Monistrol

Monistrol

Monistrol-sur-Loire

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Monistrol-sur-Loire

Le pont suspendu de Confolent sous le Viaduc du Lignon (RN 88)
Le pont suspendu de Confolent sous le Viaduc du Lignon (RN 88)

Armoiries logo
Administration
Pays France
Région Auvergne
Département Haute-Loire
Arrondissement Yssingeaux
Canton Canton de Monistrol-sur-Loire
Code Insee abr. 43137
Code postal 43120
Maire
Mandat en cours
Robert Valour
2008-2014
Intercommunalité Communauté de communes Les Marches du Velay
Site internet http://www.monistrol-sur-loire.com
Démographie
Population 8 444 hab. (2006)
Densité 175 hab./km²
Aire urbaine 11 926 hab.
Gentilé Monistrolien(nes)
Géographie
Coordonnées 45° 17′ 36″ Nord
       4° 10′ 22″ Est
/ 45.2933333333, 4.17277777778
Altitudes mini. 434 m — maxi. 874 m
Superficie 48,25 km²

Voir la carte physique

Voir la carte administrative

Monistrol-sur-Loire (en latin Monasteriolum, Monastrolium[1]) est une ville française du Velay, en pays d'Oc, deuxième agglomération du département de la Haute-Loire.

Située sur l'axe de Lyon à Toulouse par le Massif central, dominant la vallée de la Loire, elle appartient à la communauté de communes Les Marches du Velay. Elle a connu une forte expansion depuis les dernières décennies du XXe siècle.

Ses habitants sont appelés Monistroliens et Monistroliennes.

Sommaire

L'espace monistrolien

  • Une improbable situation

Au rebord oriental du Massif central, sur les contreforts granitiques de la chaîne cévenole des Boutières[2], la région monistrolienne est une région de forêts résineuses. Le plateau, à plus de 700 mètres d'altitude, ne bénéficie pas de l'axe des gorges de la Loire trop encaissées[3] et connaît un long isolement. Monistrol appartient dès l'origine au pays du Velay.

  • La forme d'une ville
« Monistrol s'impose d'abord par son site, une langue de granit entre deux ravins : on parle d'un ermite et de ses combats contre le diable Bilhard, métamorphosé en un rocher que l'on voit encore dans les gorges sauvages auxquelles il a laissé son nom. »

— Dr Jacques Boncompain[4]

Monistrol s'affirme précocément comme place de sûreté pour les environs. Au confluent des ruisseaux de Saint-Marcellin et de Piat, un premier château s'implante et une ville se développe sous sa protection. Cité close dotée d'un mur de ville, dont quelques vestiges subsistent, Monistrol voit le développement de faubourgs industriels à l'est, le long de la route royale de Lyon à Toulouse nouvellement percée (XVIIIe siècle), et au sud, comme au Monteil. Le renouveau urbain des dernières décennies est pavillonnaire et s'oriente vers l'est (quartier du Mazel et zone de Chavanon) et surtout vers le sud (quartiers du Kersonnier et du Pêcher). La référence à la Loire est une nécessité administrative (la distinction avec Monistrol-d'Allier) et n'implique pas une quelconque influence du fleuve sur le développement urbain.

  • Du désenclavement à la polarisation

La ville bénéficie de sa place sur la route royale de Lyon à Toulouse, qui permet l'ouverture d'un bureau de poste dès 1755. Améliorée dans la perspective d'un désenclavement global du Velay, la route devenue nationale 88 est finalement aménagée progressivement en voie rapide à la fin du XXe siècle. Désormais à 20 minutes de Saint-Étienne[5], Monistrol est le point de départ de migrations pendulaires vers le bassin stéphanois. La gare de Bas-Monistrol place la ville à 3h29 de Paris-Gare-de-Lyon par TGV[6].

  • Une identité problématique

La région de Monistrol a toujours constitué une interface entre Velay et Forez, et a ainsi bénéficié d'influences contraires. La frontière nord de l'Occitanie est située au nord de la commune[7] et les toits à génoise, caractéristiques des régions méridionales, sont nombreux dans la vieille ville[8]. A l'opposé, le château abrite le seul plafond à la fougère, spécialité forézienne et lyonnaise, connu en Velay au XVIe siècle. L'influence du Lyonnais et du Forez s'est surtout manifestée par l'activité économique. Le développement proto-industriel du XIXe siècle (passementerie, métallurgie, etc.) tient à la proximité de Saint-Étienne et de Lyon[9]. Bien que le département de la Haute-Loire soit rattaché à la région Auvergne, la ville appartient à la zone d'influence de Saint-Étienne et tire sa prospérité de l'aire urbaine stéphanoise. L'expansion démographique résulte d'un phénomène de périurbanisation en provenance de la région Rhône-Alpes. La région monistrolienne se définit dès lors comme la Marche-du-Velay, zone d'interface en développement rapide.

Toit à génoise dans le bourg médiéval.

Histoire

Armes de Haute Loire
Armes de Monistrol
Monistrol-l'Évêque

Les armes de Monistrol (à droite) déclinent celles du Velay (à gauche) avec quelques différences : les engrelures disparaissent, l'épée est en pal mais non soutenue. A travers les symboles de la crosse et de l'épée, elles rappellent le double pouvoir, spirituel et temporel, du seigneur de Monistrol. La devise de la cité est reprise de celle du comte-évêque, Ad utrumque paratus, qui signifie "prêt pour les deux", nouveau renvoi au double pouvoir du comte-évêque du Velay. Sous l'Ancien Régime, la ville est parfois appelée Monistrol-l'Évêque. La Révolution la rebaptise Monistrol-en-Velay puis Monistrol-sur-Loire, appellation qui s'est imposée sous la Monarchie de Juillet.


L'antique Monastrolium, déformation du mot savant Monasteriolum, petit monastère, se développe dès le haut Moyen-Âge. La ville abrite depuis le IXe siècle[10] les reliques de saint Marcellin, pseudo-évangélisateur du Velay oriental[11], qui attirent de nombreux pèlerins. Seigneurs de la cité après la Huitième Croisade (1270), les évêques du Puy font du château leur résidence d'été[12]. En 1309, Monistrol, dotée d'un chapitre de chanoines par l'évêque Bernard de Castanet, est la deuxième ville du diocèse. Ses consuls, administrateurs municipaux, siègent régulièrement aux États du Velay.

Pendant les Guerres de Religion, la ville d'Antoine de Sénecterre résiste aux assauts huguenots, avant d'être occupée par les troupes du gouverneur ligueur Saint-Vidal (1590). L'évêque Jacques de Serres ne peut rentrer dans ses droits, après arrêt du Parlement de Paris, que sur ordre exprès d'Henri IV, en 1597.

Les siècles classiques (XVIIe-XVIIIe) font figure d'âge d'or pour Monistrol. Humaniste, amoureux des lieux, l'évêque Armand de Béthune, neveu de Sully, enrichit alors le château et le parc adjacent, et attire des artistes comme le sculpteur Pierre Vaneau. Le chantier est poursuivi par ses successeurs comme Geoffroy-Maurice de Conflans ou Marie-Joseph de Galard. A la même époque, la ville se modernise et s'étend, de nouveaux axes sont tracés, hôpital et école sont reconstruits.

Loyale sous la Révolution, elle voit cependant la sous-préfecture lui échapper. L'industrie, en particulier textile et métallurgique, se développe largement au XIXe siècle. Après un long déclin, la population double dans les dernières décennies du XXe siècle.

Les mutations économiques[13]

La proximité de deux foyers industriels, Lyon[14] et surtout Saint-Étienne, a déterminé le développement précoce de l'industrie sur les plateaux du Velay, sans doute dès la fin du XVIIIe siècle. Le textile et la métallurgie, spécialisations dominantes, sont en effet des secteurs caractéristiques de la première industrialisation.

Tout au long du XIXe siècle, l'activité industrielle s'est implantée dans les gros bourgs du nord-est de la Haute-Loire, comme Sainte-Sigolène ou Saint-Didier-en-Velay. Il est difficile de distinguer la part de l'initiative locale et des donneurs d'ordre extérieurs, lyonnais et stéphanois, mais il est certain que la proximité a joué un rôle décisif, notamment pour les débouchés commerciaux.

À Monistrol, le tissage, la passementerie et la rubannerie étaient très répandus. Il s'agissait d'une activité essentiellement masculine, pratiquée sur de hauts métiers à tisser[15]. Selon Yves Lequin[16], les produits étaient ensuite revendus à Lyon, centre de cette activité. L'industrie mécanique est quant à elle liée à Saint-Étienne. Elles se pratiquait dans des entreprises locales (Martouret, Clémenson) ou dans des filiales d'entreprises stéphanoises (Limouzin). Au début du XXe siècle, la boulonnerie, la coutellerie et l'industrie du cycle dominaient. La polyactivité des ouvriers, qui conservaient une activité agricole, s'est maintenue très tardivement. Contrairement à la région stéphanoise, on ne peut pas parler de formation d'un prolétariat en Velay. Les comportements politiques témoignent d'ailleurs de la faible implantation du communisme en Haute-Loire, région très marquée par le catholicisme social et le syndicalisme chrétien.

La cité à la veille de la Révolution, d'après le lavis de Louis Menier conservé à la Bibliothèque nationale (1788)

Cette industrie traditionnelle s'est maintenue jusqu'à la seconde moitié du XXe siècle, avant de décliner progressivement[17], favorisant ainsi l'exode rural et un lent déclin démographique[18]. Une étape importante a été la fermeture des usines Martouret, principal employeur de Monistrol, à la fin des années 1980. Cependant, aujourd'hui encore, des entreprises de mécanique de précision, en particulier de décolletage (Lisi, Deville), et de rubannerie spécialisée (le leader mondial a son siège sur la commune), sont implantées sur la commune.

Dans la seconde moitié du XXe siècle, le renouveau industriel[19] est principalement le fait de la plasturgie. En 1955, Abel Barbier fonde à Sainte-Sigolène la première usine de plastiques. Cette commune proche de Monistrol est aujourd'hui le coeur d'un véritable système productif local, deuxième producteur de plastique français après Oyonnax. La plasturgie s'est implantée plus tardivement à Monistrol et elle est aujourd'hui critiquée pour son impact environnemental. Les Établissements Barbier n'en demeurent pas moins le principal employeur de la commune.

On ne peut parler à Monistrol, contrairement à Sainte-Sigolène, de mono-industrie. Le secteur des services domine en effet à Monistrol[20] : commerce, éducation, banque et assurances, etc. L'importance de ces activités tertiaires est liée au développement démographique de la région, qui a imposé Monistrol comme capitale de la Marche-du-Velay. D'autre part, près du tiers des actifs monistroliens travaille dans la région stéphanoise avec la périurbanisation[21].

L'image de la montagne-atelier s'estompe ainsi progressivement.

Démographie et urbanisme

Après un déclin continu dans la première moitié du XXe siècle, la population monistrolienne connaît une forte expansion depuis 30 ans[22]. Le nombre d'habitants a progressé de plus de 41 % entre 1982 et 1999[23]. L'évolution démographique repose essentiellement sur l'attractivité migratoire, avec 1 020 habitants supplémentaires durant la période intercensitaire. Un autre fait marquant est la surreprésentation des 0-19 ans (28,7 % à Monistrol contre 24,6 % au niveau national) et des familles (ménages de 4 personnes et plus) dans la population.

Plusieurs étapes jalonnent ce développement : la construction par le maire Joannès Laval du Domaine de La Rivoire, l'aménagement en voie rapide de la RN 88, qui place la ville à 20 minutes de Saint-Étienne, et l'ouverture en 1994 du Lycée Léonard-de-Vinci, unique lycée public de l'arrondissement. Cette croissance s'est accélérée sous la mandature de Guy Granger. Elle n'est pas sans nécessiter la création de nouveaux équipements, comme les écoles ou crèches ; surtout elle pose aujourd'hui des problèmes aigus de circulation dans le centre, réduit et contraint par les dénivellations. Une des solutions a été la déconcentration des activités commerciales dans des zones périphériques (zonage fonctionnel). L'expansion urbaine s'effectue principalement sur le mode pavillonnaire. La périurbanisation a profondément modifié l'aspect d'une commune autrefois rurale et industrielle. Aux fermes, aux quartiers d'artisanat et d'industrie ont succédé les lotissements. Certains n'hésitent pas à parler de mitage.

Évolution démographique
(Source : Cassini[24] et INSEE[25])
1793 1800 1806 1821 1831 1836 1841 1846 1851
3 923 3 913 4 048 3 930 4 145 3 825 3 975 4 431 4 619
1856 1861 1866 1872 1876 1881 1886 1891 1896
4 752 4 473 4 781 4 452 4 722 4 703 4 850 4 719 4 918
1901 1906 1911 1921 1926 1931 1936 1946 1954
4 931 5 087 5 008 4 481 4 487 4 305 4 116 3 829 4 063
1962 1968 1975 1982 1990 1999 2006 - -
4 020 4 265 4 607 5 143 6 180 7 451 8 444 - -

Nombre retenu à partir de 1962 : population sans doubles comptes


Données administratives

Vie municipale

Robert Valour, professeur des écoles, a succédé en 2008 au conseiller général Guy Granger. Ancien secrétaire de la section locale du Parti socialiste, il était à la tête d'une liste de large rassemblement face au maire sortant, à la tête de la ville depuis 1989.

Les maires depuis 1971
Période Identité Parti Qualité
depuis 2008 Robert Valour DVG professeur des écoles
1989 - 2008 Guy Granger DVD* professeur en classes préparatoires
1988 - 1989 Yves Néron-Bancel DVD* ingénieur
1983 - 1988 Joannès Laval DVD* expert-comptable
1971 - 1983 Georges Boscher DVD* agent d'assurances
*Classifications de la Préfecture de la Haute-Loire


Intercommunalité

La commune est membre de la Communauté de communes Les Marches du Velay et appartient au Pays de la Jeune Loire et de ses rivières, qui regroupe le nord-est de la Haute-Loire.

Autres circonscriptions

Monistrol relève du Tribunal de grande instance, du Tribunal de commerce et du Conseil de prud'hommes du Puy, ainsi que du Tribunal administratif de Clermont-Ferrand. Il appartient à la première circonscription de la Haute-Loire pour l'élection des députés.

Jumelage

Monistrol est jumelée avec Drapeau de l'Espagne Monistrol de Montserrat (Espagne), en Catalogne, depuis 1994.

Établissements scolaires

Le Donjon, récemment restauré
Clocher de la Collégiale, restauré en 1989

Avec l'ouverture du Lycée Léonard-de-Vinci en 1994, qui s'ajoute au Lycée Notre-Dame-du-Château, Monistrol est devenu un important centre scolaire, qui accueille plus de 4100 élèves[26], de la maternelle à bac +2.

Établissements scolaires de Monistrol
Établissements Publics Privés sous contrat avec l'État
Maternelles

• Prévescal
• Kersonnier Albert-Jacquard

• Notre-Dame-du-Château
Site Internet

Primaires

• Prévescal
• Kersonnier Albert-Jacquard

• Notre-Dame-du-Château
Site Internet

Collèges

• Collège du Monteil
Site Internet

• Collège Notre-Dame-du-Château
Site Internet

Lycées

• Lycée Léonard-de-Vinci
(général et technologique)
Site Internet

• Lycée Notre-Dame-du-Château
(général et technologique)
• Lycée professionnel privé
(industriel et tertiaire)
Site Internet

Post-baccalauréat

BTS commercialisation de produits
(Léonard-de-Vinci)

BTS assistant technique d'ingénieur
(Notre-Dame-du-Château)

Parmi les anciens élèves célèbres des établissements scolaires de Monistrol, il faut mentionner la figure d'Hubert Beuve-Méry, pensionnaire au lycée Notre-Dame-du-Château au début des années 1920 et futur fondateur du quotidien Le Monde à la Libération (1944)[27].

Vie culturelle et associative

Depuis 2003, une saison culturelle dédiée au spectacle vivant sous toutes ses formes est organisée par l'Office municipal de la culture, en partenariat avec la Comédie de Saint-Étienne. Des expositions et lectures, en particulier pour le jeune public, ont régulièrement lieu à la médiathèque municipale. Chaque année, les salons du Château des Évêques abritent les célèbres GastrÔleries, "fêtes du vin et du mangement", le PrinTemps de lire et les expositions d'été sur un thème historique. Parmi les associations qui agissent dans le secteur culturel, on citera notamment la Société d'histoire de Monistrol et l'Association des Amis du Château.

La presse locale comprend un seul quotidien, La Tribune - Le Progrès (édition stéphanoise du Progrès de Lyon), et trois hebdomadaires, La Gazette de la Haute-Loire, le Renouveau (proche de l'évêché) et L'Éveil hebdo (proche de la majorité départementale). Le quotidien départemental du soir, L'Éveil de la Haute-Loire, n'est pas diffusé à Monistrol.

Plus de 40 sports, de la natation à l'aïkido, peuvent être pratiqués dans les associations de la commune, regroupées au sein de l'Office municipal des sports (OMS), qui organise chaque année la Fête du sport (près de 4 000 participants en 2008).

L'Union sportive monistrolienne (USM), l'Amicale des pêcheurs de Monistrol-Gournier et la Société de chasse sont les plus vieilles associations de la commune.

Comme pour les autres enfants, adolescents et adultes, diverses structures associatives offrent une prise en charge aux personnes qui vivent une situation de handicap (renseignements en mairie).

Monuments et sites

La ville et le Château

Vue intérieure de la collégiale Saint-Marcellin, prise de la tribune. Nef centrale et chœur romans.
Vitraux du chœur.

Dominant la vieille ville et le ruisseau de Piat, le Château des Évêques-du-Puy est le principal monument de la commune. Construit du XIIIe siècle au XVIIIe siècle, il sert de résidence aux évêques du Puy jusqu'à la Révolution. Il abrite aujourd'hui l'Office de tourisme, l'association de Amis du Château et la Société d'histoire de Monistrol avec des salles d'exposition. De son parc classique, qui comprenait autrefois un vaste parc avec un jardin botanique, un temple et des statues, ne subsistent aujourd'hui que les allées.

La Collégiale Saint-Marcellin, au centre de la vieille ville, remonte au moins au XIIe siècle et servit d'église paroissiale jusqu'en 1309, date à laquelle elle fut transformée en collégiale par l'évêque du Puy pour honorer les cendres de saint Marcellin qui y avaient été transférées en 890. De l’église romane bâtie au milieu du XIIe siècle, il reste aujourd’hui la nef de quatre travées et le chœur doté d’une coupole octogonale sur trompes et de deux chapelles latérales ; le déambulatoire et autres piliers en effet furent démolis en 1777, sur demande des chanoines, et l'abside et les nefs latérales en 1793. Cependant, en 1806, l’église fut reconstruite sous sa forme actuelle et, abstraction faite des bas-côtés du choeur et de la partie centrale de la façade occidentale, tous les murs extérieurs de l’édifice visible aujourd’hui datent de l’Empire. Telle quelle, l’église est connue surtout, outre pour son chœur roman, pour son clocher classique de 1657 surmontant la coupole de ce choeur (mais dont le dôme bulbeux fut supprimé au début du XXe siècle), ainsi que pour le remarquable reliquaire doré de saint Marcellin, patron de la commune, réalisé au Moyen-Âge. Les vitraux, qui ont été créés en trois étapes (ceux de l’abside en 1864, ceux des bas-côtés de la nef en 1869, et ceux de la façade en 1871), sont l'oeuvre du maître lyonnais Barrelon et constituent un ensemble remarquable. Le mobilier comprend également des peintures (Saint François stigmatisé secouru par les anges, copie de 1845 par Juiton d’un tableau de Gerard Seghers, et l’Immaculée Conception, copie de 1849 par Cartelier de la célèbre toile de Murillo), des sculptures (un Christ en croix dans la coupole du choeur, une Vierge à l’enfant dans le collatéral sud, datant tous deux de la fin du XVIIIe siècle), des devants d’autel en marbre, etc. En 1984 et dans les années qui ont suivi, l’église fut soumise à une importante rénovation intérieure, tendant à mettre en évidence l’opposition entre la partie centrale romane et l’enveloppe de style classique.

D'autres monuments rappellent l'ancienne emprise des évêques sur la ville, comme le couvent des Ursulines, dont l'austère façade classique abrite le rétable en bois doré de La Mort de Saint-Joseph, chef d'œuvre du sculpteur Vaneau (XVIIe siècle)[28], le couvent des Sœurs de Saint-Joseph[29], ou l'ancien couvent des Capucins, aujourd'hui lycée professionnel.

Le Donjon, ancien corps de garde de la porte de l'Arbret, est un des derniers vestiges du mur de ville, chargé de protéger certains quartiers comme celui du Château, aujourd'hui très dégradé. Malgré tout, de nombreux efforts sont entrepris pour mettre en valeur ce patrimoine : Monistrol a ainsi obtenu sa deuxième fleur au concours des villes et villages fleuris.

Dans la commune

La Loire à Gournier, vers l'aval
La Loire à Gournier, vers l'amont

Le ruisseau du Piat s'écoule dans les Gorges de Bilhard, théâtre d'une légende confrontant un ermite au diable Billard, avant de se jeter dans la Loire. Le fleuve traverse une partie de la commune dans des Gorges très encaissées.

Plusieurs châteaux sont situés dans les villages de la commune : château du Chambon, ruiné (reste la tour), château du Flachat (possession des Béget, des Charbonnel, enfin de la famille Néron-Bancel depuis le XIXe siècle), château de Martinas (familles Bayle puis Néron-Bancel), château de Foletier (famille Jourda de Vaux), qui abrite chaque été un festival de piano, château du Betz (famille de Charbonnel) et château de Paulin, ruiné.

Personnalités

  • Le pasteur Jean Chassanion (1531-1598), né à Monistrol et mort à Genève, est l'auteur d'œuvres apologétiques inspirées des écrits de Calvin et d'une Histoire des Albigeois[30].
  • Armand II de Béthune (1635-1703), neveu de Sully, est nommé en 1661 évêque du Puy. Amoureux des lieux, il donne au Château et à son parc leur visage classique au fil d'incessants travaux. Honnête homme, il s'entoure de l'architecte Coppin et de l'érudit Théodore de Champigny (auteur de l'Histoire de l'église angélique de Notre-Dame du Puy), tous deux ermites dans les Gorges de Bilhard, et fait appel à des artistes de talent.
  • Pierre Vaneau (1653-1694). Sculpteur né à Montpellier, il s'installe dans la cité à l'invitation de l'évêque et y réalise La Mort de Saint-Joseph, rétable en bois doré de la Chapelle des Ursulines[31].
  • Le maréchal de Jourda de Vaux (1703- 1787), vainqueur et gouverneur de la Corse, fréquente l'école de Monistrol et le château de Foletier, une des demeures familiales
  • L'historien érudit Augustin Simon Irailh (1717-1794), auteur de Querelles littéraires, est brièvement chanoine au chapitre de la Collégiale Saint-Marcellin.
  • Marie-Joseph de Galard de Terraube (1774-1802) est le dernier seigneur de Monistrol. Homme de cour, fidèle à Louis XVI, il refuse la Constitution civile du clergé et se réfugie dans la cité avant d'émigrer.
  • Les poètes monistroliens Hippolyte de Chabron (1806-1883) et Eugène David (1876-1956), auteur des Fleurs vellaves et stéphanoises, soulignent la beauté discrète d'une cité classique devenue industrielle. En revanche, le chansonnier Rémi Doutre (XIXe siècle) ne fait que peu de références à sa ville de naissance.
  • Emmanuel de Chabron (1806-1889), général issu d'une des plus vieilles familles monistroliennes, s'illustre lors de la prise de Constantine et la guerre de Crimée.
  • Marc Bouchacourt (XIXe siècle) témoigne de la vie monistrolienne à la Belle Époque. Il croque la ville et ses habitants dans ses tableaux et dessins.
  • L'homme politique Édouard Néron (1867-1945), est membre d'une longue lignée de notables monistroliens, bienfaiteurs de la ville, la famille Néron-Bancel. Maire à la Belle Époque, il parvient à devenir député puis sénateur de la Haute-Loire sous l'étiquette de la Fédération républicaine.
  • Le journaliste Hubert Beuve-Méry, futur directeur du Monde, fut élève du lycée Notre-Dame-du-Château peu après la Première Guerre mondiale.

Orientations bibliographiques

Monographies

  • François Boulet, L’État d’esprit en Haute-Loire, 1940-1944 : des refuges aux maquis, Le Puy-en-Velay, éd. des Cahiers de la Haute-Loire, 2003
  • Ahmed Chafchafi, Le Velay septentrional, morphogenèse et morphostructure, Saint-Étienne, Presses universitaires, coll. des études foréziennes, 1997
  • Gilles Charreyron, Politique et Religion. Protestants et catholiques de la Haute-Loire, Clermont-Ferrand, Presses de l'Université Blaise-Pascal, coll. Études sur le Massif central, 1990
  • André Crémillieux, Philippe Moret, Auguste Rivet et Pierre Burger, Voyage au pays des béates, Clermont-Ferrand, éd. de Borée, 2003
  • Mauricette Fournier, Les Dynamiques industrielles d’une moyenne montagne : innovations, initiatives en Auvergne et Velay, Clermont-Ferrand, Publications de la Faculté des lettres, 1998
  • Christophe Granier, Jean de Hédouville, Sylviane Hugon (éd.), Atlas pratique de la Haute-Loire, Le Puy-en-Velay, Cartographie & Décision, 1996
  • Yves Lequin, Les Ouvriers de la région lyonnaise (2 vol.), Lyon, Presses universitaires, 1977
  • Christian Lauranson-Rosaz, L'Auvergne et ses marges (Velay, Gévaudan) du VIIIe siècle au XIe siècle. La fin du monde antique ?, Le Puy-en-Velay, éd. des Cahiers de la Haute-Loire, 1987, réédition 2007
  • René Lebeau (dir.), Atlas et Géographie de la région lyonnaise, Paris, Flammarion, coll. Portrait de la France moderne, 1970
  • Pierre Mazataud, Géopolitique d'une région : l'Auvergne, Nonette, Créer éd., 1987
  • Jean Merley, L'Industrie en Haute-Loire de la fin de la Monarchie de Juillet aux débuts de la Troisième République, Lyon, éd. du Centre d'histoire économique et sociale de la région lyonnaise, 1972
  • Jean Merley, La Haute-Loire, de la fin de l'Ancien Régime aux débuts de la Troisième République (2 vol.), Le Puy-en-Velay, éd. des Cahiers de la Haute-Loire, 1974
  • Philippe Moret (éd.), Monistrol d'antan, Monistrol, Court imp., 1988
  • Auguste Rivet, La Vie politique dans le département de la Haute-Loire de 1815 à 1974, Le Puy-en-Velay éd. des Cahiers de la Haute-Loire, 1978
  • Auguste Rivet (dir.), Politique nationale et Politique locale en Haute-Loire, XIXe siècle-XXe siècle, Le Puy-en-Velay, éd. des Cahiers de la Haute-Loire, 2004
  • Marcel Romeyer, Monistrol de l'ère nouvelle, Monistrol, Court imp., rééd. 1994
  • Louis Simmonet, Le Peuplement dans l'Antiquité en Velay. Occupation des sols et économie, Le Puy-en-Velay, éd. des Cahiers de la Haute-Loire, 1984

Périodiques

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Notes

  1. Sur l'origine du nom, Géraud Lavergne indique que « monasteriolum désigne à l'époque carolingienne un cœnobiolum, un petit monastère, l'obédience d'une abbaye plus importante. Ce nom n'est pas moins répandu en toponymie que monasterium. La forme du latin vulgaire, monisteriolum, dans lequel l'accent a été avancé sur l' o ouvert du suffixe, est commune à la France du Midi, du Centre et de l'Est. On la trouve fixée dans Ménestérol (Dordogne), autrefois Monesterol. L'affaiblissement de la semitonique en e et l'élision du second e atone au XIIIe siècle a amené une série de formes dans lesquelles la tonique reste o, se diphtongue en -ue, eu (réduit à u), ou passe à -au : Monistrol (Haute-Loire), Monestrol (Aude, Haute-Garonne), Menétrol (Puy-de-Dôme), Menétréol (Cher), Menetréols (Indre), Menetreuil (Saône-et-Loire), Menestruel (Ain), Menetreux (Côte-d'Or), Menetru (Jura), Menestreau (Loiret, Nièvre) et Menétreau (Cher, Nièvre) » (« Les noms de lieux d'origine ecclésiastique », Revue d'histoire de l'Église de France, 1929, vol. 15, n°66, pp. 31-49).
  2. On parle pour désigner ce granite hercynien, très érodé et aisé à la taille, de « granite du Velay » (généralement ocre à Monistrol). Cf. Jean-Noël Borget, in Haute-Loire, Paris, Gallimard, « Guides Gallimard », pp. 16-17, et Régis Thomas, in op. cit., pp. 50-51.
  3. Malgré le bassin sédimentaire d'effondrement de Bas, qui date de l'ère tertiaire. Un projet pour rendre la fleuve navigable jusqu'au Chambon de Monistrol, en 1701, n'aboutit jamais malgré les efforts de Pierre de La Gardette (A. Desaunais, P. Simond, « Roanne et la haute Loire navigable », Les Études rhodaniennes, 1935-11, pp. 39-52).
  4. in Haute-Loire, Paris, Gallimard, « Guides Gallimard », 1998, rééd. 2002, p. 166
  5. Source : calculateur ViaMichelin.fr
  6. Meilleur temps de parcours avec correspondance à Saint-Étienne-Chateaucreux. La gare, ouverte en 1863, est située sur la commune de Bas-en-Basset pour des raisons de pente. Cf. Marcel Romeyer, Monistrol de l'ère nouvelle, Monistrol, Court imp., rééd. 1991.
  7. Le patois du nord-est du Velay, à la différence de celui du bassin ponot, se rattache à l'occitan vivaro-alpin, dialecte de transition entre le Francoprovençal du Forez et les parlers occitans plus méridionaux. Ainsi, « vie » se dit via à Monistrol et vida au Puy. Cf. Jean-Baptiste Martin, in Haute-Loire, Paris, Gallimard, « Guides Gallimard », 1998, rééd. 2002, p. 36.
  8. Cf. aussi les remarques de Christian Lauranson-Rosaz (voir infra) sur les influences méridionales dans la culture vellave du haut Moyen-Âge.
  9. Cette attraction remonte probablement au moins au dynamisme commercial lyonnais de la Renaissance (XVIe siècle).
  10. Si l'on suit un texte tardif, la translatio sancti Georgii, issue d'un lectionnaire de l'Église du Puy (1420), l'évêque du Puy Norbert « dut composer avec le vicomte [de Polignac, qui avait contesté son investiture par le roi] et lui abandonner la cité de Saint-Paulien d'où il transporta à Monistrol les reliques de saint Marcellin » (Christian Lauranson-Rosaz, L'Auvergne et ses marges (Velay, Gévaudan) du VIIIe au XIe siècle. La fin du monde antique ?, Le Puy-en-Velay, éd. des Cahiers de la Haute-Loire, 1987, rééd. 2007, p. 270, n. 18). La chronologie des événements demeure difficile à établir ; la texte indique que le prédécesseur de Norbert est mort en 877 mais, selon Robert-Henri Bautier (Recueil des actes de Louis II le Bègue, Louis III et Carloman II, rois de France (877-884), Paris, Impr. nat., 1978, introd., p. LXXIV), les événements sont plus tardifs et coïncident avec le retour de Narbonne du roi (881 ou 884), où il est intervenu dans l'élection épiscopale de Théotard. La personnalité même de Norbert fait problème, la tradition l'identifiant au frère du comte de Poitiers alors que Robert-Henri Bautier (Ibid.) l'assimile au notaire-chancelier de Carloman et au frère de Guillaume le Pieux. Dans cette perspective, le transfert des reliques daterait de la fin du IXe.
  11. Marcellin, à qui est dédiée l'église de Monistrol, est traditionnellement qualifié d'évêque du Puy mais, pour Christian Lauranson-Rosaz (op. cit., p. 228, n. 384), il pourrait s'agir du premier évêque d'Embrun (v. 354), dont une partie des reliques servent à fonder l'abbaye de Chanteuges, à faible distance de Saint-Paulien. À Monistrol sont également conservées des reliques des saints catalans Abdon et Sennen, ainsi que celle du cisalpin Claudien. Pour Christian Lauranson-Rosaz, ces éléments, cette onomastique et cette invocation de personnages prestigieux « sont autant de révélateurs d'un esprit et d'une culture dont les sources sont délibérément recherchées dans le Sud » (op. cit., p. 246).
  12. Voir à ce sujet l'article de Georges Paul, « Monistrol-sur-Loire et les évêques du Puy », Bulletin [...] de la Société académique du Puy et de la Haute-Loire, 1935, t. XX, pp. 59-87 [Recension : « Chronique d'histoire régionale », Revue d'histoire de l'Église de France, 1936-97, vol. 22, p. 542].
  13. Sur ce sujet, voir Mauricette Fournier, op. cit., et l'article ancien de Philippe Arbos, « L'industrie dans le Velay du Nord-Est », Annales de géographie, 1935, vol. 44, n° 250, pp. 416-420.
  14. Abel Chatelain, « Les migrations temporaires anciennes à Lyon et dans les pays environnants », Revue de géographie jointe au Bulletin de la Société de géographie de Lyon et de la région lyonnaise, 1949, 24-1, pp. 37-50.
  15. Philippe Moret in Haute-Loire, Paris, Gallimard, coll. « Guides Gallimard », 1998, rééd. 2002, p. 33
  16. Cf. le premier tome de sa thèse pionnière d'histoire sociale, Les Ouvriers de la région lyonnaise, Lyon, Presses universitaires, 1977
  17. Le cas de l'industrie du cyle a été étudié par les géographes André Vant et Jacqueline Dupuis (« L'industrie stéphanoise du cycle ou la fin d'un système industriel localisé », Revue de géographie de Lyon, 1993, 68-1, pp. 5-16).
  18. Certaines traces subsistent cependant, comme la surreprésentation des entreprises industrielles de petite taille (10 à 49 salariés), ou, si l'on suit Philippe Moret (Ibid.), un certain esprit d'entreprise.
  19. Philippe Moret, Ibid.
  20. Selon l'INSEE, la sphère d'activité "résidentielle" regroupe 48 % des emplois, la sphère d'activité "industrielle" 39 % (33 % au niveau national). Le secteur agricole est très marginal.
  21. 32 % au recensement de 1999 selon l'INSEE
  22. Jean-Charles Edouard, « La population des villes du Massif central : 1990-1999 », Revue de géographie alpine, 2001, 89-1, pp. 57-73.
  23. Donée INSEE Auvergne électronique
  24. http://cassini.ehess.fr/ Population avant le recensement de 1962
  25. INSEE : Population depuis le recensement de 1962
  26. Donnée ville de Monistrol, 2008.
  27. Certains travaux soulignent aujourd'hui l'influence de cette période dans la culture du journaliste. Ainsi pour Jacques Thibau, « L’homme qui fonde Le Monde est un enfant de l’Église, recueilli par elle, élevé par elle, lancé par elle dans le monde » (« Le Monde ». Histoire d’un journal, un journal dans l’Histoire, Paris, Simoën, 1978)
  28. Voir infra.
  29. Sur les Sœurs de Saint-Joseph, voir Patricia Byrne, « Sisters of St. Joseph: The Americanization of a French Tradition », U.S. Catholic Historian, vol. 5, no. 3/4, Catholic University of America Press.
  30. Mentions modestes in Frank Lestringant, « 1492 et la connaissance », Histoire, économie et société, 1993, vol. 12, n° 12-3, pp. 355-363.
  31. Voir à ce sujet l'article de Geneviève Bresc-Gautier (« Le musée imaginaire de Pierre Vaneau, sculpteur du Puy (1653-1694) », Revue de l'art, 1990-97, pp. 59-83), qui retrace les sources de Vaneau, perçu comme emblématique de la sculpture provinciale française sous Louis XIV.

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