- Matrice symétrique
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En algèbre linéaire et bilinéaire, une matrice symétrique est une matrice carrée qui est égale à sa propre transposée.
Sommaire
Exemples
Intuitivement, les coefficients d'une matrice symétrique sont symétriques par rapport à la diagonale principale (du coin en haut à gauche jusqu'à celui en bas à droite). La matrice suivante est donc symétrique :
Toute matrice diagonale est symétrique.
Propriétés
- Une matrice représentant une forme bilinéaire est symétrique si et seulement si cette dernière est symétrique.
- L'ensemble des matrices symétriques d'ordre n à coefficients dans un corps commutatif est un sous-espace vectoriel de dimension n(n+1)/2 de l'espace vectoriel des matrices carrées d'ordre n, et si la caractéristique du corps est différente de 2, un sous-espace supplémentaire est celui des matrices antisymétriques.
Matrices symétriques réelles
Structure euclidienne
On note , ou simplement s'il n'y a pas de confusion possible, l'espace vectoriel des matrices réelles symétriques d'ordre n. Cet espace vectoriel de dimension n(n + 1) / 2 est canoniquement muni d'une structure d'espace euclidien, qui est celle de . Le produit scalaire est défini par
où désigne la trace de A et Aij désigne l'élément (i,j) de A. La norme associée à ce produit scalaire est la norme de Frobenius, que l'on note ici simplement
Avec ces notations, l'inégalité de Cauchy-Schwarz s'écrit alors pour tout A et :
Théorie spectrale
Décomposition spectrale
Le théorème spectral (en dimension finie) énonce que toute matrice symétrique à éléments réels est diagonalisable à l'aide d'une matrice orthogonale. Ses valeurs propres sont donc réelles et ses sous-espaces propres sont orthogonaux. Une démonstration est proposée dans l'article Endomorphisme autoadjoint.
- Remarque : une matrice symétrique à coefficients complexes peut ne pas être diagonalisable. Par exemple :
En effet, cette matrice admet 0 comme seule valeur propre ; si elle était diagonalisable, elle serait nulle. L'analogue complexe des matrices symétriques réelles est en fait les matrices hermitiennes (qui, elles, sont diagonalisables).
Inégalité de Fan
On note , , les n valeurs propres de , que l'on range par ordre décroissant :
On introduit l'application
et, pour un vecteur (colonne) , on note le vecteur transposé et la matrice diagonale dont l'élément (i,i) est vi.
Inégalité de Fan — Pour tout A et , on a
avec égalité si et seulement si l'on peut obtenir les décompositions spectrales ordonnées λ(A) et λ(B) de A et B par la même matrice orthogonale, c'est-à-dire si et seulement si
Remarques
- L'inégalité de Fan a été publiée par K. Fan en 1949[1], mais elle est reliée étroitement à un travail antérieur de J. von Neumann (1937[2]). La condition pour avoir l'égalité est due à C. M. Teobald (1975[3]).
- On sait que A et sont diagonalisables par la même matrice orthogonale si et seulement si elles commutent. La condition énoncée ci-dessus pour avoir l'égalité dans l'inégalité de Fan est plus forte, car elle requiert que les matrices diagonales obtenues soient ordonnées. Ainsi et commutent mais diffère de .
- L'inégalité de Fan est un raffinement de l'inégalité de Cauchy-Schwarz sur , dans le sens où cette dernière peut se déduire de la première. En effet, si avec V orthogonale, on a
Dès lors l'inégalité de Fan et l'inégalité de Cauchy-Schwarz sur donnent On en déduit l'inégalité de Cauchy-Schwarz sur en tenant compte également de celle obtenue en remplaçant ci-dessus B par − B. - En appliquant l'inégalité de Fan à des matrices diagonales, on trouve une inégalité de Hardy, Littlewood et Pólya[4], simple à démontrer directement, selon laquelle le produit scalaire euclidien de deux vecteurs x et y est majoré par celui des vecteurs [x] et [y] obtenus à partir des vecteurs précédents en ordonnant leurs composantes par ordre décroissant :
Matrices symétriques positives
Articles détaillés : Matrice positive et Matrice définie positive.- Une matrice S symétrique réelle d'ordre n est dite positive si la forme bilinéaire symétrique associée est positive, c'est-à-dire si
- Une matrice S symétrique réelle d'ordre n est dite définie positive si la forme bilinéaire associée est définie et positive, c'est-à-dire si
Utilisations concrètes
- Une matrice symétrique d'ordre 3 représente une conique en coordonnées homogènes dans un plan projectif construit à partir de .
Annexes
Notes
- (en) K. Fan (1949). On a theorem of Weyl concerning eigenvalues of linear transformations. Proceedings of the National Academy of Sciences of U.S.A. 35, 652-655.
- (en) J. von Neumann (1937). Some matrix inequalities and metrizatiion of matric-space. Tomsk University Review 1, 286-300. In Collected Works, Pergamon, Oxford, 1962, Volume IV, 205-218.
- (en) C.M. Teobald (1975). An inequality for the trace of the product of two symmetric matrices. Mathematical Proceedings of the Cambridge Philosophical Society 77, 265-266.
- (en) G.H. Hardy, J.E. Littlewood, G. Pólya (1952). Inequalities. Cambridge University Press, Cambridge, U.K.
Ouvrage de référence
- (en) J.M. Borwein, A.S. Lewis (2000). Convex Analysis an Nonlinear Optimization. Springer-Verlag, New York.
Catégorie :- Matrice remarquable
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