- Grand Architecte de l'Univers
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Bien que fréquemment utilisé en franc-maçonnerie et compagnonnage, le concept de Grand Architecte de l'Univers n'est pas d'origine maçonnique. Il relève de la philosophie des religions et de la théologie et seulement accessoirement de la maçonnologie.
Sommaire
Histoire du concept de Grand Architecte de l'Univers
L'idée d'un Être Suprême dont l'intelligence ordonnerait l'univers, comme pourrait le faire un « grand architecte » ou un « grand horloger », est constitutive de ce qu'on nomme la Religion naturelle[1]. On la trouve déjà chez Cicéron :
« Quoi de plus manifeste et de plus clair, quand nous avons porté nos regards vers le ciel et contemplé les corps célestes que l'existence d'une divinité d'intelligence absolument supérieure qui règle leurs mouvements ? [...] non seulement la demeure céleste et divine a un habitant, mais celui qui l'habite exerce sur le monde une action directrice, il est en quelque sorte l'architecte d'un si grand ouvrage et veille à son entretien [...][2] »
On la retrouve aussi chez Jean Calvin qui, dans son traité « Institution de la religion chrétienne », appelle à plusieurs reprises Dieu « Grand Architecte » ou « Architecte de l'Univers ».
Mais la métaphore selon laquelle Dieu pourrait être conçu comme étant le « Grand Architecte de l'Univers » se rapporte surtout à l'une des idées-clés de la philosophie des Lumières. Elle est particulièrement liée à Leibniz (1646-1716) qui, après la philosophie cartésienne, l’empirisme de Locke et la science newtonienne affirme par exemple :
« Il résulte de la perfection suprême de Dieu qu’en produisant l’univers, il a choisi le meilleur plan possible [...] »
Après lui, son disciple Wolff (1679-1754) expose aussi l'idée selon laquelle Dieu serait avant tout un être de raison, savant ordonnateur du monde[3].
Questions philosophiques et théologiques
En affirmant que Dieu, étant parfait, a nécessairement créé le monde « le plus parfait qui soit possible », Leibniz défend une vision optimiste de l'Univers qui semble escamoter le problème de l'existence du mal. Voltaire ne manquera pas de le relever avec ironie, en particulier dans Candide.
Le Grand Architecte de l'Univers en franc-maçonnerie
Au XVIIe siècle et au début du XVIIIe siècle, les premiers francs-maçons étaient tous soit catholiques, soit protestants. Les plus anciens manuscrits maçonniques connus, même dans les loges d'inspiration calviniste, n'utilisent cependant jamais l'expression « Grand Architecte de l'Univers ». C'est le cas par exemple du manuscrit Dumfries (c. 1710), bien qu'il fasse référence à de nombreuses reprises à « notre Seigneur Jésus-Christ » et mentionne que l'apprenti franc-maçon « doit être fidèle à Dieu et à la sainte église catholique[4] » (« he must be true to god and the holy catholick church ») [5].
C'est semble-t-il en 1723 dans les Constitutions of the free-masons qu'on trouve pour la première fois ces termes dans le contexte maçonnique. Leur auteur, le pasteur James Anderson les ayant probablement trouvés dans l'œuvre de Jean Calvin.
On retrouve également dans la divulgation « Three distinct Knocks », publiée à Dublin et à Londres en avril 1760 une expression proche des termes « Grand Architecte de l'Univers »: Il s'agit d'une prière à « notre Seigneur Jésus-Christ » qui commence par ces termes:
« Ô Seigneur Dieu, Grand et Universel Maçon du Monde, et premier constructeur de l'Homme comme s'il était un temple [...] »
Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle et dans la première moitié du XIXe siècle, la franc-maçonnerie s'ouvre à d'autres religions et à d'autres conceptions, en particulier déistes. L'expression "Grand Architecte de l'Univers" fut alors de plus en plus souvent utilisée, souvent en remplacement du mot "Dieu", car étant plus générale, elle convenait aussi bien aux déistes qu'aux théistes des différentes religions.
Dans la seconde moitié du XIXe siècle, la question de l'admission des athées en franc-maçonnerie s'est posée, particulièrement en France et en Belgique, alors que la franc-maçonnerie anglo-américaine, fidèle aux Constitutions d'Anderson et à certains de ses textes fondateurs suivants[6], continuait d'interdire l'entrée de ses loges aux athées. Il s'en est suivi, dans certaines loges libérales, l'abandon de l'expression "Grand architecte de l'Univers" dans les rituels ainsi qu'une querelle qui sépare encore aujourd'hui différentes obédiences maçonniques.
Article détaillé : Querelle du Grand Architecte de l'Univers.Notes et références
- La religion naturelle (consulté le 15 mars 2008) François Chirpaz,
- Cicéron, De la nature des dieux, livre II, §2
- Article Aufklärung, dans le Dictionnaire International des Termes Littéraires (consulté le 14 mars 2008) Aline Le Berre,
- Avec la graphie "catholick" qui désignait l'Église d'Angleterre (Langlet,2006,p.215).
- Philippe Langlet, les textes fondateurs de la franc-maçonnerie, Dervy, 2006, p. 215
- Ahiman Rezon Notamment le
Voir aussi
Ressources bibliographiques
Ouvrages utilisés pour la rédaction de cet article
- Aline le Berre, article « Aufklärung », dans le Dictionnaire International des Termes Littéraires [1] (consulté le 14 mars 2008)
Articles connexes
Catégories :- Concept de Dieu
- Vocabulaire et concepts maçonniques
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