- Censure en France
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La censure en France a pris et peut encore prendre des formes diverses. On peut distinguer d'une part la censure frappant les écrits, et donc liée à l'imprimerie, d'autre part la censure frappant toute autre forme de média (radio, télévision, internet, chansons, peintures, et toute autre forme artistique). Il existe enfin des phénomènes d'auto-censure, en particulier dans les grands médias. La liberté d'expression est un droit compris dans la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789. Néanmoins, un décret de Napoléon rétablit officiellement la censure en 1810, tandis que les ultra-royalistes feront passer des lois régissant la liberté de la presse sous la Restauration (1815-1830). La censure perdurera tout au long du XIXe siècle, jusqu'aux lois sur la liberté de la presse passées en 1880-1881 sous la Troisième République. Elle sera rétablie pendant la Première Guerre mondiale, menant entre autres à la création du Canard enchaîné en 1915, qui utilise le ton satirique pour échapper aux censeurs. La loi de 1955 sur l'état d'urgence, votée pendant la guerre d'Algérie et encore en vigueur aujourd'hui, permet la censure en autorisant le ministère de l'Intérieur et les préfets à prendre « toute mesure pour assurer le contrôle de la presse et de la radio ».
La censure sous l'Ancien Régime
Le 18 octobre 1534 après l'affaire des Placards, le roi François Ier, qui était jusqu'alors favorable aux idées nouvelles, ordonne la chasse aux « hérétiques » (en particulier les Protestants) et en 1535 il promulgua un édit contre les imprimeurs insoumis, qui interdisait toute impression de livres sur son royaume. La mesure, cependant, fut tout à fait inefficace, en raison notamment de la contrebande de livres imprimés dans les Etats protestants voisins (la Genève de Calvin, etc.) [1]. En 1629, Richelieu étatisa et laïcisa la censure, jusqu'alors sous la responsabilité de l'Eglise catholique, et nomma les premiers censeurs royaux.
La Révolution française : liberté d'expression et censure
Proclamée le 26 août 1789, la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen proclame solennellement la liberté d'expression et de pensée : « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, mêmes religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre public établi par la loi. » (article 10) et « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’homme ; tout citoyen peut parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas prévus par la loi. » (article 11). Mais ces articles généreux ne furent pas respectés par le Comité de salut public. Ainsi Robespierre fit-il brûler les œuvres de Camille Desmoulins.
Quoi qu'il en soit, on peut selon ces articles sanctionner (a posteriori) une publication, mais en aucun cas empêcher (a priori) celle-ci.
La censure au XIXe siècle
En 1810, un décret de Napoléon rétablit officiellement la censure. Suit une succession de suppressions et de rétablissements de la censure (en particulier sous la Restauration) qui disparaît, et maraude, officiellement lors de la promulgation de la Loi sur la liberté de la presse du 29 juillet 1881. Cette loi confie au système judiciaire l'essentiel du contrôle des informations publiées en France, effectué a posteriori (après diffusion).
Un an après la promulgation de la loi sur la liberté de la presse, une première restriction est apportée par la loi du 2 août 1882 sur le délit d'outrage aux bonnes mœurs par voie de presse, d'affiche ou d'écrit de toute nature. Cette loi avait pour but de limiter le déferlement de littérature érotique et pornographique alors signalé par la police[2].
La vague des attentats anarchistes entre 1892 et 1894 aboutit au vote des trois « lois scélérates » en décembre 1893 et juillet 1894. Elles entraineront, pour un temps, la disparition de la quasi totalité des titres de presse libertaires, dont Le Père Peinard d'Émile Pouget et La Révolte de Jean Grave[2].
Le 25 février 1894, Jean Grave est condamné à 2 ans de prison et 1000 francs d'amende pour son livre La société mourante et l'anarchie (1892) accusé de provocation au vol, à l'indiscipline et au meurtre, ainsi que du délit d'apologie de faits qualifiés crimes par la loi[3]. La deuxième édition de l'ouvrage venait d'être imprimée en Belgique avec une préface d'Octave Mirbeau. Lors du procès, Elisée Reclus, Paul Adam, Bernard Lazare et Octave Mirbeau vinrent témoigner en faveur du prévenu. Malgré la belle plaidoirie de l'avocat, maître Émile de Saint-Auban, Jean Grave est condamné à la peine maximum. Les faits reprochés à Jean Grave étant prescrits, le parquet n'hésita pas à instruire contre la deuxième édition d'un livre qui jusque là n'avait fait l'objet d'aucune poursuite[4].
En août 1894, le « Procès des Trente » mélange d'authentiques cambrioleurs partisans de la « reprise individuelle » avec les « intellectuels » du mouvement anarchiste dont Sébastien Faure, Jean Grave et Félix Fénéon. Le président du tribunal échoua à jeter en prison les auteurs anarchistes mais parvint à interdire à la presse de reproduire les débats pour priver la défense d'une tribune extra-judiciaire[2].
En 1894, Émile Pouget est le seul à pouvoir continuer la propagande par l'écrit en diffusant Le Père Peinard depuis Londres. Les journaux anarchistes reparaissent finalement au cours de l'année 1895[4].
Après l'arrêt de la « propagande par le fait » par les anarchistes, les antimilitaristes furent à de nombreuses reprises condamnés par la justice. Laurent Tailhade écope de quatre ans de prison pour un article intitulé « Les tueurs de rois ont-ils disparu ? » publié dans Le Libertaire du 15 septembre 1901. Laurent Tailhade contrevenait à la loi du 3 février 1899 punissant l'injure proférée à l'encontre d'un chef d'État ou d'un diplomate étranger. Le 30 décembre 1905, Georges Yvetot, Gustave Hervé et Miguel Almereyda sont condamnés à la même peine pour une affiche appelant les jeunes recrues au meurtre des « soudards galonnés » qui faisaient tirer la troupe sur les grévistes[2].
La censure en temps de guerre
Bien que la censure ait disparu en France, à la fin du XIXe siècle[réf. nécessaire], elle a été rétablie au cours des différents conflits, notamment lors des deux guerres mondiales. Pendant ces deux guerres, les articles, dessins et photos censurés ont fréquemment été remplacés par des "blancs" (Le Canard enchaîné à ses débuts dut se débattre contre la censure en adoptant son ton ironique pour la détourner, de nombreux articles, même anodins, étant censurés). La censure est alors représentée sous la forme d'Anastasie tenant de grands ciseaux.
Sous le régime de Vichy, on alla plus loin et la censure devint préventive. Ainsi les directeurs de journaux recevaient-ils de l'autorité compétente des consignes sur les informations à mettre en évidence en première page, à éliminer, ou à réduire à l'état d'entrefilets dans les pages les moins lues.
Pour la guerre d'Algérie (1954-62), le pouvoir innova et décida de saisir les journaux (notamment ceux qui évoquaient les actes de torture) sous le prétexte d'« atteinte au moral de l'armée ». La Question d’Henri Alleg et La Gangrène de Bachir Boumaza, parus en 1958 chez les éditions de Minuit et qui dénoncent la torture en Algérie, sont immédiatement censurés.
Faits de censure depuis 1945
Moralité
En 1976, les négatifs du film L'Essayeuse de Serge Korber ont été saisis et brûlés pour « apologie du vice », suite à une décision de justice après la plainte de deux importantes associations familiales.
En 1949 est crée la Commission de surveillance et de contrôle des publications destinées à l'enfance et à l'adolescence qui a pour but de censurer principalement les bande dessinées étrangères qui montre sous un jour favorable « le banditisme, le mensonge, le vol, la paresse, la lâcheté, la haine, la débauche ou tous actes qualifiés crimes ou délits ou de nature à démoraliser l'enfance ou la jeunesse, ou à inspirer ou entretenir des préjugés ethniques. Ces publications ne doivent pas non plus comporter de publicité, d'annonce pour des publications de nature à démoraliser l'enfance ou la jeunesse ».
Pressions politiques
Après la Seconde Guerre mondiale, le contrôle de l'ORTF sur les médias donna lieu à des faits de censure (notamment contre Hara-Kiri et Charlie Hebdo).[réf. nécessaire]
La chanson Hexagone de Renaud a été, lors de sa sortie en 1975 sur l'album Amoureux de Paname, censurée sur les ondes de RadioFrance.
L'ex-dictateur du Togo, Gnassingbé Eyadéma, appela l'Élysée le 17 septembre 2002 afin d'empêcher RFI (financée par le ministère des Affaires étrangères) de diffuser un entretien avec son principal opposant, Messan Agbéyomé Kodjo. Suite aux protestations des syndicats de journalistes, Jean-Paul Cluzel, le PDG de RFI, décida finalement de diffuser tout de même l'interview. En outre, un reportage levant la question des responsabilités de la DGSE dans la mort en 1995 du juge Bernard Borrel à Djibouti, diffusé le 17 mai 2005, fut enlevé après coup, sans explications, du site internet de la radio — peut-être suite à une intervention du président Ismail Omar Guelleh[5].
Dans un arrêt du 7 février 2003 (n°243634), sur la requête du GISTI, le Conseil d'État a annulé le refus du Premier ministre d'abroger le décret-loi du 6 mai 1939, relatif au contrôle de la presse étrangère, modifiant l'article 14 de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse pour violation de l'article 10 de la Convention européenne des droits de l'homme; ce décret-loi a été abrogé par le décret n° 2004-1044 du 4 octobre 2004.
Le Syndicat national des journalistes (SNJ) ainsi que les journalistes du quotidien économique La Tribune, contrôlé par le groupe LVMH de Bernard Arnault, ont dénoncé le caviardage par le directeur de la rédaction, François-Xavier Pietri, d'un sondage favorable à Ségolène Royal, candidate à la présidentielle 2007. La Une de La Tribune du 4 septembre 2006 devait en effet présenter une photo de Royal avec la mention « Royal en tête sur l'économique et le social ». Un sondage CSA commandé par La Tribune montrait que 54% des personnes interrogées faisaient confiance à la candidate socialiste pour ce qui relève de la vie économique et sociale, contre seulement 49% pour le candidat de l'UMP Nicolas Sarkozy. Si la décision de censurer cette Une n'a été prise, en toute probabilités, que sous la responsabilité exclusive du directeur de la rédaction, Bernard Arnault est néanmoins un patron très proche de Sarkozy, qui a d'ailleurs été son témoin lors de son mariage avec Cécilia en 1996, tandis que le patron du pôle presse de LVMH n'est autre que Nicolas Bazire, ancien directeur de cabinet de Balladur à Matignon et vieil ami de Sarkozy[6],[7].
En pleine affaire des caricatures de Mahomet publiées par Charlie Hebdo, le juge Clément Schouler, membre du Syndicat de la magistrature, et le caricaturiste Placid ont été condamnés en cour d'appel, le 18 janvier 2007, pour le livre Vos papiers! Que faire face à la police? édités par L'Esprit frappeur [8]. Placid a écopé de 500 euros d'amende. Le ministre de l'Intérieur Daniel Vaillant (PS) avait porté plainte contre ce livre, plainte relayée par les ministres successeurs.
En première instance, la cour[pas clair][réf. nécessaire] avait jugé que la critique de la police "participe du nécessaire contrôle démocratique du bon fonctionnement des institutions, et spécialement de celles chargées de faire respecter la loi", et affirmait à propos de la caricature en couverture que ce "visage à la frontière de l'homme et de l'animal, dénué de toute prétention anatomique, suggérant une certaine faiblesse intellectuelle derrière l'affirmation agressive d'une autorité sûre d'elle-même, relève du genre de la caricature", protégée par la liberté d'expression. Mais la cour d'appel a condamné au contraire le juge Schouler pour avoir "présenté de façon péremptoire comme établi un comportement reproché à l'ensemble de la police nationale" : la phrase incriminée du livre, qui expliquait les droits des citoyens confrontés aux contrôles d'identités, affirmait : "Les contrôles au faciès, bien que prohibés par la loi, sont non seulement monnaie courante mais se multiplient." Le caricaturiste Placid a aussi été condamné, les juges affirmant que "si le genre de la caricature admet la dérision, il ne saurait pour autant autoriser des représentations dégradantes." L'arrêt de la cour d'appel a été cassé[9] et l'affaire a été renvoyée devant une autre cour.
Trois cents caricaturistes ont publié un livre de soutien à Placid, intitulé Tous Coupables et publié aux éditions du Faciès, créées pour la circonstance par quarante éditeurs spécialisés dans le dessin ou la BD[10].
Le 21 février 2008 le Courrier international titre «Sarkozy, ce grand malade» par le journaliste d'El Pais Lluis Bassets. Deux afficheurs, Metrobus et Relay (Arnaud Lagardère) ont refusé de placarder les affiches du journal. Courrier international dénonce un «acte de censure»[11].
Le blog anti-sarkozyste, Torapamavoa, « 15ème musicien français le plus vu « all Time » avec 3 millions de visites en 2 ans » selon Bakchich, a été censuré du net[pas clair] en septembre 2008[12].
Autocensure
Après l'élection de Nicolas Sarkozy à la présidence le 6 mai 2007, un article du Journal du dimanche qui affirmait que Cécilia Sarkozy n'avait pas voté au deuxième tour aurait été censuré[13]. Les journalistes du SNJ-CGT et de l'USJ-CFDT du groupe Hachette-Lagardère, propriétaire du JDD, ont dénoncé « une nouvelle ingérence de la direction du groupe Lagardère » [14],[15].
Le Figaro a retouché la photo de la ministre Rachida Dati le 19 novembre 2008, en effaçant une bague Chaumet d'une valeur de plus de 15 000 euros, fait relaté par L'Express. Le 25 novembre, le quotidien conservateur affirmait, par la voix de son directeur des rédactions, Étienne Mougeotte, que dorénavant une règle simple sera observée au Figaro. "Aucune modification ne pourra être apportée à une photo d'actualité à l'exclusion du cadrage et à condition que cela ne modifie en rien le sens de la photo. C'est en appliquant cette règle simple et impérative que nous éviterons le renouvellement de ce type d'erreur " [16].
Censure contre des groupes de rap
Le groupe de rap La Rumeur a été poursuivi par le ministère de l'intérieur pour des propos tenus dans La Rumeur Magazine (en particulier «les rapports du Ministère de l’Intérieur ne feront jamais état des centaines de nos frères abattus par les forces de police sans qu’aucun des assassins n’ait été inquiété»). Déposée en 2002 par le ministère de l'intérieur, alors dirigé par Nicolas Sarkozy, le procureur de la République a fait appel en 2005 (alors que Dominique de Villepin dirigeait l'Intérieur) de la décision de non-lieu rendue en première instance le 17 décembre 2004.
Deux agents municipaux et trois rappeurs sont passés en procès à Bobigny en avril 2007 pour « injures » suite à un CD distribué dans la ville (dirigée à l'époque par Bernard Birsinger). Jean-Christophe Lagarde, député UDF et maire de Drancy, avait interpelé le ministre de l'Intérieur Dominique de Villepin en octobre 2004, lequel a saisi le préfet pour déposer plainte (chose faite le 18 novembre 2004). Le procureur a demandé des peines de 1 000 à 3 000 euros[17],[18]. Catherine Peyge, la maire (PCF) de Bobigny, a lancé le même jour un « appel national pour la liberté d'expression », dénonçant une « dérive autoritaire qui voit la restriction de la liberté d'expression devenir monnaie courante » [19].
En novembre 2005, le député UMP François Grosdidier porta plainte contre divers groupes de rap français, certains dissous, en invoquant leur caractère d'"incitation au racisme et à la haine". Déposée dans le contexte des émeutes de l'automne, de nombreuses personnes à gauche, ont dénoncé cet "acharnement" comme des tentatives de censurer la parole des quartiers. Les groupes concernés sont : Monsieur R, Smala, les groupes Lunatic (dissous), 113, Ministère Amer (dissous) et les chanteurs Fabe (retiré du rap) et Salif[20].
Monsieur R, poursuivi pour injure raciale par l'AGRIF, proche des catholiques traditionalistes, a été relaxé le 26 avril 2007. Attaqué pour sa chanson « FranSSe », Monsieur R avait déjà été relaxé le 26 juin 2006. Le tribunal correctionnel de Melun avait déclaré irrecevable la plainte déposée par le député UMP Daniel Mach, qui arguait d'un « outrage aux bonnes mœurs » [21].
Présentation des stupéfiants sous un jour favorable
L'article L.630 de la loi du 31 décembre 1970 instaure une censure sur les publications et objets de propagande « présentant l'usage de stupéfiants sous un jour favorable ». L'article précise que « lorsque le délit prévu par le présent article est commis par la voie de la presse écrite ou audiovisuelle, les dispositions particulières des lois qui régissent ces matières sont applicables en ce qui concerne la détermination des personnes responsables. »
Cette loi est régulièrement invoquée pour confisquer les publications réclamant la dépénalisation ou la légalisation du cannabis ou d'autres stupéfiants (par exemple l'Éléphant rose ou contre le CIRC) et est source de controverse lorsque le débat sur le cannabis médical ressurgit. Ainsi, le groupe de rock Matmatah a été condamné en juin 2000 à 15 000 francs d'amende pour « provocation à l’usage de stupéfiants » et « présentation sous un jour favorable de l’usage et du trafic » dans sa chanson « L'apologie ».
Censure des œuvres de fiction télévisuelles
Au cours des années 1990, les dessins animés japonais diffusés dans les émissions pour jeunes ont été progressivement de plus en plus censurés, jusqu'à disparaître de l'antenne malgré leur succès. Le dessin animé le plus censuré a été le feuilleton Ken le Survivant.
Depuis la fin des années 1990, on peut aussi constater que les chaînes de télévision françaises procèdent régulièrement à une censure sur de nombreuses séries télévisées américaines : il s'agit principalement de couper des scènes jugées trop violentes ou dérangeantes, ou de modifier des dialogues jugés perturbants, politiquement incorrects ou faisant référence à une marque publicitaire[réf. nécessaire].
Cette censure est effectuée, selon les cas, sous la pression du CSA ou de la propre initiative de la chaîne. Dans ce dernier cas, l'auto-censure est généralement effectuée dans l'optique de ne pas froisser ou rebuter le téléspectateur. Cette pratique a atteint son point d'orgue lorsque TF1, dans un souci de politiquement correct, a diffusé une fiction sur l'ascension au pouvoir d'Hitler en l'expurgeant des scènes les plus significatives (des scènes, par exemple, où Hitler tient des discours antisémites)[22].Limitations à la liberté d'expression : négationnisme, discours haineux, politiquement incorrect
La loi Gayssot (1990) « ten[d] à réprimer tout propos raciste, antisémite ou xénophobe ». Présentée au Parlement par le député communiste Jean-Claude Gayssot, son article premier dispose que « Toute discrimination fondée sur l'appartenance ou la non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion est interdite. »
La loi qualifie également de délit, dans son article 9, la pénalisation de la contestation de l'existence des crimes contre l'humanité comme définis dans le statut du Tribunal militaire international de Nuremberg, punissant ainsi les auteurs et diffuseurs de propos négationnistes et révisionnistes.
En outre, la loi du 30 décembre 2004 punit les auteurs de propos provoquant « la haine ou à la violence » ou « l'injure commise dans les mêmes conditions à l'égard d'une personne ou d'un groupe de personnes à raison de leur sexe, de leur orientation sexuelle ou de leur handicap »[23]. C'est sur cette base que le député UMP Christian Vanneste a d'abord été condamné le 24 janvier 2006 par le tribunal correctionnel de Lille pour avoir tenu des propos homophobes dans différents journaux, qualifiant notamment l'homosexualité d'« inférieure à l’hétérosexualité », la jugeant « dangereu[se] pour l’humanité » si « pouss[ée] à l’extrême ». Cette condamnation fut d'abord confirmée en appel avant d'être cassée le 12 novembre 2008 par la Cour de cassation qui a alors blanchi le député en estimant que ses propos ne dépassaient pas de cadre de la liberté d'expression.
Liste de films censurés
(Liste non exhaustive)
- David Griffith, Intolérance (1916), interdit pendant trois ans[24].
- Armand du Plessy, La Garçonne (1923),
- Jean Vigo, Zéro de conduite (1933), censuré jusqu'en 1945.
- Gil Joseph Wolman, L'Anticoncept (1951), toujours censuré à l'heure actuelle.
- Paul Carpita, Le Rendez-vous des quais (1955), censuré jusqu'en 1990.
- Stanley Kubrick, Les sentiers de la gloire (1957), censuré jusqu'en 1987.
- Jean-Luc Godard, Le Petit Soldat (1960), censuré jusqu'en 1963.
- Gillo Pontecorvo, La Bataille d'Alger (1966), première fois censuré jusqu'en 1971, puis une deuxième fois jusqu'en 2004.
- Jacques Rivette, Suzanne Simonin, la Religieuse de Diderot (1966), censuré jusqu'en 1967.
- Yves Boisset, R.A.S. (1973), toujours censuré à l'heure actuelle à la vente.
- Tobe Hooper, Massacre à la tronçonneuse, (1974) interdit de salle jusqu'en 1982.
- Serge Korber, L'Essayeuse (1975), d'abord autorisé, classé X, puis censuré, le réalisateur et les acteurs condamnés à des amendes de 400 à 10000 francs pour outrages aux bonnes mœurs ; la condamnation est confirmée et amplifiée en appel le 10 juin 1977, les amendes allant alors de 3000 à 18000 francs et la cour d'appel ordonnant « la saisie et la destruction du négatif et de toutes les copies du film ayant servi à commetre le délit »[25]
Liste de chansons censurées
- Liste des chansons censurées de Jean Ferrat :
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- Nuit et Brouillard, "déconseillée" sur les antennes
- Potemkine, décrite comme appel à la révolte
- Ma France, dite "irrévérencieuse" pour le pays
- Au Printemps de Quoi Rêvais-tu?, en plein contexte de l'après Mai 1968
- Un Air de Liberté, dite "diffamatoire" à l'encontre de Jean d'Ormesson
- Liste des chansons censurées de Léo Ferré :
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- Mon Général, Les Quat'Cents Coups... en 1961
- Jacques Brel :
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- Les Bourgeois, ce qui conduit l'auteur à remplacer dans le refrain "con" par "..."
- Liste non exhaustive des chansons de Georges Brassens interdites par le comité d'Écoute en Radiodiffusion[26] :
- Le gorille (traite de la peine de mort par métaphore[27]). Brassens s'est autocensuré en élaguant une dernière strophe[28] : « Nous terminerons cette histoire / Par un conseil aux chats-fourrés / Redoutant l'attaque notoire / Qu'un d'eux subit dans des fourrés: / Quand un singe fauteur d'opprob'e / Hante les rues de leur quartier / Ils n'ont qu'à retirer la robe / Ou mieux à changer de métier. »
- Hécatombe
- La mauvaise réputation
- Le mauvais sujet repenti
- La mauvaise herbe
- Vénus callipyge
- La complainte des filles de joie
- Putain de toi
- Les deux oncles
- La tondue
- La fille à cent sous
- Le cocu
- Brave Margot
- La femme d'Hector
- Le fossoyeur
- Les croquants
- Le pornographe
- Les trompettes de la renommée
- Le mécréant
- Le temps ne fait rien à l'affaire
- Boris Vian, Le Déserteur[réf. nécessaire] (1954)
- Jacques Debronckart, Mutins de 1917 Cette chanson, enregistrée sur le premier 33 tours de Jacques Debronckart en 1967, a été censurée en France, et n'a été diffusée que plus de 30 années plus tard sur les ondes publiques, sur France Inter (Histoires possibles et impossibles, Robert Arnaud) le 22 novembre 1998.
- Renaud, Hexagone (1975) Chanson interdite par une circulaire sur la radio France Inter pendant la visite du pape Paul VI en France[29].
- Les Wampas, Chirac en prison (2006). La publicité pour cet album a été interdite, et non sa diffusion[30].
Les quatre membres du groupe Matmatah, leur manager, ainsi que l'éditeur graphique, ont été condamnés chacun à une amende de 15.000 francs pour « provocation à l'usage de stupéfiants » à cause de leur chanson « L'Apologie » qui est en faveur de la dépénalisation du cannabis[31].
Liste de livres censurés
Article détaillé : Liste de livres censurés en France.Note
- ^ Sur la gauche, le roi Louis-Philippe plaque sa main sur la bouche d'une ouvrière symbolisant la liberté de la presse. Derrière lui se tient le député et magistrat Jean-Charles Persil, avec son nez en forme de bec de perroquet et, à la main, une grande paire de ciseaux représentant la censure. Sur la droite, d'autres membres du gouvernement s'en prennent aux imprimeurs et au matériel d'imprimerie. Sous la plafond sont accrochées des revues anti-gouvernementales telles que La Caricature et les Droits de l'homme[32].
Bibliographie
- Bernard Joubert, Dictionnaire des livres et des journaux interdits - Paris : Édition du Cercle de la librairie, 2007 - 1215 pages - (ISBN 978 2 7654 0951 9)
- William Hanley, A biographical dictionary of French censors 1742-1789, Ferney, Centre international d'étude du XVIIIe siècle, 2005 (ISBN 978-2-84559031-1)
Références
- Benedict Anderson (1983), L'Imaginaire national, La Découverte, Paris, 1996, chap. II, p. 51-52
- Pascal Ory, La Censure en France à l'ère démocratique, Éditions Complexe, coll. « Histoire culturelle », 1999
- Émile de Saint-Auban, L'histoire sociale au Palais de justice : plaidoyers philosophiques, Paris, A. Pedone, 1895
- ISBN 2070724980) Jean Maitron, Le mouvement anarchiste en France, Gallimard, coll. « Tel », 1992 (
- Une « CNN à la française » - Parrain privé, chaîne publique, Le Monde diplomatique, janvier 2006
- Le Canard enchaîné, 6 septembre 2006 « La Tribune passe Ségolène à la trappe »,
- SNJ dénonce manip à La Tribune, Indymedia, 4 septembre 2006, 21h24
- Arrêt de la cour d'appel du 18 janvier 2007 concernant Schouler et Placid
- Crim. 17 juin 2008, pourvoi n°07-80.767 : « en subordonnant le sérieux de l'enquête à la preuve de la vérité des faits, la cour d'appel n'a pas donné de base légale à sa décision ».
- Libération, 23 avril 2007 en-ligne "Cachez ce groin...",
- Courrier international n°904 du 28 février au 5 mars 2008.
- Censuré sur le net pour propos anti-Sarko, Bakchich, 2 septembre 2008. Youtube fait taire Torapamavoa : une censure ?, vidéo du groupe Torapamavoa, sur Daily motion.
- Un article du "Journal du dimanche" sur Cécilia Sarkozy aurait été censuré, Le Monde, 13 mai 2007
- Article du JDD sur Cécilia Sarkozy : deux syndicats du groupe protestent, Le Nouvel Observateur, 14 mai 2007
- Libération, 14 mai 2007 (lire ici) « Article censuré : des syndicats du groupe Hachette protestent »,
- André Rouillan, « Les vérités retouchées du Figaro », Paris Art n°257, 27 novembre 2008
- A Bobigny, le procès d'un rap trop cru, Libération, 24 avril 2007
- Le rap peut-il évoquer les violences policières ?, L'Humanité, 25 avril 2007
- Catherine Peyge lance un appel pour la liberté d’expression, L'Humanité, 25 avril 2007
- "Rap : la réponse aux censeurs", in L'Humanité du 30 novembre 2005
- Relaxe du rappeur Monsieur R, accusé d'injure raciale, Le Nouvel Observateur, 3 mai 2007
- TF1 « révise et corrige » un téléfilm sur la montée du nazisme
- Texte de la loi n° 2004-1486 du 30 décembre 2004 portant création de la haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité sur Légifrance.
- A propos de la sortie d’INTOLERANCE en France en 1919, Louis Delluc, Paris-Midi, avril 1919 in Le Cinéma au quotidien, Cinémathèque française et Editions de l’étoile/Cahiers du Cinéma, Paris, 1990. (extrait sur le site d'Arte, édité le 1er octobre 2007.
- Histoire juridique des interdits cinématographiques en France, 1909-2001, Albert Montagne.
- Les ciseaux d'Anastasie sur Les copains d'accord's. Mis en ligne le 11 février 2008 : Pierre Perret et Georges Brassens parlent de la censure (J'ai ce malheur de faire des chansons que les ondes ne supportent pas)
- Analyse du texte de chanson
- Dialogus - Georges Brassens - Le gorille
- extrait d'une biographie de Renaud
- Wampas : on connait la chanson » : explicitations du Bureau de vérification de la publicité «
- Le groupe Matmatah condamné pour provocation à l'usage des stupéfiants (Nantes, 19 juin 1998)
- Grandville (v. 1832). Lithographie de
Voir aussi
- Censure
- Journalisme en France
- Pour la censure postale, voir Cabinet noir et Histoire postale (Données générales)
- Rap français
- Office de radiodiffusion télévision française
- Hara-Kiri et Charlie-Hebdo
- Bureau de vérification de la publicité
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