- Rurbanisation
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Périurbanisation
La rurbanisation, ou la périurbanisation, est un néologisme apparu en 1976[1] à partir de rural et d'urbain, désigne le processus de "retour" des citadins, à partir de la fin des années 60 et le début des années 70, dans des espaces péri-urbaines qualifiés de ruraux. C'est la conséquence à la fois d'un "désir de campagne" et de la disponibilité de l'automobile conjuguée à l'amélioration des moyens et des voies de communication c’est-à-dire des facteurs de localisation. Mais au final, c'est surtout un processus d'extension spatiale de la ville.
L’INSEE appréhende le processus de périurbanisation au travers de la notion statistique d’aire urbaine et de «couronne périurbaine» (Somme des communes d'une aire urbaine, à l’exclusion de son pôle urbain).
La péri-urbanisation a pour conséquences :
- un apport très important de population active en milieu rural.
- l'implantation d'un nouveau mode de vie en milieu initialement rural.
- la modification des paysages.
- mise en déséquilibre par imperméabilisation des sols[2] des dispositifs régulateurs naturels d'intempéries pour la fonte rapide de neige, la pluie abondante[3].
- des conflits entre les activités agricoles et les rurbains.
- des conflits de type sociologique entre les anciens ruraux et les rurbains.
- la dynamisation d'espaces ruraux accessibles en durée de trajet depuis les villes.
- la redynamisation d'espaces ruraux très éloignés et restés campagnards traditionnels.
- l'intensification du phénomène de migration pendulaire.
D'après l'IFEN, 60 000 hectares de terres naturelles ou agricoles disparaissent chaque année en France sous l'effet de l'urbanisation[4]. L'Europe est ainsi un des continents les plus urbanisés au monde. Plus du quart de la surface de l'Union européenne est en 2007 affecté par l'expansion urbaine[5].
Sommaire
Les espaces ruraux différemment touchés par la péri-urbanisation
- Les zones proches de grands centres urbains et de bassins d'emplois importants, facilement accessibles par des autoroutes ou voies rapides et en transports en commun sont les zones les plus concernées par la péri-urbanisation. Exemple: Saint-Gély-du-Fesc, Les Fourgs. Les villages sont alors privilégiés par les jeunes couples, qui y trouvent un coût du foncier plus accessible que dans le centre.
- Les zones rurales isolées ne sont pas concernées par la rurbanisation. Elles souffrent d'un isolement géographique ou topologique associé à une rentabilité économique des sols faible : dans les Baronnies, depuis la chute de l'activité agricole, les difficultés de communication ont empêché le renouveau des villages. Ces zones sont largement délaissées et gagnées par une importante déprise agricole et un vieillissement des infrastructures.
- Les zones rurales dynamiques et éloignées des grands centres urbains ne sont pas touchés par la péri-urbanisation: elles tirent leurs ressources du tourisme, des résidences secondaires, du retour des retraités, d'une agriculture dynamique et d'une présence de l'industrie agro-alimentaire. C'est par exemple le cas de la vallée de la Durance dans les Hautes-Alpes. L'arrivée de l'irrigation a permis de développer les cultures fruitières. La population des villages concernés (Lazer, Ventavon, Le Poët) a doublé en trente ans.
Mécanisme
Facteur politique
Quatre facteurs au moins semblent avoir favoriser la périurbanisation :
- les politiques souvent concurrentielles d'attractivité engagées par les villes et les agglomérations (qui cherchent ainsi à augmenter leurs rentrées financières via les taxes), encouragées par des subventions régionales et nationales,
- les politiques agricoles qui ont encouragé l'intensification et donc l'exode rural,
- les politiques routières qui ont favorisé le « tout-voiture » et l'accès aux villes et la construction d'un tissu urbain lâche, desservé par les routes,
- les politiques du logement : par exemple, en France, les politiques d'après-guerre (banlieues et HLM urbaines), puis le changement dans la politique du logement opéré sous la présidence de Valéry Giscard d'Estaing, au milieu des années 1970 ont contribué à ce phénomène ; La politique de construction de logements collectifs par l’état menée jusque là a été remplacée par une politique d’aide à l’accession à la propriété, notamment par la bonification des taux d’intérêt pour les particuliers. Cette mesure a deux objectifs principaux : faire perdurer le soutien habituel au secteur de la construction et du BTP, mais aussi lutter contre l’influence du Parti communiste français, en embourgeoisant les classes ouvrières. Malgré la mise en évidence des les années 1970 des dérives possibles, cette aide restera non zonée – attribuable partout en France – et non typée – ne dépendant pas du type de construction. En augmentant la solvabilité des ménages les plus modestes, l’État subventionne directement la périurbanisation.
Facteur économique
Face au prix de l’immobilier dans les centres urbains, il est communément admis qu’une maison individuelle en zone périurbaine est moins chère à l’achat. En effet, lors de la construction les dépenses sont de deux ordres : les coûts de construction, qui restent stables voire diminuent dans le temps et dans l’espace, et les coûts d’acquisition du terrain, qui en parallèle à la hausse des prix du marché immobilier ont connu une forte hausse dans les vingt dernières années. Cette hausse du prix des terrains n’est bien sûr pas uniformément répartie géographiquement. C’est donc sur ce poste que s’effectue l’arbitrage financier entre coûts et distance : si dans un premier temps les terrains situés dans une première couronne autour des agglomérations étaient attractifs, c’est désormais dans une deuxième, voire une troisième, couronne que se situent les secteurs encore abordables. Pour Lyon, cet impact est aujourd’hui de l’ordre de 50 km.
Néanmoins, cette logique relève d’une analyse économique à court terme : on ne prend pas en compte le coût dans la durée d’une telle localisation : la mobilité peut ainsi représenter jusqu’à 30% des revenus du ménage, à travers l’achat et l’entretien impératif de deux voitures notamment[6]. La périurbanisation peut ainsi s'expliquer par la conjecture de Zahavi.
Logique d'acteurs
Ce phénomène se trouve par ailleurs renforcé par les politiques de différents acteurs. En effet, les municipalités, compétentes dans l’attribution des permis de construire, ont le rôle principal pour ce qui est de la dispersion des logements :
- Dans un premier temps, l’ouverture à la construction permet l’arrivée de nouveaux habitants et donc le maintien dans les communes rurales proches des villes de l’école, des commerces, ... De plus dans un contexte de crise agricole, la vente de terrains nouvellement constructibles par les agriculteurs leur permet de financer leur retraite.
- Dans un deuxième temps, on observe une collusion entre anciens et nouveaux habitants qui ne souhaitent pas se retrouver à terme en milieu urbain : c’est la fermeture des autorisations de construction qui, en diminuant l’offre, contribue à la hausse des prix. Le phénomène se reporte ainsi de proche en proche mais de plus en plus loin des centres urbains.
Impact environnemental
La périurbanisation se traduit par une augmentation des prix du foncier et des pressions accrues sur l'environnement et les paysages, voire par des conflits pour la ressource en eau.
La périurbanisation contribue à augmenter l'empreinte écologique d'une ville, de même que ses émissions de gaz à effet de serre et la pollution globale de l'air notamment en entraînant d'importantes migrations pendulaires (déplacement quotidien entre l'habitat du citadin et son lieu de travail, s'effectuant toujours aux mêmes horaires) ; comme plus généralement toute séparation du lieu de travail et du lieu d'habitation. Quand seule la circulation routière a été favorisée ou soutenue, la périurbanisation est source d'une importante augmentation de la consommation d'espace, de fragmentation éco-paysagère du territoire, d'énergie et de gaz à effet de serre. Elle contribue fortement à l'augmentation de l'empreinte écologique des zones concernées. Bien que plus riches en espaces verts privés, les zones périurbanisées pâtissent des pics d'ozone, parfois plus qu'en centre-ville d'où viennent les précurseurs photochimiques de l'ozone.
La périurbanisation se fait souvent au détriment des reliques de milieux naturels péri-urbains et de l'agriculture (par exemple, autour de Paris, de 1979 à 2000, l'espace agricole a reculé de 18,4 %, et 50 % des exploitations agricoles et les 2/3 des exploitations spécialisées ont disparu, ce qui a motivé en 2008 un budget de 11 millions d’€ de la région Ile-de-France pour ralentir la consommation d’espaces agricoles).Voir aussi
Liens externes
- Document INSEE : Périurbanisation : une croissance continue (Insee, Sept 1997)
- étude de cas en Bourgogne, article de Jean-Louis Maigrot dans la revue M@appemonde
- "L’au-delà des villes contre l’entre-deux des villes", Marc Dumont et Anne Bossé
Notes
- ↑ G. Bauer et J.-M. Roux. La rurbanisation ou la ville éparpillée, Edition du Seuil, Paris 1976. Cet ouvrage reprend pour une part un rapport établi en 1973 pour la DATAR par l'AREA
- ↑ Revêtement de voies, de parcelles bâties dans des bassins anciennement inondables (de friches et de prairies) provoquant l'effet chasse d'eau par drains puis canalisation des affluents. Voir Inondation
- ↑ Exemple : Vallée de l'Orge
- ↑ Alexandra Schwartzbrod, « La France plutôt moyenne en environnement », dans Libération du 17/10/2006, [lire en ligne]
- ↑ Étalement urbain en Europe, EEA Briefing/2006/04 (ISSN 1830-2289)
- ↑ Étalement urbain en Europe, EEA Briefing/2006/04 (ISSN 1830-2289 page 3/4)
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