- Romanée-conti
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Côte de Nuits Une bouteille de romanée-conti 1975. Désignation(s) Côte de Nuits Appellation(s) principale(s) romanée-conti Type d'appellation(s) AOC Reconnue depuis 1936 Pays France
Région parente vignoble de Bourgogne Sous-région(s) vignoble de la côte de Nuits Localisation Côte-d'Or Climat tempéré océanique à tendance continentale Sol argilo-calcaire Superficie plantée 1,63 hectare, soit 18 050 mètres carrés en 2008[1] Cépages dominants pinot noir Vins produits 100 % rouges Production 41 hectolitres en moyenne, soit 5 453 bouteilles[2] Rendement moyen à l'hectare 35 à 49 hl/ha[3] modifier Un romanée-conti[4] est un vin français d'appellation d'origine contrôlée produit sur le climat de la Romanée-Conti à Vosne-Romanée, en Côte-d'Or. Il est classé parmi les grands crus de la côte de Nuits. Il est considéré comme le plus grand vin de Bourgogne.
Sommaire
Histoire
Antiquité
L’édit de l'empereur romain Domitien, en 92, interdisait la plantation de nouvelles vignes hors d’Italie ; il fit arracher partiellement les vignes en Bourgogne afin d’éviter la concurrence. Le vignoble résultant suffisait aux besoins locaux[5]. Mais Probus annula cet édit en 280[6]. En 312, un disciple d'Eumène[7] rédigea la première description du vignoble de la Côte d'Or[8].
Moyen Âge
Dès le début du VIe siècle, l’implantation du christianisme avait favorisé l’extension de la vigne par la création d’importants domaines rattachés aux abbayes. Ainsi l'abbaye de Cîteaux (créée en 1098) avec des plantations en Côte-d'Or[9]. Les moines de Saint-Vivant de Vergy (Cluny) et les cisterciens de Citeaux ont entrepris de mettre en valeur ces terroirs. En l'an 1395, Philippe le Hardi décida d’améliorer la qualité des vins et interdit la culture du gamay au profit du pinot noir dans ses terres[9]. Créée au XVe siècle par les moines de Saint-Vivant. Enfin en 1416, Charles VI fixa par un édit les limites de production du vin de Bourgogne[10]. En 1422, d'après les archives, les vendanges eurent lieu en Côte de Nuits au mois d'août[11]. A à la mort de Charles le Téméraire, le vignoble de Bourgogne fut rattaché à la France, sous le règne de Louis XI.
Période moderne
Aussi, en 1700, l'intendant Ferrand rédigea-t-il un « Mémoire pour l'instruction du duc de Bourgogne » lui indiquant que dans cette province les vins les meilleurs provenaient des « vignobles [qui] approchent de Nuits et de Beaune »[12]. Son nom vient du prince Louis François de Bourbon-Conti qui l'acheta en 1760.
Période contemporaine
XIXe siècle
Après la Révolution française, le domaine est déclaré bien national, puis en 1869, il est repris par un négociant, Jacques-Marie Duvault-Blochet, ancêtre du propriétaire actuel, Aubert de Villaine. Dans les décennies 1830-1840, la pyrale survint et attaqua les feuilles de la vigne. Elle fut suivie d'une maladie cryptogamique, l'oïdium[13]. Le millésime 1865 a donné des vins aux teneurs naturelles en sucres très élevées et des vendanges assez précoces[11]. A la fin de ce siècle arrivèrent deux nouveaux fléaux de la vigne. Le premier fut le mildiou, autre maladie cryptogamique, le second le phylloxéra. Cet insecte térébrant venu d'Amérique mit très fortement à mal le vignoble[13].
XXe siècle
Le mildiou provoqua un désastre considérable en 1910. Henri Gouges avait rejoint au niveau national le combat mené par le sénateur Joseph Capus et le baron Pierre Le Roy de Boiseaumarié qui allait aboutir à la création des appellations d'origine contrôlée. Il devint le bras droit du baron à l'INAO[14]. Ainsi cette AOC fut créée en 1936[15]. En 1945, l'ensemble du vignoble fut arraché suite à l'épidémie de phylloxéra pour être replanté. Il n'y a donc pas eu de vin produit de 1946 à 1951.
À partir des années 1980, une partie du vignoble est produite selon les méthodes de l'agriculture biologique (biodynamique), techniques enfin généralisées au domaine en 2007[16].XXIe siècle
Étymologie
Situation géographique
Géologie et orographie
Sols bruns calcaires, fortement argileux, 60 cm d'épaisseur de sol. 250 à 310 mètres d'altitude. Exposé au levant.
Climatologie
C'est un climat tempéré à légère tendance continentale.
- Dijon
Pour la ville de Dijon (316 m), les valeurs climatiques jusqu'à 1990 :
Relevés Dijon ????-1990 mois jan. fév. mar. avr. mai jui. jui. aoû. sep. oct. nov. déc. année Température minimale moyenne (°C) -1 0,1 2,2 5 8,7 12 14,1 13,7 10,9 7,2 2,5 -0,2 6,3 Température moyenne (°C) 1,6 3,6 6,5 9,8 13,7 17,2 19,7 19,1 16,1 11,3 5,6 2,3 10,5 Température maximale moyenne (°C) 4,2 7 10,8 14,7 18,7 22,4 25,3 24,5 21,3 15,5 8,6 4,8 14,8 Précipitations (mm) 49,2 52,5 52,8 52,2 86,3 62,4 51 65,4 66,6 57,6 64,2 62 732,2 Vignoble
Présentation
Situé sur la commune de Vosne-Romanée, ce grand cru couvre une surface de 1,8140 hectare[18]. Le cépage utilisé est le pinot noir. La production représente 45 hectolitres[19] (soit 6 000 bouteilles)[15].
Il est actuellement la propriété des familles de Villaine et Leroy, propriétaires également d'autres grands crus de Bourgogne. Seulement 6 000 bouteilles de romanée-conti sont produites par an. Particularité : elles étaient commercialisées par caisses panachées de 12 bouteilles, mais depuis 2003 la vente panachée est de 13 bouteilles, soit une unique bouteille de romanée-conti pour douze autres bouteilles de grands crus de la côte de Nuits (soit ses échezeaux, grands-échezeaux, romanée-saint-vivant, richebourg et la-tâche). À noter que le domaine vend sous certaines conditions strictes son montrachet, un grand cru blanc fait à 100 % de chardonnay, et son marc de Bourgogne. Depuis le 11 novembre 2008, le domaine de la Romanée-Conti a pris en fermage les vignes d'AOC Corton grand cru du domaine Prince Florent de Merode, soit 2,28 hectares dans les climats du Clos du Roi, des Bressandes et des Renardes. Le domaine a effectué une première récolte en 2009.
Le domaine de la Romanée-Conti (DRC) est aujourd'hui le seul exploitant du prestigieux cru de la Romanée-Conti. Le Domaine (DRC) est dirigé par M. Aubert de Villaine.
Encépagement
Le pinot noir compose exclusivement les vins rouges de l'AOC. Il est constitué de petites grappes denses, en forme de cône de pin[20] composées de grains ovoïdes, de couleur bleu sombre[20]. C'est un cépage délicat, qui est sensible aux principales maladies et en particulier au mildiou, au rougeot parasitaire, à la pourriture grise (sur grappes et sur feuilles), et au cicadelles[21]. Ce cépage, qui nécessite des ébourgeonnages soignés, a tendance à produire un nombre important de grapillons[21]. Il profite pleinement du cycle végétatif pour mûrir en première époque. Le potentiel d'accumulation des sucres est élevé pour une acidité juste moyenne et parfois insuffisante à maturité. Les vins sont assez puissant, riches, colorés, de garde[22]. Ils sont moyennement tanniques en général.
Méthodes culturales
Rendements
Les rendements sont de l'ordre de 35 hectolitres par hectare[23].
Vins
Titres alcoométriques volumique minimal et maximal
AOC Rouge Rouge Titre alcoométrique volumique minimal maximal Grand cru[23] 11,5 % 14,5 % Vinification et élevage
Terroir et vins
Rubis sombre, carminé avec l'age. Diversifié et ample au nez avec arômes de petits fruits rouges et noirs, de violette, d'épices, de sous-bois. Bouche puissante, délicate, franche, complète, subtile, flambloyante.
Gastronomie, garde et température de service
S'accorde bien avec du gibier à poils et plumes, de la viande au goût fort, des volailles sauvages (canard), du veau roti.
Se sert entre 15 et 17 degrés. Se garde entre 20 et 40 ans.
Economie
Commercialisation
Prix
La caisse panachée de 13 bouteilles du millésime 2006 a été proposée pendant l'année 2009 au prix de 5 596 € en primeur plus port, ce qui fait du romanée-conti le vin rouge le plus cher du monde. À noter qu'en l'an 2000 la caisse panachée de 12 bouteilles du millésime 1997 était vendue par le Domaine à moins de 3 000 €.
Dans un grand magasin de Kōbe au Japon, une bouteille de romanée-conti, année 2000, s'est vendue 787 500 yens, soit 5 000 €. En mars 2005, six magnums de romanée-conti 1985 avaient été adjugés 134 315 € lors d'une vente à New York, en faisant le vin le plus cher du monde. Une bouteille (75 cl) de romanée-conti 2005 était en vente aux Galeries Lafayette, à Paris, pour 18 000 €. Ce record a été battu en 2006 par un mouton-rothschild 1945. La cote actuelle aux enchères d'une bouteille de romanée-conti 1990 est de 7 256 euros, selon la cote des vins diffusée par le site idealwine.com. En 2010, le site Wine-searcher qui possédait plus de 800 références, le classait également au premier rang des 50 vins les plus chers du monde, avec un prix moyen de plus de 8 000 US$ (6 150 euros) tous millésimes et marchands confondus dans le monde[24].
Galerie photos
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Vignoble du domaine de la Romanée-Conti à Vosne-Romanée.
Anecdotes
L'appellation Romanée-conti fut l'objet d'une forte attention médiatique en 2002 lorsque le président d'alors de la Fédération Française de Football, Claude Simonet, passa en note de frais une bouteille de ce vin facturée à 4 800 € dans un restaurant coréen, au moment de la débacle de l'équipe de France de football à la coupe du monde de football 2002[25].
Bibliographie
- Christian Pessey, Vins de Bourgogne (Histoire et dégustations), édition Flammarion, Paris, 2002, Histoire (91 pages) et Dégustations (93 pages) (ISBN 2080110179)
- Le Figaro et La Revue du Vin de France, Les vins de France et du monde (20 volumes), no 2 (Côtes de nuits), 96 pages, Édité par La société du Figaro, Paris, 2008, (ISBN 978-2-8105-0054-3)
- Le Figaro et La Revue du Vin de France, Les vins de France et du monde (20 volumes), no 6 (Chablis), 96 pages, Édité par La société du Figaro, Paris, 2008, (ISBN 978-2-8105-0060-4)
- Le Figaro et La Revue du Vin de France, Les vins de France et du monde (20 volumes), no 11 (Côtes de Beaune), 96 pages, Édité par La société du Figaro, Paris, 2008, (ISBN 978-2-8105-0065-9)
- Marcel Lachiver, Vins, vignes et vignerons. Histoire du vignoble français, Éd. Fayard, Paris, 1988, pp. 289, 367, 368, 372, 374. (ISBN 2-213-02202-X)
Notes et références
- Un hectare = 10 000 m² = 24 ouvrées. Source pour la superficie : www.vins-bourgogne.fr
- Un hectolitre (hl) = 100 litres = 133 bouteilles ; moyenne des récoltes sur cinq ans entre 2004 et 2008. Source pour le volume : www.vins-bourgogne.fr
- Décret du 2 octobre 2009
- Références sur la façon d'orthographier les appellations d'origine
- Marcel Lachiver, op. cit., p. 37-38.
- Henri Cannard : AOC Mercurey, Le vignoble d'hier, p. 27.
- Marcel Lachiver, op. cit., p. 39.
- Les plaintes des vignerons du Pagus Arebrignus in Docteur Morelot, Statistique de la vigne dans le département de la Côte-d'Or, Dijon-Paris, 1831., consulté le 25 novembre 2008.
- Le Figaro et La Revue du vin de France (2008) : Vins de France et du monde (Bourgogne : Chablis), L'histoire, p. 26.
- Site du BIVB : Historique, consulté le 24 novembre 2008.
- La Revue du vin de France n°482S : Le Millésime 2003 en Bourgogne, p. 109
- Marcel Lachiver, op. cit., p. 370.
- Le Figaro et La Revue du vin de France (2008) : Vins de France et du monde (Bourgogne : Côte de Beaune), L'histoire, p. 26.
- Constant Bourquin, op. cit., p. 94.
- Site du BIVB
- Quatre saisons à la Romanée-Conti du réalisateur Thomas BRAVO-MAZA, 2010.
- Archives climatologiques mensuelles - Dijon (????-1990)
- Site officiel du domaine
- Passion vin
- Christian Pessey, Vins de Bourgogne, La vigne et le vin « Pinot noir », p. 12
- Catalogue des variétés et clones de vigne cultivés en France ENTAV, Éditeur
- Christian Pessey, Vins de Bourgogne, La vigne et le vin « Pinot noir », p. 13
- Site de l'INAO (page : Produits : Liste des AOC), consulté le 29 aout 2008.
- Les vins les plus chers du monde, leur prix selon Wine-Searcher.com / Romanée Conti, consulté le 24 septembre 2010
- Le Figaro, « Simonet en sursis » sur http://www.lefigaro.fr/, 29/11/2007. Consulté le 24 octobre 2010
Voir aussi
Articles connexes
- Le vignoble de Bourgogne
- La commune de Vosne-Romanée
- Les autres grands crus de la commune : la-tâche, richebourg, la-romanée, romanée-saint-vivant et la-grande-rue
Liens externes
- Domaine de la Romanée-Conti
- Conférence de Aubert de Villaine Propriétaire de la Romanée Conti.
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