- Trahison de l'Ouest
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La notion de trahison de l'Ouest se définit, dans une partie de l'historiographie des pays d'Europe centrale et orientale (PECO) et de la Grèce, en référence à la politique étrangère de plusieurs pays occidentaux, essentiellement la France et le Royaume-Uni, qui, selon cette historiographie, ont, à partir de 1936, violé des pactes et accords conclus durant la période allant du traité de Versailles à l'issue de la guerre froide, en passant par la Seconde Guerre mondiale.
Sommaire
Substrat historique
Cette notion de « trahison » dont les pays d'Europe centrale et orientale et la Grèce seraient les « victimes » se définit aussi par contraste avec une histoire plus ancienne, remontant au XVIIIe siècle et au mouvement des « Lumières » et allant jusqu'aux lendemains de la Première Guerre mondiale, avec les 14 points du président Woodrow Wilson et le « Droit des peuples à disposer d'eux-mêmes », période durant laquelle les pays occidentaux, pour contrebalancer la puissance des Empires centraux et de la Russie, avaient soutenu les mouvements d'émancipation des peuples d'Europe centrale et orientale et de la Grèce[1]. Cette notion pourrait se définir par la formule : « quand ils n'ont plus eu besoin de nous, ils nous ont abandonnés »[2].
Dans les pays de tradition orthodoxe, la perception d'une « trahison » se nourrit également de contentieux encore plus anciens liés au schisme de 1054 et à la quatrième croisade. Enfin dans les Balkans, elle se nourrit des conséquences du Congrès de Berlin qui, en 1878, a empêché les états de la péninsule de réaliser leurs aspirations.
Plus récemment, la perception d'une « trahison » vient de deux situations :
- du fait qu'avant la Seconde Guerre mondiale, les Alliés de l'Ouest ont promu la démocratie et l'auto-détermination des peuples, ont signé des pactes et formé des alliances militaires, mais ont par la suite renié leurs engagements;
- du fait qu'à partir de la fin du Mur de Berlin et du Rideau de fer, les pays de l'Ouest ont promu la démocratie, la liberté, la paix, la solidarité internationale et l'état de droit, mais ont posé des conditions draconiennes à l'intégration européenne, limité le droit des personnes à circuler, pris parti pour les mouvements centrifuges dans le conflit yougoslave et procédé à des expulsions de ressortissants des « PECO ».
Périodes
Cinq périodes sont concernées :
- la période 1936-1939, lorsque les occidentaux laissent Hitler remilitariser la Rhénanie, puis annexer l'Autriche et enfin démembrer, envahir et occuper la Tchécoslovaquie (Accords de Munich) ;
- la période 1939-1940, lorsqu'ayant déclaré la guerre à l'Allemagne, ils n'attaquent pas celle-ci et se contentent d'occuper temporairement la Sarre pendant l'invasion de la Pologne; pour rester également sans réaction contre Staline lorsque celui-ci attaque la Finlande et annexe les trois pays baltes ;
- la période 1943-1945, lorsque malgré les révélations de Jan Karski et d'Erwin Respondek, les occidentaux ne font rien pour arrêter la machine d'extermination nazie (voies ferrées desservant les camps de la mort) ni pour secourir la résistance polonaise durant l'Insurrection de Varsovie[3] ; s'y ajoutent des changements de politique comme l'abandon de la résistance loyaliste yougoslave au profit de la résistance communiste, ou encore leur refus d'accueillir ou de laisser débarquer des réfugiés fuyant la Shoah ou le Goulag[4] ;
- la période 1945-1949, lorsque, conformément aux accords du 9 octobre 1944 à Moscou et de Yalta, les occidentaux laissent Staline imposer des dictatures communistes qui dureront autour de 45 ans dans les pays de l'Est ; les Grecs, pour leur part, estiment que la "trahison de l'occident " les a au contraire empêchés de construire le régime socialiste qu'une majorité d'entre eux souhaitait, provoqué une guerre civile et abouti ultérieurement à la dictature des colonels et à la partition de Chypre ;
- enfin la période 1991-2007, lorsqu'après l'effondrement du communisme, les occidentaux ne proposèrent pas de nouveau plan Marshall aux pays livrés à la dictature durant près d'un demi-siècle, ne soutinrent pas les dissidents démocrates (sauf en Pologne et Tchécoslovaquie) mais négocièrent avec les dirigeants post-communistes issus de la nomenklatura, et posèrent des conditions sévères à l'intégration de ces pays dans l'Union Européenne[5]; à cela s'ajoute, chez les Serbes, le fait que les occidentaux ne firent rien pour décourager la dislocation de la Yougoslavie, les déclarèrent "agresseurs" et soutinrent leurs adversaires indépendantistes catholiques (en Slovénie, Croatie et Bosnie-Herzégovine) et musulmans (en Bosnie-Herzégovine et au Kosovo).
Articles connexes
Notes
- M. Chaulanges, J.M. D'Hoop, Histoire contemporaine, 1789-1848, Delagrave, Paris, 1960, pp. 267-283 et L. Genet, L'époque contemporaine, 1848-1914, Hatier, Paris, 1961, pp. 12-24, 56-62, 85, 295-338, 478-503.
- "Geopolitics of the Central European Region. The view from Prague and Bratislava". Oskar Krejčí : Geopolitics of the Central European Region. The view from Prague and Bratislava, éd. Veda, Bratislava 2005, 494 p., sur
- Jan Karski, Mon témoignage devant le monde : Histoire d'un état clandestin Robert Laffont, 2010
- Georges Coudry, Les camps soviétiques en France : les Russes livrés à Staline en 1945, Albin Michel, ISBN. : 2-226-08936-5
- Simone Veil, travaux de la commission internationale pour les Balkans et du groupe de travail sur la libre circulation des personnes sur [1]
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