Théories du complot

Théories du complot

Théorie du complot

L'Œil de la Providence figurant au sommet de la pyramide représente Dieu Grand Architecte de l'Univers sur le revers du Grand sceau des États-Unis d'Amérique et sur le billet de un dollar américain depuis 1935, symbole que certains considèrent comme preuve du complot mondialisteIlluminati”.

Une théorie du complot est une explication d’un événement, d’une succession d’évènements, voire de tout ou partie de l’histoire d’un pays ou du monde, reposant sur l’action dissimulée, coordonnée et malveillante d’un nombre restreint de personnes (le « complot »), alors que les études historiques proposent d'autres facteurs explicatifs.

La notion de complot implique en principe un ensemble de personnes se concertant pour renverser de façon illégitime une autre personne ou une institution au pouvoir. Ce n'est toutefois pas toujours le cas des théories dénoncés comme telles. Par exemple, on qualifie de théories du complot les thèses selon lesquelles des élites occultes endoctrinent la population et dirigent le monde.

Par leur recours à une intervention supposée cachée et donc invérifiable, les théories du complot entrent en général en conflit avec le principe logique dit du rasoir d'Occam : les scénarios avancés pour expliquer en quoi les événements analysés relèvent d'un complot étant généralement bien plus alambiqués que l'hypothèse officielle, cela explique qu'ils soient le plus souvent rejetés par le public, et fassent l'objet de polémique.

L’expression théorie du complot est d'ailleurs généralement utilisée de manière péjorative : le mot « théorie » prend ici le sens de « construction intellectuelle » (spéculation, hypothèse), par opposition à ce que serait une vérité scientifique étayée et démontrée. Les partisans d'une telle théorie n'emploient pas cette expression et parlent plus simplement de complot : complot jésuite, complot franc-maçon, complot américain, etc.

Sommaire

Histoire

Si les conspirations et les complots sont aussi anciens que la vie politique, la notion de théorie du complot, sous-entendu imaginaire, se serait développée pour la première fois dans l'opposition parlementaire à la Couronne britannique au XVIIe siècle. [réf. nécessaire]

Il s'agissait en l'occurrence de la corruption des parlementaires par la Couronne afin d'obtenir une majorité de soutien (apparition des partis politiques) au niveau du parlement (corruption rendue nécessaire par la systématisation de l'impeachment à l'encontre des ministres du roi appliquant sa politique). L'opposition parlementaire, menée par Bolingbroke, développera l'idée que ces parlementaires, au lieu de préserver les intérêts des sujets en préservant le principe de représentation, augmenteraient les impôts, car ils seraient payés par la Couronne qui pourrait ainsi mieux les payer.

Cette culture de l'opposition et de la théorie du complot s'est transmise aux États-Unis où les colons américains étaient convaincus que la Couronne britannique, mais également tous les Britanniques souhaitaient renverser leur pouvoir.

Selon l'historien et philosophe Marcel Gauchet, l'expression « théorie du complot » est apparue en France en réaction à la parution de l'œuvre de l'historien Augustin Cochin qui prétendait que la Révolution française était un coup d'État organisé à partir de « sociétés de pensée » qui avaient prévu et organisé leur prise de pouvoir et non un mouvement populaire spontané[1].

Dans L'obsession du complot, le journaliste Frédéric Charpier estime quant à lui que « la première théorie du complot » apparaît à Londres en 1798 sous la plume de l'abbé Augustin Barruel qui décrit la Révolution française comme une conspiration antichrétienne dans ses Mémoires pour servir à l'histoire du Jacobinisme. Selon Charpier, cette thèse contient l'essentiel des ingrédients des futurs récits conspirationnistes : une « idéologie réactionnaire », une « subjectivité camouflée dans une fausse objectivité », un « langage haineux », etc...[2]. La même théorie concernant la Révolution française est soutenue en 1797 également en Grande-Bretagne par John Robinson.

Les théories du complot du XIXe siècle prennent comme responsables récurrents la franc-maçonnerie, les juifs, les Illuminati ou les Jésuites.

Au XXe siècle les juifs les remplacent, avec l'exemple célèbre du protocole des Sages de Sion auquel se réfère explicitement Adolf Hitler dans Mein Kampf. Plus récemment, l'assassinat de John F. Kennedy en 1963, reconnu comme le fruit d'une conspiration par le Comité HSCA en 1979, a suscité un grand nombre d'élucubrations. Les attentats du 11 septembre 2001 ont de même généré un flot de contestation conspirationniste contre le gouvernement américain.

Les théories du complot font partie de la culture politique anglo-saxonne, et se retrouvent dans de grands succès populaires comme les X-files, le Da Vinci Code. Mais ces romans et fictions ont tendance à être souvent mal référencés, ou présentent des dates fausses ou des évènements approximatifs qui déroutent alors le lecteur qui aurait voulu suivre le fond des théories qu'ils pensaient découvrir et comprendre à son tour. Ainsi le Da Vinci Code a pu être critiqué pour l'ensemble des erreurs historiques qu'il laisse apparaître et a finalement laissé indifférentes les personnes intéressées par lesdites théories.

Un fait social

Au départ d'une théorie du complot, il y a une volonté d'explication, comme le souligne l'historien Raoul Girardet[3]. Cette utilité sociale en fait une variété du mythe : elle propose un cadre d'interprétation simple, non scientifique, fondé à la fois sur des préjugés et une certaine forme de bon sens populaire.

Quels que soient le contenu ou l'authenticité du complot évoqué, les théories du complot ont donc été étudiées scientifiquement et objectivement comme un fait social, sous l’angle de leurs différences (typologie) et des caractéristiques communes permettant de les définir.

Typologie

Par portée du complot

Certaines théories du complot portent sur un élément précis de l’Histoire, d’autres donnent une explication globale à l’Histoire du monde ou au monde actuel.

Une théorie du complot « totale », postule qu'une seule entité exercerait un complot universel, agissant comme un gouvernement mondial secret afin de piloter ou se répartir tout ou partie des pouvoirs à travers le monde (politique et armée, économie et finance, culture, médias, science, religion, etc.).

Selon Raoul Girardet[3], l'explication par le complot est d'autant plus convaincante qu'elle se veut totale et d'une exemplaire clarté : tous les faits, quel que soit l'ordre dont ils relèvent, se trouvent ramenés, par une logique apparemment inflexible, à une même et unique causalité, à la fois élémentaire et toute puissante. La théorie du complot établit une grille interprétative dans laquelle s'insère l'ensemble des événements du temps présent, y compris les plus déroutants et les plus angoissants. Par là même, l'inconnu, les questions sans réponse cèdent devant un système organisé d'évidences nouvelles. Le destin redevient intelligible ; une certaine forme de cohérence, tend à se rétablir dans le cours déconcertant des choses.

La sociologue Véronique Campion-Vincent (CNRS) distingue également la catégorie, apparue dans les années 1990-2000 dans des œuvres de fiction - la série X-Files (diffusée aux États-Unis de 1993 à 2002), puis le best-seller Da Vinci Code (publié en 2003) - des « mégacomplots » donnant une explication globale de l'Histoire ou du Monde, y compris sous ses dimensions métaphysiques[4].

Par nature du complot

Une autre forme de typologie peut être élaborée à partir de la nature du complot ou de ses auteurs. La sociologue Véronique Campion-Vincent (CNRS), spécialisée sur le sujet, distingue, en se basant sur le cas des États-Unis, complot d'une élite et complot anti-individuel[4][5].

Concernant le complot d'une élite, Véronique Campion-Vincent distingue aux États-Unis entre une théorie "de droite", qui avance que l'État fédéral, au service des noirs et des juifs, tente de prendre le contrôle de la nation blanche et chrétienne (héritage élargi de l'ancienne notion de Wasp), et une théorie "de gauche", qui estime que certaines organisations internationales pilotées par des grandes sociétés et de grandes fortunes tente d'imposer un « nouvel ordre mondial ». Dans cette famille de complot, parmi ceux à qui il fut imputé figurent la Commission Trilatérale, le groupe Bilderberg, l’Organisation mondiale du commerce, mais aussi, à plus petite échelle, le groupe Carlyle, les Skull and Bones, la Société du Mont-Pèlerin, etc.

Pour leur part, les complots anti-individuels viseraient au contrôle et à la répression discrète de l'individu, en particulier par le contrôle mental, par l'État et ses différentes agences, avec la complicité de la science.

Aboutissant en 2007 à une typologie proche de celle de Véronique Campion-Vincent, deux psychologues suisses ont, à la suite d'une enquête apparemment menée dans leur pays, mis en évidence "deux catégories partiellement différentes de théories du complot, celles accusant les autorités (théories du complot de type Système) et celles mettant en scène des minorités (théories du complot de type Minorités, par exemple juifs ou terroristes musulmans)."[6].

Contenu et argumentation

Les éléments communs aux théories du complots forment une base réduite :

  • l’existence d’un petit groupe,
  • décidé à influer sur les évènements, à en prendre le contrôle ou à les provoquer,
  • de façon secrète,
  • afin de prendre ou conserver un pouvoir politique, ou économique et financier, ou culturel, etc.

Les théories du complot se basent généralement sur des faits, qui servent d’indices à la construction d’une théorie dont les éléments d’ampleur, étant caché, sont par nature difficiles à prouver (cf aussi Danblon et Schreiber : la pensée par l’indice).

Les tenants d'une théorie du complot jugent que les faits s'enchaînent logiquement pour donner une explication rationnelle au monde. Face à leurs détracteurs, qui leur opposent l'argument du mythe ou de l'irrationalité, leur argumentation contemporaine fait souvent appel à une documentation très fournie, ouverte au public.

Historiquement, certaines théories du complot reposaient cependant sur des « documents secrets » issus de sources a priori crédibles quoique non vérifiables. Il s'agissait notamment des faux ou des documents authentiques interprétés de manière fantaisiste.

Les critiques estiment que toute théorie du complot se nourrit d'événements réels qu'elle insére dans une trame cohérente et auxquels elle donne sens, répondant par là aux besoins de compréhension des sociétés en crise en identifiant une causalité simple et unique à tous les maux et changements que l'individu ou les masses peuvent subir. La théorie du complot relève en cela du mythe explicatif capable de s'adapter aux groupes les plus divers (le juif devenant ainsi tour à tour le capitaliste ou le communiste). Aucune place n'est plus désormais laissée au hasard ou à l'accident : les masses ou l'individu sont placés au centre d'un immense réseau de malveillance organisée, la victime voit chacun de ses actes épié et une même main invisible prend en charge le destin et l'histoire. En cela, la théorie du complot dans sa cohérence et sa logique paranoïaque rejoint ici la cohérence et la logique du discours mythologique.

Pour les critiques, que les théories du complot soient bien argumentées importe peu puisqu'elles sont essentiellement fondées sur des préjugés qui suscitent aisément l'adhésion d'un public qui a l'impression que le pouvoir lui ment. Au contraire, elles sont d'autant plus effrayantes et utilisables par ceux qui la créent que le complot est « caché » et qu'aucun élément de preuve ne vienne les corroborer.

Modes de diffusion et développements

Les théories du complot peuvent apparaître de plusieurs manières :

  • soit spontanément par un réflexe de doute de la part du public face aux explications officielles données à un évènement.
  • soit par la publication d’articles et d’ouvrages remettant en cause les versions officielles au profit. Le cas d’école étant les « Mémoire pour servir à l'histoire du jacobinisme" de l'abbé Barruel (1797), qui voit dans la Révolution française une réalisation de la franc-maçonnerie.
  • il peut aussi s’agir de l’explication officielle donnée par un État ou une force en présence lors d’un conflit.

Les théories du complot se développent dans l’opinion lorsque celle-ci ne se trouve pas en situation de croire l’explication principale d’un évènement donnée notamment :

  • à la suite d’un évènement formant un choc moral important (pour la France, notamment la défaite de 1870 ou défaite de 1940),
  • dans des situations de conflit,
  • lorsque la confiance dans le gouvernement et les institution est très faible. Aux États-Unis, la défiance d’une partie de la population face à l’État fédéral alimente ainsi des théories du complot quant à divers secrets cachés par le gouvernement américain à sa propre population, d’évènements politiques (assassinat de Kennedy, attentats du 11 septembre 2001) à l’existence d’extra-terrestres (affaire de Roswell). La série télévisée X-files synthétise notamment ce courant de pensée.

Les théories du complot les plus puissantes ont la capacité de perdurer dans le temps tout en se renouvelant, voir en se combinant. Les « vieilles » théories du complot (complot juif ou communiste) ont ainsi été combinées ente elles et renouvelées avec la Révolution russe (le complot « judéo-bolchévique »), ou la puissance américaine (la Trilatérale et les Rockefeller).

Facteurs d'apparition et de développement

La sociologue Véronique Campion-Vincent distingue deux principales familles d'explications du développement des théories du complot, élaborées par les sciences humaines depuis les années 1960 :

  • Un courant d'explication, péjoratif pour les tenants de telles théories, repose sur la psychologie sociale et présente les théories du complot comme une pathologie mentale.
  • Un courant d'explication, moins défavorable, repose sur la sociologie et lie l'émergence de ces théories à la société "postmoderne".

Les explications psychologiques

L'explication des théories du complot par la psychologie sociale repose notamment sur les travaux de l'historien et politologue américain Richard Hofstadter (The Paranoid Style in American Politics and Other Essays, 1965) qui considère ces théories comme relevant d' « un style paranoïde » de la politique, les travaux du politologue français Raoul Girardet (Mythes et mythologies politiques, 1986) ou ceux des psychologues Carl F. Graumann et Serge Moscovici (Changing conceptions of conspiracy, New York-Berlin-Heidelbeg, Springer-Verlag, 1987), qui évoquent une "mentalité du complot".

La force persuasive des théories du complot reposent notamment sur les éléments suivants :

Les théories du complot fournissent une explication globale logique et rationnelle à des éléments apparemment disparates et pas liés entre eux, ce qui est intellectuellement satisfaisant. Ainsi, la théorie du complot « permet à l’individu de donner du sens à ce qui l’entoure, ce qui semblerait être une condition essentielle à son inscription dans le monde », selon la linguiste Emmanuelle Danblon et l’historien Jean-Philippe Schreiber, de l'Université Libre de Bruxelles[7].

Les théories du complot donnent accès à une vérité cachée, ce qui est également valorisant pour celui qui reçoit le message. Le philosophe français Robert Redeker parlait dans Le Monde (30 mars 2008) des « avantages narcissiques de la croyance dans cette théorie : son adepte s’épanouit dans le sentiment de détenir un secret d’une extrême importance. Il jouit d’en savoir plus que les plus grands savants! " [8].

Les théories du complot peuvent donner une explication à ses éventuels échecs ou insatisfactions personnelles. C’est, par exemple, l’explication classique donnée au parcours personnel de Adolf Hitler et le développement de sa haine des juifs.

D'autres chercheurs mettent en avant les sentiments de peur et l'irrationnel (ce qui peut contredire des conclusions citées plus haut). Une étude publiée en 2007 par deux psychologues suisses, Pascal Wagner-Egger et Adrian Bangerter, établit ainsi deux principaux types de théories du complot (TC) : celles accusant les autorités (TC de type Système) et celles mettant en scène des minorités (TC de type Minorités, p. ex. juifs ou terroristes musulmans). Les chercheurs concluent : « Finalement, nous avons pu montrer que la peur et la méfiance prédisent les deux types de TC, tandis que l'irrationalité prédit spécifiquement les TC Système. Le conservatisme politique prédit spécifiquement les TC Minorités »[9].

Dans certaines pathologies mentales dont la paranoïa et surtout sa forme dite délire d’interprétation de Sérieux et Capgras, le thème délirant du complot est toujours présent[réf. nécessaire]. Cependant, l'accusation de paranoïa a aussi été une stratégie de l'URSS pour discréditer ses opposants, dont Alexandre Soljenitsyne.

Les explications sociologiques

Plusieurs interprétations rentrent dans le cadre des explications "sociologiques", c'est-à-dire qui mettent prioritairement en avant les évolutions de la société pour expliquer l'apparition des théories du complot.

Pour un premier courant de pensée, c'est l'excès d'institution qui provoque le développement des théories du complot.

C'est par exemple le cas du professeur de littérature contemporaine Timothy Melley (Université de Miami), spécialiste de la culture populaire, qui voit dans ces théories l'expression d'une crise de l'individu et de son autonomie, ainsi que de son angoisse face au pouvoir croissant, technocratique et bureaucratique, des administrations. Timothy Melley parle d'une agency panic (Empire of Conspiracy: The Culture of Paranoia in Postwar America, Ithaca, Cornell University Press, 2000). Il considère au total la théorie du complot comme un élément essentiel de la culture populaire américaine de l'après-1945[10][11].

Pour un autre courant de pensée, les théories du complot naissent de la disparition, dans les sociétés post-modernes, des institutions structurantes (sociales et intellectuelles) qui existaient auparavant.

Ainsi, en ce qui concerne les institutions sociales, pour le juriste américain Mark Fenster (université de Floride), le développement des théories du complot est le fruit du déclin de la société civile traditionnelle (l'encadrement par les corps intermédiaires classiques, les syndicats, les mouvements politiques...) qui laisse désemparés les groupes les plus fragiles, notamment afro-américains et "petits blancs". Ces théories, qui reflètent les insuffisances des institutions et la demande de plus de transparence de la part des citoyens, font donc partie intégrante du système politique démocratique et ne sont pas du tout des phénomènes marginaux (Conspiracy theories, 2008)[12]

Insistant plus sur la déstructuration culturelle, le sociologue français Jean-Bruno Renard (université Montpellier III) voit également dans la déstructuration sociale et culturelle des sociétés postmodernes le terreau de développement des théories du complot. Les causes en sont pour lui le relativisme cognitif (Raymond Boudon), la fragmentation en sous-cultures, la dévalorisation des "canaux officiels de communication" (politiques et médias), ou la confusion accrue entre l'image et le réel (Les rumeurs négatrices, 2005)[13].

(..)

Sociologie des "théoriciens du complot"

Les chercheurs en sciences sociales[Qui ?] (voir Analyse du conspirationnisme) qualifient couramment de théories du complot les diverses expressions de la « manipulation des masses » par un groupe de pouvoir secret. Ce groupe secret serait typiquement minoritaire, élitiste et/ou sectaire et utiliserait des moyens politiques, financiers, militaires, psychologiques et/ou scientifiques. Cela implique que cette élite possède des grilles d'analyse pertinentes et fiables, mais cachées. À partir de cette analyse, l'élite pourrait développer une action occulte, mais surtout efficace permettant de parvenir à ses objectifs lentement mais sûrement. Ce sont ces hommes « qui savent l'histoire qu'ils font »[1]. De fait, les personnes qui susciteraient les théories du complot sont souvent minoritaires et mal connues du grand public, que ce soit à cause de leur goût du secret, de l'entre-soi, ou du risque d'être attaqué en société pour avoir avancé une idée non politiquement correcte, car officiellement inavouable si la théorie était avérée.

Enjeux

L’usage des théories du complot et l’usage du terme relèvent de forts enjeux politiques, économiques et culturels.

L’usage de la théorie du complot

Les chercheurs en sciences sociales considèrent majoritairement les théories des complots comme étant des constructions imaginaires.

Analyse de Karl Popper

Le philosophe Karl Popper développe une analyse de la théorie du complot dans le second volume de La Société ouverte et ses ennemis. Dans le chapitre 14, il écrit que la théorie du complot est à la base de l'historicisme[14] et, partant, des totalitarismes fasciste, nazi et communiste. Pour lui, « l'historicisme [..] est un dérivé de la théorie du complot »[15].

Karl Popper insiste également sur le fait que les complots existent mais sont à peu près toujours des échecs et que, ainsi, « les conspirateurs profitent très rarement de leur conspiration »[15]. Il utilise l'expression de « théorie conspirationniste de la société » pour caractériser les idéologies de Karl Marx ou d'Adolf Hitler : l'origine intellectuelle en est la même, un recours à l'historicisme pour proposer un système explicatif du monde : lutte des classes ou complot juif.

Pour Popper, recourir à la théorie du complot pour comprendre le monde est une erreur : cela revient à affirmer que tous les évènements sont la résultante d'actions délibérées, effectuées par des personnes qui auraient des intérêts communs et non-contradictoires à ces résultats, et qu'il leur est possible de prévoir avec certitude les conséquences futures d'actions données. Or, pour Popper, rien n'est plus contestable que ce présupposé de départ sur lequel est bâtie toute théorie du complot : il écrit ainsi qu'il est très rare que des actions provoquent exactement le résultat souhaité ou prévu, il y a toujours des effets secondaires imprévus. Popper donne l'exemple d'une personne voulant acheter une maison. Son intérêt est que son prix soit le plus bas possible. Mais du seul fait que cette personne se déclare comme acheteuse, cela fait monter les prix du fait d'un nouveau demandeur sur le marché, ce qui va manifestement à l'encontre de son intérêt. Là est un exemple typique de conséquences néfastes involontaires et inévitables d'une action. Pour le dire avec les mots de Popper[16] :

« Nous voyons ici clairement que les conséquences de nos actes ne sont pas toutes prévisibles; par conséquent la vision conspirationniste de la société ne peut pas être vraie car elle revient à supposer que tous les résultats, même ceux qui pourraient sembler spontanés à première vue, sont le résultat voulu des actions d'une personne intéressée à ces résultats »

— Karl Popper, La Société ouverte et ses ennemis, chapitre 14

Arendt : une réponse au besoin de cohérence des foules

Cette vision de la théorie du complot comme base du totalitarisme est reprise par la philosophe américaine Hannah Arendt dans Le système totalitaire, troisième partie de son ouvrage Les origines du totalitarisme, publié pour la première fois en 1951. Le recours à l'explication des évènements par un hypothétique complot permet de donner une cohérence au monde et de rassurer les foules. Arendt écrit ainsi que ces théories répondent à un besoin des foules, qui « ne font confiance ni à leurs yeux ni à leurs oreilles, mais à leur seule imagination, qui se laissent séduire par tout ce qui est à la fois universel et cohérent en soi-même »[17]. Et d'ajouter que « la fuite des masses devant la réalité est une condamnation du monde dans lequel elles sont contraintes de vivre et ne peuvent subsister, puisque la contingence en est devenue la loi suprême et que les être humains ont besoin de transformer constamment les conditions chaotiques et accidentelles en un schéma d'une relative cohérence »[18].

Taguieff : un besoin de réenchantement du monde

Pierre-André Taguieff, philosophe, politologue et historien des idées français, a écrit plusieurs ouvrages sur le conspirationnisme : Les Protocoles des Sages de Sion : faux et usage d'un faux (nouvelle éd. refondue, 2004) ; Prêcheurs de haine. Traversée de la judéophobie planétaire (2004) ; La Foire aux « Illuminés ». Ésotérisme, théorie du complot, extrémisme (2005) ; et L'Imaginaire du complot mondial. Aspects d'un mythe moderne (2006), qui offre une synthèse des précédents[19]. Il s'intéresse en particulier aux développements récents de l'histoire du complotisme et de ses manifestations ésotéristes, antimaçonniques et antisémites. Très médiatisées sur internet, dans certains jeux ou films[Quoi ?], elles répondent selon Taguieff à un besoin de « réenchantement du monde », selon l'expression de Peter Berger, et participent d'une reconfiguration des croyances et d'une sublimation du religieux sous une forme sécularisée. Pierre-André Taguieff a identifié quatre grands principes qui structurent les croyances conspirationnistes :

  • Rien n'arrive par accident ;
  • Tout ce qui arrive est le résultat d'intentions ou de volontés cachées ;
  • Rien n'est tel qu'il parait être ;
  • Tout est lié, mais de façon occulte[20].

Usage de l'expression « théorie du complot »

L’usage de l’expression « théorie du complot » répond parfois à des impératifs idéologiques ou politiques. Lorsque Noam Chomsky a élaboré son modèle de propagande à propos du fonctionnement des médias, il a été accusé par des contradicteurs de « théorie de la conspiration ». Lui-même s'en défend et ne prétend que produire une simple « analyse institutionnelle » et avance : « à mon avis, "théorie de la conspiration" est devenu l'équivalent intellectuel d'un mot de cinq lettres. C'est quelque chose que les gens disent quand ils ne veulent pas que vous réfléchissiez à ce qui se passe vraiment »[21].

Ceux qui emploient cette expression accusent les partisans de telles théories de falsification de l’histoire et de la vérité, de manipulation des foules, de recherche de boucs émissaires, etc.

Un usage polémique

La notion de théorie du complot fait l'objet d'un débat sophistique :

L'utilisation de la théorie du complot peut se rapprocher de la méthode hypercritique : toute contre-argumentation peut sembler faire partie du complot, la personne argumentant étant considérée comme manipulée, voire faisant partie du « complot ». On peut aussi assister à un renversement de la charge de la preuve : c'est au tenant de l'explication rationnelle de montrer qu'il n'y a pas eu complot, et les arguments qu'il profère peuvent passer pour des manipulations supplémentaires. La théorie du complot se justifie ainsi par elle-même et n'a en cela rien de « scientifique ».

Des auteurs, avancent que la conspiration et le complot sont inhérents à la politique et à l'économie dès lors que des richesses et du pouvoir sont en jeux dans un cadre d'ambitions opposées. Par ailleurs, les études sur la notion d'émergence dans un milieu chaotique suggèrent que tout pourrait se passer comme s'il y avait complot sans que personne n'en tire forcément les ficelles de façon consciente[22].

Webster Tarpley: un instrument pour disqualifier ses adversaires

La qualification de théorie du complot permet de discréditer une argumentation, en l'assimilant à un trouble mental, la paranoïa. L'accusation de théorie du complot pourrait donc servir à discréditer ceux qui dénoncent un véritable complot. L'universitaire américain Webster G. Tarpley, qui considère que les attentats du 11 septembre 2001 ont été organisés par une faction au sein de l'administration et des services de renseignement américains[23], remet en cause la notion de "théorie du complot" dont il est souvent accusé:

« Étant l'une des formes primordiales de l'action politique, le complot est aussi vieux que l'histoire de l'humanité. Machiavel en parle dans un long chapitre de ses Discours; il entend par là la conspiration visant à tuer le dirigeant pour prendre sa place, comme la conspiration des Pazzi contre les Médicis dans les années 1480. La conspiration est aussi un concept en vigueur dans le droit coutumier anglo-saxon.

L'utilisation de la théorie du complot comme expression d'opprobre est relativement récente.Elle date de la publication du travail de Richard Hofstadter de l'Université de Columbia. (...) Le style paranoïaque dans la politique américaine (1964).(...) Toute personne que Hofstadter soupçonne de voir une conspiration quelconque est ipso facto un paranoïaque. C'est oublier la référence nécessaire à la réalité: existe-t-il une conspiration oui ou non? Les avocats étatsuniens prouvent depuis longtemps l'existence de conspirations aux jurés, et pourtant ils échappent généralement à l'accusation de paranoïa.

Il est impossible de rédiger un écrit d'histoire politique sans admettre, de temps à autre, la possiblité d'accords confidentiels portant sur des actions concertées et déployant leurs effets à l'avenir. (...) quiconque exclut a priori tout complot risque de ne pas comprendre grand-chose à ce qui se passe. On en déduit que la phobie envers la supposée théorie du complot dans nombre de milieux universitaires post-modernes est en réalité un écran de fumée camouflant leur répugnance pour la pensée politique en soi.(...)

"Théoricien du complot", terme fourre-tout servant d'argument ad hominem pour nier l'irrefutable, remonte donc aux années qui ont suivi l'assassinat de Kennedy, quand le public était prié d'accepter que c'était à cause de la politique du gouvernement étasunien que ce grand crime (ainsi que les assassinats postérieurs de Martin Luther King et Robert Kennedy en 1968) resterait toujours sans solution et que ceux qui n'étaient pas d'accord devaient être voués aux gémonies[24] ».

Conséquences en matière d'analyse

La certitude de l'existence d'un complot implique l'analyse de toute information et de tout fait au travers du prisme de cette théorie du complot. Ainsi, la certitude qu'il existe un complot contre ceci ou cela, amène la certitude que si ceci ou cela complote, alors il s'agit des conséquences du complot contre eux (propagande ou réaction). Par conséquent, l'évocation d'un complot est aussi le rétrécissement de l'univers d'analyse d'un fait, puisqu'il n'est mis en relation qu'avec d'autres faits issus de la théorie.

Exemples

Complot des lépreux

Au XIVe siècle, dans certaines villes en Europe, se développe l'idée d'un complot des lépreux, qui vont être persécutés et isolés dans certaines villes en France. On leur reproche de chercher à prendre le pouvoir et d'empoisonner l'eau. Ces accusations vont s'étendre aux juifs, qui auraient passé une entente avec les lépreux et le souverain musulman du royaume de Grenade. Ces peurs finiront par atteindre les présumés sorciers et sorcières aux quinzième et seizième siècle [25].

Complots de la Révolution française

La période de la Révolution française a été propice aux théories du complot, de tout bord : de nombreux groupes ont été accusés de comploter contre elle, comme les girondins, les modérantistes, les Vendéens, les Autrichiens, les fédéralistes, etc.

A l'inverse, la révolution a été dénoncée comme complot de clubs de Franc-Maçons tels les Jacobins. Dès 1797 Augustin Barruel développe l'idée que la genèse et la conduite de la Révolution française étaient essentiellement attribuables aux agissement des membres des clubs issus de la Franc-maçonnerie comme les Amis de la Constitution. Il avait publié, dans quatre volumes de Mémoires pour servir à l'histoire du Jacobinisme, un ensemble de documents tendant à montrer que la Révolution française résulterait d'une conspiration contre l'Église et la royauté organisée dans des clubs, des loges et des régiments de la guerre d'Amérique, par des philosophes athées, des financiers et des négociants que l'on retrouve autour du Club des Jacobins ou du Club Massiac. Ainsi, ce ne serait pas le peuple français qui aurait pris le pouvoir par la violence, mais une petite élite urbaine qui en aurait chassé une autre pour instaurer un nouveau pouvoir émancipé de la royauté et de la religion. D'autres encore voyaient la révolution comme complot de l'Angleterre, de la Prusse.

Complot juif

Caricature conspirationniste antisémite représentant le banquier juif Rothschild tenant le monde entre ses mains, 1898.
Article détaillé : Théorie du complot juif.

À la fin du XIXe siècle, l'idée d'un « complot juif » s'est rapidement développée en Europe. L’origine de ce récit se confond avec l’un des chapitres d’un roman, publié à Berlin en 1868, sous le titre de Biarritz et signé du pseudonyme de Sir John Retcliffe (un fonctionnaire du nom de Hermann Goedesche, qui avait été révoqué des services de poste Prussienne). L’auteur décrit alors dans une œuvre de fiction une réunion de rabbins, issus des douze Tribus d’Israël, qui prennent tour à tour la parole dans le vieux cimetière juif de Prague. Ils annoncent alors un plan méthodique, rigoureusement articulé, de domination et de contrôle du monde.

Suivent alors plusieurs publications en Europe orientale où, peu à peu, le roman se déforme, isolé de son contexte romanesque, il perd son caractère de fiction, pour atteindre la France en 1880 sous la forme d'une histoire vraie. Dans le numéro du Contemporain de juillet 1881 par exemple, la scène du cimetière juif passe pour être véridique, connue grâce au témoignage d’un authentique diplomate britannique Sir Jonh Readclif (le nom a déjà été légèrement déformé).

En 1896 dans l’ouvrage de François Bournaud, Les juifs nos contemporains, les propos des douze rabbins sont fondus en un seul monologue sous l’appellation « le discours du rabbin ». La diffusion va alors être sans cesse élargie. Il faut cependant attendre 1933, dans l’édition suédoise et dans l’introduction qui la précède, pour voir enfin annoncer la mort de Sir John (le nom a encore été modifié) mystérieusement assassiné comme il se doit[3].

Dès 1898 les Jésuites dans la revue La Civiltà Cattolica dénoncent le congrès comme étant un « complot sioniste mondial ». Dans la foulée, un agent tsariste de l’Okhrana (la police secrète du Tsar), Nilus, lance la première version antisioniste des « Protocoles »

Après la Première Guerre mondiale les Protocoles des Sages de Sion gagnent en succès : ils expliquent en substance la première guerre mondiale et la révolution Bolchévique d'octobre – les tenants du complot fantasment volontiers sur la coïncidence des dates entre la Déclaration Balfour (2 novembre 1917) et celle de la révolution d’octobre (7 novembre 1917.) Les Protocoles se modifient et passent alors pour être les « séances secrètes du 1er Congrès sioniste ». Ainsi, en 1924 l’éditeur allemand Theodor Fritsch peut publier les « Protocoles sionistes ».

Les effets se font sentir rapidement, dans un contexte où les foules avides cherchent des explications à des phénomènes qui semblent les dépasser. Ce thème est ravivé en France lors de l'Affaire Dreyfus. De même, la révolution soviétique de 1917 et la crise économique mondiale en 1929, trouvent pour certains une explication toute faite dans le complot juif mondial. Cette théorie alimente la haine contre le peuple juif et facilite l'engagement de la population dans un deuxième conflit, après la « Der des Der » (voir protocole des sages de Sion). Le parti national-socialiste allemand a abondamment usé de ce postulat du complot juif.

Complot sioniste

Le « complot sioniste » est l’avatar moderne du « complot juif mondial » visant à la domination du monde. Ses racines reprennent, selon des penseurs comme Pierre André Taguieff ou Jacques Tarnero, les mêmes poncifs antisémites mais se confondent avec la naissance du sionisme comme mouvement structuré à partir du 1er congrès sioniste de Bâle (août 1897) par Théodore Herzl.

Pour une autre partie considérant un « complot sioniste », les juifs seraient à l'inverse les victimes précarisées (martyrisées) puis manipulées par un cercle d'individus puissants se manifestant autour de la famille Bush[réf. insuffisante][26] et en lien avec le sionisme chrétien. Ses partisans réfutent[Qui ?] expressément les qualificatifs antisémites, ainsi que toute animosité à l'égard de la religion juive, à l'instar de Guillaume Weill-Raynal qui attaque vigoureusement les "amalgames" de Pierre André Taguieff[27]. La théorie s'appuie dans un premier temps sur la réalité de l'implication fondamentale de personnalités comme Prescott Bush et George Walker [28] dans l'armement illégal de l'Allemagne nazie ainsi que la présence de leurs entreprises sur Auschwitz [29]. Et dans un second temps sur un lien entre le sionisme chrétien et le "lobby G. Bush"[30] qui en retirerait de puissants intérêts (direction de l'armement israélien, politique extérieur au Moyen-Orient, rôle du peuple juif dans l'eschatologie évoquée par le sionisme chrétien, discours relevant du millénarisme et de la conversion finale des juifs). Ainsi le sionisme, perçu comme conditionné, provoqué et finalement dirigé par des non-juifs, porterait un projet malveillant à l'égard des juifs, depuis l'holocauste jusqu'aux guerres en Irak.

Après, le programme d'extermination hitlérien, tout discours antisémite semble impossible. C’est donc de l’attaque anti-israélienne, plus acceptable, que va renaître ce thème du complot : dans un premier temps, le sionisme et Israël passent pour une création artificielle de l'Occident liée à sa « culpabilité » et à sa « mauvaise conscience »[réf. souhaitée] tout en niant la réalité historique de la présence juive en Palestine et les liens affectifs qui unissent les juifs à cette terre, ou bien, de manière plus acceptable, en revendiquant un attachement cultuel et culturel tout aussi important pour les musulmans et les chrétiens face à ce qu'ils dénoncent comme "l'exclusivité israélienne" rompant avec l'équilibre des communautés en Terre Sainte de la seconde moitié du 19e siècle. C'est le cas du tout premier négationniste français Paul Rassinier au parcours et aux positions troubles (Le drame des Juifs européens 1964) et de son éditeur Maurice Bardèche.

Puis, secondement, dans un contexte de décolonisation et d’anti-impérialisme, Israël va progressivement être identifiée par certains militants radicaux au colonialisme (à partir de 1956) puis au racisme (à partir de 1975, s'appuyant sur les condamnations d'Israël par l’ONU) et ce d’abord dans les milieux d’extrême gauche (67-75) puis dans les milieux d'extrême droite.

Le vocable « sioniste » devient progressivement une injure du même type que le mot « fasciste » et les stéréotypes antisémites, parfois sous-jacents, sont admis par l'essentiel de la couche intellectuelle [31]

Une poignée de militants anti-impérialistes et anti-colonialistes radicaux comme Serge Thion, écrivain et éditeur, ou encore Israël Shamir[5], "héros de militants pro-palestiniens et des « antisionistes »", vont alors établir deux postulats :

  • Le premier consiste à dire que tout juif = sioniste (valorisé par le fait que le sionisme chrétien ainsi que les sionistes radicaux et d'extrême droite le revendiquent effectivement dans leur idéologie et leur stratégie[32]) ; donc une essence raciste du sionisme et du juif. Deux journalistes de Marianne décrivent et racontent ce qu’elles ont vu et entendu lors de l'exposition provisoire de l’Union générale des Étudiants tunisiens (UGET) organisée du 25 au 27 mars 2003, dans le hall d’entrée de l’université Paris VIII (Seine-SaintDenis), pour la célébration de la nationale-palestinienne « journée de la Terre » (30 mars) « Des corps mutilés, des crânes explosés, et des explications “historiques ” sur la naissance de l’État d’Israël, construit sur les ruines des villes palestiniennes. Des pancartes résument: “sionisme =impérialisme = fascisme ”. [...] Un étudiant juif tente — en vain — d’expliquer la définition du sionisme à un public plus que réfractaire. Le ton est donné. Pendant ce temps, un “étudiant” (d’une bonne quarantaine d’années) crie dans un micro: “Tout le monde sait qu’Israël est derrière la guerre en Irak.” L’auditoire applaudit. Les propos sont sans appel: “Sionistes et Juifs, ça revient au même.” [33]
  • Le deuxième que la légitimité d’Israël réside entièrement et exclusivement dans la Shoah. Ainsi, pour Robert Faurisson dans ses conclusions négationnistes "Les prétendues « chambres à gaz » et le prétendu « génocide » sont un seul et même mensonge. [...] Ce mensonge, qui est d'origine essentiellement sioniste, a permis une gigantesque escroquerie politico-financière dont l'État d'Israël est le principal bénéficiaire. [...] 5. Les principales victimes de ce mensonge et de cette escroquerie sont le peuple allemand et le peuple palestinien. -- 6. La force colossale des moyens d'information officiels a, jusqu'ici, assuré le succès du mensonge et censuré la liberté d'expression de ceux qui dénonçaient ce mensonge". Selon lui, la Shoah – et ce, faisant fi de toutes les preuves et témoignages accumulés – ne serait qu’un mensonge du « complot sioniste » pour créer Israël et en faire payer le coût aux Allemands. Il est suivi par d’autres personnes comme Roger Garaudy, qui ravivent ainsi les formes les plus éculées de l’antisémitisme et le thème du "complot juif mondial ". Toujours les mêmes ressorts : explication globale du monde par un complot aux axiomes antisémites (ici celui du juif perfide et vénal qui complote)[34]. Cette théorie négationniste entre donc en contradiction fondamentale (comme un pare-feux pour les coupables) avec la théorie de l'implication des Bush dans la Shoah, théorie qui ne nie pour sa part aucunement l'Holocauste mais qui cherche au contraire à en révéler les responsables et les organisateurs. C'est le cas de Kurt Julius Goldstein et Peter Gingold deux anciens déportés ayant entrepris en 2001 un procès contre les Bush en ce sens mais qui fut invalidé par la Juge Rosemary Collier sous le principe de "souveraineté d’Etat". Le négationnisme apparait alors comme un outil paradoxal propre au « complot sioniste » afin de dissimuler, éloigner du raisonnement, les responsabilités concernant l'holocauste au sein même de la pensée anti-sioniste (Ahmadinejad, par exemple, ne ferait alors que protéger les Bush de tout soupçon ou suspicion populaire en niant expressément la Shoah! La sophistication de la théorie du complot est alors à son comble).

Mais pour délégitimer Israël, il faut abattre la Shoah (Taguieff)[35]. Cette assertion lourdement martelée et imposant les accusations et préjugés antisémites, laisse finalement très peu de place à l'expression alternative et à l'évocation, dans un contexte plus global et sans négationnisme, de l'État d'Israël et de sa critique. Ce paradoxe basé sur l'amalgame dénoncé par Guillaume Weill-Raynal est vécu lui aussi comme faisant parti de la manipulation sioniste de la critique d'Israël et du sionisme qui est ainsi empêchée et disqualifiée (ou même diffamée).

Le négationniste français Robert Faurisson s’inscrit cependant dans cette logique et formule un nouveau développement au « complot sioniste ».

Les tenants de la théorie du complot[Qui ?] seront donc rejoints dans leur combat, notamment depuis les attentats du 11 septembre 2001, par des militants d’extrême droite qui vont alors, parfois sur les bases de poncifs antisémites, en tout cas de dynamique du complot, découvrir le négationnisme avec notamment des livres techniques s'appuyant sur des recensements officiels qui y sont interprétés, comme celui du professeur sociologue et démographe Frank H. Hankins[6] (pour des raisons d’ailleurs opposées et paradoxales : les premiers pour "prévenir" Israël de son illégitimité et éviter sa "radicalisation" dans le conflit, les seconds pour revaloriser le nazisme et donner cours à leur antisémitisme). Le doute insinué sur un gonflement important du nombre officiel des victimes de la Shoah, dont parle même Mahmoud Ahmadinejad, conforte ainsi l'idée d'une manipulation sioniste propre à imposer sa légitimité et finalement ses pouvoirs qualifiés "d'unilatéraux" qui en découleraient. On notera que la théorie du « complot sioniste » tient à la fois les cercles mondialistes (nouvel ordre mondial) comme aillant fomenté et profité du nazisme et comme ayant gonflé au besoin le chiffre de ses victimes pour faire émerger le sionisme dont ils auraient posé les bases utiles.

Ils interprètent alors tous les évènements récents en fonction d’un plan de domination mondiale des sionistes inclus dans une hiérarchie plus secrète et liée à la Franc-maçonnerie, aux Skull and Bones ou même aux jésuites (guerres en Irak, mondialisation, hégémonie américaine, édification et tenue des 2 blocs de la guerre froide par le système bancaire, nouvel ordre mondial, Codex Alimentarius, etc.[7]). Ils dressent un portrait de l'ennemi : l’axe « américano-sioniste » et ses nombreux relais "sionistes" dans les médias et les radios. Dans les cas les plus extrêmes, certains identifient et listent les juifs présents dans l'entourage du président Bush ou exhibent naïvement des fausses citations de Sharon se vantant de contrôler le gouvernement des USA ("nous, le peuple juif, contrôlons l’Amérique, et les Américains le savent.") qui n'a jamais eu d'existence autre que dans une publication d'extrême droite [8].

Leur rhétorique reposerait ainsi en grande partie, selon l'analyse de Pierre André Taguieff contredit par Guillaume Weill-Raynal pour ses amalgames et aspects réducteurs, sur des poncifs antisémites : juifs cosmopolites, s’insinuant dans les milieux d’affaires ou politiques (pour Faurisson et ses disciples la loi Gayssot aurait été voulue par le "lobby sioniste" [9]) et complotant pour la domination du monde.[36] Ainsi, Garaudy peut-il déclarer : « Le Premier ministre d’Israël a beaucoup plus d’influence sur la politique étrangère des États-Unis au Proche-Orient que dans son propre pays. »[37]

Complots bolchéviques

A l'époque de la décolonisation, certains ont développé que les guerres d'indépendance, comme celle de l'Algérie ou d'Indochine, ne seraient pas le fait des masses populaires, mais de factions d'opposition armées et financées par le Parti Communiste Soviétique ou d'autres pays étrangers pour s'approprier les ressources naturelles du pays.

Complots antibolchéviques

L'URSS a également eu recours à la théorie du complot, invoquant des complots des Mencheviks, des socialistes-révolutionnaires, des anarchistes ou de députés de l'ex-Constituante. Plus tard suivront la théorie du complot des Trotskystes qui aboutira à l'assassinat de Trotsky, le complot de sabotage des Koulaks ukrainiens pour expliquer la famine ukrainienne ou le complot des Jdanovistes, dit aussi Complot des blouses blanches, visant des médecins juifs. Dans les années 1930, d'autres « complots » virtuels furent dénoncés et punis avec les Grandes Purges.

Inversement, la révolution bolchévique a pu également être dénoncée comme un complot, mené en particulier par le « judéo-bolchévisme ».

Complots franc-maçons

Article détaillé : Théories du complot maçonnique.

Les francs-maçons sont souvent la cible de théories du complot, accusés qu'ils sont d'être une force agissant dans l'ombre. L'Affaire des fiches en 1904 – fichage secret et ségrégation politique et religieuse réalisés par l'organisation maçonnique Grand Orient de France contre les officiers catholiques – a ravivé l'imagination. En Turquie, La Révolution Kémaliste serait due à un complot de la loge de Salonique Union et Progrès qui a créé le parti Jeunes-Turcs[réf. nécessaire]. La propagande de Vichy attribue la défaite de la France en 1940 à l'influence pacifiste de la Franc-Maçonnerie sur les gouvernements du Front Populaire[réf. nécessaire].

Complots de l'Église catholique

L'idée même se répand chez les théoriciens du complot que le Vatican serait un pouvoir politique depuis son origine (premier concile de Nicée à l'initiative d'un empereur romain) et que Jésus n'aurait jamais souhaité être un chef religieux ni fonder de nouvelle religion, qu'il aurait été victime d'un complot politique, que son enseignement aurait été maltraité et expurgé de sa dimension essentielle pour servir à des fins politiques et maintenir les individus dans l'ignorance de leurs ressources intérieures et spirituelles, qu'un Évangile selon Jésus aurait été détruit pour cette raison.

On voit alors cet évangile inconnu "réapparaitre" ou surgir à travers le mouvement New Age et la théosophie, par voie de channeling ou de communication ésotérique, c'est-à-dire par des modes non vérifiables et à croire sur parole, dans un évangile principal et caractéristique de ce mouvement : L'Évangile du Verseau. Sa diffusion est discrète mais elle ne cessera d'influencer les mouvements antireligieux ou même "sectaires" du Nouvel Age ainsi qu'une constellation de romans "conspirationistes" comme le Da Vinci Code.

Le Popish Plot ou Complot papiste de 1678 - terrible machination organisée en secret pour accuser les catholiques d'une conspiration contre la monarchie anglaise - qui déclencha de terribles persécutions, la promulgation de lois répressives, et des remaniements diplomatiques.

L'Opus Dei serait une société secrète et financière qui contrôle les États. Le roman Da Vinci Code reprend cette prétendue hypothèse.

De nombreux ordres religieux ont été la cible de théories du complot à travers l'histoire, comme les Templiers[38].

Plus tard, les Jésuites ont été également régulièrement visés dans de nombreux pays : au Portugal et en Espagne, en Chine et au Japon, en Pologne et en Allemagne. Dès le début du XVIIe siècle siècle, le faux Monita secreta les montre complotant pour conquérir l'influence politique et économique. En France, les Jésuites complotent contre l'Université de Paris, entraînant la première interdiction de l'ordre. Ils sont ensuite visés par la théorie du complot politique des jansénistes, ce qui déclenche une deuxième interdiction. Au XIXe siècle, les Jésuites sont désignés comme l'Ordre noir par Jules Michelet, et Edgar Quinet qui attribuent, dans leur livre les Jésuites, la Restauration et la Monarchie de juillet à un complot des jésuites. Les romans d'Eugène Sue (notamment le Juif errant publié, sous forme de roman feuilleton, dans le contexte difficile de la révolution de 1848) se sont largement fait l'écho de ces croyances. Les Jésuites sont interdits et bannis une troisième fois.

Complot des « 200 familles »

La théorie du complot a trouvé également un regain d'audience en France dans les années 1930, les deux cents familles qui correspondent aux deux cents plus gros actionnaires de la Banque de France devenant pour certains l'objet de théories du complot[39][réf. insuffisante].

Complots mondialistes

A travers l'histoire, d'autres groupes plus ou moins secrets ont également été accusés de vouloir dominer secrètement le monde, comme les Illuminati de Bavière, le Groupe de Bilderberg ou la Commission Trilatérale[réf. souhaitée].

Complots américains

Les États-Unis sont au cœur de nombreuses théories du complot. La question de l'intervention des multinationales américaines ou de la CIA dans les coups d'État de la seconde moitié du XXe siècle en Amérique latine (Chili, Bolivie, Panamá) est controversée. Leur intervention est parfois historiquement documentée (voir l'opération PBSUCCESS par exemple) alors que dans certains cas seuls des soupçons alimentent l'idée d'un complot. L'assassinat de John F. Kennedy n'a jamais cessé de susciter diverses théories qui accusent les services secrets américains. L'assassinat de John F. Kennedy qui est par exemple présenté au grand public dans le film JFK d'Oliver Stone comme une sorte de coup d'État camouflé.

Les attentats du 11 septembre 2001 sont actuellement la théorie du complot la plus prospère selon le journal britannique The Economist[40]. On retrouve par exemple la mise en cause des services secrets américains pour réfuter l'implication des seuls pirates de l'air dans les attentats, résultant d'un complot intérieur aux États-Unis[41].

Pour Nicole Bacharan, politologue et historienne spécialiste des États-Unis, les services secrets américains sont au fondement de toute théorie du complot, avec un souhait de contrôler secrètement le monde. Ainsi, Bacharan de déclarer : « Dans les théories du complot, il faut poser une fois pour toute que l'Amérique a toujours tort et qu'elle a toujours de mauvaises intentions »[42].

L'accusation de canular du programme Apollo entre également, selon de nombreux commentateurs, dans le cadre d'une théorie du complot[43].

Complots russes

Histoire : complots avérés

L'histoire présente le cas de complots avérés comme l'incident de Gleiwitz organisé par les Nazi pour déclarer la guerre à la Pologne ou encore l'Opération Ajax qui provoqua la chute de Mossadegh en Iran.

Les théories du complot dans la fiction

  • Le film Complots avec Mel Gibson, un chauffeur de taxi paranoïaque découvre qu'une de ses théories de complot est vraie.
  • Les films : Arlington Road, The Parallax View, The Conversation, A Beautiful Mind, JFK, Nixon, I comme Icare, Ennemi d'État, etc.
  • Le film Invasion Los Angeles de John Carpenter, des extra-terrestres ont la ville et les États-Unis sous contrôle, en revêtant une forme extérieure humaine et s'accaparant tous les postes de l'élite politique.
  • Les films Matrix réalisés par les Frères Wachowski pour une exemple de complot mondial impliquant le « monde des Machines »
  • La série télévisée X-Files pour un exemple d'un complot mondial impliquant des phénomènes extra-terrestres.
  • La série télévisée Le Caméléon (The Pretender) pour un exemple d'un complot mondial mettant en scène une organisation plus ou moins scientifique (Le Centre) ayant emprise sur le monde entier.
  • La série télévisée Prison Break.
  • La série télévisée Jericho.
  • Les séries de jeux vidéo Deus Ex, Half-Life et Metal Gear dont leurs scénarios et leurs univers s'intéressent beaucoup à la théorie du complot.
  • Le jeu de société Illuminati
  • Les livres de David Icke : des lignées de reptiliens, les Annunakis, contrôlent secrètement la terre.
  • Les livres de Don DeLillo
  • Les livres de Thomas Pynchon
  • Le livre Les arcanes du chaos de Maxime Chattam
  • Le livre "Les 4 Côtés du triangle" de Jean-Yves Martin
  • La bande dessinée XIII
  • Pour mieux comprendre la vogue que connaît actuellement le concept de « théorie du complot », un exemple éclairant se trouve dans le chapitre 15 du livre de John Le Carré La Constance du jardinier.

Les œuvres de Philip K. Dick ont souvent pour thème des « visions du monde » imposées aux populations pour protéger des intérêts particuliers, ou bien pour effectuer une infiltration[44] - et dans tous les cas une difficulté à situer la réalité entre différentes interprétations possibles. Ces thèmes se retrouvent dans les romans précurseurs 1984 d'Orwell et Le Meilleur des mondes d'Aldous Huxley.

Faux documents alimentant des théories du complot

Notes et références

  1. a  et b Marcel Gauchet, entretien paru dans les Collections de l'Histoire, n°33, octobre-décembre 2006, pp 60-67.
  2. Frédéric Charpier, L'obsession du complot, 2005, Bourin Éditeur, 232 p., ISBN 2-84941-025-X
  3. a , b  et c Mythes et mythologies politiques, 1986.
  4. a  et b Compte rendu de l'ouvrage de Véronique Campion-Vincent
  5. Le terme anti-individuel n'est pas d'elle mais semble réusmer au mieux sa pensée.
  6. Compte rendu de l'étude dans la Revue internationale de psychologie sociale, 2007, volum 20, n°4
  7. Colloque de l'Université libre de Bruxelles
  8. Article Agoravox copiant l'article du Monde du 30 mars 2008
  9. Abstract de l'étude suisse de psychologie sociale
  10. Biographie de Timothy Melley, Miami University
  11. Présentation de Empire of Conspiracy, 2000
  12. Présentation de Conspiracy theories de Mark Fenster, University of Minnesota Press, 2008
  13. Plan de l'article, Jean-Bruno Renard, Les rumeurs négatrices, 2006 Revue Diogène, PUF
  14. Karl Popper entend par historicisme les théories et explications qui prétendent que des lois, qui sont cachées, gouvernent l'histoire. L'historicisme vise ainsi des théories de Hegel, de Platon, de Comte et par-dessus tout de Marx.
  15. a  et b The Open Society and Its Enemies Volume 2: Hegel and Marx, édition 1973, ISBN 0 7100 4626 X, page 95
  16. Popper, ibid, p. 96
  17. Hannah Arendt, Le système totalitaire, Seuil, 2005 page 78
  18. Hannah Arendt, Le système totalitaire, Seuil, 2005 page 79
  19. P. A. Taguieff, L'Imaginaire du complot mondial, p. 3.
  20. P. A. Taguieff, L'Imaginaire du complot mondial, pp. 57-60.
  21. Noam Chomsky, Comprendre le pouvoir : tome I, Aden, 2005, p. 56-57.
  22. Emergence: The Connected Lives of Ants, Brains, Cities and Software, Steven Johnson
  23. Présentation de l'ouvrage par l'éditeur
  24. Webster G. Tarpley, La Terreur fabriquée, Made in USA, éditions Demi-Lune, 2006, p. 398.
  25. Carlo Guinzburg, Le sabbat des sorcières, Gallimard NRF, 2006
  26. Le monde selon Bush, le cartel des Bush...
  27. Une haine imaginaire. Contre-enquête sur le nouvel antisémitisme - Guillaume Weill-Raynal - Paris, Armand Colin, coll. « Intervention », 2005, 237 p.
  28. [1]
  29. [2]
  30. http://www.lemonde.fr/cgi-bin/ACHATS/acheter.cgi?offre=ARCHIVES&type_item=ART_ARCH_30J&objet_id=873106&clef=ARC-TRK-D_01
  31. Ilan Greilsammer, La pente savonneuse de l'antisémitisme, Libération, mercredi 24 septembre 2003, reproduction en ligne
  32. Antisémitisme, Antisionisme et « Antiisraélisme » Intervention au colloque du MRAP à Paris le 13 mai 2006 Par Pierre Stambul, Adhérent du Mrap à Marseille et Vice-président de l’Ujfp (Union Juive Française pour la Paix)
  33. Natacha Polony et Sarah Weisz, « Manifs des jeunes. Chansons pacifiques contre appels à la haine », Marianne, n° 310, 31 mars - 6 avril 2003. ; Cité par Taguief Entre la « guerre juive » et le « complot américano-sioniste », L'Arche, n° 543, mai 2003, reproduction en ligne : [3]
  34. Nadine Fresco, Les redresseurs de morts
  35. Entre la « guerre juive » et le « complot américano-sioniste »Pierre-André Taguieff, L'Arche, n° 543, mai 2003 ; reproduction en ligne [4])
  36. Négationnisme et antisionisme : récurrences et convergences des discours du rejet , in Revue d'histoire de la Shoah n° 166, mai-août 1999, Centre de documentation juive contemporaine 1999 ; reproduit en ligne
  37. Palestine, terre des messages divins, Paris, Albatros, 1986 (traduit en arabe); rééd., Éd. AI-Fihrist, 1998
  38. Voir par exemple The Knights Templar de Sean Martin, 2004, ISBN 978-1-904048-28-2
  39. Henri Madelin, Rumeurs et complots, in Étvdes, tome 397, pp.477-488
  40. (en) Conspiracy theories ; The hidden hand - The Economist, 19 février 2008
  41. Voir par exemple David Ray Griffin, Steven E. Jones ou encore Webster G. Tarpley
  42. Antoine Vitkine et Barbara Necek, Le Grand complot, Arte, voir en ligne
  43. (en) NASA debunks moon landing hoax conspiracy - CNN, 19 février 2001
  44. We can remember it for you wholesale, qui inspira le film Total Recall

Annexes

Bibliographie

  • Pierre-André Taguieff, La foire aux illuminés : Esotérisme, théorie du complot, extrémisme, 2005, Mille et une nuits, (ISBN 2-8420-5925-5)
  • Pierre-André Taguieff, L’imaginaire du complot mondial, Aspects d’un mythe moderne, Paris, Mille et une nuits, 2006, (ISBN 2-8420-5980-8)
  • Raoul Girardet, Mythes et mythologies politiques, 1986, Seuil, (ISBN 2-0201-1484-4)
  • Antoine Vitkine, Les Nouveaux Imposteurs, 2005, La Martinière, (ISBN 2-8467-5201-X)
  • Massimo Introvigne, Les Illuminés et le Prieuré de Sion : La réalité derrière les complots du Da Vinci Code et Anges et Démons, Xenia Éditions, 2006, (ISBN 2-8889-2006-9), où il fait la différence entre micro-complot, complot de nature métaphysique et macro-complot.
  • Frédéric Charpier, L'obsession du complot, 2005, Bourin Éditeur, 232 p, (ISBN 2-8494-1025-X)
  • Véronique Campion-Vincent, La société parano, Payot, (ISBN 2-2289-0013-3)
  • Jack Z. Bratich, Conspiracy Panics: Political Rationality and Popular Culture, State University of New York Press, 2008, 229 p.
  • « Le Complot », Politica Hermetica, no 6 , 1992. Actes du VIIe colloque international, les 23 et 24 novembre 1991 à la Sorbonne, dans le cadre de l’École pratique des Hautes Études, présidé par Émile Poulat, EHESS et CNRS.
  • Emmanuel Kreis, Les puissances de l'ombre. Juifs, francs-maçons, réactionnaires... la théorie du complot dans les textes., 2009, CNRS, (ISBN 978-2-271-06786-9)

Articles connexes

Liens externes

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