Antonio Vivaldi

Antonio Vivaldi
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Antonio Vivaldi Antonio Lucio Vivaldi
Portrait de Vivaldi, gravure sur cuivre de François Morellon de La Cave
Portrait de Vivaldi, gravure sur cuivre de François Morellon de La Cave

Surnom Il Prete Rosso (Le Prêtre Roux)
Naissance 4 mars 1678
Venise Flag of Most Serene Republic of Venice.svg République de Venise
Décès 28 juillet 1741 (à 63 ans)
Vienne Saint Empire romain germanique après 1400 Saint-Empire
Activité principale compositeur
Style Musique baroque
Activités annexes violoniste
Élèves Johann Georg Pisendel
Œuvres principales
Les 4 saisons : le Printemps
Allegro
Largo
Allegro
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Antonio Lucio Vivaldi, le 4 mars 1678 à Venise et mort le 28 juillet 1741 à Vienne, était un violoniste et compositeur italien[1]. Vivaldi a été lun des virtuoses du violon les plus admirés de son temps (« incomparable virtuose du violon » selon un témoignage contemporain)[R 1] ; il est également reconnu comme lun des plus importants compositeurs de la période baroque, en tant qu'initiateur principal du concerto de soliste, genre dérivé du concerto grosso. Son influence, en Italie comme dans toute lEurope, a été considérable, et peut se mesurer au fait que Bach a adapté et transcrit plus dœuvres de Vivaldi que de n'importe quel autre musicien. Son activité sest exercée dans les domaines de la musique instrumentale, particulièrement au violon, et de celui de la musique lyrique, et elle a donné lieu à la création dun nombre considérable de concertos, sonates, opéras, pièces religieuses : il se targuait de pouvoir composer un concerto plus vite que le copiste ne pouvait le transcrire[2].

Prêtre catholique, sa chevelure rousse le fit surnommer il Prete rosso, « Le Prêtre roux », sobriquet peut-être plus connu à Venise, que son véritable nom ainsi que le rapporte Goldoni dans ses Mémoires[C 1]. Comme ce fut le cas pour de nombreux compositeurs du XVIIIe siècle, sa musique, de même que son nom, fut vite oubliée après sa mort. Elle ne devait retrouver un certain intérêt auprès des érudits quau XIXe siècle, à la faveur de la redécouverte de Jean-Sébastien Bach ; cependant sa véritable reconnaissance a eu lieu pendant la première moitié du XXe siècle, grâce aux travaux d'érudits ou musicologues tels Arnold Schering ou Alberto Gentili, à l'implication de musiciens tels Marc Pincherle, Olga Rudge, Angelo Ephrikian ou Alfredo Casella, à l'enthousiasme d'amateurs éclairés comme Ezra Pound.

Aujourdhui, certaines de ses œuvres instrumentales, et notamment les quatre concertos connus sous le titre « Les Quatre Saisons » comptent parmi les plus populaires du répertoire classique.

Sommaire

Biographie

La vie de Vivaldi est mal documentée, car aucun biographe sérieux, avant le XXe siècle, ne sest préoccupé de retracer sa vie. On sappuie donc sur de rares témoignages directs, ceux du président de Brosses, du dramaturge Carlo Goldoni, de larchitecte allemand von Uffenbach qui rencontrèrent le musicien, sur les quelques écrits de sa main et sur les documents de toutes natures retrouvés dans divers fonds darchives en Italie et à létranger. Pour donner deux exemples concrets, ce nest quen 1938 que Rodolfo Gallo a pu déterminer avec exactitude la date de son décès, portée sur lacte retrouvé à Vienne[T 1], et en 1962, Eric Paul celle de sa naissance par l'identification de son acte de baptême. La date de 1678 qu'on supposait auparavant nétait quune estimation de Marc Pincherle, basée sur les étapes connues de sa carrière ecclésiastique[T 2].

Il en résulte que de nombreuses lacunes et imprécisions entachent encore sa biographie, et que se poursuivent les travaux de recherche. Certaines périodes de sa vie demeurent complètement obscures, de même que les nombreux voyages entrepris ou supposés dans la péninsule italienne et à létranger. Ceci est également vrai pour la connaissance de son œuvre et lon retrouve encore des pièces que lon croyait perdues, ou qui demeuraient inconnues tel l'opéra Argippo, retrouvé en 2006 à Ratisbonne[3].


Jeunesse

Léglise San Giovanni Battista in Bragora fut baptisé Vivaldi

Antonio Vivaldi naquit à Venise le vendredi 4 mars 1678[T 3]. Ce jour- se produisit dans la région un tremblement de terre. Il fut ondoyé dès sa naissance par la sage-femme et nourrice Margarita Veronese, probablement en raison du séisme, ou parce que la naissance sétait déroulée dans de mauvaises conditions qui pouvaient faire craindre la mort du nouveau-[R 2]. Lhypothèse selon laquelle il aurait été chétif et fragile dès sa naissance est plausible, car il devait plus tard toujours se plaindre dune santé déficiente, résultant dun « resserrement de poitrine » (strettezza di petto) que lon imagine être une forme dasthme[C 2]. Le baptême fut administré deux mois plus tard, le 6 mai 1678[T 2], en léglise paroissiale San Giovanni in Bragora dont dépendait le domicile de ses parents, à la CaSalomon, Campo Grande[C 3] dans le sestiere del Castello, un des six quartiers de Venise.

Son père, Giovanni Battista Vivaldi (vers 1655[T 4]-1736), originaire de Brescia, était barbier et violoniste; sa mère, Camilla Calicchio, fille dun tailleur, était venue de la Basilicate. Ils sétaient mariés en 1676 dans cette même église[T 4] et eurent huit autres enfants dont deux moururent en bas âge, successivement : Margherita Gabriella (1680-?), Cecilia Maria (1683-?), Bonaventura Tommaso (1685-?), Zanetta Anna (1687-1762), Francesco Gaetano (1690-1752), Iseppo Santo (1692-1696), Gerolama Michaela (1694-1696), enfin Iseppo Gaetano (1697-?)[C 4]. Antonio devait être le seul musicien parmi les enfants, cependant deux de ses neveux furent copistes de musique[T 5]. On avait les cheveux roux de façon héréditaire dans la famille Vivaldi, et Giovanni Battista était nommé Rossi dans les registres de la Chapelle ducale: ce trait physique dont hérita Antonio était à l'origine de son surnom.

La place Saint-Marc et la Basilique au temps de Vivaldi
Tableau de Canaletto (1697-1768)
Collection Thyssen-Bornemisza, Madrid

Le père avait probablement plus de goût pour la musique que pour son métier de barbier, car on le vit engagé dès 1685 comme violoniste de la basilique Saint-Marc[T 4], haut lieu de la musique religieuse en Italie sétaient illustrés plusieurs grands noms de la musique, notamment Willaert, Merulo, les Gabrieli, Monteverdi, Cavalli. Sa célèbre maîtrise fut confiée la même année à Giovanni Legrenzi. Il fut, tout comme celui-ci et comme son collègue Antonio Lotti, parmi les fondateurs du Sovvegno dei musicisti di Santa Cecilia, confrérie de musiciens vénitiens[T 6]. À son engagement à la Chapelle ducale, il ajouta à partir de 1689 ceux de violoniste au teatro di San Giovanni Grisostomo et à lOspedale dei Mendicanti.

Antonio apprit le violon auprès de son père, et il se révéla précoce et extrêmement doué. Tôt admis à la Chapelle ducale, il reçut peut-être, aucune preuve nayant été retrouvée, des leçons de la part de Legrenzi lui-même[C 5]. Ce ne put être cependant que de courte durée, et linfluence reçue minime, car celui-ci mourut en 1690. Il est certain néanmoins qu'Antonio Vivaldi bénéficia pleinement de lintense vie musicale qui animait la basilique Saint-Marc et ses institutions, de temps à autre il prenait la place de son père.

Léglise San Giovanni in Oleo, aujourdhui disparue, était située sur la place Saint-Marc, à lopposé de la basilique
Tableau de Francesco Guardi (1712-1793)
Kunsthistorisches Museum, Vienne

Celui-ci le destina très tôt à létat ecclésiastique : ce fut probablement la recherche, pour son fils, dune belle carrière qui le guida et fut la raison principale du choix de cette orientation, plus quune vocation du jeune garçon pour létat religieux auquel il ne se consacra que très peu durant sa vie. À partir de l'âge de dix ans, il suivit donc les cours nécessaires à lécole de la paroisse San Geminiano et, le 18 septembre 1693, ayant atteint lâge minimum requis de quinze ans, il reçut la tonsure des mains du patriarche de Venise, le cardinal Badoaro. Il nabandonna pas pour autant ses activités musicales et fut dailleurs nommé, en 1696, musicien surnuméraire à la Chapelle ducale, et reçu membre de lArte dei sonadori, guilde de musiciens[R 3]. Il reçut les ordres mineurs à la paroisse San Giovanni in Oleo, sous-diaconat le 4 avril 1699, puis diaconat le 18 septembre 1700. Enfin, il fut ordonné prêtre le 23 mars 1703[T 7]. Il a pu continuer à vivre en famille, avec ses parents, jusquà leur décès, le père et son fils continuant dailleurs à travailler en toute proximité, quand ce nétait pas en étroite collaboration.

Bien que mal connu, le rôle qua joué Giovanni Battista Vivaldi dans la vie et le développement de la carrière de son fils Antonio semble dune importance primordiale et prolongée, puisquil décéda cinq ans seulement avant lui. Il semble qu'il lui ait ouvert bien des portes, notamment dans le milieu de lopéra[T 8], et qu'il lait accompagné dans de nombreux voyages.

Maître de violon au Pio Ospedale della Pietà

À la même époque, le jeune homme avait été choisi comme maître de violon par les autorités du Pio Ospedale della Pietà et engagé à cet effet en août 1703[T 9], aux appointements annuels de 60 ducats[C 6].

Le Pio Ospedale della Pietà
Gravure de A. Portio et A. Dalla Via
Musée Correr, Venise

Fondée en 1346, cette institution religieuse était le plus prestigieux des quatre hospices financés par la Sérénissime République[T 10], et destinés à recueillir les jeunes enfants abandonnés, orphelins, naturels, ou de famille indigente - les autres avaient pour nom : Ospedale dei Mendicanti, Ospedale degli Incurabili, Ospedale dei SS. Giovanni e Paolo. Les garçons y séjournaient jusquà ladolescence, puis partaient en apprentissage, mais la Pietà n'abritait que des filles[T 10]. Cloîtrées presque comme des religieuses, certaines d'entre elles recevaient une éducation musicale poussée, ce qui en faisait des chanteuses et des musiciennes de valeur : quelques unes pouvaient chanter les parties de ténor et de basse des chœurs et jouer de tous les instruments. Une hiérarchie distinguait les jeunes filles, selon leur talent : à la base se trouvaient les figlie di coro; plus expérimentées étaient les privilegiate di coro qui pouvaient prétendre à être demandées en mariage et pouvaient se produire à lextérieur ; au sommet étaient les maestre di coro qui pouvaient instruire leurs compagnes[C 7]. Des concerts publics et payants étaient organisés et très courus des mélomanes et des amateurs daventures galantes. Chaque ospedale avait un maître de chœur, maestro di coro, responsable de lenseignement de la musique (le terme sapplique à la musique vocale, mais aussi instrumentale), un organiste, un professeur dinstruments, maestro di strumenti, et dautres professeurs spécialisés[T 11]. Dans sa lettre du 29 août 1739 adressée à M. de Blancey, Charles de Brosses écrivit[4]

« La musique transcendante ici est celle des hôpitaux. Il y en a quatre, tous composés de filles bâtardes ou orphelines, et de celles que leurs parents ne sont pas en état délever. Elles sont élevées aux dépens de lÉtat, et on les exerce uniquement à exceller dans la musique. Aussi chantent-elles comme des anges, et jouent du violon, de la flûte, de lorgue, du hautbois, du violoncelle, du basson ; bref, il ny a si gros instrument qui puisse leur faire peur. Elles sont cloîtrées en façon de religieuses. Ce sont elles seules qui exécutent, et chaque concert est composé dune quarantaine de filles. Je vous jure quil ny a rien de si plaisant que de voir une jeune et jolie religieuse, en habit blanc, avec un bouquet de grenades sur loreille, conduire lorchestre et battre la mesure avec toute la grâce et la précision imaginables. Leurs voix sont adorables pour la tournure et la légèreté ; car on ne sait ici ce que cest que rondeur et sons filés à la française. (…) Celui des quatre hôpitaux je vais le plus souvent et je mamuse le mieux, cest lhôpital de la Piété ; cest aussi le premier pour la perfection des symphonies. »

Dans ses Confessions, Jean-Jacques Rousseau donna un autre témoignage de la qualité de ces orchestres de jeunes filles quil a pu apprécier pendant son séjour à Venise de 1743 à 1744 il fut secrétaire de lambassadeur de France à Venise ; on sait qu'il fut d'ailleurs par la suite un sectateur inconditionnel de la musique italienne, comme en fait foi sa fameuse Lettre sur la musique française)[5].

Concert donné dans la salle des Filarmonici par les pensionnaires (en tribune, à gauche) dun Ospedale vénitien
Tableau de Francesco Guardi (1712-1793)
Alte Pinakothek, Munich

Disposer à volonté de ces musiciennes chevronnées, sans souci du nombre ni du temps passé ou du coût était un avantage considérable pour un compositeur, qui pouvait ainsi donner libre cours à sa créativité et mettre à lessai toutes sortes de combinaisons musicales. Or, dès cette époque, le jeune maître de violon avait certainement débuté sa carrière de compositeur et commencé à se faire remarquer par ses œuvres diffusées en manuscrits, sa renommée naissante a pu justifier son choix pour ce poste important.

Cet engagement nétait pas perpétuel, mais soumis au vote régulier des administrateurs. Lesprit dindépendance de Vivaldi lui a valu à plusieurs reprises un vote défavorable et un éloignement temporaire. En 1704 il se vit confier lenseignement de la viola allinglese avec un salaire porté à cent ducats, et en 1705 celui de la composition et de lexécution des concertos, son salaire étant augmenté à cent cinquante ducats annuels, somme minime à laquelle sajoutait la rémunération des messes quotidiennes dites pour la Pietà ou pour de riches familles patriciennes également acheteuses de concertos.

La direction musicale de la Pietà était assurée depuis 1701 par Francesco Gasparini, « maestro di coro ». Celui-ci, musicien de talent et extrêmement fécond[6], consacrait cependant une part prépondérante de son activité à monter des opéras au théâtre San Angelo[7]. Il se déchargea donc sur Vivaldi dun nombre croissant de tâches, lui permettant de devenir, de fait, le principal animateur de musique de létablissement.

Édition des premières œuvres

Frontispice de lOpus I

Puisque Vivaldi avait été chargé denseigner la composition des concertos aux jeunes filles de la Pietà en 1705, il faut supposer quil avait déjà, à cette époque, une solide réputation de compositeur. Ses œuvres avaient déjà circulé sous la forme de copies manuscrites, pratique courante à cette époque, quand il décida, en 1705, de faire imprimer son Opus I par léditeur de musique le plus connu de Venise, Giuseppe Sala.

Vivaldi donna plusieurs concerts chez labbé de Pomponne, ambassadeur de France

Ce recueil comprenait douze sonates da camera a tre dédiées au comte Annibale Gambara, un noble vénitien. Ces sonates en trio de facture assez traditionnelle se démarquaient encore peu de celles de Corelli.

Cette même année, Vivaldi prit part à un concert chez labbé de Pomponne, alors ambassadeur de France : il resta, en quelque sorte, le musicien officiel de la représentation diplomatique française à Venise. Lui et ses parents habitèrent dès lors dans un appartement du campo dei SS. Filippo e Giacomo, situé derrière la Basilique Saint-Marc.

En 1706, les Vivaldi, père et fils, furent désignés dans un guide destiné aux étrangers comme les meilleurs musiciens de la ville[8].

Renoncement à dire la messe

La musique devint alors son occupation exclusive, car à lautomne 1706, il cessa définitivement de dire la messe. Fétis qui, par ailleurs ne consacra à Vivaldi quune demi-page dans sa monumentale Biographie universelle des musiciens et biographie générale de la musique publiée en 1835, rapporta une explication[9], démentie par les écrits de lintéressé lui-même, redécouverts depuis lors, mais qui fit florès :

« On rapporte sur Vivaldi cette anecdote singulière : Disant un jour sa messe quotidienne, il lui vint une idée musicale dont il fut charmé ; dans lémotion quelle lui donnait, il quitta sur-le-champ lautel et se rendit à la sacristie pour écrire son thème puis il revint achever sa messe. Déféré à linquisition, il fut heureusement considéré comme un homme dont la tête nétait pas saine, et larrêt prononcé contre lui se borna à lui interdire la célébration de la messe. »

Dans une lettre écrite en 1737, Vivaldi exposa une raison différente et plausible, à savoir que la difficulté respiratoire, cette oppression de poitrine, quil a toujours éprouvée laurait obligé à plusieurs reprises à quitter lautel sans pouvoir terminer son office, et quil avait ainsi volontairement renoncé à cet acte essentiel de la vie dun prêtre catholique[10]. Pour autant, il ne renonça pas à létat ecclésiastique, continuant sa vie durant à en porter lhabit et à lire son bréviaire ; il était dailleurs extrêmement dévot. Dans son Historisch-biographisches Lexikon der Tonkünstler en deux volumes (1790/1792), le compositeur et musicographe Ernst Ludwig Gerber affirme même quil était « extraordinairement bigot »[11]ce qui ne lempêcha pas de se consacrer pendant toute sa carrière à des activités séculières bien loin des préoccupations normales et habituelles dun prêtre.

Début dune renommée européenne

Par sa virtuosité et la diffusion croissante de ses compositions, Vivaldi sut sintroduire efficacement dans les milieux les plus aristocratiques. Il fréquentait le palais Ottoboni. En 1707, lors dune fête donnée par le prince Ercolani, ambassadeur de lempereur dAutriche, il participa à une joute musicale qui lopposa à un autre prêtre violoniste, don Giovanni Rueta, musicien bien oublié aujourdhui, mais protégé de lEmpereur lui-même : un tel honneur ne pouvait être accordé quà un musicien jouissant déjà de la plus haute considération.

Dans la même période, plusieurs musiciens étrangers vinrent séjourner à Venise. Pendant le carnaval de 1707, Alessandro Scarlatti fit représenter au théâtre San Giovanni Grisostomo (celui- même le père Vivaldi était violoniste) deux de ses opéras de facture napolitaine : Mitridate Eupatore et Il trionfo della libertà. Lannée suivante son fils Domenico Scarlatti, le fameux claveciniste, vint étudier auprès de Gasparini auquel sétait lié damitié son père. Enfin, Georg Friedrich Haendel, sur la fin de son séjour italien, vint aussi dans la ville des lagunes et y fit représenter triomphalement, le 26 décembre 1709, son opéra Agrippina dans le même théâtre San Giovanni Grisostomo. Même si lon nen a pas de preuve certaine, toutles lieux fréquentés comme les personnes côtoyéeslaisse penser que Vivaldi na pas pu manquer de rencontrer ces confrères, qui lui auront peut-être donné lenvie de tâter de lopéra. Cependant, aucune influence stylistique ne peut se déceler dans leurs productions respectives[C 8].

Frédéric IV de Danemark fut dédicataire de lopus 2 de Vivaldi

Vivaldi eut encore loccasion daccroître le cercle de ses relations de haut rang avec la venue à Venise, en voyage privé de décembre 1708 à mars 1709, du roi Frédéric IV de Danemark. Celui-ci arrivait à Venise avec lintention de profiter au maximum du fameux carnaval vénitien. Débarqué le 29 décembre, il assista dès le lendemain à la Pietà à un concert dirigé par Vivaldi. Il devait pendant son séjour entendre plusieurs fois dautres concerts des jeunes filles sous la direction de leur maestro di violino qui finalement dédia à Sa Majesté, avant son départ le 6 mars, son opus 2 consistant en douze sonates pour violon et basse continue, juste sorti des presses de limprimeur vénitien Antonio Bortoli. Le souverain, amateur de musique italienne et de belles femmes, emportait également douze portraits de jolies vénitiennes peints en miniature à son intention par Rosalba Carriera.

Lempressement de Vivaldi à légard du roi du Danemark était peut-être lié à lévolution de ses rapports avec les gouverneurs de la Pietà dont le vote, en février, avait mis fin à ses fonctions. De cette date à septembre 1711, un flou complet entoure ses activités. Cependant, son père fut engagé en 1710 comme violoniste au théâtre SantAngelo, lun des nombreux théâtres vénitiens produisant des opéras[12]. Cest peut-être par son entremise quAntonio approfondit ses relations avec Francesco Santurini, douteux impresario de ce théâtre qui y était également lassocié de Gasparini.

On sait en tout cas quil était présent à Brescia en février 1711, et lhypothèse dun voyage à Amsterdam est évoquée[R 4].

LEstro Armonico

Le Grand-Duc de Toscane Ferdinand III, dédicataire de lEstro armonico
Tableau de Niccolò Cassani
Galerie des Offices, Florence

Cest en effet à Amsterdam que Vivaldi devait dorénavant confier lédition de ses œuvres au fameux éditeur de musique Estienne Roger et à ses successeurs, insatisfait quil était de ses premiers imprimeurs vénitiens.

Son opus 3, recueil de douze concertos pour instruments à cordes intitulé L'Estro Armonico sortit des presses dEstienne Roger en 1711. Il était dédié à lhéritier du Grand-duché de Toscane, Ferdinand de Medicis, prince de Florence (1663-1713) et marqua une date capitale dans lhistoire de la musique européenne : de cet ouvrage date en effet la transition entre le concerto grosso et le concerto de soliste moderne.

Estro Armonico.jpg

Ouvrages contemporains et posthumes, les recueils de Torelli (opus 8 édité en 1709) et de Corelli (opus 6 édité en 1714) restaient fidèles à la forme du concerto grosso ; Vivaldi proposait de façon inédite dans son recueil des concertos grossos de facture traditionnelle, généralement en quatre mouvements (lent-vif-lent-vif) avec opposition concertino-ripieno (les numéros 1, 2, 4, 7, 10 et 11) et des concertos solistes dont la structure en trois mouvements (vif-lent-vif) est celle de l'ouverture à l'italienne. Le soliste virtuose y est confronté seul à lorchestre (numéros 3, 6, 9, 12 ; les numéros 5 et 8, avec deux solistes, sont à classer dans cette seconde catégorie).

Choisir le très réputé éditeur hollandais était un moyen privilégié daccéder à la célébrité européenne : LEstro Armonico parvint, sous forme de copie manuscrite, au fond de la Thuringe, entre les mains de Johann Gottfried Walther, grand amateur de musique italienne, cousin et ami de Johann Sebastian Bach. Ce dernier, alors en poste à Weimar, fut si enthousiasmé par les concertos de Vivaldi quil en transcrivit plusieurs pour le clavier : exercice de style impressionnanttant les caractéristiques musicales du violon et du clavecin sont différentesmais diversement apprécié[13].

On retrouve la trace de Vivaldi à partir de septembre 1711 : il fut, ce mois-, à nouveau investi de ses fonctions à la Pietà. Lannée 1712 voit la création à Brescia de lun de ses grands chefs-dœuvre de musique religieuse, le Stabat Mater pour alto, composition poignante et dune haute inspiration.

Compositeur dopéras

Les 4 saisons : l'Été
Allegro non molto
Adagio
Presto
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Cest seulement en 1713il avait trente-cinq ansque Vivaldi aborda pour la première fois lopéra, la grande affaire de tout compositeur de renom dans cette Italie du début du XVIIIe siècle.

Son statut decclésiastique, déjà bien compromis de réputation par son comportement inhabituel, le fit peut-être hésiter à prendre ce tournant plus tôt. Si lon admirait le virtuose et le compositeur, sa personnalité fantasque et le caractère ambigu de son entourage féminin sentaient le scandale. Or, œuvrer dans le milieu interlope de lopéra nétait pas le gage de la meilleure moralité, à bien des points de vue ; cette activité jouissait dun tel succès populaire quelle devait nécessairement intéresser les aigrefins de tout poil ou tourner la tête des chanteurs les plus talentueux, dont les caprices, les excentricités et les aventures défrayaient la chronique.

Les méthodes des impresarios étaient parfois dune honnêteté toute relative. Ainsi, par exemple, Gasparini et Santurini sétaient retrouvés au tribunal pour avoir enlevé et rossé deux cantatrices mécontentes de navoir pas reçu le salaire convenulune delles était même très malencontreusement tombée dans un canal ; la bienveillance des juges avait pu être obtenue grâce à lintervention de relations influentes

Venise sétourdissait dans les fêtes[14] comme pour exorciser son irréversible déclin politique, dont le contrepoint était une floraison artistique sans précédent. La folie de lopéra en faisait partie : Marc Pincherle a chiffré à quatre cent trente deux le nombre dœuvres représentées à Venise entre 1700 et 1743. Comment un musicien de génie et ambitieux pouvait-il rester à lécart de ce mouvement qui pouvait amener la célébrité et les plus grands succès ?

Le livret du premier opéra de Vivaldi, Ottone in villa fut écrit par Domenico Lalli, en fait le pseudonyme de Sebastiano Biancardi, poète napolitain et escroc à ses heures qui, recherché par la police de Naples, était venu se réfugier à Venise. Les deux hommes sétaient liés damitié. Le nouvel opéra fut créé non à Venise, mais pour une raison inconnue, le 17 mai 1713 à Vicence Vivaldi sétait rendu, avec son père, après avoir obtenu un congé temporaire des autorités de la Pietà. Pendant son séjour à Vicence, il participa à lexécution de son oratorio la Vittoria navale predetta dal santo pontefice Pio V Ghisilieri[15] à loccasion de la canonisation du pape Pie V.

Après Ottone in villa, Vivaldi devait composer un ou plusieurs opéras presque chaque année jusquen 1739 : à len croire, il en aurait écrit 94. Cependant, le nombre de titres identifiés reste inférieur à 50 et moins de 20 ont été conservés, complètement ou partiellement en ce qui concerne la musique qui, contrairement aux livrets, nétait jamais imprimée.

Impresario du teatro SantAngelo

Létrange Prêtre Roux ne devait pas se contenter de composer de la musique dopéras et den diriger, avec son violon, linterprétation. Dès la fin de lannée 1713, il assura, sinon en titre, du moins en fait, la fonction dimpresario du Teatro Sant'Angeloce terme dimpresario devant sentendre comme « entrepreneur » en succession de Santurini, douteux homme daffaires déjà cité plus haut. Limpresario cumulait toutes les responsabilités : administration, établissement des programmes, engagement des musiciens et chanteurs, financement, etc. Malgré ses incommodités physiquesréelles ou prétenduesVivaldi assuma toutes ces tâches prenantes en y incluant la composition des opéras, sans pour autant renoncer à ses fonctions moins rémunératrices mais plus nobles à la Pietà ou à composer sonates et concertos pour lédition ou le compte de divers commanditaires (institutions religieuses, riches et nobles amateurs: en 1714 il composa pour la Pietà son premier oratorio, Moyses Deux Pharaonisdont la musique est perdueet fit éditer à Amsterdam son Opus 4 intitulé La Stravaganza. Ce recueil de 12 concertos pour violon dédiés à un jeune noble vénitien de ses élèves, Vettor Dolfin[16] fixait de façon quasi définitive la forme du concerto de soliste en trois mouvements AllegroAdagioAllegro.

Le palais Corner-Spinelli près duquel se trouvait le théâtre SantAngelo

Le SantAngelo, bien situé sur le Grand Canal près du palazzo Corner-Spinelli, ne jouissait pas dune situation juridique très claire. Fondé par Santurini en 1676 sur un terrain appartenant aux familles patriciennes alliées des Marcello et Capello, il ne leur avait pas été restitué au terme de la concession, Santurini continuant à lexploiter sans titre comme si de rien nétait et malgré les démarches effectuées par les propriétaires. Cet état de fait devait perdurer au profit de Vivaldi opérant de façon officielle de lautomne 1713 au Carnaval 1715, mais aussi, le plus souvent, par lintermédiaire de prête-noms (Modotto, Mauro, Santelli, Orsato), parmi lesquels nous retrouvons également son père. Quant à Santurini, il devait décéder en 1719. Lopacité des opérations de gestion laissait planer le doute sur lhonnêteté de limpresario et de ses comparses et des bruits coururent sur des détournements de fonds, des abus de confianceIl est en outre possible que la position de Vivaldi à la Pietà permît également des arrangements favorables en matière de prestations musicales ou dautre nature. Cest dans ce théâtre SantAngelo que Vivaldi produisit à lautomne 1714 son second opéra, Orlando finto pazzo. Il annota en marge du manuscrit « Se questa non piace, non voglio più scrivere di musica » (« si celui-ci [cet opéra] ne plaît pas, je ne veux plus écrire de musique »)[R 5]. De fait, et bien quon nait pas déchos du succès de ce second opéra, il continua à en écrire et pendant les quelques années qui suivirent, ses diverses activités de compositeur, Maestro dei Concerti, virtuose du violon, impresario se poursuivirent à un rythme soutenu.

En 1715, il composa et produisit au SantAngelo le pasticcio Nerone fatto Cesare ; en visite à Venise, larchitecte mélomane Johann Friedrich Armand von Uffenbach venu de Francfort assista à trois de ses représentations. Il lui commanda des concertos : trois jours plus tard Vivaldi lui en apporta dix, quil prétendit avoir composés tout spécialement. Il se fit également enseigner sa technique violonistique et témoigna dans une lettre de lextraordinaire virtuosité de Vivaldi :

« … vers la fin Vivaldi interpréta un accompagnement en solo admirable, quil enchaîna avec une cadence qui mépouvanta vraiment car on ne saurait jamais jouer quelque chose daussi impossible, ses doigts arrivaient à un fétu de paille du chevalet, laissant à peine la place pour le parcours de larchet et ceci sur les quatre cordes, avec des fugues et une rapidité incroyable, ceci étonna tout le monde ; je dois cependant avouer que je ne peux dire avoir été charmé, parce que ce nétait pas aussi agréable à entendre que ce nétait fait avec art[17]. »

Pendant les saisons qui suivirent, Vivaldi composa et présenta au SantAngelo successivement en 1716, Arsilda, regina di Ponto et en 1717 lIncoronazione di Dario. Arsilda fut la cause de la rupture avec Domenico Lalli, auteur du livret. En effet, celui-ci fut tout dabord censuré et Lalli rendit responsable Vivaldi du fait des modifications que ce dernier avait demandées. Cette brouille définitive devait par la suite interdire à Vivaldi de se produire aux théâtres San Samuele et San Giovanni Grisostomo dont Lalli allait devenir limprésario attitré[R 6].

Mais son activité de compositeur put se développer au San Moisè, pour lequel il composa en 1716 la Costanza trionfante, en 1717 Tieteberga et en 1718 Armida al campo d'Egitto.

Johann Georg Pisendel, élève et ami de Vivaldi

La même période vit la publication, à Amsterdam chez Jeanne Roger, de lOpus 5 (6 sonates pour 1 ou 2 violons avec basse continue) et la création pour la Pietà, en novembre 1716, du seul oratorio qui nous soit parvenu, chef dœuvre de la musique religieuse : Juditha triumphans qui était aussi une pièce de circonstance destinée à commémorer la victoire du Prince Eugène sur les Turcs à Petrovaradin : lallégorie oppose la chrétienté, personnifiée par Judith à la puissance turque représentée par Holopherne.

Violoniste à la Chapelle de la Cour ducale de Saxe à Dresde, Johann Georg Pisendel vint en 1717 passer une année à Venise aux frais de son prince pour se former auprès du maître vénitien ; à lexception des jeunes filles de la Pietà, Pisendel devint ainsi lun de ses seuls disciples connus (les deux autres sont les violonistes Giovanni Battista Somis et Daniel Gottlieb Treu (de)[C 9]). Les deux hommes se lièrent dune profonde amitié. Lorsque Pisendel retourna en Saxe, il emporta avec lui une collection importante dœuvres instrumentales de Vivaldi, parmi lesquelles ce dernier lui dédia personnellement six sonates, une sinfonia et cinq concertos portant la dédicace « fatte p. Mr. Pisendel ». Ces pièces se trouvent aujourdhui à la Landesbibliothek de Dresde.

Les Opus 6 (Six concertos pour violon) et 7 (Douze concertos pour violon ou hautbois) furent publiés à Amsterdam chez Jeanne Roger entre 1716-1721, apparemment sans la supervision personnelle du compositeur et, en tous cas, sans dédicace.

Voyages et séjours hors de Venise

Les opéras de Vivaldi sortirent bientôt des frontières de la République de Venise. Scanderbeg, sur un texte dAntonio Salvi, fut créé au théâtre de la Pergola à Florence en juin 1718.

Philippe de Hesse-Darmstadt, gouverneur de Mantoue

Pendant deux ans à partir du printemps 1718, Vivaldi séjourna à Mantoue en tant que Maître de Chapelle du landgrave Philippe de Hesse-Darmstadt (de)[18] . Les circonstances de cet engagement ne sont pas éclaircies, ni celles de son retour à Venise. Toujours est-il que cest au théâtre archiducal de Mantoue que sont créés les opéras Teuzzone en 1718, Tito Manlio en 1719 et La Candace en 1720. Par la suite, Vivaldi continua à faire état, non sans fierté, de son titre de Maestro di Cappella di Camera di SAS il sig. Principe Filippo Langravio dHassia Darmistadt.

Vivaldi ne faisait rien pour passer inaperçu. Arguant de son handicap physique qui ne lempêchait ni de mener une vie trépidante dactivité, ni dentreprendre de longs et pénibles voyages, il ne se déplaçait « quen gondole ou en carrosse », accompagné dès cette époque dune étonnante cohorte féminine. Ces dames, disait-il, connaissaient bien ses infirmités et lui étaient dun grand secours. Leur présence à ses côtés alimentait aussi les rumeurs

La couverture du pamphlet Il teatro alla moda

En 1720 parut à Venise un petit livre satirique intitulé Il teatro alla moda dont lauteur restait anonyme. Cet ouvrage, présentant les travers du monde de lopéra sur le mode de conseils à rebours destinés à ses différents acteurs, visait Vivaldi comme cible principale sous le pseudonyme dAldiviva, anagramme transparent d’« A.Vivaldi ». Plus que tout autre à cette époque en effet, celui-ci personnifiait ce genre musical. La dérision sexerçait à lencontre de tous les personnages et à leurs pratiques ; la critique était dautant plus blessante quelle ridiculisait des défauts bien réels et visibles : le librettiste pliant son texte non aux nécessités de laction mais, par exemple, aux désirs des machinistes, le compositeur écrivant ses airs non selon les exigences du livret mais selon celles des chanteurs ou selon des règles stéréotypées, ces derniers faisant fi des indications du musicien, les chanteuses donnant libre cours à leurs propres caprices, limpresario rognant sur le coût des instrumentistes au détriment de la qualité musicale, etc.

Sur la couverture figurait une amusante caricature de trois personnages-clefs du SantAngelo et du San Moisè, naviguant sur une péotte, barque en usage dans la lagune. À lavant, un ours en perruque (limpresario Orsatto, assis sur les provisions faites grâce au produit de ses manigances) ; aux rames, limpresario Modotto, ancien patron de péotte déférant au service du précédent ; à larrière un petit ange (Vivaldi) avec son violon, coiffé dun chapeau de prêtre et marquant le rythme par sa musique pour donner lallure.

Lauteur était en réalité Benedetto Marcello, musicien et lettré dilettante, quopposaient à Vivaldi sa conception de lexistence, sa qualité de membre de la famille propriétaire en titre du SantAngelo, alors en litige avec le Prêtre Roux et peut-être une certaine jalousie envers ce rival de génie, issu de la plèbe.

Vivaldi produisit à la fin de lannée 1720 deux nouveaux opéras au SantAngelo : La Verità in cimento et le pasticcio Filippo, Re di Macedonia. Mais le succès du pamphlet de Marcello suscita peut-être chez lui le désir de « prendre lair » et de multiplier les voyages pour séloigner de temps à autre de sa ville natale. Il partit de Venise à lautomne 1722 pour Rome, munide surprenante façondune lettre de recommandation à la princesse Borghèse écrite par Alessandro Marcello, le propre frère de Benedetto.

Cest probablement le nouveau pape Benoît XIII qui reçut en audience Vivaldi au printemps 1724

Vivaldi fut reçu « comme un prince »[R 7] par la haute société romaine, donnant des concerts et créa son opéra Ercole sul Termodonte au théâtre Capranica en janvier 1723. Lexcellent accueil reçu et le succès obtenu lors de ce séjour romain lincitèrent à revenir à Rome pendant le carnaval de lannée suivante ; il y créa, toujours au Capranica, Il Giustino et le pasticcio La Virtù trionfante dellamore e dellodio dont il avait composé seulement lacte II.

Portrait de Vivaldi
Esquisse de Pier Leone Ghezzi
Bibliothèque Apostolique Vaticane, Cité du Vatican

Cest au cours de ce second séjour quil fut reçu avec bienveillance par le nouveau pape Benoît XIII[19], désireux dentendre sa musique et apparemment peu préoccupé de la réputation douteuse que ce prêtre si peu conventionnel traînait après lui.

Cest également de lun de ses séjours romains que date le seul portrait considéré comme authentique, car dessiné sur le vif par le peintre et caricaturiste Pier Leone Ghezzi.

Quelques années plus tard, dans une lettre au marquis Bentivoglio, lun de ses protecteurs, Vivaldi devait évoquer trois séjours à Rome pendant la période de Carnaval ; cependant aucun autre document ne vient étayer la réalité de ce troisième séjour et lon pense, daprès dautres éléments, que le témoignage du musicien nétait pas toujours des plus fiables.

Pendant les années 1723 à 1725, sa présence à la Pietà fut épisodique comme en témoignent les paiements effectués en sa faveur. Son engagement prévoyait la fourniture de deux concertos par mois ainsi que sa présence nécessairetrois ou quatre fois par concertopour en diriger les répétitions par les jeunes musiciennes. Après 1725, et pour plusieurs années, il disparut des registres de létablissement.

Portrait dun violoniste vénitien du XVIIIe siècle, généralement considéré comme étant celui de Vivaldi
Museo Bibliografico Musicale, Bologne

Cest pendant cette période, en 1724 ou 1725[20] que parut à Amsterdam chez Michel-Charles Le Cène, le gendre et successeur dEstienne Roger, lOpus 8 intitulé Il Cimento dellarmonia et dellinvenzione (La confrontation de lharmonie et de linvention) et consistant en douze concertos pour violon dont les quatre premiers sont les célèbrissimes « Quatre Saisons ». Dans sa dédicace à un noble vénitien, le comte de Morzin, Vivaldi nous apprend que ces quatre chefs-dœuvre étaient déjà composés bien avant leur impression et avaient largement circulé en copies manuscrites (ils devaient remporter les plus grands succès à létranger, notamment à Londres et à Paris ils furent interprétés au début de lannée 1728 au Concert Spirituel[21]).

On na pas de preuve dun hypothétique séjour de Vivaldi à Amsterdam à loccasion de cette publication. Cependant, son portrait gravé par François Morellon de La Cave, huguenot établi aux Pays-Bas suite à la révocation de lÉdit de Nantes plaiderait en faveur de cette éventualité. Un artiste anonyme a également réalisé le portrait dun violoniste qui passe pour être le Prêtre Roux. Sans être certaine, car le modèle n'est pas nommé, l'identification à Vivaldi est communément admise : ce portrait, conservé au Liceo Musicale de Bologne[T 12], est repris en couverture, de plusieurs ouvrages cités en référence (livres de Marcel Marnat, Roland de Candé, de Claude et Jean-François Labie, de Sophie Roughol, de Michael Talbot ...)

De même, léventualité dun séjour à Paris en 1724-1725 semble improbable, même si la cantate Gloria e Himeneo a été composée pour célébrer le mariage de Louis XV et de Marie Leszczyńska le 5 septembre 1725 (une œuvre précédente, la sérénade La Senna Festeggiante, avait peut-être été composée à loccasion du couronnement du roi de France en 1723). Mais les rapports exacts de Vivaldi avec la monarchie française restent inconnus.

Anna Giró

En 1726, Vivaldi monta son opéra Dorilla in Tempe au théâtre SantAngelo. Ce fut une de ses jeunes élèves de la Pietà âgée de seize ans, Anna Giró, qui tint le rôle dEudamia.

Cette Anna Giró ou Giraud, dascendance française[22], avait débuté deux ans auparavant au théâtre San Samuele dans lopéra Laodice dAlbinoni. Elle allait bientôt se voir attribuer le surnom de lAnnina del Prete Rosso et jouer dans la vie du compositeur un rôle assez ambigu de cantatrice fétiche, de secrétaire et, en même temps que sa demi-sœur Paolina de vingt ans plus âgée, daccompagnatrice dans ses voyages, plus ou moins de gouvernante[23]. Bien sûr, la relation particulière entre le prêtre quinquagénaire si peu conformiste et cette jeune personne ne pouvait que susciter les racontars et commentaires chargés de sous-entendus, même si elle nhabita jamais chez lui (elle demeurait avec sa demi-sœur et sa mère tout près du théâtre SantAngelo, dans une maison jouxtant le palais Corner-Spinelli sur le Grand Canal)[C 10].

Carlo Goldoni rencontra Anna Giró chez Vivaldi : son témoignage permet de savoir quelle était, sinon jolie, du moins mignonne et avenante.

Sa voix navait rien dexceptionnel et elle naimait pas laria cantabile, le chant langoureux ou pathétique (et Goldoni ajoute : « autant dire quelle ne savait pas les chanter »). En revanche, elle avait un bon jeu de scène et chantait bien les airs dexpression, dagitation, avec de laction, du mouvement. Cette appréciation est confirmée par labbé Conti qui écrivit dans une lettre à Madame de Caylus, à propos de lopéra Farnace de Vivaldi : « son élève y fait des merveilles quoique sa voix ne soit pas des plus belles… »[C 11].

Elle devait, jusquen 1739, chanter dans au moins seize opéras de Vivaldi (sur les quelque vingt-trois que celui-ci allait composer), souvent dans les rôles principaux.

La lumière puis lombre

Arrivée à Venise du comte de Gergy, ambassadeur de France
Tableau de Canaletto (1697-1768)
Musée de lErmitage, Saint-Pétersbourg

Vivaldi déploya pendant ces années une activité prodigieuse, produisant pas moins de quatre nouveaux opéras en 1726 (Cunegonda puis La Fede tradita e vendicata à Venise, La Tirannia castigata à Prague, enfin Dorilla in Tempe déjà cité) et en 1727 (Ipermestra à Florence, Farnace à Venise, Siroè Re di Persia à Reggio d'Émilie, Orlando furioso à Venise). En 1727 fut également édité à Amsterdam lOpus 9, nouveau recueil de douze concertos pour violon intitulé La Cetra. Ces diverses créations supposent de nombreux voyages, car il ne déléguait à personne le soin de monter ses opéras, quil finançait dailleurs sur ses deniers personnels. Le 19 septembre 1727, un important concert de ses œuvres (la sérénade LUnione della Pace et di Marte et un Te Deum dont les partitions sont perdues) fut organisé chez lambassadeur de France à Venise, le comte de Gergy, à loccasion de la naissance des filles jumelles du roi de France Louis XV, Élisabeth et Henriette.

Seuls deux opéras marquent lannée 1728 (Rosilena ed Oronta à Venise puis LAtenaide à Florence). Mais cette année fut ponctuée par dautres événements importants : publication à Amsterdam de lOpus 10 consistant en six concertos pour flûte, les premiers jamais consacrés à cet instrument[24]; décès de sa mère le 6 mai ; en septembre, le musicien est présenté à lempereur Charles VI du Saint-Empire, fervent mélomane, faisant peut-être suite à la dédicace à ce souverain de lOpus 9.

Lempereur Charles VI (1685-1740)
Tableau de Martin van Mytens le jeune

Lempereur avait en vue de faire du port franc de Trieste, possession autrichienne au fond de lAdriatique, la porte des territoires autrichiens et de lEurope centrale vers la Méditerranée, et donc de concurrencer directement Venise qui jouait ce rôle depuis des siècles. Il était venu sur place pour établir les bases de ce projet, et rencontra le compositeur à cette occasionon ne sait exactement. Le séjour de Vivaldi auprès du souverain aurait pu durer deux semaines, selon une lettre de labbé Conti à Madame de Caylus, qui rapporte : « lempereur a entretenu longtemps Vivaldi sur la musique ; on dit quil lui a plus parlé à lui seul en quinze jours quil ne parle à ses ministres en deux ans ». Lempereur fut certainement enchanté de cette rencontre : il donna à Vivaldi « beaucoup dargent »[25], ainsi quune chaîne et une médaille dor, et il le fit chevalier. On ne sait pas, toutefois, si cette rencontre fut suivie dun possible séjour à Vienne voire à Prague, dun engagement officiel ou dune promesse de poste dans la capitale impériale[26].

Le palazzo Bembo près duquel habita Vivaldi à partir de 1730

Ces années dintense activité furent suivies dune nouvelle période les faits et gestes de Vivaldi sont pratiquement inconnus, à part son déménagement en mai 1730 dans une maison près du Palazzo Bembo, dont les fenêtres donnaient sur le Grand Canal[27] ; période pendant laquelle le compositeur voyagea probablement à travers lEurope, ne reparaissant à Venise quà partir de 1733. Peu dœuvres sont datables de manière sûre des années 1729 et 1730. Les quelques opéras composés jusquen 1732 furent montés hors de Venise (Alvilda, Regine dei Goti à Prague et Semiramide à Mantoue en 1731, La Fida Ninfa à Vérone et Doriclea[28] à Prague en 1732).

Dernières années à Venise

Cest en janvier 1733 que Vivaldi fit un retour remarquéau moins par sa musiqueà Venise à loccasion du transfert à la basilique Saint-Marc des reliques du doge Saint Pietro Orseolo : on y exécuta un Laudate Dominum solennel de sa composition, sans quon sache dailleurs sil en dirigea linterprétation. En février de la même année fut représentée à Ancône une adaptation du Siroé de 1727, puis en novembre au SantAngelo fut monté Montezuma et trois mois plus tard, LOlimpiade, lun de ses plus beaux opéras repris presque aussitôt à Gênes[C 12]. Cest cette même année quil rencontra le voyageur anglais Edward Holdsworth auquel il expliqua quil ne voulait plus faire éditer ses œuvres, trouvant un meilleur profit à les vendre à lunité aux amateurs. Le même Holdsworth devait, en 1742, acquérir douze sonates de Vivaldi pour le compte de son ami Charles Jennens, librettiste de Haendel[29].

1735 fut à nouveau une année « record » en matière dopéras avec deux ouvrages montés au teatro filarmonico de Vérone pendant le carnaval : LAdelaide et Il Tamerlano[30] et deux autres produits pour la première fois au théâtre San Samuele de Venise : La Griselda et Aristide. Ce furent les deux seules œuvres de Vivaldi composées pour ce théâtre, propriété de la riche famille Grimani qui possédait aussi le prestigieux théâtre San Giovanni Grisostomo et un fastueux palais situé sur le Grand Canal. Elles mirent Vivaldi en contact avec lun des grands écrivains italiens de son temps, le jeune Carlo Goldoni alors âgé de vingt-huit ans.

La rencontre avec Goldoni est importante car celui-ci la racontée dans deux de ses écrits[31], témoignages précieux sur la personnalité et le comportement du musicien vieillissant, et, on la vu, sur la personne dAnna Giró.

Carlo Goldoni (1707-1793)
Portrait par Alessandro Longhi (17331813)
Casa di Carlo Goldoni, Venise

Goldoni, revenu depuis peu à Venise, venait de connaître le succès, pour lui inattendu, de sa première pièce, Belisario, et avait été chargé par les Grimani dadapter[32] le livret dApostolo Zeno pour La Griselda qui devait être mise en musique par Vivaldi. Ce faisant, il prenait la place de Domenico Lalli, lancien ami rancunier qui avait barré la route de Vivaldi à lentrée des théâtres Grimani. Laccueil du compositeur envers le jeune écrivain qui lui avait été envoyé fut tout dabord peu amène et empreint à la fois de condescendance et dune certaine impatience. La scène décrite par Goldoni donne limpression chez le compositeur dune agitation fébrile, et de la rapidité avec laquelle la suspicion et la méfiance pouvaient chez lui se transformer en enthousiasme. Dabord rabroué par Vivaldi pour avoir légèrement critiqué Anna Giró, il se rattrapa en écrivant sur le champ huit vers conformes au type de chant expressif que le musicien voulait introduire dans le livret et faire chanter par sa jeune élève. Il nen fallut pas plus pour changer lopinion de Vivaldi à son égard ; celui-ci, délaissant son bréviaire quil navait pas lâché depuis le début de lentrevue, appela la Giró :

« — Ah, lui dit-il, voilà un homme rare, voilà un poète excellent ; lisez cet air ; cest Monsieur qui la fait ici, sans bouger, en moins dun quart dheure. »

puis sadressant à Goldoni :

« — Ah, Monsieur, je vous demande pardon. »

et il lembrassa, protestant quil naurait jamais dautre poète que lui. Après Griselda, Goldoni écrivit encore pour Vivaldi le livret dAristide[33] également représenté au San Samuele à lautomne 1735 mais leur collaboration ne se prolongea pas au-delà.

En 1736 fut créé un seul opéra, Ginevra, principesse di Scozia au teatro della Pergola de Florence. Entre temps, Vivaldi reprit ses fonctions à la Pietà, en tant que maestro dei concerti, aux appointements de cent ducats annuels assortis du souhait quil ne partît plus de Venise, « comme les années passées » ce qui indique assez ses absences répétées, et confirme la haute considération quon avait pour ses qualités professionnelles. 1736 fut également lannée Vivaldi perdit celui qui aura orienté, guidé et accompagné toute sa carrière : son père mourut le 14 mai, âgé de plus de quatre-vingts ans.

Métastase, librettiste de lOlimpiade et de Catone in Utica

Vivaldi monta Catone in Utica à Vérone au printemps de 1737, le livret de Métastase ayant été jugé politiquement subversif par la sourcilleuse censure vénitienne ; il sapprêtait à organiser une saison dopéras à Ferrare. Son protecteur local était le marquis Guido Bentivoglio, auquel le compositeur écrivit plusieurs lettres qui ont été heureusement conservées[34]. Ces lettres sont un précieux témoignage sur les conditions difficiles dans lesquelles le musicien se débattait de façon continuelle, les patrons du théâtre de Ferrare ne parvenant pasentre autresà se mettre daccord avec lui sur le programme. Cependant laffaire commençait à bien se préciser lorsquune difficulté inattendue et insurmontable se présenta. Quelques jours avant de partir en novembre pour Ferrare, Vivaldi fut convoqué par le nonce apostolique qui lui signifia linterdiction de sy rendre prise à son égard par Mgr Tommaso Ruffo, cardinal-archevêque de la ville. Cette décision catastrophique, compte tenu de lavancement du projet et des engagements financiers déjà consentis, était motivée[35] par le fait quil ne disait pas la messe et avait lamitié de la Giró. Dans la lettre, Vivaldi exposait la raison pour laquelle il ne disait plus la messe, et protestait de la parfaite honnêteté de ses relations avec les dames qui laccompagnaient depuis des années dans ses déplacements, lesquelles faisaient « leurs dévotions tous les huit jours comme on pouvait sen assurer par des actes jurés et authentiques »… Il semble bien que rien ny fit et quil dut renoncer à son projet. Le 30 décembre suivant, il créait au SantAngelo Loracolo in Messenia.

Charles de Brosses.
Gravure de Charles-Nicolas Cochin.

Malgré les déboires de 1737, Vivaldi eut une double satisfaction lannée suivante : ce fut lun de ses concertos (RV 562a) qui servit douverture au grand spectacle organisé le 7 janvier 1738 à loccasion du centenaire du théâtre Schouwburg dAmsterdam ; selon M.T. Bouquet Boyer, Vivaldi serait allé à Amsterdam et aurait dirigé l'exécution[BB 1] mais le fait est conjectural[T 13] ; puis il dirigea lui-même linterprétation de sa cantate Il Mopso[36] devant Ferdinand de Bavière, frère du prince-électeur Charles-Albert. Il produisit le pasticcio Rosmira fedele[37] au théâtre SantAngelo[T 13].

Parti de Dijon au mois de juin 1739, le Président de Brosses était à Venise le mois daoût suivant ; il écrivit le 29 août à son ami M. de Blancey, une lettre qui reste l'un des témoignages directs sur le Prêtre Roux[T 14] :

« Vivaldi sest fait de mes amis intimes pour me vendre des concertos bien cher. Il y a en partie réussi, et moi, à ce que je désirais, qui était de lentendre et davoir souvent de bonnes récréations musicales : cest un vecchio, qui a une furie de composition prodigieuse. Je lai ouï se faire fort de composer un concerto, avec toutes ses parties, plus promptement quun copiste ne le pourrait copier. Jai trouvé à mon grand étonnement, quil nest pas aussi estimé quil le mérite en ce pays-ci, tout est de mode, lon entend ses ouvrages depuis trop longtemps, et la musique de lannée précédente nest plus de recette. Le fameux Saxon[38] est aujourdhui lhomme fêté. »

Frédéric-Christian, Électeur de Saxe
Portrait par Anton Raphael Mengs, Château de Weesenstein (Saxe)

Depuis des années déjà, lopéra napolitain[39] tendait à supplanter à Venise la tradition opératique locale personnifiée par Vivaldi. Ce dernier, malgré certaines concessions au goût nouveau dans ses œuvres récentes, symbolisait le passé pour un public toujours avide de nouveautés. Son temps était passé, certainement en avait-il conscience et cette constatation allait peser dans sa décision de séloigner de Venise, quAnna Giró avait elle-même quitté quelque temps plus tôt pour se joindre à une troupe théâtrale en séjour dans lempire des Habsbourg. Pour lheure, il composait son dernier opéra, Feraspe, présenté au SantAngelo en novembre. Lannée 1740 fut la dernière pendant laquelle Vivaldi fut présent à Venise. Au mois de mars, un grand concert fut donné à la Pietà, au cours dune fête somptueuse, en lhonneur du prince-électeur de Saxe Frédéric-Christian, comprenant une sérénade du maestro di coro Gennaro dAlessandro et plusieurs compositions de Vivaldi dont ladmirable concerto pour luth et viole damour RV540.

Départ de Venise et décès à Vienne

Ce devait être le dernier concert de prestige auquel il participa. Quelques semaines plus tard, au mois de mai, après avoir vendu à la Pietà un lot de concertos, Vivaldi quittait Venise il ne devait plus revenir. Sil nen avait pas conscience, tout au moins prévoyait-il une assez longue absence, car il prit soin de régler certaines affaires.

On ne sait pas quelle était la destination prévue au départ de Venise, et plusieurs hypothèses ont été proposées : Graz, il aurait pu retrouver Anna Giro ; Dresde, il jouissait dune grande réputation, travaillait son ami Pisendel et il aurait pu trouver la protection du prince-électeur rencontré récemment à Venise ; Prague, avaient été représentés plusieurs de ses opéras ; Vienne évidemment, lattendait peut-être lEmpereur Charles VI. Quelle que dût être sa destination finale, il semble que Vivaldi avait lintention de participer à une saison dopéras au Theater am Kärntnertor de Vienne et cest près de cet établissement quil logeait[C 13].

Seule une plaque posée en 1978 rappelle la présence et la mort à Vienne de Vivaldi, sur le lieu il fut enterré

Mais le 20 octobre, lempereur mourait : son deuil interdisait toute représentation et Vivaldi navait plus de protecteur ni de ressources assurées. Le mystère plane sur les conditions précaires dans lesquelles il vécut ses derniers mois. Le dernier de ses écrits quon ait retrouvé est un reçu de douze florins, en date du 28 juin 1741, pour la vente de concertos à un certain comte Vinciguerra di Collalto. Vivaldi décéda dune « inflammation interne », pauvre et dans la solitude, le 27 ou le 28 juillet dans la « maison Sattler » appartenant à une certaine veuve Wahler[C 14]. Cette maison, non loin du Kärntnertor Theater et du Burgerspital, fut détruite en 1858[T 15]. Le 28 juillet, le service funèbre fut célébré à léglise Saint-Étienne suivant le cérémonial réservé aux indigents. On a longtemps imaginé que parmi les enfants de chœur présents à loffice figurait un jeune garçon du nom de Joseph Haydn[M 1]. Le cimetière du Burgerspital fut reçue sa dépouille a aujourdhui, lui aussi, disparu[C 14]. Une simple plaque rappelle son souvenir.

La mort du musicien fut connue à Venise au mois de septembre suivant dans lindifférence générale. « Il avait gagné en un temps plus de 50 000 ducats, mais sa prodigalité désordonnée la fait mourir pauvre à Vienne » : telle est lépitaphe anonyme retrouvée dans des archives vénitiennes, les Commemoriali Gradenigo[C 14].

Personnalité

Portrait de Vivaldi considéré comme inauthentique
Gravure de James Caldwall (1739-après 1789)
Les 4 saisons : l'Automne
Allegro
Adagio molto
Allegro
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Un des signes particuliers de Vivaldi était sa chevelure rousse à laquelle il devait son surnom, il Prete rosso. On sait aussi, par lesquisse de Ghezzi quil avait un long nez aquilin, des yeux vifs et la tête enfoncée dans les épaules. Bien quayant tôt cessé de dire la messe, il continua sa vie durant à porter lhabit ecclésiastique, à lire assidûment son bréviaire et à faire preuve dune grande dévotion. La description de Goldoni laisse limpression dune agitation fébrile et dune grande nervosité.

Le handicap physique dont il se plaignait était une sorte dasthme peut-être lié à sa nervosité, à une angoisse chronique. Sans aller jusquà parler dune maladie imaginaire, les biographes sétonnent de ce que cette infirmité lui ait interdit de dire la messe, mais aucunement de déployer pendant toute sa carrière une activité débordante et dentreprendre de nombreux voyages, fort fatigants à lépoque, en Italie et dans toute lEurope centrale : violoniste virtuose, professeur, chef dorchestre, musicien animé dune furie de composition comme le note le Président de Brosses, impresario dopéras, le rythme semble ne jamais se ralentir et ferait penser à celui de Haendel qui, lui, jouissait dune santé à toute épreuve.

La nature exacte de ses rapports avec les femmes de sa compagnie reste mystérieuse, même sil a toujours protesté de leur parfaite honnêteté : il naurait éprouvé pour Anna Giró et sa sœur aînée Paulina quune amitié voire une sorte daffection paternelle. Les historiens acceptent ses explications, faute de preuves tangibles du contraire, mais les contemporains ne se privaient pas dimaginer bien des choses, ce qui lui valut quelques problèmes avec les autorités ecclésiastiques (annulation dune saison dopéras à Ferrare notamment).

Son rapport à largent est mieux connu et transparaît dans ses écrits : Vivaldi était très attaché à la défense de son intérêt financier, sans le mettre toutefois au-dessus de son amour de la musique. Ses gages à la Pietà étaient fort modestes mais avaient pour contrepartie de pouvoir disposer dun laboratoire de qualité et dune couverture dhonorabilité. Il est probable quil ait gagné à certains moments des sommes importantes, mais sans jamais bénéficier dune position stable qui lui permît de rendre régulières ses rentrées financières et au prix dune certaine prise de risques personnels dans le montage de ses opéras. Il traînait avec lui une réputation de prodigalité, qui se comprend quand il affirmait, avec une certaine affectation, ne se déplacer quen voiture ou en gondole, et avoir besoin de disposer en permanence de personnes connaissant ses problèmes de santé.

Il était animé dune certaine vanité voire vantardise, entretenant soigneusement la légende de sa rapidité de composition (il nota sur le manuscrit de lopéra Tito Manlio : musique faite par Vivaldi en cinq jours) ainsi que sa familiarité avec les Grands : dans une lettre au marquis Bentivoglio, il indiquait non sans fierté quil correspondait avec neuf altesses

Postérité

Plaque commémorative à Venise : « En ce lieu sélevait la chapelle musicale du conservatoire de la Pietà le génie dAntonio Vivaldi, à lépoque encore mal compris, sexerça en tant que maestro de concerti de 1703 à 1740, donnant à Venise et au monde lincomparable richesse de sa musique, dont les Quatre Saisons sont la fleur et le sceau. Son temps est maintenant venu. »

Influence

Linfluence de Vivaldi peut sanalyser selon trois axes :

  • Vivaldi était, selon tous les témoignages contemporains, un virtuose incontesté du violon. Il a promu une technique de jeu originale (bariolage, grand staccato, doubles cordes…), parfois décriée pour son aspect spectaculaire et excessif, mais qui a été suivie par ses disciples et émules directs et indirects : Pisendel, Tessarini, Somis, Leclair, Guignon, Guillemain[40] etc. ; on peut le reconnaître comme le lointain précurseur de Paganini.
  • Principal initiateur et promoteur du concerto soliste, ce créateur de formes tient une place essentielle dans le développement de la musique classique : le concerto et la symphonie lui doivent limpulsion initiale qui en a fait les formes orchestrales majeures pendant la période classique, le XIXe siècle et au-delà.
  • Le compositeur a parfois été critiqué pour certaines de ses (prétendues) faiblesses. Celles-ci doivent être examinées au regard des très nombreux compositeurs qui ont suivi son exemple et se sont inspirés de son style décriture : italiens comme Marcello, Tartini, Galuppi, Geminiani, Locatelli, Veracini, Sammartini, français, tels Bodin de Boismortier, Leclair, Aubert ou allemands, notamment Telemann, Haydn et Bach, qui fut « envoûté »[41] par ses concertos et qui en transcrivit au minimum dix dont six pour le seul recueil de LEstro Armonico (opus 3)[T 16].
BWV972-2.ogg
JS Bach - BWV 972, transcription du concerto RV230 (2nd mouvement, larghetto)
Concerto de Vivaldi Opus / N° RV Transcription de Bach N° BWV
Concerto en Sol Majeur pour violon Opus 3 no 3 / RV 310 Transcription en Fa Majeur pour clavecin BWV 978
Concerto en la mineur pour deux violons Opus 3 no 8 / RV 522 Transcription en la mineur pour orgue BWV 593
Concerto en Majeur pour violon Opus 3 no 9 / RV 230 Transcription en Majeur pour clavecin BWV 972
Concerto en si mineur pour 4 violons et violoncelle Opus 3 no 10 / RV 580 Concerto en la mineur pour 4 clavecins BWV 1065
Concerto en mineur pour 2 violons et violoncelle Opus 3 no 11 / RV 565 Transcription en mineur pour orgue BWV 596
Concerto en Mi Majeur pour violon Opus 3 no 12 / RV 265 Transcription en Ut Majeur pour clavecin BWV 976
Concerto en Si bémol Majeur pour violon RV 381, variante de
Opus 4 no 1 / RV 383a
Transcription en Sol Majeur pour clavecin BWV 980
Concerto en sol mineur pour violon RV 316, variante de
Opus 4 no 6 / RV 316a
Transcription en sol mineur pour clavecin BWV 975
Concerto en Sol Majeur pour violon Opus 7 no 8 / RV 299 Transcription en Sol Majeur pour clavecin BWV 973
Concerto en Majeur pour violon RV 208, variante de
Opus 7 no 11 / RV 208a
Transcription en Ut Majeur pour orgue BWV 594

Bach ne sest pas contenté de transcrire des œuvres quil admirait particulièrement ; il a fait sienne la structure tripartite « Allegro-Andante-Allegro » et le style décriture de Vivaldi. Cette influence se manifeste par exemple dans les concertos pour violon BWV 1041 à 1043 de même que dans le « Concerto Italien » pour clavecin solo BWV 971 et dans les concertos pour un ou plusieurs clavecins et orchestre BWV 1052 à 1065.

En revanche, un fait étrange est à signaler : le soin que semble prendre Haendel à éviter la structure du concerto vivaldien, que ce soit dans ses concertos pour hautbois ou dans ceux pour orgue, bien postérieurs.

Oubli et redécouverte

Dès sa disparition, le nom et la musique de Vivaldi tombèrent dans un oubli complet dans sa patrie, cependant que certaines de ses pièces instrumentales continuaient à être appréciées dans diverses contrées européennes pendant plusieurs dizaines dannées (notamment en France, en Saxe et en Angleterre les éditions de ses œuvres furent particulièrement nombreuses[BB 2] …) Ses œuvres étaient dispersées sous forme imprimée ou de copies manuscrites dans de très nombreuses collections et bibliothèques européennes (à Gênes, Dresde, Berlin, Manchester, Paris, Naples, Vienne etc.) elles devaient rester ensevelies et oubliées pendant près de deux siècles ou plus.

Linfluence de Vivaldi a été déterminante dans lévolution du style de J.S. Bach

Johann Nikolaus Forkel, sappuyant sur les témoignages directs des fils de Bachqui étaient dailleurs critiques à légard de Vivaldi (le Bach dont parle Charles Burney est Carl-Philipp Emanuel)[R 8]savait quelle part importante le vénitien avait eue dans la maturation de son style.

Au XIXe siècle seuls quelques érudits et historiens, allemands pour la plupart, notamment Aloys Fuchs[R 8], Julius Rühlmann[BB 3] et Wilhelm Joseph von Wasielewski[T 17] conservèrent le souvenir du Prêtre Roux. La redécouverte de Bach projeta quelque lumière sur ce compositeur dont il avait pris la peine détudier et de transcrire certaines œuvres. Il apparaissait dailleurs difficile à comprendre, pour ces pionniers, que le maître pût sintéresser à ce musicien obscur et de second ordre : ils se sortirent du dilemme en décrétant que les transcriptions de Bach étaient bien supérieures aux œuvres originales de Vivaldi[C 15] ou en minimisant son influence[BB 3].

En 1871 furent découvertes et publiées les lettres de Vivaldi au marquis Guido Bentivoglio[R 9], rare collection dautographes témoignant de sa vie de musicien et dentrepreneur, jetant aussi quelque lumière sur sa personnalité.

À lorée du XXe siècle Arnold Schering, ayant eu connaissance de pièces conservées à Dresde elles avaient probablement été apportées par Pisendelprit conscience de limportance déterminante de Vivaldi dans la naissance et le développement du concerto soliste[T 18]. En 1905, le célèbre violoniste Fritz Kreisler fit passer un pastiche de sa composition pour une œuvre de Vivaldi[T 19]. En 1913, Marc Pincherle décida de consacrer sa thèse de doctorat à ce musicien alors totalement inconnu du grand public. Le travail fut interrompu par la Première Guerre mondiale[R 10].

Cependant, la découverte fortuite des manuscrits de Turin (voir ci-dessous) pendant les années 1920-1930 vint opportunément sortir de loubli un lot énorme de partitions tant instrumentales que religieuses et lyriques[R 11]. Bientôt érudits et musiciens commencèrent à sintéresser réellement à cette œuvre monumentale : établissement de catalogues, édition critique par la maison Ricordi, et interprétation des œuvres, instrumentales dans un premier temps, puis religieuses. En 1939 fut organisée à lAccademia Chigiana de Sienne, sous la direction artistique dAlfredo Casella et la collaboration d'Olga Rudge et Ezra Pound, une Settimana Vivaldi (Semaine Vivaldi) fut représenté lopéra LOlimpiade : ce fut la première reprise dun dramma per musica de Vivaldi depuis deux siècles. Dautres œuvres débutèrent à cette époque leur carrière moderne, entre autres le Stabat Mater et le Gloria RV 589. Mais, la Seconde Guerre mondiale survenant, cette initiative neut pas de suite immédiate.

Musicologues, historiens, archivistes et interprètes reprirent leurs travaux dès la fin du conflit. En 1947 fut fondé, à linitiative dAngelo Ephrikian et Antonio Fanna, lIstituto Italiano Vivaldi[42] qui se fixait comme objectif, en collaboration avec léditeur Ricordi, dassurer lédition complète des œuvres (le directeur artistique étant Gian Francesco Malipiero). Cette entreprise fut menée à bonne fin en 1973 pour les sonates, concertos et sinfonias. En 1948 Marc Pincherle terminait et publiait son étude[43]. En 1974, paraissait la première version du catalogue exhaustif de Peter Ryom, depuis lors complété par les nouvelles découvertes[R 9].

La musique de Vivaldi (instrumentale et, dans une moindre mesure, religieuse) bénéficia à partir des années 1950 de très nombreux concerts et de la diffusion discographique, microsillon puis CD : Les Quatre Saisons sont, en musique classique, les œuvres les plus enregistrées du répertoire[44]. Cest enfin à partir des années 1970 que sachève la « Vivaldi Renaissance » autour de ses opéras. Il est, après Haendel, le compositeur dopéras antérieur à Mozart qui bénéficie à présent de la plus large discographie[45],[46].

Les manuscrits de Turin

La Bibliothèque Nationale Universitaire de Turin possède la plus importante collection de partitions autographes de Vivaldi. Lhistoire de son acquisition est elle-même si extraordinaire quon pourrait la croire tirée dun roman[47].

En 1926, le recteur du collège salésien San Carlo de Borgo San Martino, village situé non loin de Casale Monferrato, voulut entreprendre des travaux de réparation dans son établissement. Il eut lidée, pour rassembler les fonds nécessaires, de mettre en vente de vieux ouvrages de musique (soit des dizaines de manuscrits et livres imprimés) que possédait la bibliothèque du collège. Afin de connaître le prix quil pourrait en demander aux antiquaires, il soumit leur expertise au musicologue et directeur de la Bibliothèque Nationale Universitaire de Turin, Luigi Torri (1863-1932), lequel confia ce travail à Alberto Gentili (1873-1954), professeur dhistoire de la musique de lUniversité[T 20].

Il savéra que, parmi les volumes de la collection, 14 rassemblaient des partitions de Vivaldi, musicien alors peu connu du grand public ; il y avait aussi des œuvres dautres compositeurs, notamment dAlessandro Stradella. Soucieux de ne pas voir disperser une collection aussi exceptionnelle, ni même de la voir préemptée par lÉtat italiendonc, peut-être de la voir attribuée à quelque autre institution, les experts voulurent trouver une solution pour la faire acquérir par la Bibliothèque de Turin, qui ne disposait pas du budget nécessaire. Une solution finit par être trouvée par Alberto Gentili : il parvint à persuader un riche agent de change, Roberto Foà, dacquérir la collection et den faire don à la bibliothèque en mémoire de son jeune fils Mauro, mort en bas âge quelques mois auparavant et dont le fonds allait porter et perpétuer le nom (Raccolta Mauro Foà)[T 20].

Cependant, ayant examiné les manuscrits vivaldiens, Gentili découvrit que, selon toute évidence, ceux-ci faisaient partie dune collection plus importante dont il se mit en tête de découvrir la partie manquante. Les ouvrages cédés par les salésiens leur avaient été légués par un certain Marcello Durazzo (1842-1922: grâce à laide de généalogistes, on identifia en 1930 le possesseur des autres volumes de la collection initialedont 13 nouveaux dœuvres de Vivaldi, un héritier du frère de lautre propriétaire, Flavio Ignazio (1849-1925), qui habitait à Gênes. Il fallut toute la patience et lhabileté du marquis génois Faustino Curlo (1867-1935) pour obtenir du détenteur que cette seconde collection fût cédée afin de reconstituer définitivement lensemble initial[T 20].

La Bibliothèque de Turin ne disposant toujours pas du budget pour lachat, Alberto Gentili dénicha, dans les mêmes conditions, un nouveau mécène, lindustriel Filippo Giordano qui accepta aussi, en mémoire de son jeune fils Renzo, mort peu avant à lâge de 4 ans, dacheter la collection et den faire don à la Bibliothèque de Turin en souvenir de son fils (Raccolta Renzo Giordano)[T 20].

Les deux fonds ainsi rassemblés restèrent cependant distincts sous les noms respectifs de Mauro Foà et Renzo Giordano, rassemblant 30 cantates profanes[48], 42 pièces sacrées, 20 opéras, 307 pièces instrumentales et loratorio Juditha triumphans[R 9] soit un total de 450 pièces dont la quasi-totalité de la musique dopéra.

Selon Michael Talbot, les manuscrits auraient été, à l'origine, la propriété de Vivaldi lui-même[T 21]. Les recherches faites montrent qu'ils ont ensuite appartenu à un collectionneur vénitien, le comte Jacopo Soranzo[T 22], qui les aurait peut-être achetés au frère de Vivaldi après la mort de ce dernier[49]. Ils ont ensuite appartenu au comte Giacomo Durazzo, ambassadeur dAutriche à Venise de 1764 à 1784 et parent du dernier doge de Gênes, Girolamo-Luigi Durazzo, et depuis lors ont été transmis dans la famille, dans cette ville.

Les musicologues ne purent exploiter rapidement cette découverte exceptionnelle car Alberto Gentili, auquel les droits détude et de publication avait été expressément réservés était juif, et, comme tel, interdit dactivité académique par les lois raciales de lItalie fasciste. Cest seulement après la Seconde Guerre mondiale que létude et la publication purent en être menées à leur terme[T 23].

Lart de Vivaldi

Les 4 saisons : l'Hiver
Allegro non molto
Largo
Allegro
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Dans sa monographie consacrée à Vivaldi, Roland de Candé a pu écrire que sa musique était « vécue plus que pensée »[C 16]. La spontanéité, le dynamisme et la fraîcheur de cette musique ont sans nul doute été à la base de sa très grande popularité, concrétisée par le nombre pléthorique des exécutions en concert et des enregistrements de ses pièces les plus connues, notamment Les Quatre Saisons.

Ces qualités indiscutables, jointes au volume impressionnant de sa production et à sa surexploitation en tant que musique d'ambiance[L 1], ont aussi été la cause dun malentendu. Comme les autres compositeurs de génie, Vivaldi a un style personnel et est immédiatement reconnaissable. Marquant de son empreinte les centaines de concertos quil a composés dans sa vie, ce style peut donner, à qui les écoute dune oreille distraite, limpression de la répétition et de la monotonie ; le compositeur lui-même a pu accréditer les arguments faisant croire à une production de série, sans véritable valeur artistique, en se vantant de composer plus vite que le copiste ne pouvait recopier la partition. Ceci était peut-être vrai, mais dénotait surtout un talent exceptionnel.

Pourtant, Vivaldi était davantage considéré, par certains de ses contemporains, comme un violoniste dexceptionà la virtuosité suspecteque comme bon compositeur. Goldoni affirmait ainsi quil était « excellent joueur de violon et compositeur médiocre » et que dautre part « les vrais connaisseurs disent quil était faible en contrepoint et quil conduisait mal ses basses »[C 17]. De fait, Vivaldi privilégiait laspect mélodique de la musique sur son aspect contrapuntique au point davoir pu être considéré comme lun des fossoyeurs du contrepoint.

On reconnaît à Vivaldi le génie de lorchestration, cest-à-dire de la couleur orchestrale : il choisissait avec soin les timbres et recherchait leur équilibre, inventa des associations dinstruments inédites, utilisa lun des premiers les effets de crescendo : cest, à ce titre, un précurseur[R 12].

Igor Stravinsky[50], auteur de laffirmation sous forme de boutade selon laquelle Vivaldi aurait composé non cinq cents concertos, mais cinq cents fois le même concerto a porté le plus grand tort à cette œuvre remarquable, en couvrant de son autorité une accusation injuste parce que fondée plutôt sur une impression que sur lanalyse objective. Le fait que Les Quatre Saisons ou tel concerto pour mandolines soient parmi les rares pièces du répertoire classique à être identifiés avec sûreté par un public non averti tend, en effet, à en rabaisser la valeur dans lesprit des mélomanes « connaisseurs » ou prétendus tels[C 18].

Non que Vivaldi ne se soit parfois laissé aller à la facilité[C 16], à la virtuosité gratuite et à lauto-plagiat (cette dernière pratique était monnaie courante à son époque, et peut être reprochée aux plus grands de ses contemporains). Le compositeur, travaillant souvent à la hâte, pour ces œuvres de commande aussitôt oubliées que composées et jouées, pouvait bien être tenté de réutiliser des thèmes ou duser de procédés tout faits. Il demeure que dans ses compositions les plus originales et les plus accomplies, y compris dans celles qui sont rabâchées à lexcès, Vivaldi atteint une véritable grandeur.

Les exemples de son génie musical sont nombreux et se laissent reconnaître sans peine quand on y prête attention : Les Quatre Saisons, bien sûr, pièces si novatrices lorsquon les replace dans leur contexte musical des années 1720, mais nombre de concertos justement réputés pour leur lyrisme, leur mélodie attachante, leur rythmique irrésistible, leur parfaite adéquation à linstrument auquel ils sont destinés. À défaut dêtre daccord avec Stravinsky, on peut suivre lopinion de Bach qui sest donné la peine de transcrire nombre de concertos vivaldiens. Ce génie, reconnu depuis longtemps dans les plus belles de ses pièces religieuses, nest plus discuté dans ses opéras, dernière partie de sa production à profiter dune remise à lhonneur par les musiciens et le public.

Musique instrumentale

Cest à sa musique instrumentale et principalement à ses concertos que Vivaldi doit la place éminente quil occupe dans la musique européenne.

Sonates

Petit concert
Tableau de Pietro Longhi (1741)
Venise, CaRezzonico

On conserve de Vivaldi 98 sonates, dont 36 imprimées sous numéro dopus (no 1, 2, 5 et 14).

  • 42 sonates pour violon et basse continue.
  • 25 sonates pour 2 violons et basse continue.
  • 10 sonates pour violoncelle et basse continue.
  • 21 sonates (y compris trios) pour divers ou plusieurs instruments. (avec une œuvre unique: une sonate pour contrebasse (double bass) et ensemble à cordes en Mineur de 4 mouvements .

Ses premières œuvres imprimées (les opus 1 et 2) témoignent de cette forme musicale, susceptible dune exécution facile dans le milieu familial et amical par le jeune musicien et son violoniste de père. Les formules instrumentales les plus utilisées sont : un violon (une quarantaine de pièces), deux violons (une vingtaine), un violoncelle (9 pièces dont les 6 de lopus 14 longtemps considérées dattribution douteuse), une flûte.

Dans ses sonates, Vivaldi se conforme à la structure traditionnelle de la sonata da cameramagistralement illustrée par Corelli ; ce sont en fait des suites respectant sans grande rigueur la structure « allemande-courante-sarabande-gigue ». Ses premières sonates sont des œuvres soignées mais de peu doriginalité (à lexemple de Corelli, il termine son premier recueil par une suite de variations sur La Folia). Celle-ci se fait jour dans les pièces plus tardives et notamment les magnifiques sonates pour violoncelle de lopus 14 qui appartiennent au grand répertoire de linstrument.

Concertos

Le concerto est la forme musicale dans laquelle sinscrit la plus grande partie de son œuvre instrumentale, qui a fondé sa renommée européenne et qui le place au rang des plus grands compositeurs. Sil nen est pas lunique créateur[51], cest lui qui en a fait une des formes les plus importantes de la musique classique occidentale.

Signature de Vivaldi

Lensemble des concertos composés par Vivaldi est dune extraordinaire variété.

Cette variété réside tout dabord dans celle des formules instrumentales mises en œuvre, consistant en tous les possibles avatars du concerto grosso et, plus précisément, du concertino. Ce dernier peut en effet revêtir la forme classique (le modèle de Corelli, qu'il abandonne d'ailleurs après l'Opus 3[52]), être remplacé par un ou plusieurs solistes (on a alors le concerto soliste), demeurer seul (concerto da camera sans ripieno, assimilable à la sonate pour plusieurs instruments), disparaître complètement (concerto ripieno, parfois intitulé sinfonia, préfiguration de la symphonie classique), jouer à égalité avec le ripieno (concertos pour deux orchestres). Vivaldi a aussi laissé des œuvres pour des formations originales et inédites, tel le Concerto en sol mineur pour 2 violons, 2 flûtes à bec, 2 hautbois, basson, cordes et basse continue Per lOrchestra di Dresda RV 577 et de nombreux autres concertos per molti stromenti.

La variété réside ensuite dans les instruments utilisés. Vivaldi composa le plus grand nombre de ses concertos pour le violon, afin de les interpréter lui-même. Mais il a, plus que tout autre compositeur, fait appel à presque tous les instruments en usage à son époque : violoncelle, viole d'amour, hautbois, basson, flûte à bec, flûte traversière, flûte piccolo, salmoè, clarinette[53], cor, trompette, luth, mandoline, orgue. En tant qu'instrument soliste, il ignore cependant le clavecin, auquel il ne confie, éventuellement, que la réalisation de la basse continue. Les concertos pour des instruments plus rares ont été écrits à lintention de jeunes instrumentistes virtuoses de la Pietà ou de riches amateurs (on peut citer le comte Wenzel von Morzin (basson), le comte Johann von Wrtby (luth), le comte Eberwein (violoncelle), le marquis Bentivoglio d'Aragona (mandoline), etc[BB 4].

La variété réside encore dans linspiration des thèmes : musique pure à prédominance mélodique Vivaldi brille de façon particulièreou contrapuntique[54], musique imitative voire impressionniste souvent inspirée par la nature (Les Quatre saisons bien sûr, mais aussi dautres portant des noms évocateurs : La tempesta di mare, La Notte, Il Gardellino, Il Rosignuolo, etc.)

Le fil conducteur participant à lunité de cette œuvre immense est la structure en trois mouvements AllegroAndanteAllegro empruntée à l'ouverture à l'italienne et parvenue à son parfait équilibre. Même si Vivaldi la transgressa parfois, il limposa par la vigueur de son interprétation personnelle et par sa large diffusion imprimée ou en copies dans toute lEurope. Les premier et troisième mouvements sont généralement des pièces de virtuosité ; le mouvement central, lent, est plutôt de caractère lyrique, élégiaque ; dans de nombreux cas, le soliste y joue seul ou avec la basse continue réalisant la marche harmonique.

Lélément de base du mouvement de concerto est le ritornello, courte cellule thématique que se partagent et se renvoient, au travers de modulations et de variations ornementales, le soliste et le ripieno (procédé apparenté à celui du rondo). Il participe de façon prépondérante au style vivaldien et diffuse également dans ses opéras et ses œuvres religieuses.

La pratique de Vivaldi dans ses deux principaux domaines dactivité, le concerto et lopéra, a déterminé une « auto-influence » réciproque : le rôle du soliste est, dans le concerto, tout à fait comparable à celui du chanteur dopéra dans sa confrontation dramatique avec lorchestre et dans la mise en avant de sa virtuosité.

Vivaldi aurait produit 507 concertos (approximativement[55]), répartis comme suit :

  • 1, 2, 3 ou 4 violons : 255
  • 1 ou 2 violoncelles : 30
  • combinaisons diverses de violon(s) et violoncelle(s: 11
  • violon et orgue : 5
  • viole damour : 7
  • orchestre à cordes sans soliste : 61
  • 1 ou 2 mandolines : 2
  • luth et viole damour : 1
  • flûte (traversière, à bec, flautino: 19
  • 1 ou 2 hautbois : 23
  • basson : 39
  • 2 trompettes : 2
  • 2 cors : 2
  • concertos grossos : 26
  • concertos da camera : 24

Les œuvres publiées sous n° dopus

Article détaillé : Liste des Opus de Vivaldi.

Moins de 20 % des œuvres composées par Vivaldi ont été éditées et publiées de son vivant et sous son contrôle (à Venise puis à Amsterdam), soit 114 au total (30 sonates et 84 concertos), de l'Opus 1 à l'Opus 12.

Mis à part l'Opus 10 consacré à la flûte, toutes ces pièces sont dédiées au violon ou à des formations principalement composées de violons.

Un Opus 13 apocryphe fut publié à Paris en 1740, regroupant des œuvres alors attribuées à Vivaldi et dont l'auteur véritable était Nicolas Chédeville. Celui-ci avait d'ailleurs utilisé du matériel thématique de Vivaldi.

Enfin, on reconnaît aujourd'hui comme « Opus 14 » un recueil de six sonates pour le violoncelle également édité à Paris, dont la source manuscrite était une collection ayant appartenu à l'ambassadeur de France à Venise, le comte de Gergy.

  • Opus 112 Sonates en trio pour deux violons et basse continue
    • Édition : Venise 1705 (Giuseppe Sala), réédition : Amsterdam 1712/1713 (Estienne Roger)
    • Dédicace : Annibale Gambara
  • Opus 212 Sonates pour violon et basse continue
  • Opus 312 Concertos pour un, deux ou quatre violons, cordes et basse continue « L'Estro Armonico »
  • Opus 412 Concertos pour violon « La Stravaganza »
    • Édition : Amsterdam 1714/1715 (Estienne Roger)
    • Dédicace : Vettor Dolfin
  • Opus 56 Sonates pour 1 ou 2 violons
    • Édition : Amsterdam 1716 (Jeanne Roger)
    • Dédicace : sans
  • Opus 66 Concertos pour violon
    • Édition : Amsterdam 1716/1721 (Jeanne Roger)
    • Dédicace : sans
  • Opus 712 Concertos pour violon et hautbois
    • Édition : Amsterdam 1716/1721 (Jeanne Roger)
    • Dédicace : sans
  • Opus 812 Concertos pour violon « Il cimento dellarmonia e dellinvenzione » — Les 4 premiers sont « Les Quatre Saisons »
    • Édition : Amsterdam 1725 (Michel Le Cène)
    • Dédicace : comte Wenzel von Morzin
  • Opus 912 Concertos pour violon « La Cetra »
  • Opus 106 Concertos pour flûte, cordes et basse continue
  • Opus 116 Concertos pour violon et hautbois
  • Opus 126 Concertos pour violon, cordes et basse continue
  • (Opus 13 apocryphe) — 6 Sonates pour musette, vielle, flûte, hautbois, violon et basse continue « Il Pastor Fido »
    • Édition : Paris 1737 (Mme Boivin)
    • Ce recueil est lœuvre de Nicolas Chédeville qui utilisa du matériel thématique de Vivaldi.
  • (Opus 14) — 6 Sonates pour violoncelle et basse continue
    • Édition : Paris 1740 (Leclerc et Boivin)

Musique lyrique

Opéras

Vivaldi prétendait avoir composé 94 opéras. En fait, moins de 50 titres ont été identifiés, et sur ce nombre, seule une vingtaine dœuvres nous est parvenue[56], certaines incomplètes. Par ailleurs, la pratique des reprises sous un titre différent et du pasticcio, rassemblant à la hâte des morceaux provenant dopéras antérieurs voire dautres compositeurs brouille un peu plus les comptes des musicologues[57].

Le rythme effréné de la production d'opéras en Italie au XVIIIe siècle explique la perte de nombreuses partitions : celles-ci n'étaient jamais imprimées, pour des raisons de coût, à la différence des livrets qui étaient vendus au public.

Les habitudes prises à lépoque ne favorisaient guère la vraisemblance des livrets ou la logique de lintrigue ; dailleurs, le public ne venait pas écouter une histoire, mais les prouesses vocales des prime donne et des castrats, sur les exigences desquelles étaient établis les opéras. Ces travers avaient été stigmatisés par Marcello dans son pamphlet Il teatro alla moda mais Vivaldi ne faisait que se conformer à lusage, tout en essayant de résister à la mode de lopéra napolitaintout au moins au début de sa carrière. La présence dans de nombreuses bibliothèques européennes de copies d'airs d'opéras de Vivaldi montre que ceux-ci étaient appréciés, à l'étranger comme en Italie, contrairement aux assertions de certains[58]. Ses opéras valent essentiellement pour la beauté de la musique : cest depuis une dizaine dannées un domaine que découvrent musiciens et amateurs dopéra. Commencée timidement dans les années 1970, la discographie senrichit à présent chaque année.

Légende :

musique perdue en totalité
musique conservée au moins en partie[59]
Titre RV Librettiste Création : Lieu Date Remarque
Ottone in villa[60] 729 D. Lalli Vicenceteatro di Piazza 1713
Orlando finto pazzo[60] 727 G. Braccioli Veniseteatro Sant'Angelo 1714
Nerone fatto Cesare 724 M. Noris Veniseteatro SantAngelo 1715 pasticcio (Gasparini, Orlandini, Pollarolo, Vivaldi)
La costanza trionfante[60] 706 A. Marchi Veniseteatro San Moisè 1716 repris comme Artabano, re dei Parti (RV 701)
en 1718 puis Doriclea (RV 708) en 1732
Arsilda, regina di Ponto[60] 700 D. Lalli Veniseteatro Sant'Angelo 1716
Lincoronazione di Dario 719 A. Morselli Veniseteatro SantAngelo 1717
Tieteberga[60] 737 A.M. Lucchini Veniseteatro San Moisè 1717
Artabano, re dei Parti[60] 701 A. Marchi Veniseteatro San Moisè 1718 reprise de La costanza trionfante (RV 706)
Armida al campo d'Egitto[60] 699 G. Palazzi Veniseteatro San Moisè 1718 révisé comme Glinganni per vendetta (RV 720) en 1720
Scanderbeg 732 A. Salvi FlorenceTeatro della Pergola 1718
Teuzzone 736 A. Zeno Mantoueteatro arciducale 1718
Tito Manlio 738 M. Noris Mantoueteatro arciducale 1719
La Candace
ossiano Li veri amici
704 F. Silvani et
D. Lalli
Mantoueteatro arciducale 1720
Glinganni per vendetta[60] 720 G. Palazzi Veniseteatro San Moisè 1718 révisé dArmida al campo d'Egitto (RV 699)
La verità in cimento[60] 739 G.Palazzi Veniseteatro SantAngelo 1720
Filippo, re di Macedonia 715 D. Lalli Veniseteatro SantAngelo 1720 pasticcio
La Silvia 734 E. Bissari MilanReggio ducale 1721
Ercole sul Termodonte 710 G.F. Bussani RomeTeatro Capranica 1723
Il Giustino 717 N. Beregan/P. Pariati RomeTeatro Capranica 1724
La Virtù trionfante
dellamore e dellodio
740 F. Silvani RomeTeatro Capranica 1724 pasticcio (acte II seul de Vivaldi)
LInganno trionfante in amore[60] 721 M. Noris Veniseteatro SantAngelo 1725
Cunegonda[60] 707 A. Piovene Veniseteatro SantAngelo 1726
La Fede tradita e vendicata[60] 712 F. Silvani Veniseteatro SantAngelo 1726
La Tirannia castigata Anh 55 F. Silvani Praguethéâtre Sporck 1726
Dorilla in Tempe[60] 709 A. M. Lucchini Veniseteatro SantAngelo 1726 pasticcio (Vivaldi, qq airs de Hasse, Giacomelli, Leo)
Ipermestra 722 A. Salvi FlorenceTeatro della Pergola 1727
Farnace[60] 711 A. M. Lucchini Veniseteatro SantAngelo 1727
Siroè, Re di Persia[60] 735 Métastase Reggioteatro pubblico 1727
Orlando furioso[60] 728 G. Braccioli Veniseteatro SantAngelo 1727
Rosilena ed Oronta[60] 730 G. Palazzi Veniseteatro SantAngelo 1728
LAtenaide 702 A. Zeno FlorenceTeatro della Pergola 1728 (29/12)
Argippo[61]. 697 D. Lalli Praguethéâtre Sporck 1730
Alvilda, Regina dei Goti 696 G.C. Corradi Praguethéâtre Sporck 1731 seulement les airs
Semiramide[60] 733 F. Silvani et
D. Lalli
Mantoueteatro arciducale 1731
La Fida Ninfa[60] 714 S. Maffei Véroneteatro filarmonico 1732
Doriclea 708 A. Marchi Praguethéâtre Sporck 1732 reprise de La costanza trionfante (RV 706)
Montezuma[60] 723 G.A. Giusti Veniseteatro SantAngelo 1733
LOlimpiade[60] 725 Métastase Veniseteatro SantAngelo 1734
LAdelaide 695 A. Salvi Véroneteatro filarmonico 1735
Il Tamerlano (Bajazet)[60] 703 A. Piovene Véroneteatro filarmonico 1735 pasticcio (Vivaldi, qq airs de Hasse, Giacomelli, Riccardo Broschi)
La Griselda[60] 718 A. Zeno /
C. Goldoni
Veniseteatro San Samuele 1735 (18/05)
Aristide 698 C. Goldoni Veniseteatro San Samuele 1735
Ginevra, Principessa di Scozia[60] 716 A. Salvi FlorenceTeatro della Pergola 1736
Catone in Utica[60] 705 Métastase Véroneteatro filarmonico 1737 (26/05)
LOracolo in Messenia[60] 726 A. Zeno Veniseteatro SantAngelo 1737
Rosmira fedele 731 S. Stampiglia Veniseteatro SantAngelo 1738 (27/01) pasticcio (Vivaldi, Hasse, Pergolèse, Haendel, etc.)
Feraspe[60] 713 F. Silvani Veniseteatro SantAngelo 1739

Cantates

Pièce de musique intimiste par rapport à lopéra, la cantate est destinée à une chanteuse soliste (soprano, contralto: ces œuvres étaient interprétées par les pensionnaires de la Pietà. Elles dépeignent, non une action, mais un sentiment, une situation psychologique en deux arias séparés par un récitatif (un récitatif initial peut servir dintroduction).

On a retrouvé de Vivaldi :

  • 22 cantates pour soprano et basse continue,
  • 8 pour contralto et basse continue,
  • 5 pour soprano, orchestre à cordes et basse continue
  • 4 pour contralto, orchestre à cordes et basse continue

Comparable à la cantate en ce quelle ne donnait généralement pas lieu à une action scénique, la sérénade était une œuvre de commande de dimension plus importante, avec ouverture orchestrale, arias solistes, récitatifs et parfois chœurs. Plusieurs ont été perdues, et trois nous sont conservées : la serenata a tre RV 690, Gloria e Himeneo (La Gloire et Hyménée) RV 687 composée pour le mariage de Louis XV et surtout La Senna festeggiante (La Seine en fête) RV 693 composée pour la naissance du Dauphin.

Musique sacrée

Nulla in mundo
Motet pour soprano RV630
Larghetto
Recitativo
Allegro
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On conserve une cinquantaine dœuvres de musique religieuse de différents types : éléments de la messe tridentine et leur introduction sur texte libre (Kyrie, Gloria, Credo), psaumes, hymnes, antiennes, motets.

Les formules vocales sont également diverses : chant soliste (cas général des motets, qui ne sont autres que des cantates sacrées), chœur, solistes et chœur, double chœur. Elles dépendaient de linstitution pour laquelle elles furent composées, soit léglise de la Pietà, elles étaient interprétées pour un public payant sa place comme pour un concert[62], soit pour la basilique Saint-Marc dont les tribunes se faisant face avaient donné naissance à la tradition des compositions en double-chœur, soit enfin pour des commanditaires tel le Cardinal Ottoboni.

Cest pour les besoins de la religion que Vivaldi put donner libre cours à son génie exceptionnel[C 19] en matière de musique chorale, dont lemploi à lopéra était parcimonieux. Cest également dans ce domaine quil pouvait utiliser des voix autres que les voix féminines de soprano et de contralto. Ceci distingue cette musique dans sa production : ce sont des œuvres de grande qualité dans lesquelles se marient la tradition polyphonique et le caractère festif et enjoué qui lui est propre. Cependant il ny fait pas autant figure de novateur que dans ses concertos.

Les compositions à double chœur sont au nombre de sept (Kyrie, Domine ad adjuvandum me, Dixit Dominus, Beatus vir, Lauda Jerusalem, Magnificat et Salve regina: elles constituent, avec le Gloria RV 589 et le Stabat Mater le fonds de ce répertoire, qui jouit depuis les débuts de la « Vivaldi Renaissance » des années 1950, de la faveur des musiciens et du public.

Quant à loratorio Juditha Triumphans, son caractère et sa destination le rapprochent plus de lopéra, malgré un argument tiré des livres saints. C'est le seul oratorio conservé parmi les quatre quaurait composés Vivaldi ; les autres avaient pour titre : La Vittoria navale, Moyses Deus Pharaonis et L'Adorazione delli tre Magi.

Inventaire de ses œuvres

Plusieurs musicologues du XXe siècle ont établi des catalogues des compositions du Prêtre Roux, de façon plus ou moins indépendante lune de lautre et sur la base des œuvres identifiées à lépoque de leurs travaux, rangées selon différents critères. Il sensuit une certaine difficulté à reconnaître leurs correspondances, les plus anciens étant aussi les moins complets[T 24]. Les références qui peuvent se trouver sont codifiées comme suit :

  • RN catalogue de Mario Rinaldi (1945),
  • P catalogue de Marc Pincherle (1948),
  • RC catalogue des éditions Ricordi (établi par Gian Francesco Malipiero),
  • F catalogue dAntonio Fanna (1968),
  • RV catalogue de Peter Ryom (signifie : « Ryom Verzeichnis » et non « Répertoire Vivaldien » ).

Établi en 1973 et complété depuis lors à loccasion de la découverte de nouvelles œuvres (par exemple la découverte d'un recueil de sonates pour violon à Manchester ou celle de l'opéra Argippo à Ratisbonne), ce dernier est le plus complet et tend à être utilisé de façon universelle, notamment par les maisons de disques.

Article détaillé : Catalogue Ryom.

Au cinéma

Le personnage de Vivaldi apparaît dans le film « Rouge Venise » tourné par Étienne Périer en 1989, film retraçant un épisode de la vie de Carlo Goldoni.

La vie romanesque du compositeur a inspiré un autre film récent, « Antonio Vivaldi, un prince à Venise », coproduction franco-italienne de 2005 sous la direction de Jean-Louis Guillermou avec la participation de Stefano Dionisi dans le rôle de Vivaldi, et de Michel Serrault dans celui du patriarche de Venise.

Un autre film est en préparation sur sa vie, produit par Boris Damast (titre provisoire : « Vivaldi »)[63], le rôle est tenu par Joseph Fiennes ; parmi les autres acteurs figurent Malcolm McDowell, Jacqueline Bisset et Gérard Depardieu.

Un extrait du Nisi Dominus émeut l'oreille des auditeurs du film Home de Yann Arthus-Bertrand.
Il faut y ajouter la musique du film de François Truffaut, L'Enfant sauvage, avec son concerto pour mandoline.

Dans le film Kramer vs. Kramer (1979) de Robert Benton, on entend une version adaptée par Herb Harris du Concerto en do majeur pour mandoline.

Runaway Train d'Andrei Konchalovsky termine sa course hallucinante avec un extrait du Gloria.

Notes et références

  1. Il est souvent qualifié d'italien par simplification, mais la république de Venise était à son époque un État indépendant et l'Italie ne devait être unifiée qu'au XIXe siècle)
  2. « Je lai ouï se faire fort de composer un concerto, avec toutes ses parties, plus promptement quun copiste ne le pourrait copier. » : propos rapportés par Charles de Brosses dans sa lettre du 29 août 1739 adressée à M. de Blancey, lune des Lettres familières écrites dItalie en 1739 et 1740
  3. cf. article sur www.radio.cz
  4. Extrait des Lettres familières écrites dItalie en 1739 et 1740
  5. « Une musique à mon gré bien supérieure à celle des opéras, et qui na pas sa semblable en Italie, ni dans le reste du monde, est celle des scuole. Les scuole sont des maisons de charité établies pour donner léducation à des jeunes filles sans bien, et que la république dote ensuite soit pour le mariage, soit pour le cloître. Parmi les talents quon cultive dans ces jeunes filles, la musique est au premier rang. Tous les dimanches à léglise de ces quatre scuole, on a durant les vêpres des motets à grand chœur et en grand orchestre, composés et dirigés par les plus grands maîtres de lItalie, exécutés dans des tribunes grillées, uniquement par des filles dont la plus vieille na pas vingt ans. Je nai lidée de rien daussi voluptueux, daussi touchant que cette musique : les richesses de lart, le goût exquis des chants, la beauté des voix, la justesse de lexécution, tout dans ces délicieux concerts concourt à produire une impression qui nest assurément pas du bon costume, mais dont je doute quaucun cœur dhomme soit à labri. Jamais Carrio ni moi ne manquions ces vêpres aux Mendicanti (Cest-à-dire lhospice avait exercé le père de notre compositeur), et nous nétions pas les seuls. Léglise était toujours pleine damateurs ; les acteurs même de lOpéra venaient se former au vrai goût du chant sur ces excellents modèles. Ce qui me désolait était ces maudites grilles qui ne laissaient passer que des sons, et me cachaient les anges de beauté dont ils étaient dignes
  6. Voir larticle le concernant ; il composa plus de soixante opéras
  7. Soit huit opéras nouveaux pendant la saison 1704-1705
  8. Guide intitulé Guida dei forestieri en Venezia cf S. Roughol, op.cit..
  9. La mention sen trouve auparavant dans lEssai sur la musique en Italie depuis les temps les plus anciens jusquà nos jours par le comte Grégoire Wladimir Orloff (1777-1826), sénateur russe qui habita à Paris sous la Restauration (Paris, Dufart éditeur, 1822) - cf C. et J.F. Labie, op. cit. page 128
  10. « Sono venticinque anni chio non dico messa mai più la dirò, non per divieto o comando, come si può informare Sua Eminenza, ma per mia elezione, e ciò stante un male che io patisco a nativitate, pel quale io sto oppresso. Appena ordinato sacerdote, un anno o poco più ho detto messa, e poi lho lasciata avendo dovuto tre volte partir dallaltare senza terminarla a causa dello stesso mio male. Ecco la ragione per la quale non celebro messa. »
  11. « Dans sa vieillesse, vers 1730, il était extraordinairement bigot, au point de ne lâcher le chapelet que pour prendre la plume, au moment il écrivait un opéra, chose qui arrivait encore fréquemment », cité par Labie, op.cit. page 125
  12. Selon Roland de Candé (op.cit. page 20), ils étaient au nombre de 7 : le San Cassiano, le SS. Giovanni e Paolo, le San Moysè, le San Salvatore, le San Samuele, le SantAngelo, le San Giovanni Grisostomo. Ils portaient le nom des quartiers ils étaient situés.
  13. R. de Candé : « Pour habile que soit le magnifique travail de J.S. Bach, ces transcriptions najoutent rien à sa gloire. Javouerai même, au risque de blasphémer, que les concertos vivaldiens, dessence violonistique, me paraissent tout à fait dénaturés par lexécution au clavecin ou à lorgue. » op.cit. page 129
  14. « Au XVIIIe siècle, Venise est en fête pendant plus de la moitié de lannée. » R. de Candé op.cit. page 9
  15. La musique en est perdue
  16. La famille Dolfin, qui faisait partie des case vecchie, était de la plus ancienne noblesse vénitienne
  17. « … gegen das ende spielte der Vivaldi ein accompagnement solo, admirabel, woran er zuletzt eine phantasie anhing die mich recht erschrecket, denn dergleichen ohnmöglich so jehmahls ist gespielt werden, denn er kahm mit den Fingern nur einen strohhalm breit an den steg dass der bogen keinen plazt hatte, und das auf allen 4 saiten mit Fugen und einer geschwindigkeit die unglaublich ist, er suprenierte damit jedermann, allein daß ich sagen soll daß es mich charmirt das kan ich nicht thun weil es nicht so angenehm zu hören, als es künstlich gemachet war. (Johann Friedrich Armand von Uffenbach, agenda du 4 février 1715) » cité par S. Roughol, op. cit. page 47
  18. Le duché de Mantoue avait été cédé à la Maison dAutriche par le traité dUtrecht en 1713 : le landgrave y faisait office de gouverneur au nom de lempereur.
  19. R. de Candé suppose que ce ne peut être Innocent XIII, malade depuis de nombreux mois, qui ait reçu Vivaldi
  20. Cest lannée 1725 qui est indiquée par R. de Candé
  21. On sait qu'ils furent appréciés par La Pouplinière, le mécène et protecteur de Jean-Philippe Rameau cf Labie, op.cit. p 104
  22. Elle était née à Mantoue, probablement en 1710, dun père français qui était perruquier
  23. Cependant, selon Roland de Candé (op. cit page 81), « elle ne demeurait pas chez le Prete Rosso et leurs relations nétaient pas coupables »
  24. Parmi ces concertos figurent plusieurs chefs-dœuvre favoris du répertoire : La Tempesta di Mare, La Notte, Il Gardellino.
  25. Daprès la lettre susmentionnée
  26. La musique italienne y était particulièrement appréciée et représentée aux fonctions les plus officielles par le vénitien Antonio Caldara (1670-1736), aîné de Vivaldi et ancien choriste de la basilique Saint-Marc et par le vieux Johann Joseph Fux (1660-1741) formé à lécole de Carissimi.
  27. Avec lui vivaient son père ainsi que ses deux sœurs restées célibataires, Margherita et Zanetta
  28. Reprise de La Costanza trionfante de 1716
  29. Fortuitement retrouvées et identifiées en 1973 par le musicologue Michael Talbot, ces sonates sont en possession de la bibliothèque centrale de Manchester
  30. Aussi connu sous le titre de Bajazet
  31. Le récit le moins connu figure dans la préface au tome XIII des Commedie et le second, plus tardif, dans ses Mémoires
  32. Lhabitude étant alors dadapter les opéras aux capacités et préférences des chanteurs, et non de recruter ceux-ci en fonction des exigences dune œuvre déjà composée
  33. Lœuvre parut sous les pseudonymes en forme danagramme de Calindo Grolo (Goldoni) et Lotavio Vandini (Vivaldi)
  34. Elles ont été retrouvées et publiées en 1871
  35. Cest tout au moins ce qui ressort de la lettre envoyée par Vivaldi à Bentivoglio pour essayer davoir son appui pour obtenir la levée de linterdiction
  36. Dont la musique est perdue
  37. Rosmira fedele comprend des airs de plusieurs musiciens célèbres, dont Haendel, Hasse, Pergolese
  38. Il sagit de Johann Adolf Hasse surnommé par les vénitiens Il caro Sassone
  39. Dont les deux hérauts avaient pour noms Hasse et Porpora
  40. André Verchaly, op.cit.
  41. cf. Luc-André Marcel in « Bach »(Collection Solfèges, Editions du Seuil) page 54
  42. voir à ce sujet : Istituto Italiano Vivaldi (en italien)
  43. S. Roughol op.cit. page 75, qui évoque aussi « l'ouvrage exhaustif et enthousiaste de Roland de Candé », principale source utilisée pour la rédaction du présent article
  44. source : Istituto Italiano Vivaldi page 2 du texte en PDF
  45. source : Istituto Italiano Vivaldi page 3 du texte en PDF
  46. Le label indépendant Naïve réalise actuellement l'enregistrement intégral des quelque 450 œuvres du fonds turinois, qui devrait s'achever en 2015. Plusieurs opéras sont déjà produits.
  47. Voir à ce sujet : Notes d'Alberto Basso (en italien)
  48. Le nombre de 80 cité par Sophie Roughol est erroné et incohérent avec la numérotation du catalogue de Peter Ryom
  49. voir ce site
  50. Ou Luigi Dallapiccola, selon Marc Pincherle (op.cit. page 55) qui ajoute plus loin : « Pour ce qui est de la boutade de Dallapiccola, on n'en peut imaginer de plus souverainement injuste. »
  51. On saccorde à reconnaître lantériorité de Torelli et le rôle important dAlbinoni : cf. Roland de Candé in Dictionnaire de musique, article « Concerto » (Collection Microcosme, Éditions du Seuil)
  52. cf MT Bouquet-Boyer, op.cit. page 25
  53. Il est le premier compositeur à utiliser la clarinette (RV 559 et 560)
  54. Il savait composer dadmirables fugues, que Bach était loin de négligerexemple
  55. Des œuvres sont dattribution douteuse, dautres sont incomplètes, et certaines sont des variantes ou des sortes de patchwork de mouvements issus dautres pièces
  56. La source principale est le fonds Foà-Giordano de la Bibliothèque Nationale Universitaire de Turin
  57. La pratique du pasticcio était courante et en rien une spécialité de Vivaldi
  58. Notamment Giuseppe Tartini - cf Pincherle op.cit. page 175
  59. Il peut exister plusieurs sources manuscrites, autographes ou non, correspondant à des versions distinctes : le critère est donc indicatif
  60. a, b, c, d, e, f, g, h, i, j, k, l, m, n, o, p, q, r, s, t, u, v, w, x, y, z et aa signalé dans la Drammaturgia dAllaci (1755) citée par Fétis
  61. On pensait la musique de cet opéra perdue mais le chef d'orchestre tchèque Ondřej Macek en a retrouvé récemment 7 arias dans une collection privée à Ratisbonne. Première audition à Prague le 3 mai 2008
  62. S. Roughol, op.cit. page 106
  63. Vivaldi (2008)

Références

  • Marcel Marnat, Vivaldi, Paris, Seghers, coll. « Musiciens de tous les temps », 1965, 1re éd., 188 p. 
  1. p. 56
  • André Verchaly, article Vivaldi (Antonio) dans la Grande Encyclopédie Larousse en 20 volumes1974
  • Roland de Candé, Vivaldi, Seuil, coll. « Solfèges », 1993, 222 p. (ISBN 2020212986) 
  1. p. 37
  2. p. 44
  3. p. 430
  4. p. 35
  5. p. 40
  6. p. 45
  7. p. 19
  8. p. 185
  9. p. 186
  10. p. 81
  11. p. 79
  12. p.  91
  13. p. 111
  14. a, b et c p. 118
  15. p. 129
  16. a et b p. 130
  17. p. 126
  18. p. 125
  19. p. 174
  • Sophie Roughol, Antonio Vivaldi, Actes Sud, coll. « Classica », 2005, 140 p. (ISBN 2742756523) 
  1. p. 15
  2. p. 21
  3. p. 24
  4. p. 44
  5. p. 99
  6. p. 45
  7. p. 51
  8. a et b p. 73
  9. a, b et c p. 75
  10. p. 74
  11. pp. 74-75
  12. p. 92
  • Claude et Jean-François Labie, Vivaldi - Des saisons à Venise, Gallimard, coll. « Découvertes », 1996, 144 p. (ISBN 2070531694) 
  1. p. 111
  • Marie-Thérèse Bouquet-Boyer, Vivaldi et le concerto, Presses Universitaires de France, coll. « Que sais-je ? », 1985, 128 p. (ISBN 213038806x) 
  1. p. 11
  2. p. 106
  3. a et b p. 108
  4. p. 17-19
  • (de) Michael Talbot (trad. Konrad Küster), Antonio Vivaldi : eine Biographie, Stuttgart, Deutsche Verlags-Anstalt GMBH, coll. « Insel Taschenbuch » (no 2217), 1985, 378 p. (ISBN 3-458-33917-5) 
  1. p. 24
  2. a et b p. 64
  3. p. 62
  4. a, b et c p. 60
  5. p. 62
  6. p. 61
  7. p. 67
  8. p. 81
  9. p. 68
  10. a et b p. 38
  11. p. 43
  12. p. 138
  13. a et b p. 133
  14. p. 135
  15. p. 137
  16. p. 218
  17. p. 17
  18. p. 18
  19. p. 19
  20. a, b, c et d pp. 19-21
  21. pp. 21
  22. p. 23
  23. p. 24
  24. p. 26

Voir aussi

Bibliographie

  • Marc Pincherle, Vivaldi, Le Bon Plaisir (Librairie Plon), 1955, 243 p. 
  • Manfred Bukofzer (1947), Music in the Baroque Era. New York, W. W. Norton & Co. (ISBN 0-393-09745-5).
  • Gianfranco Formichetti, Venezia e il prete col violino. Vita di Antonio Vivaldi, Bompiani (2006), (ISBN 88-452-5640-5).
  • Karl Heller, Antonio Vivaldi: The Red Priest of Venice, Amadeus Press (1997), (ISBN 1-57467-015-8)
  • Walter Kolneder, Antonio Vivaldi: Documents of His Life and Works, C F Peters Corp (1983), (ISBN 3-7959-0338-6)
  • Barbara Quick, Vivaldis Virgins, HarperCollins (2007), (ISBN 978-0-06-089052-0) Vivaldis Virgins
  • Eleanor Selfridge-Field (1994). Venetian Instrumental Music, from Gabrieli to Vivaldi. New York, Dover Publications. (ISBN 0-486-28151-5).
  • Peter Ryom, Verzeichnis der Werke Antonio Vivaldis (Ryom-Verzeichnis). VEB Deutscher Verlag für Musik, Leipzig 1974.
  • Peter Ryom, Répertoire des œuvres dAntonio Vivaldi : les compositions instrumentales. Engstrøm & Sødring, Kopenhagen 1986, (ISBN 87-8709-119-4).
  • Michael Talbot, Antonio Vivaldi. A Guide to Research. Garland Press, New York 1988, (ISBN 0-8240-8386-5).
  • Theophil Antonicek, Vivaldi. Graz 1997, (ISBN 3-201-01677-2).
  • Michael Stegemann, Vivaldi, (ISBN 3-499-50338-7).
  • Sebastian Zips, Die Violoncellosonaten des Antonio Vivaldi. Dissertation, Kath. Univ. Eichstätt 2005 (Volltext)
  • Reinhard Strohm, The Operas of Antonio Vivaldi. Fondazione Giorgio Cini - Studi di musica veneta - Quaderni vivaldiani, vol. 13. Ed. Olschki (Florence 2008). (ISBN 8822256829),
  • Sylvie Mamy, Antonio Vivaldi (Fayard, 2011). (ISBN 978-2-213-63761-7)

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