- Orchestre symphonique
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Un orchestre symphonique est un ensemble musical formé des quatre familles d'instruments[1] : cordes, bois, cuivres et percussions. L'orchestre symphonique est issu de l'orchestre à cordes de la période baroque qui progressivement s'est étoffé de hautbois, de bassons, parfois de cors, de trompettes, et de timbales. La période classique avec Gossec, Haydn ou Mozart voit souvent les vents s'architecturer par deux (2 flûtes, 2 hautbois, 2 clarinettes, 2 bassons, 2 cors, 2 trompettes). Les pupitres de la période romantique s'ordonnancent plutôt par trois avec l'ajout plus ou moins systématique d'instruments comme le piccolo, le cor anglais, la clarinette basse, les saxophones, le contrebasson, les trombones ou le tuba. C'est aussi la période qui connaît la grande évolution des percussions. Au début du XXe siècle, l'orchestre symphonique peut être de grande taille, généralement, plus de quatre-vingts musiciens, l'effectif dépassant parfois la centaine d'instrumentistes.
Depuis la fin du XVIIe siècle, sa principale fonction est dédiée à l'exécution, dans les salles de concert, d'œuvres symphoniques ou concertantes, profanes ou sacrées. Cette formation est également utilisée pour l'accompagnement en fosse, dans les salles d'opéra, des représentations d'art lyrique ou chorégraphique. Les compositeurs de musiques de film, héritières des musiques de scène, utilisent eux-aussi toutes les ressources musicales et expressives de l'orchestre symphonique.
Sommaire
Historique
Entre le XIIIe siècle et le début du XXe siècle, les effectifs des orchestres ont progressivement augmenté. En 1626, Les Vingt-quatre Violons du Roi de Louis XIII, renforcée à de maintes reprises par Les Douze Grands Hautbois de la Grande Écurie se réunissent pour former La Grande Bande ; ils sont souvent soutenue de trompettes et de timbales. Puis La Petite Bande, dirigée par Jean-Baptiste Lully à partir de 1653, soutenue par quelques flûtes traversières, hautbois et bassons, agrémente les divertissements de Louis XIV, participant aux opéras et aux ballets dont le roi était très friand[2]. En Italie, avec Corelli, Albinoni ou Vivaldi, s'épanouit le concerto, en solo ou con multi instrumenti (avec des instruments multiples) opposant cordes et solistes. Délaissant petit à petit la basse continue, les compositeurs de musique lyrique, profane ou sacrée, structurent leurs accompagnements autour de l'orchestre à cordes et de quelques pupitres de vents par deux, parfois complétés par les timbales. Les compositions pour cet orchestre deviennent de plus en plus autonomes, sans concertiste, sans chanteur, sans chœur, sans clavecin ni orgue.
L'orchestre symphonique est né avec l'abandon de la basse continue. Cela s'est fait bien sûr progressivement suivant les genres musicaux, Gossec en 1753, Johann Stamitz en 1755, puis Haydn en 1759 étant les premiers à composer des symphonies, œuvres spécifiquement dédiées à cette formation naissante[3]. Chez Gossec, ce sont les hautbois et les cors, chez Stamitz, les clarinettes, Haydn, dès sa septième symphonie impose deux flûtes, deux hautbois, deux bassons et deux cors, la première symphonie de Mozart comporte deux trompettes, il faut attendre la Symphonie n° 5 de Beethoven pour entendre les trois voix de trombones (alto, ténor et basse) bien que Mozart les ait déjà utilisées dans son opéra Don Giovanni. La percussion est intermittente, souvent ce sont les timbales qui amplifient les basses, parfois (assez rarement) des accessoires très figuratifs comme les grelots, les tambourins sont utilisés, c'est la Symphonie n° 9 de Beethoven qui institutionnalisera le triangle, la grosse caisse et les cymbales frappées dans une symphonie.
Une cinquantaine de personnes (orchestre typiquement « mozartien ») à plus d'une centaine. Pour exemple les Gurre-Lieder de Schönberg (1913) nécessitent 122 musiciens. Cette augmentation est due au rôle de plus en plus important des vents nécessitant un rééquilibrage des cordes. La disposition de chaque type d'instruments n'a pas toujours été fixée : l'orchestre pré-mozartien avait, au premier plan, les vents avec les cordes disposées en arrière. Hector Berlioz a décrit, en Allemagne, une formation avec les cordes à gauche et les vents à droite. La configuration actuelle (décrite ci-dessous) date du milieu du XIXe siècle, mais certaines œuvres contemporaines requièrent un brassage différent des instrumentistes.
Composition de l'orchestre
L'orchestre symphonique est constitué de quatre familles d'instruments : les cordes, les bois, les cuivres et les percussions. La composition précise de l'orchestre dépend de l'œuvre exécutée.
Chaque famille comprend un premier soliste (pouvant être secondé par un second ou un troisième soliste) dont le rôle, comme son nom l'indique, est de jouer les parties solo d'une partition orchestrale, mais aussi de diriger des répétitions partielles de son pupitre. Les autres musiciens sont appelés des tuttistes.
Le « premier violon solo » (ou super-soliste) a un rôle hiérarchique et représente souvent l'orchestre devant son chef (qui le salue lors des concerts) et devant le public (commande les levers des musiciens et accueille le chef d'orchestre). Il est de tradition que ce soit lui qui demande le « la » au hautbois (en l'absence de pianiste) pour vérifier l'accord des instruments.
La disposition des différents pupitres peut varier si l'orchestre est caché (dans le cas d'une fosse d'opéra par exemple).
En règle générale, les cordes sont réparties en demi cercle de gauche à droite du chef d'orchestre, et de l'aigu vers le grave (premiers violons, deuxièmes violons, altos, violoncelles et, derrière ces derniers, contrebasses)
Les vents peuvent être répartis en ligne (de l'aigu vers le grave) :
cors / trompettes / trombones / tubas flûtes / hautbois / clarinettes / bassons CORDES ou en carrés (favorisant l'écoute entre les divers pupitres) :
clarinettes / bassons // trombones / tubas flûtes / hautbois // cors / trompettes CORDES Les cordes frottées
Les cordes sont la partie la plus constante de l'orchestre symphonique. Elles sont divisées en cinq pupitres, habituellement répartis de la manière suivante, de gauche à droite (en regardant l'orchestre).
- Les premiers violons, au nombre de 16 environ
- Les seconds violons, au nombre de 14 environ
- Les altos, au nombre de 12 environ
- Les violoncelles, au nombre de 10 environ
- Les contrebasses, au nombre de 8 environ
Ces effectifs sont à diviser par 2 pour un orchestre symphonique de type "Mozart".
Les bois
Disposée le plus souvent en arrière des cordes[4], la famille des bois peut être d'un effectif très variable suivant le répertoire abordé. Les flûtes, hautbois, clarinettes, saxophones et bassons peuvent former une section oscillant de deux à plus de vingt musiciens, certains compositeurs comme Stravinsky dans le Sacre du Printemps, utilisant cinq instruments et leurs dérivés par pupitre, exploitant ainsi toutes leurs richesses sonores, individuelles ou collectives. Chaque type d'instrument forme un pupitre comportant jusqu'à 5 musiciens[5] dont les partitions sont indépendantes les unes des autres ; contrairement aux cordes, aucune partie n'est doublée.
Dès l'origine et tout au long de la deuxième moitié du XVIIIe siècle, les deux bassons sont les bois les plus permanents de l'orchestre, d'abord accompagnés de deux hautbois, parfois de deux flûtes, puis de deux clarinettes. Des parties de piccolo et de contrebasson apparaissent dans le finale de la symphonie n° 5 de Beethoven en 1808, ou de la neuvième en 1824. Le cor anglais se dévoile dans l'ouverture de l'opéra Guillaume Tell de Gioachino Rossini, en 1829 ou, l'année suivante, dans la Symphonie fantastique d'Hector Berlioz. Dans L'Arlésienne de Georges Bizet en 1872, c'est le saxophone alto qui prend place, mais son emploi ne sera, et n'est encore de nos jours, qu'épisodique dans l'histoire de l'orchestre symphonique.
Composition des bois d'un grand orchestre symphonique moderne :
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- Les flûtes
- 1 piccolo
- 2 à 4 flûtes traversières, l'une d'entre elles pouvant jouer le deuxième piccolo
- N.B. : certaines œuvres utilisent une flûte en sol joué par l'un des flûtistes
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- Les hautbois
- 2 à 4 hautbois le quatrième pouvant jouer le deuxième cor anglais
- 1 cor anglais
- N.B. : certaines œuvres, peu fréquentes, utilisent un hautbois d'amour joué par l'un des hautboïstes
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- Les clarinettes
- 1 clarinette en mi♭ (dite « petite clarinette »)
- 2 à 4 clarinettes en si♭ ou en la (très rarement en ut), la quatrième pouvant jouer la deuxième clarinette basse
- 1 clarinette basse
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- Les bassons
- 2 à 4 bassons, le quatrième pouvant jouer le deuxième contrebasson
- 1 contrebasson
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- Les saxophones
- Les saxophones ne sont pas institutionnalisés, leur emploi sporadique ne se faisant qu'à l'occasion d'œuvres spécifiques.
Les cuivres
Disposés en arrière des bois, les cuivres se composent des instruments suivants. Ils participent à l'orchestre selon les besoins liés au répertoire abordé.
- 2 à 4 trompettes
- 2 à 8 cors d'harmonie
- 3 à 4 trombones
- 1 trombone basse
- 1 à 2 tubas
Les percussions
Les percussions que l'on peut trouver actuellement dans un orchestre symphonique sont les suivantes :
- Les claviers
- bois : xylophone, marimba
- métal : vibraphone, glockenspiel, célesta, jeu de cloches ou carillon tubulaire
- Les peaux
- accordables : timbales (le plus souvent par jeu de cinq)
- grandes : grosse caisse
- moyennes : tambour d'orchestre, caisse claire, timbale(è)s
- petites : tambourin et tambour de basque, bongos, congas, tumbas
- Les accessoires :
Direction de l'orchestre
Articles détaillés : Chef d'orchestre et Directeur musical.Sociologie de l'orchestre
Bernard Lehmann[6] a retrouvé une ascendance sociale plus élevée pour les cordes par rapport aux vents pour les orchestres parisiens. Cette gradation existe également des instruments les plus aigus aux plus graves. Cela serait dû à l'âge d'apprentissage de l'instrument (plus précoce pour les cordes), au choix de ce dernier — volontaire pour les violons (en raison du prestige de l'instrument allant de pair avec l'étendue du répertoire), souvent de circonstance pour les vents, et particulièrement pour les cuivres issus d'harmonies municipales (cf. étude sociologique sur les orchestres d'harmonie en Alsace[7]).
En contrepartie, les vents ont une proportion de solistes nettement plus importante que pour les cordes, essentiellement composées de tuttistes, ce qui se ressent au niveau individualisme et salaire.
Notes et références
- orchestre à cordes, l'orchestre d'harmonie (bois, cuivres et percussions) et l'orchestre de fanfare (cuivres et percussions) Par opposition à l'
- ISBN 9782870099773). Jean Duron (dir.), Regards sur la musique. Au temps de Louis XIV, Liège, éditions Mardaga (
- Marc Honegger, Science de la musique - Bordas (1976) p.709
- Leopold Stokowski plaçait toujours ses flûtes et hautbois juste devant lui.
- Très rarement plus. (+ un exemple)
- Lehman B, L'orchestre dans tous ses éclats, ethnographie des formations symphoniques, La découverte poche, 2002
- Dubois V., Méon J.-M., & Pierru E., Les mondes de l'harmonie. Enquête sur une pratique musicale amateur, La Dispute, 2009
Voir aussi
Bibliographie
- Bernard Lehmann, L'orchestre dans tous ses éclats. Ethnographie des formations symphoniques, Paris, La Découverte, 2005, 262 p. (ISBN 978-2-7071-4610-6) (LCCN 2002424262)
- Pauline Adenot, Les musiciens d'orchestre symphonique, de la vocation au désenchantement, Paris, L'Harmattan, 2008, 381 p. (ISBN 978-2-296-05747-0)
- Vincent Dubois, Jean-Matthieu Méon, & Emmanuel Pierru, Les mondes de l'harmonie. Enquête sur une pratique musicale amateur, Paris, La Dispute, 2005, 312 p. (ISBN 978-2-84303-149-6) (LCCN 2009515324)
Articles connexes
- Liste des orchestres symphoniques
- Philharmonie
- Musique symphonique
- Musique de chambre
- Musique instrumentale
- Organologie
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