La clarinette est un instrument à vent de la famille des bois caractérisée par son anche simple et sa perce approximativement cylindrique. Elle a été créée vers 1700 par Johann Christophe Denner (1655-1707) à Nüremberg sur la base d'un instrument à anche simple plus ancien : le « chalumeau ». La clarinette soprano (en si) est le modèle le plus commun.
La percecylindrique de la clarinette la distingue du hautbois et du saxophone, tous deux à perce conique, et lui confère une aptitude au quintoiement[1]. Son timbre chaud dans le registre grave, peut s'avérer extrêmement brillant voire perçant dans l'aigu.
De tous les instruments à vent, la clarinette possède la plus grande tessiture avec 3 octaves plus une sixte mineure, soit 45 notes en tout[2]. Elle se décline en une famille d'instruments presque tous transpositeurs, depuis la clarinette contrebasse jusqu'à la clarinette sopranino, couvrant ainsi toute l'étendue d'un orchestre symphonique. À l'exception des percussions, la clarinette est l'instrument qui possède la plus grande famille.
Le chalumeau européen du Moyen Âge fut sans doute l'ancêtre[3] le plus direct de la clarinette. Aujourd'hui encore, le registre grave de la clarinette est appelé registre du chalumeau. C'est à Johann Christoph Denner (1655-1707) que l'on doit l'invention de la clarinette lorsque vers 1690[4], il ajouta au chalumeau français le pavillon et deux clés d'importance majeure.
L'ajout de la « clé de 12e»[5] permit de tirer parti de l'aptitude de l'instrument au quintoiement, que les musiciens les plus doués pouvaient provoquer par une modification de la position de l'embouchure. Le registre atteint est alors celui dit du clairon et sa sonorité se rapproche de la clarine, petite trompette du XVIIIe siècle, qui donna son nom à la clarinette.
Registres de la clarinette, notes lues pour les clarinettes en clef de sol.[6]
À cette époque, l'instrument était manipulé via huit trous bouchés par les doigts, ce qui permettait à l'instrumentiste de jouer la gamme depuis le fa grave jusqu'au sol médium. La gamme ne se poursuivait sur le registre supérieur qu'à partir du do, et se faisait donc avec un défaut de 2 notes sur la gamme : le la et le si étaient absents de la gamme. La deuxième clef, celle « du la », étend vers le haut le registre du chalumeau.
Le si est obtenu par quintoiement d'une note plus grave (le mi) grâce au pavillon prolongeant la clarinette et l'ajout d'une clef actionnée par l'auriculaire de la main gauche alors innoccupé. Il fait donc partie du registre du clairon. La gamme (diatonique) est alors complète et le changement de registre se passe sans discontinuité.
Dans l'état, l'instrument ne disposant pas d'une gamme chromatique complète, il restait prisonnier de quelques tonalités particulières. Pour y remédier, les musiciens disposaient de différents modèles de clarinettes, réalisés chacun pour une tonalité spécifique. Les altérations pouvaient cependant être obtenues par des doigtés fourches ne permettant pas une grande virtuosité, et à la sonorité peu satisfaisante.
La clarinette moderne
Clarinettes système Oehler
Différentes vues d'une clarinette à quarts de tons de Fritz Schüller (1883-1977)
En 1810, Heinrich Bärmann (1784-1847) proposa le retournement du bec[7], positionnant ainsi l'anche sur la lèvre inférieure du musicien. Ceci adoucit et garantit la sonorité. Iwan (ou Ywan) Muller[8],[9] y apporta en 1812 treize clés supplémentaires offrant enfin la gamme chromatique complète. Ces nouveautés permirent d'abandonner peu à peu la collection d'instruments dédiés aux tonalités distinctes dont disposaient les musiciens pour interpréter les différentes pièces.
La clarinette fut amenée à son degré de perfectionnement actuel par le facteur d'instruments français Louis Auguste Buffet en collaboration avec le clarinettiste Hyacinthe Klosé.[10],[11] Tous deux adoptèrent le principe des anneaux mobiles que l'Allemand Theobald Boehm avait imaginé pour la flûte : le système Boehm. Aujourd'hui, le système Boehm est utilisé par les clarinettistes du monde entier, aux exceptions des Allemands et des Autrichiens, qui se servent pour la plupart du système concurrent : le système Oehler[12].
Une clarinette utilisant le système Boehm, peut disposer de près de 22 éléments mobiles utiles, auxquels il faut ajouter les paliers, les axes, les vis et les ressorts. L'ensemble dépasse la centaine de pièces mécaniques, et participe à la manipulation de 17 tampons obturant autant d'orifices inaccessibles avec les doigts.
Le nombre de clés annoncé par les facteurs correspond au nombre de points de commande intentionnelles (les anneaux n'en font donc pas partie puisqu'ils sont actionnés en même temps qu'un trou est bouché). La clarinette Boehm comporte donc 17 clés, parfois 18 avec la clé de rappel de mi main gauche. Il existe deux variantes du système Oehler comportant respectivement 19 et 27 clés.
La famille des clarinettes modernes
Petite clarinette en la, en mi et en si
La famille des clarinettes modernes est très étendue. La taille et la tonalité sont les principaux éléments différentiels. Si l'étendue de la tessiture est à peu près constante, les registres de jeu sont différents.
Aujourd'hui, les clarinettes suivantes sont utilisées, depuis la plus aigüe jusqu'à la plus grave[13] :
Nom de la clarinette
Tonalité
Commentaire
Tessiture
La petite clarinette sopranino
en la
Presque plus fabriquée, sinon pour l'exécution des bandas (musique militaire italienne), et aujourd'hui pour la musique contemporaine, car sa sonorité criarde intéresse les compositeurs[14] ;
La petite clarinette
en mi
Son timbre est très caractéristique, un peu criard. Encore très utilisée aujourd'hui en harmonie, sa tonalité étant très « compatible » avec la plupart des autres instruments (si principalement) ;
La petite clarinette
en ré
Fabriquée presque uniquement pour l'exécution des concerti de Johann Melchior Molter pour clarinette en ré. En grande désuétude car son répertoire est très limité ; généralement, les musiciens préfèrent transposer les passages de clarinette en ré pour les jouer à la petite clarinette en mi;
La clarinette soprano
en ut
En désuétude car son timbre est un peu vulgaire et sa justesse perfectible[15]. Utilisée comme instrument d'étude pour les jeunes enfants en raison de sa petite taille ;
La clarinette soprano
en si
La plus usitée : utilisée dans tous les styles de musique, elle allie brillance et éloquence. C'est avec celle-ci que l'on débute ;
La clarinette soprano
en la
Au son un peu plus rond, encore très jouée aujourd'hui, son timbre est très approprié à la musique de chambre ;
La clarinette de basset
en la
Clarinette en la avec une extension au do, fabriquée uniquement pour l'exécution du concerto pour clarinette de Mozart dans sa version originale. En grande désuétude aujourd'hui, elle est très rare ;
Utilisée presque uniquement en ensemble de clarinettes.
Un prototype de clarinette octobasse a été fabriqué par Léon Leblanc[16]. Cet instrument était plus grave d'une octave par rapport à la clarinette contrebasse. Elle sonnait comme un jeu d'orgue de 32 pieds. Le projet, très ambitieux de par la taille de l'instrument, a été abandonné.
Anatomie de la clarinette
Clarinettes droites
La clarinette en si (mais aussi celles en la, en ut, en ré et mi) se présente sous la forme d'un long tuyau droit. La clarinette est généralement réalisée en bois noble tel que l'ébène ou le palissandre (au moins pour le corps). Certains modèles, dits d'études, sont parfois moulés en plastique. Dans les années 1930 le jazz a utilisé des modèles en métal[17],[18]. Aujourd'hui, des clarinettes en matériau composite ont fait leur apparition. Ces clarinettes allient les avantages du bois et ceux du plastique, sans leurs inconvénients[19] Ainsi ces clarinettes conservent la sonorité du bois, gagnent en légèreté, et sont moins onéreuses du fait de la disponibilité des matières premières et des coûts de production du plastique.
Les clés sont en maillechort (alliage à base de nickel) nickelé, parfois argenté, ou plus rarement doré. Pour des raisons pratiques de fabrication et de transport, la clarinette se compose de 6 éléments principaux (de haut en bas) :
Ces éléments sont reproduits sur la figure ci-contre.
Les deux parties du corps d'une clarinette (en bois ou en plastique) sont parfois frappées d'un numéro de série, sorte d'immatriculation de l'instrument. Cette identification permet notamment de vérifier lors de l'achat d'un instrument d'occasion que les deux éléments appartiennent bien à un instrument unique. Le barillet et le pavillon n'étant pas taillés dans la même pièce de bois, et parfois même réalisés dans un autre matériau, ne sont généralement pas marqués.
Le bec (ou embouchure) est l'élément par lequel l'instrumentiste insuffle l'air. Autrefois taillé dans le bois ou dans l'ivoire, il est aujourd'hui principalement moulé en ébonite noire ou blanche, en plastique voire en verre (alors appelé « bec cristal »). Dans tous les cas, la table (partie du bec sur laquelle s'applique l'anche) est finie par usinage ou polissage.
Les becs en ébonite sont les plus fréquemment utilisés et offrent une large gamme de sonorité. Les becs en verre ont un entretien[20] plus simple et une sonorité plus nette ; ils sont plus rares et sont généralement réservés à la musique classique. Moins chers, les becs en plastique ont également une moindre qualité sonore ; ils sont généralement réservés aux instruments d'étude.
L'ouverture (hauteur de flèche de l'anche) et la longueur de la table (longueur libre en flexion de l'anche) sont les principaux paramètres géométriques distinctifs des becs. Un bec ouvert offre plus de puissance mais peut dégrader la qualité du son.
Le choix d'un bec est aussi important que celui de l'instrument. Il influe grandement sur le confort du musicien. Si les conseils de clarinettistes professionnels peuvent aider au choix d'un bec, seuls des essais personnels permettent un choix définitif. Des prototypes de becs à géométrie variable sont développés[21].
L'anche est la partie vibrante de l'instrument. Elle est faite en roseau de canne et est placée sur le bec au moyen d'une ligature en métal, en cuir ou en plastique. Les modèles allemands utilisent une cordelette comme ligature. Lorsque la clarinette est montée, l'anche se trouve sous le bec, contre la lèvre inférieure du musicien.
Les anches sont vendues taillées selon un classement de dureté, en fonction de l'épaisseur de l'anche. De nombreux musiciens professionnels taillent ou retaillent eux-mêmes leurs anches. La dureté de l'anche et la géométrie du bec sont liées.
L'anche est à l'origine de la production sonore. Avec son utilisation, une anche se dégrade rapidement, et les fibres du roseau se brisent. La résistance de cette pièce à la pression de l'air, la force de l'anche, est rapidement modifiée. Par conséquence, la façon dont le son est produit est modifiée et affecte le jeu du musicien.
Le temps mis par l'anche pour perdre de sa force est variable. Il dépend de la force initiale de l'anche, de son temps d'utilisation, de la pression d'air exercée par le musicien, et de la façon dont le bec est tenu en bouche (de la puissance avec laquelle le clarinettiste serre l'anche entre ses mâchoires). Pour une utilisation quotidienne de deux heures par jour, l'anche doit être changée en moyenne toutes les deux semaines.
Le barillet, situé après le bec, est une bague dont le rôle principal est l'accord de l'instrument. Beaucoup de clarinettistes se munissent de plusieurs barillets de longueur différente afin de pouvoir en changer selon les conditions de jeu (essentiellement les conditions de chaleur et d'humidité) et du diapason retenu par l'orchestre. La longueur de cette pièce et son écartement par rapport au corps de la clarinette influe sur la longueur totale de l'instrument et donc sur l'accord.
Les corps de la main droite et de la main gauche peuvent également être écartés l'un de l'autre, allongeant la taille de l'instrument. Cependant les écarts relatifs des orifices de chacun de ces corps sont calculés pour être fixes. La clarinette est très sensible à toute modification de ces longueurs. Il faut éviter d'utiliser ce moyen pour l'accord. Les professionnels réussissent à compenser la justesse simplement en modifiant leur technique d'embouchure et le support aérodynamique. Dans les cas extrêmes, le recours à des barillets de tailles différentes devient inévitable.
Le corps du haut et le corps du bas
Les deux corps situés entre le barillet et le pavillon de l'instrument portent les trous, les anneaux et les clés. Les doigts de l'instrumentiste bouchent les différents trous en fonction de la note jouée. Lorsqu'un trou est hors de portée des doigts (car situé en haut, en bas et sur les côtés de l’instrument), l'instrumentiste utilise les clés prévues à cet effet.
Sur certains instruments, l'obturation des trous n'est pas confiée aux doigts eux-mêmes mais à des plateaux métalliques munis de tampons. On parle alors de clarinette à plateaux. Ceci peut s'avérer utile aux musiciens ayant des difficultés à assurer avec leurs doigts un bouchage parfait (arthrose,par exemple).
Certaines clarinettes (en ré, en mi, mais souvent aussi les clarinettes en métal) ont un corps en une seule partie.
En prolongeant le chalumeau, le pavillon permet l'émission d'une note plus grave (le mi) qui par quintoiement, donne le si (dit bouché) grâce à la clé de douzième. Ainsi la gamme de la clarinette est complète.
Enfin, cette pièce de forme évasée favorise une bonne diffusion du son des notes bouchées : mi, fa, sol, la pour le grave. Elle résout le problème de la justesse relative des notes les plus graves des registres grave et clairon.
Clarinettes à bocal
Clarinette basse
Clarinettes contrebasse et contralto
Les modèles de clarinettes graves présentent quelques différences structurelles par rapport aux clarinettes droites. Il s'agit du cor de basset et des clarinettes alto, basse, contralto et contrebasse. Hormis les proportions plus grandes rendant leur tessiture plus basse, l'allongement global du tuyau est obtenu en partie, par l'ajout de pièces cintrées réduisant ainsi son encombrement : le bocal et le pavillon sont réalisés en métal (mêmes alliages que pour les saxophones ou les cuivres). Pour les plus grosses clarinettes, le corps lui-même peut être métallique.
Du fait du poids élevé de l'instrument, une béquille fixée sous le bocal le maintient à hauteur. Les clarinettes graves se jouent principalement en position assise.
Enfin, les modèles graves disposent de notes supplémentaires dans le grave, le mi essentiellement, voire jusqu'au do pour le cor de basset et certaines clarinettes basses.
La clarinette en chiffres
Caractéristiques physiques
Pour une clarinette en si, le tableau ci-dessous donne les dimensions et autres données physiques liées à l'instrument[22] Pour certains cas particuliers, ces valeurs pourront évidemment s'écarter des plages proposées.
Position des doigts sur la clarinette. Exemple pour l'exécution du fa# clairon en doigté fourche[23]
Clés de l'auriculaire de la main droite
Comme presque tous les instruments à vent, la clarinette se tient avec la main gauche en haut du corps (plus près de la bouche) et la main droite en bas du corps. Sur le corps inférieur, une patte accueille le pouce qui maintient l'instrument, et qui n'intervient pas dans le jeu. Le poids de l'instrument repose entièrement sur ce doigt, les clarinettistes peuvent souffrir d'une pratique prolongée (risque de tendinite[24]). Les jeunes instrumentistes peuvent alors utiliser un collier.
La clarinette est tenue en bouche et les bras avec un angle de 30° à 45° avec le corps du musicien. Le corps du haut possède trois trous qui sont bouchés par l'index, le majeur et annulaire de la main gauche. Le corps du bas possède également trois trous. Ils sont bouchés par les mêmes doigts de la main droite et dans le même ordre. Les auriculaires de chaque main permettent de manipuler les clés de bas de registre. Chaque auriculaire est utilisé pour contrôler quatre clés. Le travail de ces doigts est certainement celui qui demande le plus d'efforts au début[25]. Le changement d'instrument peut nécessiter un temps d'adaptation.
Comme tous les instruments à trous, la note jouée est d'autant plus aiguë que le nombre de trous ouverts est grand et la note la plus grave est obtenue lorsque tous les trous sont bouchés. Pour un même registre, les doigtés des autres notes, s'obtiennent en ouvrant progressivement les trous de la main droite puis ceux de la main gauche.
Émission sonore
Vibration de la colonne d'air dans l'instrument[26]
Le son est une onde qui se propage dans l'air. Elle résulte d'une variation locale de pression. Les étapes du déroulement d'un cycle d'oscillation de la colonne d'air (en régime d'anche battante) sont les suivantes[27]:
La colonne d'air contenue dans la perce de l'instrument est à pression atmosphérique et se déplace en direction du pavillon (ou du premier trou ouvert). La minuscule fente entre le bec et l'anche ne permet qu'à une quantité infime d'air d'entrer dans l'instrument. Ceci crée une dépression dans le bec. La différence de pression entre les deux faces de l'anche augmente, ce qui provoque la fermeture immédiate de l'anche (un peu comme une porte qui claque dans un courant d'air).
Une onde de dépression progresse dans le corps de l'instrument et arrive au 1er trou ouvert.
L'air extérieur, à pression atmosphérique, est aspiré par la dépression. Cet air qui jusqu'ici sortait par le trou ouvert change brusquement de direction et entre dans la perce.
La dépression se comble progressivement au fur et à mesure de la progression de l'onde de dépression en direction du bec.
Lorsque toute la colonne d'air contenue dans la perce se trouve à pression atmosphérique (se déplaçant en direction du bec), la différence de pression entre les deux faces de l'anche diminue, ce qui ouvre l'anche.
La progression de la colonne d'air est stoppée net avec la soudaine confrontation avec l'air sous pression régnant dans la bouche. On observe alors la formation d'une onde de surpression se dirigeant vers le 1er trou ouvert.
Quand elle y arrive, l'air qui entrait dans la perce change brusquement de direction et sort par le trou.
La surpression se comble progressivement et on se retrouve au début du cycle, lorsque toute la colonne d'air se retrouve à pression atmosphérique, se déplaçant en direction du pavillon.
Ce cycle se répétant à fréquence constante, on obtient l'émission d'une note dont la hauteur est liée à cette fréquence. Ainsi le la (3), à 440 Hz, est obtenu quand ce cycle se produit 440 fois par seconde.
Dans l'orchestre symphonique, la clarinette s'inscrit au pupitre des bois, avec une faible occurrence. La plupart du temps une à deux clarinettes sopranos sont utilisées (si ou la, suivant la tonalité des morceaux). Une clarinette basse peut compléter la formation, pour la première fois dans l'opéra [[Les Huguenots]] de Giacomo Meyerbeer. Plus rarement, certaines pièces plus modernes, telles que le Boléro de Ravel ou bien la Symphonie fantastique de Berlioz, font usage d'une petite clarinette en mi. Mozart a également beaucoup utilisé le cor de basset, notamment dans la Grande Partita pour 13 instruments et dans son Requiem, ou encore la clarinette de basset (en Si bémol ou en La), qu'il utilise pour de superbes interventions dans son opéra "La Clémence de Titus". C'est pour cet instrument que le concerto pour clarinette KV622 fut compososé. Aujourd'hui, les clarinettistes l'interprètent sur la clarinette en La.
Orchestre de chambre
Les orchestres de chambre étant de petits orchestres, ils ne rassemblent pas obligatoirement tous les pupitres de l'orchestre symphonique. Certains bois viennent apporter une couleur différente au son des violons, parmi lesquels la clarinette occupe une place privilégiée. L'Orpheus Chamber Orchestra est un bel exemple de ce type de formation ; dans leur enregistrement consacré à Aaron Copland, la clarinette tient une magnifique partition [28].
Il existe aussi des orchestres de chambre composés exclusivement de clarinettes, interprétant des pièces transcrites ou dédiées. Ces formations son composées de trois ou quatre instruments comprenant essentiellement des clarinettes sopranos (duo, trio, quatuor de clarinettes sopranos) et complétées éventuellement par une clarinette basse.
Un ensemble complet de clarinettes est formé par quatre à cinq clarinettes sopranos, une clarinette alto, une clarinette basse et éventuellement une clarinette contralto et/ou contrebasse. Certains ensembles de clarinettes disposent de quasiment toutes les tailles de clarinettes, pour autant de variété de timbre.
Orchestre d'harmonie
La clarinette si est à l'harmonie ce qu'est le violon à l'orchestre symphonique. Pour une harmonie de 50 musiciens, on compte idéalement 10 à 12 clarinettes réparties sur trois voix. Ce pupitre est souvent situé à gauche du chef d'orchestre, c'est-à-dire à la même place que les violons de l'orchestre symphonique, face aux saxophones.
Dans les plus gros orchestres, on trouvera également une à deux petites clarinettes mi, une clarinette alto, une à deux clarinettes basses et, à l'occasion, une clarinette contralto ou contrebasse.
Autres formations
On retrouve également la clarinette dans certains « stages band », souvent jouée par un saxophoniste. Dans un big band, un des saxophoniste peut aussi parfois jouer de la clarinette sur certains morceaux.
La généralisation de l'utilisation de la clarinette commence au XVIIIesiècle. À cette époque l'instrument est en cours de maturation et des modèles de grandes factures voient le jour. Vivaldi signe les deux premiers concerti avec clarinette dès 1716[29]. Rameau l'introduit à l'opéra en France en 1749 pour sa tragédie lyrique Zoroastre[30].
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De nombreux compositeurs ont élevé la clarinette du rang d’instrument d'orchestre au rang de soliste à partir de la période classique, de l'école de Mannheim jusqu'aux contemporains. Les principales œuvres sont des concertos pour clarinette. Ces pièces ont été composées par Franz Krommer, J.M. Molter (clarinette en ré), W.A. Mozart[31], Ludwig Spohr, Johann Stamitz et Karl Stamitz. On compte également plusieurs concerti pour deux clarinettes, tels que ceux de Karl Stamitz et Franz Krommer. La première sonate pour clarinette est écrit en 1770 par le compositeur Napolitain Gregorio Sciroli[32].
A cette époque, la clarinette est également utilisée en musique de chambre. C'est le cas dans de nombreuses œuvres de Mozart, telles que le quintette avec clarinette ou le trio avec alto et piano (dit « des quilles »). Mozart utilise également la clarinette pour sa musique d'orchestre. C'est ainsi qu'elle est employée pour des solos importants dans l'opéra « la Clémence de Titus ».
Alors que la période classique avait fait un usage intensif de la clarinette en tant qu'instrument soliste, le XIXe siècle utilisera principalement la clarinette en tant qu'instrument d'orchestre. C'est ainsi qu'elle intervient avec la flûte et le hautbois dans un trio du second mouvement de la cinquième symphonie de Ludwig van Beethoven.
Malgré tout, à cette époque quelques pièces importantes utilisent la clarinette en musique de chambre. Les formations et les œuvres sont variées. On trouve cet instrument dans des trios avec piano et violoncelle (Ludwig van Beethoven[33] et Johannes Brahms[34]), une fantaisie et des sonates avec piano et clarinette (Robert Schumann[35], J. Brahms[36]) et des formations de quintettes avec cordes de Carl Maria von Weber[37],[38] et Johannes Brahms[39]. Enfin, la clarinette reste utilisée comme instrument soliste de concerti. Carl Maria von Weber lui compose ainsi deux concerti[40], un concertino[41], les Variations pour clarinette et piano, op. 33, et le Grand duo concertant avec piano[42].
Mais un de ses emplois les plus fameux est évidemment son glissando virtuose qui introduit la Rhapsody in Blue de Gershwin, ce solo redoutablement difficile est une sorte d'indicatif de l'œuvre et est demeuré célèbre.
La musique de style contemporain (post-Darmstadt-après 1949)
La clarinette est très appréciée par les compositeurs contemporains. C'est le cas dans :
« Génération » concerto grosso pour trois clarinettes et orchestre de Jean-Louis Agobet
« Eshu » pour 15 clarinettes ( de la petite mi b à la contrebasse si b ) et percussions de Pierre Angot
Musiques folkloriques et traditionnelles
La clarinette est représentée depuis la fin du XIXe siècle dans bien des musiques traditionnelles européennes, mais il convient de rappeler qu'il existe aussi depuis fort longtemps de par le monde des clarinettes dites "primitives", ayant les mêmes caractéristiques de productions sonores, mais réalisées dans des matériaux et à l'aide d'une facture plus simple, ainsi en est-il de l'arghoul.
Les musiques des Balkans
La clarinette est aujourd'hui, avec le saxophone, l'instrument roi de la musique des Balkans[49]. On la trouve notamment en Bulgarie, en Macédoine (grneta), en Serbie (gërnëte), en Grèce (klarino), en Arménie (klarnet), et dans le Banat au sud de la Roumanie où elle est colportée par les musiciens tsiganes ou juifs. Elle est présente dans des ensembles chalgia qui jouent dans les noces, les danses (berance) les fêtes de village, et aujourd'hui dans des concerts « modernes » où se marient claviers, batterie, et instruments traditionnels. Elle intègre tout autant les petites formatons grecques koumpania que des duos instrumentaux avec une percussion (daouli ou toumbeleki) où elle joue un rôle de soliste. On la retrouve aussi dans l'accompagnement de la danse çiftetelli. Tassos Chalkias en est un interprète notable.
Devant jouer parfois toute une nuit, le clarinettiste préfère les becs ouverts et les anches faibles. Le son qui en ressort est très caractéristique : embouchure relâchée, vibrato sur les notes longues, détaché léger mais toujours présent, suivant les ornementations des doigts pour obtenir le fameux « Tay-ta », au demi-ton. Afin de produire au mieux ces ornementations, les clarinettistes préfèrent souvent utiliser les systèmes « Full Boehm ».
La musique bretonne
La clarinette est présente dans la musique traditionnelle bretonne depuis les années 1850 environ. Le clarinettiste est appelé « sonneur de clarinette », et la clarinette Treujenn goal en breton ("tronc de choux" : la tige des choux à vaches laisse apparaître un creux lorsque l'on coupe une feuille, et cela fait penser aux clés en forme de "cuillère à sel" des clarinettes du XIX siècle). Elle est traditionnellement jouée en duo, imitant les couples biniou/bombarde ou le kan ha diskan (chant à répondre), en utilisant des effets de tuilage : le premier clarinettiste joue une phrase, le deuxième commence à jouer les dernières notes de la phrase puis la reprend du début. Le répertoire est d'abord axé sur la musique à danser (pour les mariages ou festoù-noz aujourd'hui), mais pas seulement, on trouve aussi des marches, et des tempi lents.
Aujourd'hui, on la trouve dans des formations plus évoluées, telles les groupes de bal ou de concert.
Certains facteurs font aujourd'hui des clarinettes artisanales, sans clefs, généralement en sol, moins chères et plus faciles d'utilisation.
Le klezmer
La clarinette a supplanté le violon dans la musique yiddish [4] (klezmer). [5]
Folklore en Cantabrie
Des clarinettistes bien connus en la matière sont Naphtule Brandwein, Dave Tarras, Giora Feidman et David Krakauer. Le style de jeu est influencé par la musique grecque et turque, et les chants religieux d'une synagogue. L'instrument est souvent en métal, ce qui le fait vaguement ressembler à un saxophone soprano. Mais la perce est bien cylindrique et le son ressemble certainement à celui d'une clarinette. Elle imite souvent le shofar, la voix humaine, et d'autres sonorités non-musicales. Il y a beaucoup de glissandi et de broderie.
Pito y tambor
En Cantabrie, région du nord de l'Espagne, parmi les styles de musique folklorique, on trouve les « piteros », duo composé d'une caisse claire (tambor) et d'une clarinette (pito), qui donnent son nom à ce type formation. Très mobiles, ils se produisent lors des fêtes de village, foires ou pèlerinages. Les thèmes joués, appelés « jotas montañesas » sont sur une base rythmique à 3/4 (à 200 environ à la noire), sur lesquels s'exécutent spontanément des groupes de danseurs improvisés.
Cette clarinette en mi (avec un petit nombre de clés pour les instruments les plus anciens), est appelée alors requinto. On notera cependant deux modifications : la clé de douzième est volontairement tordue pour ne plus se fermer. De ce fait l'instrument est toujours dans les registres du clairon ou suraigu ce qui permet au son de porter loin. De plus, l'embouchure est retournée (anche en haut comme sur le chalumeau), ce qui confère un son plus perçant.
Le pito est l'instrument mélodique de la formation. Il peut être remplacé par un fifre parfois.
Dans la province de Valence, la clarinette tend à remplacer le hautbois dulzaina.
La musique turque
Une clarinette turque
La clarinette est très présente dans la musique turque (klarnet) [6], parfois sous sa forme occidentale, parfois sous la forme d'une clarinette en métal qui la fait ressembler à un saxophone soprano ; la perce reste néanmoins cylindrique contrairement à celle du saxophone, et le son et le comportement restent ceux d'une clarinette, mais avec des effets de glissandi propres aux musiques orientales.
Barbaros Erköse et son frère en sont des interprètes bien connus. Ainsi que Selim Sesler...
Ailleurs
Elle est de façon générale bien intégrée aux différentes musiques traditionnelles. On la retrouve :
En Suède, bien que très rarement employée aujourd'hui (Kjell Leidhammar dans Vindvak), elle était aussi populaire que le violon au siècle dernier[réf. nécessaire].
Dans les musiques centre-France où elle est de plus en plus présente.
En Italie du sud, on retrouve de plus en plus souvent la clarinette en métal.
En Inde su sud, la clarinette en Mib est intégrée depuis le XIXe siècle aux petits ensembles accompagnant la danse indienne. À partir du XXe siècle, elle devient également un instrument soliste de la musique carnatique savante et dans les petits ensembles jount dans les temples, bien que de manière fort discrète. Malgré les clefs et l'accord européen, les musiciens indiens parviennent à infléchir les notes au moyen de techniques buccales.
Bien qu'il s'agisse d'une pièce classique, la Rhapsody in blue de George Gershwin, commence par le très célèbre solo de clarinette, et un glissando ascendant remarquable (mi au do suraigu). De même, Aaron Copland composa, en 1943, un concerto dont la cadence centrale ressemble à une improvisation jazz.
Le saxophoniste Art Pepper a laissé également quelques enregistrements à la clarinette. Le saxophoniste Eric Dolphy est également connu pour avoir popularisé la clarinette basse dans le jazz. Les clarinettes sont également utilisées en jazz funk, ces instruments supportent bien les effets wah wah, et de réverbération.
« […] La clarinette est peu propre à l’idylle, c’est un instrument épique, comme les cors, les trompettes et les trombones. Sa voix est celle de l’héroïque amour ; et si les masses d’instruments de cuivre, dans les grandes symphonies militaires éveillent l’idée d’une troupe guerrière couverte d’armures étincelantes, marchant à la gloire ou à la mort, les nombreux unissons de clarinettes, entendus en même temps, semblent représenter les femmes aimées, les amantes à l’œil fier, à la passion profonde, que le bruit des armes exalte, qui chantent en combattant, qui couronnent les vainqueurs ou meurent avec les vaincus. Je n’ai jamais pu entendre de loin une musique militaire sans être vivement ému par ce timbre féminin des clarinettes, et préoccupé d’images de cette nature, comme après la lecture des antiques épopées. Ce beau soprano instrumental, si retentissant, si riche d’accents pénétrants quand on l’emploie par masses, gagne dans le solo en délicatesse, en nuances fugitives, en affectivités mystérieuses ce qu’il perd en force et en puissants éclats. Rien de virginal, rien de pur comme le coloris donné à certaines mélodies par le timbre d’une clarinette jouée dans le médium par un virtuose habile. C’est celui, de tous les instruments à vent, qui peut le mieux faire naître, enfler, diminuer et perdre le son. De là la faculté précieuse de produire le lointain, l’écho, l’écho de l’écho, le son crépusculaire. Quel plus admirable exemple pourrai-je citer de l’application de quelques-unes de ces nuances, que la phrase rêveuse de la clarinette, accompagnée d’un trémolo des instruments à cordes, dans le milieu de l’allegro de l’ouverture du Freyschütz !!! N’est-ce pas la vierge isolée, la blonde fiancée du chasseur, qui, les yeux au ciel, mêle sa tendre plainte au bruit des bois profonds agités par l’orage ? […][50] »
« Clarinette : instrument de torture utilisé par une personne qui a du coton dans les oreilles. Il y a deux instruments qui sont pires qu'une clarinette - deux clarinettes[51]. »
« La clarinette en Si bémol est un instrument qui exprime la douleur. Lorsqu'il exécute des airs gais, il y mêle encore une certaine teinte de tristesse. Si l'on dansait dans les prisons, je voudrais que ce fût au son de la clarinette[54]. »
« […] c'est l'instrument qui représente l'amour sensuel, tandis que la flûte représente tout au plus l'amour platonique, comme le hautbois représente le paysage ironique, [55]. »
↑ Les informations sur l'histoire de la clarinette sont issues de La clarinette des origines à nos jours (Robert Marchal) et La clarinette à six clés (Jean Jeltsch). Ces ouvrages sont également recommandées pour approfondir cette thématique. Voir bibliographie
↑ Note : Léon Leblanc, 1901-2000, clarinettiste et directeur de la fabrique de clarinettes de même nom. [2]
↑ Note : ces clarinettes en métal sont conçues sur la base de la clarinette moderne. D'autres modèles de clarinettes en métal existent, telle la clarinette turque.
↑ Ainsi les premiers chapitres de la méthode complète pour clarinette de H.Klosé (ou méthode Klosé) insistent particulièrement sur ce point de technique.
↑ D'après La clarinette et le clarinettiste : influence du conduit vocal sur la production du son Claudia Fritz, thèse de l'Université Paris VI soutenue le 15 décembre 2004. Voir également (en)Acoustique de la clarinette
↑ Propos rapportés par le Journal des Goncours-Histoire de la vie littéraire-, tome huitième, Mercredi 15 juillet 1889
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