Adrien Marquet

Adrien Marquet
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Adrien Marquet
Adrien Marquet-1932.jpg
Adrien Marquet (1932)

Mandats
Ministre de l'Intérieur
27 juin 19406 septembre 1940
Gouvernement Philippe Pétain
Pierre Laval V
Prédécesseur Charles Pomaret
Successeur Marcel Peyrouton
Ministre d'État
23 juin 194027 juin 1940
Gouvernement Philippe Pétain
Ministre du Travail
9 février 19348 novembre 1934
Gouvernement Gaston Doumergue II
Prédécesseur Jean Valadier
Successeur Paul Jacquier
Maire de Bordeaux
mai 1925août 1944
Prédécesseur Fernand Philippart
Successeur Jean-Fernand Audeguil
Député de la Gironde
1er juin 192431 mai 1942
Biographie
Date de naissance 6 octobre 1884
Lieu de naissance Bordeaux (Gironde)
Date de décès 3 février 1955 (à 70 ans)
Lieu de décès Bordeaux (Gironde)
Nationalité Drapeau de la France française
Parti politique SFIO, PSDF
Profession chirurgien-dentiste

Adrien Marquet, né le 6 octobre 1884 à Bordeaux et mort le 3 février 1955 dans sa ville natale, est un homme politique français. Longtemps député et maire socialiste de Bordeaux, ministre du Travail du gouvernement Gaston Doumergue II, il est ministre d'État, puis ministre de l'Intérieur dans les gouvernements Pétain et Laval V.

Sommaire

Biographie

Jeunesse

À 22 ans, Adrien Marquet, chirurgien-dentiste de profession, issu de l'extrême gauche, devient secrétaire fédéral de la Section française de l'Internationale ouvrière (SFIO) de Gironde. En 1912, il est élu conseiller municipal de Bordeaux, puis conseiller général et député, en tête de la liste du Cartel des gauches, en 1924.

Actions à la mairie de Bordeaux

Le stade Lescure

En 1925, il est élu maire de Bordeaux. Il imprime à la ville ouvrière une politique de transformation sociale en construisant ou en modernisant les équipements. Ainsi, la municipalité de Bordeaux adopte, en 1930, un important programme d'urbanisme appelé « plan Marquet », qui permet le développement de la cité en utilisant un vocabulaire architectural commun. Ce plan a aussi pour objectif d'engager des grands travaux afin d'atténuer les conséquences de la crise de 1929[1]. La ville est ainsi créditée d'équipements publics d'une architecture Art-déco[2], comme la nouvelle Bourse du travail, la piscine Judaïque, le stade Lescure, les abattoirs. Adrien Marquet entreprend aussi la réfection des égouts et de l’éclairage public, la macadamisation des rues.

Il pratique aussi le clientélisme avec succès auprès des employés du Gaz de Bordeaux, auxquels il accorde quantité d'avantages sociaux. Ses adversaires dénoncent alors une dérive autoritariste et un opportunisme personnel. Lui déclare vouloir « prendre le fascisme de vitesse » et prône une forme de socialisme autoritaire et corporatiste proche du modèle mussolinien.

En juillet 1933, lors du 30e congrès de la SFIO, Adrien Marquet défend « l'ordre, l'autorité et la nation »[3], provoquant la consternation de Léon Blum. Avec Marcel Déat, Pierre Renaudel et une vingtaine d'autres députés, il est exclu de la SFIO par celui-ci en octobre suivant, après la publication du manifeste des « néo-socialistes ». Ceux-ci fondent le Parti socialiste de France (PSDF) duquel il est également exclu, mais par Marcel Déat cette fois.

Ministre du Travail

Crise ministérielle de 1934 : de gauche à droite, Flandin, Pétain, Marquet

Suite aux événements du 6 février 1934, le président du Conseil Gaston Doumergue le choisit pour être son ministre du Travail. Aux côtés de Pierre Laval et du maréchal Pétain, il engage un « plan Marquet » à l'échelle nationale. Cette politique de grands travaux, classique de la part des libéraux pour lutter contre le chômage et encourager l'activité industrielle[4], est destinée à lutter contre le chômage. Le gouvernement prend fin le 8 novembre suivant.

Importantes transformations du viaduc de Meudon dans le cadre du plan Marquet (1935)

Adrien Marquet fonde le Parti néo-socialiste en 1935. L'année suivante, grâce à son implantation locale et alors qu'il n'appartient pas à la coalition électorale du Front populaire, il est réélu député d'une vingtaine de voix sur son adversaire du second tour.

Seconde Guerre mondiale

Il est nommé ministre d'État le 23 juin 1940, par le nouveau président du Conseil, le maréchal Philippe Pétain. Lors d'un remaniement qui intervient quatre jours plus tard, il succède à Charles Pomaret au ministère de l'Intérieur. Il se distingue des autres ministres par le fait qu'il n'est pas partie prenante à la Révolution nationale, bien que participant au limogeage des préfets jugés trop proches de la gauche républicaine.

Pierre Laval, peu populaire auprès des parlementaires de gauche, l'utilise pour obtenir leurs suffrages lors du vote des pleins pouvoirs à Philippe Pétain. Adrien Marquet intimide alors les élus, déployant un important dispositif de police à Vichy[5]. Remplacé par Marcel Peyrouton le 6 septembre 1940, il refuse d'entrer dans la Résistance et prône la Collaboration avec l'Allemagne nazie, notamment dans le journal dont il est le fondateur, Le Progrès de Bordeaux. Au sein de l'hôtel de ville Bordeaux, il accueille en 1942 l'exposition antisémite Le Juif et la France[6]. Pendant l'Occupation, Adrien Marquet ne fait aucune déclaration de soutien aux juifs bordelais et ne dénonce pas les rafles (au total, 1 681 juifs, dont 225 enfants, sont déportés de Bordeaux sous la Seconde Guerre mondiale) et fusillades d'otages[5]. De même, il ne s'oppose pas à la déportation de son ancien premier adjoint Joseph Benzacar, qui mourra à Auschwitz. Concernant la franc-maçonnerie, il déclare « Pour le Maréchal, un Juif n’est jamais responsable de ses origines, un Franc-Maçon l’est toujours de son choix »[7].

Il veille cependant à défendre les intérêts de Bordeaux, entamant, lors de la libération de la ville, des discussions avec la Wehrmacht pour que celle-ci évacue la ville sans destruction.

Il est arrêté par deux policiers le 29 août 1944, et incarcéré au fort du Hâ le 5 septembre suivant.

Devant la Haute Cour de justice

Lors de son procès devant la Haute Cour de justice, tenu sous la présidence de Louis Noguères à partir de fin 1947, Adrien Marquet met notamment en avant le fait qu'il a permis d'éviter, avec sa municipalité, une importante explosion qui visait des ponts, des bâtiments publics bordelais. De nombreux témoignages[8] entraînent son acquittement le 29 janvier 1948, après 40 mois de détention. Condamné à 10 années d'indignité nationale en vertu de l'ordonnance du 26 décembre 1944, des archives allemandes impliquant personnellement Adrien Marquet (désir de Collaboration, souhait de victoire de l'Allemagne et d'une France nationale-socialiste), n'étaient cependant pas en possession des juges au moment du procès[5].

Après son procès

Dès sa sortie de la prison de Fresnes, il manifeste son intention de revenir en politique. Pour ce faire, il formule chaque année une demande d'amnistie au président de la République, qui la refuse. Lors de l'élection municipale de 1953 à Bordeaux, une liste parrainée par Adrien Marquet obtient un score honorable (29 %) face à celle conduite par le gaulliste Jacques Chaban-Delmas (42 %), qui conserve finalement la mairie[5].

Adrien Marquet retrouve ses droits civiques grâce à une loi d'amnistie, le 8 octobre 1953, et souhaite se présenter aux élections législatives de 1956. Mais il meurt d'une crise cardiaque le 3 février 1955, à la sortie d'une réunion politique.

Notes et références

  1. Source : Le Point octobre 2008
  2. Les équipements publics art déco de Bordeaux
  3. Barthélémy Montagnon, Adrien Marquet, Marcel Déat, Néo-socialisme ? : ordre, autorité, nation (préface et commentaires de Max Bonnafous), Bernard Grasset, Paris, 1933, 140 p. (texte des discours prononcés par les auteurs au XXXe Congrès du parti socialiste SFIO, les 15, 16, 17 juillet 1933)
  4. Gaston Doumergue et Adrien Marquet lancent une série de grands travaux
  5. a, b, c et d Adrien Marquet : de Jaurès à Pétain, les dérives d'une ambition, film documentaire de Barcha Bauer, 2008.
  6. « Bordeaux, 1er juillet 1940, 23 heures, l'horloge passe à l'heure allemande. Du 27 juin 1940 au 27 août 1944, chronique de l'Occupation au quotidien, dans la ville où Papon prend ses fonctions en mai 1942. », Libération, 8 octobre 1997.
  7. Franc-Maçonnerie Française : Anti-Maçonnerie
  8. Cf. Robert Dufourg, pp. 94, 96, 141, 210 et suivantes :
    • Joseph Cohen, grand rabbin de Bordeaux, témoigna qu'Adrien Marquet a toujours apporté son soutien aux juifs de Bordeaux ;
    • M. Ardenne, une personnalité de Bordeaux, témoigne que début avril 1942, au cours d'un dîner, Jacques Gérard, envoyé de Laval, avait proposé à Marquet un ministère dans le gouvernement qu'il préparait, et que Marquet avait refusé ;
    • Julien Weill, grand Rabbin de Paris, affirme qu'il savait qu'Adrien Marquet s'était désolidarisé du premier gouvernement Laval dès qu'il avait été question de lois antisémites ;
    • Le Dr. Helmut Knochen, chef de la représentation de la police de sécurité SS en France, témoigne que Marquet n'a jamais donné de renseignement confidentiel qui aurait pu nuire à la France.

Annexes

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Bibliographie

  • Marie-Françoise Bénech, L'architecture et l'urbanisme à Bordeaux sous la municipalité d'Adrien Marquet (1925-1944), Université Michel de Montaigne-Bordeaux III, 2003, 4 vol. (263 p., 281 p., 116 p., 285 p.), thèse d'Histoire de l'art contemporain
  • Hubert Bonin, Bernard Lachaise, Françoise Taliano-des Garets (et al.), Adrien Marquet, les dérives d'une ambition : Bordeaux, Paris, Vichy, 1924-1955, Confluences, Bordeaux, 2007, 383 p. (ISBN 978-2-35527-005-5)
  • Pierre Brana et Joëlle Dusseau, Adrien Marquet, maire de Bordeaux : du socialisme à la collaboration, Atlantica, Biarritz, 2001, 286 p. (ISBN 2-8439-4322-1)
  • Robert Dufourg, Adrien Marquet devant la Haute Cour, Janmaray, Paris, 1948, 254 p.
  • Hélène Sarrazin, Adrien Marquet, l'homme d'une ville : roman, Ed. de la Presqu'île, Lormont, 1995, 234 p. (ISBN 2-87938-055-3)

Film documentaire

  • Adrien Marquet : de Jaurès à Pétain, les dérives d'une ambition, film documentaire de Barcha Bauer, France, 2008, 55'

Liens externes


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