- Destin
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Le destin désigne, au moment présent, l'histoire future d'un être humain ou d'une société telle qu'elle est prédéfinie par une instance qui est soit considérée comme supérieure aux hommes (éventuellement divine) dans les conceptions finalistes du Monde, soit comme immanente à l'univers (éventuellement la Philosophie de l'histoire ou la nature) dans les conceptions déterministes.
Dans ces conceptions, il est souvent considéré comme très difficile – voire impossible – à un homme ou à une société d'échapper à son destin, au moins dans ses grandes lignes. La notion de destin s'oppose ainsi à celle de libre arbitre.
Sommaire
Philosophie
Article détaillé : Fatalisme.Arts
Le thème du Destin, et plus particulièrement celui des tentatives désespérées de l'homme pour y échapper, a inspiré nombre d'œuvres artistiques à travers les âges.
Littérature
La principale différence entre le drame et la tragédie est la présence ou l'absence du destin.
Filmographie
- Vision d'Escaflowne est un anime japonais dont la maitrise du destin est l'une des intrigues.
- Lost, les disparus, une série télévisée où un avion s'écrase sur une ile perdue dans le pacifique. Commence pour les survivants une quête initiatique et philosophique dont l'un des principaux buts est de répondre à la question : Le destin les a-t-il amenés ici ?
Mythologie grecque et romaine
Le Destin, ou Destinée, est une divinité aveugle, inexorable, issue de la nuit et du chaos. Toutes les autres divinités lui étaient soumises. Les cieux, la terre, la mer et les enfers étaient sous son empire : rien ne pouvait changer ce qu'il avait résolu ; en un mot, le Destin était lui-même cette fatalité suivant laquelle tout arrivait dans le monde. Le plus puissant des dieux, Jupiter, ne pouvait fléchir le Destin en faveur ni des dieux, ni des hommes.
Les lois du Destin étaient écrites de toute éternité dans un lieu où les dieux pouvaient les consulter. Ses ministres étaient les trois Parques : elles étaient chargées d'exécuter ses ordres.
On le représente ayant sous ses pieds le globe terrestre et tenant dans ses mains l'urne qui renferme le sort des mortels. Il porte une couronne surmontée d'étoiles et un sceptre, symbole de sa souveraine puissance. Pour faire entendre qu'il ne variait pas, les anciens le figuraient par une roue que fixe une chaîne. Il y a, en haut de la roue, une grosse pierre et, en bas, deux cornes d'abondance avec des pointes de javelot.
Dans Homère, les destinées d'Achille et d'Hector sont pesées dans la balance de Jupiter et, comme celle du dernier l'emporte, sa mort est arrêtée : Apollon lui retire l'appui qu'il lui avait accordé jusqu'alors.
Ce sont les aveugles arrêts du Destin qui ont rendu coupables tant de mortels, malgré leur désir de rester vertueux : dans Eschyle, par exemple, Agamemnon, Clytemnestre, Jocaste, Œdipe, Étéocle, Polynice, etc., ne peuvent se soustraire à leur destinée.
Les oracles seuls pouvaient entrevoir et révéler ici-bas ce qui était écrit au livre du Destin.
Religion
En religion, le destin est analogue au salut ou à la providence. Il y existe plusieurs conceptions du destin dans les différentes Églises.
Dans la religion catholique, la foi est nécessaire au salut, mais cela nécessite en même temps des œuvres de charité.
Dans la religion calviniste, la foi est nécessaire au salut mais les œuvres ne sont pas considérées utiles au salut, mais elles sont le fruit de la foi reçue. Sauvé par la Grâce, pour servir aimer et témoigner. Il y est aussi question de prédestination.
En islam, la prédestination divine est un pilier de la foi, mais Allah ordonne aux musulmans de pratiquer les causes et les œuvres. Il y a donc une insistance sur la responsabilité personnelle de tous les croyants.
Dans la religion orthodoxe, la doctrine officielle est le semi-pélagianisme, qui met beaucoup d'emphase sur les œuvres.
Sciences
Dans les sciences, il y existe plusieurs conceptions du destin.
Dans les sciences naturelles, l'univers physique est considéré comme soumis à des lois qu'il est possible d'expliciter afin de prévoir le devenir des phénomènes; Cette doctrine, qui est appelée le déterminisme, peut faire deux hypothèses générales: soit celle pessimiste d'un mouvement général de dégradation de l'information (entropie) aboutissant progressivement au chaos, soit au contraire l'hypothèse optimiste d'un long processus d'organisation du chaos aboutissant à des formes de plus en plus complexes(par exemple pour certains représentant du darwinisme).
Dans les sciences économiques et sociales inspirées par la philosophie de l'histoire, notamment le marxisme, on trouve une transposition de la phylogénèse physique: les sociétés sont considérées comme soumises à des transformations qui les font passer par un certain nombre d'étapes auxquelles elles ne peuvent échapper et qu'il est possible de prévoir. Les partis révolutionnaires ont pour mission de favoriser ou de forcer l'avènement du dernier stade d'une société parfaite appelée le socialisme. Pour Pierre Bouretz, beaucoup de ces constructions idéologiques, dont il recense l'émergence dans Témoins du futur. Philosophie et messianisme, ne sont pas une transposition aux sociétés de la phylogénèse physique, mais un Messianisme sécularisé par des penseurs juifs à la suite du mouvement de l'émancipation. De fait, Raymond Aron ou Max Weber avaient remarqué le même processus de formation de l'utopie économique à l'occasion du mouvement de la Réforme.
Dans beaucoup de conceptions traditionnelles de la nature et des sociétés, on trouve des conceptions de l'univers qui n'envisagent que la permanence d'un monde immuable à l'intérieur duquel il s'agit pour les sociétés humaines de trouver des positions d'équilibre.
Spiritualités modernes
« Sers-toi de ton libre arbitre pour vaincre le déterminisme qui agit en toi[1]» Pour Ostad Elahi[2] et Bahram Elahi[3], l’homme ne possède ni un déterminisme absolu ni un libre-arbitre et une liberté absolus ; ils optent pour une position médiane. Nous sommes responsables de notre destin dans la mesure où Dieu nous a dotés de discernement, de la volonté, de la liberté d’action etc. Mais une partie de notre destin dépend de la providence : « Lorsque l’on observe les événements de notre vie, on constate que certains d’entre eux sont la conséquence directe de nos choix et actions, tandis que d’autres surviennent indépendamment ou même contre notre volonté. Cette conjonction de la volonté humaine et de l’intervention divine dans le destin des êtres humains s’explique par la loi médiane[4]».
Du point de vue divin, Ostad Elahi précise la délicate procédure qui gère cette conjonction : « Dieu peut connaître le destin final des créatures mais il n’applique cette connaissance à un destin précis que lorsqu’un acte est réalisé. Donc la plupart du temps, Dieu met en suspens le destin des hommes. C'est-à-dire qu’en toute situation, il met à leur disposition plusieurs voies et destinées possibles en fonction du libre arbitre que chacun peut exercer. Tant qu’une personne n’a pas choisi l’une de ces voies, son destin est en suspens […][5].». C'est-à-dire que Dieu n’applique pas Sa volonté ni Sa connaissance à sa créature au moment où celle-ci procède à un choix, afin que le principe de la liberté soit respecté, mais dès lors que l’une de ces voies a été effectivement choisie, Dieu en connaît la finalité[5].
Voir aussi
Suggestions de bibliographie
- Le Moulin de Pologne de Jean Giono
- Jean-Marc Rouvière, Adam ou l'innocence en personne, 2009, Ed. L'Harmattan, Voir http://www.implications-philosophiques.org/.
- George Bălan, Le destin, Editions Musicosophia
- Marcel Conche, Temps et destin, Editions Puf
- Imre Kertész, Etre sans destin, Poche 10/18
- Nouvelle Revue de Psychanalyse, n°30, 1984, Le destin. Editions Gallimard
Références
- La voie de la perfection, éd. Albin Michel, coll. « Spiritualités vivantes », Paris, 2002, pp. 102. L’allusion est faite ici à l’exercice de la raison-sagesse (source de liberté), celle-ci devant s’imposer au déterminisme que nous impose notre nature animale (source de contrainte).
- http://www.e-ostadelahi.com Voir le site qui lui est consacré :
- La voie de la perfection, éd. Albin Michel, coll. « Spiritualités vivantes », Paris, 2002, pp. 101-111.
- La voie de la perfection, éd. Albin Michel, coll. « Spiritualités vivantes », Paris, 2002, p. 102.
- Âsâr al-Haqq (vol. I), éd. Diba, Téhéran, 1373 (4° édition), p. 177 (extrait n° 619).
Catégorie :- Concept de philosophie morale
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