Coca

Coca
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 Erythroxylum coca
Erythroxylum coca
Classification classique
Règne Plantae
Division Magnoliophyta
Classe Magnoliopsida
Ordre Linales
Famille Erythroxylaceae
Genre Erythroxylum
Nom binominal
Erythroxylum coca
(Lam., 1786)
Classification phylogénétique
Ordre Malpighiales
Famille Erythroxylaceae
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La coca est une plante d'Amérique du Sud de la famille des Érythroxylacées. Elle joue un rôle important dans la culture andine, à travers ses utilisations rituelles ou médicinales. La cocaïne est extraite de ses feuilles. Les dictionnaires sont partagés sur le genre du nom de l'arbuste mais s'entendent pour dénommer « la » coca la substance à mâcher qu'il fournit. Elle est appelée mama inala en langue quechua.

Sommaire

Botanique

Erythroxylum coca

Si les premiers botanistes pensaient que toutes les plantes de coca cultivées appartenaient à la même espèce, nous savons désormais que deux espèces ont été domestiquées : Erythroxylum coca Lam. et Erythroxylum novogranatense (Morris) Hieron. Ces deux espèces ont chacune deux variétés distinctes : Erythroxylum coca Lam. var. coca et Erythroxylum coca var. Ipuda Plowman pour la première espèce ; Erythroxylum novogranatense (Morris) Hieron var. novogranatense et Erythroxylum novogranatense var. truxillense (Rusby) Plowman pour la seconde.

C'est un arbuste mesurant de 1,5 à 4 mètres de haut. Les feuilles mesurent de 2,5 à 7,5 cm et sont vert-clair.

Écologie

Elle pousse à l'état sauvage dans la cordillère des Andes à des altitudes variant de 300 à 2 000 m. Erythroxylum coca Lam. et Erythroxylum novogranatense (Morris) Hieron affectionnent particulièrement les sols acides et, comme toutes les espèces du genre Erythroxylum

Propriétés pharmacologiques

La feuille est la seule à contenir des alcaloïdes. Elle contient en tout 14 principes actifs aux propriétés pharmaceutiques intéressantes. Ces enzymes, polysaccharides et alcaloïdes représentent de 0,2 % à 1,3 %[1] de la composition de la feuille de coca. Parmi ses principes actifs on peut énumérer :

  • la papaïne, enzyme qui aide à la digestion en l'accélérant, propriétés cicatrisantes pour la peau,
  • la higrine qui a des vertus sur la circulation sanguine, et protège du mal des montagnes,
  • la quinoléine qui évite la formation de caries dentaires lorsqu'elle est mélangée avec du calcium et du phosphore,
  • l'atropine qui possède un effet déshydratant au niveau des voies respiratoires,
  • la benzoïne qui a un effet cicatrisant sur la peau, propriétés antifermentation,
  • la pectine qui est un absorbant au niveau intestinal, est aussi efficace comme antidiarrhée,
  • la globuline qui est une protéine cardiotonique, qui optimise le travail du cœur, évitant la tachycardie et l'hypotension, qui constituent la réponse physiologique immédiate à une haute altitude supérieure à 3 000 m, c'est aussi un remède efficace et indispensable pour le traitement de la maladie des hautes altitudes (également appelé le mal aigu des montagnes),
  • la pyridine qui stimule la circulation sanguine, facilitant l'oxygénation - particulièrement du cerveau - réduit par l'écoulement plus lent du sang, à cause de la polyglobulie, qui est la réponse physiologique immédiate aux hautes altitudes,
  • la réserpine qui réduit la haute pression sanguine,
  • la cocamine qui possède des effets anesthésiques,
  • la coniine qui est un anesthésique local puissant,
  • l'ecgonine qui agit au niveau du métabolisme des glucides, générant de l'énergie, il est un complément aux diètes.
  • l'inuline rafraîchit et améliore le fonctionnement du foie, la sécrétion de la bile et son accumulation dans la vésicule ; diurétique, aide à l'élimination des substances nocives et toxiques non physiologiques. C’est un polysaccharide qui produit une augmentation des cellules sanguines.

Usages

C'est un fondement culturel pour l'Amérique latine - notamment les hauts plateaux andins - où son usage remonte à près de 5 000 ans[2]. Du fait de ses différentes vertus, c'est une plante sacrée pour certains peuples amérindiens. Pour ces derniers, Mama Coca est la fille de Pachamama. Elle est ainsi utilisée traditionnellement de la Colombie jusqu'au Chili aussi bien pour ses vertus stimulantes que dans le cadre de cérémonies religieuses, elle aurait même servi de taxe d'imposition[3].

Dans l'Empire inca, la coca issue de l'actuel Pérou (tupa coca) servait aux cérémonies religieuses et aux dignitaires alors que la coca issue de l'actuelle Bolivie (muma coca) servait aux fonctionnaires voire au peuple[3].

Son usage est signalé par les conquérants espagnols dès le XVIe siècle qui en condamnent d'abord l'usage la qualifiant de « satanique » avant de l'encourager en constatant l'efficacité en termes de rentabilité sur les travailleurs[3]. C'est Monardés de Séville, un naturaliste espagnol qui en ramène les premières feuilles en Europe en 1580 même si la plante ne sera vraiment connue sur le plan scientifique qu'au XVIIIe siècle[3].

Les modes de consommation traditionnels de la coca en Amérique du Sud sont :

  • la mastication de la feuille de coca, qui provoque une stimulation légère ;
  • l'absorption de tisane de feuille de coca, aux effets également limités.

La mastication peut aussi consister en une chique (llipta) d'une pâte masticatoire (aculli) qui est un mélange d'un alcali (cendres de pommes de terre, de bananes ou Chaux) et de feuilles de coca[3].

Elle est aussi utilisée pour extraire la cocaïne, l'un de ses alcaloïdes afin de le revendre sur le marché des stupéfiants.

Aspects économiques et politiques

Hors d'Amérique latine, elle est surtout utilisée pour la cocaïne. La coca est donc connue à travers le monde pour son utilisation sous forme de drogue et les trafics qui en sont la conséquence. C'est en raison de cet usage que les États-Unis souhaitent éradiquer sa culture en Amérique latine.

Production

Après la découverte de la cocaïne dans la deuxième moitié du XIXe siècle, les laboratoires pharmaceutiques hollandais et allemands stimulent la culture de coca en important d'importantes quantités de feuilles depuis le Pérou et la Bolivie[2].

Au début du XXe siècle, les Hollandais parviennent à adapter la plante dans l'île de Java qui devient pendant quelques années le premier producteur mondial. Les Japonais l'acclimateront à Taïwan pour leur part. C'est donc la production asiatique qui alimente le premier boom de la consommation de cocaïne entre 1910 et 1940. Puis les conférences internationales font appliquer des mesures d'interdiction poussant indirectement les pays andins dans une activité illicite qui sera centrale dans leur économie et dans leurs rapports avec les États-Unis[2].

C'est à partir des années 1960 que les pays andins développent vraiment leur production afin de répondre au second boom de la consommation de cocaïne[2].

Au Pérou, la culture est autorisée dans le cadre d'un usage traditionnel.
En Bolivie, premier producteur mondial de coca, la culture est autorisée sur un territoire limité : les Yungas (vallées tropicales à l'est de la Paz) bien qu'elle soit aussi largement plantée dans le Chapare où elle est illégale.
En Colombie, en revanche, la production de coca est totalement interdite.

Depuis les années 2000, la Colombie demande aux indigènes péruviens et boliviens de venir sur son territoire, afin d'acquérir les utilisations pharmaceutiques qui en sont faites dans leurs pays respectifs.[réf. nécessaire]

Pérou

Au Pérou, le président Belaunde Terry (élu en 1963) mise sur le développement de l'Amazonie et encourage les paysans à s'y installer. En 1968, il est renversé par un gouvernement militaire qui abandonne ce projet délaissant les colons alors qu'au même moment les trafiquants américains viennent les solliciter[2].

Les politiques d'ajustement structurel portent un coup déterminant aux productions locales rendant la culture de la coca d'autant plus attrayante[2].

Au début des années 1980, les projets de développement alternatif financés par les États-Unis n'aboutissent pas et la sévère répression du gouvernement favorisent l'installation de guérillas (Sentier lumineux, Mouvement révolutionnaire Tupac Amaru) qui protègent les paysans et subsisteront jusqu'au début des années 1990[2]. Dans les années 2000 le gouvernement cherche à promouvoir la consommation traditionnelle face à la menace des mafias, notamment en cherchant de nouvelles utilisations comme la consommation en farine dans le pain ou en bouillie. Le président Ollanta Humala nomme en août 2011 l'avocat défenseur des droits de l'homme Ricardo Soberón Garrido à la tête de l'organisme interministériel DEVIDA (Comisión Nacional para el Desarrollo y Vida sin Drogas). Soberon est connu pour ses positions critiques envers la politique d'éradication de la coca menée par les États-Unis.

Bolivie

En Bolivie, le coup d'État du général Hugo Banzer est financé par la bourgeoisie rurale de Santa Cruz qu'il remerciera via diverses subventions gouvernementales qui serviront à développer la production de coca et sa transformation en cocaïne. Cette politique est poursuivie par le général Luis García Meza Tejada jusqu'en 1981 laissant un pays corrompu qui malgré les gouvernements démocratiques suivants n'arrive pas à enrayer l'expansion de la culture de coca, plante traditionnelle dans le pays[2].

Hugo Banzer accède de nouveau au pouvoir par les urnes en 1997 et lance cette fois de grandes campagnes d'éradication dont les bons résultats sont largement attribués à la violente répression qui l'accompagne. Cette répression engendre un mouvement populaire, partiellement à l'origine de l'élection d'Evo Morales[2], lequel tente une nouvelle politique de lutte antidrogue visant à réhabiliter l'usage traditionnel de la coca afin de trouver des débouchés locaux à la production et détourner les paysans des trafiquants. En 2008, Morales expulsa l'ambassadeur américain Philip Goldberg et la DEA, l'accusant d'espionnage et d'opérations de déstabilisation contre son régime. Suite à cela, les Etats-Unis ont retiré à la Bolivie le bénéfice de l'Andean Trade Promotion and Drug Eradication Act et l'ont classé comme l'un des « mauvais élèves » de sa « guerre contre la drogue » [4].

Le 10 septembre 2008, le président Morales expulse l'ambassadeur des États-Unis Philip Goldberg (en) (qui avait précédemment travaillé en ex-Yougoslavie) qu'il accuse d'alimenter le séparatisme en Bolivie[5], alors que le gouvernement est confronté à une agitation venue de secteurs d'extrême-droite dans la province de Santa Cruz, la plus riche du pays.

Le 1er novembre 2008, il rompt sa collaboration avec la Drug Enforcement Administration l'accusant « d'espionnage politique et de financer des groupes criminels pour qu'ils commettent des attentats contre les autorités, voire contre le président lui-même ». Le département d'État américain a de son côté déclaré que ces accusations étaient « fausses et absurdes »[6].

Suite à cela, l'administration Bush a demandé au Congrès de retirer à la Bolivie le bénéfice de l'Andean Trade Promotion and Drug Eradication Act[4], décision qui affecterait plus particulièrement le secteur textile bolivien[7].

En 2010, les Etats-Unis ont classé la Bolivie comme l'un des « mauvais élèves » de sa « guerre contre la drogue » [4]. Ils continuent cependant à subventionner certains efforts contre le trafic de stupéfiants : la section des stupéfiants du Département d'Etat alloue plus de 22 millions de dollars aux agences de maintien de l'ordre boliviennes à cet effet, tandis que l'USAID a investi 60 millions de dollars dans des programmes de santé et d'agriculture visant à promouvoir des cultures substitutives[4].

49 000 acres (près de 20 000 hectares) de plantations de coca, dans les Yungas et le Chapare, sont légalement cultivées à des fins de consommation traditionnelles en Bolivie[4]. En 2009, la Bolivie a détruit 16 000 acres (environ 6 500 ha) de plantations illégales, sur un total de plantations illégales, estimé par les Etats-Unis, à 37 000 acres (près de 15 000 ha) [4].

La Bolivie, qui tente de préserver les cultures traditionnelle en s'attaquant au trafic de cocaïne, dépense plus de 20 millions de dollars de ses fonds dans la lutte contre le trafic de stupéfiants[4]. Par ailleurs, elle a investi 5 millions dans le dollars dans le programme Coca Yes, Cocaine No, visant à industrialiser la coca à des fins de consommation légales (maté de coca, applications médicinales, etc.) [4]. Mais toute exportation de produits alcaloïdes est banni par la Convention de l'ONU de 1961 sur les stupéfiants, menant Morales à tenter de faire retirer la coca de cette liste[4]. Ainsi, le 11 mars 2009 il mâcha une feuille de coca lors d'une réunion de la Commission des stupéfiants de l'ONU à Vienne, avant de demander le retrait de la plante de la liste noire.

Les estimations des Etats-Unis concordent rarement avec celles de l'ONU [4].

Par ailleurs, ni le Pérou ni la Colombie, qui produisent plus de coca que la Bolivie, n'ont été inclus sur cette liste[4].

La production d'une boisson énergisante appelée Coca Colla vise notamment à réhabiliter l'image internationale de la feuille de coca, et de ses dérivés[8].

Colombie

Article connexe : Narcotrafic en Colombie.

Bien que bénéficiant d'une aura internationale concernant cette culture, la Colombie produit pourtant du cannabis jusque dans les années 1970 avant que cette production ne soit concurrencée par le Mexique et remplacée par la coca et gérée par les cartels (cartel de Medellin, cartel de Cali)[2].

Dans les années 1990, les campagnes antidrogue menées par les États-Unis privent les trafiquants colombiens des sources d'approvisionnement des pays voisins ce qui aboutit au développement de la culture locale. Cette culture favorise l'implantation de guérillas comme les FARC ou des groupes paramilitaires (AUC, etc.) [2].

Argentine

En Argentine, la culture de la coca est interdite, mais sa consommation et son commerce sont autorisés.

Note et références

  1. D'après l'Institut suisse de prévention de l'alcoolisme et autres toxicomanie. [1]
  2. a, b, c, d, e, f, g, h, i, j et k Alain Labrousse, Géopolitique des drogues, Presses Universitaires de France, coll. « Que sais-je ? », 2004 (ISBN 2-13-054186-0) 
  3. a, b, c, d et e Denis Richard, Jean-Louis Senon, Marc Valleur, Dictionnaire des drogues et des dépendances, Larousse, 2004 (ISBN 2-03-505431-1) 
  4. a, b, c, d, e, f, g, h, i, j et k Bolivia walks thin line as it struggles to battle coca production, Washington Post, 13 novembre 2010
  5. Le Soir, 11 septembre 2008, p. 17.
  6. « Evo Morales suspend les activités de l'Agence antidrogue américaine », Le Monde, 4 novembre 2008, p. 10.
  7. "US Trades Move Shakes Bolivia", Washington Post, 19 octobre 2008]
  8. (en) "Coca Cola hopes to create a buzz in Bolivia", British Broadcasting Corporation, 21 avril 2010

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