Indymedia

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Logo d'Indymedia

Indymedia (ou IMC pour Independant Media Center) est un média alternatif sous forme de réseau de collectifs indépendants dont l'objectif déclaré est d'assurer à tous la liberté de créer et de diffuser de l'information, en publication ouverte et avec modération a posteriori. La tonalité des informations se situe à gauche voire à l'extrême gauche, toutefois elle varie selon les antennes locales. Indymedia se revendique d'un discours anti-sexiste, anti-fasciste et anti-capitaliste.

Sommaire

Historique

Indymedia a été créé par divers organismes indépendants, alternatifs et militants pour couvrir les contre-manifestations de Seattle en 1999, lors de la réunion de l'OMC et du FMI. Le Centre Médias a permis à des journalistes d'échanger et d'envoyer en temps réel des renseignements, articles, photos, bandes audio et vidéo, via son site Internet.

En regroupant l'ensemble de ces organisations, le Centre Médias de Seattle a produit une série de cinq documentaires transmis chaque jour par satellite, dans tous les États-Unis, à des points d'accès public[1].

Le Centre Médias a également produit son propre journal, distribué à Seattle et dans d'autres villes par l'intermédiaire d'Internet, ainsi que des centaines de bandes audio transmises à travers le Web. Il a enfin créé Studio X, une station de radio Internet émettant 24h/24h et basée à Seattle. Le site, qui utilise « un système démocratique de publication ouverte », affirme avoir enregistré plus de 2 millions de connexions, et a été commenté sur America Online, Yahoo, CNN, BBC Online et de nombreux autres sites[2].

Au cours de l'année suivante, à travers un réseau décentralisé et autonome, des centaines d'activistes de l'information ont ouvert des Centres de Médias à Londres, au Canada, à Mexico, à Prague, en Belgique, en République populaire de Chine, en France et en Italie. Depuis, des Centres de médias indépendants (IMCs) ont été créés sur chaque continent. Le réseau compterait aujourd'hui 167 centres dans 60 pays.

En septembre 2004, le serveur de Londres est obligé, à la suite d'un accord de coopération policière entre le gouvernement britannique et le FBI (pourtant en dehors de sa juridiction), de livrer aux services secrets américains le disque dur qui hébergeait plusieurs sites d'Indymedia (à cause semble-t-il de la publication sur Indymedia Nantes de la photo de deux membres de la police secrète suisse qui tentaient d'infiltrer une manifestation antimondialiste). Certains sites ont été inaccessibles pendant plusieurs jours et un long travail de restauration de leurs archives a dû être lancé[3]. Malgré la restitution des disques durs, certains[Qui ?] voient dans cette affaire un inquiétant précédent pour le principe de la liberté d'informer en général et de la liberté d'Internet en particulier[4].

En octobre 2006, Brad Will, un journaliste d'Indymedia New York, qui couvre la révolte d'Oaxaca (Mexique) est tué par balle par des hommes qui agiraient à la solde du gouverneur local Ulises Ruiz selon l'Assemblée populaire des peuples de Oaxaca[5], information confirmée par le quotidien mexicain La Jornada[6].

Qu'est-ce qu’Indymedia ?

Indymedia se présente comme un collectif d'organismes de médias indépendants gérés par des modérateurs, affirmant offrir des informations sans esprit corporatif en permettant à tout un chacun de publier sa propre information / analyse.

Indymedia se considère comme une sorte d'agence de presse gérée collectivement. Chaque IMC est un groupe autonome qui a ses propres statuts, contrôle ses propres finances et prend ses propres décisions par ses propres processus, tout en respectant la base des « Principes d'Unité ».

Indymedia s'efforce d'encourager les gens à créer des médias présentant des reportages indépendants, honnêtes, précis et puissants.

Un but à long terme serait de stimuler et faciliter le développement de médias aussi indépendants que possible dans le monde entier. Certains ont formé leur Indymedia avec un but plus précis : permettre à des personnes, en devenant des acteurs de l'information, de se rendre compte qu'ils peuvent également prendre les commandes d'autres aspects de leur vie, qu'ils laissaient jusqu'à présent aux « experts » ou aux « professionnels ».

Sur un plan plus pratique, certaines personnes, impliquées dans Indymedia, travaillent au développement de la télévision nationale et/ou internationale ou des réseaux radio ; d'autres travaillent à la création d'un journal régulier, indépendant et international ; d'autres encore, essaient d'assurer l'accès du public aux reportages et articles indépendants. Mais beaucoup n'ont d'autre activité que la modération du site et sa maintenance sans chercher à "produire" de l'information. Tous prônent l'utilisation des logiciels libres. Bien que constitué de non professionnels, Indymedia publie l'information sous toutes ses formes : textes, sons, photos, radio.

Indymedia n'a pas de bureau central et donc n'a pas d'adresse, de numéro de téléphone ou de fax. Certains IMCs locaux occupent des lieux, de manière permanente ou non, où ils centralisent l'information et se réunissent.

Fil d’actualités et open publishing

Le fil d'actualités d'Indymedia[7] travaille sur le principe de la publication ouverte (open publishing). C'est un principe essentiel dans le projet d'Indymedia qui permet aux individus de diffuser rapidement les actualités qu'ils souhaitent, sur un site Web accessible mondialement. Le réseau d'actualités encourage les gens à devenir des médias en publiant leurs articles, analyses et informations sur le site. D'ailleurs Indymedia s'est inspiré des paroles de Jello Biafra : « Don't hate the media, become the media! » (« Ne hais pas les médias, deviens les médias »).

Selon Indymedia, tout le monde peut publier sur ce réseau, à partir de n'importe quel ordinateur relié à Internet, en cliquant sur « publier » sur ses sites.

Cependant Indymedia se réserve le droit de créer des rubriques sur le site afin d'y ranger les articles publiés ; il n'y a cependant aucun collectif éditorial nommé qui s'en occupe. Un groupe de travail (Newswire working group ou « collectif de modération ») a été formé pour garder des traces de ce qui a été publié et effacer les envois en double, les messages commerciaux et tout autre envoi qui ne conviendrait pas aux principales directives éditoriales d'Indymedia : une sorte de modération a posteriori des contributions s'est mise en place pour modérer ou cacher les articles jugés racistes, fascistes ou sexistes. La définition de ce qui est raciste, fasciste ou sexiste varie selon les IMC. Certains comités considéreront les idées de la droite dite parlementaire comme « fascistes », d'autres seront plus tolérants. Il faut là encore garder à l'esprit que chaque IMC est indépendant et que la politique éditoriale varie grandement d'un IMC à l'autre.

Cependant tous les articles qui ne sont pas en valeur en première page demeurent accessibles au public à travers l’« administration éditoriale » et les zones « articles cachés » sur le site d'Indymedia (lien « publier » de la page d'ouverture).
Le groupe de travail d'un IMC regroupe un collectif d'administrateurs bénévoles s'y consacrant. Selon Indymedia, l'accès à ce groupe de travail est ouvert à tous et fonctionne de façon transparente (toutes les discussions, les décisions prises, les raisons de la cache d'un article sont accessibles sur les pages prévues à cet effet) et anti-hiérarchique (prise de décision par consensus).

Indépendance

Selon Indymedia, aucune société ne possèderait Indymedia, aucun gouvernement ne contrôlerait l'organisation, aucun donateur unique ne financerait le projet. Indymedia affirme n'être le porte-parole d'aucun parti ou organisation politique. Les articles sont souvent d'une sensibilité libertaire.

De même que les personnes individuelles, les organisations ou partis politiques peuvent publier des articles sur le fil d'actualités Indymedia, mais la propagande d'organisations politiques n'est que rarement publiée.

Financement

Indymedia finance toutes ses activités par donations. Le réseau finance entièrement sa structure technique avec un budget d'environ deux mille dollars[8].

Priorités

Indymedia considère être désormais bien implanté dans le monde occidental, et souhaite étendre son influence dans les pays du Sud. Les centres du Nord auraient déjà envoyé du matériel de montage vidéo, des ordinateurs et des modems vers les Indymedia Centers de la Russie, de l'Argentine, du Brésil, de la République du Congo, de la Colombie, du Mexique : Oaxaca et Chiapas.

Quelle est l'influence médiatique d’Indymedia ?

Selon Indymedia, la meilleure preuve de sa crédibilité serait que les informations seraient reprises par les autres médias qui tiennent compte de ce qu'Indymedia fait afin de ne pas passer à côté de tel ou tel sujet. CNN, au lendemain des attentats du 11 septembre 2001, a indiqué qu'Indymedia avait donné des informations erronées, ce qui selon Indymedia constitue une preuve de son influence auprès des autres médias.

Pendant les périodes de grand trafic (par exemple, autour de la semaine des manifestations de Gênes G8, 5 millions de pages environ auraient été visitées selon l'estimation d'Indymedia), divers serveurs miroirs contiennent et partagent le trafic, rendant presque impossible l'accumulation de statistiques précises. Le site Indymedia lors de Seattle en 1999 aurait reçu plus d'un million de connexions par jour. « On avait autant d'audience que CNN. Et, grâce à nos articles et aux photos, on a forcé les grandes chaînes américaines à modifier leur traitement des violences commises par la police et à parler des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc ». [réf. nécessaire]

Controverses

Certains textes publiés sur Indymedia, relevant parfois de l'éditorial ou de la tribune libre, font débat[9] ou provoquent des réactions violentes. Par exemple, les Nouvelles Brigades rouges ont diffusé en 2002 sur l'un des sites d'Indymedia Italie leur texte de revendication suite à l'assassinat de Marco Biagi, tandis que des Indymedia français se sont fait l'écho de messages de soutien à Cesare Battisti. L'hommage à Joëlle Aubron, membre d'Action directe, condamnée en 1989 et décédée en 2006 après 19 ans de prison, a suscité une polémique.

Il est néanmoins nécessaire de souligner que les collectifs ne sont pas responsables des textes publiés sur chaque Indymedia, ceux-ci n'engageant que leurs auteurs. Le seul rôle du collectif est en effet de veiller au bon fonctionnement de leur site, ce qui implique généralement de supprimer les textes racistes ou haineux.

Le site a été critiqué pour sa politique de « chasse aux sorcières » d'extrême droite : il a publié sur son site les noms, adresses et photos de 241 sympathisants du parti nationaliste suisse [Lequel ?]. Le procédé avait été qualifié de "délicat" par la protection des données de Berne. En outre, Indymedia, sans vérifier ses informations, avait divulgué ainsi les coordonnées de personne qui n'étaient que des homonymes des personnes réellement sympathisantes du parti. Le procédé a été d'autant plus critiqué que l'extrême gauche avait très fortement condamné la police genevoise quand elle avait utilisé le même procédé avec un militant d'extrême gauche. L'avocat du militant a considéré la démarche d'Indymedia comme n'étant pas « adéquate »[10].

En 2010, les sites de Grenoble et de Paris, spécialisés dans le copwatching, sont accusés par les syndicats de policiers d'être des « sites anti-flics » après la publication d'articles qualifiant les policiers français d'« assassins » et de « déchets » et comparant la police nationale à la Milice[11],[12].

Notes et références

  1. Showdown in Seattle: five days that shook the WTO, sur le site Whispered Media.
  2. About Indymedia
  3. « L’internationale policière contre Indymedia », communiqué d'Acrimed, 12 octobre 2004.
  4. Documents de l'affaire des disques durs, hébergés par Cryptome.
  5. « Un volontaire d'Indymedia tué lors d'une attaque de paramilitaires à Oaxaca », article tiré du site Indymedia
  6. (es)Brad Will, article tiré du site de La Jornada.
  7. Archives du fil d'infos
  8. Financement d'indymedia.org
  9. http://www.u-p-r.fr/actualite/upr/qui-veut-nuire-a-lupr-dr-jekyll-mrs-hyde-lantifasciste-boutoleau-et-la-tres-americanophile-professor-guyet
  10. « Accusée à tort de nazisme sur le Net, elle crie son ras-le-bol », Le Matin, consulté le 10 juillet 2008.
  11. AFP : Sites anti-police: plainte d'Hortefeux
  12. Le Figaro : Brice Hortefeux porte plainte contre un site «anti-flics»

Liens externes


Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Indymedia de Wikipédia en français (auteurs)

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