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Apulée
Apulée (Apuleius) Philosophe d'Afrique du Nord
AntiquitéNaissance : 123 après J.-C. (Madaure) Décès : 170 après J.-C. Apulée (en latin Apuleius, certains manuscrits de la Renaissance lui prêtent le praenomen de « Lucius ») est un écrivain d'origine berbère[1] né à Madaure en Numidie[2] (aujourd'hui M'daourouch en Algérie) vers 123-125 ap. J.-C.[3].
On ignore la date exacte de sa mort (vers 170) ; le personnage possède d'ailleurs une part de mystère.
On le classe parmi les médio-platoniciens.
Sommaire
Biographie
Apulée est né vers 123 dans une famille aisée de Madaure, son père était duumvir de la cité et devait laisser à son frère et à lui un héritage de 2 000 000 de sesterces[4]. Bien que totalement romain par sa culture et son œuvre, Apulée resta toujours attaché à ses origines, n'hésitant pas à se revendiquer plus tard « mi-numide et mi-gétule ». Saint Augustin a dit de lui : « Chez nous, Africains, Apulée, en sa qualité d'Africain, est le plus populaire »[5]. Son degré d'adhésion à la romanitas fait l'objet d'un débat[6].
Il étudie la rhétorique et la littérature à Madaure, puis à Carthage, et enfin à Athènes, où il s'intéresse à la philosophie néo-platonicienne et au sophisme. Doué d'un talent d'orateur, il devient avocat à Rome avant de mener une carrière de conférencier itinérant dans son pays natal. Parlant aussi bien le berbère, le latin que le grec, il peut même passer sans problème d'une langue à l'autre au cours du même discours.
Au cours d'un de ses voyages, il rencontre à Oea (l'actuelle Tripoli) une riche veuve, Emilia Pudentilla, qu'il épouse, en 156. Accusé par sa belle-famille d'avoir usé de magie, il plaide sa propre cause lors d'un procès à Sabratha en 158 (avec succès : il sera acquitté) et consigne sa plaidoirie dans une Apologie. De son temps, Apulée a été considéré comme un adepte de la magie, voire comme un thaumaturge. C'est surtout un homme doué d'une curiosité exceptionnelle, dans tous les domaines, initié à plusieurs cultes orientaux (dont celui de la déesse Isis) et qui fut peut-être prêtre d'Esculape[7].
Il meurt vers 170.
Œuvre
Apulée a écrit de nombreux ouvrages en latin, dans une langue jugée « précieuse » , mais avec une expression claire. On peut distinguer les ouvrages « rhétoriques » (Métamorphoses, Apologie, Florides) et « philosophiques » (De Deo Socratis, De Platone et eius Dogmate et De Mundo). L'un d'eux, l'Apologie, est une œuvre de circonstance (cf. ci-dessus). Il a traduit du grec en latin lIntroduction à l'arithmétique du néopythagoricien Nicomaque de Gerasa, mort en 196.
Parmi les ouvrages conservés, le plus connu est Les Métamorphoses, également connu sous le nom de L'Âne d'or : c'est le premier grand roman en prose de langue latine, en onze livres, et le seul qui ait été conservé intégralement. Le héros est transformé en âne à cause de sa curiosité pour la magie. On y trouve le conte d'Amour et Psyché et, à la fin, une glorification de la déesse Isis.
Les Florides (Florida) contiennent plusieurs de ses discours et conférences, sur des thèmes variés.
Apulée a par ailleurs rédigé plusieurs dizaines d'opuscules sur des thèmes aussi variés que la philosophie, la religion, la vulgarisation médicale ou encore les sciences. Une grande partie de ces textes sont perdus, mais ceux que nous possédons seraient les plus intéressants. Le De deo socratis (Sur le « démon » ou dieu de Socrate) est un exposé des doctrines platoniciennes concernant les dieux et les démons. Le De mundo (Sur le monde) adapte librement un traité faussement attribué à Aristote.
Plusieurs ouvrages lui ont été attribués dont des traités de médecine, d'herboristerie et d'astronomie, tel l’Asclépius ou Dialogue d'Aslcépius et d'Hermès Trismégiste, ou encore le Peri Hermeneias, traité de logique formelle.
Notes
- ↑ Berbères (Amazigh): [...] Les plus connus d'entre eux étaient l'auteur Romain Apulée, l'empereur romain Septime Sévère, et Saint-Augustin (The best known of them were the Roman author Apuleius, the Roman emperor Septimius Severus, and St. Augustine), Article Berbères dans Encyclopedia Americana, Scholastic Library Publishing, 2005, v.3, p.569
- ↑ Augustin, Ep. 102-32 et Cit. VIII, 14, 2 ; Sidoine, IX, 13, 3.
- ↑ (en) Benjamin Todd Lee, Apuleius' Florida- A Commentary, Walter de Gruyter, 2005, p. 3.
- ↑ Duumviralis loco principis in colonia, cunctis honoribus perfunctus, Apologie, 24, 9.
- ↑ Augustin, Lettres, 138
- ↑ P. Médan, La latinité d'Apulée dans les Métamorphoses, thèse, Paris, 1925 ; N. Methy, "Fronton et Apulée : romains ou africains ?", dans Rivista di cultura classica e medioevale, no 25, 1983, p. 37-47 ; (en) Keith Bradley, « Romanitas and the Roman family : The evidence of Apuleius's Apology », dans Canadian Journal of History, août 2000 [lire en ligne].
- ↑ (en) A. J. Rives, « The priesthood of Apuleius », dans American Journal of Philology no 115, 1994, p. 273-90 [(en) extraits en ligne].
Voir aussi
Article connexe
Bibliographie
- Textes traduits
- L'Âne d'or ou Les Métamorphoses, trad. Pierre Grimal, Gallimard, coll. "Folio" ; trad. Valette, Les Belles Lettres, 1947.
- Apologie et Florida, trad. P. Valette, Les Belles Lettres, 1960.
- Platon et sa doctrine, trad. J. Beaujeu : Opuscules philosophiques, Les Belles Lettres, 1973.
- Sur le Dieu de Socrate, trad. J. Beaujeu : Opuscules philosophiques, Les Belles Lettres, 1973.
- Du monde, trad. J. Beaujeu : Opuscules philosophiques, Les Belles Lettres, 1973.
- Études
- N. Fick-Michel, Art et mystique dans les Métamorphoses d'Apulée, Les Belles Lettres, 1991.
- Géraldine Puccini-Delbey, De Magia d'Apulée, Collection Clefs Concours (Lettres Latines), Atlande, mars 2004.
A servi de source lors de la rédaction du présent article.
- (en) Bibliographie sur Apulée, son œuvre et la magie dans l'Antiquité par James J. O'Donnell (Georgetown University).
- Béatrice Bakhouche, « Platonisme et magie dans l’Apologie d’Apulée », dans Vita Latina no 170, p. 147-160.
- Marcel Le Glay, « Les religions de l’Afrique romaine au IIe siècle d’après Apulée et les inscriptions », dans L’Africa Romana, I, 1983 (1984), p. 47-61.
- Nicole Méthy :
- « Poésie et culture dans l’Afrique du second siècle : le témoignage de l’Apologie d’Apulée », dans Revue belge de Philologie et d’Histoire no 76, 1998, p. 87-98,
- « La communication entre l'homme et la divinité dans les Métamorphoses d'Apulée », dans Les Études classiques, no 67, 1999, p. 43-56.
- Henriette Pavis d’Escurac :
- « Pour une étude sociale de l’Apologie d’Apulée », dans Antiquités Africaines no 8, 1974, p. 89-101,
- « Apulée (IIe siècle ap. J.-C.), rhéteur africain de la province Romaine », dans Les Africains, V, Paris, 1977, p.45- 73.
Liens externes
- Œuvres en ligne
- (fr) Œuvres complètes d'Apulée sur le site de Philippe Remacle .
- (la) Œuvres d'Apulée : textes avec concordances et liste de fréquence .
- Les Métamorphoses (Bibliotheca Classica Selecta)
- (la) À propos du Dieu de Socrate (Agoraclass)
- (en) Apology, traduction anglaise par H.E. Butler (1909)
- Commentaires et articles
- Sandra Mangoubi, La Structure littéraire des Métamorphoses d'Apulée. Études des jeux de miroirs
- Michaël Martin, Magie et superstitions en Afrique romaine (III), « Un procès pour magie en Afrique romaine, l'affaire Apulée » Folia Electronica Classica (Louvain-la-Neuve), n° 10 (juillet-décembre 2005)
- Illustrations de l'Apuleo vulgare dell'Asino d'Oro Venise, Nicolo di Aristotile, 1537
- Claude Briand-Ponsart, « Les dames et la terre dans l’Afrique romaine » in Histoire & Sociétés Rurales, vol. 19, p. 79 - 80 (un chapitre sur Pudentilla et le procès d'Apulée).
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