- Gueorgui Joukov
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Gueorgui Konstantinovitch Joukov Le jeune Joukov en 1916Naissance 1er décembre 1896 (19 novembre 1896 CJ)
StrelkovkaDécès 18 juin 1974 (à 77 ans)
MoscouOrigine Soviétique, Russe Allégeance Empire russe (1915)
Union soviétique (1917)Grade Maréchal Années de service 1915 - 1957 Conflits Première Guerre mondiale
Guerre civile russe
Seconde Guerre mondialeCommandement Armée rouge Faits d'armes Bataille de Halhin Gol
Guerre d'Hiver
Siège de Leningrad
Bataille de Moscou
Bataille de Stalingrad
Bataille de Koursk
Opération Bagration
Bataille de BerlinDistinctions Héros de l'Union soviétique
Ordre de la Victoire
Ordre militaire de Virtuti Militari
Ordre du Drapeau rouge
Ordre du Bain
Legion of Merit
Ordre de Saint-Georgesmodifier Gueorgui Konstantinovitch Joukov (en russe : Георгий Константинович Жуков) (1er décembre 1896 19 novembre 1896 CJ - 18 juin 1974) est un militaire et un homme politique russe, puis soviétique.
Sommaire
Famille et jeunesse (1896-1914)
Famille
Il est né dans une famille de pauvres paysans à Strelkovka, province de Kalouga, région du sud-ouest de Moscou. La plupart des habitants du village était misérables, sauf quelques rares « koulaks », paysans riches. Son père était un orphelin (né en 1841) recueilli par une vieille dame, Anouchka Joukov, qui habitait une vieille masure d'une seule pièce : « C'était une maison bien vieille et un de ses coins était profondément enfoncé en terre. Le temps avait fait pousser sur ses murs et son toit de la mousse et de l'herbe. La maison ne comportait qu'une seule pièce dotée de deux fenêtres » [1]. La vieille dame l'appela Constantin. Quand elle mourut (1849), il commença à travailler dans un atelier de cordonnerie (à Ougodskii Zavod) à l'âge de 8 ans. 3 ans plus tard, il partit à pied pour Moscou travailler chez un bottier. Il fit un premier mariage, mais sa femme mourut... En 1891, à 50 ans, il se remaria avec Oustinia Artemievna du village voisin de Tchernaïa Griaz, qui était très pauvre elle aussi. Elle était plus jeune de 15 ans que lui, mais elle était aussi veuve. Avec elle il eut d'abord une fille, Macha, en 1894. Puis deux ans plus tard naquit le petit Gueorgui (1896). Il hérita de la robuste constitution physique de sa mère qui était capable de porter largement plus de 80 kilos sur ses épaules et qui elle-même tenait cela de son père qui était capable de soulever un cheval à lui tout seul. Cette grande force physique lui permit de travailler en tant que porteuse de marchandises ; un métier qui lui aussi ne rapportait pour ainsi dire rien… Comme tout le monde elle participait également à la vie des champs : du printemps à l'automne. En 1901, Gueorgui eut un petit frère appelé Alexei. Malheureusement, le bébé était très maigre et avant la fin du sevrage la maman dut reprendre le travail. Durant l'été 1901, le toit de la maison familiale s'écroula ; si bien que la famille fut obligée de vendre leur seuls vache (qui donnait du lait) et cheval (qui servait à la maman pour le transport de marchandises) pour acheter une nouvelle charpente et construire une nouvelle maison. Cette maison était faite dans la précipitation, faite de bric et de broc, et bien que « neuve » elle était le reflet de la misère familiale : « De l'extérieur cette maison était moins belle que les autres, le perron était fait de planches clouées ensemble, les fenêtres, de morceaux de vitres cassées »[2]. La famille ne pouvait faire face à toutes ces dépenses, et le pauvre bébé finit par mourir à l'automne… En 1902, Gueorgui chasse et pêche avec les enfants du village dont son meilleur ami Lechka Kolotyrny ; il travaille aussi aux champs comme les garçons de son âge au temps des fenaisons et des moissons.
Jeunesse
En 1903, Iegor, comme le surnomme son père, entre dans l'âge de raison : il doit commencer à travailler aux fenaisons et aux moissons ; maladroit, il se coupe à l'annulaire gauche (une cicatrice qu'il garde à vie).
En 1904 il entre à l'école, et rejoint les chœurs. Gueorgui y brille contrairement à sa sœur qui poursuit malgré tout ses études grâce à l'intervention de Gueorgui auprès de ses parents. Les années suivantes sont marquées par un durcissement des conditions de vie : la misère s'accroît partout en Russie. L'aide financière du père s'amenuise : il ne parvient plus qu'à envoyer un rouble par mois à la maison (au lieu des 2 ou 3 habituels), et à la malchance de subir une crise d'appendicite. Les réprimandes sévères de ses parents poussent Gueorgui à fuguer, pour quelques jours.
En 1905, les grèves se multiplient en Russie et à Moscou en particulier. Le père retourne y travailler. Des émeutes éclatent (c'est le Dimanche Rouge), la campagne russe se met alors elle aussi à bouger. Période trouble et angoissante durant laquelle le père ne donne plus de nouvelles. En 1906, le père rentre enfin au village : il a été licencié et la police lui a interdit de sortir du village (il y restera jusqu'à sa mort en 1921). Gueorgui a alors 11 ans et finit son parcours à l'école paroissiale.
En 1907, Gueorgui voulait devenir imprimeur, mais son oncle maternel a réussi en tant que fourreur ; aussi sa mère décide de l'y envoyer pour apprendre le métier. Il y reste 4 ans et demi sans revoir son village et sa famille. Son métier est dur et il est souvent battu par ses patrons. Mais Guerogui se fait remarquer par ses qualités intellectuelles et son honnêteté, et se lie d'amitié avec le fils du patron qui lui donne des livres à lire (Sherlock Holmes etc). À partir de 1910 il fait des livraisons dans Moscou et participe aux foires de Nijni-Novgorod et Ourioupino.
Au printemps 1911 il rentre chez sa famille pour dix jours. À la fin de l'année 1911, il termine son apprentissage et devient maître-fourreur. De 1911 à 1914, il vit comme maître-fourreur avec un salaire agréable de 10 roubles par mois. Pendant cette période il suit l'agitation du pays de près grâce aux journaux.
Première Guerre mondiale (1914-1918)
En 1914, Guerogui a emménagé chez une veuve pour y loger. Il tombe amoureux de la fille (Maria Malychev) et projette de se marier. À la déclaration de guerre (6 août), il est frappé par le sac des magasins de Moscou. Il est toujours ami avec le fils du patron (Aleksandr). Ce dernier s'engage dans l'armée et revient blessé plusieurs mois après. Mais Gueorgui, sage, ne s'est pas engagé. En juillet 1915, il n'a plus le choix ; il est mobilisé. Le 7 août, il est affecté au 5e régiment de réserve de cavalerie au sein du 189e bataillon de réserve d'infanterie. En septembre 1915 il est envoyé en Ukraine. À Savintsy, il est affecté à un escadron du 10e régiment de dragons de Novgorod, bien qu'il préférât intégrer un régiment de hussards (où le traitement était plus humain). Il suit la formation militaire. Remarqué pour son intelligence, il intègre la formation des sous-officiers à Izioum près de Kharkhov (printemps 1916). Il y brille et est premier du cours. Mais les manigances de leur sadique chef d'instruction, et le népotisme firent que le titre de major de promotion fut attribué au frère du commandant en second de l'escadron. La haine du chef d'instruction fit qu'il fut désigné deuxième homme à partir directement au front (août 1916). Joukov se distingue rapidement en faisant prisonnier un officier allemand, ce qui lui vaut sa première croix de Saint-Georges. En octobre, alors qu'il est mission de reconnaissance vers Sae Regen, il fut grièvement blessé par le souffle d'une mine et resta à l'hôpital jusqu'en décembre. Il garda des séquelles aux oreilles (petite surdité) et au niveau psychologique (malaises fréquents). Il fut rapatrié sur l'arrière avec le grade de sous-officier et deux médailles sur la poitrine ! Là il se rend compte que l'arrière ne tient plus, et que les grèves et les révoltes couvent. Lui comme beaucoup désire la paix et il se rallie dès lors aux thèses des bolcheviks de Lénine. Le 27 février 1917, son escadron, les dragons de Kiev, les hussards d'Ingermanland ainsi que le 5e régiment de réserve se joignent aux bolcheviks pour la Révolution nationale et la paix (les officiers récalcitrants étant arrêtés). Joukov est élu à l'unanimité président du Soviet des soldats. Le régiment se joint d'abord aux bolcheviks, mais durant l'été le gouvernement provisoire reprit l'autorité ; et à l'automne, certains rejoindront même Petlioura, le nationaliste ukrainien. Le régiment est alors dissout, et Joukov est alors recherché par les hommes de Petlioura. Joukov réussit à regagner Moscou le 30 novembre 1917. Puis il passe décembre et janvier dans sa famille paternelle avec ses parents. Le typhus exanthématique puis la fièvre typhoïde l'immobilisent jusqu'en août 1918 quand il rejoint l'Armée rouge comme volontaire au 4e régiment de la 1re division de cavalerie de Moscou.
La Révolution russe (1918-1922)
Joukov et son régiment sont envoyés à Ierchov combattre l'armée de Koltchak. Il est intégré à la 1re division de cavalerie de Moscou, au sein du 4e régiment. Il admire le commandant Frounze. C'est lui qui permet de détruire l'armée de Koltchak. Il combat pour la première fois à la gare de Chipovo, sabre au clair. Inférieurs numériquement, les Rouges l'emportèrent grâce à un canon dissimulé faisant feu sur le flanc ennemi. Seuls cinq hommes de son escadron sont membres du parti bolchevik, mais beaucoup sont sympathisants. Joukov adhère le 1er mars 1919. Ils se dirigent vers Nikolaïevsk, puis vers Tsaritsyne (septembre-octobre). Là, il est blessé par des éclats d'une grenade à main, lors d'un corps-à-corps avec l'ennemi. Il est soigné puis convalescent jusqu'en décembre. Il rejoint ses parents à son village natal. En janvier il réintègre le 1er de cavalerie de Riazan à Starojilovo, où il est nommé adjudant du 1er escadron et forme les combattants (sa spécialité est le corps-à-corps). Mi-juillet, il est envoyé à Moscou, où il apprend que Maria s'est mariée avec un autre. En août, il est envoyé à Krasnodar combattre l'armée du baron Wrangel et les bandes de Fotsikov et Kryjanovsky. Il les défait. Lui et ses troupes aident à reconstruire les villages dévastés par les troupes ennemies. Nombre de ses hommes moururent peu après des tortures infligés par les Blancs. À Armavir il est promu au 1er régiment de cavalerie, 14e brigade, chef du 2e peloton. Il remporte son premier combat à Primorskii ; puis, en décembre 1920, il écrase la bande de Kolesnikov dans la région de Voronej. Jusqu'en mai 1921 il lutte contre les bandes d'Antonov. Aux environs de la gare de Jerdevska et de Vizaiova-Potchta, au cours d'une seule journée Joukov eut à livrer plusieurs combats au cours desquels deux fois son cheval fut tué et deux fois il fut sauvé par le commissaire politique Notchvka. Malgré de nombreuses pertes, luttant contre un ennemi supérieur en nombre, l'escadron s'en sortit (grâce à ses 4 mitrailleuses et son canon de 76 mm). À la fin de l'été 1921 il lutta encore dans la région de Tambov, où il détruisit la bande de Zverev. Joukov reçoit l’ordre du Drapeau rouge pour avoir réalisé tout ses hauts-faits durant la guerre civile.
L'entre-deux-guerres (1922-1941)
La montée en grade en temps de paix (1922-1939)
De 1922 à 1941 Joukov va occuper à peu près tous les postes qu'il est possible d'occuper pour un officier de chef d'escadron à chef de l'État-major général, en passant par celui d'Inspecteur. De juin 1922 à mars 1923 il est chef d'escadron au 38e régiment de cavalerie, puis promu adjoint-commandant au 40e de la 7e division de cavalerie de Samara. Au printemps 1923 il gravit encore un échelon en étant nommé commandant du 39e régiment de cavalerie de Bouzoulouk dont il prend effectivement la tête fin avril. Il le dirige pendant six ans et demi (il habite alors à Minsk). Sa rigueur et sa discipline sont les raisons de ces promotions ; parfois on lui a reproché une trop grande rigueur. Joukov reconnaîtra dans ses Mémoires avoir été un chef sévère et dur ; mais il ajoute qu'il a toujours été juste. À l'automne 1924, son chef de division (G. Gaï) l'envoie suivre les cours de l'École supérieure de cavalerie à Léningrad (dirigée par Primakov puis Batorsky). Il y étudie avec pour partenaires, par exemple : Bagramian, Rokossovsky, Ieremenko. Initialement prévus pour deux ans, les cours s'achèvent prématurément à l'été 1925 par des manœuvres grandeur nature. De retour à son régiment de Bouzoulouk, il apprend le changement de nom de ce dernier qui devient le 39e régiment de Melekess-Pougatchevsk ; le régiment composé anciennement de 4 escadrons passe à 6 escadrons (réforme de l'armée de 1925). Durant l'hiver 1926 il assume les deux charges de commandant de régiment et de commissaire politique ; cela implique une marque de confiance et de valeur de la part du commandement soviétique, mais cela demande aussi deux fois plus de travail de la part de Joukov. Tous les étés des manœuvres géantes ont lieu pour exercer les troupes. Il est inspecté par Boudienny et Iegorov en personne. Vers la fin de 1929, il est envoyé à Moscou suivre les cours de préparation des cadres supérieurs. Il y étudie les livres des grands stratèges soviétiques: Frounze, Chapochnikov, Iegorov, Toukhatchevski, Triandafillov (en), Kamenev, Kork, Ouborevitch, Iakir, etc. C'est là qu'il comprend l'importance des blindés : « tout contribue à faire des blindés un des moyens les plus puissants de l'offensive » (Triandafillov[3]). Après ce séjour à l'école militaire, les promotions s'enchaînent (encore une fois!) : à son retour à Minsk, en mai 1930, il est promu commandant de la deuxième brigade de cavalerie (qui regroupe les 39e et 40e régiments) ; puis, à la fin de 1930 il est promu inspecteur adjoint de cavalerie. En 1931, il obtient son diplôme à l'académie militaire de Frounzé. De 1932 à 1936, il commande la 4e division de cavalerie des cosaques du Don (Ukraine). Puis, il est promu commandant du 3° Corps de Cavalerie. Seulement 7 mois plus tard, il est muté au commandement du 6° Corps de Cavalerie. C'est une promotion, car le 6° Corps n'est autre que celui des Cosaques du Don, qui comprend la 4e division qu'il avait quitté quelque 7 mois plus tôt. Fervent partisan des nouvelles manières de combattre avec des chars, il survit aux Grandes Purges affectant la direction de l'armée mises en œuvre par Staline dans les années 1930, peut-être parce qu'il a quitté l'environnement dangereux de Moscou d'abord comme observateur pendant la guerre d'Espagne, puis pour le commandement du premier corps d'armée soviétique mongol. À la fin de 1938 on lui offre une nouvelle promotion avec le poste de commandant adjoint des troupes de Biélorussie (à Minsk). Le 1er juin alors qu'il achève un exercice de manœuvre militaire, il est convoqué à Moscou. Le 2 juin, Vorochilov lui apprend l'incursion japonaise en Mongolie et lui confie le commandement des troupes soviétiques chargées de les en chasser.
La bataille de Khalkin-Gol (août 1939) et la guerre de Finlande (1939-1940)
Depuis 1932 et l'invasion de la Mandchourie par le Japon, c'est l'escalade entre les deux pays. En effet, depuis la Mandchourie, le Japon menace directement la Sibérie. Pour remédier à cette menace grandissante, l'URSS signe avec la Mongolie un pacte d'assistance mutuelle contre les Japonais le 12 mars 1936. Malgré cette alliance défensive, en mai 1939, l'armée japonaise du Guandong (du nom de la péninsule où elle était basée) envahit la Mongolie sans déclaration de guerre. Obéissant au traité, l'état-major soviétique envoie des hommes et désigne Joukov pour organiser la défense et mener la contre-offensive. Le 1er juin il est à la tête de 80 000 hommes, 180 tanks et 450 avions pour bouter les Japonais hors de Mongolie.
Après sa demande du 15 août 1939, il reçoit des renforts substantiels, composés de troupes aguerries lors des opérations contre les indigènes sibériens, au début de la décennie. Ils sont, de plus, abondamment pourvus en matériel moderne, acheminé par la voie ferrée vitale du Transsibérien. Il peut provoquer la décisive bataille de Halhin Gol, le 20 août, pendant laquelle il fait mener une attaque frontale conventionnelle par son infanterie et les troupes mongoles, gardant en réserve deux brigades de chars, équipées de chars rapides du type Char BT-5. Une fois l'ennemi bien accroché, il fait exécuter par ses troupes rapides un enveloppement par les deux ailes. Soutenus par l'artillerie motorisée et l'infanterie, les deux groupes de bataille mobiles encerclent la 6e armée japonaise et capturent les dépôts de ravitaillement japonais. En quelques jours, les troupes japonaises sont contraintes à la fuite, abandonnant de nombreux prisonniers et la majeure partie de leur matériel. Cette bataille est considérée par les Russes comme une revanche de la débâcle de 1905 et Joukov est récompensé par le titre de Héros de l'Union soviétique. Il participe ensuite à la guerre d'Hiver contre la Finlande.
Joukov est promu au grade de général en 1940. Ses états de service font de lui un officier très demandé. Au Kriegspiel de 1940, où on simule une attaque allemande contre l'URSS, Joukov est chargé de mener les bleus (les Allemands). Ce Kriegspiel montre la déroute de l'armée soviétique en cas d'attaque surprise. Au debriefing, Joukov explique que les défenses soviétiques sont trop près de la frontière, que les troupes également sont trop massées à la frontière. Pour cela, il propose l'organisation d'une ligne de défense plus éloignée, qui laisserait le temps à l'Armée rouge de manœuvrer pour riposter. Cette brillante analyse lui vaut l'hostilité de l'état-major en place, mais il gagne la faveur de Staline, qui dès lors le fait nommer chef d'état-major général à la place de Meretskov. Le 1er février 1941 il est donc muté à Moscou.
La Grande Guerre Patriotique (1941-1945)
À l'aube du 22 juin 1941, les Allemands et leurs alliés attaquent l'URSS par surprise (opération Barbarossa). Vers 13 heures Staline l'appelle et lui confie que les commandants des fronts sont débordés et inexpérimentés, c'est pourquoi il l'envoie d'urgence rétablir la situation sur le front Sud-Ouest, c'est-à-dire l'Ukraine (Vatoutine le remplace à la tête de l'état-major général)[4]. Puis il est envoyé au secours de Vorochilov qui organise la défense de Léningrad, en voie d'encerclement par les troupes allemandes et finlandaises. Mais en octobre 1941, il est rappelé pour remplacer Semyon Timochenko, à la tête du front central et diriger la défense de Moscou, alors que les Allemands ne sont qu'à 30 km de la ville. Il organise le rapatriement des troupes d'Extrême-Orient, suite à l'assurance de la non-intervention japonaise. Ce travail logistique – considéré par certains comme sa plus grande réalisation – lui permet de créer une réserve stratégique composée de troupes d'élite. Il lance la contre-attaque au début décembre, évitant ainsi la chute de la ville qui semblait inéluctable.
En 1942, il est fait délégué du commandant en chef et envoyé sur le front méridional pour sauver Stalingrad, supervisant la capture de la sixième armée allemande de Paulus en 1943 au prix d'un million de victimes. Il y impose une discipline de fer. En janvier 1943, il organise le ravitaillement de Léningrad à travers le blocus allemand. Il cède au général Nikolaï Fedorovitch Vatoutine le commandement pendant la Bataille de Koursk.
Après l'échec du maréchal Vorochilov, il brise le siège de Léningrad en janvier 1944, puis il mène l'offensive soviétique Bagration de 1944, qui libère la quasi-totalité de la Biélorussie.
Il participe à l'assaut final sur l'Allemagne en 1945, prenant Berlin en avril, à la tête du premier front de Biélorussie. C'est lui qui reçoit la capitulation de l'Allemagne pour l'Union soviétique.
L'après-guerre
Il devient le premier gouverneur de la Zone d'occupation soviétique en Allemagne. Cependant, trop populaire aux yeux de Staline, il est rétrogradé en 1946 pour commander le district militaire d'Odessa. La Pravda ne mentionne plus une fois son nom aux anniversaires de la victoire. Béria tente de concentrer la méfiance de Staline sur lui : pour contrer la manœuvre, Joukov va lui-même s'expliquer avec Staline qui le rassure mais lui demande de s'éloigner de Moscou.
Joukov à Odessa
En 1946, la ville d'Odessa doit faire face à une vague de criminalité organisée sans précédent. Celle-ci est le fait en particulier d'une organisation surnommée « Le chat noir » (черный кот). Des matériels militaires (entrepôts, trains…) et du personnel étant la cible de ces criminels, Joukov militarise la lutte policière. Il monte une opération du nom de code « Maskarada » (mascarade) où des commandos de l'Armée rouge hommes et femmes, déguisés en civils, sont disséminés à travers la ville pour abattre séance tenante les membres de la pègre. Il organise des rafles parmi cette pègre et fait exécuter sans jugement les prisonniers dans les carrières qui entourent la ville. En quelques mois, la criminalité chute de 74% dans le district d'Odessa comme le mentionne un rapport adressé à Staline. Les autorités civiles de la ville, dont certaines sont de mèche avec la pègre locale,[réf. nécessaire] jugent ses méthodes « dictatoriales » et font appel à Nikita Khrouchtchev pour que Joukov soit muté. La série Lykvidatsia (Liquidation) de la télévision russe « Canal Rossia » diffusée en décembre 2007 raconte de manière romancée l'action de Joukov à Odessa.
Ministère de la Défense et retrait
Après la mort de Staline, en 1953, il devient délégué du ministre de la Défense, puis ministre. Fin juin 1953, il participe avec Khrouchtchev à l'éviction de Beria en procédant lui-même à son arrestation, dans l'enceinte du kremlin, au cours d'une réunion du Politburo. Il appuie Nikita Khrouchtchev en 1957, et en juin de cette même année, il est fait membre complet du Comité central. Précisément quatre mois plus tard, il est relevé de son ministère et sorti du comité central par Khrouchtchev[5],[6].
Ce n'est qu'après le départ de celui-ci en 1964 qu'il apparaît de nouveau en public. Léonid Brejnev et Alexeï Kossyguine font revenir Joukov dans les faveurs des hauts responsables soviétiques, mais sans aucun réel pouvoir. Jusqu'à sa mort, en 1974, il est considéré comme un personnage important pour les Soviétiques. Il est inhumé avec les honneurs militaires.
Hommages
Le tout premier monument dédié à Gueorgui Joukov fut érigé en Mongolie, en mémoire de la bataille de Halhin Gol. Après l'éclatement de l'URSS en 1991, ce monument fut l'un des rares à ne pas avoir souffert du mouvement antisoviétique qui s'attaqua et détruisit les statues commémorant le régime communiste.Une petite planète (objet mineur) découverte en 1975 par l'astronome soviétique Lioudmila Tchernykh a été nommée 2132 Joukov en l'honneur du maréchal.
En 1995, pour commémorer le centenaire de la naissance de Joukov, la Russie a créé l'ordre de Joukov ainsi que la médaille Joukov (ru).
Bibliographie
- Michel Tansky, Joukov - Le maréchal d'acier, éditions J'ai lu, 1965 (coll. Leur aventure, no A111).
- Maréchal G. Joukov, Mémoires, 2 tomes, éditions Fayard, 1970 (coll. Les grandes études contemporaines, n° éd. 4219).
Références
- p. 13 Mémoires
- p. 17 Mémoires
- p. 29 Caractères des opérations des armées modernes,
- Joukov Mémoires p.354
- (ru) Le Maréchal Joukov contre les bandits d'Odessa, émission de la télévision russe RTR Planeta consacrée à la présence de Gueorgui Joukov à Odessa et à sa lutte contre la criminalité organisée.
- (ru) Lykvidatsia, portail de la télévision russe Canal Rossia consacré à la série basée sur la l'action du maréchal Joukov à Odessa.
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