Joseph-Arthur de Gobineau

Joseph-Arthur de Gobineau

Joseph Arthur de Gobineau

Arthur de Gobineau en 1864

Joseph Arthur de Gobineau, dit le comte de Gobineau, né le 14 juillet 1816 à Ville-d'Avray et mort le 13 octobre 1882 à Turin, est un diplomate et écrivain français. Il doit sa notoriété posthume à son Essai sur l'inégalité des races humaines (1853-1855), qui le range parmi les pères de la pensée racialiste. Il est également l'auteur d'une œuvre littéraire romantique, d'essais polémiques et de travaux historiques et philologiques sur l'Iran ancien.

Sommaire

Biographie

La jeunesse (1816-1849)

Arthur de Gobineau[1] est né dans une famille de robe d'origine bordelaise. Son arrière-grand-père et son grand-père ont exercé des charges à la Cour des aides de Guyenne et au Parlement de Bordeaux. Son père Louis de Gobineau, étant cadet, fit une carrière militaire, et se compromit sous l'Empire pour ses sympathies légitimistes : sa participation à l'évasion de Polignac en 1813 lui valut d'être emprisonné à Sainte-Pélagie, dont il ne fut libéré qu'à la Restauration. À Bruxelles auprès du roi durant les Cent-Jours, il est nommé à son retour capitaine d'infanterie de la Garde royale.

Les tribulations de l'enfance (1816-1835)

Le Wasserschloss d'Inzlingen, où Gobineau réside avec sa mère de septembre à décembre 1830.

L'enfance et la jeunesse de Joseph, qui est un enfant fragile et nerveux, sont marquées par la discorde régnant entre ses parents et l'instabilité de sa vie familiale. Son père est rapidement éloigné de sa famille par les nécessités de sa charge : il participe à l' Expédition d'Espagne de 1823, puis commande la place de la Seu de Urgel de 1823 à 1828. Sa mère, Anne-Madeleine de Gercy, fille du dernier directeur des Fermes de Bordeaux et d'une créole de Saint-Domingue, mène dès lors une existence très indépendante auprès du précepteur d'Arthur et de sa sœur Caroline, Charles Sotin de La Coindière, fils d'un ministre de la Police du Directoire, Jean-Marie Sotin de La Coindière. Ayant commis plusieurs escroqueries, elle s'enfuit à Inzlingen, au pays de Bade, à l'été 1830[2] ; une demande d'extradition ayant été formulée par la justice française, la "famille" s'installe en décembre 1830 à Bienne, où Arthur est inscrit au Gymnase. Il y perfectionne son allemand et est initié, semble-t-il, au persan[3]. L'arrivée en Suisse des émigrés polonais vaincus dans l'insurrection de novembre 1830 ouvre à sa mère de nouvelles opportunités, qui décident son départ pour la Pologne fin 1832. Arthur est donc renvoyé chez son père, mis à la retraite en 1831 à cause de son antipathie pour la Monarchie de Juillet et installé à Lorient. De 1833 à 1835, destiné lui aussi à une carrière militaire, Arthur de Gobineau fréquente le collège royal de Lorient[4], dont il semble avoir été renvoyé pour indiscipline. C'est à cette époque que se développe sa sensibilité orientaliste, dans la mode romantique qui prévaut alors, même si l'on peut douter de la légende familiale qui le dit capable, si jeune, de traduire Firdousi. Il forme également des projets de mariage avec son amie Amélie Laigneau.

Les années de formation (1835-1840)

Fin septembre 1835, satisfait d'échouer au concours d'entrée à Saint-Cyr[5] et ambitionnant une carrière littéraire, il s'installe à Paris aux bons soins de son oncle paternel Thibaut-Joseph (un ancien ami de Talleyrand), qui le loge dans une mansarde rue Saint-Benoît, lui alloue une pension et le fait entrer comme surnuméraire (non rétribué) à la Compagnie française d'Eclairage par le Gaz durant l'hiver 1835-1836. Si Arthur de Gobineau ne semble pas douter de son génie, ce n'est qu'avec difficulté qu'il parvient à faire publier dans La Mode un extrait du premier poème qu'il écrit alors, Dilfiza.

La situation de Gobineau se précarise lorsque, en septembre 1836, son oncle lui coupe les vivres. Mobilisant ses relations dans la presse ultra, il parvient à placer des articles, dont tous ne sont toujours pas identifiés à ce jour. Ce travail et ces soucis ne sont pas sans le décourager quelque peu. Il parvient pourtant à employer utilement les années suivantes en étudiant la langue et la littérature persanes auprès de Quatremère, qui lui confie la traduction de la Geschichte der Ost-Mongolen d'Isaac Jacob Schmidt ; cette compétence lui permet d'orienter sa production dans un sens plus conforme à ses ambitions littéraires. Dès 1838, à l'invitation de Berryer qui lui ouvre sa nouvelle (et éphémère) revue France et Europe, il publie dans ce domaine un article remarquable : "Du mouvement intellectuel de l'Orient", puis une série de monographies de vulgarisation sur Rumi, Hafiz, Djami, et Saadi. Cependant, cinq ans après son arrivée à Paris, il ne peut s'estimer satisfait de sa condition : "Paris, c'est l'enfer"[6], écrit-il. Il a définitivement rompu avec sa mère qui, rentrée à Paris, le calomnie dans les salons qu'elle fréquente ; la mère d'Amélie Laigneau répugne à un mariage avec ce jeune homme exalté et sans situation ; les protections dont il dispose au faubourg Saint-Germain ne parviennent pas à lui procurer mieux qu'une sinécure à l'administration des Postes en janvier 1839 ; enfin, les divisions et l'échec du parti légitimiste lors des élections de 1839 le navrent et le confirment dans sa tendance à la misanthropie.

Les premiers succès d'un polygraphe (1840-1849)

Ainsi, au début de 1840, Gobineau est-il à bien des égards un jeune homme déçu et blessé, envers qui il est temps que la vie tienne ses promesses, ce qui ne manque pas d'arriver. D'une part, son cercle de relations s'élargit. Chez Madame de Serre, veuve de l'ancien ministre de Louis XVIII Hercule de Serre, il fait la connaissance de jeunes gens qui lui ressemblent : entre autres le jeune Hercule de Serre, neveu du précédent, Maxime Du Camp, et le peintre Guermann Bohn qui lui fera bien connaître Ary Scheffer. Ensemble, ils fondent un club, les Scelti (les "Elus") ou Cousins d'Isis ; ils projettent un roman collectif, un essai, une Revue de l'Orient qui faillit aboutir[7]. D'autre part, il parvient enfin à publier, dans la Revue des Deux Mondes, un important et remarqué article politique sur le premier président de la Grèce indépendante Jean Capodistrias, dans lequel il nie la filiation entre Grecs anciens et modernes et prend position en faveur des Turcs contre l'expansionnisme russe en Orient. Par la suite et jusque vers 1848, il fournira régulièrement des articles de politique intérieure et étrangère à différentes publications comme La Quotidienne, L'Union catholique ou la Revue de Paris, et est même nommé en 1842 rédacteur en chef de L'Unité. En 1848-1849, il fondera et co-dirigera avec Louis de Kergorlay une Revue provinciale de tendance monarchiste et décentralisatrice[8].

Cependant, sa réussite l'autorise à développer plus librement ses projets littéraires. Ce domaine occupe évidemment son activité de journaliste, et il publie à partir de 1842, notamment dans Le Commerce, divers travaux de critique et d'histoire littéraires sur Hoffmann, Quinet, Musset, Gautier, Heine, Balzac, Stendhal ; une série sur les critiques contemporains le fâchera durablement avec eux, particulièrement Gautier et Jules Janin. Dans deux articles plus théoriques tous deux parus en 1845 ("Une littérature nouvelle est-elle possible ?" et "Des buts techniques de la littérature"), il s'inscrit en faux contre l'accusation de décadence lancée à la littérature romantique, affirmant des positions simultanément modernistes et formalistes. Mais il s'essaie aussi à la création littéraire proprement dite. Deux pièces de théâtre (Les Adieux de Don Juan, publié à compte d'auteur en 1844, et Alexandre le Macédonien, de 1847, resté inédit de son vivant), plusieurs nouvelles (Le Mariage d'un prince en 1840, Les Conseils de Rabelais et Scaramouche en 1843, Mademoiselle Irnois en 1847) et quatre romans-feuilletons (Le Prisonnier chanceux en 1846, Nicolas Belavoir et Ternove en 1847, L'Abbaye de Typhaines en 1849) témoignent de ses efforts. De cet ensemble, seule se distingue encore Mademoiselle Irnois, nouvelle "balzacienne"[9], "naturaliste"[10], témoignant d'une "admirable maîtrise de la technique du roman-feuilleton"[11].

Cette période ne laisserait pas de donner une impression de disparate et d'éparpillement, si la protection de Tocqueville n'avait pas valu à Gobineau une formidable accélération de sa carrière. Après leur rencontre en 1843, peut-être dans le salon de Charles de Rémusat, Tocqueville, séduit par la vivacité d'esprit du jeune homme[13], le chargea à son service de rédiger un panorama de la philosophie morale anglaise et allemande[14]. Il s'ensuivit une longue correspondance dans laquelle Gobineau put affronter ses idées à celles d'un adversaire politique avec qui il entretenait néanmoins une relation d'amitié, de confiance et de respect mutuel. En juin 1849, lorsqu'il est nommé ministre des Affaires étrangères dans le second cabinet d'Odilon Barrot, Tocqueville se souvient de son protégé et le fait son chef de cabinet. Le gouvernement est renvoyé dès octobre par le président Louis-Napoléon Bonaparte, mais Gobineau est reclassé comme premier secrétaire de la légation de France à Berne : c'est le début de sa carrière diplomatique. Il y part dès novembre, accompagné de sa femme Clémence Monnerot (1816-1911), créole de la Martinique qu'il a épousée en 1845, et de leur fille Diane, née en 1848.

Le diplomate (1849-1877)

La Suisse, l'Allemagne, et l'Essai sur l'inégalité des races (1849-1855)

D'abord nommé premier secrétaire de la légation de France à Berne, où il s'ennuie (excepté durant les quelques mois de 1851 où il occupe l'intérim du ministre de France à Hanovre), il y trouve le temps de rédiger les premiers volumes de son Essai sur l'inégalité des races humaines, qui paraissent en 1853. Nommé secrétaire de la représentation française à la Diète de Francfort en 1854, ses ouvrages lui y valent l'estime d'Anton von Prokesch-Osten, délégué autrichien auprès de la même instance, et une des rares amitiés fidèles qu'il honora toujours.

La découverte de la Perse (1855-1863)

En décembre 1854, nommé premier secrétaire de la légation française en Perse que commande Prosper Bourée, Gobineau voit son destin rejoindre ses passions d'adolescent. Il donne d'abord de son voyage, effectué par mer de Marseille à Busheyr, puis en caravane jusqu'à Téhéran, un récit superbe dans Trois Ans en Asie (un autre écho se lit, vingt ans plus tard, dans sa nouvelle La Vie de voyage). Puis, abandonné par Bourée et par sa femme, revenue accoucher en France de sa deuxième fille, Christine, seul en charge de la légation, il se fait "plus Persan que les Persans". Sa maîtrise de la langue, sa remarquable adaptation à des conditions de vie très exotiques lui apportent l'estime de la population et des notabilités locales. Entouré de savants, il entame l'étude de l'histoire perse et tente le déchiffrement des écritures cunéiformes, sur lesquels il fournit une théorie qui fit (et fait encore) l'hilarité des connaisseurs. C'est néanmoins sans regrets que, rappelé, il quitte la cour de Perse en 1858.

Il reste alors un certain temps sans affectation définitive. Espérant le consulat général de France à Tanger afin de compléter sa connaissance du monde musulman, il refuse en janvier 1860, au risque d'être destitué, une nomination comme premier secrétaire à la légation de France à Pékin. En mars de la même année, il est envoyé à Terre-Neuve comme chargé de mission afin de délimiter, en concertation avec deux commissaires britanniques, les zones des pêcheries de morue respectivement réservées aux pêcheurs français et anglais. De ce voyage de six mois, qui conduit Gobineau à Saint-Pierre, Sydney (sur l'île du Cap-Breton, où il visite la forteresse de Louisbourg), Truro et Halifax en Nouvelle-Écosse, puis tout autour de Terre-Neuve avant de se fixer à Saint-Jean, il tirera un remarquable récit, Voyage à Terre-Neuve et une nouvelle, La Chasse au caribou. Il semble également que sa mission ait été conduite avec succès et au bénéfice des pêcheurs français : une petite baie de Terre-Neuve porte le nom d'"Anse de Gobineau"[15].

En 1861, il est renvoyé en Perse, cette fois comme ministre de France de plein droit. Ce second séjour, effectué seul et abrégé au possible, voit cependant un développement très fécond des travaux esquissés jusqu'alors : non seulement, en vain, sur les cunéiformes, mais aussi sur les doctrines persanes. Son essai sur Les Religions et les philosophies dans l'Asie centrale, paru en 1865, demeure une source fondamentale sur les origines du Bahaïsme, dont il connut de très près les premières manifestations, et avec lequel il sympathisa activement.

Le château de Trie, propriété de Gobineau de 1857 à 1878.

Athènes, Rio et Stockholm (1864-1876)

À son retour en Europe, Gobineau croit pouvoir connaître une certaine aisance. Sa femme a, durant son absence et grâce à l'héritage de l'oncle Thibaut-Joseph qui est mort en 1855, acquis le château de Trie, ancienne propriété des ducs de Longueville, où a séjourné Rousseau en 1767 et 1768. Il conservera cette propriété jusqu'en 1878, sera élu conseiller municipal de Trie en 1860, puis nommé maire de 1863 à sa démission en 1870 ; sous la République et donc au suffrage universel, il sera également élu conseiller général du canton de Chaumont-en-Vexin en 1870[16].

En 1864, la nomination de Gobineau comme ministre plénipotentiaire de France en Grèce est une consécration. Il s'agit d'un poste délicat, dans un pays dont la stabilité politique demeure fragile, deux ans après le coup d'État qui renversa le roi Othon Ier ; d'autre part, il y retrouve l'objet de ses premières préoccupations politiques. C'est à Athènes qu'il passe la période la plus heureuse de sa vie : choyé par le nouveau roi Georges Ier, il y tient le salon le plus prestigieux de la capitale, et y fait la connaissance d'un jeune admirateur, Robert Lytton, secrétaire à la légation britannique, fils de l'écrivain Edward Bulwer-Lytton et appelé à une brillante carrière. Son travail sur l' Histoire des Perses, dont les deux volumes paraîtront en 1869, progresse ; il renoue avec la poésie en composant L'Aphroëssa ; inspiré par les modèles classiques qui l'entourent, il s'essaie à la sculpture que, en dépit d'un talent très médiocre, il continuera d'exercer jusqu'à la fin de sa vie. Il met également la dernière main à un essai philosophique, le bref Mémoire sur diverses manifestations de la vie individuelle auquel il travaille depuis l'achèvement de l' Essai sur les races, et qu'il parvient non sans difficulté à publier dans la Zeitschrift für Philosophie une philosophische Kritik de I. H. Fichte grâce à l'appui de son correspondant Adelbert von Keller[17]. Son séjour est également égayé par son marivaudage auprès des jeunes Zoé et María Dragoúmis (filles de l'homme d'État Nikólaos Dragoúmis, sœurs du futur Premier Ministre Stéphanos Dragoúmis et tantes de l’écrivain Íon Dragoúmis), avec qui il entretiendra une volumineuse et remarquable correspondance[18]. Mais son intransigeance et son indocilité commencent à le desservir : trop ouvertement favorable aux Turcs lors de la révolte crétoise de 1866-1869, en dépit des mises en garde et des menaces du ministère français des Affaires étrangères, il perd progressivement la confiance du roi. En mai 1868, il fait arrêter et expulser autoritairement Gustave Flourens, révolutionnaire français insurgé aux côtés des Crétois ; cette attitude n'est pas étrangère à son rappel d'Athènes, qu'il quitte en septembre 1868.

Pedro II du Brésil, admirateur et ami de Gobineau.

Gobineau avait annoncé son désir d'être envoyé à Constantinople ou au moins dans une cour allemande ; sa nomination à Rio de Janeiro, où il arrive le 20 mars 1869, signifie une vraie disgrâce. À sa grande surprise, il y est chaleureusement accueilli par l'empereur Dom Pedro II, son lecteur et son admirateur enthousiaste, qui lui fait partager son intimité. Ce pays trop lointain et trop neuf est pourtant peu fait pour lui plaire. La situation politique, qui voit les derniers jours de la guerre de la Triple Alliance, ne l'intéresse pas. Méprisant la société locale (à l'exception d'Auréa Posno, la jeune épouse du consul de Hollande, à qui il écrira des dizaines de lettres restées inédites "où s'exprime une sensualité faussement chaste"[19]), il s'ennuie profondément en dépit de l'amitié de l'empereur, et connaît une dépression que dissimulent mal les épisodes comiques de ses lettres aux sœurs Dragoúmis. Un incident est révélateur de cette tension : à l'opéra, il agresse à coups de poing une notabilité locale qui l'avait bousculé. L'empereur reçoit avec bienveillance sa version des événements et, soucieux de l'état de Gobineau, à qui il conservera son amitié, lui obtient un congé après moins d'un an de séjour. Au cours de cette période difficile, Gobineau aura néanmoins terminé sa nouvelle sur la Grèce, Akrivie Phrangopoulo et, dans la seule journée du 16 décembre 1869, écrit la nouvelle Adélaïde, demeurée inédite jusqu'en 1913 mais parfois considérée comme un chef-d'œuvre[20].

Arrivé en France peu de temps avant l'invasion prussienne de 1870, il la vit et la raconte de façon extrêmement pittoresque, placé qu'il est aux premières loges par sa qualité de maire et de conseiller général. Monté à Paris durant le siège, il y séjourne sous la Commune, qu'il envisage, curieusement, non sans une certaine sympathie, et y demeure après la Semaine sanglante, afin de se ménager les bonnes grâces du nouveau régime et d'éviter un renvoi au Brésil.

Après de longs atermoiements qui le mènent au bord de la mise à la retraite d'office voire de la révocation, Gobineau est finalement nommé ministre plénipotentiaire en Suède. C'est son dernier poste : il ne fut jamais ambassadeur. C'est à ces quelques années que, stimulé par l'exaspération de ses tensions avec sa famille, et surtout par l'amitié amoureuse qu'il entretient avec la comtesse de La Tour, épouse du ministre d'Italie à Stockholm, et qui demeura auprès de lui jusqu'à sa mort, on doit les œuvres majeures de Gobineau : le roman Les Pléiades et les Nouvelles asiatiques.

Le misanthrope errant (1877-1882)

Portrait de Gobineau par la Comtesse de la Tour, 1876

Mis à la retraite en mars 1877 suite à une vacance quelque peu prolongée consacrée à accompagner Dom Pedro II au cours de son voyage en Europe, il quitte Stockholm et la diplomatie. C'est le début d'une vie errante menée jusqu'à sa mort, et qui le voit hésiter continuellement entre le château de Chaméane[2], propriété auvergnate de la comtesse de La Tour ; l'Italie, où il va de ville en ville à la recherche d'un climat favorable et de commanditaires pour ses travaux de sculpteur ; et l'Allemagne, où il visite des amis (dont les Wagner, rencontrés en 1876 à Rome) et prend les eaux afin de soigner les maladies nerveuses qui l'accablent de plus en plus douloureusement.
Ces difficultés ruinent progressivement ses facultés créatrices. Sa sculpture n'excèda jamais le médiocre. Ses travaux historiques, concentrés dans l' Histoire d'Ottar-Jarl qui prétend retracer la propre généalogie de Gobineau depuis le dieu Odin, sombrent dans l'invraisemblance. Ses projets d'articles ne sont plus que des ébauches négligées. Sa poésie, qui ne fut jamais brillante, le requiert de façon prépondérante : il consacre ses derniers efforts au vaste poème épique Amadis, partiellement posthume. Son caractère de plus en plus heurté l'éloigne progressivement de ses proches, dont seuls les plus fidèles parviennent encore à s'en accommoder : il mourut définitivement brouillé avec ses filles et son épouse, et près de la rupture avec Richard Wagner, dont l'antisémitisme, la misogynie et le messianisme lui sont insupportables.

C'est dans un ultime caprice qu'il connaît sa mort subite : décidant brusquement de fuir l'automne auvergnat, seul et presque aveugle, il quitte Chaméane, s'embarque à Saint-Germain-des-Fossés traverse la France en train et arrive à Turin, où il meurt le 13 octobre 1882, terrassé par une crise d'apoplexie dans la voiture qui le conduisait à la gare pour prendre le train de Pise. Il est enterré dans le dénuement au cimetière central de Turin (ampliazione I, arcata 87), où le régime fasciste a installé en 1932 une plaque en son honneur : "Il tempo e gli eventi ne esaltano la figura di presago pensatore" ("Le temps et les évènements exaltent en lui la figure du penseur visionnaire").

La pensée et l'œuvre

La pensée de Gobineau

Théories racistes

L'histoire des théories de Gobineau, formulées dans son Essai sur l'inégalité des races humaines (1853-1855) pourrait aussi bien être celle de leur déformation sous l'influence des milieux wagnériens de la fin du XIXe siècle, et notamment de celle du penseur eugéniste Houston Chamberlain, principal inspirateur d'Adolf Hitler, dont également l'œuvre de l'anthropologue et philosophe Allemand Ludwig Woltmann.

Deux tendances fondamentales de la pensée de Gobineau s'opposent néanmoins à cette lecture de son œuvre. En premier lieu, son pessimisme, inspiré de la lecture de Lord Byron et de Schopenhauer, interdit catégoriquement tout projet de réforme politique, toute application de la théorie de l'inégalité des races. En effet, mieux que les qualités ou lacunes de son style et de son argumentation, ce sont les motivations ayant concouru à sa naissance qui orientent le plus nettement l'Essai dans le seul champ de la littérature ; ses quatre volumes ne sont pas une démonstration scientifique, mais une longue variation (justement qualifiée d'"épopée" par Jean Gaulmier) sur le postulat inébranlable de la décadence de l'humanité. Ce pessimisme, tel que Gobineau l'affirme lui-même, est le fondement de sa pensée et de toute son œuvre, et relève d'abord de sa psychologie personnelle, de la rudesse de son enfance, d'une quête de légitimité toujours infructueuse et incarnée dans un « légitimisme » politique de rencontre. Les théories raciales n'y jouent qu'un rôle de circonstance, inspiré par une longue tradition de racialisme occidental.

D'autre part, comme l'indique Claude Lévi-Strauss dont Race et histoire est certainement la formulation la plus brillante et la plus rigoureuse des théories gobiniennes, la distinction primordiale qu'établit Gobineau entre les races n'est pas tant quantitative que qualitative, et prétend témoigner d'aptitudes différentes plutôt que similaires et inégales (voir la critique dans l'onglet Discussion). Contre le métissage, Gobineau, comme Lévi-Strauss, et en dépit de tics de langage aujourd'hui périmés, se veut ainsi le défenseur de la diversité ethnique et culturelle, telle qu'il l'a lui-même pratiquée par une curiosité et une empathie de toujours envers les peuples étrangers auxquels il s'est confronté avec une allégresse communicative. Révélé dans ses récits de voyage et ses nouvelles, son amour de l'Iran, de la Grèce et de la Suède relève bien moins, on ne sait quelle préférence "aryenne", qu'un goût très vif pour l'exotisme dans la juste mesure que théorisera plus tard Victor Segalen. "Blancs", "Noirs" et "Jaunes" ne sont que des archétypes qu'il reconnaît lui-même pour hypothétiques, et qui donnent surtout lieu à une impressionnante récapitulation narrative.

C'est dans le cours de sa narration que Gobineau prend le plus nettement position sur les thèmes aujourd'hui pertinents des théories raciales, dans un sens généralement beaucoup plus moderne que la plupart de ses contemporains. Une page célèbre de l’Essai est ainsi consacrée à un éloge des Juifs qui contredit toute accusation d'antisémitisme ; une autre, moins connue, est une violente accusation de l'eugénisme tel qu'il était pratiqué dans certaines cités de l'Antiquité grecque ; une autre enfin montre son opposition à la colonisation, et s'élève avec une ironie cinglante contre le génocide des Amérindiens. Ces positions, étrangères à la théorie propagée par une certaine vulgate gobinienne, sont en revanche extrêmement cohérente avec l'hostilité de Gobineau à la démocratie, qu'il juge un danger contre le génie individuel de chacun. Mis en relation avec ses œuvres romanesques tardives, sa correspondance et son mémoire De la vie individuelle, l'Essai sur l'inégalité des races humaines apparaît ainsi comme un document majeur de l'individualisme, qui n'est pas sans évoquer la pensée de Max Stirner et celle de Friedrich Nietzsche.

Conceptions politiques

Philosophie religieuse

Œuvre littéraire

La production proprement littéraire de Gobineau se répartit en deux périodes, l'une précédant, l'autre suivant sa carrière de diplomate. Il ne saurait être considéré comme anodin qu'un esprit d'une indépendance aussi ombrageuse n'ait su pleinement s'exprimer qu'au mépris de tout plan de carrière.

La première période, de 1840 à 1849, est celle d'une jeunesse laborieuse et velléitaire à la fois, adonnée à la production de feuilletons dont peu ont su impressionner favorablement la postérité. De cet ensemble, dont il demeure probablement des débris encore inconnus semés parmi la presse de l'époque, se dégagent néanmoins quelques nouvelles et quatre romans. Ceux-ci, s'ils brillent davantage par leurs défauts que par leurs attraits et fournissent un vaste sujet d'épanchement aux contempteurs de Gobineau, n'en possèdent pas moins quelques charmes mêlés. On a su reconnaître au Prisonnier chanceux (1847) des qualités picaresques ; à Ternove (1848) et L'Abbaye de Typhaines (1849), en dépit de leurs maladresses et d'un certain ennui, un vrai souci documentaire ; Nicolas Belavoir (1848), de loin le plus long, frappe par la manière dont son principal défaut, la manie feuilletonnière de tirer à la ligne, est renversé par l'auteur en un humour absurde s'illusionnant extrêmement peu sur l'intérêt du récit. Les nouvelles de cette époque présentent un reflet aggravé de cette qualité inégale : si la plupart sont d'une lecture particulièrement difficile et ne présentent plus d'autre intérêt que biographique sur leur auteur, quelques unes figurent, d'ores et déjà, parmi les productions les plus significatives de Gobineau. L'une des premières, Scaramouche (1843) a connu un certain succès, corroboré par le commentaire qu'en fait Louis Aragon dans Je n'ai jamais appris à écrire, ou les incipit. Une des dernières, surtout, Mademoiselle Irnois (1848), a connu un succès durable. Cette période est également celle de la production d'un théâtre et d'une poésie également médiocres et déconsidérés par la critique.

Ce n'est pas avant 1869, dans l'ennui de son séjour à Rio de Janeiro que Gobineau renoue avec la prose romanesque. Sa nouvelle Adélaïde, écrite en une journée est parfois considérée comme son chef-d'œuvre quoiqu'elle n'ait paru que de façon posthume. Péripétie concentrée sur la jalousie entre deux femmes, pleine de cruauté, de bravache et d'humour, elle ne révèle pas encore de traces de cet exotisme qui sera la marque de la production de la deuxième période romanesque de Gobineau. Celle-ci, courant jusqu'à sa mort, cristallise en effet les impressions de vingt ans d'errance, comme l'indique le titre des deux recueils publiés alors : Souvenirs de voyage (1872) et Nouvelles asiatiques (1876), distincts par l'occasion de leur réunion mais essentiellement solidaires dans leur contenu. Ces neuf nouvelles sont peut-être la quintessence du génie littéraire de Gobineau : de la grâce de sa capacité d'émerveillement devant le monde, de son romantisme désuet tout entiché d'amour courtois, et aussi de l'âpreté de son élitisme. Excepté dans la moquerie, l'ordinaire n'y connaît aucune part, et les passions s'y déchaînent avec noblesse ; c'est assez dire que les théories raciales de Gobineau n'y ont que très peu de part, et ne se signalent à l'occasion que mêlées d'une certaine ironie guère plus insistante que le souci de la "couleur locale". Plus entier, plus violent, plus maladroit aussi, le roman Les Pléiades (1874) se veut la théorie littéraire de l'individualisme élitiste. Charge brutale contre la démocratie et la modernité, il affirme l'amour comme la valeur supérieure des "fils de Roi". Aucune des tentatives postérieures ne semble avoir été menée à son terme, excepté l'ensemble de "scènes historiques" de La Renaissance (1877), qui figura jusqu'en 1934 au programme d'étude de l'enseignement secondaire allemand, et peut-être le roman Les Voiles noirs, dont le manuscrit inédit a disparu dans l'incendie du château de Chaméane.

On cite souvent les noms de Balzac et de Stendhal au sujet de l'œuvre romanesque de Gobineau. Mais, et bien qu'il se soit quelquefois voulu leur émule, il n'aura conservé du premier que la volonté de peindre le monde bourgeois, et du second l'enthousiasme romantique. En réalité, il semble que ce soit à son talent d'écrivain voyageur, loué par Nicolas Bouvier, qu'il faille recommander sa mémoire. Dans la liberté du voyage, Gobineau a su exprimer un humour très particulier, mêlé d'outrage et de délicatesse désespérée ; un talent picaresque extrême ; et une ouverture à l'existence et à l'être même des choses sans précédent dans la littérature française, et où il ne connaîtra pas de suivant avant les romans de Victor Segalen et surtout Ecuador d'Henri Michaux.

Une postérité controversée

Mathilde de La Tour hérite de la propriété des manuscrits de Gobineau, qui sont mis en valeur par Ludwig Schemann, disciple de Wagner et fondateur en 1894 de la Société Gobineau (Gobineau-Vereinigung). En 1903, la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg acquiert le fonds ; un cabinet en son honneur, qui existe toujours, y ouvre ses portes en 1906, à l'inverse du musée projeté par le médecin et patriote strasbourgeois Pierre Bucher. La pensée de Gobineau, négligée et méprisée en France, se disposait à y revenir après un détour par l'Allemagne qui la travestit durablement.

Œuvres de Gobineau

Les trois volumes des Œuvres de Gobineau publiés sous la direction de Jean Gaulmier (Paris, Gallimard, "Bibliothèque de la Pléiade", 1982-1983) regroupent : Scaramouche, Mademoiselle Irnois, Essai sur l'inégalité des races humaines (tome 1), Mémoire sur l'état social de la Perse actuelle, Trois Ans en Asie, Les Religions et les philosophies dans l'Asie centrale, Souvenirs de voyage, Adélaïde (tome 2), Nouvelles Asiatiques, Les Pléiades, La Renaissance (tome 3).

Publications en revue

  • Le Mariage d'un prince (1840 ; rééd. dans "La Nouvelle Revue Française", Paris, Gallimard, 1er juillet 1966)
  • Scaramouche (1843, éd. en volume en 1922)
  • Le prisonnier chanceux, ou les Aventures de Jean de La Tour-Miracle (1846, première édition en 3 volumes in-8 à Paris chez Louis Chlendowski à moins de 100 exemplaires en 1847 (rarissime), puis éd. en volume en 1924 ; L'Arsenal, 1989)
  • Ternove (1847 ; rééd. Perrin, 1919)
  • Nicolas Belavoir (1847 ; rééd. Gallimard, 1927)
  • Les Conseils de Rabelais (1847 ; rééd. Folio-Gallimard, 1985)
  • L'aventure de jeunesse (1847)
  • La Belle de Féverolles (1848)
  • Mademoiselle Irnois (1848 ; éd. en volume en 1920)
  • L'abbaye de Typhaines (1849 ; Gallimard, 1919)

Essais

Histoire :


  • Mémoire sur l'état social de la Perse actuelle (1856)
  • Histoire des Perses, Paris, Plon, 1869
  • Ce qui se passe en Asie (1877 ; édition posthume, Paris, Cahiers libres, 1928)
  • Histoire d'Ottar Jarl et de sa descendance, Paris, Plon, 1879.

Philosophie :

Philologie :

  • Lecture des écritures cunéiformes (1858)
  • Traité des écritures cunéiformes (1864)

Pamphlets :

  • Ce qui est arrivé à la France en 1870 (1870, posthume ; Klincksieck, 1970)
  • La Troisième République et ce qu'elle vaut (1877, posthume)

Œuvres littéraires

Romans et nouvelles :

  • Adélaïde (1869, posthume)
  • Souvenirs de voyage : Le Mouchoir rouge Akrivie Phrangopoulo, La Chasse au caribou (1872 ; Folio-Gallimard, 1985)
  • Les Pléiades (1874 ; Folio-Gallimard, 1997)
  • Nouvelles asiatiques : La Danseuse de Shamakha, L'Illustre Magicien, Histoire de Gambèr-Aly, La Guerre des Turcomans, Les Amants de Kandahar et La Vie de voyage (1876 ; P.O.L., 1990 ; Les Editions du Sonneur, 2007)
  • La Renaissance, scènes historiques (1877 ; GF-Flammarion, 1980)

Récits de voyage :

Poésie :

  • La Chronique rimée de Jean Chouan et de ses compagnons (1846)
  • L'Aphroëssa (1869)
  • Amadis (1876)
  • Amadis (1887, rééd. intégrale, partiellement posthume)
  • Tre poemi inediti (Firenze, Olschki, 1965)

Théâtre :

  • Les Adieux de Don Juan (1844)
  • Alexandre le Macédonien (1847, posthume)

Critique :

  • Études critiques 1842-1847 (Klincksieck, 1984)

Correspondance

  • (à sa fille) Lettres à la princesse Toquée (Seuil, 1987)
  • (à sa sœur) Lettres persanes (Mercure de France, 1958)
  • (à sa sœur) Correspondance 1870-1882 (Mercure de France, 1958)
  • (aux sœurs Dragoúmis) Lettres à deux Athéniennes (Athènes, Castalie, 1935)
  • Gobineau et le comte de Prokesch-Osten, Correspondance (Plon, 1933)
  • Gobineau et D. Pedro II, Correspondência (São Paulo, Raeders, 1938)
  • Alexis de Tocqueville, Œuvres complètes, IX, Correspondance avec Gobineau (Gallimard, 1959)
  • Gobineau et Richard Wagner, Correspondance (Nizet, 2001)

Bibliographie et sources

Les manuscrits de Gobineau, dont un certain nombre d'inédits, figurent pour la plupart dans les collections du fonds Gobineau[3] de la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg, et de la Bibliothèque nationale de France à Paris. Une grande partie d'entre eux furent détruit par l'incendie du château de Chaméane, en 1944.

La bibliographie gobinienne est pléthorique. Outre les dix volumes d' Études gobiniennes parues sous la direction de Jean Gaulmier (Klincksieck, 1966-1978), on consultera en priorité :

  • Jean Boissel, Gobineau polémiste (Pauvert, 1967).
  • Jean Boissel, Gobineau, l'Orient et l'Iran, tome 1 (Klincksieck, 1974).
  • Jean Boissel, Gobineau, biographie (1981 ; Berg international, 1993).
  • Nicolas Bouvier, "Autour de Gobineau", in L'Echappée belle (Metropolis, 1996).
  • Janine Buenzod, La Formation de la pensée de Gobineau et l'Essai sur l'inégalité des races humaines (Paris, Nizet, 1967).
  • Léon Deffoux, Trois aspects de Gobineau (Plon, 1929).
  • Robert Dreyfus, La Vie et les prophéties du comte de Gobineau (Cahiers de la Quinzaine, 1905)
  • Jean Gaulmier, Spectre de Gobineau (Pauvert, 1965)
  • Maurice Lange, Le Comte Arthur de Gobineau, étude biographique et critique (Faculté de Lettres de Strasbourg, 1924)
  • Pierre-Louis Rey, L'Univers romanesque de Gobineau (Gallimard, 1981).

Et également :

Notes et références

  1. Son acte de naissance ne porte pas de particule, mais il s'agit d'une erreur de l'état-civil : sa soeur Caroline, née en 1820, est bien de Gobineau.
  2. Sur les agissements d'Anne-Madeleine de Gercy, voir M.-L. Concasty, "Quand Maxime du Camp ne mentait pas", Etudes Gobiniennes, Paris, Klincksieck, 1968-1969.
  3. Selon le témoignage de sa soeur Caroline, que cite et discute Jean Boissel in Gobineau, Paris, Berg international, 1993, p.49
  4. Actuel Lycée Dupuy de Lôme.[1]
  5. Toujours d'après sa soeur Caroline, à qui il écrira le 30 juin 1840 : "Si je désire vivement ne pas partir du monde sans savoir ce que c'est qu'un champ de bataille, je désire plus vivement encore ne pas être esclave." (Cité par Boissel, op. cit., p.52)
  6. Lettre à son père et à sa soeur, 16 février 1840. (Cité in Boissel, op. cit., p.56)
  7. Sur les "Scelti", cf. Léon Deffoux, "En marge des Adieux de Don Juan", in Trois aspects de Gobineau, Paris, Crès, 1929.
  8. Cf. J. Gaulmier, "Gobineau, la décentralisation et la Revue provinciale", Etudes Gobiniennes, Paris, Klincksieck, 1971.
  9. Jean Gaulmier, in Gobineau, Le Mouchoir rouge et autres nouvelles, Paris, Garnier, 1968
  10. Jean Boissel, in Gobineau, Œuvres, I, Paris, Gallimard, "Bibliothèque de la Pléiade", 1982, p.1198
  11. Ibid., p.1206
  12. Portrait d'Alexis de Tocqueville
  13. "Vous avez des connaissances variées, de l'esprit beaucoup, les manières de la meilleure compagnie, ce à quoi on ne peut s'empêcher d'être sensible, quelque démocrate qu'on soit." (Tocqueville à Gobineau, le 8 août 1843)
  14. Ce travail, intitulé Coup d'oeil sur la philosophie morale, paraîtra en 1959 seulement dans A. de Tocqueville, Œuvres complètes, IX, Paris, Gallimard.
  15. J. Boissel, Gobineau, biographie, op. cit., p.158.
  16. Sur Gobineau à Trie, cf. Léon Deffoux, "En marge d' Ottar-Jarl", in Trois aspects de Gobineau, Paris, Crès, 1929.
  17. Sur les difficultés de cette publication, voir l'avant-propos d'A.B. Duff à l'édition française du Mémoire sur diverses manifestations de la vie individuelle, Paris, Desclée de Brouwer, 1935.
  18. Une partie de cette correspondance a été publiée par N. Méla sous le titre Lettres à deux Athéniennes, Athènes, Kauffmann, 1936.
  19. J. Boissel, Gobineau, biographie, op. cit., p.218.
  20. J. Boissel, Gobineau, biographie, op. cit., p.214.

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