- Marxisme-Léninisme
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Marxisme-léninisme
Pour la vision du marxisme par Lénine, voir léninisme.
Le terme marxisme-léninisme — inventé après la mort de Lénine — est utilisé par certains groupes politiques communistes pour désigner leur propre idéologie. Cette idéologie fut celle des dirigeants de l’URSS (du milieu des années 1920 jusqu’aux années 1960), à commencer par Staline. Il est revendiqué par différents groupes staliniens, en particulier maoïstes.
Sommaire
Un concept problématique
Le terme devrait en théorie désigner l'héritage de Lénine c'est-à-dire à la fois l'adaptation et l'interprétation que celui-ci a fait des concepts de Karl Marx, voire la position que Lénine aurait pu prendre s'il avait été confronté à des situations postérieures à sa mort, sur la base d'une exégèse de sa pensée. En réalité, le terme a été initié par la propagande de l'URSS sous domination stalinienne.
Il se trouve que la pensée de Lénine est invoquée pour défendre des idées très contrastées, selon qu'elles se réfèrent :
- aux écrits de Lénine ;
- aux politiques que celui-ci a mené à la tête de l'État russe à partir de 1917 et jusqu'à sa maladie en 1922 ;
- aux interprétations officielles diffusées par le parti dont Lénine était le chef (en Russie) et par le Komintern, organe dont Staline prit rapidement le contrôle.
Le marxisme-léninisme a été la doctrine officielle de l'URSS. Ce n'est pas un simple synonyme de « stalinisme », car cette dernière expression désigne non pas une doctrine mais aussi une certaine pratique du pouvoir, fondée sur la centralisation, le secret, la répression, la terreur et la violence ; son contenu précis a changé en fonction des besoins de Staline, puis des autres chefs d’États se revendiquant de ce courant (notamment Mao Zedong). Il s'agit donc d'un terme ambigu qui a été soumis en permanence à des réinterprétations en fonction des impératifs politiques de ceux qui l’ont utilisé, avec le double objectif d'asseoir leur légitimité sur l'héritage des « grands anciens » et de fustiger leurs adversaires.
On peut toutefois en distinguer quelques éléments stables[1] :
- le « socialisme dans un seul pays » : contrairement à Trotski, Staline est convaincu qu'il n'y aura pas de révolution mondiale possible à court terme; il faut donc d’abord construire une « citadelle » dans un pays socialiste puissant (notamment en développant l’industrie) ;
- la « dictature du prolétariat » : la présence de nombreux membres des anciennes classes dominantes en URSS, ainsi que son isolement international justifient un usage systématique de la répression ;
- le communisme reste un objectif lointain.
Un courant plus minoritaire de léninistes, déjà à l’époque, fait sa propre interprétation des œuvres de Lénine en rejetant l'interprétation stalinienne, qu’ils considèrent erronée, réactionnaire et anticommuniste : ce sont notamment les courants du trotskisme et du bordiguisme. Ces courants ne se revendiquent pas du « marxisme-léninisme ».
Les communistes non-léninistes (communisme de conseils, luxembourgisme, communisme-ouvrier, marxisme autonome, communisme libertaire, etc.) rejettent le « marxisme-léninisme », et utilisent quasi exclusivement le terme « stalinisme ».
Historique
De 1924 à 1953, sous Staline, le marxisme-léninisme domine l'ensemble des partis communistes réunis dans le Komintern (IIIe Internationale) jusqu’en 1943, puis le Kominform à partir de 1947. La mort de Staline en 1953 et la dénonciation de ses crimes en 1956 ne change rien à la doctrine officielle de l'URSS et des pays d'Europe de l'Est : le marxisme-léninisme est conforté, Staline emportant les défauts du système comme un bouc émissaire.
Cette acception du terme sera reprise à partir des années 1960 en Chine : le maoïsme s'intègrera au marxisme-léninisme.
Depuis les années 1970, certains groupes maoïstes ont officiellement rompu avec le stalinisme tout en continuant à se réclamer du marxisme-léninisme : l'Organisation politique (transformation de l'Union des communistes de France marxiste-léniniste) et l'Organisation communiste marxiste-léniniste Voie prolétarienne. Ces groupes ont évolué vers une nouvelle forme de maoïsme : le spontanéisme.
À la mort de Mao Zedong en 1976, la République populaire de Chine et l'Albanie ont abandonné le marxisme-léninisme. De nombreuses guérillas maoïstes continuent depuis à se réclamer du marxisme-léninisme-maoïsme : au Pérou (Sentier lumineux d'Abimaël Guzman) et au Népal notamment. En France, le marxisme-léninisme-maoïsme continue à être représenté par le Parti communiste marxiste-léniniste-maoïste. Au Québec, le Parti communiste révolutionnaire (PCR), le Parti marxiste-léniniste du Québec (PMLQ), son cousin canadien, le Parti marxiste-léniniste du Canada promeuvent cette idéologie.
Régimes politiques s'étant réclamés du marxisme-léninisme
Des dictatures à l'économie planifiée déclarant viser l’instauration du communisme se sont revendiquées du marxisme-léninisme. La majorité des marxistes[Qui ?] à l'heure actuelle ne reconnaissent pas de lien entre ces régimes et la pensée de Marx[réf. nécessaire] (il n'en fut pas toujours ainsi : dans le passé, notamment après la Seconde Guerre mondiale, la majorité des « marxistes » – staliniens – se réclamaient de l'URSS, qui les finançait ; mais plusieurs courants marxistes s'opposent à ce régime depuis son apparition).
Exemples de régimes dominés par des Partis politiques se réclamant du marxisme-léninisme :
- L'Union des Républiques socialistes soviétiques
- La République soviétique hongroise
- La République soviétique chinoise
- La République populaire de Chine
- La République populaire démocratique de Corée (le Juche étant présenté comme une idéologie née du marxisme-léninisme, mais l'ayant transcendé)
- La République démocratique allemande
Analyse
L'idéologie inventée par Staline n'a eu pour objectif que de justifier sa dictature en se référant formellement aux théories et aux pratiques de Lénine lors de son exercice du pouvoir en Russie.
Pour les communistes opposés à Staline (majoritaires aujourd’hui, dû à l'effondrement numérique et idéologique des partis anciennement « staliniens »), le terme de « marxisme-léninisme » camoufle le « stalinisme » qu'ils estiment responsable d'une politique criminelle et très éloignée de l'idéal d'un pouvoir prolétarien, considérant qu’à l’inverse le stalinisme est marqué par la dictature de chefs d'États comme Staline ou Mao, l’exploitation et l’oppression des masses par une bureaucratie d'État dans le cadre d'une économie certes planifiée mais néanmoins capitaliste.
Citations
« Le "marxisme-léninisme" […] est une locution mensongère créée par Staline après la mort de Lénine (1924) pour camoufler ses agissements monstrueux : elle est en réalité synonyme de stalinisme, véritable antithèse du marxisme et caricature même du léninisme. »Notes et références
- ↑ Roger-Gérard Schwartzenberg, Sociologie politique, Paris, Monchrestien, 1988, p. 57-59.
Voir aussi
- Stalinisme ~ Maoïsme ~ Léninisme ~ IIIe Internationale ~ Parti communiste français ~ URSS ~ République populaire de Chine ~ Capitalisme d'État ~ Mao Zedong ~ Enver Hodja ~ Rupture sino-soviétique
- Socialisme ~ Marxisme ~ Communisme ~ Luxembourgisme ~ Conseillisme ~ Communisme libertaire ~ Communisme-ouvrier
- Marxisme-léninisme en France
- Mouvements révolutionnaires ~ Parti politique ~ Mouvements politiques.
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