Site archeologique de Carthage

Site archeologique de Carthage

Site archéologique de Carthage

Site archéologique de Carthage 1
Patrimoine mondial de lUNESCO
« La dame de Carthage » (mosaïque du VIe siècle)

« La dame de Carthage » (mosaïque du VIe siècle)

Latitude
Longitude
36° 51′ 10″ Nord
       10° 19′ 24″ Est
/ 36.85278, 10.32333
Pays Tunisie Tunisie
Type Culturel
Critères (ii) (iii) (vi)
No  identification (ID) 37
Région 2 États arabes
Année dinscription 1979 (3e session)
Carthage archaeological sites map-fr.svg
Localisation des divers vestiges du site de Carthage

1 Descriptif officiel (UNESCO)
2 Classification UNESCO

World Heritage Emblem.svg
Documentation du modèle

Le site archéologique de Carthage est un site dispersé dans la ville actuelle de Carthage (Tunisie) et classé au patrimoine mondial de lUnesco depuis 1979.

Il est dominé par la colline de Byrsa qui était le centre de la cité punique. Aujourdhui, il se distingue par la silhouette massive de la cathédrale Saint-Louis édifiée, à la fin du XIXe siècle, à lemplacement présumé de la sépulture du roi Louis IX de France (saint Louis) qui y mourut au cours de la huitième croisade. À proximité de la cathédrale, en face de cette tombe vide dont les restes ont été rapatriés en France, se trouvent les vestiges du plus important quartier de la ville. Il nen subsiste que quelques fondations et quelques fragments de colonnes mais on peut y mesurer la puissance qui émanait alors de la cité : dimensions immenses, grands espaces, vues panoramiques et organisation des rues.

Le développement rapide de la ville moderne risquant de détruire à jamais les vestiges, de grands archéologues tunisiens ont alerté lopinion[1] et lUnesco a lancé une vaste campagne internationale entre 1972 et 1992 afin de sauver Carthage. Ce tournant est parachevé avec le classement au patrimoine mondial.

Il ne sera question ici que de létat actuel du site archéologique, un grand nombre déléments ayant été perdus anciennement ou plus récemment. La difficulté pour le visiteur réside désormais dans lextrême dispersion des vestiges même si certains pôles peuvent être distingués. Pour la ville et le pays, la problématique est plus complexe : protéger les témoignages du passé tout en gênant le moins possible la vie quotidienne de la population.

Sommaire

Géographie

Localisation

Localisation de Carthage au centre du bassin méditerranéen

« LHistoire sattache aux lieux quelle a une fois choisis » selon Serge Lancel[2]. Force est de constater que la géographie compta pour beaucoup dans le rôle de Carthage, la grande cité étant comparée à un « navire à lancre » par Strabon[3]. La localisation des villes chez les Phéniciens répondait à la double exigence douverture sur la mer et de protection vis-à-vis de lintérieur des terres. Les fondations de Tyr, Sidon et Gadès sinscrivaient dans ce cadre[4].

Davantage que la colonie plus ancienne dUtique, Carthage paraît favorisée par la géographie. Elle se situe à la frontière des deux bassins de la mer Méditerranée, donc sur un emplacement très propice aux échanges. Au fond du golfe de Tunis, face au Djebel Boukornine, lantique Carthage se présente tel un éperon barré de collines dont la principale est Byrsa, territoire facile à défendre et qui plus est bordé par la mer sur trois de ses côtés. Polybe en parle comme dune « péninsule presque entièrement entourée soit par la mer [la sebkha Ariana nétait pas encore fermée et formait une baie], soit par un lac et rattachée au continent par un isthme barré et par une chaîne de collines difficiles à franchir[5] ».

Protégée du côté de la mer, la cité apparaît préservée également par les collines et par le lac de Tunis, la présence des deux sebkhas renforçant cette particularité.

Composants Coordonnées Composants Coordonnées
Amphithéâtre 36°5122.01N 10°1853.88E / 36.8561139, 10.3149667 Basilique de Damous El Karita 36°5141.59N 10°1951.72E / 36.8615528, 10.3310333
Basilique de Dermech 36°5055.13N 10°1930.99E / 36.8486472, 10.325275 Basilique de saint Cyprien 36°5149.97N 10°2015.16E / 36.8638806, 10.3375444
Basilique Majorum 36°523.87N 10°1958.98E / 36.8677417, 10.33305 Citernes de La Malga 36°5133.53N 10°198.07E / 36.8593139, 10.3189083
Édifice à colonnes 36°5123.45N 10°1931.25E / 36.8565139, 10.3253472 Îlot de lamirauté 36°5042.07N 10°1931.82E / 36.8450194, 10.3255056
Monument circulaire 36°5127.25N 10°1940.75E / 36.8575694, 10.3279861 Nécropoles puniques 36°5118.26N 10°1955.89E / 36.8550722, 10.3321917
Odéon 36°5131.7N 10°1949.82E / 36.858806, 10.3305056 Port marchand 36°5029.8N 10°1929.86E / 36.841611, 10.3249611
Port militaire 36°5044.91N 10°1934.14E / 36.8458083, 10.32615 Quartier Magon 36°514.6N 10°1952.14E / 36.851278, 10.33115
Quartier punique de Byrsa 36°518.46N 10°1926.3E / 36.85235, 10.323972 Rotonde de Damous El Karita 36°5139.03N 10°1948.09E / 36.8608417, 10.330025
Théâtre 36°5127.93N 10°1946.12E / 36.8577583, 10.3294778 Thermes dAntonin 36°5118.26N 10°1955.89E / 36.8550722, 10.3321917
Tophet de Salammbô 36°5028.5N 10°1921.59E / 36.84125, 10.3226639 Villas romaines 36°5126.64N 10°1953.96E / 36.8574, 10.3316556

Caractéristiques des sols

Bien que le site reste assez pauvre en édifices complets, le terrain est jonché de fragments des marbres les plus précieux[6]. Parmi ces fragments figurent deux ou trois variétés de marbre blanc statuaireprovenant probablement des carrières de Paros et de Luniet une variété de marbre du Pentélique, plusieurs variétés de marbre Cipolin, de nombreux fragments de marbre jaune de Sienne, du marbre connu en Italie sous le nom de Pavonazzo, du porphyre feldspathique en grande quantitéparfois en blocs de plusieurs pieds cubeset du porphyre rose dÉgypte[7].

Emplacement de Carthage : site stratégique au fond du golfe de Tunis

Pacho pense que, comme à Cyrène, le territoire de Carthage noffre pas de matériaux précieux mais abrite plutôt des matériaux, comme le marbre, le porphyre et le granite, étrangers à la cité et importés de loin[6]. De Buch, savant géologue de Berlin et Mesnard de La Groye, ancien enseignant de géologie au Collège de France, ayant étudié ces fragments, pensent quils proviennent de carrières dItalie et de Grèce[6].

Des notes sur la Cyrénaïque de Frederick William Beechey rapportent aux alentours de Carthage la présence dun conglomérat de grès et dun calcaire sans fossiles et donc peu solide[8].

Histoire et redécouverte du site

La grande cité africaine connaît une expansion rapide en tant que civilisation du creuset méditerranéen propre à la culture phénicienne[9], puis cet essor est brutalement brisé, mais la ville parvient à renaître de par la volonté des vainqueurs romains et grâce à sa localisation exceptionnelle. Néanmoins, dans les tourments des scissions du monde méditerranéen, Carthage passe au second plan : dabord pillée puis oubliée, elle fait dire à Gustave Flaubert en 1858 qu’« on ne sait rien de Carthage »[10]. Il faudra toute lopiniâtreté de quelques passionnés pour mettre fin à cet état de choses, et un risque de destruction finale pour quune campagne internationale permette déviter que la rivale de Rome ne tombe définitivement dans loubli, dans « labîme de lhistoire »[11].

Histoire antique du site

Article détaillé : Histoire de Carthage.

Sur les premiers occupants, le substrat de population lybico-numide, on ne dispose que de peu dinformations. Larchéologie est muette à ce propos, les seules mentions disponibles étant les textes antiques dAppien (Libyca, 1, 2) et Justin (Abrégé des histoires philippiques, XVIII, 5, 8).

Pendant plus dun millénaire, la cité de Carthage se place au premier plan de lhistoire en tant que carrefour de civilisations, du fait de sa situation géographique.

Carthage phénicienne et punique

Vestiges du siège de 149-146 dans une vitrine du Musée national de Carthage

La cité est, selon la tradition, fondée par Didon (également dénommée Élyssa) en 814 av. J.-C., soit une soixantaine dannées avant sa rivale, Rome, qui finira par la surpasser. La cité essaime rapidement, créant diverses colonies et affrontant les colonies grecques, notamment en Sicile. Celles-ci, particulièrement Syracuse et Agrigente, porteront la guerre sur les terres puniques au début du Ve siècle av. J.-C. puis à la fin du IVe siècle av. J.-C.. Cest lors des aléas de cet antagonisme que lon place la destruction de la cité punique de Kerkouane.

Les premières relations avec Rome sont pacifiques, comme lattestent les traités conclus en 509 av. J.-C.[12] puis en 348 av. J.-C. et 306 av. J.-C., qui garantissent à Carthage lexclusivité du commerce depuis lAfrique et labsence de pillage contre les alliés de Rome en Italie. Les épisodes dénommés guerres puniques voient lantagonisme sétendre sur plus dun siècle, de 264 à 146 av. J.-C.. Une issue favorable pour la cité punique a pu sembler possible, ainsi quen témoigne laventure du général Hannibal Barca. Le premier conflit se déroule de 264 à 241 av. J.-C., aboutissant pour Carthage à la perte de la Sicile et au paiement dun lourd tribut. Cette première défaite engendre de graves conséquences sociales avec lépisode de la guerre des Mercenaires, de 240 à 237 av. J.-C., la ville étant sauvée par Hamilcar Barca. Carthage oriente ensuite son impérialisme vers la péninsule ibérique et se heurte aux alliés de Rome, rendant le second conflit inéluctable (219-201 av. J.-C.).

Après 205 av. J.-C., la guerre ne se déroulera plus que sur le sol africain, lannée 202 av. J.-C. marquant la victoire finale de Scipion l'Africain à Zama. Les cinquante années qui suivent voient Carthage rembourser de façon régulière le lourd tribut mais aussi se doter déquipements coûteux comme les ports puniques dans leur dernier état de développement. Pourtant, face au relèvement de la cité et à la fin du paiement du tribut, Rome impose aux Carthaginois dabandonner la ville et de se retirer dans larrière-pays[13]. À ce propos, Velleius Paterculus a écrit que « Rome, déjà maîtresse du monde, ne se sentait pas en sûreté tant que subsisterait le nom de Carthage »[14]. Le refus logique qui suit cette intransigeance entraîne le troisième conflit, ce dernier et le siège de Carthage devant durer trois années. À son terme, même si le sel na pas été répandu sur le sol ainsi que la légende le relate, la destruction de la ville est totale et une malédiction jetée sur son site.

Singulièrement, cette cité au sol déclaré sacer, cest-à-dire maudit, a pu renaître et devenir un foyer essentiel de diffusion de nouveautés culturelles, artistiques et spirituelles même si elle nen était pas le berceau originel.

Carthage romaine

Caius Sempronius Gracchus, tribun de la plèbe en 123 av. J.-C., sefforce en 122 av. J.-C. détablir une colonie danciens vétérans, tentative sans lendemainle souvenir de la vieille rivale était vivace moins dun quart de siècle après sa destructionmais dont il demeure des traces archéologiques dans la campagne carthaginoise, particulièrement les centuriations. La volonté dinstaller des vétérans refait surface avec Jules César mais ce projet reste à nouveau sans suite, du fait de lassassinat de César aux Ides de Mars en 44 av. J.-C.. La renaissance de la cité sera lœuvre dAuguste, qui la refonde en 29 av. J.-C. et la renomme Colonia Iulia Concordia Carthago : au nom ancien sont apposées sa propre familleles Juliiet la concorde tant désirée après les affres des guerres civiles qui ont agité Rome dans le dernier siècle avant J.-C.

Plan de la Carthage romaine

Les premières constructions de la cité sont publiques ; elles répondent au dessein den faire un exemple de la romanité et de lancer le processus de romanisation dans cette région au passé à la fois libyco-numide et punique[15]. Les installations privées ne viennent que tardivement, avec lenrichissement grandissant que procurent les nombreuses exportations vers Rome : blé essentiellement mais aussi huile d'olive destinés particulièrement au système de lannone. De cité administrativesiège du procurateurelle devient une ville importante et prospère à la population estimée à 300 000 habitants lors de la conquête vandale[16]. La première ville romaine est pourtant mal connue, à cause des catastrophes successives qui lont frappée : tremblements de terre, incendie sous le règne dAntonin le Pieux.

Laccession au pouvoir impérial de la dynastie des Sévères traduit lenrichissement de la terre dAfrique à la fin du IIe siècle et au début du IIIe siècle. Cependant, les crises qui ébranlent lEmpire romain au IIIe siècle engendrent de graves conséquences pour Carthage, notamment au moment de lusurpation de Gordien Ier et de la répression qui suit sa chute en 238 : la ville est pillée, y compris ses temples[17]. De même, de 308 à 311, la cité devient la capitale de lusurpateur Domitius Alexander et se voit, à loccasion de sa chute, à nouveau livrée au pillage. Avec ce siècle, Carthage retrouve néanmoins une croissance économique qui sexprime par la vitalité des constructions tant privées, avec de multiples villas démontrant lopulence de leurs propriétaires, que publiques avec en particulier les installations destinées au nouveau culte dominant.

Carthage chrétienne

Mosaïque des quatre évangélistes du Musée national de Carthage trouvée dans une villa du vicus castrorum

Dans un espace ouvert sur lextérieur comme lest alors Carthagele port est notamment relié aux grandes cités dAlexandrie et dAntioche qui constituent deux grands centres dévangélisation[18] —, le christianisme sest développé précocement dans le sillage des importantes communautés juives implantées dans la cité[19]. À la fin du Ier siècle, colons, commerçants et soldats comptent aussi parmi les agents de propagation du christianisme[18] et la nouvelle religion progresse rapidement dans la province, en dépit des persécutions sporadiques dont elle fait lobjet, les premiers martyrs étant attestés dès le 17 juillet 180[18]. La cité devient ainsi lun des foyers essentiels de diffusion de la nouvelle foi et les affrontements religieux y sont violents avec les païens. Carthage et la province dAfrique sont vite considérées comme le phare du christianisme latin occidental[18] ; Tertullien est lun des premiers auteurs chrétiens de langue latine. Saint Cyprien, son premier évêque, est martyrisé le 14 septembre 258[18], à une époque la nouvelle religion est déjà largement répandue dans la société. Cette expansion ne va pas sans heurts, en particulier lors du schisme donatisteconséquence des rivalités de prélats avides doccuper le siège du primat dAfriquequi est condamné de façon définitive au concile de Carthage ouvert le 1er juin 411[18] et organisé par son plus ardent contradicteur en la personne de lévêque Augustin d'Hippone. Ce dernier accuse les schismatiques davoir coupé les liens entre lÉglise catholique africaine et les Églises orientales originelles[18]. En dépit de cette lutte religieuse, la conjoncture économique, sociale et culturelle est relativement favorable au moment du triomphe du christianisme[20]. Elle saccompagne dune organisation religieuse de la cité au IVe siècle : un découpage en six quartiers est effectué et des basiliques marquent chacun dentre eux. Seconde ville dOccident après Rome, Carthage compte au début du Ve siècle une population de plus de 300 000 habitants et sa superficie dépasse 321 hectares[16].

La ville est conquise par les troupes vandales de Genséric en 439. Outre les destructions opérées par les nouveaux venus, attestées entre autres par un auteur tel que Victor de Vita, ceux-ci tentent dimposer larianisme en lieu et place du catholicisme : la persécution est alors légitimée et les quelque 500 religieux de Carthage sont expulsés[18]. Cette période vandale coïncide avec une nouvelle ère de persécutions[21]. Puis le royaume vandale finit par seffondrer et lempereur byzantin Justinien devient le nouveau maître en 533. La période byzantine connaît divers aléas, dont la mise au pas des membres de lÉglise dAfrique, alors que la page se tourne sur lhistoire antique avec la conquête arabo-musulmane de 698, qui voit Carthage passer au second plan de lhistoire.

Naufrage et redécouverte de la grande cité africaine

Carthage passe au second plan de la grande histoire

Avant même sa prise en 698, la capitale de la province dAfrique sest vidée de ses habitants byzantins. La décadence est nette peu de temps après la reconquête par Justinien, Abdelmajid Ennabli évoquant une cité « délaissée par le pouvoir central préoccupé de sa propre survie, abandonnée progressivement par une population dont laristocratie émigre »[22]. Dès le début du VIIe siècle, larchéologie témoigne selon Liliane Ennabli dune « ville rétrécie, resserrée sur son centre »[23]. Le conquérant Hassan Ibn Numan fait détruire les installations portuaires pour prévenir tout retour des Byzantins, portant un coup final à la ville[24]. Les matériaux font lobjet dun remploi massif : « pour des siècles, [elle] ne fut plus [quune] marbrière » ainsi que lécrit M'hamed Hassine Fantar[25]. Cette récupération se fait au profit des édifices de la Tunisie actuellela forêt de colonnes de la mosquée Zitouna en provientmais aussi de bâtisses importantes du bassin méditerranéen comme la cathédrale de Pise. La récupération des « dépouilles du grand cadavre gisant aux bords du golfe »[26] ne sera pas seulement celle des matériaux les plus nobles, colonnes et chapiteaux : un grand nombre de fours à chaux ont été retrouvés sur le site, notamment lors du dégagement des thermes dAntonin, faisant mentir Al Bakri qui affirmait que « le marbre est si important à Carthage que, si tous les habitants de lIfriqiya se rassemblaient pour en tirer les blocs et les transporter ailleurs, ils ne pourraient pas accomplir leur tâche »[27]. Al Idrissi, témoin oculaire de cette prédation effrénée, déclare : « Ces fouilles ne discontinuent pas, les marbres sont transportés au loin dans tous les pays, et nul ne quitte Carthage sans en charger des quantités considérables sur des navires ou autrement »[28].

Des voyageurs aux recherches scientifiques

Plan de la ville romaine avec localisation des interventions de la campagne de lUnesco

Le début du XIXe siècle est celui des précurseurs, à la fois voyageurs et visionnaires. C. T. Falbe, consul du Danemark, dresse la première topographie des vestiges dans ses Recherches sur lemplacement de Carthage publiées en 1833. Une société historique et archéologique voit le jour à Paris et suscite un intérêt, voire une « mode dun attrait irrésistible »[29] qui trouve un certain point dorgue avec la publication de Salammbô par Gustave Flaubert en 1858. Charles Ernest Beulé, pour sa part, met en évidence au cours dun voyage les absides romaines sur la colline de Byrsa mais se heurte vite aux difficultés des fouilles sur cet espace maintes fois remanié, non sans prédire que « Carthage aura son tour, comme lÉgypte, comme Ninive et comme Babylone »[30]. Le rôle joué par les Pères blancs mérite aussi dêtre rappelé. Ainsi, le père Delattre est envoyé sur place à partir de 1875 par le cardinal Lavigerie avec un but non seulement apostolique mais archéologique affirmé[31]. Il sintéresse surtout aux nécropoles puniques ainsi quaux basiliques chrétiennes[32]. Pendant les premières années du protectorat français, le bey de Tunis signe plusieurs décrets dont lun concerne la création du Musée national du Bardo, et lautre réglemente les fouilles et protège le patrimoine[33].

Carthage voit ensuite une poignée de passionnés, le plus souvent archéologues amateurs, travailler de manière acharnée afin de sortir le site de loubli. Même si certaines méthodes de fouilles peuvent sembler contestables aujourdhui, il faut relever, comme la fait Serge Lancel, quils « ont multiplié remarques et observations encore utilisables à une époque larchéologie officielle se cantonnait aux nécropoles ou se désintéressait de Carthage »[34]. Grâce à ces enthousiastes, œuvrant à une époque encore floue sur le plan de la protection du patrimoine, des éléments essentiels sont sauvegardés, parfois au prix de leurs deniers personnels. Tel est le cas de la découverte du tophet en 1921 par Paul Gielly et François Icard dans des circonstances rocambolesques. Il faut également citer le docteur Louis Carton, qui met au jour la « fontaine aux mille amphores »[35], même si les fouilles ne sont pas toujours dénuées dintérêts personnels, la récupération dobjets étant chose courante à lépoque.

Quant à Charles Saumagne, grâce à ses observations du terrain, il trace le plan de la ville romaine dès 1924, plan qui reste pour une grande partie valide même après les dernières campagnes de fouilles[36]. Le dernier de ces pionniers est Pierre Cintas, fonctionnaire de ladministration des douanes, qui entreprend des études universitaires afin de se consacrer au sujet, et auteur dun Manuel darchéologie punique (1970-1976). Cet ouvrage, laissé inachevé au moment de sa mort, demeure un outil primordial de synthèse sur les premières fouilles.

À partir de mai 1972, les équipes de la mission internationale de lUnesco[37] travaillent sous la coordination du conservateur du site Abdelmajid Ennabli[38] :

Nationalité Activités Personnalités
Allemagne Allemagne quartier dhabitat punique puis romain (proximité du rivage)
découverte dun temple punique dit dApollon
Friedrich Rakob
Bulgarie Bulgarie rotonde de Damous El Karita Stefan Boyadjiev
Canada Canada monument circulaire, muraille de Théodose et villas suburbaines Pierre Senay, Colin M. Wells, Vanda Vitali, Jeremy Rossiter
Danemark Danemark quartier dhabitat punique au pied de la falaise dAmilcar Soren Dietz
États-Unis États-Unis tophet de Salammbô, port marchand et cirque Lawrence E. Stager, John H. Humphrey, Naomi Norman
France France colline de Byrsa
villa du cryptoportique
Serge Lancel, Jean-Paul Thuillier, Jean-Paul Morel, Pierre Gros, Jean Deneauve
Jean-Pierre Darmon
Italie Italie cadastration Andrea Carandini, Giuseppe Pucci
Royaume-Uni Royaume-Uni port militaire et mise en valeur de lîlot de lamirauté Henry Hurst
Suède Suède villa romaine Carl-Gustaf Styrenius
Tunisie Tunisie anastylose de la colonne du frigidarium et restauration des thermes dAntonin
mise en valeur de la villa de la volière
Liliane Ennabli, Fethi Chelbi

Cité des vivants

Par ce terme, il faut entendre les espaces privés tels quils ont pu subsister. Même si de très nombreuses villas romaines ont fait lobjet de fouilles depuis fort longtemps, peu de vestiges ont été mis en valeur sur le site, hormis dans le parc dit des « villas romaines ». Les éléments décoratifs, principalement les mosaïques, ôtés, les pans de murs ont très souvent été abandonnés et le site livré au pillage. Pour cette raison, et de façon quelque peu paradoxale, il est plus aisé de déambuler dans un quartier dépoque punique tardive, protégé par la gangue que constituèrent pendant deux millénaires les remblais romains de la colline de Byrsa. Un autre quartier punique plus ancien, dit « quartier Magon », a été fouillé en bord de mer.

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Byrsa

Article détaillé : Byrsa.

Sur le sommet de la colline de Byrsa, emplacement du forum romain, a été mis au jour un quartier dhabitation punique du dernier siècle dexistence de la ville, daté plus précisément du début du IIe siècle[39]. Il a été fouillé par larchéologue français Serge Lancel. La visite de ce site est intéressante pour qui ne peut se rendre à Kerkouane (cité punique du cap Bon). En effet, lorganisation du quartier et des habitations entre magasins et espaces privés est particulièrement significative[40].

Quartier punique de Byrsa

Lhabitat est typique et même stéréotypé, avec un local sur la rue pouvant être utilisé comme magasin, une citerne étant installée au sous-sol afin de récupérer leau destinée à lutilisation domestique, et un long couloir sur le côté droit qui mène à une cour percée dun puisard et autour de laquelle se succèdent de petites pièces en nombre variable. Certains sols sont couverts de mosaïques dites pavimenta punica, au milieu parfois dun mortier rouge caractéristique.

Les vestiges ont été conservés grâce aux remblais romains, substruction du forum dont les piles de fondation parsèment le quartier. Les différents îlots dhabitation sont séparés par des rues orthogonales, dune largeur approximative de six mètres, dont la chaussée est constituée de terre battue[41]. On remarque aussi in situ des escaliers destinés à compenser le dénivelé de la colline. Ce programme édilitaire, qui a nécessité une organisation et une volonté politique, a inspiré le nom du quartier, baptisé « quartier Hannibal » en référence au suffétat du grand général au début du IIe siècle av. J.-C..

Magon

Non loin de la mer, une zone de la ville punique a été fouillée par des archéologues allemands. Ils y ont découvert un pan du rempart qui protégeait la cité au Ve siècle av. J.-C. ainsi que tout un quartier dhabitation dont ils ont pu décrypter lévolution durant les deux siècles précédant la destruction de 146 av. J.-C.[42]. Même si le site est ouvert aux touristes, il reste difficile dinterprétation pour les non-spécialistes. Néanmoins, les fragments de colonnes puniques ainsi que plusieurs éléments supérieurs de la muraille du front de mer sont des témoignages émouvants quoique ténus. On y voit notamment une villa à péristyle.

Les archéologues ont pu déterminer un schéma dorganisation urbaine dès les aménagements les plus anciens dont on ait gardé les traces, avec des rues larges de trois mètres environ et une exception notoire : une vaste rue de neuf mètres de large se dirigeant vers une « porte marine » ouverte dans le rempart[41].

Dans un petit antiquarium sont exposées des restitutions du site à diverses époques de la ville punique ainsi quune maquette dun puits dextraction de blocs de pierre qui se trouve à El Haouaria.

Villas romaines

Atrium de la villa de la volière
Vue aérienne du site des villas romaines en 1950

À proximité du théâtre a été mise au jour une zone constituant de nos jours le parc dit des « villas romaines ». Il abrite, outre la célèbre « villa de la volière », du nom de la mosaïque principale qui la décore, de nombreux vestiges significatifs liés à la topographie des lieux. La pente à cet endroit est assez forte et certains éléments intéressants de plusieurs villas ont été dégagés, dont un cryptoportique qui abritait une partie des objets que lon peut voir aujourdhui dans les collections épigraphiques du Musée national du Bardo[43].

La « mosaïque de la volière » est située dans la villa du même nom, autour dune cour à colonnade, et figure des oiseaux parmi les feuillages[44]. Cet édifice daté du IVe siècle a fait lobjet dune restauration soignée. Tant par son plan faisant la part belle aux salles de réception que par son décor, en particulier de mosaïques, la richesse du propriétaire transparaît dans ce qui reste lun des exemples les plus parlants sur le site de Carthage. La « mosaïque des chevaux », replacée non loin de cette villa, est un mélange de mosaïques et de panneaux de marbre de diverses origines alternent les carrés de marbre en opus sectile et les mosaïques de chevaux dont le nom est suggéré par une sorte de rébus.

Vers larrière du parc se trouvent les vestiges de la basilique Damous El Karita ainsi que ceux dun monument circulaire dont la destination demeure mystérieuse.

Cité des morts

Les nécropoles de la cité antique sont assez difficiles à reconnaître sur le site actuel, les seuls vestiges relativement significatifs découverts et encore visibles étant un certain nombre de tombes puniques présentes en particulier dans le parc des thermes dAntonin et sur le flanc sud de la colline de Byrsa. Il faut signaler que la redécouverte de la cité et de la civilisation punique a longtemps été tributaire des seules fouilles de nécropoles[45].

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Nécropoles puniques

Tombeau punique du flanc sud de Byrsa

Les tombes puniques qui ont fait lobjet dune identification, dun nombre supérieur à 3 500, sont relativement disséminées dans la ville et forment une sorte darc de cercle au milieu duquel se situait lhabitat :

  • flanc sud de la colline de Byrsa
  • aire nord de lactuel parc des thermes dAntonin, les tombes étant antérieures au VIe siècle av. J.-C.[46]
  • espace occupé par le parc actuel des villas romaines, la zone de lodéon ainsi que la colline de Junon
  • colline de Bordj Djedid et de Sainte-Monique avec la nécropole dite « des Rabs » (dont sont issus les deux sarcophages du prêtre et de la prêtresse), utilisée à partir du Ve siècle av. J.-C.-IVe siècle av. J.-C. et cela jusquà la destruction de la cité punique[47].

Leurs fouilles, qui ont donné lieu à des cérémonies mondaines à la fin du XIXe siècle[48], ont livré un important matériel : céramiques, masques et divers petits objets révélant des influences égyptiennes, linfluence hellénique devenant de plus en plus marquée à partir des Ve siècle av. J.-C.-IVe siècle av. J.-C.. Une grande partie des fouilles concerne surtout des sépultures du VIIe siècle av. J.-C.[49].

Les sépultures anciennes furent réutilisées au Ve siècle avant que de nouveaux espaces soient consacrés aux morts, selon le même schéma en arc de cercle souligné, les lieux étant situés intra muros[50]. Deux types de sépultures doivent être distinguées, lune étant située au fond de puits parfois profonds dune trentaine de mètres et contenant diverses chambres funéraires, lautre étant constituée de bâtiments de type « tombe à dromos ».

Une place à part doit être faite au tophet, qui offre la particularité dêtre à la fois un cimetière et un sanctuaire.

Nécropoles romaines et byzantines

Contrairement aux nécropoles puniques, celles de lépoque romaine se trouvaient hors des limites de la cité. Accessibles et transportables aisément, les éléments en élévation ont été la plupart du temps détruits ou réemployés. De ce fait, peu déléments funéraires restent désormais visibles.

Les fouilles récentes ont mis en évidence plusieurs cimetières, dont celui des officiales, réservé aux fonctionnaires de ladministration proconsulaire aux abords des citernes de La Malga[51].

Des mausolées avec bas-reliefs stuqués ont été anciennement mis au jour dans le même secteur et déposés au Musée national du Bardo[52].

Édifices publics

Des puissantes constructions publiques de lépoque punique, mentionnées par les textes dont nous disposons (citadelle de Byrsa et agora près des ports), aucune trace na traversé les siècles. Les vestiges existants concernent essentiellement lépoque romaine, en particulier les monuments les plus importants de la « Rome africaine », vestiges qui malgré leur présence restent peu significatifs de la grandeur passée de la cité.

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Byrsa à lépoque romaine

La colline de Byrsa a vu de vastes travaux durbanisation dès le début de la colonie romaine, la groma de la nouvelle Rome dAfrique se trouvant au sommet. La grande plate-forme était occupée par les éléments du forum, capitole et basiliques civile et judiciaire bâtis dès la naissance de la colonie romaine. Une curie et un tabularium complètent la parure monumentale de la colline[53].

Remblais romain au-dessus des ruines puniques

Les dernières recherches (notamment celles de Pierre Gros) ont mis en exergue le caractère éminemment politique de la parure monumentale de la Colonia Iulia et le décalage dans le temps entre ces constructions et lexpansion des bâtisses privées[53]. Toutefois, les fouilles sont très difficiles sur une telle surface, le site étant occupé par la cathédrale Saint-Louis et par les anciens bâtiments du couvent des Pères blancs[54].

Une aquarelle montrant les travaux darasement de la colline par les Romains, ainsi quune maquette du forum, sont visibles au Musée national de Carthage. Les vestiges conservés dans la zone du jardin archéologique sont extrêmement limités, les plus parlants étant ceux des absides découvertes par Beulé et ceux dune basilique sur le flanc oriental de la colline.

Théâtre et odéon

Le théâtre du IIe siècle a fait lobjet dune importante restauration, les restes dépoque romaine étant très modestes. De lédifice conçu pour accueillir 5 000 spectateurs ne subsistaient que de faibles ruines au début du XXe siècle, tant des gradins que de la scène ou du frons scaenae.

Vue des gradins restaurés du théâtre

Lédifice est dun type intermédiaire entre le théâtre grec dont la structure était creusée dans le sol et le théâtre romain souvent construit sur un terrain découvert[55]. Les fouilles ont révélé une destruction précoce par les Vandales[56], suivie dune occupation du site par une population indigente. Il est difficile dimaginer que ce bâtiment ait pu faire ladmiration dauteurs tels quApulée de par la richesse des marbres et les divers éléments de décor. Cette volonté délibérée de détruire afin de récupérer les matériaux confirme le qualificatif qui fut attribué au peuple responsable de tels actes par labbé Grégoire. Toutefois, on y a découvert de nombreuses statues, à présent déposées au Musée national du Bardo[57], dont le célèbre Apollon.

Au début du XXe siècle, le théâtre a servi à des représentations diverses, notamment de pièces en costumes dinspiration antique. On y a également prononcé des discours historiques, entre autres Winston Churchill pendant la Seconde Guerre mondiale[58]. Désormais, lendroit accueille chaque année le Festival international de Carthage.

De lodéon ne subsistent que peu de vestiges. Leur état permet toutefois de se rendre compte des travaux de restitution effectués au théâtre, qui lui est adossé, afin de lui donner son aspect actuel. Des fouilles ont été entreprises de 1994 à 1999 sur ce bâtiment, dont la structure était entièrement bâtie. On sait par un texte de Tertullien que sa construction date du règne de Septime Sévère[59].

Thermes dAntonin

Article détaillé : Thermes d'Antonin de Carthage.
Ruines des thermes dAntonin

Les thermes dAntonin furent édifiés en bord de mer après un grand incendie qui ravagea la cité au IIe siècle, plus précisément entre 145 et 162[60]. Même si le bâtiment constitue lensemble thermal le plus important de Carthage, il nétait pas le seul, bien quil ne reste aucune partie en élévation dédifices du même type. Des restaurations ont eu lieu après un tremblement de terre survenu au IVe siècle. Après lécroulement dune partie des voûtes du frigidarium à la fin du IVe siècle ou au début du Ve siècle, le bâtiment a continué dêtre utilisé, la désaffectation datant de 638 selon Alexandre Lézine[61]. Ce dernier a travaillé en particulier avec Gilbert-Charles Picard durant laprès-guerre au dégagement, à létude et à la mise en valeur des ruines au sein du parc archéologique.

Des installations dorigine ne demeurent que quelques vestiges du rez-de-chaussée, constitué par les espaces de service, à proximité du rivage[62]. Les thermes ont servi de carrière de pierres pendant des siècles, et on leur doit quantité de monuments à Tunis et dans de nombreuses villes du nord du bassin méditerranéen, comme Pise[63]. Abdelmajid Ennabli et Hédi Slim ont pu dire de lédifice quil nétait plus qu’« un colosse abattu et dépouillé de presque tous ses éléments tant architecturaux quornementaux »[62]. Par ailleurs, la topographie des lieux a considérablement changé depuis lAntiquité, les hommes ayant asséché une zone initialement marécageuse et la ligne de rivage étant beaucoup moins nette quelle ne lest désormais[64]. Par ailleurs, le niveau de la mer Méditerranée sest relevé dune cinquantaine de centimètres, engloutissant une partie des vestiges, dont la piscine.

Les ruines sétendent sur une longueur supérieure à 200 mètres le long du littoral. Lanastylose dune colonne du frigidarium par une mission archéologique tunisienne pendant la campagne internationale menée par lUnesco (1972-1992) donne une idée de la magnificence des lieux à lapogée de la ville romaine[65], les voûtes disparues sélevant à une hauteur supérieure à 29 mètres, cest-à-dire léquivalent dun immeuble de six étages[66].

Amphithéâtre et cirque

Article détaillé : Amphithéâtre de Carthage.
Arène de lamphithéâtre de Carthage

De lamphithéâtre dune capacité de 30 000 personnes qui aurait vu le martyre des saintes Perpétue et Félicité le 7 mars 203[18],[67]tradition selon toute vraisemblance erronée, les chercheurs saccordant à placer cet événement dans un autre lieu, un amphitheatrum castrense dont la localisation est inconnue[68] —, il ne demeure que larène, le reste ayant disparu en raison des pilleurs de monuments qui ont sévi à Carthage pendant plus dun millénaire. On ne peut guère que sappuyer sur les descriptions enthousiastes des visiteurs du Moyen Âge, dont Al Idrissi :

« Au sommet de chaque arcade est un cartouche rond, et sur ceux de larcade inférieure on voit diverses figures et représentations curieuses dhommes, dartisans, de navires, sculptées sur la pierre avec un art infini. Les arcades supérieures sont polies et dénuées dornements[28]. »

Un sort analogue a été réservé au cirque, ce dernier nétant plus suggéré que par une longue dépression à proximité de Douar Chott ; une route le traverse désormais. Les fouilles de léquipe américaine dans le cadre de la mission archéologique de lUnesco permettent de supposer une capacité daccueil de 60 000 spectateurs[69]. Elles ont également démontré une occupation tardive (VIIe siècle) par une population indigente, car les sépultures indiquent une malnutrition manifeste[70].

Édifice à colonnes

Photographie ancienne de lédifice à colonnes

Situé sur la colline de Junon, cet édifice correspondait à une fonction à ce jour inconnue. Les archéologues ont dégagé des colonnes corinthiennes jumelées alors que le sol est pavé de mosaïques[71]. Ils envisagent deux hypothèses pour son utilisation comme édifice civil : soit en tant que basilique civile, soit en tant que palestre de thermes dits de Gargilius dont il serait le dernier vestige[72]. On a pu déterminer une activité religieuse pour lépoque byzantine, certains historiens saccordant à en faire lun des lieux essentiels lors de la condamnation du donatisme par saint Augustin en 411[73].

Édifices religieux

Des édifices à vocation religieuse ne subsistent que des traces ténues liées aux fouilles incomplètement effectuées. Des Puniques, on ne dispose daucun élément pour ce qui était leur sanctuaire principal selon les textes, le temple dEshmoun, à proximité de la citadelle. Il reste toutefois laire sacrée du tophet, au caractère à la fois funéraire et votif. Il ne demeure rien de la Carthage romaine et des temples principaux situés sur le capitole, même si certaines statues cultuelles ont traversé les siècles. LAntiquité tardive a légué quant à elle un certain nombre de basiliques qui, à lavènement du christianisme, ont remplacé les temples païens quand ils nont pas été détruits[74]. Elles ont été fortement explorées par les Pères blancs au XIXe siècle et ont parfois subi des restitutions intempestives, particulièrement à loccasion du jubilé de 1930.

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Tophet de Salammbô

Article détaillé : Tophet de Carthage.

Le tophet, situé non loin des ports puniques, est un enclos sacré les Carthaginois auraient sacrifié leurs enfants aux divinités protectrices Tanit et Ba'al Hammon selon une historiographie bien ancrée mais remise en cause par certains spécialistes, particulièrement Sabatino Moscati[75]. À la suite des auteurs anciens et dune vision romantique favorisée par le roman de Flaubert, un certain nombre de chercheurs a cru reconnaître dans ce lieu la preuve de cette tradition.

Partie du jardin du tophet de Carthage

Découvert en 1921 par Paul Gielly et François Icard, lespace a vu les fouilles interrompues et reprises plusieurs fois par diverses équipes, les dernières investigations en date étant celles de Lawrence E. Stager, qui se place dans la tradition du lieu sacrificiel[76]. Dès les premiers coups de pioche, les vestiges ont confirmé lhypothèse qui prévalait. La stèle du prêtre à lenfant a pesé lourd dans linterprétation. Cependant, la médecine na pu jusquà présent certifier que les enfants enterrés aient été victimes de sacrifices, dautant plus que des ossements autres quhumains y furent découverts. Ces analyses posent davantage de problèmes dinterprétation quelles napportent de réponses. Quoi quil en soit, les cendres des enfants brûlésau-delà des causes du décèsétaient recueillies dans des urnes puis enterrées au-dessous de cippes ou stèles votives. Lorsque lespace était rempli, on le remblayait, et ainsi se formait une nouvelle couche[77].

Les archéologues ont déterminé trois types dans les dépositions retrouvées (Tanit I, Tanit II et Tanit III), chaque style se caractérisant par des caractères propres et des stèles aux différences marquées, tant dans la forme que dans léventuel décor. Une constance doit être notée, celle de lutilisation de symboles astraux et du signe de Tanit. De même, les inscriptions sont stéréotypées[78], indiquant une dédicace pour un vœu ou un remerciement suite à un vœu exaucé.

Limage bien connue du tophet est constituée par les stèles sous des voûtes qui sont toutefois plus tardives, datant de lépoque romaine. Toutefois, la présentation actuelle du site, même si elle est hétéroclite et artificielle, met surtout en valeur des stèles anciennes de grès dEl Haouaria et un petit nombre de stèles tardives plus travaillées mais plus fragiles car elles sont composées de calcaire. On les trouve exposées surtout au Musée national de Carthage. À lépoque romaine, cet espace servait à dautres usages : entrepôts, fours de potier et maisons, mais on y remarque également un sanctuaire dédié à Saturne, équivalent romain de Baal Hammon et divinité principale du panthéon africain.

Complexe de la basilique de Carthagenna et quartier paléo-chrétien

Aperçu des ruines du quartier paléo-chrétien

Le quartier appelé Carthagenna était celui des « anciens ports de la ville et des terrains environnants » selon le père Delattre. La partie sud de ce quartier est désormais appelée Salammbô. Le quartier datant de lAntiquité tardive a fait lobjet dun dégagement par des archéologues. Deux bâtisses sy sont succédé, dont un bâtiment à colonnes de la fin du IVe siècle. On a pu en déterminer la fonction religieuse, plus précisément chrétienne, de par son décor. Cest donc un cas unique déglise connue à Carthage pour cette époque[79].

Cet endroit abrite en outre une grande basilique paléochrétienne à cinq nefs et deux absides, bâtie au VIe siècle, à laquelle fut adjoint un baptistère. Un certain nombre de vestiges liés à lédifice permettent dinterpréter lensemble comme un complexe ecclésiastique[80].

On a construit un petit musée qui conserve quelques objets provenant du site ou de ses alentours. Entre autres éléments remarquables, figurent une mosaïque portant des inscriptions grecques, la mosaïque dite des auriges grecs qui donna son nom à la villa on la trouva, et une statuette représentant Ganymède, découverte brisée dans une citerne, probablement cassée lors de sa mise en place et jetée aussitôt dans le lieu d elle fut exhumée[81].

Basilique de Damous El Karita

La basilique de Damous El Karita, sur le plateau de lodéon, a été dégagée en 1878 par le père Delattre, lun des premiers à avoir fouillé le site[82]. Il sagit du premier monument chrétien découvert à Carthage, et lon suppose que le nom actuel provient dune déformation du latin domus caritatis (maison de la charité).

Basilique de Damous El Karita vue de louest

Les recherches intensives qui ont eu lieu afin de trouver tombeaux et inscriptions paléochrétiennes ont dépouillé le monument, et ses vestiges ne sont guère impressionnants[83]. De surcroît, fouillé jusquau sol vierge, il a fait lobjet de restaurations intempestives en 1930. Fort heureusement, des documents antérieurs ont permis didentifier les diverses phases du bâtiment, dont le premier état semble dater de la fin du IVe siècle[84]. Immense édifice au commencement (mesurant 65 mètres sur 45 avec neuf nefs et onze travées pour lespace central), le site se compose, outre la basilique, dun baptistère et dun ensemble pouvant avoir abrité des moines. Dans son dernier état, le monument est très réduit (trois nefs et cinq travées uniquement), dénotant une forte dégradation[85].

À proximité des vestiges, on peut observer un monument circulaire en partie souterrain dont certains archéologues estiment quil était destiné à honorer des martyrs[86]. Pour dautres, à la suite du père Delattre, et jusquà lultime fouilleur du site dans le cadre de la campagne internationale, Stefan Boyadjiev, il sagit dun baptistère. Dautres encore y voient une finalité funéraire[85]. Lédifice na jamais été soumis à des fouilles exhaustives et il reste mal connu. Les recherches permettent néanmoins de signaler quil possède une rotonde souterraine, coiffée jadis dune coupole, à laquelle on accède par deux escaliers[87], supposant une circulation organisée dindividus[85]. Dans les environs immédiats a été construite la mosquée El Abidine, inaugurée en 2003.

Basilique de saint Cyprien

Ruines de la basilique de saint Cyprien en 1950

Sur le plateau de Borj Djedid a été dégagée la basilique dite de saint Cyprien. Cette vaste construction a été retrouvée en 1915 et identifiée à la basilique de saint Cyprien grâce à un texte de saint Augustin qui la situait « en avant de la ville, près de la mer »[88].

Constitué de sept nefs, le monument était entouré dun vaste cimetière. Ici, mais dans un édifice antérieur, sainte Monique, mère de saint Augustin, aurait passé la nuit précédant le départ de celui-ci pour lItalie[88].

Bénéficiant dun panorama exceptionnel sur le golfe de Tunis et le Djebel Boukornine, ces vestiges ont fait lobjet de fouilles importantes, avec retrait des dalles et pavages antiques, ainsi que dune restauration à loccasion du jubilé organisé à Carthage en 1930 avec des anastyloses hétéroclites[89].

La façade daccès au bâtiment se trouvait à proximité du ravin donnant sur la mer, sur un site dédié vraisemblablement à la sécurité des marins depuis longtemps. On suppose que le corps de saint Cyprien y fut déposé, ce qui pourrait expliquer une longue utilisation du bâtiment à partir de la fin du IVe siècle, y compris durant lépoque vandale[90].

Basilique Majorum

Sur le site dénommé Mcidfa a été mis au jour un édifice identifié comme la basilique Majorum depuis sa découverte en 1906-1909 par le père Delattre. Lutilisation comme cimetière païen dès le Ier siècle confirmerait lhypothèse quil sagit de la basilica maiorum, lieu de sépulture des saintes Perpétue et Félicité après leur martyre. On y a trouvé une inscription mentionnant la présence des corps des martyrs, dont nous savons par un texte de Victor de Vita quils furent inhumés dans ladite basilique[91]. Saint Augustin y a prêché plusieurs sermons[92]. Par ailleurs, un texte du même Victor de Vita nous apprend que léglise fut réquisitionnée par les Vandales et destinée au culte arien, lédifice étant rendu au catholicisme de façon certaine à lépoque byzantine. Labandon de ce lieu est avéré au début du VIIe siècle, du fait du rétrécissement du tissu urbain dans son environnement proche[93]. Quant à lidentification de ce monument à la Perpetua Restituta[92], cest-à-dire la basilique catholique de la ville, elle nest en rien avérée, les archéologues nayant à ce jour aucun élément matériel en leur possession.

Les archéologues ont daté cette construction du début du IVe siècle[94]. Lédifice retrouvé se composait de sept nefs et de treize travées ; il a subi quelques transformations sous la domination byzantine. Surcreusé par les fouilles, il ne présente plus aujourd'hui que des fûts de colonnes et quelques murs subsistants, peu impressionnants. Cela vient du fait quil a été systématiquement détruit[95]. Déjà, le père Delattre avait noté son état médiocre, selon lui au réemploi des matériaux dans les habitations voisines[96]. Cest pourquoi, à lécart des autres éléments du site, ces quelques vestiges sont laissés quasiment à labandon.

Basiliques de Douimès

Les deux basiliques dites « de Douimès » (mot qui signifie « voûtes ») se trouvent actuellement dans le parc archéologique des thermes dAntonin[97]. Elles étaient relativement bien conservées lors de leur découverte, mais lexposition montée sur le site des basiliques a entraîné une dégradation très importante tant des structures que des mosaïques, dégradation due au ruissellement de leau et à la fréquentation touristique.

Le premier édifice, qui date du début de lépoque byzantine et fut découvert relativement endommagé, comprenait trois nefs. Dans son environnement archéologique immédiat se situaient un cimetière chrétien ainsi quun tombeau punique du Ve siècle av. J.-C.[98].

La seconde basilique était plus grande, avec ses cinq nefs et deux sacristies. En outre y étaient accolés un baptistère ainsi quun autre élément ayant sans doute servi de martyrium, lieu lon rendait un culte à des saints[99].

Infrastructures

Les infrastructures de lancienne Carthage sont relativement bien connues pour ce qui concerne la période romaine. La cadastration ainsi que la centuriation de lespace ont fait lobjet détudes très complètes. Dès 1833, le consul du Danemark à Tunis C. T. Falbe effectue les premiers relevés mais les autres historiens de Carthage ne sont pas en reste, une longue liste de travaux étant consacrée au sujet[100]. Parallèlement, lorganisation de la ville romaine est assez bien restituée. Quant aux infrastructures de lépoque punique, elles sont peu connues, en dehors dun certain nombre de citernes, et concernent surtout les ports puniques, identifiés pendant longtemps à deux lagunes. De lépoque romaine sont particulièrement impressionnantes les 18 citernes qui constituaient le débouché de laqueduc de Zaghouan afin dalimenter les thermes dAntonin.

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Ports puniques

Article détaillé : Ports puniques de Carthage.
Vue du port circulaire avec la mer au second plan

La question des ports de la cité de Carthage est fondamentale, en raison de limportance du monde maritime pour les Phéniciens. Les deux lagunes actuelles, le long du rivage, dénommées lune « port marchand »[101] et lautre « port militaire »[102]avec lîlot dit « de lamirauté » en son centre, a été mise en valeur une cale de radoub —, ne sont peut-être pas le lieu essentiel quon a voulu y voir à la suite des affirmations de Chateaubriand au début du XIXe siècle et de linterprétation abusive dun texte dAppien[103]. La surface des lagunes, huit hectares pour le port militaire et le double pour la seconde, a pu faire douter que se situaient les ports de la fière rivale de Rome[104].

En effet, il est attesté que les Carthaginois laissaient leurs navires sur le rivage au début de leur histoire mais sans doute aussi plus tardivement. Les lagunes pourraient nêtre que le cothon de la cité punique dans le dernier demi-siècle de son existence[105]. Sur le pourtour du port militaire et sur lîlot étaient déployées des cales dhivernage, dont le nombre a été estimé à environ 170[106]. Aucune trace du pavillon du navarque nest visible actuellement.

Le quartier des ports a été remanié à lépoque romaine avec laménagement dune place publique, cernée dune colonnade, au milieu de laquelle sélevaient deux bâtisses dont un temple. Lactivité commerciale y resta primordiale, en particulier pour le chargement des navires de blé destiné à lannone[69].

Citernes de La Malga

Aperçu des citernes de La Malga

À lépoque punique il existait de modestes citernes car lapprovisionnement en eau était une affaire privée. De nombreuses citernes puniques ont traversé les siècles et permettent aux chercheurs de travailler sur la densité du peuplement de lantique cité, notamment dans le quartier de Mégara[107]. Un seul équipement hydraulique nous est connu, la « fontaine aux mille amphores », désormais inaccessible aux visiteurs car elle se trouve dans la zone de sécurité du palais présidentiel.

Au nord de la ville romaine se situent de vastes citernes relativement bien conservées. Elles formaient le point darrivée principal des aqueducs qui alimentaient la cité, dont le fameux aqueduc de Zaghouan. Un musée y a été installé afin de montrer le fonctionnement de ces aménagements hydrauliques. Les grandes citernes, dont la contenance a été estimée à 2,5 millions de m³, étaient reliées au vaste complexe des thermes dAntonin par des canalisations surtout souterraines utilisant la forte déclivité du terrain[108],[109].

Pièces archéologiques majeures trouvées à Carthage

À partir de la fin du XIXe siècle, le produit des fouilles effectuées à Carthage est partagé principalement[110] entre les musées Lavigerie (actuel Musée national de Carthage) et Alaoui (Musée national du Bardo). Les fouilles effectuées par les Pères blancs nont pas quitté la ville, les recherches du service des antiquités aboutissant au Bardo.

Musée national de Carthage

Article détaillé : Musée national de Carthage.

Le Musée national de Carthage est situé à proximité de la cathédrale, dans les locaux autrefois occupés par les Pères blancs. Il permet au visiteur de mesurer lampleur de ce quétaient les installations de la ville aux époques punique puis romaine[111].

On y voit certaines des plus belles pièces découvertes dans les fouilles depuis le XIXe siècle, notamment une importante collection de bétyles et de stèles provenant du tophet de Salammbôdes stèles de calcaire figurant des éléments sculptés, animaux, végétaux, voire humains sont particulièrement remarquables —, les sarcophages en marbre dits « du prêtre » et « de la prêtresse » (IIIe siècle av. J.-C.) trouvés dans la nécropole « des Rabs », du matériel funéraire comme des masques à motifs apotropaïques et des bijoux en pâte de verre, des mosaïques romaines dont la célèbre « dame de Carthage » considérée traditionnellement comme le portrait dune impératrice byzantinela tenue du personnage féminin, mélancolique et grave, en fait une pièce majeure de lart mosaïcal de lAntiquité tardive[112] —, des éléments sculptés caractéristiques de lart officiel impérial, en particulier la tête dite « de Julie » et des représentations de Victoires du IIe siècle, ainsi quune vaste collection damphores romaines.

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Musée national du Bardo

Article détaillé : Musée national du Bardo (Tunisie).

Un grand nombre de pièces majeures découvertes à Carthage sont désormais exposées au Musée national du Bardo, anciennement dénommé Musée Alaoui et inauguré en 1882. Connu essentiellement pour la richesse de ses mosaïques dépoque romaine, le musée possède également certaines des pièces les plus intéressantes dépoque punique qui nous soient parvenues ; la mosaïque du seigneur Julius, illustrant la vie dun domaine agricole au IVe siècle av. J.-C., a pu être considérée comme le document le plus complet sur léconomie et la société de lAfrique romaine[113]. Sur trois registres superposés sont décrites à la fois les activités du domaine agricole aux différentes saisons et celles des propriétaires des lieux. Les dimensions de la bâtisse représentée au centre de la composition témoignent de la concentration du pouvoir économique dans les mains dun petit nombre de propriétaires terriens dans lAntiquité tardive.

La stèle du prêtre à lenfant, qui vient du tophet, montre un personnage coiffé du chapeau traditionnel des prêtres puniques portant un enfant dans ses bras. Cette découverte de 1921 fut le point de départ dune vaste polémique, certains historiens voulant y voir une concrétisation des multiples sources antiques évoquant le sacrifice des enfants aux divinités Tanit et Baal Hammon. La statue dApollon en marbre blanc des Cyclades, provenant du théâtre et figurant le dieu appuyé nonchalamment sur un trépied de Delphes autour duquel senroule le serpent Python[114], et un mausolée orné de bas-reliefs[115] comptent parmi les pièces les plus marquantes, tout comme lautel de la gens Augusta, retrouvé à proximité de la colline de Byrsa, qui reprend à un niveau moindre les thématiques mises à lordre du jour par lAra Pacis, en se référant à lascendance dÉnée et en mettant en exergue les vertus notamment religieuses de lempereur[116].

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Enjeux actuels : cohabitation entre cité antique et ville moderne

Préservation et classement du site

Plan de classement du parc archéologique national de Carthage-Sidi Bou Saïd

Face à la menace de dégradation qui pèse sur Carthage, le directeur général de lUnesco René Maheu se rend sur le site, le 19 mai 1972, et lance un appel international en faveur de sa protection :

Plaque rappelant le classement du site au patrimoine mondial de lUnesco
« [...] Dût-on ne rien trouver de capital ou de spectaculaire, il est beau, il est bon, quen ce lieu [...] se rassemble, venant de tous les horizons du monde la grande fraternité de ceux pour qui il nest pas de quête plus noble et plus enrichissante que celle de la vérité sur lhomme. À lâpre voix, issue du fin fond des âges qui, en chaque peuple, répète inlassablement son message de haine et qui disait jadis Il faut détruire Carthage !, opposons lappel de lavenir, vieux lui aussi comme lhumanité, quil a guidée hors des ténèbres. Cest la voix de la concorde, de cette Concorde sous le signe de laquelle Auguste édifia la ville qui effaça les ruines de Scipion. Et cest en pensant à notre avenir plus encore quà notre passé, à cet avenir si menacé par nous-mêmes, que nous disons aujourdhui : Il faut sauver Carthage ! Ensemble, nous la sauverons[117],[118]. »

À la suite de cet appel, une campagne internationale se met immédiatement en place et dure jusquen 1992[119] avec comme objectif, selon larchéologue et historien tunisien Abdelmajid Ennabli, de « fouiller dabord, étudier, puis publier, certes, mais aussi consolider, mettre en valeur ces vestiges et les rendre accessibles au public »[120].

Durant la campagne, le gouvernement tunisien fait inscrire le site sur la liste du patrimoine mondial en 1979, à loccasion de la troisième session du Comité du patrimoine mondial, qui se déroule en Égypte, plus précisément à Louxor et au Caire. Par la suite, un plan de classement est approuvé par décret du président de la République tunisienne le 7 octobre 1985[121] :

« Il apparaît clairement que la décision attendue dépasse largement le niveau technique et budgétaire. Le parc de Carthage-Sidi Bou Saïd est un acte de protection et de valorisation du patrimoine national et mondial ; cest aussi un acte daménagement et comme tel, il est aussi un acte politique, et cest ce choix politique qui est espéré[122]. »

Menaces actuelles

Vue de lemprise urbaine sur Carthage
Carthage en 1900 avec vue vers La Goulette
Vue sur lurbanisation de lenvironnement du site

Pourtant, malgré les diverses mesures de préservation, le site reste aujourdhui soumis à diverses pressions de son environnement qui menacent sa pérennité. Banlieue dépeuplée de Tunis[123] au début du XXe siècle, Carthage est très largement mise en danger par lurbanisation rapide des années 1950 et 1960, en particulier lexpansion démographique du Grand Tunis, passé de 300 000 à plus de deux millions dhabitants depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale[124]. La proximité du palais présidentiel de Carthage construit à la fin des années 1950 et le prestige du nom de la cité antique en font un « lieu de pouvoir emblématique », selon Sophie Bessis[124], et un quartier très prisé, en particulier des ambassades. De nombreuses villas y sont également édifiées. Or, face à cette déferlante, certains scientifiques sémeuvent de voir le site condamné à être au mieux inaccessible aux chercheurs, au pire victime des bétonnières.

Les recherches effectuées dans le cadre de la mission de lUnesco, la mise en place de la protection du site ne suffisent pas, même si elles sont nécessaires. Le danger guette toujours car des procédures de déclassement ont abouti à une réduction de la zone non aedificandi et à des constructions parfois aux portes des lieux les plus emblématiques, entre autres la zone des ports puniques[124]. De même, la création de la mosquée El Abidine de Carthage a pu alimenter une polémique de par sa situation sur la colline de lodéon.

Cependant lurbanisation nest pas la seule menace qui pèse sur la conservation du site. Labsence de moyens adaptés pour la stabilisation et lentretien des ruines, leur destruction par érosion et ruissellement, tout comme leur surexploitation par le secteur touristique, constituent des problématiques auxquelles les acteurs institutionnels tunisiens doivent faire face. nest pas le moindre des paradoxes ou des dilemmes : Carthage ne sera sauvée que si la prise de conscience est la plus large possible, cette prise de conscience ne pouvant seffectuer que par une connaissance du site. Parallèlement, pour le pays, la présence sur son territoire dun tel héritagenon seulement les vestiges mais aussi limportance de Carthage dans la mémoire de lhumanitéen fait lun des atouts majeurs de léconomie touristique tunisienne, lun des moteurs du développement national.

Notes et références

  1. Azedine Beschaouch, La légende de Carthage, éd. Découvertes Gallimard, Paris, 1993, p. 48
  2. Serge Lancel, Carthage, éd. Cérès, Tunis, 1999, p. 8
  3. Hédi Slim et Nicolas Fauqué, La Tunisie antique. De Hannibal à saint Augustin, éd. Mengès, Paris, 2001, p. 34
  4. François Decret, Carthage ou lempire de la mer, éd. du Seuil, Paris, 1977, p. 55
  5. Hédi Slim et Nicolas Fauqué, op. cit., pp. 33-34
  6. a, b et c Dureau de la Malle, Recherches sur la topographie de Carthage, éd. Didot, Paris, 1835, p. 245
  7. Dureau de la Malle, op. cit., p. 246
  8. Étienne Jules Adolphe, Histoire des progrès de la géologie de 1834 à 1852, éd. Société géologique de France, Paris, 1853, tome 5, p. 434
  9. Ce terme de « creuset » est particulièrement validé par les témoignages archéologiques passant dune forte influence égyptienne au VIIe-VIe siècle (voir à ce propos louvrage de Pierre Cintas, Amulettes puniques, éd. Institut des hautes études de Tunis, Tunis, 1946) à une influence hellénique au IVe siècle.
  10. Azedine Beschaouch, op. cit.
  11. François Decret, op. cit., p. 7
  12. Polybe, Histoire générale, Livre III, chapitre 5
  13. Hédi Dridi, Carthage et le monde punique, éd. Les Belles Lettres, Paris, 2006, p. 56
  14. Aïcha Ben Abed, « Carthage. Capitale de lAfrica », Connaissance des arts, hors-série Carthage n°69, 1995, p. 28
  15. Connaissance des arts, hors-série Carthage n°69, 1995, p. 33
  16. a et b Christophe Hugoniot, Rome en Afrique. De la chute de Carthage aux débuts de la conquête arabe, éd. Flammarion, Paris, 2000, p. 292
  17. Hérodien, Histoire des empereurs romains, livre VII, XXIV
  18. a, b, c, d, e, f, g, h et i (fr) Jean-François Decret, « Carthage chrétienne », Clio, octobre 2002
  19. Fethi Bejaoui, « La Carthage de saint Augustin », Connaissance des arts, hors-série Carthage n°69, 1995, p. 55
  20. Aïcha Ben Abed, op. cit., p. 44
  21. Fethi Bejaoui, op. cit., pp. 55-56
  22. Abdelmajid Ennabli, « Carthage », Encyclopædia Universalis, Paris, 2002, p. 1041 (ISBN 2852295504)
  23. Liliane Ennabli, « Carthage chrétienne », Encyclopædia Universalis, Paris, 2002, p. 1041 et sq.
  24. Arthur Pellegrin, Histoire de la Tunisie, éd. Bouslama, Tunis, rééd. 1975, p. 132
  25. Mhamed Hassine Fantar, Carthage la cité punique, éd. Cérès, Tunis, 1995, p. 8
  26. Louis Carton, La Tunisie illustrée, février 1921, cité par Mhamed Hassine Fantar, op. cit., p. 10
  27. Al Bakri, Description de lAfrique septentrionale, traduction de William McGuckin de Slane, éd. Adrien-Maisonneuve, Paris, 1965, p. 93 cité par Mhamed Hassine Fantar, op. cit., p. 8
  28. a et b Al Idrissi (trad. Reinhart Pieter Anne Dozy et Michael Jan de Goeje), Description de lAfrique et de lEspagne, Brill, Leyde, 1866, p. 133 , cité par Mhamed Hassine Fantar, op. cit., p. 10
  29. Mhamed Hassine Fantar, op. cit., p. 12
  30. Charles Ernest Beulé, Fouilles à Carthage, éd. Imprimerie impériale, Paris, 1861, p. 84 cité par Mhamed Hassine Fantar, op. cit., p. 13
  31. Azedine Beschaouch, op. cit., p. 94
  32. Édouard Lipinski [sous la dir. de], Dictionnaire de la civilisation phénicienne et punique, éd. Brépols, Paris, 1992, p. 128
  33. Décrets beylicaux du 7 novembre 1882 et du 8 mars 1885
  34. Serge Lancel, « Problèmes durbanisme de la Carthage punique », Carthage et son territoire dans lAntiquité, éd. du CTHS, Paris, 1990, p. 29
  35. Édouard Lipinski [sous la dir. de], op. cit., p. 93
  36. Azedine Beschaouch, op. cit., pp. 90-92
  37. « Récapitulatif des travaux des équipes internationales ayant travaillé à Carthage. 1973-1994 », La Tunisie, carrefour du monde antique, éd. Faton, Paris, 1995, p. 119
  38. Hédi Slim et Nicolas Fauqué, op. cit., p. 33
  39. Édouard Lipinski [sous la dir. de], op. cit., p. 94
  40. Serge Lancel et Jean-Paul Morel, « Byrsa. Les vestiges puniques », Pour sauver Carthage. Exploration et conservation de la cité punique, romaine et byzantine, éd. Unesco/INAA, 1992, pp. 43-59
  41. a et b Mhamed Hassine Fantar, op. cit., p. 40
  42. Friedrich Rakob, « Lhabitat ancien et le système urbanistique », Pour sauver Carthage. Exploration et conservation de la cité punique, romaine et byzantine, éd. Unesco/INAA, 1992, pp. 29-37
  43. Colette Picard, Carthage, éd. Les Belles Lettres, Paris, 1951, p. 45
  44. Colette Picard, op. cit., p. 44
  45. Édouard Lipinski [sous la dir. de], op. cit., p. 92
  46. Colette Picard, op. cit., p. 39
  47. Colette Picard, op. cit., pp. 57-59
  48. Serge Lancel, op. cit., p. 71
  49. Édouard Lipinski [sous la dir. de], op. cit., pp. 92-93
  50. Mhamed Hassine Fantar, op. cit., p. 49
  51. Yann Le Bohec, Histoire de lAfrique romaine, éd. Picard, Paris, 2005, p. 118
  52. Abdelmajid Ennabli et Hédi Slim, Carthage. Le site archéologique, éd. Cérès, Tunis, 1993, p. 32
  53. a et b Yann Le Bohec, op. cit., p. 117
  54. Pierre Gros, « Colline de Byrsa. Les vestiges romains », Pour sauver Carthage. Exploration et conservation de la cité punique, romaine et byzantine, éd. Unesco/INAA, 1992, pp. 99-103
  55. Max Le Roy, Initiation à larchéologie romaine, éd. Payot, Paris, 1965, pp. 47-50
  56. Selon Victor de Vita cité par Colette Picard, Carthage, éd. Les Belles Lettres, Paris, 1951, p. 43
  57. Abdelmajid Ennabli et Hédi Slim, op. cit., 1993, p. 49
  58. Abdelmajid Ennabli et Hédi Slim, op. cit., p. 50
  59. Christophe Hugoniot, op. cit., p. 293
  60. Colette Picard, op. cit., p. 51
  61. Alexandre Lézine, Les thermes dAntonin à Carthage, éd. Société tunisienne de diffusion, Tunis, 1969, p. 41
  62. a et b Abdelmajid Ennabli et Hédi Slim, op. cit., p. 39
  63. Azedine Beschaouch, op. cit., pp. 42-43
  64. Colette Picard, op. cit., p. 47
  65. (fr) [pdf] Jacques Vérité, Thermes dAntonin. Anastyloses au frigidarium, rapport technique n°4, éd. Unesco, Paris, 1985
  66. Alexandre Lézine, op. cit.
  67. Christophe Hugoniot, op. cit., p. 188
  68. Abdelmajid Ennabli, « La campagne internationale de Carthage », La Tunisie, carrefour du monde antique, éd. Faton, Paris, 1995, p. 116
  69. a et b Yann Le Bohec, op. cit., p. 118
  70. Naomi Norman, « Le cirque romain », Pour sauver Carthage. Exploration et conservation de la cité punique, romaine et byzantine, éd. Unesco/INAA, 1992, pp. 161-164
  71. Colette Picard, op. cit., p. 37
  72. Abdelmajid Ennabli et Hédi Slim, op. cit., pp. 46-47
  73. Abdelmajid Ennabli et Hédi Slim, op. cit., p. 47
  74. Victor Guérin, Voyage archéologique dans la Régence de Tunis, éd. Plon, Paris, 1862, vol. I, p. 61
  75. Azedine Beschaouch, op. cit., p. 80
  76. Azedine Beschaouch, op. cit., pp. 79-80
  77. Édouard Lipinski [sous la dir. de], op. cit., p. 463
  78. Serge Lancel, Carthage, p. 340
  79. Liliane Ennabli, Carthage, une métropole chrétienne du IVe à la fin du VIIe siècle, éd. CNRS, Paris, 1997, p. 61
  80. Liliane Ennabli, op. cit., p. 68
  81. John H. Humphrey, « Pied du versant est de Byrsa. Lévolution dun quartier », Pour sauver Carthage. Exploration et conservation de la cité punique, romaine et byzantine, éd. Unesco/INAA, 1992, pp. 165-176
  82. Liliane Ennabli, op. cit., pp. 121-122
  83. Abdelmajid Ennabli et Hédi Slim, op. cit., p. 55
  84. Liliane Ennabli, op. cit., pp. 123-126
  85. a, b et c Liliane Ennabli, op. cit., p. 127
  86. Pierre Seney, « Le monument circulaire », Pour sauver Carthage. Exploration et conservation de la cité punique, romaine et byzantine, éd. Unesco/INAA, 1992, pp. 104-113
  87. Colette Picard, op. cit., p. 66
  88. a et b Colette Picard, op. cit., p. 62
  89. Abdelmajid Ennabli et Hédi Slim, op. cit., p. 59
  90. Liliane Ennabli, op. cit., p. 131
  91. Liliane Ennabli, op. cit., pp. 132-133
  92. a et b Dureau de la Malle, op. cit., p. 217
  93. Liliane Ennabli, op. cit., p. 135
  94. Yann Le Bohec, op. cit., p. 221
  95. Dominique Arnauld, Histoire du christianisme en Afrique. Les sept premiers siècles, éd. Karthala, Paris, 2001, p. 299 (ISBN 2845861907)
  96. Liliane Ennabli, op. cit., p. 133
  97. Abdelmajid Ennabli et Hédi Slim, op. cit., pp. 44-45
  98. Colette Picard, op. cit., p. 46
  99. Colette Picard, op. cit., p. 47
  100. Pol Trousset, « Les centuriations romaines », La Tunisie, carrefour du monde antique, éd. Faton, Paris, 1995, pp. 70-79
  101. Lawrence E. Stager, « Le tophet et le port commercial », Pour sauver Carthage. Exploration et conservation de la cité punique, romaine et byzantine, éd. Unesco/INAA, 1992, pp. 73-78
  102. Henry Hurst, « Lîlot de lamirauté, le port circulaire et lavenue Bourguiba », Pour sauver Carthage. Exploration et conservation de la cité punique, romaine et byzantine, éd. Unesco/INAA, 1992, pp. 79-94
  103. Appien, Libyca, 96, cité par François Decret, Carthage ou lempire de la mer, éd. du Seuil, Paris, 1977, p. 65
  104. Mhamed Hassine Fantar, Carthage. Approche dune civilisation, éd. Alif, Tunis, 1993, p. 128
  105. Hédi Slim et Nicolas Fauqué, op. cit., p. 44
  106. Serge Lancel, op. cit., p. 245
  107. Serge Lancel, op. cit.
  108. Yann Le Bohec, op. cit., p. 118
  109. Azedine Beschaouch, op. cit., p. 102
  110. De nombreuses pièces archéologiques provenant de Carthage se trouvent dans de grands musées comme le Musée du Louvre, le British Museum mais aussi dautres musées moins importants comme le musée archéologique de Cracovie.
  111. (fr) [pdf] Abdelmajid Ennabli, « Le Musée de Carthage. Un lieu de mémoire », Museum international, n°198, 1998, pp. 23-32
  112. Mohamed Yacoub, Splendeurs des mosaïques de Tunisie, éd. Agence nationale du patrimoine, Tunis, 1995, p. 360
  113. Mohamed Yacoub, op. cit., pp. 215-221
  114. Nayla Ouertani, « La sculpture romaine », La Tunisie, carrefour du monde antique, éd. Faton, Paris, 1995, p. 94
  115. Colette Picard, op. cit., p. 68
  116. Paulette Hornby, « Auguste et la nouvelle Rome », Connaissance des arts, hors-série Carthage n°69, 1995, p. 50
  117. (fr) [pdf] Allocution de René Maheu, Pour sauver Carthage, prononcée à Carthage le 19 mai 1972 (Archives de lUnesco)
  118. Pour sauver Carthage. Exploration et conservation de la cité punique, romaine et byzantine, éd. Unesco/INAA, 1992, pp. 231-234
  119. Abdelmajid Ennabli, op. cit., pp. 102-117
  120. Abdelmajid Ennabli, op. cit., p. 105
  121. (fr) [pdf] Décret du 7 octobre 1985 relatif au classement du site de Carthage, Journal officiel de la République tunisienne, 18 octobre 1985
  122. Extrait du rapport de lUnesco sur le projet de parc archéologique cité par Pour sauver Carthage. Exploration et conservation de la cité punique, romaine et byzantine, éd. Unesco/INAA, 1992, p. 237
  123. (en) Article sur Carthage (onzième édition de lEncyclopædia Britannica)
  124. a, b et c (fr) Sophie Bessis, « Défendre Carthage, encore et toujours », Le Courrier de lUnesco, septembre 1999

Bibliographie

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  • Collectif, « La Méditerranée des Phéniciens », Connaissance des arts, n°344, octobre 2007
  • Hédi Dridi, Carthage et le monde punique, éd. Les Belles Lettres, Paris, 2006 (ISBN 2251410333)
  • Claude Briand-Ponsart et Christophe Hugoniot, LAfrique romaine. De lAtlantique à la Tripolitaine. 146 av. J.-C. - 533 apr. J.-C., éd. Armand Colin, Paris, 2005 (ISBN 2200268386)
  • Paul Corbier et Marc Griesheimer, LAfrique romaine. 146 av. J.-C. - 439 apr. J.-C., éd. Ellipses, Paris, 2005 (ISBN 2729824413)
  • Yann Le Bohec, Histoire de lAfrique romaine, éd. Picard, Paris, 2005 (ISBN 2708407511)
  • Hédi Slim et Nicolas Fauqué, La Tunisie antique. De Hannibal à saint Augustin, éd. Mengès, Paris, 2001 (ISBN 285620421X)
  • Christophe Hugoniot, Rome en Afrique. De la chute de Carthage aux débuts de la conquête arabe, éd. Flammarion, Paris, 2000 (ISBN 2080830031)
  • Serge Lancel, Carthage, éd. Cérès, Tunis, 1999 (ISBN 9973194209)
  • M'hamed Hassine Fantar, Carthage la cité punique, éd. Cérès, Tunis, 1995 (ISBN 9973220196)
  • Collectif, La Tunisie, carrefour du monde antique, éd. Faton, Paris, 1995
  • Mohamed Yacoub, Splendeurs des mosaïques de Tunisie, éd. Agence nationale du patrimoine, Tunis, 1995 (ISBN 9973917235)
  • Collectif, Carthage. Lhistoire, sa trace et son écho, éd. Association française daction artistique, Paris, 1995 (ISBN 9973220269)
  • Michel Gras, Pierre Rouillard et Javier Teixidor, Lunivers phénicien, éd. Arthaud, Paris, 1994 (ISBN 2700307321)
  • Azedine Beschaouch, La légende de Carthage, éd. Découvertes Gallimard, Paris, 1993 (ISBN 2070532127)
  • Abdelmajid Ennabli et Hédi Slim, Carthage. Le site archéologique, éd. Cérès, Tunis, 1993 (ISBN 997370083X)
  • M'hamed Hassine Fantar, Carthage. Approche dune civilisation, éd. Alif, Tunis, 1993
  • Claude Baurain et Corinne Bonnet, Les Phéniciens, marins des trois continents, éd. Armand Colin, Paris, 1992 (ISBN 2200212232)
  • Édouard Lipinski [sous la dir. de], Dictionnaire de la civilisation phénicienne et punique, éd. Brépols, Paris, 1992 (ISBN 2503500331)
  • Collectif, Pour sauver Carthage. Exploration et conservation de la cité punique, romaine et byzantine, éd. Unesco/INAA, 1992 (ISBN 9232027828)
  • Comité des travaux historiques et scientifiques, Carthage et son territoire dans lAntiquité, IVe colloque international (tenu à Strasbourg du 5 au 9 avril 1988), éd. du CTHS, Paris, 1990 (ISBN 2735502015)
  • Madeleine Hours-Miédan, Carthage, éd. Presses universitaires de France, Paris, 1982 (ISBN 2130374891)
  • François Decret, Carthage ou lempire de la mer, éd. du Seuil (coll. Points histoire), Paris, 1977 (ISBN 2020047128)
  • Alexandre Lézine, Les thermes dAntonin à Carthage, éd. Société tunisienne de diffusion, Tunis, 1969
  • Gilbert-Charles et Colette Picard, La vie quotidienne à Carthage au temps dHannibal, éd. Hachette, Paris, 1958
  • Colette Picard, Carthage, éd. Les Belles Lettres, Paris, 1951

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