Blocus De Berlin

Blocus De Berlin

Blocus de Berlin

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Le 24 juin 1948, à l’issue d’une longue dégradation des relations entre les quatre occupants de l’Allemagne, l’Union soviétique bloque les voies d’accès terrestre à Berlin-Ouest. Commence alors le « blocus de Berlin », qui dure jusqu’au 12 mai 1949. C’est l'une des toutes premières crises[1] d’une nouvelle période qui s’ouvre dans les relations internationales, la guerre froide. Berlin est alors au cœur de l’affrontement entre les États-Unis et l’Union soviétique de Staline. Pour empêcher la ville de tomber dans l’escarcelle soviétique, les États-Unis et leurs alliés mettent en place un gigantesque pont aérien qui lui permet de résister et de continuer à vivre. Cette première crise de Berlin accélère l’organisation de l’Europe en deux camps antagonistes et la partition de l’Allemagne en deux États indépendants.

Aéroports et couloirs de vol du pont aérien pendant le blocus de Berlin

Sommaire

Les origines du blocus

Les origines du blocus remontent aux négociations entreprises par les Alliés à la fin de la Seconde Guerre mondiale pour régler le sort de l’Allemagne nazie.

Le sort de l’Allemagne et de Berlin après la guerre

Les quatre zones d’occupation de l’Allemagne
Les quatre secteurs d’occupation de Berlin

Alors que la défaite allemande devient possible, les gouvernements du Royaume-Uni, des États-Unis et de l’Union soviétique se retrouvent à Londres et commencent à discuter du sort de l’Allemagne vaincue. Ils signent le protocole de Londres le 12 septembre 1944 qui stipule : « L’Allemagne, à l’intérieur de ses frontières telles que celles-ci existaient au 31 décembre 1937, sera divisée pour les besoins de l’occupation en trois zones, une de ces zones étant attribuée à chacune des trois puissances, et en une zone spéciale pour Berlin qui sera occupée conjointement par les trois Puissances »[2]. Berlin est lui aussi divisé en trois secteurs d’occupation. Lors de la conférence de Yalta (4-11 février 1945) sur la côte de Crimée, en Ukraine, Winston Churchill, Franklin Roosevelt et Joseph Staline, reprennent les accords de Londres concernant l’Allemagne avec une possibilité pour la France de participer au « partage », en constituant une zone issue des zones britannique et américaine. L’objectif est d’« anéantir le militarisme et le nazisme allemands et de faire en sorte que l’Allemagne ne puisse plus jamais troubler la paix mondiale »[3].

Quand la Seconde Guerre mondiale prend fin en Europe le 8 mai 1945, les troupes soviétiques et leurs alliés occidentaux prennent position dans les zones prévues par les accords. Berlin situé en pleine zone soviétique est selon les accords divisé en quatre secteurs d’occupation avec une direction quadripartite. Du 17 juillet au 2 août 1945, la conférence de Potsdam esquisse l’après-guerre, alors que les premières tensions se font déjà sentir. En effet, les forces soviétiques, arrivées les premières à Berlin, commencent à démonter des usines et à piller la zone qui leur a été attribuée alors qu’aucun accord n’a été conclu sur les réparations de guerre dues par l’Allemagne et leurs modalités de recouvrement[4]. Harry Truman, le nouveau président des États-Unis, Joseph Staline et Winston Churchill, remplacé en cours de conférence par le nouveau Premier ministre du Royaume-Uni Clement Attlee, décident que chaque puissance occupante est libre de prélever des réparations de guerre dans sa propre zone, à condition que l’économie allemande puisse subsister. Il est de plus prévu le démantèlement de l’industrie lourde allemande. Les Alliés prévoient de se dessaisir de leurs pouvoirs au fur à mesure des manifestations de confiance des Allemands[5]. En novembre 1945, un accord permet le libre survol de la zone soviétique dans des couloirs aériens pour relier les zones française, anglaise et américaine d’Allemagne à leur secteur d’occupation respectif dans Berlin[6].

La mésentente des Alliés

Contrairement aux accords conclus qui proclament la liberté pour chaque nation de choisir son régime politique, Moscou entend imposer le communisme et créer ainsi une zone d’influence, qui aura l’avantage d’apporter une protection supplémentaire au territoire soviétique, et de le protéger d’envahisseurs potentiels venus de l’Ouest. Le premier à mettre en garde le « monde libre » contre la menace que constitue l’expansion soviétique est Winston Churchill dans son célèbre discours de Fulton prononcé aux États-Unis en mars 1946 quand il dénonce le « rideau de fer »[7]. George Kennan, numéro deux de l’ambassade américaine à Moscou, envoie en février 1946 un message connu sous le nom « Long télégramme » et publié en juillet 1947 dans la revue Foreign Affairs. Il alerte Washington sur la nature totalitaire du régime stalinien et sa propension à sans cesse trouver un nouvel ennemi pour se justifier, mettant ainsi en danger la liberté des peuples[8]. Il conseille un durcissement de la politique américaine à son égard.

Harry S. Truman en novembre 1945

Les Soviétiques réagissent en la personne de Nikolaï Novikov, ambassadeur soviétique à Washington. Dans un télégramme daté du 27 septembre 1946, il met en cause la politique américaine et pointe la volonté des Américains de vouloir dominer le monde. Il affirme que l’impérialisme américain s’illustrera ensuite, entre autres par les aides financières apportées pour contrôler les économies des pays aidés, par l’accroissement du budget militaire et l’implantation de bases militaires dans le monde. Novikov assure que cet impérialisme se heurtera toujours à l’URSS, le seul État à avoir préservé son indépendance vis-à-vis des États-Unis[4].

Le gouvernement américain décide suivant la doctrine Truman de « soutenir les peuples libres qui résistent à des tentatives d’asservissement qu’elles soient le fait de minorités armées ou de pressions étrangères »[9]. L’application pratique de cette politique dite de l’endiguement[10] est la mise en place du plan Marshall, qui, à partir de 1948, accorde des prêts à seize pays pour aider à la reconstruction industrielle et des livraisons gratuites de produits[11]. L’Union soviétique refuse cette aide et oblige les pays occupés par l’Armée rouge, qui a tardé à démobiliser, à faire de même.

À l’annonce du Plan Marshall, les Soviétiques réagissent en fondant le Kominform dont le rôle est de mettre en liaison les représentants des différents partis communistes et ainsi lutter plus efficacement contre l’attitude expansionniste des États-Unis[12]. C’est à l’occasion de cette réunion qu'Andreï Jdanov énonce la position officielle de l’Union soviétique en ce qui concerne, ce qu’il faut appeler dorénavant la guerre froide[13]. Andreï Jdanov dénonce l’impérialisme américain et affirme que « les communistes doivent être la force dirigeante qui entraîne tous les éléments antifascistes épris de liberté […] »[14]. Ceci signifie que les communistes doivent essayer de prendre le pouvoir dans tous les États où ils sont présents. Le monde est désormais divisé en deux camps inconciliables[11]. Le 25 février 1948, le coup de Prague accroît encore la tension : le président de la république tchécoslovaque, Edvard Beneš, doit céder tout le pouvoir aux staliniens et à leurs chefs, Klement Gottwald et Rudolf Slánský, après deux semaines de pressions intenses des Soviétiques.

L’Allemagne au centre de la naissance de la guerre froide

Avec le début de la guerre froide, Moscou veut utiliser le territoire allemand comme aire sécurisée, afin de protéger ses frontières à l’ouest. Les Soviétiques procèdent de la même manière que dans les pays libérés par l’Armée rouge, ils soutiennent le parti communiste local, ils autorisent les autres partis mais les maintiennent sous étroite surveillance, ils placent des communistes aux postes clés de leur zone[5]. À partir de 1948, les grandes entreprises de la zone d’occupation soviétique sont nationalisées, ce qui représente 40 % de la production industrielle ; les grandes propriétés sont partagées, les opposants politiques internés et la liberté d’expression supprimée dans les médias. Cependant Staline ne cherche pas dans un premier temps la partition du pays. Il espère en effet pouvoir bénéficier de l’exploitation du charbon de la Ruhr[4].

Dans la zone anglo-américaine, les Américains, pour des raisons humanitaires et politiques, distribuent gratuitement aux Allemands des produits alimentaires dès 1945. Par crainte de l’expansion soviétique, les Américains et les Britanniques souhaitent le redémarrage de l’économie allemande[15]. Les Occidentaux sont soucieux de voir le pays vaincu payer réellement ses réparations de guerre, ce qui nécessite une économie productive. Le plan Marshall s’applique donc aussi à cette partie de l’Allemagne vaincue. L’aide totale est estimée à environ 4 milliards de dollars américain[4]. De plus la reconstitution d’un État allemand démocratique et économiquement fort apparaît comme nécessaire pour faire barrage au communisme[11].

Les autorités américaines et britanniques décident de créer le 1er janvier 1947 la bizone, une fusion économique de leurs deux zones. Les barrières douanières entre les deux zones sont supprimées afin de favoriser le développement économique. Pendant la Conférence de Londres au printemps 1948, la bizone devient la trizone avec l’adjonction de la zone d’occupation française. Elle est incluse dans une organisation économique de l’Europe de l’Ouest[16]. Les six États occidentaux participant à la Conférence de Londres préparent une réforme monétaire pour l'Allemagne de l'Ouest. Ils préconisent que les présidents des Länder[17] de l’Ouest puissent réfléchir à la création d’un gouvernement démocratique en Allemagne[18]. En représailles, l’Union Soviétique se retire, le 20 mars 1948, du Conseil de contrôle allié, mettant ainsi fin au quadripartisme[4].

La mise en place du blocus

Le général Lucius D. Clay

Pour montrer leur opposition à la création éventuelle d’un État occidental et à la réforme monétaire, les Soviétiques perturbent les liaisons entre Berlin et les zones occidentales. Staline pense par ce moyen de pression amener les Occidentaux à la table des négociations pour conserver l’unité de l’Allemagne. Les premières mesures commencent le 1er avril 1948. Le personnel américain transitant par la zone soviétique doit montrer ses papiers et son accréditation. Le général Gailey, chef d’état-major du gouvernement militaire américain, proteste contre cette mesure qui va à l’encontre des usages établis depuis 1945. Ceci n’empêche pas les Soviétiques de renforcer leurs mesures de restrictions. Plus aucun chargement de marchandises ne peut quitter Berlin par voie ferrée. Les Américains hésitent entre la fermeté et la crainte d’une escalade pouvant mener à la guerre[19]. Lucius Clay, le gouverneur militaire américain pour l’Allemagne, défend la nécessité de tenir tête aux Soviétiques[20]. Les forces occidentales se rallient à son point de vue, ceci au moment où l’Union soviétique renforce encore sa pression sur les communications entre Berlin et le secteur Ouest de l’Allemagne. Début juin, les voyageurs allemands entrant en zone soviétique doivent obtenir une autorisation spéciale[4].

Le 20 juin 1948, les trois zones occidentales adoptent le Deutsche Mark en remplacement de la monnaie d’occupation. Par cette réforme monétaire, les Occidentaux détachent économiquement leur trizone de la zone soviétique[21]. La réforme est indispensable pour retirer de la circulation l’excédent monétaire, pour éliminer le marché noir et créer une incitation à la production. Staline proteste contre ce qu’il considère être une violation des accords de Potsdam, en vertu desquels les quatre puissances occupantes détiennent une souveraineté collective sur l’Allemagne. Les Occidentaux souhaitent cependant étendre cette réforme à Berlin. Devant le refus soviétique, ils prennent la décision de n’appliquer cette mesure qu’aux secteurs de l’ancienne capitale du Reich qu’ils contrôlent, à partir du 24 juin[22]. De ce fait, deux monnaies différentes sont amenées à circuler dans Berlin.

En réaction, les Soviétiques arrêtent tout le trafic ferroviaire entrant à Berlin ainsi que celui des péniches. Ils n’approvisionnent plus en courant électrique venant de leurs usines la partie ouest de la ville[23]. Le prétexte d’une telle mesure est la présence de défauts techniques sur les voies ferrées et, pour le trafic routier la nécessité d’empêcher l’arrivée à Berlin de la nouvelle monnaie occidentale, ce qui serait néfaste pour l’économie du secteur soviétique[4]. Le 24 juin 1948, le blocus devient total en violation complète de l’accord quadripartite exigeant que le ravitaillement de Berlin se fasse en mettant les approvisionnements en commun. Seul le ravitaillement par air reste possible[4].

La résistance occidentale au blocus soviétique

Les autorités occidentales ripostent au blocus en mettant en place un contre-blocus: tout trafic des zones occidentales vers la zone soviétique ou vers l’est de Berlin est prohibé, ce qui pénalise grandement cette zone qui manque cruellement de charbon[24]. Lucius Clay pense que grâce au pont aérien, il est possible de subvenir aux besoins de la population, même si celle-ci doit souffrir des conséquences économiques d’un isolement prolongé[25]. Les 16 et 17 juillet 1948 puis en août, un total de soixante Boeing B-29 Superfortress du Strategic Air Command sans bombes atomiques furent déployés sur des bases en Grande-Bretagne[26]. Alors que les bombardiers n’avaient pas d’équipement nucléaire, les Soviétiques les virent comme capables d’en avoir au cas où la situation aurait dégénéré en Troisième Guerre mondiale[27].

Le pont aérien de Berlin

Chargement de bouteilles de lait dans un avion à destination de Berlin-Ouest
Les avions sont chargés de l'aéroport de Francfort

En réponse au blocus, le général Lucius D. Clay, suggère d’abord d’envoyer à Berlin-Ouest une colonne blindée ; elle éviterait toute provocation, mais serait prête à se défendre en cas d’attaque[28]. Ce plan ne reçoit l’accord ni du secrétaire américain aux armées, ni des autorités britanniques[29] qui envisagent plutôt la mise en place d’un pont aérien.

Clay n’est tout d'abord pas certain qu’une telle mesure puisse assurer le ravitaillement de deux millions de personnes[30]. Il tient d’abord à s’assurer auprès du nouveau maire de Berlin, Ernst Reuter, que la population berlinoise est prête à accepter les sacrifices qu’une telle situation engendrera nécessairement[31]. Le 25 juin, il téléphone au général Curtis LeMay, chef de l’United States Air Forces in Europe pour qu’il commence à organiser le ravitaillement par les airs. Les premiers avions de transport arrivent à Berlin le lendemain[29]. La mise en place d’un pont aérien est approuvée le jour même par le président des États-Unis Truman qui ordonne que soient dévolus à cet effet tous les moyens aériens nécessaires pour nourrir Berlin jusqu’à ce qu’une solution diplomatique soit trouvée[32].

Cette opération reçoit le concours du général Albert Coady Wedemeyer, le Chief of Plans and Operations de l’armée américaine, en tournée d’inspection en Europe quand la crise survient. Pendant la Seconde Guerre mondiale, Wedemeyer a été le chef d’état-major de Tchang Kaï-chek et a pu se rendre compte de l’efficacité du pont aérien ravitaillant les forces chinoises par-dessus l’Himalaya. Il est d’avis qu’une entreprise de même nature permettrait de déjouer le blocus. Il pense que le lieutenant-général William H. Tunner, qui avait été en charge du Air Transport Command en Asie du Sud-Est, est le mieux placé pour la mener à bien[29]. Le 25 juin 1948, le général Clay donne l’ordre de lancer la mise en place d’un gigantesque pont aérien (qui durera 324 jours) pour ravitailler Berlin-Ouest. Le 26 juin, le premier avion américain se pose à Tempelhof, suivi deux jours plus tard du premier avion britannique à Gatow. L’opération américaine est appelée Operation Vittles (« victuailles »). Le plan britannique de ravitaillement Knicker est rebaptisé Carter Paterson, puis Operation Plainfare en juin 1948.

Les avions présents sur le sol allemand ne suffisant pas à assurer le ravitaillement de la ville assiégée, les Américains font venir des Douglas C-54 Skymaster de bases situées en Alaska, à Panamá et à Hawaï. 160 sont disponibles en juillet 1948[4]. Ces avions, surnommés Rosinenbomber[33], c’est-à-dire bombardiers de raisins secs par les Berlinois, transportent vivres, matériel et matières premières, à savoir du blé, du charbon, un million et demi de tonnes en tout, de l’essence et des médicaments.

L’acheminement de ces énormes quantités est possible grâce à un système efficace : les trois couloirs aériens sont utilisés en sens unique, les vols vers Berlin se faisant dans ceux situés au nord et au sud tandis que celui du centre sert aux vols de retour. Chaque pilote n’a droit qu’à une seule tentative d’atterrissage. S’il échoue, il doit revenir avec la totalité de son chargement. Grâce à ce système, il est possible de faire atterrir un avion toutes les trois minutes en moyenne. Le stationnement au sol dans Berlin-Ouest est réduit à une demi-heure[34]. Le 16 avril 1949, les avions alliés peuvent atterrir au rythme d’un par minute, et 12 840 tonnes sont transportées ce jour-là, ce qui constitue un record[35]. Les colis vont du gros conteneur au paquet de friandises avec parachute pour les petits Berlinois.

Le pont aérien est assuré essentiellement par les Américains et les Britanniques, mais des pilotes viennent également d’Australie, du Canada, d’Afrique du Sud et de la Nouvelle-Zélande. La France, dont la plupart des avions de transport sont alors engagés en Indochine, n’y participe guère (424 vols). Elle peut néanmoins approvisionner ses propres garnisons et elle utilise des avions de transport allemands Junkers Ju 52/3m. La participation française majeure à l’effort allié est l’aménagement de l’aéroport Berlin-Tegel en seulement quatre mois. Le pont aérien est un grand succès. Il semble que la ville puisse ainsi être ravitaillée indéfiniment.

À la fin du blocus, les Alliés ont effectué 278 228 vols [36], dont 189 963 à mettre sur le compte des Américains[35], et 2 110 480 tonnes de fret[37] ont été acheminées à Berlin-Ouest (68 pour cent de charbon et 23 pour cent de nourriture). En tout, plus de 8 000 tonnes de marchandises sont ainsi livrées chaque jour en moyenne[36].

Aéroports

Les aéroports berlinois impliqués dans ce pont aérien sont l’aéroport de Tempelhof dans le secteur américain, Gatow et Havel dans le secteur britannique et l’aéroport de Tegel construit par une unité du génie des forces françaises en Allemagne en 49 jours avec l’aide de volontaires berlinois dans le secteur français.

En effet, les Occidentaux se sont rapidement rendu compte qu’ils avaient besoin d’un aérodrome supplémentaire pour assurer un ravitaillement plus efficace. Le contrôle des ponts aériens des trois secteurs est effectué par le Centre de contrôle du trafic aérien berlinois (CCTAB), basé à Tempelhof. De grands hydravions britanniques, qui transportent du charbon et surtout du sel, atterrissent également sur la rivière Havel et le lac Grosser Wannsee.

Quant aux bases de départ en Allemagne de l'Ouest, les Américains décollent essentiellement depuis leurs grandes bases de Wiesbaden[35] et de Francfort. Les centres logistiques principaux pour le produit important qu’est le charbon sont les aérodromes situés dans le secteur britannique à Celle, Fassberg et Wunstorf. Ces aérodromes sont également agrandis de manière significative et raccordés au réseau ferroviaire.

Les Berlinois pendant le blocus

Atterrissage d’un avion à Tempelhof

Avec le blocus, Berlin-Ouest devient un symbole de liberté pour l’Occident. Les Berlinois ne sont plus désormais perçus comme des nazis mais comme des victimes de la menace soviétique. Au début du blocus, Berlin-ouest comprend un peu plus de deux millions d’habitants dont il faut assurer l’approvisionnement. Le blocus provoque une pénurie de vivres qui oblige la population berlinoise à cultiver ses propres fruits et légumes comme le montrent les photographies de l’époque[38]. Le blocus oblige le gouvernement militaire à prendre entièrement en charge le ravitaillement de Berlin-Ouest. Les cartes de rationnement réapparaissent afin de permettre au nouveau système de ravitaillement de répondre aux besoins de la population. Les Berlinois sont approvisionnés par trois voies différentes : la production locale de ces biens, le pont aérien et le marché noir. À l’arrivée de l’hiver, les arbres de la cité sont coupés pour fournir du bois de chauffage aux habitants. Certains fouillent les poubelles à la recherche d’un peu de nourriture[35].

Le manque d’électricité bouleverse l’économie de ce secteur. Seuls les produits essentiels aux Berlinois sont fabriqués. Les autres sont négligés. De ce fait, de nombreuses entreprises ferment. En décembre 1948, plus de 40 000 personnes se retrouvent sans emploi, soit seulement 4 % de la population active. Ce faible taux de chômage a plusieurs explications. Les entreprises sont obligées d’engager plus de travailleurs, l’énergie humaine compensant la perte de l’énergie électrique. Souvent, les entrepreneurs préfèrent aussi engager un surplus de travailleurs pour éviter leur exode vers la zone soviétique. Enfin, la reconstruction de la ville n’est pas achevée et continue même pendant le blocus [4].

Sur le plan de la santé publique, les difficiles conditions de vie et l’hiver entraînent une sensibilité accrue de la population aux différentes maladies. Les hôpitaux ne peuvent être chauffés correctement. Le pont aérien n’empêche pas la pénurie de médicaments. Ainsi, de nombreuses personnes hospitalisées sont envoyées dans des hôpitaux des zones occidentales[4]. Malgré tout, de nombreux civils berlinois meurent durant le blocus à cause de la malnutrition et de la maladie, en particulier la tuberculose[39] .

Dans l’ensemble, les Berlinois de l’Ouest gardent confiance en l’occupant américain qui s’est mué à cette occasion en protecteur. Les autorités américaines peuvent compter sur les volontaires allemands pour participer au déchargement des avions de ravitaillement en échange d’une ration supplémentaire ou d’une cartouche de cigarettes[35]. Le blocus consomme le divorce politique de la ville. Deux administrations municipales sont mises en place pendant sa durée. Le contre-blocus, imposé par les puissances occidentales, pénalise fortement toujours davantage l’activité économique de la zone soviétique. Elle est en effet privée du charbon de la Ruhr[4]. La levée du blocus est ressentie comme un grand soulagement pour la population berlinoise et est-allemande.

Une très longue crise

Les négociations pendant le blocus

Dès le début du blocus, les représentants américains, britanniques et français adressent des protestations officielles à l’Union soviétique[40]. Occidentaux et Soviétiques se rejettent chacun la responsabilité de la situation. L’ouverture de négociations semble difficile dans ce contexte tendu. Ce n’est que le 2 août 1948 que les diplomates occidentaux rencontrent enfin Staline et son ministre des Affaires étrangères, Molotov. Staline avance l’idée que la présence occidentale à Berlin n’est plus juridiquement fondée et propose de lever le blocus en échange du retrait de la circulation des marks occidentaux à Berlin. Les Occidentaux sont prêts à accepter sous condition de la signature d’un accord sur le contrôle quadripartite de la circulation et de l’utilisation de la monnaie soviétique à Berlin. Malgré de nombreuses rencontres et une deuxième réunion, le 23 août, en présence de Staline les discussions pour la rédaction d’un texte définitif n’aboutissent pas, Molotov refusant tout autre texte que celui qu’il a rédigé.

Les Occidentaux décident donc le 29 septembre 1948 de solliciter le Conseil de sécurité de l’ONU. Malgré l’opposition soviétique, le Conseil de Sécurité s’empare de la question. C’est une victoire diplomatique pour les Occidentaux. Grâce aux Nations Unies, ils espèrent toucher l’opinion mondiale en mettant en avant les menaces pour la paix que fait courir l’attitude soviétique à Berlin. Ils proposent le 22 octobre une résolution visant à lever le blocus et à ouvrir des négociations sur le problème de la monnaie. Celle-ci ne peut aboutir en raison du veto soviétique. Le 30 novembre, Les Soviétiques décident d’établir un nouveau gouvernement dans Berlin-Est, mettant définitivement fin au gouvernement quadripartite qu’ils avaient déjà quitté quelques mois auparavant. Les négociations ne font plus apparaître que les divergences grandissantes entre les parties. En février, les discussions reprennent. La création de l’OTAN en avril 1949 affaiblit la position soviétique. Finalement les quatre puissances occupantes parviennent à un accord le 4 mai 1949. Elles annoncent "la levée du blocus et du contre-blocus de Berlin pour le 12 mai et la réunion du conseil des quatre ministres des Affaires étrangères le 23 mai suivant."

La fin du blocus

Un monument commémoratif du pont aérien a été élevé à Tempelhof, affichant les noms des 40 pilotes britanniques et des 31 pilotes américains qui ont perdu la vie lors de l’opération. Des monuments similaires peuvent être vus à l’aéroport militaire de Wietzenbruch, près de Celle, et à la base aérienne de Rhin-Main (Rhine-Main Air Base), près de Francfort-sur-le-Main.

L’Union soviétique lève le blocus le 12 mai 1949 à minuit. La circulation entre la trizone et la zone soviétique est rétablie. Des journalistes venus du monde entier couvrent l’événement. Le Monde relate dans son édition du 13 mai : « L’autostrade Hanovre-Berlin se transforma cette nuit en autodrome. Massée derrière la barrière britannique de Helmstedt une file ininterrompue de voitures attendait, encombrant les quatre chaussées inutilisées depuis dix mois. À minuit et une minute la barrière fut levée. À 1h46, les premières voitures alliées venant de Helmstedt apparaissaient sur l’autostrade. Six cents personnes étaient venues les acclamer »[41]. Cependant, les Occidentaux voulant s’assurer que Berlin-Ouest puisse affronter un éventuel nouveau blocus, le pont aérien est maintenu jusqu’au 30 septembre[35]. Le blocus a coûté la vie à 74 participants[39] à la suite d’accidents et d’une collision en vol entre un avion de combat de l’Armée rouge et un appareil britannique lors des multiples tentatives d’obstruction des forces soviétiques.

En levant le blocus, Staline reconnaît sa première défaite face à l’Occident dans la guerre froide. Pour le camp occidental, la démonstration est faite qu'une résistance prolongée face aux intimidations soviétiques peut forcer l'URSS à accepter un compromis. Il s'agit pour l'URSS et la RDA, d'une grande défaite voire d'une humiliation, et d'une victoire pour l'USA, la France, la RFA et l'Angleterre.

Les conséquences du blocus de Berlin

L’Europe séparée par le rideau de fer. En rouge, les pays du bloc communiste (la Yougoslavie finit par rompre avec l’URSS)

Les pays occidentaux n’ont pas attendu le blocus de Berlin pour s’organiser contre l’Union soviétique. En mars 1948, la Belgique, la France, le Royaume-Uni, le Luxembourg et les Pays-Bas signent le pacte de Bruxelles qui crée une alliance défensive des États membres européens, l’Union de l'Europe occidentale[4] . Les discussions avec les États-Unis et le Canada aboutissent à la mise sur pied d’une grande alliance. Le 4 avril 1949, les gouvernements occidentaux signent le traité de l’Atlantique Nord, une vaste alliance de type défensif. L’un des articles du traité précise que « les Parties conviennent qu’une attaque armée contre l’une ou plusieurs d’entre elles survenant en Europe ou en Amérique du Nord sera considérée comme une attaque dirigée contre toutes les Parties. » En 1950, les pays signataires se dotent d’une structure militaire commune : l’OTAN. À l’Ouest, l’idée du réarmement de l’Allemagne et de son intégration dans une structure d’unification européenne apparaît comme indispensable pour lutter contre l’Union soviétique[36].

Le blocus de Berlin accélère aussi la partition de l’Allemagne. La conférence de Londres avait déjà planché sur des directives concernant la future organisation politique de l’Allemagne de l’Ouest. Les puissances occidentales, devant l’impossibilité d’un accord avec l’Union Soviétique optent pour la séparation pure et simple. Un Conseil parlementaire, élu pour élaborer un projet de constitution, se réunit la première fois à Bonn le 1er septembre 1948. Konrad Adenauer est élu à la présidence de ce Conseil. Le Conseil parlementaire élabore la Loi fondamentale, constitution d’un nouvel État regroupant les Länder de la trizone, dévoilée aux Allemands le 23 mai 1949[18]. Elle est ensuite adoptée par voie référendaire, donnant naissance à la République fédérale d'Allemagne. De leur côté les Soviétiques créent dans leur zone la République démocratique allemande en octobre 1949. Point de rencontre des deux modèles, Berlin devient la vitrine des modèles occidental et soviétique.

Les conditions économiques à Berlin-Ouest s’aggravent après le blocus. Le nombre de chômeurs s’accroît brusquement en grande partie à cause de l’afflux de réfugiés est-allemands qui fuient les conditions de vie difficiles de la zone soviétique. De plus les entreprises licencient la main-d’œuvre employée pendant le blocus pour compenser la pénurie d’énergie. Konrad Adenauer, le premier chancelier de la jeune République fédérale d'Allemagne, fait de la reconstruction du secteur économique de Berlin-Ouest une priorité. Un impôt spécial de solidarité, Notopfer Berlin (offrande pour secourir la misère à Berlin), est prélevé jusqu’au 31 mars 1952 et rapporte 25 à 40 millions de DM par mois pour aider la ville[4].

Voir aussi

Notes et références

  1. Dès 1946, les relations s'étaient crispées suite entre autres à la crise irano-soviétique
  2. Protocole de Londres du 12 septembre 1944
  3. Extraits des accords de Yalta du 11 février 1945 sur Cliotexte. Consulté le 12 septembre 2007.
  4. a , b , c , d , e , f , g , h , i , j , k , l , m  et n Mauro Cerutti, « Le Blocus de Berlin », Séminaire d’histoire diplomatique et des relations internationales, université de Genève, 2003-2004
  5. a  et b André Fontaine, article guerre froide, Encyclopædia Universalis, DVD, 2007
  6. Serge Berstein et Pierre Milza, histoire du XXe siècle, T 1, Hatier, 1985, p 281
  7. Discours de Winston Churchill (Fulton, 5 mars 1946) sur European NAvigator. Consulté le 12 septembre 2007.
  8. Le Rapport Kennan sur Cliotexte. Consulté le 12 septembre 2007. Traduction française du texte tel que publié dans la revue Foreign Affairs.
  9. Discours d'Harry S. Truman devant le Congrès des États-Unis, 12 mars 1947
  10. Serge Berstein et Pierre Milza, p 285
  11. a , b  et c Serge Berstein et Pierre Milza, p 286
  12. Serge Berstein et Pierre Milza, p 223
  13. Serge Berstein et Pierre Milza, p 224
  14. Le Rapport Jdanov sur Cliotexte. Consulté le 12 septembre 2007.
  15. Le secrétaire d’État Byrnes déclare le 6 septembre 1946 à Stuttgart : « Les États-Unis ne veulent pas prendre la responsabilité de l’aggravation de la situation économique de l’Allemagne… Le peuple américain décide d’aider les Allemands à regagner une place honorable parmi les nations libres et pacifiques. » cité par Serge Berstein et Pierre Milza, p 160.
  16. Rita Thalmann, article Histoire de l’Allemagne, la République démocratique allemande, Encyclopædia Universalis, DVD, 2007
  17. Les Länder sont des créations des puissances d’occupation. Ils tiennent plus ou moins compte du découpage historique du pays - voir Histoire de l'Allemagne
  18. a  et b Fondation de la RFA sur European NAvigator. Consulté le 12 septembre 2007.
  19. À ce sujet, Lucius D. Clay déclare « Je ne crois pas que cela (la fermeté) signifie la guerre. Je tiens à vous faire comprendre que nous ne nous promenons pas avec un fusil en bandoulière et nous tirerons qu’en légitime défense. Je ne crois d’ailleurs pas que nous aurons à recourir à ces moyens ». Lucius Clay, Guerre froide à Berlin, Paris, Éditions Berger-Levrault, 1950
  20. Il affirme : « Lorsque Berlin sera tombé, ce sera au tour de l’Allemagne occidentale », Lucius Clay, Guerre froide à Berlin, Paris, Editions Berger-Levrault, 1950
  21. Summary of the First Law of Currency Reform Promulgated by the Three Western Military Governors, Effective June 20, 1948, United States-Department of State. Documents on Germany 1944-1985. Washington: Department of State, [s.d.], p. 147-148.
  22. Tripartite Statement Announcing Extension of the Western “Deutsche Mark” as Currency in the Western Sectors of Berlin, Effective June 24, 1948, United States-Department of State. Documents on Germany 1944-1985. Washington: Department of State, [s.d.], p. 149-450.
  23. Measures to safeguard the Soviet Zone (June 1948) Measures to safeguard the Soviet Zone (June 1948), dans Soviet news. 21.06.1948, n° 1965, p. 2.
  24. c’est encore Lucius Clay qui explique : « il était certain que le contre-blocus allait être plus néfaste pour l’Allemagne orientale que le blocus ne l’était pour l’Allemagne occidentale. La première manquait de coke, de charbon et d’acier et ne pouvait obtenir ces produits de la région située au-delà du rideau de fer qui en éprouvait elle-même la pénurie. L’Allemagne occidentale, intégrée dans le plan Marshall, pouvait puiser dans la production beaucoup plus riche du monde occidental ». Lucius Clay, Guerre froide à Berlin, Paris, Éditions Berger-Levrault, 1950
  25. Lucius Clay, Guerre froide à Berlin, Paris, Éditions Berger-Levrault, 1950
  26. (fr) La coopération de la force aérienne anglo-américaine stratégique pendant la guerre froide et au-delà, 1er décembre 2008, Air & Space Power Journal en français - Hiver 2008
  27. Marc Nouschi, Le XXe siècle, Paris, Armand Colin, 2000, p. 271
  28. Smith, Jean Edward, The Papers of General Lucius D. Clay: Germany, 1945 - 1949, Indiana University Press, 1974), Vol 2, p 697.
  29. a , b  et c D.M. Giangreco, D.M and Griffin, Robert E.; (1988) The Airlift Begins sur le site de la bibliothèque Truman, dans le chapitre: Airbridge to Berlin --- The Berlin Crisis of 1948, its Origins and Aftermath.
  30. Heinrich August Winkler, Histoire de l’Allemagne, XIXe- XXe siècle. Le long chemin vers l’Occident, Fayard, 2005 (ISBN 2213624437) , p.575
  31. Avi Shlaim, The United States and the Berlin Blockade, 1948- 1949, University of California Press, 1983), p. 203
  32. Harry S Truman, Mémoires, Volume II Doubleday & Company, 1956, p. 123
  33. L’histoire de Berlin
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  39. a  et b Berlin en ligne
  40. La note américaine du 6 juillet 1948 stipule que « le gouvernement des États-Unis considérait ces mesures de blocus comme une violation évidente des accords existant au sujet de l’administration de Berlin par les quatre puissances d'occupation ». Selon la note américaine, ces accords « garantissaient aux États-Unis, en même temps qu’aux autres puissances, un libre accès à Berlin en vue de s’y acquitter des responsabilités leur incombant au titre de puissance d’occupation, ces droits découlant de la défaite totale et de la capitulation sans condition de l’Allemagne ».
  41. Le blocus de Berlin est levé, Le Monde du 13 mai 1949

Bibliographie

  • Alain Atger, Francis Lachaise, Berlin : miroir de l’histoire allemande de 1945 à nos jours, Ellipses, coll. « Les Essentiels de la civilisation allemande », Paris, 1999, 128 p. (ISBN 2-7298-7864-5 et ISBN 978-2-7298-7864-1)
  • Serge Berstein (dir.), Pierre Milza (dir.), Histoire du XXe siècle : le second XXe siècle, t. 1 : La guerre et la reconstruction : 1939-1953, Hatier, « Collection d’histoire contemporaine », Paris, 1985, 318 p. (ISBN 2-218-07345-5)
  • François G. Dreyfus, Histoire des Allemagnes, Armand Colin, Paris, 1970, 495 p.
  • Jean-Baptiste Duroselle et André Kaspi, Histoire des relations internationales, t. 2 : De 1945 à nos jours, Armand Colin, coll. « Classic », Paris, 2001, 12e éd. mise à jour, 663 p. (ISBN 2-247-05533-8, ISBN 2-247-03823-9 et ISBN 978-2-247-03823-7)
  • Stanislas Jeannesson, La Guerre froide, La Découverte, coll. « Repères (Maspero) », Paris, impr. 2002, 122 p. (ISBN 2-7071-3508-9 et ISBN 978-2-7071-3508-7)
  • Volker Koop, Tagebuch der Berliner Blockade. Von Schwarzmarkt und Rollkommandos, Bergbau und Bienenzucht, Bouvier, Bonn, 1998, 241 p. (ISBN 3-416-02808-2 et ISBN 978-3-416-02808-0)
  • Eric Morris, Blockade-Berlin and the cold war, Hamish Hamilton, Londres, 1973, 288 p. (ISBN 0-241-01517-0 et ISBN 978-0-241-01517-9)
  • Michel Mourre, Dictionnaire encyclopédique d’histoire, Bordas, Paris, 1996, nouv. éd. (réimpr. 2004), 5 vol. (ISBN 2-04-027205-4 et ISBN 978-2-04-027055-1)
  • Raymond Poidevin, Sylvain Schirmann, Histoire de l’Allemagne, Hatier, coll. « Nations d'Europe », Paris, 1995, éd. complétée et mise à jour, 278 p. (ISBN 2-218-03826-9 et ISBN 978-2-218-03826-6)

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