Bataille de Tcherkassy

Bataille de Tcherkassy
Bataille de Tcherkassy
Bundesarchiv Bild 101I-277-0846-13, Russland, Panzer VI (Tiger I).jpg
Des Tigre I du IIIe Panzerkorps, Février 1944
Informations générales
Date du 24 janvier au 17 février 1944
Lieu Région de Tcherkassy,
159 km au Sud-Est de Kiev, en Ukraine (URSS)
Issue Victoire soviétique
Belligérants
Troisième Reich Reich allemand Flag of the Soviet Union (1923-1955).svg Union soviétique
Commandants
Erich von Manstein
Wilhelm Stemmermann
Georgui Joukov
Nikolaï Vatoutine (1er front ukrainien)
Ivan Koniev (2ème front ukrainien)
Forces en présence
56 000 hommes
70 chars et canons d’assaut
200 000 hommes, 500 chars
Pertes
55 000 tués et 18 000 prisonniers (estimation soviétique)
26 000 morts, blessés ou prisonniers (estimation allemande)
Perte de la totalité de l’équipement de forces allemandes
24 286 tués et disparus, 55 902 blessés et malades
Seconde Guerre mondiale
Batailles
Front de l’Est

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La bataille de Tcherkassy, aussi connue sous le nom de bataille de Korsoun, s’est déroulée du 24 janvier 1944 au 17 février 1944. Elle a opposé sur le front de l’est le Groupe d'armées Sud du côté allemand aux 1er et 2e fronts ukrainiens de l’Armée rouge.

Elle a fait suite à l’offensive de Korsoun-Chevtchenkivskyï, l’une des opérations menées dans le cadre de l’offensive stratégique Dniepr-Carpates (24 décembre 1943-17 avril 1944).

Sommaire

Janvier 1944

En janvier 1944, le Groupe d’armées Sud de la Wehrmacht, sous le commandement du Feldmarschall Erich von Manstein, qui comprend notamment la 8e armée allemande dirigée par le général Otto Wöhler a fait retraite jusqu’à la ligne Panther-Wotan, une position défensive le long du Dniepr, en Ukraine.

Deux corps d’armées, le XIe du général Wilhelm Stemmermann, et le XLIIe du lieutenant général Theobald Lieb, renforcés par le détachement B de la 8e armée occupent un saillant à l’intérieur des lignes soviétiques : ce saillant s’étend sur 100 kilomètres, jusqu’au village de Kanev, sur le Dniepr, avec en son centre la ville de Korsun, à l’ouest de Tcherkassy.

Le maréchal de l’Union soviétique Gueorgui Joukov se rend compte de la possibilité de détruire la 8e armée de Wöhler, en prenant Stalingrad comme modèle et en utilisant les mêmes tactiques que celles qui ont permis la défaite de la 6e armée de von Paulus après son encerclement. Joukov propose au commandement suprême de l’Armée rouge (Stavka) de déployer les 1er et 2e fronts ukrainiens afin de constituer deux lignes d’encerclement, la première étant destinée à anéantir les troupes allemandes prises au piège et la deuxième à empêcher que des renforts ne puisent rejoindre les unités encerclées.

Malgré les avertissements répétés de von Manstein et d’autres officiers, Adolf Hitler refuse d’autoriser les unités exposées à une offensive soviétique à se retirer sur des positions plus sûres.

Pour mener à bien la destruction de la 8e arme allemande, les Soviétiques déploient les forces suivantes :

  • 1er front ukrainien
27e et 40e armées, 2e armée aérienne et 6e armée blindée
  • 2e front ukrainien
4e armée, 5e armée blindée, 5e armée aérienne et 5e corps de cavalerie de la Garde, 52e et 53e armées. Ces forces sont rejointes par la 2e armée blindée pendant le cours de l’opération.

L’encerclement

Les percées soviétiques ont créé la poche de Korsun-Cherkassy.

Le 18 janvier 1944, les craintes de von Manstein s’avèrent fondées lorsque le 1er front ukrainien du général Nikolai Vatutin et le 2e front ukrainien du général Ivan Konev attaquant les côtés du saillant et encerclent les deux corps d’armées allemands. Le 28 janvier, la jonction entre la 20e brigade blindée de la Garde et la 6e armée blindée du 1er front ukrainien, au village de Zvenigorodka boucle l’encerclement et crée la poche (Kessel en allemand = chaudron), bientôt connue sous le nom de poche de Korsun-Tcherkassy. Joseph Staline attend le second Stalingrad qui lui avait été promis : « Il ne faut pas s’en faire, camarade Staline. L’ennemi encerclé ne s’échappera pas. »[1]

60 000 hommes sont pris dans la nasse, soit six divisions comprenant environ 55% de leurs effectifs et un certain nombre d’autres unités de plus petite taille. Parmi les forces allemandes prises au piège, se trouvent la 5e Panzerdivision SS Wiking dont fait partie la SS Sturmbrigade Wallonie, le bataillon SS estonien Narwa, ainsi que cinq à six mille auxiliaires russes. Ces forces sont placées sous le commandement du général Wilhelm Stemmermann et dénommés ‘‘Gruppe Stemmerman’’. La division Wiking dispose de 43 tanks Panzer III/IV et de canons d’assaut : ces éléments blindés sont complétés par 27 canons d’assaut fournis par deux bataillons de ce type d’arme.

Les Soviétiques se battent durement, dans deux directions, pour élargir "l'anneau" d'encerclement, guère épais de plus de trois kilomètres au moment de la percée. Au prix de lourdes pertes, cet anneau mesure 45 km dans sa partie la plus étroite[2]. La tactique soviétique est alors, d'après le major Kampov, de liquider le Kessel morceau par morceau. À la mi-février, les Allemands tiennent encore une poche de dix kilomètres sur douze autour de Korsoun et Chanderovka, attendant le miracle d'une percée du général Hube.

La réaction allemande

La tentative de secours allemand commence. Des chars et des halftracks de la 1re Division de Panzers font route vers la poche de résistance, au début du mois de février 1944.

Von Manstein réagit rapidement et début février, les IIIe et XLVIIe corps blindés sont rassemblés pour une opération de secours. Adolf Hitler ordonne cependant à Manstein que cette opération de secours soit transformée en un contre-encerclement des deux fronts russes.

Alors que le général Hermann Breith, commandant du IIIe Panzerkorps insiste pour que les deux corps blindés unissent leurs forces pour ouvrir un couloir vers le Gruppe Stemmermann, Manstein soutient la position d’Hitler, même si elle lui semble erronée, et l’attaque se transforme en une tentative allemande d’encercler la totalité des forces soviétiques.

L’offensive menée par la 11e Panzerdivision, du XLVIIe Panzerkorps, qui ne dispose que de 27 chars et 34 canons d’assaut, est rapidement bloquée[3]. Se rendant compte que l’encerclement des troupes soviétiques va échouer, Manstein donne l’ordre au IIIe Panzerkorps de tenter de rejoindre le Gruppe Stemmermann. Conduite par la 1re division SS Leibstandarte Adolf Hitler, l’attaque allemande rencontre rapidement une forte résistance face à quatre corps blindés soviétiques et s’enlise, suite au changement de météo, dans la boue épaisse de la raspoutitsa.

Le 11 février, le IIIe Panzerkorps, avec à sa tête la 16e division blindée renouvelle ses efforts. Après de durs combats, la division, épuisée, atteint la rivière Gniloy Tikich et établit une petite tête de pont sur sa rive Est; dans la petite ville de Lysyanka. Le IIIe Panzerkorps ne pouvant poursuivre sa percée, c’est au Gruppe Stemmermann de se frayer un chemin pour briser l’encerclement.

La fuite

Le Gruppe Stemmermann ne tient plus que Chanderovska où la situation sous les bombes incendiaires soviétiques est dramatique. Le 16 février, sans attendre le feu vert d'Hitler, von Manstein envoie un message à Stemmermann pour l'autoriser à tenter la percée. Le message dit simplement : « Mot de passe Liberté, objectif Lysyanka, 2300 heures »

Le Gruppe Stemmermann, incluant la division SS Wiking, décide de se séparer en deux colonnes. Les blessés non transportables sont abandonnés. À 23 heures, les unités se mettent en marche silencieusement en direction de Lyssianka, à environ 7 km au sud-ouest de Chanderovska. Le contact avec la première ligne soviétique a lieu une demi-heure plus tard.

Se rendant compte de la manœuvre, le général Koniev, qui avait promis à Staline qu'aucun Allemand n'en échapperait, ordonne à toutes les troupes disponibles — des unités blindées et d'artillerie, sans infanterie conséquente — d'attaquer les fuyards. Des éléments de la 5e armée blindée de la Garde, solidement installée sur la Colline 239 située sur la route du retrait, forcent les Allemands à la contourner.

Mais la somme des actions allemandes s'avère payante. Une arrière-garde couvre leur retraite. Le général Stemmermann qui la commande y est tué par un éclat d'obus ; il sera enterré par les Soviétiques. Le Kampfgruppe Bäke s'infiltre à la rencontre d'unités en fuite pour leur ouvrir le passage.

À 6 h 30, les premiers éléments atteignent Lyssianka, et à midi la quasi-totalité des unités a fait de même, dans la panique la plus totale. Sous le feu soviétique et sous la pression des chars T-34 et JS-2, certains trouvent la mort en cherchant à traverser immédiatement la rivière Gniloy Tikich gonflée par les glaces, sans emprunter un des deux ponts tenus par le IIIe Panzerkorps. Plusieurs centaines de prisonniers de guerre, de civils ukrainiens mais aussi des auxiliaires féminines russes, craignant des représailles des Soviétiques, font de même[4].

Le reste du kessel est liquidé par l'Armée rouge. Les Allemands se retirent le 19 février, considérant que plus aucun évadé n'est à attendre.

Le 28 février, le général Nikolaï Vatoutine est grièvement blessé, dans une embuscade loin du front, par l'Armée insurrectionnelle ukrainienne. Il meurt de ses blessures 6 semaines plus tard.

Bilan

Entre la propagande soviétique qui voyait un « Stalingrad sur le Dniepr », et la propagande allemande qui éluda l'encerclement, la bataille militaire s'est doublée d'une bataille de chiffres. Selon les sources allemandes, sur les 60.000 soldats encerclés, environ 40 000 réussissent à s'échapper, dont certains évacués par air, 10.000 ayant été tués lors des violents combats des premiers jours de la poche[5]. Selon les Soviétiques, qui n'avancèrent eux-mêmes aucun chiffre sur les pertes de l'Armée rouge, les pertes allemandes sont évaluées à entre 52 000 à 57 000, les prisonniers entre 11 000 et 18 000 hommes.

Malgré l'évasion réussie de troupes allemandes, six de leurs divisions dont la division Wiking ont été sévèrement endommagées, nécessitant leur retrait du front pour les reconstituer et le ré-équiper à l'arrière. Tout le matériel lourd a été abandonné. Il s'agit donc d'une victoire militaire importante pour les Soviétiques, qui leur permet de poursuivre plus loin et sans délai leur avance vers l'ouest.

Bibliographie

  • Armstrong, Richard N., Red Army Tank Commanders. The Armored Guards, Atglen, Pennsylvania, Schiffer Publishing Ltd., 1994. (ISBN 0887405819)
  • Carell, Paul, Scorched Earth, New York, Ballantine Books, 1971. (ISBN 0345022130)
  • Department of the Army Pamphlet 20-234, Operations of Encircled Forces: German Experiences in Russia, Washington, DC, U.S. Government Printing Office, 1952.
  • Glantz, David & House, Jonathan M., When Titans Clashed. How the Red Army Stopped Hitler, Lawrence, University Press of Kansas, 1995. (ISBN 070060717X)
  • Lopez, Jean, Le chaudron de Tcherkassy-Korsun et la bataille pour le Dniepr, Economica, mai 2011, Paris.
  • Nash, Douglas E. Hell's Gate: The Battle of the Cherkassy Pocket, January-February 1944 , Southbury, Connecticut, RZM Publishing, 2002. (ISBN 0965758435)
  • Perrett, Bryan, Knights of the Black Cross, Hitler's Panzerwaffe and its Leaders, New York, St. Martin’s Press, 1986. (ISBN 0709028067)
  • Shukman, Harold, ed., Stalin's Generals, New York, Grove Press, 1993. (ISBN 1842125133)

Notes et références de l'article

  1. Konev, Battles Hitler Lost, cité ‘’in’’ Nash, Hell's Gate, p. 200
  2. Alexander Werth, La Russie en Guerre, De Stalingrad à Berlin, p262
  3. Perrett, Knights of the Black Cross, p. 167
  4. Carrel, p. 430
  5. Le chiffre de 40 000 échappés est repris par l'historien Douglas E. Nash, Hell's Gate, p. 398

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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Bataille de Tcherkassy de Wikipédia en français (auteurs)

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