- République populaire mongole
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République populaire mongole
Бүгд Найрамдах Монгол Ард Улс
Bügd Nairamdakh Mongol Ard Uls Mongol1924 – 1992
Drapeau et armoiries
Informations générales Statut République, régime à parti unique communiste Capitale Oulan-Bator Langue Mongol Monnaie Tugrik Histoire et évènements 26 novembre 1924 Proclamation 1937 Répression anti-bouddhiste 1990 Révolution démocratique 29 juillet 1990 Premières élections libres 12 février 1992 Nouvelle constitution, fin de la République populaire Premier ministre 1932-1936 Peljidiyn Genden 1936-1939 Agdanbuugiyn Amar 1939-1952 Horloogiyn Choybalsan 1952-1974 Yumjagiyn Tsedenbal 1974-1984 Jambyn Batmonkh Chef du Parti 1924-1928 Tseren-Ochiryn Damba Dorji 1928-1932 Peljidiyn Genden 1940-1954, 1958-1984 Yumjagiyn Tsedenbal 1984-1990 Jambyn Batmonkh Chef de l'État 1924-1927 Peljidiyn Genden 1929-1930 Horloogiyn Choybalsan 1974-1984 Yumjagiyn Tsedenbal 1984-1990 Jambyn Batmonkh Entités précédentes :
Entités suivantes :
La République populaire mongole était le régime politique de la Mongolie entre 1924 et 1992. Le pays était alors un État satellite de l'Union soviétique ; le Parti révolutionnaire du peuple mongol, d'inspiration marxiste-léniniste, gouvernait en tant que parti unique.
Sommaire
Prise du pouvoir par les communistes
Article détaillé : Histoire de la Mongolie.Jusqu'en 1911, la Mongolie est sous la suzeraineté de l'Empire chinois des Qing. En décembre 1911, à la faveur de la révolution en Chine, la Mongolie proclame son indépendance, avec le Bogdo Khan comme souverain. En 1919, la République de Chine, à la faveur de la guerre civile russe, déploie des troupes en Mongolie et obtient de celle-ci la signature d'un traité renonçant à son autonomie. En mars 1921, la Mongolie est ensuite envahie par les troupes blanches de Roman Fedorovitch von Ungern-Sternberg, qui prennent le contrôle du pays. Ungern-Sternberg est chassé en juillet par l'Armée rouge et le Parti révolutionnaire du peuple mongol, soutenu par les Bolcheviks, instaure un système de « monarchie limitée ». Le Bogdo Khan demeure officiellement à la tête de l'État mais les communistes mongols, dont le principal dirigeant est le ministre de la guerre Damdin Sükhbaatar (ou Süke-bator) détiennent la réalité du pouvoir. Le souverain meurt en 1924 ; le 26 novembre de la même année, la République populaire mongole est proclamée.
Mise en place du régime
La capitale du pays est baptisée Oulan-Bator « la ville du héros rouge » en référence à Damdin Sükhbaatar, mort l'année précedente[1]. Balingiin Tserendorj devient chef du gouvernement, et Peljidiyn Genden chef de l'État. Entre 1925 et 1928, le régime mongol met en place une politique de collectivisation de l'agriculture, qui s'avère ruineuse pour l'économie du pays. Des purges sanglantes contre l'opposition sont mises en œuvre, avant même la proclamation officielle de la République, par le ministre de la guerre Horloogiyn Choybalsan, qui devient chef de l'État en 1929 : plusieurs dizaines de milliers de personnes y trouvent la mort[2]. En 1932, la collectivisation forcée des terres et des troupeaux et l’interdiction du lamaïsme, entraînent une insurrection générale réprimée par l’Armée populaire. Dans la deuxième moitié des années 1930, la politique expansionniste de l'Empire du Japon pousse l'URSS à installer des troupes en Mongolie. Une violente campagne anti-religieuse est lancée pour éradiquer la foi bouddhiste en Mongolie[3].
Peljidiyn Genden, chef du gouvernement depuis 1932 et chef du parti, s'oppose à cette politique voulue par Joseph Staline ; il est démis de ses fonctions, remplacé à la tête du parti par Horloogiyn Choybalsan, et transporté à Moscou pour y être exécuté. La répression de l'opposition est également accentuée : les purges politiques et les persécutions religieuses des années 1920-1930 causent environ 100 000 morts, sur une population de 700 000 habitants. Une série de traités d'alliances, passés en 1921, 1934 et 1936, complètement progressivement l'inféodation de la Mongolie à l'URSS[2].
Participation à la guerre mondiale
La menace japonaise se précise à la fin des années 1930, alors que la seconde guerre sino-japonaise fait rage : la dispute autour d'une zone frontalière revendiquée par le Mandchoukouo, État créé par le Japon en Mandchourie dégénère en incident frontalier, puis en guerre ouverte où les troupes de l'Empire du Japon et du Mandchoukouo affrontent les troupes soviétiques et mongoles. Grâce au soutien de l'URSS, les Japonais sont repoussés, et concentrent ensuite leurs efforts militaires vers le sud, dans le cadre du conflit contre la République de Chine.
En 1940, la Mongolie adopte une nouvelle constitution, sur le modèle soviétique. L'économie du pays est organisée en 1941 afin de servir principalement les besoins de l'URSS dans le cadre du conflit mondial. À la conférence de Yalta, Staline pose comme condition à son entrée en guerre contre les Japonais la reconnaissance par la Chine de l'indépendance de la Mongolie ; Tchang Kaï-chek finit par céder. Le 15 août 1945, la Chine signe avec l'URSS un traité d'amitié et reconnaît la souveraineté mongole ; le traité met cependant fin aux espoirs de Horloogiyn Choybalsan d'absorber la Mongolie-Intérieure, qui demeure partie intégrante de la Chine. La République populaire mongole participe ensuite avec l'URSS à l'invasion de la Mandchourie, fournissant une base stratégique et des renforts de troupes.
Après-guerre
La Mongolie communiste se concentre sur la modernisation de son économie et établit des liens diplomatiques avec les autres pays communistes, la Corée du Nord et la République populaire de Chine en Asie, et les différentes nations du bloc de l'Est en Europe. En 1946, Choybalsan décrète le remplacement de l'écriture mongole par l'alphabet cyrillique, resserrant encore les liens avec l'URSS. Il meurt en 1952 : Yumjagiyn Tsedenbal lui succède. Le nouveau dirigeant mongol nourrit un projet d'intégration à l'URSS, qui ne verra finalement pas le jour[2].
La question mongole demeure une pierre d'achoppement dans les relations soviéto-chinoises, Mao Zedong espérant pouvoir annexer le pays : sa requête est cependant repoussée par Staline, puis par les successeurs de ce dernier[4]. Les relations entre la Chine et la Mongolie s'améliorent ensuite, se traduisant par une collaboration économique bénéfique pour le développement mongol.
Grâce au soutien de l'URSS, la Mongolie est admise à l'ONU en 1961, après un premier échec en 1955 du fait du véto de la République de Chine. Dans les années suivantes, ses relations avec la Chine ne résistent cependant pas à la rupture sino-soviétique, au cours de laquelle la Mongolie adopte une position fortement pro-soviétique. A la demande officielle du gouvernement d'Oulan-Bator, un traité d'assistance mutuelle est signé avec Moscou, et l'URSS stationne ses troupes en Mongolie pour prévenir toute incursion chinoise.
Passage à la démocratie
Article détaillé : Révolution démocratique de 1990 en Mongolie.Yumjagiyn Tsedenbal, malade, est poussé par l'URSS à quitter la direction en 1984 ; il est transféré à Moscou, où il décède en 1991. Dans les années 1980, la Perestroïka vient bouleverser la politique soviétique. En 1989, l'URSS commence à retirer ses troupes de Mongolie[5]. En Mongolie, des manifestations ont lieu. Le Parti révolutionnaire du peuple mongol, où la tendance réformiste a pris le dessus, accepte d'amender le régime et, en mai 1990, la constitution est amendée : le rôle dirigeant du parti est aboli, les partis d'oppositions sont autorisés et un poste de Président de la République est créé. Le 29 juillet 1990, la Mongolie tient ses premières élections libres, le Parti révolutionnaire du peuple mongol remportant 85% des suffrages. Le 13 janvier 1992, la Mongolie adopte une nouvelle constitution, qui entre en application le 12 février, abolissant la République populaire : le pays reprend le nom officiel de Mongolie, sans forme longue[6]. La démocratie parlementaire est instaurée de manière formelle, et les libertés religieuses garanties, tandis que le Parti révolutionnaire du peuple mongol, toujours au pouvoir, renonce au marxisme-léninisme et se convertit à l'économie de marché[7].
En 1993, Punsalmaagiin Ochirbat, ancien communiste passé à l'opposition, est élu Président de la République au suffrage universel. Le Parti révolutionnaire du peuple mongol perd les élections législatives de 1996, puis revient au pouvoir en 2000.
Articles connexes
Notes et références
- Modern Hystory
- Michel Mourre, Dictionnaire d'histoire universelle, article Mongolie, Bordas, éd. de 2004
- Christopher Kaplonski : "Thirty thousand bullets : remembering political repression in Mongolia", in Kenneth Christie and Robert Cribb, eds., Historical Injustice and Democratic Transition in Eastern Asia and Northern Europe : Ghosts at the Table of Democracy, London 2002, p. 156
- Sergey Radchenko, "New Documents on Mongolia and the Cold War, " Cold War International History Project Bulletin no. 16 (2008)
- Landmine : Mongolia
- Embassy of Mongolia - Modern History
- Mongolian Reforming Process to a Market Economy, document de travail du gouvernement mongol, novembre 1992.
Catégories :- État communiste
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