False Flag

False Flag

False flag

Les opérations false flag (« sous faux pavillon » ou « sous fausse bannière »[1]) sont des actions menées avec utilisation des marques de reconnaissance de l'ennemi, dans le cadre d'opérations spéciales.

Sommaire

Leur statut

La ruse de guerre, y compris sous la forme du déguisement, a toujours fait partie de l'arsenal du guerrier ou du soldat. La Convention de La Haye de 1907 reconnaissait ce fait dans son article 23 qui interdisait « l'usage impropre » de l'uniforme ennemi. Un amendement fut rédigé après la Seconde Guerre mondiale afin de lever l'ambiguïté de cette formule, précisant que c'est l'usage des armes sous uniforme ennemi qui est visé.

Cas célèbres

  • L’incident de Mukden en 1931, planifié par les Japonais qui accusèrent les Chinois d’avoir perpétré l’attentat, donnant ainsi le prétexte à l’invasion immédiate du sud de la Mandchourie par l'armée impériale japonaise.
  • L’incident de Gleiwitz en 1939, monté de toutes pièces par les Allemands pour servir de prétexte à l’invasion de la Pologne par l'Allemagne.
  • En septembre 1942, trois détachements du Long Range Desert Group, commandés par le colonel Stirling, avaient investi Tobrouk dans le but d'enlever Erwin Rommel, le commandant du Deutsches Afrika Korps[2]. L'opération échoua du fait que, la veille, un membre du détachement sous uniforme ennemi chargé de l'enlèvement, un israélite d'origine allemande, avait été reconnu par un officier de l'Afrika Korps. Arrêté et interrogé, il avait livré suffisamment d'informations pour que l'opération tourne au fiasco pour les Britanniques. Bien qu'ils aient combattu sous uniforme allemand, les captifs furent traités en prisonniers de guerre[3].
  • Le 13 octobre 1944, des rangers de l'OSS du général Donovan s'étaient emparés des postes fortifiés contrôlant le couloir d'Aix-la-Chapelle en combattant sous l'uniforme allemand[4]. C'est, selon Otto Skorzeny, ce qui donna l'idée à Hitler de l'opération Greif.
  • L'une des plus célèbres opérations false flag, baptisée Griffon, partie de l'offensive Rundstedt du 16 décembre 1944, dite bataille des Ardennes, était dirigée par le colonel SS Otto Skorzeny. Montées sur Jeeps, huit équipes de quatre hommes chacune s'étaient infiltrées loin derrière les lignes américaines et avaient semé le désordre, et parfois la panique, par leurs fausses indications et informations. Pour avoir commandé cette opération commando, Otto Skorzeny fut poursuivi, ainsi que ses hommes, pour crime de guerre et subit un procès à Dachau (il fut acquitté, les ordres donnés ayant été de quitter l'uniforme américain avant d'engager tout combat)[3].
  • Lors de l'opération Susannah en 1954 (connue aussi sous le nom d'affaire Lavon), un réseau israélien constitué de 13 juifs égyptiens commit une série d'attentats à la bombe incendiaire contre des édifices britanniques et américains au Caire et à Alexandrie. L'objectif était que ces actes de terrorisme soient attribués aux nationalistes égyptiens afin d'empêcher tout rapprochement entre l'Égypte nassérienne et les puissances anglo-saxonnes.
  • L’opération Northwoods en 1962, qui consistait notamment en l’organisation d’une série d’attentats contre les États-Unis par l’état-major interarmées américain lui-même, de manière à en imputer la responsabilité au régime cubain. Le but était de justifier aux yeux de l’opinion américaine une intervention des forces armées américaines contre Cuba et d’obtenir l’appui diplomatique, voire militaire, des nations occidentales. L’opération Northwoods, révélée par des documents officiels déclassifiés en 1997, ne fut jamais mise en œuvre car le président J.F. Kennedy s’y opposa.

Autres cas

  • Le 18 juillet 64, Néron accusé par certains d'avoir déclenché le grand incendie de Rome accuse lui-même les chrétiens, alors considérés comme de dangereux illuminés sectaires, d'en être les coupables. Cette opération mènera à la persécution des chrétiens sous l'Empire romain.
  • L'incendie du Reichstag en 1933 par un communiste isolé Marinus Van der Lubbe, fut longtemps sujet à controverse, car prétexte immédiat à l'écrasement du Parti communiste d'Allemagne par les nazis tout fraîchement au pouvoir. En marge de la version officielle, on suspecte donc autant un complot des nazis, lesquels pourraient avoir eux-mêmes contribué à l'incendie. L'hypothèse est d'autant plus probable, qu'arrivé à Berlin depuis plusieurs jours, Van der Lubbe a essayé plusieurs fois d'incendier des bureaux de poste et commissariats sans y parvenir, alors que le Reichstag a été ravagé par les flammes.
  • Le prétendu groupe sioniste « Mouvement d'action et défense Masada », qui a pratiqué un attentat à la bombe contre une librairie parisienne de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) en octobre 1972, et deux autres attentats à Cannes et à Nice en 1988 était en réalité un groupe néo-nazi, dont les membres ont été arrêtés en 1989, qui cherchaient à attiser la haine en France entre juifs et musulmans de France en utilisant ces attentats false flag[5].
  • Selon plusieurs transfuges du FSB (successeur du KGB) dont Alexandre Litvinenko, la série d'attentats dans la région de Moscou qui, pendant deux semaines en 1999, détruisit plusieurs immeubles d’habitation faisant près de 300 morts, serait une opération false flag qui aurait été organisée par les services secrets russes (soupçons augmentés par l'interception d'un attentat par la police locale de Riazan, tentative d'attentat revendiquée ensuite comme exercice par le FSB). Opération false flag ou non, cette vague d'attentats attribués aux Tchétchènes traumatisa la population russe et servit de prétexte au déclenchement de la seconde guerre de Tchétchénie.
  • L'Attentat du 8 mai 2002 à Karachi commis par des islamistes, et initialement attribué à Al Qaida, s'est révélé être initié et organisé par l'ISI, les services secrets pakistanais[6].

Les années de plomb italiennes

Des attentats sous fausse bannière auraient eu lieu en Italie lors des années de plomb : l'attentat de décembre 1969 de la Piazza Fontana ainsi que l'attentat de la gare de Bologne de 1980, dont furent soupçonnés des mouvements d'extrême-gauche, sont aujourd'hui attribués – avec certitude dans le second cas – à des membres de mouvements d'extrême-droite.

Le terroriste néo-fasciste Vincenzo Vinciguerra déclara dans les années 1980 à la juge Felice Casson que l'attentat de la Piazza Fontana, qui marque le début des années de plomb italiennes, visait à pousser l'État italien à déclarer l'état d'urgence et à instaurer ainsi un régime autoritaire en Italie. On découvrit plus tard, chez Licio Gelli, le grand-maître de la loge maçonnique Propaganda Due, un « plan de renaissance démocratique » qui déterminait les étapes de cette conspiration fasciste. Un brouillon de rapport parlementaire italien de 2000, contesté par divers partis, dit qu’il s’agissait d’une opération false flag menée par des terroristes d’extrême droite[7].

Certaines interprétations historiques qui demeurent controversées attribuent un rôle dans ces attentats à des membres du réseau paramilitaire Gladio, la branche italienne stay-behind de l'OTAN, qui auraient visé à empêcher, dans le cadre d'une « stratégie de la tension », le compromis historique entre la Démocratie chrétienne (DC) et le Parti communiste italien (PCI). Cette thèse n'a cependant fait l'objet d'aucune confirmation judiciaire.

Espionnage

En matière d'espionnage il existe des recrutements sous fausse bannière qui consistent à recruter des agents en les trompant sur la puissance qu'ils sont amenés à servir[8].

Notes et références

  1. « L'expression « sous faux pavillon » (ou sous fausse bannière) remonte au temps de la marine de guerre : naviguer sous faux pavillon était une stratégie éprouvée permettant de tromper l'ennemi. Par analogie, la culpabilité des actions terroristes sous faux pavillon est rejetée sur un ennemi extérieur. », commentaire de Pierre-Henri Bunel traducteur de David Ray Griffin, 11 Septembre, la Faillite des médias, une conspiration du silence, Éditions Demi-Lune, 2007, p. 176
  2. Basil Liddell Hart, Histoire de la Seconde guerre Mondiale, 1976, Fayard, ISBN 2-213-00100-6
  3. a  et b Otto Skorzeny, La Guerre inconnue, 1975, Albin Michel, ISBN 2-226-00150-6
  4. (de) Werner Brockdorff, Die Geheimkommandos des Zweiten Weltkrieges, Verlag Welsemühl, 1967
  5. (en) Profil : Masada, Action and Defense Movement
  6. Le Canard enchaîné, 1er juillet 2009.
  7. (en) « US supported anti-left terror in Italy », The Guardian, 24 juin 2000
  8. (en) Theodore Shackley (avec Richard A. Finney), Spymaster: My Life in the CIA, Brassey's, 2005, p. 9-10.
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