Bataille de Stalingrad

Bataille de Stalingrad
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Bataille de Stalingrad
Infanterie soviétique progressant dans Stalingrad en ruines
Infanterie soviétique progressant dans Stalingrad en ruines
Informations générales
Date 17 juillet 1942 - 2 février 1943
Lieu Stalingrad, URSS
Issue Victoire soviétique décisive
Belligérants
Flag of the Soviet Union (1923-1955).svg Union soviétique Drapeau : Allemagne Reich allemand
Drapeau roumain Royaume de Roumanie
Flag of Italy (1861-1946).svg Royaume d'Italie
Hongrie Royaume de Hongrie
Drapeau de la Croatie État indépendant de Croatie
Commandants
Drapeau de l'URSS Vassili Tchouïkov
Drapeau de l'URSS Andreï Ieremenko
Drapeau de l'URSS Nikita Khrouchtchev
Drapeau de l'URSS Gueorgui Joukov
Drapeau de l'URSS Alexandre Vassilievski
Drapeau de l'URSS Constantin Rokossovski
Drapeau de l'URSS Nikolaï Vatoutine
Drapeau de l'URSS Vassili Gordov
Drapeau de l'Allemagne Friedrich Paulus
Drapeau de l'Allemagne Erich von Manstein
Drapeau de l'Allemagne Hermann Hoth

Drapeau : Roumanie Petre Dumitrescu
Drapeau : Roumanie Constantin Constantinescu-Claps
Drapeau de l'Italie Italo Gariboldi

Drapeau de la Hongrie Gusztáv Jány
Forces en présence
Jusqu'à 1 103 000 soldats Jusqu'à 1 011 000 soldats
Pertes
486 000 soldats tués, et plus de 600 000 blessés ou prisonniers
40 000+ civils tués
450 000 soldats tués ou blessés
110 000 prisonniers
Seconde Guerre mondiale
Batailles
Front de l’Est

Campagne de Pologne · Guerre d’Hiver · Opération Barbarossa · Guerre de Continuation · Opération Silberfuchs · 1re bataille de Smolensk · Bataille de Kiev (1941) · Siège de Léningrad · Bataille de Moscou · Seconde bataille de Kharkov · Opération Fall Blau ·Poche de Demiansk · Poche de Kholm · Bataille de Stalingrad · Opération Uranus Opération Saturne ·Opération Mars  Bataille de Krasny Bor · Bataille de Koursk · Offensive Ostrogojsk-Rossoch · Bataille de Prokhorovka · 2e bataille de Smolensk · Bataille du Dniepr · Bataille de Tcherkassy · Opération Bagration · Insurrection de Varsovie · Guerre de Laponie · Bataille de Budapest · Siège de Breslau · Bataille de Königsberg · Offensive de Vienne · Bataille de Seelow · Bataille de Bautzen  · Bataille de Berlin (et prise du Reichstag) · Insurrection de Prague · Offensive de Prague


Front d’Europe de l’Ouest


Campagnes d'Afrique et du Moyen-Orient


Bataille de l’Atlantique


Campagnes de Méditerranée et d'Europe du Sud


Guerre en Asie et dans le Pacifique


Guerre sino-japonaise

Coordonnées 48° 42′ 00″ N 44° 29′ 00″ E / 48.7, 44.48333348° 42′ 00″ Nord
       44° 29′ 00″ Est
/ 48.7, 44.483333
  

Géolocalisation sur la carte : Russie

(Voir situation sur carte : Russie)
Bataille de Stalingrad

Géolocalisation sur la carte : Europe

(Voir situation sur carte : Europe)
Bataille de Stalingrad

La bataille de Stalingrad désigne les combats du 17 juillet 1942 au 2 février 1943, pour le contrôle de la ville éponyme, aujourd'hui Volgograd, entre les forces de l'Union des républiques socialistes soviétiques et celles du Troisième Reich. Ils incluent l'approche de la ville par les armées allemandes, les combats urbains pour sa conquête, puis la contre-offensive soviétique, jusqu'à l'encerclement et la reddition des troupes allemandes. L'ensemble de ces combats, dans et hors de la ville, se sont étendus sur un peu plus de six mois et ont coûté la vie à environ 750 000 combattants[1] et un nombre inconnu de civils, ce qui en fait une des bataille les plus meurtrières de l'histoire.

Avec la bataille de Moscou, en décembre 1941, et la bataille de Koursk, en juillet 1943, elle constitue l'une des grandes défaites de l'armée allemande et est considérée comme un tournant stratégique majeur de la Seconde Guerre mondiale. Elle reste dans les mémoires pour l'âpreté des combats urbains, n'épargnant ni civils ni militaires, ainsi que pour son impact psychologique et symbolique.

Sommaire

Contexte de la bataille

À l’automne 1942, la bataille de Stalingrad se déroule dans un contexte où les deux adversaires sont dos au mur : l’Allemagne doit vaincre au plus vite avant l’entrée en scène des américains sur le théâtre européen, l’URSS ne peut plus reculer sans risquer l’asphyxie économique. C’est justement ce que va chercher à obtenir l’Allemagne nazie en attaquant les ressources du sud du pays. Stalingrad n’est à l’origine qu’un objectif secondaire dans une des étapes du plan allemand mais l’évolution de la campagne en fera à l’automne l’objectif principal, notamment pour des raisons symboliques.

La situation stratégique globale

Le 22 juin 1941, l'Allemagne et ses alliés de l'Axe envahissent l'Union soviétique, avançant rapidement et profondément dans le territoire soviétique. Après avoir beaucoup souffert pendant l'été et l'automne 1941, les forces russes contre-attaquent lors de la bataille de Moscou en décembre 1941. Les troupes allemandes épuisées, mal équipées pour une guerre hivernale et avec des lignes de ravitaillements étirées au maximum de leurs capacités, sont repoussées dans un premier temps puis stabilisent le front, de l’avis des nazis grâce au « Haltbefehl » de Hitler (l’interdiction de tout recul), ce qui jouera sans doute un rôle dans les décisions prises à Stalingrad.

Deux adversaires épuisés

Ces neuf premiers mois ont épuisé les deux adversaires : les pertes allemandes[2],[3] de 1941 sont si grandes qu’après l’hiver la plupart des divisions de la Wehrmacht sont jugées inaptes à l’offensive[4],[5]. Le manque de troupes est tel que l’Allemagne doit demander de l’aide à ses alliés de l'Axe pour tenir le front et dégager les moyens nécessaires à son offensive de l’été 1942[6],[7].

Côté soviétique, les pertes humaines ont été vingt fois plus importantes et la quasi-totalité du matériel a été perdue. Le potentiel économique a été fortement amoindri car près de la moitié du territoire soviétique en Europe[8] et 80 millions d’habitants[9] sont sous domination allemande. Le remplacement de l'équipement militaire est assuré par l'arrivée d'une aide anglo-américaine massive au titre du prêt-bail, la remise en route des industries déplacées dans l’Oural et un effort de guerre sans précédent[10] qui permet à l'URSS de produire plus d'armes que le Reich dès 1942[11]. L’Armée rouge commence donc à se reconstruire mais l’URSS ne peut plus se permettre les pertes humaines et territoriales subies en 1941, d'autant que ce résultat n'est obtenu qu'au prix d'énormes sacrifices par les civils et d'une quasi-asphyxie du reste de l'économie.

Une course contre la montre

Depuis le 7 décembre 1941, les États-Unis sont entrés en guerre au côté des Alliés après l'attaque sur Pearl Harbor par les Japonais suivie, quatre jours plus tard, de la déclaration de guerre par l'Allemagne et l'Italie. Adolf Hitler sait que le temps lui est compté s’il ne veut pas avoir à se battre sur deux fronts ; à l’inverse, Joseph Staline demande avec insistance l’ouverture d’un second front en Europe mais il n’obtiendra le 8 juillet 1942 de Winston Churchill que l’assurance d’un débarquement américain en Afrique du Nord à l’automne : l’opération Torch[12].

À la grande déception de Staline, le second front en Europe ne s'ouvrira donc pas en 1942. Cependant la large publicité qui en est faite par la presse alliée entretient les craintes d'Hitler, qui maintient à l'Ouest plusieurs unités d'élite [13], d'autant qu'il est persuadé que l'effondrement de l'URSS, qui se dessine à l'été 1942, incitera les alliés à débarquer au plus tôt, avant que le Reich ne puisse retourner toutes ses forces à l'Ouest .

La campagne de 1942

Les échecs soviétiques du printemps 1942

Après les succès de l’hiver 1941-1942, l’Armée rouge subit de nombreux revers au printemps et plus encore durant l’été 1942 (seconde bataille de Kharkov, prise de la péninsule de Kertch, destruction de la 5e Armée de tanks à Voronej, prise de Sébastopol[14]) qui la font passer d’un relatif optimisme à un franc pessimisme avec la prise de Rostov.

Ces échecs confortent les Allemands dans leur vision de l'adversaire, car ils découlent de la persistance des faiblesses typiques de l’Armée rouge au début de la guerre :

  • manque de préparation et, de ce fait, manque de concentration des moyens ;
  • manque de coordination entre les fronts ;
  • mauvaise gestion des communications (en partie due au manque de matériel radio) ;
  • mauvaise coordination entre les blindés, l’artillerie et l’aviation ;
  • lourdeurs et contradictions du double commandement politique et militaire ;
  • mauvaise manœuvre des unités blindées ;
  • manque d’aviation.

Une grande partie de ces défauts sera corrigée durant la première partie de la bataille de Stalingrad, ce qui permettra le succès de l'offensive russe autour de la ville et explique la mauvaise interprétation de la situation par les Allemands, qui ne perçoivent pas l'évolution de leur adversaire.

Pourtant, des changements seront perceptibles dès l'été 1942, puisque, contrairement à 1941, l'Armée rouge bat en retraite plutôt que de se laisser encercler, limitant ainsi ses pertes en hommes et en matériel. De plus, elle fait preuve d’une indéniable ténacité dans la défense en milieu urbain, notamment à Sébastopol, ce à quoi la propagande donne un large écho, mettant en valeur le courage et l’esprit de sacrifice des combattants soviétiques.

L’offensive allemande de l’été 1942

Article détaillé : Opération Fall Blau.

N’étant plus en état de reprendre une offensive générale, l'Oberkommando der Wehrmacht (Haut Commandement allemand) choisit de concentrer ses moyens sur un front plus réduit que l’année précédente. Fidèle à la philosophie militaire allemande voulant que, dans l'espoir de gains rapides, l'attaque se fasse là où cela est le moins prévisible, les plans pour lancer une autre offensive contre Moscou sont rejetés.

L’option retenue par les Allemands pour l’offensive d’été 1942 est donc le Plan bleu : une attaque dans le Sud de la Russie ayant pour principal objectif le pétrole du Caucase.

Le plan initial

La « Directive 41 » du 5 avril 1942 choisit comme plan initial une attaque qui se développe en quatre phases successives déplaçant le front du Donetz vers le Don (200 km à l’est) et se déclenchant séquentiellement, à un mois d’intervalle, du nord vers le sud. La troisième phase doit permettre de franchir le Don et d’atteindre la Volga là où ces fleuves sont les plus proches : entre Kalatch et Stalingrad où ils ne sont qu’à 60 km l’un de l’autre. Cela permettra de protéger le front nord de la dernière phase de l’offensive, prévue initialement pour le 15 septembre et dirigée plein sud, vers le Caucase, avec pour objectifs principaux les champs pétrolifères de Maïkop, Grozny et Bakou.

Le Plan bleu vise une victoire par attrition contre l’Union soviétique : il s’agit de détruire son potentiel humain lors des trois premières phases en réitérant les encerclements géants de 1941, puis son potentiel économique en prenant possession d’importantes régions industrielles, minières et agricoles : le Donbass, le Kouban et le Caucase.

Initialement, la prise de la ville de Stalingrad n’est pas un objectif, seul le contrôle de la région environnante et la destruction de son potentiel économique sont jugés nécessaires. Il n’est question que « de la tenir sous le feu de l’artillerie ».

Des modifications non négligeables
Operation Blau : Avancées allemandes du 7 mai 1942 au 18 novembre 1942.

Le Plan bleu sera fortement modifié au cours de son déroulement, plusieurs de ces décisions auront un impact majeur sur la bataille de Stalingrad :

  • Ayant pratiquement échoué dans leurs tentatives d'encerclements lors des phases 1 & 2, les unités blindés qui devaient initialement s’orienter sud-est vers la région de Stalingrad pour soutenir la phase 3 sont déroutées sud-ouest, vers Rostov, à la recherche d’une Vernichtungschlacht (bataille d’anéantissement) qui n’aura pas lieu, les Russes faisant encore une fois retraite.
  • Pensant être face à une armée en déroute, Hitler, contre l'avis de ses généraux[15], décide par la « Directive n°45 » (en allemand : Weisung Nr. 45) du 23 juillet 1942, de mener simultanément les phases 3 et 4 du Plan bleu, affaiblissant les moyens affectés à chaque mission et envoyant leurs troupes sur des axes divergents, ce qui les empêche de se soutenir au niveau militaire et logistique et disperse le soutien de la Luftwaffe.
  • De plus, par cette même « Directive n°45 », Hitler donne pour la première fois l'ordre de prendre la ville de Stalingrad.
Bilan du Plan bleu

Après des succès initiaux foudroyants au niveau territorial, les premières difficultés surviennent au mois d’août. En septembre, les forces de l’Axe sont bloquées devant les ports de la mer Noire, ce qui les empêche de se ravitailler par cette voie ; Maïkop est prise mais les puits de pétrole ont été détruits par les Russes et restent sous la menace ennemie ; l’avance vers Grozny et Bakou est ralentie voire stoppée ce qui oblige à repousser leur conquête à 1943.

Il apparaît donc dès octobre 1942 que le Plan bleu est un échec au niveau stratégique : aucun de ses objectifs n'est atteint. Un des effets de cet échec sera le renforcement de l'hypercentralisation de la conduite des opérations autour de Hitler, qui s'isole de plus en plus et perd un peu plus confiance en ses généraux[16].

Stalingrad : verrou sur la route du Caucase et ville symbole

« Le destin du Caucase se décide à Stalingrad »[17] Alfred Jodl 30 juillet 1942

Enjeux stratégiques

Ce territoire comprend de grosses industries comme l'usine de tracteurs convertie à la production de chars T-34, l'usine d'armement Barrikady ainsi que le complexe métallurgique « Octobre rouge ».

Le fleuve Volga est une voie très importante de transport en Asie centrale. Il permet l'approvisionnement en pétrole et carburant en provenance de Bakou [18] ainsi qu'en munitions et en nourriture envoyés par les alliés depuis le golfe Persique à travers l'Iran et l'Azerbaïdjan soviétique le long de la Volga[19].

Stalingrad est aussi un nœud de communications ferroviaires : les seules lignes à haut débit reliant encore le Caucase au reste du pays passent par Stalingrad, elles sont indispensables à l'envoi de renforts depuis Moscou et la Sibérie[20], c'est donc une articulation importante de l'organisation militaire soviétique.

De plus, l'espion russe au Japon Richard Sorge a informé Moscou du fait que le Japon attaquerait l'URSS dès que l'armée allemande aurait pris une quelconque ville sur la Volga : en effet, l'approvisionnement allié provenant des routes d'Iran coupé, l'URSS serait asphyxiée s'il ne lui restait que le port de Mourmansk. Staline savait donc qu'il devait l'emporter à Stalingrad à tout prix.

À partir de mi-septembre, voyant la résistance inattendue de la ville, la Stavka décide d’en faire le point de fixation pour un grand encerclement, il faut dès lors que la ville tienne le temps que les forces nécessaires à la contre-offensive arrivent.

Enjeux symboliques

Stalingrad a longtemps été une ville frontière ; elle demeure dans l’imaginaire russe « la dernière ville du monde russe » ; au-delà s’étend le Kazakhstan à l’est et le Caucase au sud.

Selon l’épopée révolutionnaire soviétique, c’est là, à Tsaritsyne, que durant la guerre civile le commissaire politique Staline a repoussé les Russes blancs et sauvé Moscou de la famine même si, dans les faits, il n’a eu qu’un rôle militaire mineur[21]. D’où le changement de nom de la ville qui devient Stalingrad en 1925.

Depuis le 28 juillet 1942, Staline, par l'Ordre n°227, a de nouveau interdit toute retraite, lançant le mot d'ordre « Ni shagou nazad » (Pas un pas en arrière). Ce texte, lu à toutes les troupes, dépeint dans son introduction de façon réaliste l'état militaire et économique de l'URSS, loin des clichés de la propagande ; chaque soldat russe sait donc qu'il se bat pour la survie d'un pays au bord du gouffre[22].

Après l’échec du Plan bleu, c’est la seule victoire d’importance que Hitler peut encore apporter à son peuple, d'autant qu'au même moment les troupes de l'Axe sont stoppées en Afrique lors de la bataille d'El-Alamein.

Après les premières semaines de résistance, tous les journaux du monde suivent le déroulement de la bataille. C’est un sujet que la propagande des deux camps ne peut ignorer, la pression médiatique fait à elle seule de la ville un enjeu symbolique.

Ces éléments contribuent à faire de cette bataille un point de cristallisation des deux armées qui y jettent toutes leurs forces. C'est une guerre totale, une guerre idéologique, économique et militaire qui mobilise les deux pays tout entiers.

Déroulement de la bataille

Vue satellite. De nos jours, Stalingrad s'appelle Volgograd.

La bataille de Stalingrad s’étale sur près de six mois entre le 17 juillet 1942 et le 2 février 1943, on peut la diviser en quatre phases principales :

  • l’avancée allemande vers la ville (juillet-aout)
  • l’attaque allemande de la ville (septembre-novembre)
  • la contre-offensive russe qui encercle les Allemands dans la ville qu’ils avaient presque conquise (à partir du 19 novembre 1942)
  • la reconquête de la ville par les Russes jusqu’à la capitulation de Paulus.

À cela on ajoute en général l’opération de secours allemande pour briser l’encerclement voire l’extension de l’offensive russe qui se termine en mars 1943 et ramène approximativement le front sur la ligne du printemps 1942.

L’avancée allemande vers la ville

Contexte

Suite aux deux premières phases du Plan bleu la retraite des troupes russes du front du sud-ouest tourne à la débande. Pour protéger le nœud de communication vital qu’est Stalingrad, la Stavka forme le 12 juillet 1942 le front de Stalingrad, dirigé par le général Gordov[23], auquel sont attribuées trois armées de réserves inexpérimentées : les 62e, 63e et 64e Armées.

La 6e armée allemande, commandée par le général Paulus, a pour mission d'atteindre la Volga dans la région de Stalingrad, puis d'obliquer vers le sud, vers Astrakhan (opération Fischreiher). Elle est réputée être la plus puissante des armées allemandes mais elle est affaiblie par la priorité donnée à la prise de Rostov puis à l’opération Edelweiss: elle souffre de grave problèmes de ravitaillement tant pour le carburant[24],[25] que pour la nourriture[26] et une partie de ses corps blindés lui ont été retirés[27],[28]. Elle avance donc vers l’est au rythme de son infanterie.

Elle rencontre les forces du front de Stalingrad aux alentours du 17 juillet 1942 dans la boucle du Don où les Russes tentent de la stopper, car la rive ouest du fleuve domine la rive est de près de 100 m ce qui ne lui confère qu’une très médiocre valeur défensive.

Rapport de forces

Article détaillé : Ordre de bataille Stalingrad.

Il est à noter que les divisions russes ne sont pas à effectif complet, et qu’elles sont en cours de transport pendant le mois de juillet. Elles ont notamment très peu d’armes anti-char et anti-aérienne déployées, l’avantage, déjà en faveur des Allemands sur le papier, est donc encore plus net sur le terrain.

- Drapeau : Allemagne Reich allemand[26] Flag of the Soviet Union (1923-1955).svg Union soviétique [29]
Hommes 250 000 180 000
Canons 7 500 7 900
Chars 740 360
Avions 600 200

Les deux camps seront renforcés pendant les mois d’été, les Allemands par l’arrivée de corps alliés et les Russes par l’arrivée des réserves de la Stavka.

Enrôlement des civils

Face à l'avancée allemande, les Soviétiques réquisitionnent les civils présents à Stalingrad pour former des milices et préparer des ouvrages défensifs (tranchées, bunkers etc...) étalés en quatre lignes depuis le Don jusqu'à la ville de Stalingrad.

Déroulement des opérations

Offensive allemande vers Stalingrad juillet - septembre 1942.
Bataille dans la boucle du Don 17 juillet – 20 août

Grâce notamment à un puissant support de la Luftwaffe, Paulus réussit à s’emparer de la quasi-totalité de la boucle du Don, malgré des problèmes de ravitaillement qui le stoppent à nouveau les 27 et 28 juillet.
La VIe Armée, par une série d’encerclements[30], détruit presque entièrement la 62e Armée soviétique ainsi que les 1re et 4e Armées blindées, envoyées dans une contre-attaque montée à la hâte, qui échouera comme les offensives russes du printemps.
La 62e Armée sera pour ainsi dire détruite plusieurs fois, puisqu’elle ne doit sa survie, en tant qu’unité, qu’à un renforcement régulier par les réserves mises à disposition d’Eremenko [31], qui devient le supérieur de Gordov à partir du 6 août 1942.

Cependant l'arrivée de la 1 ère Armée de la garde permet aux Soviétiques de conserver[32] puis d'agrandir une tête de pont dans la région de Kremskaïa, et une contre-attaque au confluent du Don et du Khoper, à Serafimovitch le 19 août 1942, sur ses arrières de la VI Armee à la charnière avec la 8e armée italienne[33], obligeront Paulus à laisser deux têtes de pont russes sur la rive droite du Don.

Enlisement de l’attaque au sud 3 août – 26 août

À partir du 3 août 1942, la 4e Panzer Armee de Hoth[34],[35], attaque à son tour depuis Kotelnikovo, au sud-ouest de la ville, dans un secteur du front quasi vide de troupes. Après une avancée initiale rapide son avance est stoppée à partir du 10 août 1942[36] à une cinquantaine de kilomètres de la ville, par les front du sud-est renforcées par sept divisions sibériennes, sur une des lignes de défenses aménagées autour de Stalingrad.

Isolement de la ville par le nord : 23 au 30 août

Depuis le nord de la Boucle du Don, où ses troupes sont massées suite à la réduction de la tête de pont de Kremskaia, Paulus fait traverser le fleuve à ses unités blindées aux alentours du village de Vertiachiy (en russe : Вертячий), conquis le 21 aout 1942, où il a pu faire construire deux ponts de bateaux. Le XIV Panzerkorps est lancé à l’attaque le 23 aout 1942, il file droit vers les faubourgs nord de Stalingrad et atteint la Volga à Rynok, l'extrémité nord des faubourgs de Stalingrad, après avoir parcouru 55 km en douze heures[37].
Une fois passée la première ligne de défense les chars allemands n’avaient plus à faire face « qu’à des batteries servies par des civils, souvent des femmes[38] ».
Les quatre lignes de défenses aménagées par les Russes sont percées d’un seul élan. Cependant l’avant-garde allemande est mise en position périlleuse[39] car l’infanterie est en retard sur les blindés et les Russes contre-attaquent violemment, jetant dans la bataille tous les moyens à leur disposition jusqu’à la milice ouvrière et aux chars tout juste sortis des usines.
La situation est si critique qu'elle crée des tensions dans le commandement allemand. Voyant sa 16e Panzer Division coupée de tout ravitaillement, malgré une tentative de parachutage, le général Hube prépare un repli vers l'ouest en opposition directe avec les ordres de Paulus et d'Hitler. L'ordre de Hube ne sera pas mis à exécution[40] mais son supérieur, le général von Wietersheim, paiera de son commandement son soutien à Hube[41],[42].

À partir du 3 septembre 1942 les attaques contre la VIe Armée sont relayées au nord par la montée en ligne de trois armées de réserves[43] envoyées par la Stavka. Cependant les assauts, organisés à la hâte à la demande pressante de Staline, n’obtiennent que peu de résultats[44] et sont finalement arrêtés par le commandement russe le 10 septembre 1942, laissant les Allemands border la Volga sur près de 15 km de Rynok au sud d’Erzovka[45].

Encerclement par le sud 29 aout - 10 septembre

Au sud, la 4e Panzer Armee est arrêtée par un réseau défensif aménagé par les Russes dans la zone vallonnée qui s’étend entre Abganerovo (en russe : Абганерово) et Krasnoarmeysk (en russe : Красноармейск). Incapable de s’en emparer après plus de deux semaines de combats, Hoth fait retirer ses panzers de nuit pour les faire attaquer 50 km au nord ouest à Zety où il réussit enfin à percer le 29 aout 1942[46].

Le 30 août 1942 la IV Panzerarmee et la VI armee ne sont plus qu’à 15 km l’une de l’autre ; les 80 000 hommes des 62e et 64e armées soviétiques qui affrontent la 71e division allemande dans la région de Kalatch, 80 km à l’ouest de la ville, sont dès lors menacés d’encerclement.
Eremenko[47], les fait promptement décrocher ; le 2 septembre 1942[48],[49], quand les armées allemandes font leur jonction, le gros des troupes[50] a pu être évacué mais beaucoup de matériel a dû être abandonné.
Lopatine, chef de la 62e Armée réfugiée dans Stalingrad, juge la ville indéfendable[51]; ce dernier avis ajouté à ses défaites de l’été lui vaudront d’être remplacé par son adjoint Krylov, à titre temporaire, puis par Tchouïkov à partir du 12 septembre 1942[52].

Le rôle de la Luftwaffe et le bombardement du 23 aout

Bombardement de la gare de Stalingrad.

La couverture aérienne de la VI. Armee est assurée par le VIII. Fliegerkorps commandé par Martin Fiebig qui est la principale composante de la IV. Luftflotte, du Generaloberst Wolfram von Richthofen.

Son intervention sur la ville de Stalingrad commence le 23 août 1942, jour où les allemands atteignent la ville, par un raid terreur visant la population civile. C'est le bombardement de ce type le plus massif sur le front de l'est. La Luftwaffe assure entre 1 600 et 2 000 sorties[53] dans la journée en soutien des troupes au sol, jusqu'à un dernier raid, qui lui vise Stalingrad alors que « dans la ville il n'y avait presque pas de troupes »[54]. Le raid regroupe environ 600[55] appareils qui lâchent 1 000 tonnes de bombes et causent une véritable tempête de feu[56], il détruit environ 80 % de l'espace habitable de la ville. Il sera suivi d'autres raids sur la ville avant que la bataille n'y commence réellement, visant une nouvelle fois la population civile[57] puis les installations industrielles[58]. Selon les estimations, sur les 600 000 résidents de Stalingrad à ce moment-là, 40 000 furent tués pendant la première semaine de bombardements[59].

Durant toute la bataille la Luftwaffe joue un rôle de premier plan : entre juillet et novembre, ses attaques concentrent plus de la moitié de l'activité aérienne de tout le front de l'est (66 000 des 133 000 sorties), et vont crescendo de juillet à novembre : en juillet 2 425 sorties ; en août 14 018 ; en septembre 16 754 ; en octobre 25 229 ; en novembre 7 575[60]. Les sorties sur Stalingrad sont interrompues à partir du 19 novembre, jour de la contre-offensive soviétique[60].

Cependant l'augmentation de l'activité de la Luftwaffe sur Stalingrad ne s'obtient qu'en y concentrant les efforts au détriment des autres parties du front, en effet le nombre d'appareils disponibles chute dramatiquement dès le début de la campagne : il passe de 1155 en juin à 516 mi-septembre et ne remonte jamais vraiment malgré les efforts de renforcement. Aussi quand elle doit intervenir sur d'autres secteurs, notamment pour contrer les attaques sur le flanc nord de la VIe Armée, le ciel de Stalingrad se vide-t-il des avions allemands.

La diminution du bouclier aérien sera plus sensible encore en novembre quand une partie des escadrilles seront envoyées vers le front centre et vers l'Afrique du Nord, ainsi que pour des mission de bombardement des regroupements russes détectés dans les têtes de pont de Kletskaia et Serafimovitch.

Cette diminution tient pour beaucoup à l'usure du matériel sollicité à l'extrême sur un front extrêmement large : ce sont les mêmes unités qui couvrent tout le front sud, de Stalingrad au Caucase; de plus la Luftwaffe manque de tout : d'avions de remplacement, de mécaniciens, de pièces détachées[61].

Malgré ces difficultés la Luftwaffe est maîtresse du ciel de Stalingrad le jour, sa présence interdit toute traversé de la Volga et son intervention stoppe net plusieurs offensives de Tchouïkov, obligeant les Russes à n'opérer que de nuit.

L'absence de chasse de nuit incitera les Russes à employer des unités de bombardement nocturne, dont les fameuses Nachthexen, les "sorcières de la nuit", du 588e NBAP.

Bilan

Bombardement aérien de la ville ; photo prise de la soute d'un bombardier de la Luftwaffe en septembre 1942.
Usine de tracteurs détruite (1942). Les ouvriers soviétiques continuèrent de produire des chars sur les lignes de production jusqu'à ce que surviennent les combats.

À partir du 10 septembre 1942, date à laquelle la situation est stabilisée sur l’aile nord de la VIe armée, le groupe d’armée B a atteint l’objectif qui lui était fixé par la directive 41 (le plan initial de l'opération bleue) :

  • l’isthme Don Volga est barré
  • le trafic de le long du fleuve est interrompu
  • la ville, qui a été ravagée par les raids de la Luftwaffe, a perdu son potentiel industriel.
  • les pertes infligées à l’Armée rouge sont considérables : plus de 300 000 soldats hors de combats, 1 000 chars détruits[62], 88 700 prisonniers, 750 canons capturés[63] et 650 avions abattus[64].

La ville est isolée, elle n’est défendue que par les restes de deux armées qui ont laissé le gros de leur matériel dans une retraite précipitée et ne peuvent plus être ravitaillées que par bateaux.

La tentative soviétique pour bloquer l’avance allemande et protéger leur ligne de communication principale vers le Caucase a donc échoué.

Cependant, dans une campagne ou le temps est un élément crucial, les Russes ont réussi à ralentir l'avance allemande. Le renforcement constant de leur défense et leurs contre-attaques régulières ont transformé ce qui devait être la saisie de la ville en un bon en une succession d'offensives victorieuses mais épuisantes et la progression de la VI. Armee n'a pu être maintenue qu'au prix d'un renforcement régulier au détriment de l'offensive dans le Caucase[65].

De plus, suite au déblocage des réserves qui devaient protéger Moscou, d’importantes troupes sont massées au nord de la ville et les positions défensives aménagées dans les collines au sud sont solidement tenues.

Enfin, malgré plusieurs tentatives germano-italiennes pour les réduire, y compris avec le soutien d’une division Panzer, les Russes conservent deux têtes de pont sur les arrières allemands à l’ouest du Don, à Kremenskaya et Serafimovitch à environ 150 km et 200 km de Stalingrad.

Les Allemands à l'assaut de la ville : Enlisement et batailles de rue sanglantes

Une fois la situation stabilisée au nord, avec la fin des tentatives de contre-attaques de Joukov, et l'isolement de la ville parachevé au sud par la IVe Panzerarmee, les troupes du Reich sont envoyées à sa conquête à partir du 13 septembre 1942. Dans un mémo destiné à l'état major du groupe B, Paulus prévoit que l'affaire sera terminée en une dizaine de jours[66].
Cette victoire rapide est d'autant plus attendue qu'aux alentours de cette date il apparait clairement que la campagne du Caucase n'atteindra pas ses objectifs, la propagande allemande focalise dès lors son attention sur la prise de Stalingrad présentée comme imminente. L'attente ainsi créée préoccupe Hitler au point qu'il finit par considérer la prise de la ville comme un objectif politique et psychologique et qu'il en fait l'objectif principal du groupe d'armée B à partir du 6 octobre 1942[67].

Côté soviétique, les tentatives de dégagement de la ville par le nord ayant échoué, on décide donc pour conserver la ville, de la renforcer directement. Tchouïkov est nommé à la tête de la 62e armée, qui défend la ville, et prend son commandement le 12 septembre 1942 , les premiers renforts sont attendus deux jours plus tard. Très vite[68] la STAVKA décide de faire de Stalingrad un point de fixation pour la VIe Armée pendant que les troupes nécessaires à son encerclement arrivent au nord et au sud. D'ici là il faudra tenir, en infériorité numérique et matérielle quasi constante pendant deux mois.

Forces en présence

À l'exception du secteur de Voronej au nord, protégé par la 2e Armée allemande, la défense des flancs le long du Don est essentiellement confiée aux troupes alliées, du nord au sud : Hongrois, Italiens et Roumains (les troupes italiennes s'intercalant entre autres à cause des vives tensions entre Roumains et Hongrois), l'attaque de la ville est confiée exclusivement à des troupes allemandes à l'exception d'un bataillon slovaque[69].

La VIe armée laisse un de ses quatre corps d'armée à l'ouest du Don, devant la tête de pont russes de Kremenskaïa : le XI Armeekorps qui fait la jonction avec les roumains, et un autre, le VIII Armeekorps, pour garder l'isthme Don Volga et se protéger des attaques venant du nord. Le gros de ses divisions reste cependant disponible pour prendre la ville, elle est de plus soutenue au sud par la IV Panzerarmee[70].

Le plan initial prévoit une attaque sur 3 axes: au nord par le XIV Panzerkorps, à l'ouest par le LI Armeekorps et au sud par le XLVIII Panzerkorps de la IV Panzerarmee. Les tentatives russes de briser l'encerclement par le nord obligent cependant le XIV Panzerkorps à rester sur la défensive. La VI Armee limite donc son assaut initial au centre et au sud de la ville[71].

Le rapport de force reste cependant très favorable aux Allemands car, face à eux, la 62e Armée compte en théorie 23 divisions[72] mais ce ne sont que des bribes d'unités[73].

Rapport de forces mi-septembre 1942 dans la ville de Stalingrad[74].
- Drapeau : Allemagne Reich allemand Flag of the Soviet Union (1923-1955).svg Union soviétique
Hommes 90 000 60 000
Canons 1 500 400
Chars 250[75] 60
Avions 500 226 [76]

Stalingrad, un champ de bataille inédit

StuG III lancé à l'assaut de Stalingrad en septembre 1942.

L'évolution de la bataille, qui a amené les Allemands aux portes de Stalingrad, les contraint à un assaut frontal contre une ville où les troupes soviétiques sont retranchées. C'est un front tout en longueur d'une cinquantaine de kilomètres du nord au sud mais d'à peine trois à cinq kilomètres d'est en ouest. Contrairement aux premières prévisions, qui voyaient l'affaire terminée en une dizaine de jours, les combats dans la ville dureront près de six mois. Stalingrad devient ainsi la première bataille urbaine de l'histoire (les combats urbains de Madrid et Sébastopol n'avaient pas duré plus d'une semaine), la première aussi à se dérouler principalement dans des sites industriels.

Dans cet environnement, la Wehrmacht perd une partie de son avantage en termes de mobilité et de puissance de feu. L'usage de l'artillerie et de l'aviation est compliqué par la proximité et l'imbrication des lignes de fronts. Les multiples obstacles de l’environnement urbain ne laissent que des lignes de vue très courtes, ce qui oblige à engager les chars à proximité immédiate de leurs objectifs et les rend très vulnérables aux armes antichars adverses, même les plus légères[77], camouflées dans les ruines ou utilisées depuis les toits.

Car la bataille se joue aussi à la verticale : dans les étages et les sous sols. Les caves sont les seuls endroits qui n’ont pas été détruits par les bombardements massifs et répétés ; elles offrent un abri relatif où se reposer. Les égouts sont le seul lieu où on peut se déplacer à l’abri des bombardements. Les Russes, qui en ont la carte contrairement aux Allemands[78], s’en servent pour quitter les positions menacées ou mener des coups de mains sur les arrières ennemis. Les Allemands appellent cette guerre urbaine invisible Rattenkrieg (« guerre de rats »)[79].

Les défenseurs exploitent au maximum les possibilités de l'environnement. Avec l'aide des ouvriers des usines, ils relient entre eux des centaines d'immeubles, murent leurs principaux accès et les transforment en forteresses avec mines, barbelés, meurtrières au ras du sol, poste d’observation d'artillerie dans les étages, canons et chars camouflés dans les ruines.

Les Soviétiques utiliseront aussi les rives très escarpées de la Volga qui les protègent des tirs directs[80], ils installeront des batteries de katiouchas au pied des falaises et y creuseront des abris. Ils feront de même dans les lits très encaissés de plusieurs petites rivières, qui coupent la ville dans sa largeur et facilitent l'arrivée des renforts.

Déroulement des opérations

Soldat de l'armée rouge prêt à lancer une grenade. Photo prise le 1er septembre 1942.

« Pour les Américains, le temps, c'est de l'argent mais durant ces journées, nous aurions pu dire le temps, c'est du sang[81]. » Tchouikov.

Après une première tentative du 4 au 7 septembre 1942, arrêtée notamment à cause de l’énorme consommation de munitions qu’elle entrainait[82], c’est le 13 septembre 1942 que Paulus lance sa première véritable tentative pour prendre la ville.

Il se concentre sur le sud et centre de la ville, ses objectifs principaux sont le débarcadère, par où arrivent les renforts russes, et le kourgane Mamaïev, position stratégique pour l’artillerie, car cette colline de 102 mètres de hauteur domine la ville et la rive est de la Volga.

Les bombardements et l’assaut sont si terribles que la 62e armée manque de perdre la ville avant même l’arrivée des premiers renforts. Tchouïkov, employant jusqu'aux milices d’ouvriers pour retarder les troupes de choc allemandes, réussit à conserver in extremis le débarcadère, par où arrive la Rodimtsev qui renverse la situation en contre-attaquant immédiatement le 15 septembre 1942.

Combats dans une usine.

Dès lors, la bataille fait rage pour chaque rue, chaque usine, chaque maison, chaque sous-sol et chaque escalier. Il faut six jours de combats ininterrompus pour s'emparer de la gare centrale qui change quinze fois de mains avant d’être définitivement conquise. On se bat pour « la clouterie » ou le magasin Univermag ; l’Ascenseur à grain, un complexe dominé par un énorme silo, qui sépare les quartiers sud du reste de la ville et bloque deux divisions pendant sept jours, pour reprendre les mots de Jean Lopez, « c’est là toute la désespérante lenteur de la bataille de Stalingrad. »

Le 20 septembre 1942, après plus d'une semaine de combats, Franz Halder, chef d'état-major de l'armée de terre allemande, note dans son journal « l'épuisement graduel des troupes d'assaut allemandes est perceptible[83] », la bataille n'en est pourtant qu'à ses débuts.

Le débarcadère est finalement atteint le 22 septembre 1942, les combats dans le centre-ville se poursuivent encore deux jours, pendant lesquels une contre-attaque des nouveaux renforts russes et un nouvel assaut de grande envergure allemand le long de la Volga s'achèvent dans un sanglant match nul. Le Kourgane Mamaïev sera l’enjeu de combats particulièrement impitoyables qui ne s’apaiseront qu’à partir du 29 septembre 1942 quand l’artillerie des deux camps sera suffisamment puissante pour interdire toute implantation sur le sommet[84].

Ses unités au sud étant épuisées, Paulus planifie un assaut par l'ouest de la partie nord de la ville vers les trois grandes usines (du nord au sud) : l'usine de tracteur Djerzinski, Barricade et Octobre rouge. Trois attaques d'envergure les 27 septembre, 3 et 7 octobre et trois semaines de combats ne lui permettront même pas d'en atteindre les murs.

Les cités ouvrières qui précèdent les usines à l'ouest sont un terrain beaucoup plus difficile que la vieille ville au sud. Elles comportent de hauts immeubles avec des structures en béton armé qui offrent de formidables retranchements, les lignes de front sont trop proches pour un emploi efficace de l'aviation, la consommation de munitions est telle que les obus viennent à manquer et l'artillerie ne peut plus soutenir les fantassins, l'infanterie s'épuise dans ces combats maison par maison et ne suit plus aussi bien qu'avant les interventions de l'artillerie ou de l'aviation. Les Russes sont bien retranchés et résistent jusqu'au bout : bien qu'encerclés et attaqués par une troupe cinq fois plus nombreuse les défenseurs d'Orlovka tiennent sept jours avant d'abandonner le quartier

Stuka survolant Stalingrad en octobre 1942.

Paulus répond à ces problèmes en faisant monter en ligne une division venant d'un secteur plus calme, réduit le front de son attaque à la seule usine Djerzinski, concentre les moyens aériens. L’assaut du 14 octobre 1942 est précédé d'un pilonnage d'artillerie de deux heures et la Luftwaffe effectue, dans la journée, plus de 1 000 sorties sur le secteur, un front d'à peine 4 km de large.

Malgré cela, il faudra douze heures de combats pour atteindre l'usine de tracteur et la bataille se poursuivra encore à l'intérieur jusqu'à l'aube à la lueur des fusées éclairantes.
Par ce mouvement, la VIe Armée atteint la Volga derrière l'usine et isole les faubourgs de Rynok et Spartakovka[85] au nord. Ces villages extrêmement bien fortifiés résisteront jusqu'à la fin de la bataille.

Il faudra ensuite deux jours pour atteindre les murs de l'usine Barricade et plus d'une semaine pour la conquérir entièrement. Les combats atteindront la dernière grande usine, « Octobre rouge », à partir du 23 octobre 1942[86] grâce à l'intervention de la dernière division fraîche[87] de la VI. Armee mais l'usine ne sera jamais entièrement conquise[88]. Les pertes sont telles que dans les derniers jours d'octobre cinq divisions allemandes, sur les 9 présentes dans la ville, sont déclarées comme n'ayant plus de valeur offensive, y compris les 305e et 11 novembre 1942 ils lancent l’opération Hubertus, après avoir réuni à Stalingrad cinq bataillons (environ 1 700 hommes) de pionniers d'assaut prélevés sur le groupe d'armée B, qui défend le Don. Mais la densité du réseau défensif russe et la puissance du soutien d'artillerie venant de la rive est de la Volga épuiseront vite cette nouvelle attaque. Les pionniers perdent 25 % de leurs effectifs dès le premier jour de combat[90]. Leur action permet d'atteindre la Volga sur 600 m supplémentaires et d'isoler, à l'est de l'usine Barricade, la 138e division de fusiliers du général Lioudnikov, mais, ayant "dépensé" ses renforts en quelques jours, la VI. Armee se retrouve vite dans la situation qui prévalait avant Hubertus : manquant de troupes elle ne parvient pas à venir à bout de l’îlot Lioudnikov dont les défenseurs manquent pourtant de vivre comme de munitions.

Face à cette situation, les généraux allemands sur le terrain rééchelonnent leurs opérations et ne prévoient pas la conquête totale de la ville avant 1943, mais le 19 novembre 1942 la contre-offensive russe stoppe toutes leurs opérations offensives.

Renforcement soviétique, épuisement allemand

Tchouikov ne tient Stalingrad contre la formidable puissance de feu allemande que par une arrivée régulière de renforts. Au plus fort de la bataille, les soldats soviétiques arrivant dans la ville n'ont pas trois jours d'espérance de vie[91]. La 62e armée recevra plus de 100 000[92] hommes de renfort du 15 septembre 1942 au 8 novembre 1942[93], à peine de quoi équilibrer les pertes.

Les forces dans la ville évoluent donc peu mais chacune des 9 divisions et 4,5 brigades envoyées en renfort laissent le gros de leur artillerie sur la rive orientale. Sous le commandement de Voronov et Pozharski, les russes mettent en place à Stalingrad leurs premières divisions d'artillerie lourde, puis les premiers groupes d'artillerie d'armée[94]. La 24e Panzerdivision recense que la moitié de ses pertes sont dues à l'artillerie russe qui, à la fin de la bataille, sera capable de lancer jusqu'à 500 obus à la minute[95].

On note de la même façon une montée en puissance de l'aviation soviétique qui, au prix de pertes terribles[96], use progressivement la Luftwaffe.

À l'inverse la VI. Armee, bien que subissant des pertes nettement moins élevées[97], s'épuise : Le manque d'hommes sur le front de l'est est tel que Paulus ne reçoit pour tout renfort, début novembre, que cinq bataillons de pionniers. Pour trouver des combattants il envoie au front les soldats allemands qui occupaient de postes non combattant et les remplace massivement par des auxiliaires russes[98], il envisage même un temps d'utiliser les tankistes et les mécaniciens comme fantassins dans les secteurs défensifs[99]. Il ne pourra accorder de repos à ses hommes qu'en les envoyant dans des secteurs plus calmes du front ou en stoppant l'offensive dans un quartier de la ville pour la relancer dans un autre. Les soldats allemands présents pendant des semaines dans la ville s'épuisent physiquement et nerveusement. Après un mois et demi de ce régime, les unités perdent leur valeur offensive :

Malgré cela la position des Soviétiques reste incertaine jusqu'au déclenchement de l'opération Uranus : ils reculent tout au long de la bataille et leurs contres-offensives restent locales et sans lendemain. Chaque offensive majeure allemande fait craindre la chute de la ville et la remise en cause de l'opération Uranus et des énormes préparatifs qu'elle nécessite. Aussi les Russes lancent-ils des offensives au nord et au sud de la ville pour soulager les défenseurs quand leur position devient trop critique, coté nord elles n'auront guère de succès mais au sud les Russes atteindront fin octobre les faubourgs de Stalingrad obligeant Paulus à envoyer une centaine de chars pour stopper leur avance. Certaines mesures montrent plus clairement encore les craintes de voir tomber la ville, comme la mise en défense des îles de la Volga et de la rive gauche[100] ou l'évacuation du personnel féminin de Stalingrad, là encore ces décisions correspondent aux poussées allemandes dans la ville.

Les problèmes logistiques

La bataille de Stalingrad est un défi logistique pour les deux protagonistes :

Côté soviétique, car leur seul moyen d'approvisionnement est la traversée de la Volga par bateau (le dernier pont reliant la ville à la rive est a été dynamité au tout début de la bataille dès l'arrivée des allemands dans les faubourgs). Le fleuve étant très vite sous le feu de la VIe armée et sous la menace constante de la Luftwaffe, la flottille de la Volga du contre-amiral Rogatchev ne peut faire traverser le fleuve que de nuit et dans des conditions périlleuses, un nombre important de soldats sont ainsi tués lors de la traversé. De plus, les lignes de chemin de fer débouchant à Stalingrad sont coupées par les lignes allemandes, ce qui compartimente le front en 3 parties distinctes (au nord sur le Don, dans la ville et enfin au sud). Cela empêche tout transfert rapide de troupe d'un secteur à l’autre.

L'approvisionnement de la ville dépendra donc d'une ligne de train unique dont le terminus est sous la menace de l'aviation ennemie, ce qui oblige à débarquer les troupes loin du front à leur faire terminer le chemin à pied et de nuit, pour attendre cachées dans les forêts de la rive gauche de pouvoir traverser le fleuve à leur tour. Malgré la précarité de ce lien, l'approvisionnement de Tchouikov ne sera jamais stoppé jusqu'à l'apparition des glaces dérivantes sur la Volga début novembre, il recevra ainsi près de 100 000 hommes.

Côté allemand, c’est le ravitaillement du groupe A, dans le Caucase, qui est prioritaire, ce qui posera problème à Paulus notamment dans sa marche vers la ville, lors de la conquête de la boucle du Don, où ses troupes se trouvent à cours de carburant[101].

Lors de la bataille pour la ville, la ligne de chemin fer dont dépend son approvisionnement s’arrête à une centaine de kilomètres à l’ouest, à Tchir sur la rive ouest du Don. Son approvisionnement se fait donc au début par camions, puis, à partir de fin août, les pannes s’accumulant, par charrettes tirées par des chevaux ou même des bœufs.

La quantité de munitions consommée par les combats urbains ayant été gravement sous-estimée, les réserves des troupes allemandes sont faibles au point que leur artillerie tombera parfois à cours d’obus lors de la bataille.

Tout au long de la bataille, le commandement allemand fait le pari qu’une chute prochaine de la ville résoudra le problème, aussi l’envoi de munitions est-t-il toujours prioritaire, prenant le pas sur la nourriture (les soldats allemands souffrent de la faim avant même leur encerclement par les Russes), sur les équipements d’hiver mais aussi sur le pont de chemin de fer pour passer le Don à Tchir qui aurait permis de rétablir un approvisionnement par rail. Les partisans, le manque de charbon, les conditions météo[102] font que sur les dix-huit trains de ravitaillement quotidien jugés nécessaire pour la VIe Armée elle n'en recevra pas plus de 10 à 14 (la construction du pont nécessitant à elle seule un total de 70 trains).

Conditions de combat

Les conditions dans lesquelles les combattants des deux camps prirent part à la bataille étaient extrêmes, et ont donné une dimension jusqu'alors inconnue à la guerre urbaine.

La défaite « multinationale »

Colonne de prisonniers de l'Axe (Allemands, Italiens, Roumains et Hongrois - 1943).
Colonne de prisonniers de guerre allemands après la chute de Stalingrad, photo prise en février 1943.

Les postes de commandement soviétiques sur la rive occidentale sont dangereusement proches des combats. En au moins une occasion, la garde rapprochée de Vassili Tchouïkov, commandant de la 62e Armée, doit se battre face à une attaque des Allemands. Au plus fort de l'avancée allemande, les têtes de ponts soviétiques sur la rive occidentale ne sont profondes que de quelques centaines de mètres, obligeant les katiouchas à reculer jusqu'à la dernière extrémité de la berge pour tirer sur les premières lignes allemandes.

C'est à Stalingrad qu'on voit apparaître un nouveau type de combattant, le tireur embusqué (ou sniper), dont « Zikan », un tireur inconnu, qui tue 224 Allemands et Vassili Grigorievitch Zaïtsev, berger ouralien qui compte à son actif 149 tués[réf. nécessaire] lors de la bataille. Ce sont des tireurs d'élite qui visent discrètement leurs victimes à grande distance et les tuent ou les blessent assez gravement pour que leurs camarades tentent de les secourir et donc s'exposent. De tels combattants sont érigés en héros par la propagande soviétique. Ce climat de crainte permanente contribue à saper le moral des combattants de l’Axe.

Civils dans Stalingrad en ruines.

L'extrême dureté des combats incite la majorité des combattants russes à consommer d'importantes quantités de vodka. Chaque unité devant recevoir une ration par soldat, nombre de commandants d'unités dissimulent les pertes, les vivants pouvant ainsi se partager les rations des morts. « L'alcool à 90° des infirmeries était rarement utilisé à des fins licites. L'on buvait aussi de l'alcool industriel et même de l'antigel après passage dans le filtre de carbone d'un masque à gaz », avec des conséquences parfois mortelles[103].

Lorsque les usines ne sont plus en état de produire, plusieurs milliers de civils, essentiellement des enfants et des vieillards restent dans la ville, y compris au plus fort des combats. Outre la menace constante d'être tué par un obus ou une balle perdue, la famine fait des ravages parmi cette population bloquée sur place.

Bilan

Alors qu'une victoire rapide était attendue, la VI. Armee marque le pas à Stalingrad. Partagée entre de trop nombreuses missions (prise de Stalingrad, défense de ses flancs mais aussi préparation de la prise d’Astrakan) et constamment sous pression des assauts russes à l'extérieur de la ville, elle ne parvient pas à réunir les forces nécessaires pour exploiter ses succès. La bataille devient donc une bataille d'attrition, précisément ce qu'Hitler voulait éviter dans son conflit contre l'URSS.

Mais cette résistance inattendue de Stalingrad mi-septembre en a fait soudainement le point d'attention de la presse du monde entier: il n'a fallu que six semaines au Reich pour vaincre la France, mais il patauge à Stalingrad pendant neufs semaines sans réussir à emporter la décision. La propagande s'en empare dans les deux camps et l'importance symbolique de la ville ne cesse donc de croître au fur et à mesure que la bataille s'allonge. Champ de bataille secondaire couvrant l'invasion du Caucase, Stalingrad focalise progressivement toutes les ressources disponibles, devient l'objet de tous les sacrifices.

De mi-septembre à mi-novembre les Allemands perdent environ 12 000 tués et prisonniers et 40 000[104] blessés, dans les assauts urbains et la défense des abords de la ville. Les trois-quarts de ces pertes sont enregistrées durant le deuxième mois de combat, quand ils arrivent sur des positions mieux préparées (comme les grandes usines ou le faubourg de Spartakovka) et que l'artillerie soviétique gagne en puissance.

Si ces pertes sont relativement faibles à l'échelle de la VI. Armee, elles présentent la majeure partie de l'effectif combattant des 10 divisions envoyées dans la ville. Aussi, bien qu'elles aient conquis 90% de Stalingrad, elles se retrouvent trop faibles pour expulser leur adversaire des derniers points stratégiques (le dernier débarcadère, l'usine chimique Lazur) ou même de venir à bout de l’îlot Lioudnikov pourtant complétement isolé. Comme dans le Caucase un peu plus tôt, la Wehrmacht cale en novembre à Stalingrad.

Face à elle, les Russes reculent constamment et leurs pertes sont plus terribles encore : dans la ville la 62e armée perd plus de 100 000 hommes (tués, blessés, prisonniers) dont 18 000 prisonniers.
Depuis le 23 juillet le front de Stalingrad et le front du sud est ont perdu 305 000 tués et prisonniers, 277 000 blessés[104],[105] , 1 426 chars[106], 12 137 canons et mortiers[107] et 2 063 avions[108].

Cependant les Soviétiques ont mis à profit ces deux mois de combats dans la ville pour masser des troupes au nord et au sud. Ils visent l'encerclement des troupes allemandes dans la ville et sont dans une position idéale pour le réussir. Contre l'avis de ses généraux[109], Hitler a fait de la prise de la ville un objectif prioritaire[110]. De ce fait le gros des forces allemandes est concentré dans la ville et leurs flancs sont mal défendus. Bien que leur faiblesse soit connue depuis le mois d’août, la plupart des actions pour les renforcer ont été repoussées ou annulées pour ne pas amoindrir l'effort dans la ville, pire : des unités y ont été régulièrement prélevées pour pouvoir continuer l'assaut dans la ville. Ainsi les troupes allemandes le long du Don ont été remplacées par des troupes roumaines[111] ou italiennes, les têtes de pont soviétiques à l'ouest du Don n'ont pas été réduites, l'équipement promis aux alliés de l'Axe n'a pas été livré et les positions n'ont pas été aménagées pour l'hiver[112].

La contre-attaque soviétique du 19 novembre

Article détaillé : Opération Uranus.
Contre-attaque soviétique à Stalingrad.
Troupes soviétiques de l'opération Uranus pendant l'encerclement de la 6e armée allemande.

Préparation de l'opération Uranus

À la mi-septembre[113], la Stavka met en place un plan de contre-offensive stratégique en quatre parties : les opérations Mars et Uranus et leurs prolongements Jupiter et Saturne.

L'opération Uranus à pour but d'encercler à l’intérieur de Stalingrad les importantes forces allemandes mobilisées pour prendre la ville en passant à travers les larges flancs allemands particulièrement vulnérables puisqu'ils ne sont défendus que par les unités hongroises, italiennes et roumaines dont l'équipement est inférieur et le moral bas.

Elle nécessite la concentration de forces très importantes dans les steppes au nord et au sud de la ville et le maintien du gros des forces allemandes dans Stalingrad. Pour masquer ses intentions, l'Armée rouge applique une très stricte maskirovka : mouvements de nuit uniquement, faux trafic radio, ordres transmis uniquement à l'oral et le moins longtemps possible avant leur exécution etc. Elle arrive ainsi à leurrer[114] les services de renseignement et le haut commandement allemands qui ne croient pas que les Russes puissent mener deux offensives à grande échelle en même temps et qui prend très au sérieux les préparatifs d'une autre offensive, qui a été percée à jour alors qu'elle aussi était sous maskirovka, l'opération Mars. C'est une offensive de la même ampleur qu'Uranus, qui est dirigée contre le groupe d'armée centre, à l'ouest de Moscou.

Ainsi les préparatifs détectés sur le terrain sont-ils pris comme l'annonce d'une offensive locale, visant à soulager Stalingrad. Des mesures défensives sont prises, comme l'envoi du faible 48e Panzerkorps du général Heim[115] sur les arrières roumains, mais ce ne sont que des mesures locales, trop faibles et qui sont prises trop tard.

Pourtant la faiblesse du front du Don et le risque que cela fait peser non seulement sur Stalingrad mais sur tout le front sud[116], sont connus depuis le mois d’août (Hitler disant même « je dormirais mieux si le front du Don était tenu par des Allemands ») mais les Allemands pensent que le chute de la ville leur permettra de résoudre le problème en libérant les réserves nécessaires à défendre le front. Ils donnent donc la priorité à la prise de la ville au détriment de la défense de leurs flancs[117].

Forces en présence

Rapport de forces au déclenchement de l'opération Uranus[118].
- Drapeau : Allemagne Reich allemand
Drapeau roumain Royaume de Roumanie
Flag of the Soviet Union (1923-1955).svg Union soviétique
Hommes 430 000 1 134 000
Canons 2 700 13 500
Chars 757 900
Avions 817 1 115


Déroulement

L’offensive soviétique est lancée le 19 novembre 1942 : le flanc nord du dispositif allemand est attaqué depuis les têtes de pont que les Soviétiques avaient conservées à l'ouest du Don par le front du sud-ouest du général Vatoutine. Dépassée en nombre et mal équipée, la 3e Armée roumaine, qui tient le flanc nord de la 6e armée allemande, est brisée après une défense d'une journée.

Le lendemain, la 4e armée roumaine qui tient le flanc sud connaît le même sort face aux troupes du front de Stalingrad du général Ieremenko.

Simultanément, le front du Don du général Rokossovski presse les unités allemandes présentes dans Stalingrad pour empêcher leur sortie.

Le 23 novembre[119], les deux pinces de la tenaille se rejoignent à Kalatch, 80 km à l'ouest de Stalingrad, parachevant l'encerclement de la ville.

L'ampleur et la rapidité du succès soviétique sont pour les Allemands une surprise totale : c'est le première fois qu'ils réussissent une opération d'un telle envergure et qu'ils utilisent leurs unités motorisés pour exploiter leur percée en profondeur.

Soldats soviétiques et leurs prisonniers de guerre allemands, passant devant le silo à grain de Stalingrad (février 1943).

Leurs premières réactions sont d'autant moins adaptées que non seulement ils sous-estiment l'ampleur de la situation mais que, lorsqu'ils en prennent conscience, Hitler n'est pas joignable, il a pris du repos après les événements qui viennent de survenir à l'ouest : le débarquement américain en Afrique du nord et l'invasion de la zone libre. Jusqu’à son retour à son QG le 23 novembre, il n'est joignable que par téléphone et s'en tient d'autant plus facilement à son attitude de prédilection : le standbefehl, l'ordre de tenir sur place.

Isolement des forces allemandes et ordres suicidaires

Paulus (au premier plan) après sa capture.
Prisonnier de guerre allemand.
Ruines de Stalingrad / photo prise en 1943.

Le 21 novembre, renvoyé dans Stalingrad assiégé avec ordre de maintenir une position défensive, Paulus estime qu'il ne lui reste que six jours de vivres et de munitions. Cependant, quitter Stalingrad signifierait abandonner sur place tout le matériel lourd et près de 15 000 blessés pour entamer une retraite que le général Schmidt, chef d'état major de Paulus, qualifie de « napoléonienne ». Mais après l'hésitation initiale, il demande dès le lendemain, avec l'appui de ses cinq généraux des corps d'armée, une percée immédiate.

La réponse de Hitler n'arrive que le 24 dans la matinée : la VIe armée ne doit pas perdre ses positions sur la Volga, ce qui l'oblige de fait à rester enfermée dans la « forteresse Stalingrad[120] ».

Le ravitaillement des assiégés doit être assuré par la Luftwaffe, comme la poche de Demiansk l'hiver précédent. Paulus demanda 750 t/j de ravitaillement, Hermann Göring en promis 550 tonnes, les généraux de la Luftwaffe estimèrent que l'aviation était en mesure de larguer 350 tonnes par jour. Mais la réalité est tout autre : comme l'avaient prévu dès le 21 novembre Von Richthofen et Martin Fiebig, le ravitaillement aérien des 290 000 hommes enfermés dans la ville était impossible. De fait, le pont aérien ne réussira qu'à apporter en moyenne 94 t/j sur la totalité du siège, voire seulement 60 tonnes vers Noël 1942. Début janvier, la ration quotidienne de pain est réduite à 50 grammes et on compte les premiers décès dus à la faim[121]. L'action de la Luftwaffe, tant que les avions pourront se poser dans la poche, permettra d'évacuer environ 25 000 blessés.

Coupées de leurs arrières par la manœuvre d'encerclement opérée par les Soviétiques, les forces allemandes ne peuvent plus compter que sur elles-mêmes. Peu après, la perte des aérodromes de Tatzinskaïa et Morozovskaïa aggrave encore la situation. L'aviation allemande se voit en effet dans l'impossibilité d'organiser un pont aérien efficace et donc de fournir vivres, munitions et hommes. Ceci, ajouté à la pression exercée par l'Armée rouge, rend la situation intenable.

Les divisions blindées, commandées par Von Manstein, que le commandement de la Wehrmacht a envoyées pour briser l'encerclement de Paulus, sont arrêtées et repoussées par l'Armée rouge, d'autant que Paulus refuse de désobéir aux ordres du Führer et de tenter une sortie. Cet échec scelle le sort des troupes assiégées. Hitler octroie à Paulus le titre de maréchal, afin d'inciter ses hommes à le défendre jusqu'au bout, car jamais un récipiendaire de cette haute distinction n'a été capturé. Hitler justifie leur sacrifice par le fait que ces troupes permettent de fixer sept armées soviétiques, ce qui lui laisse le champ libre pour attaquer un autre secteur. Les soldats de la VIe armée doivent impérativement mourir au combat, d'autant que les conditions de captivité qui attendent les survivants sont atroces, car les Soviétiques vouent une haine profonde à l'occupant nazi[réf. nécessaire] qui s'est rendu coupable de massacres de populations lors de sa progression.

Le 8 janvier, Constantin Rokossovski offrit aux Allemands la possibilité de se rendre de façon honorable et promit des rations suffisantes, des soins aux blessés et un rapatriement en Allemagne après la guerre, en échange de quoi les Allemands céderaient tout leur équipement intact. Mais l'offre fut refusée. Les troupes de la RKKA (Rabotche-Krestianskaïa Krasnaïa Armïa - « l'Armée rouge des ouvriers et paysans ») procèdent alors au morcellement des unités adverses en coupant le secteur sud de Stalingrad du secteur nord.

La découverte par les Soviétiques de Paulus et de son état-major, cachés dans une cave, accélère la capitulation des forces allemandes qui a lieu le 31 janvier 1943 pour le secteur sud et le 2 février 1943 pour le secteur nord. Paulus en personne donne à ses troupes l'ordre de se rendre.

Conséquences

Maisons enflammées en février 1943 après le siège de Stalingrad par l'encerclement soviétique.
Un aspect de Stalingrad après la bataille.
Le centre-ville de Stalingrad après sa libération, photo prise le 2 février 1943.
Équipement militaire allemand mis hors de combat à Stalingrad.

Bien que le général Paulus ait tenu un temps les neuf dixièmes de la ville, les forces de l'Axe furent impuissantes face à l'extraordinaire force morale des Soviétiques et à leur tactique d'encerclement.

Pertes

La bataille de Stalingrad est la plus sanglante et la plus coûteuse en vies humaines de toute l'histoire militaire. La Wehrmacht perd 380 000 hommes, tués, blessés et prisonniers. Les Soviétiques ont 487 000 tués et 629 000 blessés.[réf. nécessaire]

Dans la ville même et ses environs, les Soviétiques relèveront 150 000 cadavres allemands[60]. En tout l'Allemagne a perdu plus d'1,5 million d'hommes (prisonniers, blessés, tués, disparus)[60]. Les Soviétiques s'emparent aussi de 60 000 véhicules, 1 500 blindés et 6 000 canons.

Prisonniers

Le 2 février 1943, plus de 91 000[122] Allemands survivants se rendent, dont 2 500 officiers, 24 généraux et un maréchal[60].

L'armée soviétique n'avait rien prévu de spécifique pour accueillir ces prisonniers et « près de la moitié [des prisonniers] étaient morts au printemps 1943[123] », victimes d'un mélange de causes « impossibles à déterminer[123] » entre « état [...] pitoyable [des soldats lors de leur capture], mauvais traitements systématiques [...] et défaillances logistiques[123] ». Ce dernier point, principalement l'absence de nourriture, a joué un rôle important dans les décès initiaux des premières semaines, « les autorités soviétiques ne fourni[ssant] pas la moindre ration aux prisonniers[123] ». Pendant cette première période, le gros des morts survint dans les hôpitaux de campagne ou dans ce que Antony Beevor qualifie de « marches de la mort[123] » vers les camps. « Des soldats allemands aussi bien que des soldats roumains eurent recours au cannibalisme pour rester en vie[123] ».

L'arrivée du printemps 1943 ralentit le rythme des morts mais sans le stopper. Pendant toute leur captivité, qui pour certains dura jusqu'en 1954, « plus de 95 % des hommes de troupe et des sous-officiers périrent, ainsi que 55 % des officiers subalternes, alors que le taux de mortalité ne fut que de 5 % chez les officiers supérieurs. [...] Le traitement privilégié dont bénéficièrent les généraux est révélateur du sens féroce de la hiérarchie existant en Union soviétique[123] ».

De plus, pour le commandement soviétique, tous les soldats russes qui s'étaient rendus à l'adversaire et qui ont ensuite été retrouvés étaient considérés comme déserteurs et finissaient fusillés ou déportés.

Conséquences stratégiques

Stratégiquement, l'encerclement de Stalingrad eut aussi pour effet une grave menace pesant sur les communications des troupes allemandes engagées dans le Caucase, ce qui entraîna leur retraite et leur rétablissement sur les lignes d'avant l'offensive du printemps 1942. L'Allemagne perdit donc le bénéfice de sa campagne de 1942. Pourtant, parler (comme on le lit fréquemment) du « tournant de la guerre » à propos de la bataille de Stalingrad est peut-être excessif[réf. nécessaire] lorsque l'on constate le rétablissement de la Wehrmacht au printemps 1943 (reprise de Kharkov), rétablissement qui lui permettra de monter une dernière offensive (contre le saillant de Koursk - opération Zitadelle).

Changements militaires et diplomatiques pour l'Axe

D'un point de vue politique, Stalingrad ébranle l'Axe en profondeur. Les Allemands perçoivent la double défaite des opérations Uranus et Saturne comme une défaillance des alliés du Reich, alors que le rétablissement suite à la troisième bataille de Kharkov est la preuve de la vigueur persistante de l'armée allemande. À l'inverse, les pertes énormes[124] subies par les alliés doublées du mépris voire de l'hositilité[125] dont font preuve les allemands à leur égard, fait apparaître l'Axe comme un système imposé au seul bénéfice de l'Allemagne nazie. On assiste dès lors à un désengagement progressif de ses alliés, qui se traduit dans un premier temps par une participation militaire de plus en plus restreinte. Ce point rendra d'autant plus criantes les carences en personnel de la Wehrmacht, dont les objectifs seront de plus en plus limités, à commencer par ceux de l'offensive d'été 1943.

Nombre de divisions de l'Axe sur le front de l'est
- 1942 1943[126]
Drapeau de l'Italie Italie 10 0
Drapeau de la Hongrie Hongrie 17 3[127]
Drapeau : Roumanie Roumanie 27 8[128]

Moins visible mais plus marquant encore : c'est à partir de cette date que les gouvernements roumain, finlandais[129] et hongrois ainsi que des cercles dirigeants italiens[130] prennent contact avec les gouvernements alliés[131] pour préparer leur sortie de la guerre et minimiser les conséquences de la défaite qu'ils pressentent tous désormais.

Impact psychologique

D'un point de vue psychologique, Stalingrad met fin au mythe de l'invincibilité allemande. C'est la première fois que l'Armée rouge est capable de mener une offensive victorieuse à une si grande échelle, sur une telle durée et avec un résultat aussi marquant que la destruction des 22 divisions encerclées dans Stalingrad. Cela a un retentissement majeur sur le moral des Soviétiques.
À l'inverse, le moral allemand est gravement atteint, chez les militaires qui prennent conscience que la victoire n'est plus possible à l'est et chez les civils qui pour la première fois voient s'écorner le mythe de l'infaillibilité du Führer et de son génie militaire. La défaite de Stalingrad poussera les résistants allemands au nazisme à des actes spectaculaires à partir du printemps 1943 comme le lâcher public de tracts de La Rose blanche ou la préparation des premiers attentats contre Hitler par le cercle militaire regroupé autour de Henning von Tresckow.

Notes et références

  1. http://users.erols.com/mwhite28/battles.htm#Stalingrad
  2. Jean Lopez, p. 35 : au 20 mars 1942 les pertes allemandes s'élèvent à 225 559 tués, 50 991 disparus et 796 516 blessés, dont plus de la moitié ne pourront pas reprendre le combat ; cela représente 35 % de l'effectif de Barbarossa mais 50 % des officiers qui comptent 32 485 pertes
  3. Jean Lopez, p. 35 1 551 chars et canons d'assaut disponibles en mars 1942 contre 3 648 au début de Barbarossa
  4. En mars 1942, 102 divisions allemandes (62 % du total) ne sont jugées aptes qu’à la défensive, 47 n’ont qu’une capacité offensive limitée et 8 seulement sont aptes à tout emploi alors qu’en 1941, 134 divisions (65 % du total) était jugées aptes à tout emploi cf. Jean Lopez p. 36
  5. 2GM magazine, n°10, p.15 : La Wehrmacht emploie 1 970 chars pour Fall Blau contre 2 439 lors de la campagne de France
  6. cf. Jean Lopez, p.37 : Hitler envoie une lettre à ses alliés en janvier 1942, leurs contributions en 1942 sera de 54 divisions (10 italiennes, 27 roumaines et 17 hongroises)
  7. 2GM, n°10, page 16 : en 1942 les alliés du Reich fournissent 13 divisions de plus qu'au début de Barbarossa.
  8. Jean Lopez p. 51 donne un territoire européen occupé à 40 % mais p. 123 il le donne occupé à 50 %.
  9. Jean Lopez p. 124
  10. Jean Lopez pp. 128-129
  11. das Deutsche Reich und der Zweite Weltkrieg vol 6 p. 806 : après-guerre, les Soviétiques révèleront avoir produit en 1942 21 681 avions et 23 446 chars.
  12. Jean Lopez p. 123
  13. Grossdeutchland ainsi que les unités SS Leibstandarte et Das Reich
  14. Jean Lopez pp. 92 & 471 pour les Russes, les pertes cumulées des trois batailles de Kertch, Sébastopol et Kharkov s'élèvent à 150 000 tués, 500 000 prisonniers, 900 chars, 1 000 avions et 6 600 canons.
  15. notamment Von Bock et Halder qui seront limogés en juillet et en septembre
  16. Raymond Cartier p. 47 : le 9 septembre 1942 List est destitué du commandement du groupe A et remplacé par Hitler lui même, Jodl qui l'a soutenu est disgracié pour de longs mois et Halder est limogé le 24 septembre 1942
  17. Jean Lopez p. 148
  18. 65 % de la production soviétique de pétrole passe par la Volga
  19. Jean Lopez p. 122 l'axe de la Volga est d'autant plus important en 1942, que suite à l'échec du convoi PQ17 entre le 27 juin 1942 et le 24 juillet 1942, les convois vers Arkhangelsk et Mourmansk ont été suspendus et l'aide détournée vers le golfe Persique. Les Soviétiques ne recevront à nouveau de l'aide par route arctique que fin septembre
  20. Jean Lopez p. 181 la rupture des lignes passant par Stalingrad obligera à faire un détour de 600 km, pour passer par la ligne Saratov-Astrakhan et, de là, gagner Grozny et Bakou par une ligne inconnue des Allemands mais qui supporte un trafique moins important
  21. Jean Lopez p. 181
  22. Jean Lopez pp 131 à 136
  23. Le commandement du front de Stalingrad est initialement confié à Timoshenko le 12 juillet 1942 par la directive 170 495 de la Stavka, mais il est remplacé par Gordov dès le 21 juillet 1942
  24. Jean Lopez p. 152 : la VIe Armée n’est pas approvisionnée en carburant du 9 juillet 1942 au 18 juillet 1942
  25. 2GM n°10 p. 22 la VI armee reste bloquée au total dix-huit jours dans son approche vers Stalingrad par manque de carburant
  26. a et b Jean Lopez p. 153
  27. le XL Panzerkorps est affecté au groupe A le 9 juillet 1942
  28. 2GM n°10 p. 23Le XXIV Panzer Korps est prêté par la IV Panzerarmee à la VI Armee le 23 juillet 1942
  29. Mémoires de Joukov vol 2 p. 122
  30. la VIe Armée réussit un premier encerclement de la 62e Armée le 22-25 juillet, puis de la 62e Armée et de la 1re armée blindée les 7-8 août à Kalatch et enfin de la 4e armée blindée lors de la réduction de la tête de pont de Kremskaia le 15 août
  31. Jean Lopez p. 166 26 grandes unités sont débloquées entre le 26 juillet 1942 et le 22 août 1942
  32. To the gates of Stalingrad p. 315
  33. To the gates of Stalingrad pp. 383-393 les gains de la 21e et de la 63e Armée soviétiques à Serafimovitch s'obtiennent aussi aux dépens de la 79. ID allemande.
  34. 2GM magazine n°10 p. 23 la IV Panzerarmee, qui devait initialement épauler la VIe Armee dans sa progression vers Stalingrad, est enlevée au groupe B le 13 juillet 1942 pour être réorientée vers Rostov.
  35. Jean Lopez p. 145 la IV Panzerarmee est ré-attribuée au groupe B le 31 juillet 1942 après la coupure par le groupe A de la ligne de chemin de fer qui relie Stalingrad au Caucase
  36. Jean Lopez pp. 161-162, à cette date le XLVIII Panzerkorps est même placé sur la défensive
  37. Jean Lopez pp. 165-166
  38. Jean Lopez p. 167.
  39. On déduit des chiffres donnés par Jean Lopez p. 234 & p. 264 que la VI. Armee a perdu 26 000 hommes (tués, blessés, prisonniers) entre le 21 août (date du passage du Don) et le 12 septembre (date des premiers assauts sur la ville), en comparaison elle en perdra deux fois moins lors du premier mois de combats urbains
  40. Armagedon in Stalingrad p.  L'ordre de Hube est annulé suite à l'arrivée d'une colonne de ravitaillement.
  41. Jean Lopez p. 170
  42. David Galntz,Armageddon in Stalingrad p. 154, donne comme motivations au renvoie de von Wietersheim, en plus de son ordre de repli, sa proposition de passer en défense dans la région de Stalingrad et ses objections à l'emploi des blindés en milieux urbains.
  43. Jean Lopez pp. 173-174 : 1e Armée de la garde, ↑ Les contre-attaques massives des soviétique sur le flanc nord des troupes de Paulus ont tout de même permis de repousser les Allemands hors des faubourgs nord de Stalingrad ([ http://fr.getamap.net/recherchez_cartes_1_spartankova.html Spartakovka] et Rynok) et empêché toute attaque sur le nord de la ville (l'usine de tracteurs) durant les premières semaines, ce qui aura des conséquences sur la suite de la bataille.
  44. Jean Lopez p. 173
  45. Jean Lopez pp. 171-172
  46. Jean Lopez p. 160 : depuis le 6 aout 1942 Eremenko, avec pour adjoint Gordov, coordonne les fronts de Stalingrad et du Sud-est, ce dernier ayant été créé le 3 aout 1942 pour défendre le sud de la ville.
  47. Raymond Cartier p. 46 donne le 2 septembre 1942 comme date de jonction entre les armées allemandes qui marque le début du siège, c’est la date la plus couramment admise.
  48. Jean Lopez p. 175 donne la date de jonction entre la IVe Pz et VIe Armée le 3 septembre 1942 à Gontchara, d'autre sources donne comme lieu de jonction Pitomnik [1].
  49. Jean Lopez : les Allemands ne font que 10 000 prisonniers.
  50. Raymond Cartier p. 46.
  51. Jean Lopez p. 172.
  52. 1 600 pour Beevor, 2 000 pour Tchouikov et Riabov.
  53. Jean Lopez p. 168 citant Eremenko Stalingrad ed.Plon 1963 p. 154
  54. Jean Lopez pp. 167-168
  55. Antony Beevor, Stalingrad, p. 152.
  56. Jean Lopez pp. 167-168 les raids contre la population civile durent jusqu'au 25 aout
  57. Jean Lopez pp. 167-168 les raids dans le quatier des usines se poursuivent jusqu'au 6 septembre
  58. Antony Beevor, Stalingrad, p. 154.
  59. a, b, c, d et e Tchouikov p. 319
  60. Jean Lopez p. 204
  61. To the gates of Stalingrad p. 482 Ces pertes en hommes et en chars ont été comptabilisées de mi-juillet au 3 septembre.
  62. To the gates of Stalingrad p. 316
  63. Jean Lopez p. 
  64. David Glantz To the gates of Stalingrad
  65. Jean Lopez p. 209 ce mémo sera retransmis par Weichs à Hitler lors d'une réunion le 12 septembre 1942
  66. Jean Lopez p. 289
  67. Jean Lopez pp. 300-301 Pour la conception de l'opération Uranus, la réunion du 12 septembre 1942 donnée par Joukov dans ses mémoires semble apocryphe, mais les représentants de la Stavka inspectent les têtes de ponts aux alentours du 15 septembre 1942 et des offensives de préparation sont lancées dès le 25 septembre 1942
  68. le bataillon slovaque combat au sein de la 100e division de chasseurs
  69. Jean Lopez, p. 210 les 3 divisions de la IV Panzerarmee (24e panzer, 29e motorisée et 94e d'infanterie) qui attaquent Stalingrad passeront sous le commandement de Paulus, qui regroupe sous son commandement toutes les troupes qui opèrent dans la ville à partir de mi-septembre.
  70. David Glantz Armageddon in Stalingrad
  71. Jean Lopez, p. 197
  72. Jean Lopez p. 197 la 62e Armée, après défaites de l'été et la retraite précipitée dans Stalingrad, compte des brigades de chars... sans char et des divisions comme la 35e division de la garde, qui, le 12 septembre 1942, n'a plus que 250 combattants.
  73. Jean Lopez pp. 207-208
  74. David Glantz, Armageddon in Stalingrad p. 101, estime que les sources russes, qui donnent jusqu'à 400 chars et canons d'assaut allemands lors des premières attaques sur la ville, sont largement surestimées et donne une estimation à 100 chars réellement disponibles.
  75. Armageddon in Stalingrad p. 31
  76. Jean Lopez pp. 248-249 à courte distances les Panzers redeviennent vulnérables à des armes comme les fusils antichars PTRD-41 et PTRS-41 voire de simples cocktails Molotov
  77. Jean Lopez p. 244
  78. Antony Beevor, Stalingrad, p. 208.
  79. Raymond Cartier p. 47
  80. Jean Lopez p. 216 citant Tchouikov p. 89
  81. Jean Lopez p. 175
  82. Jean Lopez p. 122
  83. David Glantz Armageddon in Stalingrad p. 512 les combats sur le Kougan Mamaiev reprendront au alentours du 28 octobre 1942 lors de l'assaut allemand sur l'usine métallurgique Octobre rouge, car les lignes allemandes étant passées au delà de la colline au nord est, les pentes du Kourgan encore aux mains des Russes servent d'observatoire d'artillerie.
  84. to the gates of Stalingrad p. 336 le faubourg de Spartakovka a été renommé Spartanovka après guerre, d'où l'usage des deux noms.
  85. David Glantz Armageddon in Stalingrad p. 479
  86. L'assaut sur l'usine sidérurgique Octobre Rouge est principalement mené par la ↑ David Glantz Armageddon in Stalingrad p. 489 : L'OKW annonce à tort la prise de l'usine Octobre Rouge "à l'exception d'un bâtiment" le 24 octobre 1942 mais non seulement une contre-offensive russe, en fin d'après-midi, a repris la plupart des bâtiments perdus en début de journée mais le dernier bâtiment, la salle des hauts fourneaux (appelé "hall n°4" par les Allemands et "l'atelier du four Martin" par les Russes), résistera jusqu'à la fin de l'offensive allemande le 19 Novembre 1942.
  87. David Glantz Armageddon in Stalingrad p. 614
  88. Jean Lopez pp. 240 & 267 Les pionniers d'assaut perdent 25% de leur effectif lors du premier jour de combat, les pertes montent à 30% après deux jours et 55% après quatre jours.
  89. Jean Lopez, p. 273 donne des exemples de la vitesse d'attrition des forces soviétiques : la 13e division de la garde perd 30 % de son effectif en 24 heures, 80 % en une semaine et il ne reste que 320 survivants sur 12 000 hommes à la fin de la bataille
  90. Jean Lopez p. 261 calculs effectués à partir des informations données par David Glantz, Colossus Reborn p. 208
  91. à partir du 8 novembre 1942, les glaces dérivantes, apparues au début du mois, empêchent totalement la traversée de la Volga
  92. Jean Lopez p. 162
  93. Jean Lopez p. 241
  94. Les soviétiques révéleront après la guerre la perte de 2 000 avions lors de la phase défensive de la bataille de Stalingrad
  95. Jean Lopez p. 273 Les pertes de la VIe Armée lors de son attaque sur la ville de Stalingrad sont de 12 000 tués et 40 000 blessés contre 100 000 à 120 000 pour les défenseurs
  96. David Glantz, Armageddon in Stalingrad, pp. 613 & 475-476, compte plus de 11 000 Hiwis servant en novembre dans les huit divisions qui opèrent dans Stalingrad.
  97. Armageddon in Stalingrad p. 612
  98. Jean Lopez p. 228 le 6 octobre 2 divisions russes sont envoyées pour mettre en défense la rive gauche de la Volga et les iles.
  99. 2GM n°10 p. 22: la sixieme armée reste bloquée 18 jours sans essence avant d'arriver à Stalingrad
  100. Raymond Cartier p. 45 parle de 700 attaques de partisans en un mois, de ballasts posés à même le sol et de voie ferrée qu'une simple pluie suffit à rendre impraticable
  101. Antony Beevor, Stalingrad, 1999, Le livre de poche, Page 218.
  102. a et b Jean Lopez p. 273
  103. Armagedon in Stalingrad p. 715 David Glantz donne des chiffres sensiblement similaires à ceux de Jean Lopez : en ajoutant les pertes du front du Don il donne 323 000 tués, prisonniers ou disparus et 320 000 blessés entre le 25 juillet et le 18 novembre en se basant sur les chiffres de Krivosheev dans Grif sekretnosti sniat pp. 177-178
  104. Armagedon in Stalingrad p. 716, les chiffres données par Jean Lopez 6 777 chars semblent inclure les pertes du front de Briansk et du front du sud ouest lors de Blau I & II que David Glantz chiffre à 2 436 chars
  105. Armagedon in Stalingrad p. 716
  106. Jean Lopez p. 263
  107. Jean Lopez pp. 288-289 le 2 octobre 1942 Zeitzler et Jodl propose d'ôter la priorité à la prise de Stalingrad pour utiliser les forces ailleurs
  108. Jean Lopez pp. 288-289 le 6 octobre 1942 Hitler fait savoir à Von Weichs que la prise de Stalingrad est l'objectif principale du groupe d'armées B
  109. David Glantz, Armageddon in Stalingrad, p. 101, le 5e corps roumain relève devant le tête de pont de Kletskaia les 100e division de chasseur et 113e division d'infanterie qui sont envoyées dans la région de Stalingrad.
  110. Jean Lopez pp. 288-289 & 310 La priorité donnée à la prise de Stalingrad le 6 octobre annule ou ajourne les opérations Fischreiher (qui devait se poursuivre par la prise des berges de la Volga jusqu'à Astrakhan) Herbstaub & Herbzeitlose qui devaient avancer les lignes allemandes pour les établir sur des positions plus favorables pour l'hiver respectivement au sud et au nord de Stalingrad
  111. Raymond Cartier p. 48 citant l'histoire de la Seconde Guerre mondiale du général Platonov : les plans d'Uranus sont mis en place dès septembre 1942
  112. Le front du Don n'est détecté que début novembre et la 5e armée de tanks, son fer de lance, est considérée comme une armée d'infanterie et n'est détectée que quelques jours avant l'offensive
  113. Le 48e Pz-Korps est majoritairement constitué de chars tchèques obsolètes et près de la moitié de ses chars tombent en panne lors du déplacement vers les arrières roumains sur les routes verglacées et, selon certaines sources, à cause des souris, cf Raymond Cartier, La seconde Guerre Mondiale
  114. La prise de Rostov, qui est l'objectif de l'opération Saturne, couperait la seule ligne d'approvisionnement des centaines de milliers d'hommes stationnés dans le Caucase
  115. En novembre les Roumains n'ont reçu qu'une fraction des mines antichars qu'ils réclament depuis des mois
  116. Jean Lopez pp. 314-315 les effectifs donnés pour l'Axe incluent le 48e Panzerkorps, il est à noter que les effectifs pris en compte pour les armées roumaines sont surestimés puisqu'ils datent du début de l'été
  117. Les Soviétiques dirent qu'ils prirent le pont de Kalatch le 23 ; les Allemands disent qu'ils l'ont perdu le 22 ; la Luftwaffe indique que dès le matin du 21 novembre le pont était pris par les Soviétiques. cf Görlitz p. 245.
  118. La Seconde Guerre mondiale de Raymond Cartier, Larousse, tome 2, pp. 45-69.
  119. Ibid.
  120. Le chiffre de 91 000 prisonniers capturés est avancé par les autorités soviétiques après la reconquête de Stalingrad mais les études récentes considèrent qu'il est sous estimé et estiment que les Russes ont fait près de 110 000 prisonniers
  121. a, b, c, d, e, f et g Antony Beevor, Stalingrad, 1999, Le livre de poche, pages 543 à 557.
  122. Jean Lopez p. 445 Sur l’ensemble de l'offensive russe de l'hiver 1942-1943 les pertes totales (tués, prisonniers et blessés) des alliés du Reich sont les suivantes : Roumains 109 000, Italiens 130 000 et Hongrois 117 000, ce qui représente approximativement la moitié de leurs corps expéditionnaires
  123. Jean Lopez : blessés de l'Axe non soignés par les Allemands, véhicules alliés vidés sous la menace des soldats allemands de leurs occupants et/ou de leur carburant etc.
  124. Jean Lopez p. 442
  125. En 1943 Les divisions hongroises ont pour consigne de se limiter aux actions anti-partisans
  126. À partir de 1943 les divisions roumaines sur le front russe sont à demi-puissance
  127. La décision de la Finlande de limiter sa participation à la guerre est aussi fortement motivée par la fin du blocus de Leningrad fin janvier 1943
  128. Jean Lopez p. 443 les contacts italiens se font à l'insu de Mussolini à l'initiative de Marie-Josée princesse de Piémont-Sardaigne et du ministre des affaires étrangères Ciano
  129. Jean Lopez p. 443

Voir aussi

Bibliographie

Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article : Ouvrage utilisé comme source pour la rédaction de cet article

  • Karl Bartz, Quand le ciel était en feu (Als der Himmel brannte), Corrêa, 1955
  • Antony Beevor, Stalingrad, Editions de Fallois, 1999 et Livre de Poche, 2002. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Loïc Bonal,Stalingrad: L'ultime assaut, in 2ème Guerre Mondiale Thématique n°12, 2007
  • Yves Buffetaut, La bataille de Stalingrad (1): de Moscou à Stalingrad, magazine Armes Militaria HS no.18, 1995.
  • Pierre-Alexandre Côte, "Stalingrad, Hitler joue et perd", in Ligne de Front n°32, 2011
  • (en) William Craig, Enemy at the Gates: the Battle for Stalingrad. New York, Penguin Books, 1973 (ISBN 0142000000)
  • François de Lannoy, La Bataille de Stalingrad, Éditions Heimdal, 1996 (ISBN 2840480921)
  • Maréchal Eremenko, Stalingrad, notes du commandant en chef, ed. Plon, 1963.
  • (en) David Glantz, Colossus Reborn: The Red Army at War, 1941-1943, ed. University of Kansas Press, 2005, (ISBN 978-0700613533)
  • (en) David Glantz, To the gates of Stalingrad: soviet-german combat operations april-august 1942, ed. University of Kansas Press, 2009, (ISBN 978-070061630-5) Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • (en) David Glantz, Armageddon in Stalingrad: septembre november 1942, ed. University of Kansas Press, 2009, (ISBN 978-070061664-0) Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Vassili Grossman, Vie et destin, L'Âge d'homme. roman (ISBN 2-260-00334-6)
  • Vassili Grossman, Pour une juste cause, L'Âge d'homme (avant Vie et destin)
  • Vassili Grossman, Carnets de guerre - De Moscou à Berlin, Calmann-Lévy, février 2008
  • Viktor Kulikov, Stalingrad: Les combats aériens de la reconquête (2e partie), revue Batailles Aériennes no.21, 2002.
  • Nadéije Laneyrie-Dagen, Les grandes batailles de l'Histoire, Paris, Larousse, 2005, p. 244-245.
  • Jean Lopez, Stalingrad : la bataille au bord du gouffre, éditions Economica, coll. « Campagnes & stratégies », 1er octobre 2008, 1re éd., broché, 460 p. (ISBN 978-2717856385)  Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Maréchal Paulus, Stalingrad, annoté et présenté par Walter Görlitz, Fayard, 1961.
  • Heinz Schröter (correspondant de guerre de la VIe Armée allemande à Stalingrad) : Les Sacrifiés, Pierre De-Méyère, 1962
  • Vassili Tchouikov, La bataille du siècle, 1962, Paris.
  • Vassili Tchouikov et Riabov, La Grande Guerre Nationale 1941-1944, éd. du Progrès, 1987.
  • Joachim Wieder, Stalingrad ou La responsabilité du soldat, Albin Michel, 1983.
  • Raymond Cartier, La seconde Guerre Mondiale tome 2 1942-1945,éd. Larousse - Paris Match, 1966 Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Philippe Richardot, Le Reich part à l'assaut du Caucase, magazine 2GM n°10, 2006 Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Philippe Richardot, La chute de Stalingrad, magazine 2GM n°13, 2007
  • (de) Horst Boog, Werner Rahn, Reinhard Stumpf, Bernd Wegner, Das Deutsche Reich und der Zweite Weltkrieg, 10 vol., tome 6 : Der globale Krieg: Die Ausweitung zum Weltkrieg und der Wechsel der Initiative 1941 - 1943, éd. Deutsche Verlags-Anstalt, 1990, (ISBN 978-3421062338)
  • (en) Jason Mark, Island of Fire: The Battle for the Barrikady Gun Factory in Stalingrad, ed. Leaping Horseman Books, 2006, (ISBN 978-0975107638)

Filmographie

Films

Cette bataille a fait l'objet de plusieurs films, dont :

Documentaires

  • The Battle of Russia de Frank Capra, 1943 documentaire américain en anglais, n°5 de la série Why we fight, disponible ici ;
  • Stalingrad de Leonid Varlamov, 1943 (documentaire) ;
  • Stalingrad, de Jorg Muellner et Sebastian Dehnhardt, 165 minutes en 3 parties (L'assaut, Le chaudron, La débâcle), 2003.

Articles connexes

Liens externes

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