- T-34
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T-34 modèle 1941 Caractéristiques générales Équipage 4 Longueur 6,1 m Largeur 3 m Hauteur 2,4 m Masse au combat 30,9 tonnes Blindage et armement Blindage 45 mm Armement principal canon F34 de 76,2 mm (77 obus) Armement secondaire deux mitrailleuses DT de 7,62 mm (2898 coups) Mobilité Moteur V12 diesel V2-34
500 ch (367,7 kW)Suspension Christie Vitesse sur route 45 km/h Puissance massique 16,2 ch/tonne Autonomie 250 km modifier Le T-34 est un char moyen entré en service en 1940 au sein de l'armée rouge. Il constitue à l'époque un remarquable équilibre entre les trois facteurs majeurs qui définissent la qualité d'un blindé, à savoir : la puissance de feu, la protection et la mobilité. Cette réussite en fait l'un des atouts de l'Union soviétique face à l'invasion de la Wehrmacht. Celle-ci devra d'ailleurs, pour le contrer, revoir sa politique de conception de blindés en mettant au point, par exemple, le Panzer-V 'Panther', qui empruntait une partie de ses caractéristiques techniques au T-34. Bien que rapidement dépassé lui même par les productions étrangères, le T-34 va tout de même rester en production de 1940 à 1958, avec un total d'unités produites estimé à 84 070 exemplaires, ce qui en fait le second char le plus produit de tous les temps, juste derrière ses successeurs, les T-54 et T-55.
Descendant des chars rapides BT conçus par l'équipe de I. Kochkine à Kharkov, le T-34 introduisait de nombreuses innovations technologiques, comme l'utilisation d'un moteur diesel en alliage d'aluminium, des chenilles larges, et des plaques de blindage inclinées sur tout le pourtour. Il n'était pas exempt de défauts, au demeurant, avec par exemple sa tourelle biplace et son manque de matériel de transmission, qui rendait son emploi tactique assez primaire, et provoquait de nombreuses pertes, mais aussi une fiabilité mécanique discutable. Mais comme son équivalent américain le Sherman M4, il montra une capacité d'évolution certaine, et surtout une facilité de construction qui le rendait disponible en très grand nombre, ce qui lui assura une longévité exceptionnelle, 27 pays l'utilisant encore en 1996. Son influence sur le développement des chars de combat fut aussi certaine, car il est souvent considéré comme un des chars ayant servi à définir le concept de char de bataille principal.
Sommaire
Genèse
L'usine n°183 de Kharkov reçut l'ordre, le 14 octobre 1937, de construire un successeur au BT-7. I. Kochkine organise alors un sous-département d'étude, dit KB24 comprenant vingt-et-un ingénieurs, issus des KB35 (supervisant la production du T-35) et KB190 (poursuivant les travaux sur le BT-7).
Il en résulta le A-20 avec ses blindages inclinés novateurs mais conservant la possibilité de rouler sur chenilles ou sur roues, conformément au souhait de Staline.
Cependant la réunion du 4 mai 1938, présidée par le ministre de la défense Viatcheslav Molotov, réveille une forte opposition au train de roulement à double emploi (chenilles et roues), surtout de la part des observateurs envoyés suivre la Guerre d'Espagne. Il est donc décidé de produire un dérivé à chenilles uniquement, le A-32, doté d'une cinquième roue de route pour mieux répartir la masse du char, blindé à 30 mm et armé d'un canon de 76,2 mm.
Les essais en 1939 ne permirent pas de départager les deux formules et finalement ce ne fut qu'en septembre 1939 que le A-32, malgré l'opposition de Joseph Staline, fut préféré. Il pouvait en effet supporter un accroissement de masse rendu nécessaire par l'augmentation du blindage à 45 mm d'épaisseur. La version surblindée prit le nom de A-34. Les trois bureaux d'études KB24, KB35 et KB190 fusionnent ensuite sous le nom de département 520, à l'occasion de l'arrêt de la production du T-35. Deux prototypes sont préparés pour janvier 1940 et testés lors d'un aller-retour jusqu'à Moscou effectué malgré de nombreux problèmes, notamment de freins et d'embrayage. Le 31 mars, le ministre de la défense donne son accord pour la production de 150 exemplaires pour 1940, sous le nom de T-34.
Description technique
L'arrangement général du véhicule est classique, avec le moteur à l'arrière. Tous les côtés de la caisse sont fortement inclinés par rapport à la verticale. Cette caisse est fabriquée avec des plaques d'acier homogènes soudées entre elles.
Le dessous du char est constitué de deux plaques (une à l'avant et l'autre à l'arrière), dont la soudure est renforcée par une pièce en T, rivetée ou soudée par dessous. La plaque avant est épaisse de 20 à 22 mm et possède une trappe pour l'évacuation d'urgence. La plaque arrière est plus fine (de 16 à 20 mm) et est équipée de trois trappes de visite pour le moteur.
Le nez est constitué de trois plaques soudées. Sur le glacis sont aussi montés deux crochets de remorquage en bas et un phare de chaque côté. Les flancs, quant à eux, sont en deux parties. La partie basse est verticale et est équipée de cinq logements de chaque côté contenant chacun le ressort d'amortisseur d'une roue. La partie haute des flancs est inclinée et surplombe les chenilles. La plaque arrière comporte une trappe, encadrée par les deux pots d'échappement protégés par des appliques de blindage ; elle est boulonnée pour faciliter son démontage. Sur le dessus du compartiment moteur, deux capots couvrent respectivement le moteur et la transmission.
La caisse est divisée en quatre compartiments distincts. De l'avant vers l'arrière, on a :
- Le poste de pilotage, situé juste derrière la plaque de blindage inclinée du glacis, avec le pilote à gauche et l'opérateur radio à droite. Le pilote dispose d'une trappe rectangulaire d'assez grande dimension, surmontée de trois périscopes. Devant son siège, deux cadrans : un tachymètre et un compte-tours. Il dispose de trois pédales (embrayage principal, frein et accélérateur) et de quatre leviers (deux commandant les embrayages latéraux, un frein de parking et un passage de vitesse). Il a également accès aux bouteilles du système de démarrage d'urgence du moteur à air comprimé, au tableau électrique du véhicule et au système d'interphonie TPU. L'opérateur radio dispose, lui, d'une petite meurtrière en protubérance où est montée sur rotule une mitrailleuse de type DT. À droite de son siège se trouve la radio.
- Le poste de combat est surmonté par la tourelle qui embarque le canon et sa mitrailleuse coaxiale DT. Le chef de char se trouve à gauche et le pourvoyeur de la pièce à droite. Une grande partie de l'espace disponible dans la tourelle est pris par la culasse du canon et la zone de recul de celui-ci, la plupart des munitions (68 obus) est rangée sur le plancher dans des caisses. Neuf obus sont disposés sur les côtés du char (3 perforants à droite et 6 à fragmentation à gauche), les munitions de mitrailleuse sont disposées sur le côté droit et au sol entre le pilote et le radio. Le char standard embarque 46 chargeurs de 63 coups, les modèles sans radio construits au début de la production en ont 29 supplémentaires à la place de la radio, ce qui donne respectivement 2898 et 4725 coups disponibles. Le toit de la tourelle possède une seule et unique écoutille à l'arrière, servant aux deux hommes de la tourelle. Elle s'ouvre vers l'avant et inclut sur sa gauche un périscope d'observation. Devant, à gauche, se trouve le périscope de visée PT-6 et à droite est placé le ventilateur d'extraction de fumées sous son dôme blindé.
- Le compartiment du moteur est séparé par une cloison amovible du compartiment de combat. Le moteur V-2 y est monté longitudinalement, encadré par les deux radiateurs et les deux réservoirs avant. Il est surmonté par le filtre à air du type « Pomom ».
- Le logement de la transmission contient la boîte de vitesses à 4 rapports avant et un arrière, l'embrayage principal à friction couplé à un grand ventilateur, et sur les côtés deux embrayages latéraux. De plus il contient les deux réservoirs arrière, avec, au-dessus d'eux, le démarreur électrique ST700. Le générateur GT-4563A délivre 1 kW, six batteries STE-128 l'assistent. Deux voltages sont disponibles (12 et 24 V) pour tous les éléments actionnés électriquement à savoir : le démarreur, le moteur de rotation de la tourelle (à partir de 1944), le ventilateur de celle-ci ainsi que la dynamo de la radio.
Prototypes et modifications tardives
L'achat, suivi d'essais comparatifs, de deux PzIII allemands révéla que, malgré sa plus grande puissance de feu et son blindage plus épais, le T-34 souffrait de nombreuses infériorités (suspension inférieure et bruyante ; tourelle exiguë, biplace et mal équipée, interphone limité au conducteur et au chef de char), si bien que le maréchal G.I. Kulik, ordonna l'arrêt de la production pour remédier aux défauts. Ces positions, soutenues par Y.N. Fedorenko (chef du GABTU), G.I. Koulik (chef du GAU) et D.G. Pavlov (commandant du district militaire de l'ouest), s'expliquent aussi par la lenteur du démarrage de la production du char et ne pourront jamais satisfaire numériquement les besoins de l'Armée rouge qui doit recréer 29 corps mécanisés avec 210 chars moyens chacun.
Cet ordre fut néanmoins tempéré par le maréchal K.E.Vorochilov, qui demanda plutôt de développer parallèlement une version améliorée. M.I. Kochkine étant mort le 26 septembre, d'une pneumonie contractée en mars, A.A. Morozov le remplace et dirige donc l'étude du A-41, avec train de roulement à barres de torsion, un nouveau diesel, le V-5 monté transversalement, un démultiplicateur pour la boîte, donnant 8 rapports au lieu des 4 initiaux, et une tourelle triplace armée par le canon plus long F-34. Le modèle A-43 légèrement rallongé est choisi comme futur char pour l'Armée rouge, sous le nom de T-34M, en janvier 1941, deux prototypes devant être produits pour mars. Mais les retards de production du V-5, suivis de l'évacuation de l'usine, provoquent l'enlisement, puis l'abandon du projet. Une partie des travaux réalisés sera néanmoins réutilisée pour le développement du char T-44.
Production en grande série
Le 5 juin 1941, malgré tout, la commande de T-34 est portée à 600 pour l'année, l'usine STZ de Stalingrad est mise à contribution. Les moteurs V-2 doivent être aussi produits à l'usine n°75. La production démarre en juin et, malgré la priorité qu'elle reçoit, seuls 115 chars sont produits à la fin de l'année 1941 (malgré l'invasion allemande du 22 juin 1941 ). Le nouveau char pose en effet de nombreux problèmes de construction aux usines chargées de sa fabrication. Les défauts de jeunesse du char sont corrigés peu à peu :
- les injecteurs du V-2 furent corrigés, ce qui augmenta la fiabilité et l'endurance.
- le canon F-34, testé expérimentalement le 23 novembre 1940, remplaça le L-11, dès le 400e exemplaire de la série, en février 1941.
- une nouvelle tourelle blindée à 52 mm fut conçue à Marioupol.
Au cours de l'année 1941, la production réussit alors à atteindre des niveaux respectables :
- avant son évacuation vers Nijni Taguil en septembre, l'usine n°183 produit 1560 chars en travaillant en 2 équipes de 12 h ;
- l'usine « STZ » commence la production et celle du V-2. Les T-34 construits à Stalingrad sont identifiables par leur tourelle coulée d'un bloc du fait de sa meilleure métallurgie ;
- l'usine n°112 « Krasnoye Sormovo », mise sur le programme en juillet, en produit 161 (dont 173 exemplaires d'une variante à moteur essence M-17T (du fait de la rareté du V-2)) ;
- l'usine n°183 « KhPZ » à Nijni Taguil où la production reprit dès décembre en assemblant 25 exemplaires.
Au total, en 1941, 2800 chars sortent de chaînes de montage, cependant au vu des pertes et de la situation de l'Armée rouge, c'est encore insuffisant.
Le département KB-520, évacué dès le 19 septembre, entreprend alors en urgence de réétudier toutes les parties du char, afin de faciliter la production de masse et d'économiser les matières premières stratégiques comme le caoutchouc et les métaux non ferreux : à cette occasion, 765 composants sont économisés sur chaque exemplaire. La soudure et les pièces moulées sont utilisées au maximum. Des améliorations interviennent comme le montage de filtre à air du type cyclone, remplaçant les précédents d'une construction déplorable, prolongeant grandement la durée de vie des moteurs. Une boîte de vitesse à cinq rapports est choisie, plus fiable et autorisant une plus grande vitesse en tout terrain.
En août, une tourelle plus spacieuse de forme hexagonale est adoptée, elle est là encore construite soit d'un bloc, soit en plusieurs éléments soudés, selon le lieu de fabrication. Elle supprime la grande trappe des premiers modèles et adopte deux écoutilles indépendantes, plus légères à ouvrir et évitant au tireur et au chef de char d'avoir à se pencher pour regarder vers l'avant du char. Le canon peut être maintenant démonté directement, par l'avant de la tourelle.
La standardisation de la production en souffre parfois. On trouve des expédients sommaires, pour contrer les manques de matériaux et la disparition de sous-traitants, comme par exemple :
- l'usine n°112 qui remplace les cartouches à gaz de démarrage d'urgence du moteur, par des munitions réformées ;
- STZ qui supprime les bandes de caoutchouc des roues quand ce matériau vint à manquer.
Mais ce travail de fond paie rapidement, le char devenant très économique à produire. En 1942, malgré l'abandon temporaire de STZ à Stalingrad à l'approche des troupes allemandes, 5 684 chars ont été construits, soit 119,7% de la production prévue. Pour remplacer la production de Stalingrad, trois nouvelles usines sont mises à contribution :
- UZTM à Sverdlovsk, depuis septembre ;
- ChKZ à Tcheliabinsk (ancienne usine de Leningrad évacuée), depuis août ;
- usine n°174 à Omsk en Sibérie
Une variante à canon de 57 mm à haute vitesse initiale ZIS-4 est aussi réalisée à quelques exemplaires, mais le prix prohibitif de ce canon et son manque d'efficacité sur l'infanterie limita son usage.
En 1943, 7 466 T-34/76 sortent des chaînes. On voit apparaître une coupole pour le chef de char, là encore de deux modèles soudé ou coulé, selon le lieu de production. L'usine UZTM abandonne, elle, la production de chars pour produire des chasseurs de chars dérivés du châssis du T-34, les SU-85 et SU-122. L'année suivante voit son remplacement par le nouveau modèle T-34/85, et seuls 3986 exemplaires de ce modèle sont donc assemblés.
Le T-34/85
Cependant, dès mi-1942, on avait décidé une refonte plus importante du véhicule. La première tentative, le T-43, reprenant une bonne partie des améliorations du A-43, visait surtout à augmenter la protection en portant l'épaisseur de blindage à 90 mm sur la tourelle et 75 mm sur le châssis.
Mais la bataille de Koursk, à l'été 1943, prouva que le manque le plus flagrant était celui d'un canon pouvant percer les nouveaux chars allemands, le char Tigre I et Panther à une distance suffisante et non à 200 m comme le T-34. De nouveaux canons d'un calibre de 85 mm étaient prêts depuis la mi-1943, mais leur adaptation posait problème : le T-34, pesant déjà 34,1 tonnes, serait trop alourdi par une arme plus puissante : il ne pouvait donc pas embarquer une telle arme.
Trois projets virent le jour : l'un modifiant la tourelle du T-34/76 en y montant un canon S-53, ce qui se révéla vite impraticable du fait de la taille de ce canon qui aurait empiété sur la place nécessaire pour les deux hommes ; les deux autres projets, plus prometteurs, adaptaient de nouvelles tourelles biplaces inspirées du T-43 avec un canon D-5T (usine n°112 et usine n°183) sur un châssis dont le puits de tourelle avait été élargi en diamètre de 1 420 mm à 1 600 mm.
Le projet de l'usine n°112 fut choisi et les premiers exemplaires apparurent en janvier 1944. Mais, vraisemblablement, après la construction de 300 exemplaires, on voulut adopter le S-53 et on lança la production de la variante de l'usine n°183, la tourelle devenant triplace, en mars. Malgré ces hésitations et revirements, la production décolla rapidement : 10 663 chars en 1944, 12 551 en 1945. L'Armée rouge bénéficia alors d'un char économique et rapidement produit en grand nombre qui, malgré son nouvel armement, utilisait sans le surcharger le châssis éprouvé et endurant du T-34. Par la suite, deux autres modèles de 85 mm furent essayés : le ZIS-85-PM avec une vitesse initiale de 980 m/s, en septembre 1944 et le ZIS-S-54 (variante stabilisée du ZIS-S-53), début 1945. On essaya même un canon de 100 mm au printemps 45, mais l'apparition du T44 et surtout du prototype du T54, marquait le glas de tout développement ultérieur.
Il semblerait que la production ait continué jusqu'en 1950 à l'usine n°112, mais la production de masse s'acheva en 1946. Par ailleurs, une licence de production fut accordée à la Tchécoslovaquie qui produisit 3185 exemplaires entre 1952 et 1958 et à la Pologne qui en construisit 1380 entre 1951 et 1955.
Automoteurs dérivés
En 1941, les Soviétiques furent confrontés au StuG III allemand. L'idée germa alors de développer, eux aussi, un canon automoteur et, en avril 1942, ordre fut donné aux différents bureaux d'études de développer des projets d'un tel véhicule armé avec un canon de 122 mm. Deux projets furent acceptés par l'Armée rouge, le SG-122 et le U-35. Le premier, utilisant les châssis capturés de Stug ou de Panzer III, fut assez rapidement abandonné. Le second, combinant un châssis de T-34 avec une superstructure à l'avant et un obusier M-30 de 122 mm devint le SU-122 dans l'Armée rouge. L'équipage comprenait cinq membres dont deux chargeurs ; le canon, abrité par la superstructure blindée à 45 mm, possédait un champ de tir de 10° de part et d'autre de l'axe du véhicule.
Au début 1943, l'apparition des nouveaux modèles allemands démontra que l'obusier de 122 mm, même s’il était capable de les mettre hors de combat, manquait, pour les contrer efficacement, de pouvoir de perforation et surtout d'une trajectoire droite synonyme de précision. En outre, sa cadence de tir était insuffisante. On décida donc, le 5 mai 1943, de monter le canon anti-aérien S-18 de 85 mm sur le châssis du SU-122. L'adaptation rencontra alors un obstacle, le recul très supérieur du nouveau tube. Deux projets virent le jour :
- le SU-85-I, avec la superstructure du SU-122, mais au canon équipé d'un frein de bouche ;
- le SU-85-IV, avec une nouvelle superstructure.
Parallèlement, on essaya le canon D-5S, comme solution temporaire sous le nom de SU-85-II. Ce canon, à la suite des tests balistiques, se révéla aussi bon que le S-18 et finalement ce fut la solution temporaire qui fut choisie et produite sous la désignation SU-85. Ce nouvel automoteur était dépourvu de mitrailleuses de défense, faute de place dans l'habitacle, et des meurtrières obturables furent donc ouvertes sur l'avant et les côtés de la superstructure pour permettre le tir des pistolets-mitrailleurs de l'équipage, autorisant ainsi une certaine autodéfense contre l'infanterie adverse. Très rapidement, on monta la coupole de char du T34-76 modèle 1943 et des prismes optiques fournissant une vision panoramique autour du véhicule.
Cependant, l'armement semblant toujours insuffisant, surtout avec l'arrivée du T-34/85 armé d'un canon équivalent, on étudia la possibilité de monter un canon de calibre 100 mm. Le canon envisagé, le S-34 de la marine, se révéla évidemment trop lourd et trop encombrant pour le châssis dans sa forme initiale. Les efforts du TsAKB (bureau central d'étude de l'artillerie) pour essayer de l'adapter donnèrent naissance au SU-100-2 qui fut écarté au profit du projet de l'usine Uralmarsh, qui, plus pragmatique, avait demandé à l'équipe de F.F. Petrov de dessiner un nouveau canon plus léger et petit, le D-10, nécessitant donc moins de modifications sur le véhicule. Les essais menés face au SU-100-2 en mars, puis en juin, se révélant satisfaisants, la production en grande série fut décidée. Le blindage avant de la superstructure avait été porté de 45 à 75 mm, le canon de 100 mm, avec une vitesse initiale de 895 m/s, pouvait percer un Panther ou un Tigre à 1500 m et avait une dotation de 33 obus.
Le canon D-10, trop jeune, souffrait de quelques défauts. Pire, sa munition perforante, la BR-412B, se révélait difficile à produire. En conséquence, la production d'un modèle transitoire armé avec le D-5S de 85 mm fut lancée jusqu'en décembre, moment où le SU-100 put enfin lui succéder, ses problèmes ayant été résolus.
Engagements
Le T-34 fut utilisé pendant toute la Seconde Guerre mondiale en nombre sans cesse croissant. La variante T34/85 semble encore utilisée dans certains pays.
Au moment de l'opération Barbarossa, un millier de ces chars sont disponibles. Bien que supérieur à tout ce que les Allemands pouvaient lui opposer, il souffrit principalement du manque d'entraînement de ses équipages et de la désorganisation de l'Armée rouge à cette époque. En effet, par suite des décisions contradictoires et irréalistes du ministère de la défense :
- 21 novembre 1939, les quatre corps mécanisés existants furent dissous ;
- dans l'été 1940, neuf corps mécanisés furent recréés ;
- en mars et avril 1941, vingt corps supplémentaires furent constitués.
L'arme blindée soviétique, pourtant longtemps pionnière, était complètement incapable de mener une guerre générale. Les unités, de formation trop récente, manquaient de cohésion. Le matériel et les hommes, en nombre insuffisant, étaient dispersés. Pour corser le tout, par mesure d'économie, le personnel ne s'entraînait pas sur le matériel récent, mais sur des chars démodés comme le Char T-26 ou le BT-2 qui avaient peu de rapport avec leurs futures machines de temps de guerre. De plus, les corps mécanisés étaient déployés à des centaines de kilomètres de la frontière, ce qui, combiné aux défauts de jeunesse des nouveaux modèles, à l'absence de matériel de dépannage adapté (on utilisait surtout des tracteurs agricoles réquisitionnés) et l'omniprésence de la Luftwaffe provoqua de nombreuses pertes avant même que le combat s'engageât.
Par exemple, le plus grand engagement de chars qui eut lieu pour contrer la percée du 1er Panzergruppe, avec ses 799 panzers, sur le front sud entre la 5e et la 6e armée, rassembla les 2 156 chars des 8e, 9e, 15e et 19e corps mécanisés, dont plus de la moitié arrivèrent trop tard ou jamais.
À la fin de l'année, malgré l'augmentation de la production, peu de T-34 combattaient. La bataille de Moscou fut surtout gagnée avec des chars légers, comme le T-60, seuls 45 T-34 y participèrent. Ce ne fut qu'en 1943 que le char devint majoritaire dans l'Armée rouge, époque à laquelle sa puissance de feu devenait insuffisante. Son nombre et son endurance maintenant acquise grâce aux perfectionnements mécaniques permirent de tenir jusqu'à l'arrivée de la variante avec 85 mm qui pouvait, elle, combattre efficacement les blindés allemands. Bien que moins bien protégée, elle était capable de les détruire à grande distance et permettait d'exploiter au mieux l'avantage numérique, ce qui provoqua les grandes avancées de l'Armée rouge, au cours de 1944, en Ukraine et en Biélorussie, puis en 1945 à travers la Pologne, jusqu'à Berlin.
Par la suite, 670 T-34/85 constituèrent le bélier qui enfonça l'armée japonaise en Mandchourie, au mois d'août.
L'usage du T-34 ne cessa pas avec la fin de la guerre : il constitua le char de combat principal du Pacte de Varsovie jusqu'à l'arrivée en nombre du T-54 et fut employé lors de nombreux conflits comme la guerre de Corée, les guerres israélo-arabes jusqu'en 1973, de nombreux conflits en Afrique et même la guerre de Bosnie pendant les années 1994 et 1995, 50 ans après sa mise en service. Quelques T34/85 sont même utilisés par les Talibans dans la guerre d'Afghanistan, mais ils y sont complètement dépassés[2].
Variantes
- T-34/76A - Modèle 1940, 1re série avec un canon L11 de 30,5 calibres de longueur (environ 400 exemplaires).
- T-34/76B ou Modèle 1941, blindage plus lourd avec un canon F34 de 41,5 calibres de longueur (environ 9000 exemplaires).
- T-34/57, avec un canon anti-char ZiS-4 de 57 mm (production inconnue, certainement quelques dizaine d'exemplaires seulement).
- T-34/76C - Modèle 1942, blindage plus lourd avec une tourelle améliorée (environ 14000 exemplaires).
- T-34/76D - Modèle 1943, avec une nouvelle tourelle hexagonale soudée (environ 10000 exemplaires).
- T-34/76E - Modèle 1943, avec une coupole sur la tourelle.
- T-34/76F - Modèle 1943, avec une version spécifique de la tourelle du T-34/76D.
- T-34/85 M1943 - Modèle 1943, avec un canon D-5T de 85 mm et une tourelle améliorée(environ 300 exemplaires).
- T-34/85 M1944 - Modèle 1944, avec un canon S-53 de 85 mm (17680 exemplaires).
- OT-34, avec un lance-flamme à la place de la mitrailleuse avant.
- SU-122 canon d'assaut avec un obusier dans une superstructure avant.
- SU-122M prototype de canon d'assaut avec un obusier U-11 de 122 mm.
- SU-122-3 prototype de canon d'assaut avec un obusier D-6 de 122 mm.
- SU-85 chasseur de chars avec une pièce D-5S de 85 mm dans une superstructure avant.
- SU-85M chasseur de chars avec une pièce D-5S de 85 mm mais châssis du SU-100 .
- SU-85BM prototype de chasseur de chars avec une pièce D-5S-85M rallongée, vitesse initiale 950 m/s.
- SU-D-10-85 prototype de chasseur de chars avec une pièce D-10-85PM (S-34 réalésée à 85 mm).
- SU-S34-1 prototype de chasseur de chars avec une pièce S-34-IB de 85 mm.
- SU-100-2 prototype de chasseur de chars avec une pièce S-34 de 100 mm
- SU-100 chasseur de chars avec une pièce D-10S de 100 mm dans une superstructure avant.
- SU-122P prototype de chasseur de chars, châssis du SU-100 avec une pièce D-25S de 122 mm.
Autre dénomination :
- Panzerkampfwagen T-34(r) - désignation des T-34s capturés, dans la Wehrmacht.
Renseignements techniques
T-34/76
modèle 1940T-34/76
modèle 1941T-34/76
modèle 1942T-34/85 SU-122 SU-85 SU-100 Équipage 4 4 4 5 5 4 4 masse 26 t 30,9 t 32 t 30,9 t 29.6 t 31,6 t longueur 6,94 m 6,92 m 6,75 m 8,15 m 6,95 m 8,13 m 9,45 m largeur 3 m 3 m 3 m 3 m 3 m 3 m 3 m hauteur 2,41 m 2,45 m 2,60 m 2,72 m 2,24 m 2,15 m 2,24 m canon L-11 de 76,2 mm F-34 de 76,2 mm F-34 de 76,2 mm S-53 de 85 mm M-30 de 122 mm D-5S de 85 mm D-10S de 100 mm munitions 77 coups 77 coups 100 coups 56 coups 40 coups 48 coups 34 coups mitrailleuses DT x2 DT x2 DTM x2 DTM x2 sans sans sans type V-2-34 de 500 cv V-2-34 de 500 cv V-2-34 de 500 cv V-2-34M de 520 cv V-2-34 de 500 cv V-2-34 de 500 cv V-2-34 de 500 cv réservoirs 540 l 540 l 830 l 840 l 800 l 810 l 865 l vitesse sur route 53 km/h 53 km/h 53 km/h 50 km/h 55 km/h 47 km/h 50 km/h autonomie 400 km 400 km 400 km 300 km 300 km 400 km 400 km autonomie tactique 260 km 260 km 260 km 120 km 150 km 200 km 180 km blindage 15–45 mm 15–52 mm 15–75 mm 20–75 mm 10–45 mm 20–75 mm 20–110 mm Production
période Du 1/1/41
au 1/5/41Du 1/5/41
au 1/7/41Du 1/7/41
au 1/12/411942 1943 1944 Du 1/1/45
au 1/6/45usine n°183
Kharkov525 ? 744 0 0 0 0 usine n°183
Nijni Taguil0 0 25 5684 7466 1838 T34/76
6583 T34/853670 T34/85 usine STZ
Stalingrad130 ? 956 2520 0 0 0 usine n°112
Gorki0 ? 161(1) 2718 2851 540 T34/76
3079 T34/851545 T34/85 usine n°174
Omsk0 0 0 417 1347 1163 T34/76
1000 T34/85865 T34/85 usine ChKZ
Tcheliabinsk0 0 0 1055 3594 445 T34/76 0 usine UTMZ
Sverdlovsk0 0 0 267 T34/76
26 SU-122452 T34/76
612 SU-122
761 SU-851893 SU-85
500 SU-1001060 SU-100 Total 655 ? 1886 12661 T34/76
26 SU-12215710 T34/76
612 SU-122
761 SU-853986 T34/76
10662 T34/85
1893 SU-85
500 SU-1006080 T34/85
1060 SU-100(1) une partie motorisée avec des moteurs M-17 à essence
Voir aussi
Notes et références
- Basil Henry Liddell Hart, (1951 [1999]). The other side of the hill: Germany's generals, their rise and fall, with their own account of military events, 1939–1945, London: Cassell. (ISBN 0-330-37324-2)
- lire en ligne]. Les extraits du récit de Viktor Kutsenko sont identiques à ceux traduits dans l'article de Lester W. Grau et Ali Ahmad Jalali, « The campaign for the caves: the battles for Zhawar in the Soviet-Afghan War », The Journal of Slavic Military Studies Volume 14, Numéro 3, septembre 2001, [lire en ligne]. Michael Wines, « Heavily Fortified 'Ant Farms' Deter bin Laden's Pursuers », The New York Times, 26 novembre 2001 [
Liens internes
- Complexe militaro-industriel de l'Union soviétique
Liens externes
- Photos de Char T-34/76 - Musee Aberdeen Proving Grounds, USA
- Photos de Char T-34/85 - Musee Aberdeen Proving Grounds, USA
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