Diamorphine

Diamorphine

Héroïne

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Diacétylmorphine
Structure de la diacétylmorphine
Structure de la diacétylmorphine
Général
Nom IUPAC (5α,6α)-7,8-didehydro-
4,5-epoxy-17-methylmorphinan
-3,6-diol diacetate (ester)
No CAS 561-27-3
No EINECS 209-217-7
Code ATC N02AA09
SMILES
InChI
Apparence poudre blanche (sel acide)
poudre marron (sel basique)
Propriétés chimiques
Formule brute C21H23NO5  [Isomères]
Masse molaire 369,411 gmol-1
C 68,28 %, H 6,28 %, N 3,79 %, O 21,66 %,
Données pharmacocinétiques
Métabolisme Désacéthylation rapide en 6-monoacéthylmorphine
Demi-vie de distrib. 3 minutes
Considérations thérapeutiques
Voie d’administration IV, respiratoire, orale
Caractère psychotrope
Catégorie Dépresseur
Mode de consommation
  • Inhalation : prisée ou fumée
  • Injection intraveineuse
  • Ingestion
Autres dénominations
  • Héro
  • Meumeu
  • Rabla
  • Blanche
  • Smack, Jazz, Slow
  • Poudre, Drepou
  • Cassonade, Brown Sugar, Brown
  • Hélène
Risque de dépendance très élevé
Unités du SI & CNTP, sauf indication contraire.

L’héroïne ou diacétylmorphine est obtenue par acétylation de la morphine, le principal alcaloïde issu du pavot. Puissant dépresseur du système nerveux central, elle provoque une forte dépendance physique et psychique, poussant à la toxicomanie. En Occident, elle est classée comme stupéfiant.

Sommaire

Historique

Bouteille d’héroïne de Bayer.

Elle a été synthétisée pour la première fois depuis la morphine en 1874 par le chimiste anglais C. R. Alder Wright[1] mais son potentiel ne sera pas reconnu. Elle est de nouveau synthétisée en 1898 par Heinrich Dreser, un chimiste allemand de l’entreprise pharmaceutique Bayer qui l’exploitera comme médicament pour différentes affections respiratoires dont la tuberculose[1]. On lui donna le nom d’héroïne, du terme allemand heroisch (« héroïque ») car on pensait qu’elle permettrait de soigner l’addiction à la morphine sans induire d’accoutumance[1], très répandue à l’époque notamment chez les soldats de la guerre de Sécession ou ceux de la guerre de 1870. Ironie du sort, car la morphine elle-même avait été préconisée comme substitut à l’opium. On n’a donc pas prévu que l’héroïne allait devenir l’un des fléaux du XXe siècle. En effet, elle était vendue librement en pharmacie comme pilule antitussive, contre l’asthme, la diarrhée et même comme somnifère pour enfants. À cette époque, on n’avait pas pris conscience du danger de nombreuses drogues, la plupart des substances connues (opiacés, cocaïne, etc.) étaient alors en vente libre en pharmacie dans la plupart des pays[2].

L’héroïne devient vite un problème de santé publique et dès 1918, la Société des Nations s’engage dans une campagne contre l’héroïne avançant qu’un produit aussi dangereux doit être supprimé par une action internationale. En 1920, c’est le corps médical américain lui-même qui en demande la prohibition. En 1923, un premier texte international réglemente l’usage d’héroïne même si dès 1925 un sociologue américain Lawrence Kolb souligne que l’héroïne n’est pas criminogène en elle-même mais est consommée majoritairement par des populations appartenant à ces milieux[1].

L’Europe attendra 1931 pour reconnaître à son tour que le peu d’intérêt thérapeutique du produit ne compense pas son coût social[1].

En 1956, son usage médical est totalement interdit aux États-Unis ce qui ouvrira la voie à la Convention unique sur les stupéfiants de 1961[1].

La Convention unique sur les stupéfiants de 1961 porte principalement sur la coca, l’opium, le cannabis et leurs dérivés. L’héroïne sera progressivement interdite dans la plupart des pays à mesure qu’ils adaptent leur législation propre et classée comme stupéfiant. Elle reste très exceptionnellement utilisée dans certains traitements de substitution, sous surveillance médicale stricte[1].

Chimie

« Héroïne » est son nom usuel, son nom scientifique étant diamorphine ou encore diacétylmorphine.

Elle est liposoluble.

Synthèse

L’héroïne (diacétylmorphine) est un opiacé semi-synthétique obtenu à partir de la morphine, elle-même tirée du latex du pavot (Papaver somniferum). Elle est obtenue par acétylation de la morphine. L’équipement nécessaire à la production est sommaire même si un laboratoire et des compétences minimums sont requises pour obtenir un produit de qualité.

Nombre de laboratoires sont en fait des campements temporaires installés dans les endroits reculés des zones de production[3].

L’héroïne pure est de couleur blanche, mais la drogue produite dans ces laboratoires est de couleur plus ou moins brunâtre selon le degré de pureté. Plusieurs étapes intermédiaires, étapes de purification notamment, sont souvent omises par les chimistes, fautes de moyens et de temps[3]. La couleur du produit dépendra également des produits de coupe ajouté ensuite par les différents intermédiaires.

L’opium est dissous dans de l’eau chauffée. On y ajoute de la chaux aérienne qui convertit la morphine de l’opium en morphénate de calcium soluble dans l’eau, puis on y ajoute du chlorure d’ammonium afin d’obtenir la morphine base par précipitation. Les produits chimiques nécessaires sont aisément disponibles sous forme de fertilisants. La morphine-base est ensuite récupérée par filtrage. À ce stade, la poudre est de couleur café, d’un brun foncé provenant des nombreuses impuretés présentes.

La morphine base est dissoute dans de l’eau à chaud, de l’acide chlorhydrique est ajouté afin de transformer la morphine base non-soluble en chlorhydrate de morphine soluble dans l’eau. On utilise enfin du charbon actif qui absorbe les impuretés présentes. La morphine est récupérée par précipitation puis filtrée. L’opération peut être répétée jusqu’à obtention d’une poudre bien blanche.

Par la suite, la morphine base est traitée avec de l’anhydride acétique pour obtenir l’héroïne base. Dans les laboratoires artisanaux, on emploie de grandes marmites habituellement destinées à la cuisson du riz[4]. La morphine est recouverte d’anhydride acétique et d’une faible quantité d’acide sulfurique qui agira comme catalyseur de la réaction. Le pot est maintenu fermé avec un couvercle serti de torchons humides sur les bords. Le mélange sera chauffé pendant 4 à 5 heures à une température de 85 °C en évitant l’ébullition jusqu’à ce que la morphine soit complètement dissoute. Après cette opération, il reste une mixture d’eau, d’acide acétique et de diacétylmorphine (héroïne) dans le récipient.

On ajoute ensuite trois fois le volume d’eau avec une petite quantité de chloroforme qui permettra de dissoudre les impuretés. Le chloroforme se concentre au fond du récipient sous la forme d’une couche de liquide visqueux et rougeâtre non miscible à l’eau. La couche aqueuse contenant l’héroïne est récupérée pour être traitée avec du charbon actif qui permettra de purifier le produit. L’héroïne base est enfin précipitée avec du carbonate de sodium préalablement dissous dans de l’eau chaude, à raison de 2,2 kg par kg de morphine. Le carbonate de sodium dissous est ajouté doucement à la solution aqueuse contenant l’héroïne, celle-ci est alors convertie en héroïne base non soluble qui sera ainsi précipitée, récupérée par filtrage puis séchée. Des étapes supplémentaires de purification à l’aide de charbon actif peuvent encore être pratiquées selon la qualité désirée si l’héroïne n’est pas bien blanche à ce stade.

Un kilogramme de morphine permet d’obtenir 700 grammes d’héroïne[4].

L’héroïne base peut être vendue telle quelle pour être fumée, après mélange avec divers produits de coupe pour en augmenter le volume. L’héroïne base n’est pas directement soluble dans l’eau pour être injectée, l’ajout d’un acide (citron, vinaigre ou acide citrique) est alors nécessaire.

Celle-ci est parfois mélangée avec un volume égal de caféine[5] afin de réduire le point de fusion du produit, ce qui facilite sa consommation par inhalation (fumée)[réf. nécessaire]. C’est ce qui est nommé Héroïne no 3.

Une étape supplémentaire nécessitant de l’alcool, de l’éther et de l’acide chlorhydrique permet de transformer l’héroïne base en chlorhydrate d’héroïne, ou Héroïne no 4, soluble dans l’eau. Certains chimistes passeront par plusieurs étapes de purification intermédiaires entre chaque transformation afin d’obtenir un produit plus pur.

Pharmacologie

C’est un dépresseur du système nerveux central[6]. Elle a une action analgésique et sédative comme les opiacés ainsi qu’une puissante action anxiolytique et antidépressive[1].

Métabolisme

Dans l’organisme, elle est métabolisée en monoacétylmorphine puis en morphine par le foie[1].

Usage détourné et récréatif

Formes

L’héroïne pharmaceutique se présente sous la forme d’une poudre blanche très fine, mais dans la rue, elle peut se présenter sous la forme de poudres brunes, beiges ou blanches, plus ou moins fines. Il arrive que le produit soit compressé sous forme de « cailloux » lors de son conditionnement. On trouve également une forme solide ou pâteuse, très impure, produite au Mexique et importée aux USA, le black tar ; son importation en Europe est anecdotique[7]. La couleur et l’apparence du produit dépendent de sa pureté (certaines étapes de la production permettant d’obtenir un produit plus pur et blanc étant omises) mais également des produits de coupe utilisés. La couleur n’est cependant pas une indication fiable pour juger de la qualité, pas plus que la présentation sous forme de « cailloux » : il est très facile de recompresser la poudre après coupage[réf. nécessaire].

Il existe des appellations sous forme de numéros. Celles-ci définissent des préparations différentes :

Héroïne no 3[8]

Aussi désignée sous les termes héroïne brune, brown-sugar, brown, golden brown, cassonade ; il s’agit d’héroïne-base, contrairement aux sels (chlorhydrates et sulfates) celle-ci est traditionnellement produite — afin d’être fumée — et consommée en Asie du sud-est car elle n’est pas soluble dans l’eau bien que certains consommateurs ajoutent du vinaigre ou du citron pour la transformer en sels (acétates et citrates) afin de la rendre soluble et injectable. Celle-ci est occasionnellement mélangée à des produits de coupe (caféine) présentant un point de fusion plus bas facilitant son inhalation lorsqu’elle est fumée. Elle se présente comme une poudre granuleuse de couleur brune à grise. Elle est obtenue à partir de l’héroïne acétylée.

Héroïne no 4[8]

Aussi désignée sous le terme d’« héroïne blanche », il s’agit du produit sous forme de sel soluble dans l’eau, en général du chlorhydrate d’héroïne. Elle se présente comme une poudre blanche à beige très fine et légère. Elle est obtenue en poussant plus loin le raffinage de la morphine. Elle est traditionnellement produite dans le Triangle d’or mais aussi au Liban, en Syrie, au Pakistan.

Héroïne no 1 et no 2

Ces appellations ne sont pas utilisées. Elles correspondent théoriquement aux produits intermédiaires de la fabrication, l’héroïne no 2 correspondant à la morphine-base.

Héroïne « Black tar ».

Héroïne « Black tar »

Une troisième sorte d’héroïne produite au Mexique existe bien que celle-ci ne soit exportée qu’aux États-Unis : le black tar (goudron noir)[7] C’est une héroïne impure se présentant sous la forme d’une pâte, plus ou moins solide de couleur noire ou brunâtre, à l’aspect plus proche de l’opium que d’une poudre ; ses caractéristiques en font une substance particulièrement utilisée par les fumeurs d’héroine. C’est une forme impure de la drogue, celle-ci est produite par les paysans mexicains qui n’ont qu’une faible expérience dans la culture du pavot et la production d’héroïne. Ceux-ci omettent nombre d’étapes dans le procédé de fabrication en transformant directement la morphine contenue dans l’opium en héroïne, sans passer par les étapes intermédiaires[7].

Habitudes de consommation

L’héroïne se présente sous forme de poudre brune, rarement blanche. Elle est coupée de manière variable (souvent 90 % à 95 %[1]) parfois avec d’autres produits psychoactifs (cocaïne par exemple) ou non, voire toxiques (caféine pour 86 % des échantillons, paracétamol pour 79 %[9]). La composition comme le degré de pureté sont très variables.

L’héroïne peut se consommer par :

  • injection intraveineuse, l’effet apparaît en moins d’une minute et s’estompe au bout de 3 à 5 heures[10] ;
  • inhalation (fumée ou prisée), l’effet analgésique est alors dominant[10] lors des premières prises. Rapidement l’effet psycho actif « apaisant » reste seul recherché.
  • « chasser le dragon » ou « alu » : méthode consistant à inhaler les vapeurs d’héroïne, chauffée la plupart du temps sur une feuille d’aluminium par le dessous.

L’injection présente des risques accrus de surdose ou d’infections locales ou systémiques graves. L’héroïne a longtemps été associée à l’injection intraveineuse du fait des ravages sanitaires qu’avait provoqué ce mode de consommation dans les années 1970. Mais les campagnes de prévention et d’information sur cet usage qui permettait la transmission d’un certain nombre d’infections via les échanges de seringues (sida, hépatites B et C) ont fait considérablement baisser ce mode de consommation, au point qu’il est considéré comme minoritaire dans les pays occidentaux[11].

Si les risques de transmission infectieuse sont considérablement réduits par la consommation en inhalation prisée, ils restent présents du fait de l’échange des pailles qui transportent le même type d’infection, dont la tuberculose en plus.

L’héroïne peut être consommée en « descente » de la cocaïne (c’est-à-dire après) pour atténuer les effets angoissants de la diminution de ce produit dans l’organisme ; et parfois en « speed-ball » (cocaïne avec héroïne) afin de compenser les effets dépresseurs de l’héroïne par les effets stimulants de la cocaïne[12].

Effets et conséquences

Du fait de leur structure moléculaire relativement proche des endorphines produites par l’organisme, les métabolites de la substance vont se lier au récepteur opiacé-µ. Par ressemblance, les opiacés vont donc se substituer aux endorphines dans les récepteurs, entraînant une euphorie, une analgésie et des effets anxiolytiques.

L’utilisation répétée de la diacétylmorphine aboutit à un certain nombre de changements physiologiques, y compris une diminution des récepteurs opiacés disponibles.

4 à 24 h après la dernière prise de diacétylmorphine les récepteurs sont toujours occupés par les opiacés, mais les effets de la substance perdent en intensité. Les récepteurs ne sont alors plus disponibles pour lier les endorphines, ce qui entraîne des conséquences graves et des effets inverses de ceux recherchés. C’est ce processus qui est responsable de l’accoutumance et de la dépendance physique, où le corps ayant réduit sa production d’endorphines présente des symptômes physiques de manque de cette substance, appelé le syndrome de sevrage aux opiacés. Ce syndrome entraîne des symptômes extrêmement inconfortables, comme la douleur, l’anxiété, l’insomnie et des spasmes musculaires.

Du fait, de son fort caractère analgésique, elle peut masquer les douleurs dues aux infections.

En cas d’overdose, l’héroïne peut entraîner la mort par dépression respiratoire. Le surdosage étant généralement accidentel et imputé à une dose trop concentrée[6].

Effets recherchés

  • Flash, relaxation, apaisement[10] ;
  • euphorie[10] ;
  • extase ;
  • aide à la redescente des utilisateurs de substances à base de MDMA (ecstasy)[1].

Ces effets sont suivis d’un état de somnolence.

Effets à court terme

  • problèmes gastro-intestinaux[10] ;
  • ralentissement du rythme cardiaque ;
  • baisse de l’amplitude respiratoire[10] ;
  • contractions importantes de la pupille (myosis)[6] ;
  • action antitussive[6] ;
  • hypothermie ;
  • démangeaisons.

Effets à moyen terme

  • Baisse de l’appétit pouvant entraîner des carences alimentaires voire des problèmes buccodentaires[10] ;
  • constipation[10] et difficultés à uriner ;
  • insomnies ;
  • interruption des menstruations chez la femme.

Effets à long terme

  • Forte dépendance physique et psychique[10] ;
  • accoutumance acquise aux opiacés ;
  • infections opportunistes du fait de l’état d’affaiblissement général[10] ;
  • troubles de l’humeur ;
  • troubles anxieux ;
  • apathie ;
  • problèmes cutanés.

Dépendance

L’héroïne entraîne une forte accoutumance.

L’arrêt brutal d’héroïne peut provoquer un syndrome de sevrage autrement appelé manque.

La dépendance à l’héroïne peut, de nos jours, être traitée par des médicaments de substitution : méthadone ou buprénorphine (Subutex). Ces substituts sont des opiacés synthétiques. Ils ralentissent l’apparition des symptômes de sevrage, les repoussant sans pour autant les supprimer. Les effets euphoriques de ces substances sont moindres et leur demi-vie (durée d’action) est plus grande que celle de l’héroïne, permettant ainsi une prise quotidienne unique. La substitution permet également de couper les patients toxicomanes du milieu de la drogue.

La finalité étant le sevrage définitif à court ou long terme en baissant les doses afin d’atténuer graduellement les symptômes de manque.

La prise d’héroïne par voie intraveineuse est considérée comme un mode d’administration addictogène : cela induit une alternance cyclique entre un effet euphorisant rapide et intense, et un état de manque.

L’addiction à l’héroïne est décrite par un processus en trois étapes[13] :

  • La lune de miel : L’usager consomme pour le plaisir. Sa consommation est considérée comme contrôlée. Une tolérance s’installe ainsi qu’une dépendance psychique.
  • La gestion du manque : La dépendance physique apparaît. L’usager consomme pour éviter l’état de manque. Il développe souvent une polyconsommation de gestion du manque (consommation de benzodiazépines, alcool, etc.).
  • La galère : Le manque est omniprésent. La dépendance est majeure avec des comportements de perte de contrôle. L’héroïnomane sera alors capable de tout pour financer sa consommation.

Traitements de l’héroïnomanie

Articles détaillés : addiction, toxicomanie et sevrage (toxicologie).

Le traitement de la dépendance à l’héroïne est long et vise à obtenir l’abstinence. Il nécessite souvent une aide extérieure[13].

La première phase de ce traitement passe par un sevrage où un traitement médical aide l’usager à supporter les symptômes du manque.

Cette aide extérieure peut se manifester de différentes façons obligation de soins, début de prise en charge sanitaire via une structure de premier plan type site d’injection supervisée, mise en place d’un traitement de substitution, hospitalisation en cure de désintoxication voire post-cure.

Statistiques

En 2002, en France, on estime le nombre d’expérimentateurs d’héroïne parmi les 18-75 ans à 0,7 %[14]. En France, en 2005, on comptait 160 000 héroïnomanes dont la moitié suivait un traitement substitutif aux opiacés (buprénorphine, méthadone, etc.).

Selon le rapport de l’OICS du 1er mars 2006 :

  • L’abus d’héroïne est peu répandu en Afrique avec un taux annuel de prévalence de l’abus d’opiacés de 0,2 % (pour la période 2002-2004, chez les individus âgés de 15 à 64 ans), chiffre inférieur à la moyenne mondiale de 0,3 %.
  • En Europe, la prévalence annuelle de l’abus d’opiacés est de 0,8 % (et atteint même 1,7 % en Lettonie).
  • Aux États-Unis, les héroïnomanes représenteraient 0,1 % de la population.
  • L’abus d’héroïne ne pose pas de problème majeur en Amérique du Sud ou en Océanie.
  • En Asie de l’est et en Asie du sud-est, les opiacés restent les principales drogues consommées.
  • Dans les pays d’Asie centrale, la principale drogue donnant lieu à des abus est désormais l’héroïne.

Jargon

Vocabulaire

  • Accrocher, être accro : le fait d’être dépendant.
  • Alu, taper un alu : voir Chasser le dragon : méthode consistant à inhaler les vapeurs d’héroïne chauffée, la plupart du temps, sur une feuille d’aluminium (d’où le nom) par le dessous.
  • Fixer, shooter, se faire (ou se mettre) un taquet, se faire un trou, caler : synonyme d’injecter.
  • Flash : sentiment d’euphorie intense immédiatement provoqué par la prise d’héroïne et plus ou moins intense en fonction du mode de consommation.
  • Héroïnomane, camé : usager d’héroïne.
  • Paille : petit tube creux permettant l’inhalation de la substance.
  • Pompe, shooteuse, fix, flute, stylo : seringue.
  • Rails, traces, lignes, gouttes, tracks, trait, poutre : disposition en petits tas filiformes en vue d’inhalation à l’aide d’une paille.
  • Nourrir le singe : sentiment d’avoir une autre personne à nourrir en héroïne, effet du manque.
  • Kepa, kep’s, bonbonne, meug, bille : petits paquets dans lesquels sont conditionnées les doses destinées au commerce au détail. Ces termes ne sont pas spécifiques à l’héroïne.
  • Shoot, fix, flush, caler : injection.
  • Came, Hélène, keuch, cheval - horse, smack, brune, brown, meumeu, rabla, schnouf, poudre, peuf : termes d’argot désignant l’héroïne.
  • Piquer du blaze, piquer du zen, plonger : piquer du nez. On somnole, l’héroïne fait piquer du nez, on plane.
  • Taper : priser (ou plus simplement « sniffer »).

Termes apparentés

  • Héroïnomanie : terme composé de héroïne et de manie, du grec mania pour « folie, passion ». Il désigne une toxicomanie à l’héroïne, une consommation régulière et non-contrôlée d’héroïne, amenant un état de dépendance.
  • Héroïnomane : dérivé du précédent, désigne les personnes atteintes d’héroïnomanie.

Production et trafic

Article détaillé : Trafic de stupéfiant.
Principaux pays producteurs d’héroïne.

Jusqu’au milieu des années 1970, les filières d’acheminement d’héroïne sont tenues par les Français de la « French Connection » qui s’approvisionne en Turquie[15] et la mafia américaine héritière de Lucky Luciano.

Après l’élimination de la « French connection » c’est la filière asiatique qui reprend le marché avec la Turquie ou l’Albanie comme pays de transit[15].

En France, elle est remplacée dans les années 1980 par la filière nigériane changeant ainsi de pays de transit mais pas de pays producteurs[16].

L’année 2000 vit le commandeur des talibans, le mollah Mohammad Omar, décréter que la culture du pavot, étant anti-islamique, devait cesser, alors que le pays était considéré comme premier producteur mondial de pavot à cette date[17].

D’après, l’organe international de contrôle des stupéfiants dans son rapport du 1er mars 2006, l’Afghanistan est redevenu le premier producteur mondial de pavot à opium (87 % de la production mondiale), 60 % du produit transite par l’Asie occidentale et 20 % par l’Asie centrale pour rejoindre ensuite essentiellement l’Europe mais aussi l’Amérique du Nord.

Mais c’est en Amérique du Sud notamment en Colombie qu’est produite et transformée près de 60 % de l’héroïne disponible sur le marché américain où elle entrerait en passant par le Mexique.

Une partie de la production licite de pavot à opium des indes[Quoi ?] est détournée pour le marché clandestin et transformée et consommée sur place.

Voir aussi

Bibliographie

Sur le trafic de l’héroïne et les services spéciaux
  • (en) Edward J. Epstein, Agency of fear: opiates and political power in America, G.P. Putman and sons, New York, 1977.
  • (en) Alfred W. McCoy, The politics of heroin in southeast Asia, The Washington Monthly Company, 1972. (ISBN 0061319422)
  • (en) Henrik Krüger, The Great Heroin Coup: Drugs, Intelligence, and International Fascism, Boston: South End Press, 1980. 240 pages (d’abord publié au Danemark sous le titre Smukke Serge og Heroinen en 1976) (ISBN 0896080315)
Sur la consommation dans le milieu rock

Discographie

Articles connexes

Sur le trafic de l’héroïne

Liens externes

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Notes et références

  1. a , b , c , d , e , f , g , h , i , j  et k Denis Richard, Jean-Louis Senon, Marc Valleur, Dictionnaire des drogues et des dépendances, Larousse, 2004 (ISBN 2-03-505431-1) .
  2. (fr) L’aspirine : propriétés générales, applications. La somatose. L’héroïne, plaquette publicitaire de l’entreprise Bayer du début des années 1900 ventant les mérités de l’héroïne.
  3. a  et b (en)Feasibility Study on Opium Licensing in Afghanistan.
  4. a  et b (en)Drugs Forum.
  5. Analyses chimiques d’échantillons de cocaïne et d’héroïne consommés dans les rues de Genève entre 1999 et 2003 [pdf].
  6. a , b , c  et d Yasmina Salmandjee, Les drogues, Tout savoir sur leurs effets, leurs risques et la législation, Eyrolles, coll. « Eyrolles Pratique », 2003 (ISBN 2-7081-3532-5) .
  7. a , b  et c (en)Interpol "Drug Sub-Directorate - Heroin".
  8. a  et b Michel Hautefeuille, Dan Véléa, Les drogues de synthèse, Presses Universitaires de France, coll. « Que sais-je ? », 2002 (ISBN 2-13-052059-6) 
  9. Cinquième rapport national du dispositif TREND, Phénomènes émergents liés aux drogues depuis 2003 ([pdf] téléchargeable).
  10. a , b , c , d , e , f , g , h , i  et j Amine Benyamina, Le cannabis et les autres drogues, Solar, 2005 (ISBN 2-263-03904-X) .
  11. Drogues, savoir plus risquer moins, comité français d’éducation pour la santé et de la mildt, juillet 2000 (ISBN 2-908444-65-8) .
  12. Michel Hautefeuille, Dan Véléa, Les drogues de synthèse, Presses Universitaires de France, coll. « Que sais-je ? », 2002 (ISBN 2-13-052059-6) .
  13. a  et b Marie-José Auderset, Jean-Blaise Held, Jean-François Bloch-Lainé, Héroïne, cocaïne… voyage interdit, De La Martinière, coll. « Hydrogène », 2004 (ISBN 2-7324-2712-8) .
  14. « Les adultes et les drogues en France : niveaux d’usage et évolutions récentes » [pdf], OFDT, Tendances no 30, juin 2003.
  15. a  et b Alain Labrousse, Géopolitique des drogues, Presses Universitaires de France, coll. « Que sais-je ? », 2004 (ISBN 2-13-054186-0) .
  16. Michèle Diaz, Marc-Eden Afework, La Drogue, Hachette, coll. « qui, quand, où ? », 1995 (ISBN 2-01-291469-1) .
  17. Collectif Liberté Afghanistan.
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