Heinrich Heine

Heinrich Heine
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Heinrich Heine
Portrait par Moritz Daniel Oppenheim (1831)
Heinrich Heine en 1829
Tombe au cimetière Montmartre (27° division)
Sur la tombe

Christian Johann Heinrich Heine, né le 13 décembre 1797 à Düsseldorf sous le nom de Harry Heine et mort le 17 février 1856 à Paris, est un poète et journaliste allemand.

Sommaire

Biographie

Heine est né de parents juifs ; sa mère était issue d’une famille de banquiers et d’érudits, juifs libéraux, qui avait quitté la Hollande à la fin du XVIIe siècle, et son père d’une famille de marchands du nord de l’Allemagne, juifs orthodoxes. Il est encore adolescent quand il écrit ses premiers poèmes d’amour. Il s'est épris d’une de ses cousines, Amalie, la fille de son oncle Salomon, qui sera son mécène. D’Amalie, il fera à la fois son deuil (cela lui prendra du temps) et son miel (Le Livre des Chants).

Suivirent ses pérégrinations en Allemagne (Goethe avait lancé la mode), d'où surgirent ses Tableaux de voyage. C’est sa naissance littéraire, du moins comme prosateur, un mélange à sa façon de choses vues et de réflexions où il devient son principal personnage. « Ce que je ne peux voir en observant les choses de l’extérieur, je le vois en me mettant en elles. » Du coup, le voilà journaliste aux Neue Allgemeine Politische Annalen : « Moi, dont l’occupation favorite est d’observer le passage des nuages, de tendre l’oreille aux secrets, il m’a fallu exposer les intérêts de l’époque, attiser des aspirations révolutionnaires. »

Heine passa sa vie tiraillé par les éléments incompatibles de ses identités juive et allemande, notamment pour ce qui concernait l'accès aux chaires universitaires, une ambition secrètement caressée. Non seulement il n'atteint pas son but, mais d'autres - dont son cousin et mécène, le compositeur Meyerbeer - n'eurent pas à franchir l'étape de la conversion pour bénéficier de tels avantages.

En 1831, il s'installe à Paris où il va être le plus fêté des Allemands. Grand arpenteur de la ville, il est un piéton baudelairien avant l’heure, y compris dans la fréquentation des prostituées. Il déménage souvent. On lui connaît au moins seize adresses, généralement dans le quartier de Montmartre. En 1834, il se met en ménage avec Augustine Crescence Mirat, qu’il rebaptise Mathilde et qu'il épouse en 1841. Il fréquente les socialistes utopistes, disciples du comte de Saint-Simon.

En 1843, il se rend en Allemagne, mais le gouvernement a proscrit ses œuvres. L'année suivante, il fait paraître Deutschland: Ein Wintermärchen (Allemagne : un conte d'hiver) et son ami Karl Marx publie un article dans son magazine En avant. Il fait aussi publier Atta Troll: Ein Sommernachtstraum (Un rêve au milieu de l'été).

En 1848, il devient grabataire, terrassé par la syphilis (comme il le croit lui-même) ou la myopathie (selon la description de sa maladie). Il revient aussi à la poésie, où s’entremêlent l’élégie, la confession intime, l’espoir politique.

Postérité

Plaque commémorative de l'autodafé de 1933 à Berlin

Heine fut à la fois un poète romantique et celui qui surmonta le romantisme. Il légitima le langage courant en poésie, éleva le feuilleton et le récit de voyage en forme d’art et conféra à la langue allemande une légèreté et une élégance stylistique rarement atteintes. En tant que journaliste, essayiste, satiriste et polémiste engagé, il était autant admiré que craint. Il est l'un des poètes les plus traduits de la langue allemande.

Nombre de ses poèmes ont été transposés en musique, notamment par Franz Schubert et Robert Schumann.

Parmi les livres que les nazis firent brûler sur l'Opernplatz (place de l'Opéra) de Berlin en 1933, se trouvaient les ouvrages du juif Heine - sa citation la plus célèbre est précisément : « Ce n'était qu'un prélude : là où l'on brûle les livres, on finit par brûler les hommes. » (« Das war ein Vorspiel nur, dort wo man Bücher / Verbrennt, verbrennt man auch am Ende Menschen. »)[1] Extraite de la pièce Almansor (1820), elle évoque les autodafés de Cordoue.

Et, laissant libre court à ses prémonitions, il écrivait aussi : « Ne riez pas à ces avertissements, quoiqu'ils vous viennent d'un rêveur qui vous invite à vous défier de kantistes, de fichtéens, de philosophes de la nature ; ne riez pas du poète fantasque qui attend dans le monde des faits la même révolution qui s'est opérée dans le domaine de l'esprit. La pensée précède l'action comme l'éclair le tonnerre (...) On exécutera en Allemagne un drame auprès duquel la Révolution française ne sera qu'une innocente idylle. Il est vrai qu'aujourd'hui tout est calme, et si vous voyez çà et là quelques Allemands gesticuler un peu vivement, ne croyez pas que ce soient les acteurs qui seront un jour chargés de la représentation. Ce ne sont que des roquets qui courent dans l'arène vide, aboyant et échangeant quelques coups de dents avant l'heure où doit entrer la troupe de gladiateurs qui combattront à mort. »[2]

Œuvres

  • Gedichte (Poèmes), 1821.
  • Tragödien, nebst einem lyrischen Intermezzo, F. Dümmler, Berlin, 1823. (contient William Ratcliff, Almansor et Lyrisches Intermezzo)
  • Reisebilder (Tableaux de voyage), Hoffmann und Campe, Hambourg, 1826-31.
  • Die Harzreise (Le voyage dans le Harz), 1826.
  • Ideen, das Buch le Grand (Idées : le livre de Le Grand), 1827.
  • Englische Fragmente (Fragments anglais), 1827.
  • Buch der Lieder (Le Livre des chansons), Hoffmann und Campe, Hambourg, 1827.
  • Französische Zustände (Particularités françaises), Heideloff und Campe, Leipzig, 1833.
  • Zur Geschichte der neueren schönen Literatur in Deutschland (De l'histoire de la nouvelle et belle littérature en Allemagne), Heideloff und Campe, Paris/Leipzig, 1833.
  • Die romantische Schule (L'École romantique), Hoffmann und Campe, Hambourg, 1836.
  • Der Salon (Le Salon), Hoffmann und Campe, Hambourg, 1836-40.
  • Shakspeares Maedchen und Frauen, Brockhaus und Avenarius, Leipzig, 1839.
  • Über Ludwig Börne (A propos de Ludwig Börne), Hoffmann und Campe, Hambourg, 1840.
  • Neue Gedichte (Poèmes tardifs), Hoffmann und Campe, Hambourg, 1844.
  • Deutschland. Ein Wintermärchen (Allemagne - un conte d'Hiver), Hoffmann und Campe, Hambourg, 1844.
  • Atta Troll. Ein Sommernachtstraum (Atta Troll - Rêve d'une nuit d'été), 1847
  • Romanzero, Hoffmann und Campe, Hambourg, 1851.
  • Der Doktor Faust (Le docteur Faust), Hoffmann und Campe, Hambourg, 1851.
  • Les Dieux en Exil, A. Lebègue, Bruxelles, 1853.
  • Lutezia, 1854.
  • Letzte Gedichte und Gedanken (Dernières pensées et poèmes), 1869 - posthume.
  • Ecrits Juifs, Editions du Sandre.
  • Lutèce, lettres sur la vie politique, artistique et sociale de France, précédé d'une présentation de Patricia Baudouin, La Fabrique, 2008

Bibliographie

  • Michael Werner et Jan-Christoph Hauschild, Heinrich Heine, une biographie, trad. de Stéphane Pesnel, Seuil 2001 (Voir critique ici)
  • Gerhard Höhn, Heinrich Heine : un intellectuel moderne. Paris,Presses universitaires de France, 1994; 190 pages. ISBN : 2-13-045817-3.
  • Marie-Ange Maillet, Heinrich Heine. Paris,Editions Belin 2006 (= Voix allemandes. Vol. 12), 223 pages, Euro 16,50
  • Norbert Waszek, "L'excursion panthéiste dans l'Histoire de la religion et de la philosophie en Allemagne (1834/35) de Heinrich Heine". - In: Dieu et la nature. La question du panthéisme dans l'idéalisme allemand. Ed. par Christophe Bouton. Hildesheim, Olms, 2005 [Europaea Memoria, Bd. 40], pp. 159-178. ISBN 3-487-12834-9.
  • Camille Mauclair, La vie humilié de Henri Heine", Le roman des grandes existences, n°32, Editions Plon 1930
  • Heine le médiateur, Revue Romantisme n° 101, Paris, 2002, Armand Colin [lire en ligne]

Poème

Nouveau printemps, XIII, 1828
Ah ! J'ai la nostalgie de larmes,
De larmes d'amour, douces à souffrir,
Et je crains que cette nostalgie
Ne finisse par être exaucée.
Ah ! La douce misère de l'amour
Et de l'amour l'amer plaisir
Se glissent à nouveau, tourments divins,
Dans ma poitrine à peine guérie.

Anecdote

Au cours de son long métrage "La Femme-Enfant" (1980), l'écrivain et réalisatrice Raphaële Billetdoux rend hommage au poète juif allemand Heinrich Heine en abordant une de ses œuvres Die Harzreise (Le voyage dans le Harz), 1826.

Liens externes

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Références

  1. Almansor, 1820, vers 243, voir texte sur Wikisource : http://de.wikisource.org/wiki/Almansor/Das_Innere_eines_alten,_ver%C3%B6deten_Maurenschlosses
  2. De l'Allemagne, éd. Paris, 1856, t. I, p. 183.


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