Histoire de Dunkerque

Histoire de Dunkerque

Le nom de Dunkerque provient du néerlandais Duinkerk, qui signifie « Église dans les dunes ». On y parle un dialecte très particulier, avec des mots empruntés aux marins et au flamand occidental : le dunkerquois. La légende veut que la ville ait été fortifiée par le terrible Allowyn, franc converti par le bon saint Éloi, et ait ainsi été la seule ville de la côte (la mer allant alors jusque Saint-Omer) à être préservée des attaques et pillages des Normands. Aujourd'hui, Allowyn réapparaît à chaque carnaval de Dunkerque sous les traits du « Reuze » (de reuzen), le géant (voir géants du Nord).

Sommaire

L'origine

Il y a plus d'un millénaire, le Blootland est sous les eaux, l'histoire de Dunkerque commence lorsque l'amoncellement du sable dû aux courants marins forme des dunes qui gagnent sur la mer[a 1]. Malgré l'instabilité des dunes menacées par le vent et la mer, des pêcheurs choisissent de s'installer[a 2], formant alors un bourg sans nom.

La rivière Vliet[note 1] en s'écoulant vers la mer du Nord forme une crique : la Guersta : les pêcheurs y installent naturellement leurs bateaux afin de les protéger[a 3].

À la fin du premier millénaire, un hameau s'est formé sur une dune de l'estuaire de la Vliet[a 4]. Afin d'évangéliser la zone, on construit une chapelle pour les pêcheurs et leurs familles, le bourg a un nom : Dunkerque[a 5]. Au fil des années, les Dunkerquois apprennent à maitriser les dunes et les eaux intérieures afin d'éviter les inondations de l'arrière pays [a 6].

De la bourgade à la ville nouvelle

Au cours du Xe siècle, la Flandre connaît l'invasion des peuplades du Nord[a 7]. En 960, Baudoin III dit Baudouin le jeune, quatrième comte de Flandre, auquel appartient la bourgade, fait édifier une première muraille autour de la ville[a 8].

Les moines de Bergues-Saint-Winoc construisent de grands fossés appelés watergangs afin d'assécher les terres et les rendre cultivables. Le 27 mai 1067, Baudouin V de Flandre reconnaissant, leur attribue l'autel de Dunkerque ainsi que la dîme[a 9].


Au cours de XIIe siècle, Philippe d'Alsace, comte de Flandre, continue les travaux d'assèchement du Blootland, on lui doit notamment le construction de l'ancêtre du canal de Bergues : le Havendyck[a 10]. Le comte octroie à Dunkerque le statut de « ville nouvelle » et exonère les Dunkerquois de tonlieux, en remerciement de la délivrance par les Dunkerquois de sa fiancée Élisabeth de Vermandois aux mains des Vikings[a 11].

Dunkerque en Flandre

En 1226, Dunkerque dispose d'un sceau, qui représente un poisson vu de sa droite[1]. La fin du XIIe siècle voit un conflit entre le comte de Flandre, Gui de Dampierre et le roi de France, Philippe IV de France dit Philippe le Bel[a 12]. Tandis que le roi a l'appui des riches bourgeois de Flandres, les leliaerts, les « partisans des fleurs de lys »[2] en flamand[a 13], le comte a le soutien du peuple — les clauwaerts, les griffes du lion[3] de Flandres —[a 14]. Finalement, les armées flamandes sont vaincues le 20 août 1297, lors de la Bataille de Furnes, Dunkerque devient alors française pour éviter d'être pillée[a 15]. Cela ne dure pas puisque cinq années plus tard, le 11 juillet 1302, la ville redevient flamande suite à la bataille de Courtrai dite « bataille des Éperons d'or » dont lehttp://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Histoire_de_Dunkerque&action=edits Flamands sortent vainqueurs.

Dunkerque dispose à cette époque d'un « corps échevinal », ni plus ni moins que l'ancêtre du conseil municipal, composé d'un mayeur (un maire) assisté de neuf échevins (les conseillers municipaux)[a 16]. Le corps se réunit à la maison commune ou Stadhuys (la mairie) attenante au clocher ou klokhuys dont la cloche informe les Dunkerquois des évènements importants[a 17]. Quant à la justice et au commerce, ils sont réglementés par le bailli du seigneur de Cassel.

Dunkerque en essor commercial

En 1311, Robert III de Flandre dit « Robert de Béthune » et fils de Gui de Dampierre accorde aux Dunkerquois plus d'autonomie, notamment commerciale[1]. En 1322, Robert de Cassel alors seigneur de Flandre fait construire un château à Dunkerque[4]. Trois ans plus tard, en 1325, les flamands refusant l'autorité du roi de France, détruisent le château[a 18]. Robert de Cassel en représailles impose à Dunkerque un impôt très élevé pour les rebelles[1]. En 1328, les révoltes n'étant toujours pas éradiquées, Louis de Nevers, comte de Flandre, demande l'aide du roi de France, le premier des Valois Philippe VI de France, lequel écrase la rébellion à la bataille de Cassel[a 19]. Dunkerque subit une nouvelle fois les représailles. Lorsque Yolande de Dampierre, fille de Robert de Cassel, hérite de la seigneurie de Cassel dans laquelle figure Dunkerque, elle fait reconstruire le château de son père[a 20].

La ville est soumise aux convoitises

Le 13 juillet 1338 éclate la guerre de Cent Ans, Louis de Nevers reste fidèle au trône de France, et décrète donc l'arrêt du commerce avec l'Angleterre[a 21]. Les villes flamandes, y compris Dunkerque, vivant du commerce avec l'île, se soulèvent alors contre le comte de Flandre[a 22]. Louis II de Flandre dit « Louis de Mâle », fils de Louis de Nevers mort lors de la victoire anglaise à la Bataille de Crécy en 1346, signe alors la trêve entre la Flandre et l'Angleterre[a 23]. Durant la guerre accostent à Dunkerque des bateaux transportant des vivres pour les troupes, l'importance du port croit jour après jour[a 24]. Faisant fi des discordes entre leur bailli et les échevins, les Dunkerquois acclament Yolande de Dampierre de retour de la prison du Temple à son entrée dans la ville. Satisfaite, elle entreprend l'exécution de travaux portuaires[a 25] afin d'agrandir le port.

En 1378, commence le Grand Schisme d'Occident, deux papes se disputent le trône de Saint-Pierre, Louis de Mâle soutient Urbain VI et Yolande de Dampierre appuie Clément VII. Les Anglais, urbanistes, débarquent sur la côte pour une croisade religieuse. S'oppose alors à eux Jean Sporkin, gouverneur des terres de Yolande à la tête d'une armée[a 26]. Les Anglais pillent Dunkerque, Yolande est contrainte à la fuite, ils attaquent les digues afin d'inonder le Blootland[a 27]. Charles VI arrive à la rescousse, repousse les Anglais. Cependant l'arrière pays est noyé, les récoltes sont perdues et les bêtes sont mortes, Dunkerque a souffert plus que toutes les autres villes de la côte.

Développement urbain

En 1384, Louis de Mâle meurt, le comté de Flandre passe à la Maison de Bourgogne de Philippe le Hardi[a 28]. La Princesse de Dunkerque, Yolande, meurt en 1395, lui succède alors son fils Robert de Bar, il octroie à Dunkerque le droit de percevoir la taille afin de construire une muraille autour de Dunkerque pour prévenir des prochaines attaques. Parmi ces fortifications, il construit deux « tours à feux » indiquant l'entrée du port. L'une d'elle existe encore aujourd'hui : le Leughenaer ou « tour du menteur »[a 29]. Lors de la construction de ces fortifications, les terrassiers découvrent une source d'eau douce, creusent plus pour découvrir d'où elle vient, ils découvrent une statuette de la Vierge. Les Dunkerquois crient au miracle, et bâtissent aussitôt une chapelle qui prend le nom de Notre-Dame-de-la-Fontaine qui deviendra Notre-Dame-de-la-Mer[a 30]. En 1426, s'installe dans la cité, une communauté de religieuse : les « Sœurs Blanches »[note 2],[a 31].

Au milieu du XVe siècle, les Dunkerquois construisent un amer, c'est la naissance de l'actuel Beffroi[a 32]. Dix ans après, l'église Saint-Éloi l'utilise comme clocher[a 32]. La ville de Dunkerque est, à cette époque, entièrement tournée vers la mer et le commerce, la ville hérite des traditions festives des gens de la mer et des Flamands, c'est d'ailleurs à cette époque que nait l'ancêtre du carnaval de Dunkerque.

Le sceau de Dunkerque avant sa destruction dans l'incendie.

En 1435, Jeanne de Bar épouse Louis de Luxembourg, Dunkerque passe alors à la Maison de Luxembourg. En 1477, à la mort de son père Charles le Téméraire, Marie de Bourgogne épouse Maximilien Ier du Saint-Empire, Louis XI envahit aussitôt la Flandre. Dunkerque revient au Royaume de France[a 33]. Une nouvelle fois flamande, Dunkerque devient espagnole suite au mariage de Philippe le Beau et de Jeanne de Castille, mariage d'où naîtra l'empereur Charles Quint, héritier de nombreuses Maisons d'Europe[a 34]. En 1520 il est reçu triomphalement dans la ville en tant que trente-et-unième comte de Flandre[a 35]. Dunkerque est impliquée dans le guerre que mène Charles Quint contre le roi de France, François Ier. En représailles, les pêcheurs dunkerquois sont attaqués par les corsaires français[a 36]. Le magistrat de Dunkerque prend la décision d'armer des bateaux en course[5] afin de protéger ses bateaux de pêche[a 37]. Sous le règne de Philippe II, la course prend de plus en plus d'importance, ce sont les prémices des corsaires dunkerquois, parmi eux Cornil Petersen se distingue particulièrement [a 38]. Le port a acquis une telle importance qu'en 1557 il sert d'abri à la flotte espagnole.

Dunkerque, tournée vers la mer

L'année suivante, suite à la prise par les Français de Calais, ville anglaise, Dunkerque se prépare à la guerre. En juillet, en dépit de la défense héroïque de Dunkerque par ses habitants, le Maréchal de Thermes conquiert Dunkerque et y met le feu[a 39]. Par le traité de Cateau-Cambrésis les Français la cèdent à l'Espagne en 1559. Le sceau ayant été détruit dans l'incendie, on en crée un nouveau, le poisson est alors remplacé par un marin à l’allure de corsaire[a 40]. L'Inquisition nourrit un lot d’iconoclastes : « les gueux » qui s'opposent à la religion et contestent le pouvoir de Philippe II. Dunkerque, fidèle à son roi, s'y oppose et subit donc les attaques des gueux. Les marins épuisés par la pêche qui n'est pas rentable, se tournent vers la course, les corsaires dunkerquois sont réellement nés. L'un des premiers d'entre eux est Michel Jacobsen, le « renard des mers », corsaire pour le compte de l'Espagne, il ramena les restes de l'Invincible Armada de Philippe II.

La Bataille des Dunes.

La « folle journée »

Dunkerque suscite de plus en plus les convoitises. Pour protéger son port, on construit, en 1622, le fort de Mardyck. Les Hollandais, qui font plusieurs fois le blocus du port, sont vaincus par les corsaires ou par les éléments[a 41]. Au début du XVIIe siècle, les Espagnols renforcent les fortifications bicentenaires par une nouvelle enceinte. En 1638 est construit le Canal de Furnes qui facilite le commerce entre Dunkerque et le reste de la Flandre. En 1646, la ville après 17 jours de siège devient française, grâce à Condé[1]. Le 16 septembre 1652, Dunkerque est à nouveau espagnole.

Le 25 mai 1658, le maréchal Turenne fait le siège de la ville. Dix-neuf jours plus tard, le 14 juin 1658, une coalition franco-anglaise menée par Turenne et Lockhart attaque la ville, c'est la bataille des Dunes[a 42]. Le 25 juin 1658 la ville se rend aux Français. Le soir même, Louis XIV la remet à Olivier Cromwell[6]. La « folle journée » venait de se dérouler : en l'espace de 24 heures, la ville a été espagnole, française et enfin anglaise[1].

Dunkerque est française

Par cette lettre, Louis XIV demande, en 1663, que la langue française soit employée.

En 1662, Godefroi d'Estrades négocie difficilement l'achat de Dunkerque aux Anglais, mais finit par réussir. Le 27 octobre 1662, Dunkerque devient définitivement française. Le 2 décembre, le Roi Soleil fait une entrée triomphale dans Dunkerque.

Vauban entreprend alors de fortifier la ville et développe son port, qui devient le plus grand port de guerre du royaume[a 43]. Ils construisent également un grand chantier naval, au parc de la Marine[a 44] et la Basse-Ville. Dès 1670, Louis XIV encourage la course à Dunkerque. C'est à cette époque que Dunkerque va connaitre le plus célèbre de ses corsaires : Jean Bart. Naviguant sur de petits navires, il n'hésite pas à attaquer de gros vaisseaux grâce à ses remarquables talents de manœuvrier. Il est rapidement incorporé dans la Royale par Colbert puis anobli au vu de ses faits d'armes et de ses prises, notamment celui de la bataille du Texel, le 29 juin 1694, où le corsaire dunkerquois reprend aux Hollandais 120 navires de blé et sauve ainsi la France de la famine[a 45]. En 1700 apparait à Dunkerque la chambre de commerce qui fait prospérer les commerçants, la ville est alors une puissante place commerciale.

À ce moment de l'Histoire, Dunkerque est imprenable sur la mer du Nord derrière les défenses de Vauban et grâce à ses redoutables corsaires. Cependant ce n'est pas le cas de toute la France. En 1713, elle est affaiblie par la guerre et est contrainte de signer le traité d'Utrecht qui lui impose de combler le port et de raser les fortifications, ce qui toutefois ne fut exécuté qu'en partie, et Louis XV la fortifia de nouveau. Comme de nombreuses villes du Royaume de France, Dunkerque s'imprègne de l'idéologie des Lumières[a 46] : l'urbanisme de la ville est repensé on crée alors des places et des rues plus larges pour faire « circuler l'air », on construit des bains publics, on déplace les cimetières en périphérie de la ville, de plus des groupes de réflexion se forment. Une partie de ceux-ci furent à l'origine de la loge maçonnique « Amitié et Fraternité » connue pour avoir parrainé la plus ancienne loge maçonnique de Nouvelle-France : la loge « Francs-maçons régénérés ».

Dunkerque au XVIIe siècle

Dunkerque, au XVIIe siècle, est une ville sale et sans accès à l'eau potable que pourrait fournir un puits ou une source d'eau douce. Les échevins installent ainsi des citernes publiques pour récupérer l'eau de pluie et recrutent une entreprise qui récupère les déchets des Dunkerquois[a 47]. La Basse-Ville, à cette époque est le quartier le plus pauvre de Dunkerque, y vivent les journaliers et les dockers[a 48]. Les matelots dunkerquois vivent en marge du reste de la population de la ville, pour assurer aux bateaux de commerce l'entrée ou la sortie du port sans s'échouer, ils créent un corps de pilotes destinés à guider ces navires à travers les nombreux bancs de sable (Braeck[note 3], Schurken…), c'est l'ancêtre des bateaux pilote surnommés « pilotines ».

La ville dans la Révolution

Carte de Cassini de Dunkerque, Petite-Synthe et Rosendaël.

À l'hiver 1788-1789, il fait tellement froid que les bateaux sont pris dans les glaces. Les Dunkerquois sont affamés, la révolte, attisée par les groupes de réflexion des Lumières, est en marche. Le 30 mars 1789, 24 députés dunkerquois se rendent à Bailleul pour rapporter les doléances de la Flandre française. Le 18 juillet, arrive la nouvelle de la Prise de la Bastille à Dunkerque, se forme alors une garde bourgeoise dirigée par le colonel Emmery. En 1790, le mayeur devient officiellement maire[1]. Devant ce conservatisme, des patriotes[note 4] créent un club politique. Le 12 juillet 1790 est adoptée la Constitution civile du clergé, les membres du clergé refusant de se soumettre à la constitution sont expulsés hors de France, les sœurs et les moines réfractaires sont ainsi exilés. Lors de la fuite de Varennes, la garde bourgeoise de Dunkerque perd son étendard emporté par un chevalier royaliste, il adopte alors le drapeau de la Garde nationale, c'est le premier régiment d'infanterie à avoir un drapeau aux couleurs nationales[a 49]. La déclaration de guerre avec l'Autriche provoque la radicalisation des positions. Le colonel Emmery est nommé maire. Le 21 juillet 1793, avec la mort du roi Louis XVI, Dunkerque redoute l'Angleterre, la ville est en danger. Les craintes sont confirmées quand Frederick, duc d'York et Albany, prend Ostende, Furnes et Ghyvelde. Le 23 août 1793, il arrive à Rosendaël, Dunkerque est en état de guerre, on a construit des batteries flottantes et renforcé les fortifications, le siège de la ville commence. Le 8 septembre, le général Jean Nicolas Houchard arrive à Dunkerque et libère la ville après la victoire lors de la bataille d'Hondschoote, Dunkerque reste française[a 50]. Le 4 frimaire de l'an II (soit le 24 novembre 1793), Dunkerque adopte l'abolition de tous les cultes, Dunkerque signifiant « église des dunes » est renommée Dune libre[a 51]. La Terreur à Dunkerque est relativement peu sanglante[a 52]. En 1800, les églises sont rendues au clergé, apparaissent la paroisse et l'église Saint-Jean-Bastiste, la statuette de la Vierge cachée pendant la décennie précédente est rendue à la Petite Chapelle. L'activité du port est en déclin[a 53]. La Restauration est bien accueillie à Dunkerque[a 54].

Le XIXe siècle dans la cité

En 1838, on construit le phare à l'entrée ouest du port, et des bateaux-feux balisent les bancs de sable[a 55]. Dix ans plus tard, le chemin de fer relie Dunkerque à Arras[a 56]. Entre temps, le 7 septembre 1845 est inaugurée une statue à la gloire du héros de la ville : Jean Bart, sur la place qui porte désormais son nom. Napoléon III visite la ville deux fois, la seconde il proclame : « Que de progrès, depuis ma première visite, c'est remarquable »[a 57], soulignant ainsi les avancés de la ville dotée dorénavant d'un port à flot[a 58]. Le 18 mars 1858, Gaspard Malo achète un terrain de 641 hectares à l'est de Dunkerque, cela deviendra les villes de Malo-les-Bains et de Rosendaël[1].

Le XIXe siècle voit se développer la lutte politique entre conservateurs et libéraux, s'illustrent alors, outre Gaspard Malo, Benjamin Morel et Jean-Baptiste Trystram[a 59], ce dernier ayant contribué à l'essor du port qui est tant un port de marchandise qu'un port de pêche, à la morue notamment. Les morutiers partent en Islande et aux îles Féroé en février et reviennent à l'automne. Pendant ce temps, ce sont les femmes dunkerquoises qui font vivre les familles et la ville. C'est à cette époque que s'illustre un célèbre sauveteur en mer, François Tixier, auteur de 57 sauvetages avant de mourir en mer.

En 1866, une épidémie de choléra démarre dans le nord de la France, depuis le port de Dunkerque (la maladie arrive d'Alexandrie via Marseille). Elle durera de février à novembre dans l'arrondissement, où elle entrainera le décès de 589 personnes[7].

En 1868, la station balnéaire de Dunkerque se dote d'un casino, d'un kursaal, d'hôtels, d'une digue, de cabines de plage et de villas[1]. Dans le cadre du Plan Freycinet, on construit à Dunkerque des darses. Quelques années avant 1900, on fait construire l'hôtel de ville actuel, sur son fronton figure Louis XIV entouré des Dunkerquois célèbres[a 60].

La Première Guerre mondiale

Église Saint-Éloi après un bombardement pendant la Première Guerre mondiale.

Le 1er août 1914 à 18h00, les cloches du beffroi sonnent le tocsin, le gouvernement du président Raymond Poincaré a décrété la mobilisation générale car suite à l'assassinat de François-Ferdinand et aux jeux des alliances, la France est en guerre. Le 2 août 1914, l'Allemagne lance un ultimatum contre la Belgique, celle-ci refuse et est donc envahie dès le lendemain par l'Empire allemand, le même jour Dunkerque est déclarée en état de siège. Le général Bidon, gouverneur militaire du camp retranché de Dunkerque, prépare une nouvelle fois la ville à la guerre et les polders de l'arrière-pays sont à nouveau inondés[a 61], 7 000 hectares servent à « l'inondation préventive » de août 1914 à mai 1915. En octobre 1914, l'armée allemande entreprend de marcher sur Dunkerque et Calais, c'est le début de la bataille de l'Yser dont les alliés belges et français (notamment les troupes de fusiliers marins de l'amiral Ronarc'h) sortent vainqueurs. Les troupes allemandes ne réussissant pas à prendre Dunkerque et conscientes du rôle primordial de la ville, elle est sévèrement bombardée à plusieurs reprises par des zeppelins. L'église Saint-Éloi (milieu du XVe siècle) est en partie détruite[a 62]. Les Dunkerquois restés dans la ville participent à la défense nationale, les chantiers navals lancent le plus gros cargo de la flotte française[a 63]. Dunkerque joue pleinement son rôle de ville à l'arrière du front : le port lui permet de recevoir le ravitaillement pour le front, le docteur Beigneux, directeur de la santé publique, mobilise des lits partout dans la ville (y compris aux casinos de Malo ou dans les collèges). À ce moment de la guerre, 20 000 soldats de toutes les nations alliées transitent par Dunkerque[1]. Dans les airs, l'Escadrille des Cigognes dirigée par Georges Guynemer défend le ciel de la ville. Au sortir de la Grande Guerre, Dunkerque détruite reçut la légion d'honneur et la distinction « Dunkerque a bien mérité de la patrie », pour avoir résisté aux ennemis et avoir ravitaillé la population du Nord pendant la guerre, ainsi que la Distinguished Service Cross de la part de l'amiral Keynes au nom du roi Georges V. Le 15 avril 1922 est inauguré un cénotaphe au pied du beffroi en l'honneur des Dunkerquois morts pour la France[8]. Durant l'entre-deux-guerre, la vie politique dunkerquoise est animée par deux hommes : Henri Terquem et Charles Valentin.

Seconde Guerre mondiale

Lors de la Seconde Guerre mondiale, en juin 1940, les armées franco-britanniques qui avaient avancé en Belgique pour contenir l'avancée des armées allemandes, furent prises en tenaille entre les forces venues par les Pays-Bas et celles qui passèrent plus au sud par les Ardennes[note 5]. En se repliant, elles se trouvèrent finalement encerclées à Dunkerque. L'une des plus grandes opérations d'évacuation de l'histoire militaire permit de ramener en Grande-Bretagne plus de 300 000 Britanniques et 100 000 Français. Beaucoup d'autres Français furent faits prisonniers. La ville de Dunkerque fut sévèrement bombardée par l'aviation allemande pendant cette bataille. Elle le fut à nouveau les années suivantes, cette fois par les forces alliées du général Liska composées surtout d'une brigade blindée tchèque, d'artillerie britannique et de FFI qui en septembre 1944 assiègeront l'Amiral allemand Frisius qui, sur ordre de Hitler, s'était retranché dans la Festung Dunkerque (ville forte en allemand), et ne se rendra que le 9 mai, le lendemain de la capitulation allemande à Berlin.

La reconstruction

Au lendemain de la guerre, Dunkerque est détruite à plus de 70 %. La statue de Jean Bart, érigée au centre ville, reste intacte au milieu des ruines : les Allemands, malgré le manque de métal, l'ont en effet épargnée car l'épée de la statue est pointée vers l'Angleterre[9]. Le port est inaccessible jusqu'en juin 1946. La reconstruction du tissu urbain est entreprise par Théodore Leveau. L'architecte Jean Niermans aura la responsabilité de la reconstruction de l'habitat (Îlots rouges). Dans la zone d'habitation des Glacis, une centaine de chalets américains seront aménagés et encore habités au début des années 1970.

En 1957, le groupe sidérurgique Usinor décide l'implantation d'une usine de production d'acier à Dunkerque. Suite à son ouverture en 1963, l'agglomération passe très rapidement de 70 000 à 200 000 habitants. Dunkerque devient une grande agglomération industrielle.

Projet Neptune et redynamisation du centre-ville

Depuis 1989, juste après la fermeture des chantiers de France, la ville et la communauté urbaine de Dunkerque (CUD) se sont engagées dans un projet urbain de grande ampleur : le projet Neptune. Défini dans un premier temps par l'architecte Richard Rogers, il s’agit de retourner la ville sur son port et d’urbaniser petit à petit les anciennes friches industrielles et les môles du port proches du centre afin d'étendre le centre-ville tout en créant des liens structurants entre ce secteur, celui de la gare et Malo-les-Bains.
Le projet Neptune peut se décomposer à ce jour en deux phases principales :

Première Phase 1989-2005

L'implantation de l'université du littoral dans la Citadelle fut la première pierre de ce projet Neptune, mais la première phase des travaux s’est d'abord concentrée sur les aménagements urbains du centre-ville existant avec la rénovation des principales places de la ville (Jean-Bart, Minck, Charles-Valentin, République, Gare) et de nombreuses voiries comme le quai des Hollandais, la rue Wilson… rendues plus sûres et plus agréables. Dans le même temps, de nombreux bâtiments privés et publics ont vu le jour : centres administratifs et tertiaires, équipements complémentaires universitaires (Restau U, bibliothèque, Maison de la Recherche…), équipements culturels (Musée Portuaire), de nouveaux logements mais aussi deux centres de commerces et de loisirs (le Pôle et le centre Marine) comprenant des moyennes surfaces spécialisées, boutiques, restaurants, cafés et multiplexe de cinéma, destinés à renforcer l'offre commerciale du centre-ville.

Seconde Phase 2005-2011

La seconde phase concerne principalement l'urbanisation totale du secteur du Grand Large, qui reprend dans sa quasi-totalité la friche des anciens chantiers navals. Projetée par l'ANMA (Agence Nicolas Michelin et associés), le projet « Grand large »[10] comprend environ 1 000 logements, dont les premières livraisons sont effectuées à la rentrée 2009.
Dans ce secteur, de nombreux équipements publics ont été également implantés : outre de nouveaux équipements liés à la mer jouxtant le nouveau port du Grand-Large (centre de voile, pilotage, criée), le site a vu naître un centre de formation des apprentis pour les métiers de bouche (CEFRAL), un nouveau lycée des métiers (appelé Guy Debeyre) en remplacement du lycée Benjamin-Morel et une nouvelle école (école Neptune). Un parc urbain prend place au cœur de ce nouveau quartier, et de nouveaux projets devraient le compléter à l'avenir : un complexe de loisirs (discothèque ? patinoire-bowling ?) sur le front de mer, en bordure de « la cathédrale » AP2 (ancien bâtiment des chantiers de France) qui abritera le FRAC (Fonds régional d'art contemporain) à partir de 2012, et une maison de quartier. À travers ce quartier et via le môle 2, une nouvelle liaison entre Malo-les-Bains et la chaussée des Darses sera créée avec un nouveau pont au-dessus du chenal du port d'échouage. Parallèlement, ce môle 2 et auparavant le môle 1 seront à leur tour urbanisés avec notamment des projets de réhabilitation de certains anciens bâtiments du port (Halle aux sucres, chai aux vins…), et les darses adjacentes pourraient accueillir de nouveaux pontons pour la plaisance.

Redynamisation du centre-ville

Après la première impulsion donnée par l'implantation des Pôle et Centre Marine, un nouveau volet de la redynamisation du centre-ville a été dévoilé en juillet 2008 à travers une exposition au musée des Beaux-Arts, prévoyant notamment :

  • 35 000 m2 de commerces
  • 1 300 logements
  • 2 000 places de parking

Ce projet, établi par l'architecte-urbaniste catalan Joan Busquets, concerne principalement deux secteurs :

  • celui du théâtre : logements et commerces à la place du lycée Benjamin-Morel, nouvelle médiathèque, parking souterrain…
  • celui du Pôle Marine/gare : création d'une nouvelle gare à l'aboutissement d'une coulée verte entre tour Guynemer et pôle Marine, construction de logements et commerces aux alentours.

Références et notes

Références

  1. a, b, c, d, e, f, g, h et i Dunkerque 1 000 ans d'Histoire sur http://www.ville-dunkerque.fr/, Ville de Dunkerque
  2. Chronologie des Pays-Bas sur http://www.clio.fr/
  3. Histoire d'un des actes fondateurs de la Belgique sur http://trefaucube.free.fr/
  4. Biographie de Robert de Cassel sur http://www.webnord.com/
  5. La course sur http://pagesperso-orange.fr/vieillemarine/
  6. Pierre Goubert, Mazarin, p. 409
  7. 1866, une épidémie de choléra dans le Nord, 10 mars 2006, consulté le 12 novembre 2010
  8. Archives municipales, exposition en ligne sur la ville dans la Grande Guerre sur http://www.ville-dunkerque.fr/, Ville de Dunkrque
  9. Dunkerque sur http://clef2france.com/
  10. À Dunkerque, le Grand large remplace les friches industrielles sur http://www.batiactu.com/, Marie Desgré. Mis en ligne le 20 mars 2008, consulté le 6 novembre 2010

Notes

  1. Différente de la rivière hollandaise ; Vliet signifie watergang en vieux néerlandais.
  2. Qui a donné leur nom à la « rue des Sœurs-Blanches » en centre-ville
  3. Banc qui donnera la digue du Braeck.
  4. Citoyen favorable à la convocation des États Généraux.
  5. Hitler parle de la plus grande victoire de tous les temps et veut instaurer le 14 juin comme fête nationale en Allemagne.

Bibliographie

  • Gérard Demarcq (ill. E. Miller), Dunkerque 1 000 ans d'histoire, Le Téméraire, coll. « Histoire des villes », 1993 (ISBN 2-908703-11-4)  Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  1. Demarcq 1993, p. 5, première bulle.
  2. Demarcq 1993, p. 5, deuxième bulle.
  3. Demarcq 1993, p. 6, première bulle.
  4. Demarcq 1993, p. 6, deuxième bulle.
  5. Demarcq 1993, p. 6, troisième bulle.
  6. Demarcq 1993, p. 7.
  7. Demarcq 1993, p. 8, première bulle.
  8. Demarcq 1993, p. 8, deuxième bulle.
  9. Demarcq 1993, p. 8, troisième bulle.
  10. Demarcq 1993, p. 8, cinquième bulle
  11. Demarcq 1993, p. 8, sixième bulle
  12. Demarcq 1993, p. 9, première bulle.
  13. Demarcq 1993, p. 9, deuxième bulle.
  14. Demarcq 1993, p. 9, troisième bulle.
  15. Demarcq 1993, p. 9, quatrième bulle.
  16. Demarcq 1993, p. 12, première bulle.
  17. Demarcq 1993, p. 12, troisième bulle.
  18. Demarcq 1993, p. 10, deuxième bulle.
  19. Demarcq 1993, p. 10, quatrième bulle.
  20. Demarcq 1993, p. 10, cinquième bulle.
  21. Demarcq 1993, p. 11, première bulle.
  22. Demarcq 1993, p. 11, deuxième bulle.
  23. Demarcq 1993, p. 11, troisième bulle.
  24. Demarcq 1993, p. 11, quatrième bulle.
  25. Demarcq 1993, p. 13, première bulle.
  26. Demarcq 1993, p. 13, sixième bulle.
  27. Demarcq 1993, p. 14.
  28. Demarcq 1993, p. 15, première bulle.
  29. Demarcq 1993, p. 15, septième bulle.
  30. Demarcq 1993, p. 16.
  31. Demarcq 1993, p. 16, cinquième bulle.
  32. a et b Demarcq 1993, p. 17.
  33. Demarcq 1993, p. 21, troisième bulle.
  34. Demarcq 1993, p. 21, cinquième bulle.
  35. Demarcq 1993, p. 22, première bulle.
  36. Demarcq 1993, p. 22, deuxième bulle.
  37. Demarcq 1993, p. 22, troisième bulle.
  38. Demarcq 1993, p. 22, quatrième bulle.
  39. Demarcq 1993, p. 23.
  40. Demarcq 1993, p. 23, quatrième bulle.
  41. Demarcq 1993, p. 26, deuxième bulle.
  42. Demarcq 1993, p. 28.
  43. Demarcq 1993, p. 29, deuxième bulle.
  44. Demarcq 1993, p. 29, troisième bulle.
  45. Demarcq 1993, p. 30, sixième bulle
  46. Demarcq 1993, p. 32.
  47. Demarcq 1993, p. 33, troisième bulle.
  48. Demarcq 1993, p. 33, quatrième bulle.
  49. Demarcq 1993, p. 35, cinquième bulle.
  50. Demarcq 1993, p. 36.
  51. Demarcq 1993, p. 37, première bulle.
  52. Demarcq 1993, p. 37, deuxième bulle.
  53. Demarcq 1993, p. 37, sixième bulle.
  54. Demarcq 1993, p. 37, septième bulle.
  55. Demarcq 1993, p. 38, première bulle.
  56. Demarcq 1993, p. 38, deuxième bulle.
  57. Demarcq 1993, p. 38, quatrième bulle.
  58. Demarcq 1993, p. 38, troisième bulle.
  59. Demarcq 1993, p. 38, cinquième bulle.
  60. Demarcq 1993, p. 40, deuxième bulle.
  61. Demarcq 1993, p. 42, deuxième bulle.
  62. Demarcq 1993, p. 42, sixième bulle.
  63. Demarcq 1993, p. 43, 1re,2e et 3e bulle.

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