinéma, et à la reproductibilité technique des œuvres d'art. L'aura deviendra un concept important pour la critique de l'art contemporain (ready-made, Warhol)

La French Theory

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L'esthétique analytique

Apparue dans les années 1950, l’esthétique analytique est le courant de pensée dominant dans le monde anglo-saxon. Issue de l'empirisme et du pragmatisme, cette esthétique se fonde sur une recherche par des instruments logico-philosophiques et des analyses du langage, dans le prolongement de la philosophie analytique. Cette esthétique est constituée par un ensemble de théories homogènes, liées essentiellement à l'analyse des questions et définitions de l’art. Ces théories s'affirment indépendantes de l’esthétique « traditionnelle », tant par la restriction de ses objets (sont exclus : la question du beau, l’histoire de l'esthétique) que par la spécificité analytique de ses méthodes de recherche (se référant à la logique et non spéculatives). L'approche métaphysique suit ce courant, notamment sur la "vérité des formes"[31]

« L’esthétique analytique prétend être une nouvelle version de l’esthétique, une façon de la concevoir qui la coupe de sa tradition, comme une langue inédite que l’on prétendrait substituer à la langue commune et dans laquelle elle serait difficilement traduisible. »[32] — Dominique Chateau.

Les premiers travaux importants d'esthétique font suite à la publication posthume des Investigations philosophiques (1953) de Wittgenstein, autour de la théorie des jeux de langage plus à même de permettre l'analyse de termes du langage ordinaire : par exemple, le mot « art » ou la question « What is Art ? » (« Qu'est-ce que art ? », sans déterminant grammatical). Cette recherche est en dialogue constant avec les œuvres d'avant-garde de l'art contemporain, notamment celles de Duchamp et Warhol. Les travaux analytiques abordent notamment : l'indéfinissabilité de l'art (Weitz, « le rôle de la théorie en esthétique », 1956 ; Mandelbaum) ; l'institutionnalisation de l'art (Dickie, Art and the Aesthetic. An Institutional Analysis, 1974) ; le « monde de l'art » (Dickie, Danto) ; l'identification de l'œuvre d'art (Danto, La transfiguration du banal, 1981) ; l'expérience esthétique, l'art comme symbole (Goodman, Langages de l'art, 1968).

Cette transition de "Ceci est beau" à "Ceci est de l'Art" grâce à Duchamp va questionner la définition du mot qu'il lui aura été donné au cours des siècles. Tout étant confronté aux goûts, rien n'échappe alors à l'Esthétique car même quelque chose que l'on trouve "laid" reste avant tout sujet à un jugement. Donc finalement la définition du mot comme synonyme de beau, de joli peut être vue comme erronée (Le terme "inesthétique" ne prendrait alors de sens que lorsque l'Homme ne sera plus là pour regarder les choses).

Article détaillé : Esthétique analytique.

Nouvelles sciences de l'art

Les objets de l'esthétique sont abordés également par certaines sciences apparues récemment, enrichissant ainsi la recherche esthétique de nouvelles approches théoriques et méthodologiques.

Sociologie esthétique
Deux spectateurs de l'art, au Musée d'Orsay.

Dans le prolongement de l'histoire culturelle du XIXe, l’histoire sociale de l’art étudie les forces collectives qui œuvrent dans l’art. S’opposant à l’idéalisme philosophique, cette sociologie est initialement influencée par la pensée marxiste (matérialisme historique) ; elle met en évidence principalement le contexte socio-économique[33] et cherche à lier l’évolution artistique aux luttes et classes sociales.

S’opposant au déterminisme marxiste se met ultérieurement en place des approches distincte de l'étude des contextes sociaux de l'art, plus attentives aux mécanismes internes du « monde de l'art » : une étude de l’inscription contextuelle des œuvres dans le milieu culturel, notamment par l'histoire culturelle et l'anthropologie de l'art (Lévi-Strauss, Boas) ; une étude sociologique de l’habitus de l’art (Bourdieu) ; une sociologie de l’action et des interactions contextuelles (Becker).

Ces nouvelles approches de l'art se confrontent par exemple à l’idée commune d’une œuvre, née d’une « libre » inspiration de l’artiste, ou d’une logique esthétique intrinsèque à l'art et indépendante du milieu social. De même sont révélés des mécanismes sociaux de réception des œuvres (distinction, codes…). Néanmoins, ces sciences sociales éludent l’étude des œuvres elles-mêmes, conférant peut-être un réductionnisme « social » à l'art ; c’est le motif d’approches nouvelles abordant non plus seulement l'environnement, mais la pratique, voir l’œuvre elle-même[34]

Psychologie de l'art

La psychologie de l'art vise à l'étude des états de conscience et phénomènes inconscients à l’œuvre dans la création artistique ou la réception de l’œuvre.

L'analyse de la création artistique reprend l'idée d'une primauté de l'artiste lui-même dans l'interprétation de l'art ; idée développée depuis la Renaissance et le romantisme, et déjà reprises dans les approches biographiques de certains historiens de l’art du XIXe (Cf. Kunstwissenschaft). À partir de 1905, avec l’ébauche par Freud de la théorie des pulsions, l’art devient un objet de psychoanalyse. Cette démarche ne vise pas à l'évaluation de la valeur de l'œuvre, mais à l’explication des processus psychiques intrinsèques à son élaboration.

« Trouver le rapport entre les impressions de l’enfance et la destinée de l’artiste d’un côté et ses œuvres comme réactions à ces stimulations d’autre part, appartient à l’objet le plus attirant de l’examen analytique » — Freud[35]

Cette analyse se base notamment sur le concept de sublimation ; la création artistique est considérée comme la transposition d’une pulsion (désir) : la tentative pour l’artiste de surmonter son insatisfaction par la création d'un objet socialement valorisé, susceptible de satisfaire son désir. De même, par cette approche, l’art est envisagé comme symptôme : il devient alors l'outil possible d’un diagnostic clinique ou d’une thérapie (art-thérapie).

L'analyse de la réception prolonge la théorie de la Gestalt, psychologie de la forme (XXe). Cette analyse de l'art s’attache à déterminer les processus psychologiques de la réception des œuvres par le spectateur. Cette réception n’est plus alors considérée comme simple perception et découverte (du savoir de l’artiste), mais comme la reconnaissance d’un savoir propre au spectateur, à sa propre culture et son milieu social (Gombrich, Arnheim).

Ces analyses psychologiques se prolongent à travers les diverses approches cognitives (psychologie cognitive, philosophie de l'esprit, etc), et notamment les découvertes récentes en neurosciences (fonctionnement du système nerveux : cerveau, cinq sens, etc), qui abordent par de nouvelles voies l'étude des perceptions ou les facteurs de jugement esthétique, voire les concepts de créativité ou d'imagination.

Article détaillé : Psychologie de l'art.
Sémiologie de l'art

A la suite des théories de Ferdinand de Saussure et du structuralisme se met lentement en place une sémiologie de l'art. Cette « science des signes » étudie non les motifs ou les significations des œuvres, mais les mécanismes de signifiance (comment l'œuvre signifie) ; l'œuvre est ici considérée comme un espace de signes et symboles, dont l'articulation est à décrypter.

Le langage des œuvres (par exemple le langage pictural) n'est pas considéré comme un système identique aux langues : en effet, ce « langage » n'est pas composées d'unités dépourvues de signification (comme les phonèmes linguistiques), ou par des signes de pure convention. Ce langage existe principalement par des rapports d'analogie. Si certains codes propres au langage de l'art peuvent être déterminés (rôle de la forme, l'orientation, l'échelle…), l'implication d'éléments proprement matériels (liés à l'objet : pigments, lumière…) ne permettent néanmoins pas de réduire entièrement l'art à des systèmes de langage.

L'autre approche sémiologique analyse la médiation de l'art par la langue (parlé/écrit), notamment par l'étude du discours sur l'art (description, critique, etc). Ce discours, considéré comme un « méta-langage » des œuvres serait ainsi susceptible d'éclairer les jeux de signification dans l'art. Cette approche a été diversement critiquée par des philosophes et historiens de l'art, en raison de son logocentrisme, biais qui réduirait les œuvres visuelles aux seuls textes (descriptifs et interprétatifs), au détriment de leur matérialité et de l'expérience esthétique (du spectateur)[36].

Esthétique non-occidentale

Chinesischer Maler des 11. Jahrhunderts (I) 001.jpg
  • L'esthétique indienne :
  • L'esthétique africaine : Sages, tradition orale, biais occidental, approche ethnologique…
  • L'esthétique arabo-musulmane

Bibliographie indicative

Article détaillé : Bibliographie d'esthétique.
Manuscrit sur papyrus : Le Banquet (v.380 av. J.-C.), de Platon.

1) Ouvrages fondamentaux de la philosophie de l'art ou réflexion esthétique

2) Ouvrages cités sur l'esthétique

  • Dominique Chateau, La Question de la question de l’art : Note sur l’esthétique analytique (Danto, Goodman et quelques autres) (1994)
  • Edouard Pommier, Histoire de l'histoire de l'art (1995-1997)
  • Marc Jimenez, Qu'est-ce que l'esthétique (1997)
  • Daniel Dumouchel, Kant et la genèse de la subjectivité esthétique (1999)
  • Collectif, Esthétique et philosophie de l'art : Repères historiques et thématiques (2002)
  • Esthétique - Histoire d'un transfert franco-allemand, Revue de métaphysique et de morale (2002)
  • Alain Patrick Olivier, Hegel, la genèse de l'esthétique (2008)

Voir aussi

Liens externes

Notes et références de l'article

  1. Bénard, article "Esthétique", 1875, p. 477
  2. Sur l'étymologie et la portée sémantique de esthétique voir notamment : Marc Jimenez, « esthétique », dans Barbara Cassin, Vocabulaire européen des philosophies : dictionnaire des intraduisibles, Seuil, Dictionnaires le Robert, 2004 (ISBN 2-02-030730-8).
  3. Alexander Gottlieb Baumgarten, Meditationes philosophicae de nonnullis ad poema pertinentibus (Méditations philosophiques sur quelques aspects de l'essence du poème), Halae Magdeburgicae, 1735.
  4. Esthétique, vol. 1, trad. fr. J.-Y. Pranchère, p. 121.
  5. Bénard, art. "Esthétique", p. 480
  6. Vers 1780, Kant signale ainsi que « les Allemands sont les seuls à se servir du mot « esthétique » pour désigner ce que d'autres appellent la critique du goût. » (Critique de la raison pure) et Hegel mentionne également : « À nous autres Allemands ce terme est familier; les autres peuples l'ignorent » (Esthétique)
  7. Michel Blay, Dictionnaire des concepts philosophiques, Larousse, CNRS éditions, 2006, (ISBN 2-03-582657-8), pp. 50-53.
  8. Elisabeth Décultot, Ästhetik/esthétique. Étapes d’une naturalisation (1750-1840), Revue de Métaphysique et de Morale 2002/2, n° 34, p. 14 [www.cairn.info/load_pdf.php?ID_ARTICLE=RMM_022_0007]
  9. Décultot, 2002, p. 21
  10. Marc Jimenez, Qu'est-ce que l'esthétique, Gallimard, 1997, p. 26, p. 181. Alain Patrick Olivier, Hegel, la genèse de l'esthétique, Presses universitaires de Rennes, 2008, p. 10
  11. Bénard, art. "Esthétique", p. 479
  12. Bénard, art. "Esthétique", p. 479
  13. La théorie des trois lits : L'idée du lit (monde intelligible), la copie du lit par le menuisier (réalité sensible), et la version dégradé du lit peint par l'artiste (copie de copie).
  14. Bénard, art. "Esthétique", p. 479
  15. Bénard, art. "Esthétique", p. 480
  16. Cf. Edmund Burke, Recherche philosophique sur l'origine de nos idées du sublime et du beau, éd. Vrin, 1990.
  17. Cf. David Hume, Essais esthétiques, éd. GF-Flammarion, 2000.
  18. Daniel Dumouchel, Kant et la genèse de la subjectivité esthétique, Paris, Vrin, 1999.
  19. Kant, Critique de la raison pure, trad. Jules Barni, Flammarion, 1976, p. 82
  20. Kant, Critique de la faculté de juger, Chap. 7
  21. Cité d'après Marc Jimenez, art. "Esthétique", in : Vocabulaire européen des philosophies, p. 417.
  22. Esthétique - Histoire d'un transfert franco-allemand, Revue de métaphysique et de morale, Paris, PUF, (2002) 2
  23. (de) Kunstwissenschaft
  24. Voir Histoire de l'histoire de l'art, sous la dir. d'Ed. Pommier, Paris, Musée du Louvre, Klincksieck, 1995-1997 (Conférences et colloques du Louvre), T. I (ISBN 2-252-00319-7) et T. II (ISBN 2-252-03142-5) (en part. J. Rüsen, Esthétisation de l'histoire et historisation de l'art au XIXe siècle, T. II, p. 177-194).
  25. Marc Jimenez, art. "Esthétique", p. 417
  26. Catégorisation plus ou moins arbitraire d'après : Atelier d'esthétique (collectif), Esthétique et philosophie de l'art : Repères historiques et thématique, Bruxelles, De Boeck, 2002, pour laquelle l'esthétique analytique est considérée comme une des multiples écoles contemporaines.
  27. L'idée d'une autonomie méthodologique fait débat. Voir par exemple Daniel Arasse, Interpréter l'art : entre voir et savoirs, conférence du 12 juillet 2001 à l'UTLS, Paris ; À chacun ses images, conf. à ENS (Paris) du 31 janvier 2006, sous la dir. de Nadeije Laneyrie Dagen et de Gilles Pécout.
  28. Cité par Daniel Charles, art. "Esthétique", Encyclopedia Universalis, tome 9, p. 81
  29. Faisant suite à ses cours de 1936. Texte intégré dans le recueil Chemins qui ne mènent nulle part
  30. Théâtre des philosophes, Ch. IV, trad. Taminiaux.
  31. Nathan U. Salmon, Metaphysics, Mathematics, And Meaning, Editeur : Oxford University Press, USA (24 novembre 2005), (ISBN 978-0199281763)
  32. Dominique Chateau, La Question de la question de l’art : Note sur l’esthétique analytique (Danto, Goodman et quelques autres), PUV, 1994, p.8
  33. Voir Antal, Hauser, Hadjinicolaou
  34. Cf. Bruno Péquignot, Pour une sociologie esthétique, 1993 ; Nathalie Heinich, Ce que l'art fait à la sociologie, 1998 ; Hubert Damisch, « Sociologie de l'art », dans Encyclopedia Universalis
  35. Freud, « Das Interesse an der Psychoanalyse » dans Gesammelte Werke, cité dans L’enfance de l’art, trad .Kofman, 1970, t.8, p. 417
  36. Sur la critique du sémiocentrisme, voir par exemple Mikel Dufrenne, Esthétique et philosophie, 1961 - Jean-François Lyotard, Discours, figures, Gilles Deleuze - Jacques Derrida.
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