- Philippe d'Alsace
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Philippe Ier de Flandre Titre Comte de Flandre 1157 – 1191 Prédécesseur Thierry d'Alsace Successeur Marguerite d'Alsace Comte de Vermandois et de Valois 1167 – 1191 Prédécesseur Raoul II de Vermandois Successeur Rattaché au domaine royal Biographie Dynastie Maison d'Alsace Nom de naissance Philippe d'Alsace Date de naissance 1143 Date de décès 1er juin 1191 Lieu de décès Saint-Jean-d'Acre Père Thierry d'Alsace Mère Sibylle d'Anjou Conjoint 1. Élisabeth de Vermandois
2. Mathilde de PortugalEnfants Thierry de Flandre
modifier Philippe Ier de Flandre dit Philippe d'Alsace[1] (1143 – St-Jean d'Acre, 1er juin 1191), fils du comte de Flandre Thierry d'Alsace et de Sibylle d'Anjou (†1165), fut comte de Flandre de 1157 à 1191 et comte de Vermandois par mariage de 1167 à 1185, puis à titre viager de 1186 à 1191.
Son règne débute en tant que comte associé dès 1157, particulièrement durant les croisades de son père. Il met fin au piratage des côtes flamandes en battant le comte Florent III de Hollande (1163). Par héritage, il récupère le pays de Waes (au nord de Gand) et celui des Quatre-Métiers (Flandre impériale).
Sommaire
Biographie
Son mariage en 1156 avec Élisabeth de Vermandois porte la puissance flamande à son extension maximale. En effet, le comte de Vemandois, Raoul II, frère d'Élisabeth, mais aussi époux de Marguerite d'Alsace, sœur de Philippe, est atteint de la lèpre. Son mariage n'étant pas consommé est rompu. Vers 1167, Raoul abdique en faveur de sa sœur, Élisabeth[2].
Le comte de Flandre hérite donc des comtés de Vermandois, d'Amiens et de Valois. Il gouverne sagement avec l'aide de Robert d'Aire, évêque de Cambrai et véritable premier ministre. Il met en place un système administratif efficace et assure une politique internationale reconnue (arbitrages entre Louis VII de France et Henri II Plantagenêt, entre Henri II et Thomas Becket, mariage de sa sœur Marguerite d'Alsace avec Baudouin V de Hainaut). En 1166, à la mort de Thierry d'Alost (ou Thierry de Gand), son beau-frère, il récupère le comté d'Alost, situé en Flandre impériale. Par la même, il devient avoué de Cambrai, charge qui lui assure de grands revenus[3].
La stérilité de son couple, la mort en 1174 du sage Robert d'Aire, assassiné sur ordre du seigneur Jacques Ier d'Avesnes, et celles de ses frères (en 1173, Mathieu, comte de Boulogne et en 1176 Pierre de Flandre, évêque de Cambrai), sans héritier mâle, marquent le début d'une politique plus imprudente. Avant de se croiser, en 1177, il désigne formellement sa sœur Marguerite et son beau-frère Baudouin V de Hainaut comme héritiers.
En Terre Sainte, Philippe prend part à un projet d'invasion de l'Égypte. Pour la circonstance, les croisés se sont alliés à l'Empire byzantin. En août, une flotte byzantine de 150 galères arrive à Saint-Jean-d’Acre, mais Baudouin, le roi de Jérusalem est atteint de lèpre ne peut pas prendre la tête de l’armée qu'il propose à son cousin germain, Philippe d'Alsace. Celui-ci refuse, prétendant qu’il est venu à Jérusalem pour faire ses dévotions et défendre le royaume et non porter la guerre dans des États voisins. Son refus fait échouer l’expédition et les Byzantins retournent chez eux[4]. Pour Guillaume de Tyr, Philippe ne serait en fait venu en Terre Sainte que dans le but d'arranger le mariage de ses cousines, Sibylle et Isabelle sœurs de Baudouin et donc héritières potentielles du Royaume de Jérusalem, avec quelques uns de ses chevaliers.
Philippe d’Alsace quitte Jérusalem, et se rend en octobre 1177 à Tripoli, où il aide le comte Raymond III à assiéger sans succès la forteresse de Hama au début du mois de septembre 1177. Il se rend ensuite à Antioche et, avec le prince Bohémond III d’Antioche, il assiège à la fin du mois de novembre la forteresse de Harenc[5].
De retour de Palestine, le roi Louis VII, malade, le nomme tuteur de son jeune fils, le futur Philippe Auguste. Ce dernier est couronné roi le 1er novembre 1179. Pour se concilier le nouveau souverain, le comte lui donne en mariage sa nièce Isabelle, avec une dot imprudemment disproportionnée : l'Artois. Dès la mort de Louis VII, Philippe Auguste marque son indépendance.
La guerre avec la France débute en 1180 en dévastant la Picardie et le nord de l'Île-de-France. Le conflit se poursuit progressivement à l'avantage du roi, qui refuse systématiquement le combat, mais manœuvre politiquement. En effet son beau-frère, Baudouin V de Hainaut est d'abord son allié, mais va suivre finalement les intérêts de sa fille Isabelle, reine de France au bord de la répudiation. La brouille entre les deux comtes est savamment organisée par le roi de France, qui va jusqu'à nommer (à son insu) le comte de Hainaut comme son représentant face au comte de Flandre.
La mort, survenue le 28 mars 1183, de son épouse Élisabeth de Vermandois, envenime encore la situation puisque Éléonore, sœur d'Élisabeth, qui a testé en faveur du roi de France, réclame le Vermandois en héritage. Celle-ci promet surtout au roi de France de l'instituer son héritier s'il accepte de lui rendre justice[6]. Le roi somme le comte de Flandre de restituer le Vermandois. Celui-ci déclare la guerre et s'empare d'Amiens. Henri II d'Angleterre[7] propose sa médiation. Une trêve d'une année est observée.
Le comte de Flandre en profite pour se remarier en août 1183 avec Mathilde de Portugal (dotée d'un douaire somptueux) dans l'espoir d'une progéniture qui n'arrivera pas. Craignant d'être pris définitivement en étau entre le domaine royal et le Hainaut, la paix est signée à Amiens le 10 mars 1186. Le comte reconnaît la cession du Vermandois au roi, mais le conserve à titre viager. Il restitue en outre Amiens et conserve Saint-Quentin, Péronne et Ham.
En 1190, Philippe d'Alsace, laisse le gouvernement aux mains de Mathilde et de Gérard, prévôt de Bruges, et rejoint la troisième croisade en Palestine, où des contingents flamands l'ont précédé. Arrivé à Saint-Jean-d'Acre, il est frappé par l'épidémie de peste et meurt le 1er juin 1191. Son corps est rapatrié par Mathilde de Portugal et enterré à l'abbaye de Clairvaux.
Postérité
La politique de Philippe d'Alsace se caractérise par une urbanisation forte. Il transforme son comté à un État moderne, introduisant des changements radicaux dans le domaine judiciaire (renouvellement du droit pénal, définissant les huissiers de justice). Il soutient une série de remarquables initiatives économiques, comme la fondation des ports de Gravelines, Nieuwpoort, Damme et Biervliet.
Philippe d'Alsace fut un souverain lettré et sa cour devint un centre culturel important. Il est le protecteur de Chrétien de Troyes qui lui dédie son dernier ouvrage, Perceval ou le Conte du Graal. Le comte voyage beaucoup, mais réside habituellement au château de Wynendaele accompagné de sa cour. En 1180 à Gand, sur l'emplacement de l'ancien château de Baudouin bras de fer, il fait édifier le Gravensteen, le château des comtes de Flandre et Gand commence à se développer comme capitale du comté.
Philippe d'Alsace peut paraître le représentant d'un monde féodal finissant, au profit d'une nouvelle forme de souveraineté, annoncée et mise en place par Philippe Auguste. Pour la première fois, un roi de France a eu raison d'un comte de Flandre. Mais, malgré une guerre coûteuse, la Flandre n'a pas cessé son expansion économique (en atteste le nombre de chartes communales que le comte a signées). À sa mort, le pays se trouve dans un état de prospérité sans précédent.
Ascendance
16. Gérard de Bouzonville 8. Gérard Ier de Lorraine 17. Gisèle 4. Thierry II de Lorraine 18. Albert II de Namur 9. Hedwige de Namur 19. Régelinde de Verdun 2. Thierry d'Alsace 20. Baudouin V de Flandre 10. Robert Ier de Flandre 21. Adèle de France 5. Gertrude de Flandre 22. Bernard II de Saxe 11. Gertrude de Saxe 23. Eilika de Schweinfurt 1. Philippe d'Alsace 24. Geoffroy II du Gâtinais 12. Foulques IV d'Anjou 25. Ermengarde d'Anjou 6. Foulques V d'Anjou 26. Simon Ier de Montfort 13. Bertrade de Montfort 27. Agnès d'Évreux 3. Sibylle d'Anjou 28. Jean de Baugency 14. Élie Ier du Maine 29. Paula du Maine 7. Erembourg du Maine 15. Mathilde de Château du Loir Descendance
D'une maitresse dont le nom est resté inconnu, il est le père de :
- Thierry de Flandre († 1207)[8], (appelé Baudouin, chevalier d'Amiens par Guillaume de Tyr). En 1203 à Marseille, il aurait épousé La Damsel de Chypre[9], une fille de Isaac Doukas Comnène, empereur usurpateur de Chypre (né vers 1155 - mort empoisonné en 1195). Il participa en tant que chef des croisés flamands à la quatrième croisade.
Sources et bibliographie
- René Grousset, Histoire des croisades et du royaume franc de Jérusalem, vol. II. 1131-1187, Perrin, Paris, coll. « L'équilibre », 1935 (réimpr. 2006)
- Edward Le Glay, Histoire des comtes de Flandre jusqu'à l'avènement de la Maison de Bourgogne, Comptoir des Imprimeurs-unis,Paris, MDCCCXLIII
- Henri Platelle et Denis Clauzel, Histoire des provinces françaises du Nord, 2. Des principautés à l'empire de Charles Quint (900-1519), Westhoek-Éditions Éditions des Beffrois, 1989 (ISBN 2-87789-004-X)
- Georges-Henri Dumont, Histoire de la Belgique, coll. « Histoire/le cri, Bruxelles », 1977 (ISBN 2-87106-182-3)
- Cécile et José Douxchamps, Nos dynastes médiévaux, José Douxchamps, coll. « Wepion-Namur », 1996 (ISBN 29600078-1-6)
- André Joseph Panckoucke, Abrégé chronologique de l'histoire de Flandre: contenant les ... [lire en ligne]
- Leopold August Warnkönig, Histoire de la Flandre et de ses institutions civiles et politiques, 1835 [lire en ligne]
- Louis Duval-Arnould, Les dernières années du comte lépreux Raoul de Vermandois et la dévolution de ses provinces à Philippe d'Alsace, 1984 [lire en ligne]
- Joseph Marie Bruno Constantin Kervyn de Lettenhove, Histoire de Flandre, 1847 [lire en ligne]
Notes et références
- Généalogie de Philippe d'Alsace sur le site Medieval Lands
- Les dernières années du comte lépreux Raoul de Vermandois... p. 82
- Histoire de la Flandre et de ses institutions civiles p. 203
- Histoire des croisades et du royaume franc de Jérusalem p. 603-611
- Histoire des croisades et du royaume franc de Jérusalem p. 612-616
- Abrégé chronologique de l'histoire de Flandre p. 110
- Abrégé chronologique de l'histoire de Flandre p. 111
- Thierry de Flandre, fils illégitinme de Philippe d'Alsace, sur le site de la Fondation pour la généalogie médiévale
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