- Opération Saturne
-
L'opération Saturne fut une opération lancée par l'Armée rouge de décembre 1942 à février 1943 sur le front de l'est durant la Seconde Guerre mondiale qui déboucha sur des batailles au nord du Caucase et dans le bassin du Don.
Le succès de l'opération Uranus, lancée le 19 novembre 1942, permit à l'Armée rouge d'encercler dans Stalingrad 300 000 soldats de la 6ème armée allemande et de la 4ème armée de Panzer du général Friedrich Paulus. Afin de profiter de la situation, l'état-major soviétique lança une série d'offensives durant l'hiver sous le nom de code « Saturne ».
Sommaire
Décembre 1942 : opération petit Saturne
La première version de l'opération visait à isoler le groupe d'armées A dans le Caucase. Elle dut être rapidement changée quand le général Erich von Manstein lança l'opération Wintergewitter, le 12 décembre, dans le but de briser l'encerclement des armées allemandes à Stalingrad.
Pendant que la deuxième armée de la garde soviétique bloquait l'avance des allemands vers Stalingrad, le plan (modifié) de l'opération petit Saturne fut lancé le 16 décembre.
Cette seconde version de l'opération consistait en une manœuvre de prise en tenaille des forces allemandes de l'opération Wintergewitter censées briser l'encerclement de Stalingrad.
Attaquant par le nord, la première et la troisième armée de la garde soviétique des généraux Dmitri Leliouchenko et Vassili Kouznetsov, encerclèrent sur le Don 130 000 soldats de la 8e armée italienne du général Gariboldi. Manstein envoya la 6e division de panzers au secours des Italiens. Sur les 130 000 soldats encerclés, seuls 45 000 réussirent à rejoindre les panzers à Tchertkovo le 17 janvier.
Au sud, l'avance de la 28e armée du général Guerassimenko menaçait d'encerclement la 1re armée de Panzer.
Le 24 décembre, les blindés de la 24e armée de blindés parvinrent à Tatsinskaïa, l'aéroport le plus proche de Stalingrad d'où partaient les raids aériens de la Luftwaffe qui ravitaillaient les forces allemandes encerclées à Stalingrad (voir attaque de Tatsinskaïa (en))
La colonne supposée briser l'encerclement à Stalingrad étant elle-même sous la menace d'un encerclement, Manstein du reculer jusqu'à Kotelnikovo le 29 décembre, laissant les assiégés à leur propre sort. Des 300 000 soldats encerclés à Stalingrad, 90 000 survécurent et 5 000 rentrèrent en Allemagne.
La portée limitée de l'offensive soviétique permit au général Ewald von Kleist de retirer le groupe d'armées A du Caucase jusqu'à Rostov.
Janvier 1943 : destruction de l'armée hongroise
La seconde étape des opérations débuta le 13 janvier 1943 par l'attaque des quatre armées du Front de Voronej du général Golikov, qui encercle et détruit la seconde armée hongroise près de Svoboda sur le Don. Une offensive plus au nord menaça la deuxième armée allemande d'encerclement; et bien qu'elle réussit à s'échapper, celle-ci fut obligée de reculer et le 5 février, les troupes du front de Voronej s'approchaient de Koursk et de Kharkiv.
Février 1943 : retraite allemande
Les armées allemandes, désorganisées, furent obligées de se retirer à travers l'Ukraine du sud. La troisième étape fut pour les fronts de Voronej de progresser jusqu'au Dniepr et d'encercler la deuxième armée allemande. Les fronts du sud-ouest et du sud avaient pour objectif de capturer Louhansk et d'avancer jusqu'à la mer d'Azov afin d'encercler le groupe d'armées « von Kleist » et le groupe d'armées « Don » de Manstein.
Koursk fut capturée le 8 février 1943, Kharkov le 16 février, et Rostov le 18 février. Un écart fut creusé entre le groupe d'armées A - à présent coincé sur une petite tête de pont à l'opposé de la péninsule de Kertch - et le groupe d'armées « Don ». La première armée de gardes de Kouznetsov menaçait de creuser un autre écart entre le groupe d'armées « Don » et le groupe d'armées Centre de Günther von Kluge en avançant à travers Dniepropetrovsk. De plus, la reddition des assiégés à Stalingrad le 2 février 1943 libéra les fronts de Konstantin Rokossovsky pour de nouvelles opérations.
Afin de continuer sur le succès de Koursk, les Soviétiques lancèrent une offensive sur l'armée allemande du centre (et plus précisément sur les saillants à Orel) avant de progresser vers Briansk. Toutefois, l'état-major soviétique demanda plus à ses troupes épuisées qu'elles ne pouvaient accomplir. Des problèmes logistiques apparurent lors du déploiement des armées depuis Stalingrad, 650 km à l'ouest, repoussant le début de cette offensive au 25 février. Une défense farouche des Allemands ne permit aux Soviétiques que d'obtenir des avancées mineures à l'ouest de Koursk.
Pendant ce temps, afin de garder la position au sud, l'état-major allemand pris la décision d'abandonner le saillant de Rjev, près de Moscou dans le but de libérer des troupes et d'effectuer une riposte dans l'est de l'Ukraine. La contre-offensive de Manstein, débuta le 20 février 1943 et atteignit Poltava puis Kharkiv la troisième semaine de mars. Cette contre-offensive créa un déplacement du front vers Koursk qui déboucha sur la bataille de Koursk en juillet.
Références
- John Erickson, The Road to Berlin, Harper & Row, 1982. (en)
- David M. Glantz, Prelude to Kursk: Soviet Strategic Operations February-March 1943(en)
- Ministero della Difesa. Stato Maggiore Esercito. Ufficio Storico. L’8° Armata Italiana nella seconda battaglia difensiva del Don. Roma, 1977 (it)
- Jean Lopez, Stalingrad : la bataille au bord du gouffre, éditions Economica, coll. « Campagnes & stratégies », 1er octobre 2008, 1re éd., broché, 460 p. (ISBN 978-2717856385)
- Raymond Cartier, La seconde Guerre Mondiale" tome 2 1942-1945,éd. Larousse - Paris Match, 1966
Wikimedia Foundation. 2010.