- Château de Brest
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Château de Brest
Le donjon du château de Brest, vue de la tour de BrestType Château fort Destination initiale Fortification Propriétaire actuel Marine nationale Destination actuelle Préfecture maritime, musée, commandement de la Force océanique stratégique Protection Classé MH (1923) Coordonnées [1] Pays France Anciennes provinces de France Bretagne Région Bretagne Département Finistère Commune française Brest modifier Le château de Brest est le plus ancien monument de la ville de Brest (Finistère). Il est situé à l'embouchure de la Penfeld au cœur de l'une des plus vastes rades du monde. Du castellum romain à la citadelle de Vauban jusqu'à aujourd'hui, le château a connu dix-sept siècles d’histoire. Il a conservé pendant tout ce temps sa vocation originelle de forteresse militaire et demeure aujourd'hui un site stratégique de première importance ; ce qui fait, sans doute, de lui le plus ancien château fort au monde encore en activité.
Sa structure n’a pas cessé d’être remaniée au fil des siècles pour se prémunir de toute attaque terrestre ou maritime. Son architecture hétéroclite est le résultat d’une adaptation continuelle de ses défenses à l’évolution des techniques de siège et de l’armement.
Le château fait l'objet d'un classement au titre des monuments historiques depuis le 21 mars 1923[2].
Une situation géographique idéale pour les anglais
La rade de Brest, bien protégée par un goulet étroit, mais suffisamment large pour permettre une évolution aisée des navires, constitue un abri naturel. Ses dimensions sont à l'échelle d’une petite mer intérieure, capable d’accueillir les plus grandes flottes. Elle est si vaste qu’il fallait un port plus encaissé qui puisse offrir un havre aux marins.
Ce havre, c’est la rivière Penfeld qui descend du nord, des plateaux du Léon. Son cours inférieur, sinueux, piège les lames et ses rives, élevées, brise les rafales de vent. Les bateaux, même d’un fort tonnage peuvent y mouiller en sécurité car l’espace est vaste et les fonds importants. Elle présente de plus l'intérêt, à l'endroit où elle joint la rade, de former un cap protégé par la nature sur trois côtés tandis que le quatrième reste facile à défendre. Cette situation géographique particulière confère au site une position stratégique majeure.
Le château est donc construit sur cet éperon rocheux que la rivière a creusé dans la falaise à l’embouchure de son estuaire. Depuis ce lieu où il domine la mer, il contrôle l’accès à la Penfeld et la remontée de l’Élorn vers Landerneau tout en surveillant une majeure partie de la rade et son entrée : le goulet.
« C'est le seul port naturel que le roi ait en mer océane. Il est si avantageusement disposé de toutes façons que s'il avait été au choix de sa Majesté d'en régler la situation et la forme, elle n'aurait pu le vouloir autrement. »
— Vauban, Correspondance échangée avec le souverain lors de sa venue à Brest
Historique
Aux premiers temps
Le site est fréquenté dès le Paléolithique inférieur (-300 000 av. J.-C.). Au Néolithique (-5000 à -2000 av. J.-C.) des agriculteurs s’y installent. Les côtes sont connues par d’autres populations dès les VIe et IVe siècle av. J.‑C. et l’éperon rocheux est occupé à la fin de l’âge du fer. Sa situation remarquable permet de faire l’hypothèse d’une fortification du site dès la protohistoire. Mais le début d’un véritable habitat n’est avéré qu’à l’époque romaine.
Cinq siècles avant Jésus-Christ, un peuple de commerçants et d'habiles marins naviguant sur des barques de cuir, les Osismes, peuplent la région. On leur attribue des monnaies d'or, découvertes autour de Brest, ainsi qu'un réseau routier antérieur à la présence romaine dans le Léon. Le pays des Osismes, bordé au Sud par celui des Vénètes, à l’Est par celui des Curiosolites a pour capitale Vorgium (Carhaix). Il correspond approximativement à notre Finistère actuel. Ce bout du monde (Finis terrae) ne sera occupé que très tardivement par les Romains.
Le camp romain d'Osismis - fin du IIIe siècle
D'après la découverte de monnaies, il apparaît que les Romains y ont été présents au moins depuis le règne de l'empereur Postumus (260-269). La province romaine d'Armorique doit alors faire face aux attaques de pillards saxons. Pour faire face à la menace d’invasions barbares et l’éclatement de l’Empire romain, il devient nécessaire de fortifier les côtes. C’est ce qui entraîne la fortification de nombreux sites, dont celui de Brest.
Les Romains érigent donc un ouvrage défensif à la fin du IIIe siècle. Ce camp accueille une garnison d’un millier d’hommes de troupe qui s'installent avec à leur tête un préfet et une flotte destinée à intercepter les navires pirates. De ce castellum, une muraille reste encore visible aujourd'hui. Ces substructions, enchâssées dans les deux courtines du château actuel, occupent une étendue de 120 à 140 mètres de long, sur une hauteur moyenne de 3 à 4 mètres.
Elles partent de la base de la muraille. En grande partie enterrée sous la fausse braie ou sous le remblai du parking elle reste visible sur 2 à 3 mètres de haut. Leur parement externe est caractéristique, avec l'emploi alterné de briques et de moellons « opus mixtum », parfois disposés en arête de poisson. Ce mur d’enceinte, épais de quatre mètres, flanqué de dix tours cylindriques défend la pointe et forme un éperon barré. L’absence de vestiges à l’intérieur de l’ouvrage fait penser qu’il ne fut qu’un ouvrage purement militaire et non un oppidum. La section de tours arasées au niveau du sol reste visible dans la fausse braie.
Il semble que les Romains n’aient pas entièrement achevé l’enceinte d’autant que leur présence fut de courte durée. À cette époque, il est possible que le côté mer soit simplement défendu par un fossé et une palissade. En 1832, les fondations d’une tour ronde d’appareil romain, aurait été dégagées près de la tour de Brest actuelle.
La muraille fut certainement complétée d’une courtine sur les trois autres côtés, en trapèze régulier, sur laquelle s’élevait une dizaine de tourelles sur chaque côté. D’autres vestiges gallo-romains ont été mis au jour : une poterne de 1,40 mètre de large, condamnée au Moyen Âge, et des chaînages de briques et de pierres qui subsistent dans la tour Madeleine.
Les comtes de Léon
Après le départ des Romains (410-420), jusqu'au XIe siècle, l'histoire du castellum de Brest est mal connue. Le château est toujours une place forte. Il appartient alors aux comtes du Léon. Une ville close s'est développée au sein de l'enceinte romaine. En 537, le comte Even tient sa cour à Brest. Sa fille, Azénor, fera l’objet d’une légende qui, bien plus tard, fera qu’on donne son nom à l’une des tours du château.
Vers 1064 ou 1065, le duc Conan II (à moins que ce ne soit Léon Morvan II, vicomte de Léon) ordonne la rénovation du château, fait creuser un fossé autour du château, construire à l’intérieur de l’enceinte la chapelle « Notre Dame de Pitié » (détruite en 1819) et édifier un donjon (peut-être à l'angle nord de l'enceinte).
En 1240, le château passe aux mains du duc de Bretagne Jean Ier le Roux et devient un maillon essentiel du système défensif du duché. Hervé IV laisse la place, chef-lieu des comtes du Léon, pour éviter un affrontement et contre cent livres de rente. La perte et les tentatives de récupérer le château sonnent le glas du comté de Léon.
Le château reste invaincu des Normands. Durant cette période, on a construit la tour César, peut-être sur les ruines d'une tour gallo-romaine. Elle bloque tout accès par l’éperon rocheux. On bâtit également la tour Azénor et la belle courtine qui s’y adosse.
Les ducs de Bretagne
Le bourg s'étend et sort du château. Les deux bourgs primitifs se situent, l'un du côté de Recouvrance (rive droite de la Penfeld) au pied de la tour Tanguy actuelle ; et l'autre plus vaste et clos devant le château (rive gauche).
Jean II, en considération de services rendus, est fait pair de France par Philippe le Bel. À sa mort s’engage la guerre de Succession de Bretagne qui durera 22 ans.
En 1341, Jean, comte de Montfort, demi-frère de Jean III de Bretagne, époux de Jeanne de Flandre, dispute le duché de Bretagne à Charles de Blois, époux de Jeanne de Penthièvre. La prise de Brest lui est indispensable. Il doit éviter que la place devienne un refuge pour ses ennemis ou qu’elle devienne un point d’entrée en France pour les troupes de leur allié, Édouard III d'Angleterre. Pour prendre le château il s’assure d’une large supériorité numérique et de puissants engins de siège pour battre en brèche les murailles. L’assaut dure plusieurs jours. Le capitaine de la place se nomme Garnier de Clisson. Il meurt lors d’une contre-attaque, piégé hors des murs, herse baissée. Les défenseurs capitulent sous condition d’avoir la vie sauve. Après cela, le château ne sera plus jamais pris par la force. Jean de Montfort remet en état les ouvrages qu’il a malmenés et améliore encore les défenses. La garnison est placée sous les ordres de Tanguy du Chastel. Il édifie la première enceinte de Brest.
Le 7 septembre, la cour des pairs admet que Charles de Blois prête foi et hommage pour le duché. En fin d’année, Jean de Montfort est emprisonné au Louvre. Jeanne de Flandre, son épouse, se met à l’abri des remparts. Elle dépêche un émissaire auprès d’Édouard III pour passer alliance. Les Anglais s'installent donc au château en profitant des désordres politiques en août 1342. Édouard III contrôle de ce fait la route maritime qu'empruntent leurs convois militaires et les flottes de commerce vers l'Aquitaine de 1342 à 1397. Guillaume de Rohan, comte de Northampton, occupe la place avec le titre de lieutenant général de Bretagne. Édouard III les rejoint à Brest deux mois plus tard pour soutenir les droits de Jean IV. Le 20 novembre de cette année il désigne un capitaine anglais, nommé Gatesden, pour devenir capitaine de Brest et gouverneur du comté de Léon[3].
Le traité de Guérande du 12 avril 1365 conclut que désormais les femmes ne pourraient prétendre au duché de Bretagne qu’au défaut de tous mâles légitimes et de la maison de Bretagne. Jean de Montfort rend hommage à Charles V. Dès lors, Édouard III n’a plus de raison de maintenir sa présence Mais la place est trop importante pour la céder. Montfort demeure dépendant financièrement de l’Angleterre. Charles V décide de le dispenser de participer à la lutte dans laquelle il se lance contre Édouard III. Mais Montfort fait double jeu et passe un traité le 21 février 1372 pour ouvrir ses terres aux troupes anglaises alors même que Bertrand du Guesclin et Olivier de Clisson entraînent la Bretagne contre elles.
Au printemps les seigneurs bretons s’emparent des principales places du duché, dénoncent leur suzerain et se rangent du côté du roi de France. Le connétable Bertrand du Guesclin est chargé de chasser les Anglais. Les seigneurs se rallient autour du vicomte de Rohan. Montfort fuit Brest pour l’Angleterre le 28 avril 1373. Le connétable va de victoire en victoire. Il reprend Concarneau et se présente finalement en août devant le château. Le commandement en est assuré par Sir John de Neville sous l’autorité du lieutenant général Robert Knowles. Robert Kermoulès et Fenville, fameux capitaines anglais, défendent la place. Du Guesclin, après trois semaines de siège convient d’une trêve de six semaines le 6 juillet. Au-delà de cette durée, Kermoulès promit de livrer Brest aux assiégeants si aucun secours ne parvient aux défenseurs et à condition que la place ne puisse être ravitaillée. Le connétable laisse le commandement à Olivier de Clisson pour rejoindre le duc d’Anjou au siège du château de Derval. Clisson profite de la trêve pour enlever le fort du Conquet. Le 2 août, la flotte anglaise de Salisbury débarque vivres et renforts qui rendent le château définitivement imprenable. On lui confie la défense de Brest.
Le traité de Bruges du 27 juin 1375 signe l’armistice entre la France et l’Angleterre. Officiellement Brest est rendue à Jean de Montfort, mais la ville demeure sous tutelle anglaise. Montfort est contraint de rejoindre l’Angleterre en septembre.
En 1378 le duc de Montfort est déclaré duc de Bretagne sous le nom de Jean IV. Il poursuit partout Jean de Blois, dont Charles V, roi de France prend le parti. Jean IV sollicite encore des secours en Angleterre. Pour obtenir l’aide du roi d'Angleterre en vue de reconquérir son duché, il passe un nouveau traité le 5 avril[4]. Il se trouve dans l’obligation d’échanger avec Richard II, son château de Brest avec celui de Rising[5], situé en Angleterre, dans le comté de Norfolk, à la condition qu'il lui soit rendu à la paix. Jean IV abandonne le château à Richard II. Les Anglais débarquent des renforts le 15 juin, cependant que les troupes du Roi, commandées par le vicomte de Rohan, les sires de Laval, de Léon, de Clisson et de Beaumanoir attaquent le château, sans succès.
En prévision du traité qui allait le rendre maître de Brest, le roi d'Angleterre, Richard II, fait, le 16 mars, un envoi important de munitions de guerre et autres objets, pour la défense et le ravitaillement. Dans cet envoi se trouvent quatre canons. Il s’agit de la première artillerie du château[6]. Elle n’emploie alors que des boulets de pierre. Le château est à cette époque considéré comme l’une des places les plus fortes, du duché, mais aussi de France. Les Anglais s’attachent donc à le garder en leur possession. Froissart le désigne comme le plus fort château du monde.
De retour en Bretagne, en 1379, Jean IV est accueilli par les seigneurs bretons qui lui reprochent son anglophilie. Une alliance franco-bretonne voit le jour en 1381. Le duc de Bretagne demande en vain la restitution de son bien. Irrité par la mauvaise foi de son parent anglais il fait le siège de la ville en 1386. Olivier de Clisson, se joint à lui pour le compte de Charles VI. Sachant l’assaut direct impossible ils font élever deux forts pour faire blocus. Les deux forts, l’un en bois et l'autre en pierres, sont attaqués et renversés par les Anglais. L'attaque se renouvelle l’année suivante. Pour empêcher des secours par la mer, on construit un fort de bois sur des bateaux que l’on place au milieu du goulet et à l'entrée de la rade. Pour soutenir ce fort on en élève en pierres sur chaque rive. Mais le capitaine anglais Henri de Percy, ruine le fort de bois et s'empare des deux autres. Entre 1387 et 1392, de grands travaux sont exécutés au château par Jean Roche, capitaine anglais, qui commandait à Brest.
La paix se dessine entre le royaume de France et celui d’Angleterre par la signature d’une trêve entre Charles VI et Richard II. C’est finalement, le 28 mars 1397, que le duc de Bretagne récupère son bien. Jean Périou, sieur de Mesguéant, devient capitaine et la bannière d’hermine de Bretagne flotte de nouveau au-dessus de la forteresse. Jean IV qui dira « n’est pas sire de Bretagne qui n’est pas sire de Brest » n'occupe son château que deux ans, il meurt le 2 novembre 1399.
La ville se développe très lentement. Le château accroît son périmètre vers l'ouest. La défense de l'entrée est renforcée par un châtelet. En fonction des techniques de l’époque on peut imaginer qu’on ajoute un chemin de ronde en bois et des toitures aux tours.
Le château des ducs
La guerre reprend en 1403. Jean V est à son tour pris dans guerre entre la France et l'Angleterre. C'est à cette époque que naît véritablement, à l'ombre de son château fort, la ville et le port de Brest. Les deux rivages font tour à tour l’objet d’attaques. En 1405, ancien capitaine du château, le comte de Huntingdon, brûle la flotte du comte de la Marche qui mouille en Penfeld. Jean V marche sur Brest, à la tête de 2 200 hommes, le maréchal de Rieux avec 700 hommes d'armes le rejoint ainsi que Tanguy du Châtel avec des paysans, armés de fourches et de faux. Exacerbés par les exactions commises par les Anglais, Huntingdon et sa troupe se font tailler en pièces. L'amiral de Bretagne, Jean de Penhoat, appareille de Roscoff et conclut la bataille en détruisant et prenant 40 navires et 2 000 hommes.
Les Anglais sont repoussés une nouvelle fois en 1453 par la garnison de Jean de Quélennec, vicomte du Faou et amiral de Bretagne. En représailles Crozon est pillée et brûlée.
Le XVe siècle est celui de grands travaux d’adaptation aux nouvelles armes et du développement des ouvrages défensifs. Les commandants du château (le comte de Languévez, 1405 - Éon Phelips, 1407 - Tanguy de Kermorvan[7], 1424) le restaurent et le mettent à l'épreuve des pièces de siège. Comme dans les autres villes fortifiées de l’époque, le duc édifie une résidence fortifiée afin de rendre le séjour à Brest plus agréable et plus sûr. C’est ainsi que s’ajoutent la tour Duchesse Anne, la tour Nord et la tour Azénor qui abritent cellier, cuisine, salles, logements ainsi qu'une chapelle. L’ensemble des tours sont reliées par des courtines et forment le véritable château seigneurial de la ville close. En 1424 on ajoute la tour de la Madeleine.
Le château connaît une période de trente-huit ans sans travaux. Ceux-ci reprennent en 1462, dès les premières années du règne de François II. Un ravelin en avant de la porte principale vient en défendre l’accès. À cette époque, Guyon de Quélennec, vicomte du Faou, conseiller et chambellan du duc et amiral de Bretagne commande la ville, le château et la forteresse de Brest. En 1464, débute l’édification les tours Paradis, un logis-porte, qui fait portail.
Au temps de la duchesse Anne de Bretagne
Charles VIII concrétise ses visées sur le duché de Bretagne par la prise de Guingamp, le 10 janvier 1489, par le vicomte de Rohan et ses troupes. La duchesse Anne, inquiète pour Brest, ordonne au sire de Kérousy l’acheminement de renfort. Mais le château ouvre ses portes au vicomte de Rohan, sans doute aidé par la trahison du capitaine de la place.
Comme ces prédécesseurs, Anne fait alliance avec l’Angleterre en remettant Concarneau et Brest à Henri VII. La nouvelle coalition anglo-bretonne, aligne 22 vaisseaux pour bloquer Brest par la mer et engage une forte armée pour tenir le siège ainsi qu’une bonne artillerie. Mais le maréchal de Rieux et l'Amiral Bizien de Kérousy doivent renoncer devant les moyen mis à la disposition du commandant de Guillaume Carreau[8] pour défendre Brest. Une escadre française, conduite par l'amiral de Graville et renforcée par les Malouins de Jean de Porcon, met en fuite la flotte anglo-bretonne et ravitaille les assiégés. Rieux, harcelé par les Français, n’a d’autre choix que d’abandonner.
En signe de souveraineté, Charles VIII ordonne de placer, l'écusson de France au-dessus de la porte du ravelin. Le mariage d'Anne de Bretagne avec Charles VIII, le 6 décembre 1491, puis avec Louis XII, le 17 janvier 1499, fait définitivement entrer le château de Brest dans le giron de la France.
La visite d'Anne de Bretagne, reine de France
Avril 1505, le roi est gravement malade. La reine Anne décide d’effectuer au mois d’août un pèlerinage pour demander la guérison du roi Louis. Le cortège quitte Blois pour la Bretagne. Son écuyer Gilles de Texue l’accompagne ainsi que princes et seigneurs de France, barons et gentilshommes bretons. Anne entreprend le Tro Breizh, pieux pèlerinage des Bretons, qui fait le tour de la Bretagne. Il conduit les pèlerins jusqu’aux sept cathédrales consacrées aux Saints fondateurs. C'est aussi l'occasion d'un véritable voyage d'inspection. Le cortège passe, de ville en ville, de château en château : Nantes, Vannes, Hennebont, Quimper, Locronan.
« Elle fut tant honorablement reçue que ce fut un merveilleux triomphe », rapporte Jean d’Auton dans ses chroniques de Louis XII. « suivant le bord de la mer, jusqu'à Notre-Dame-du-Folgoët, et estoit chose miraculeuse de veoir par les champs, chemins et boys si grant multitude d'hommes femmes et petits enfants qui accourayent pour veoir leur dame et maistresse ».
Arrivée au Folgoët le 19 août, terme de son pèlerinage, Anne manifeste le souhait de rallier Brest. Elle désire contempler le puissant château que son père François II a embelli et modernisé ainsi que la grande nef Marie La Cordelière, l'un des plus grands navires de guerre de l'époque.
À la fin du mois d'août, l'imposante suite de la reine se présente au portail du château. Les cloches de l'église de la Trinité, la chapelle du château, sonnent la bienvenue à leur souveraine. Elle délaisse sa litière de voyage pour sa monture blanche. Escortée de nombreux gentilshommes chevauchant à ses côtés, entourée des dames d'atours, suivie des valets et piqueurs, elle franchit le pont-levis du premier fossé entourant le ravelin. Cet ouvrage triangulaire qui commande le grand portail, est à l'époque, connu sous les noms de moineau ou cornichon. Couronné de mâchicoulis, cet ouvrage recèle des casemates percées par des meurtrières. Sa porte ogivale s’orne de l'écusson de France entouré du cordon de Saint-Michel et surmonté d'une couronne ouverte fleurdelisée. Anne voit, sans doute en passant, ce symbole, venu seize ans plus tôt inscrire dans la pierre bretonne sa soumission à la France. Le cortège pénètre enfin dans le château par le pont-levis de la porte royale. Cette porte en plein cintre, fermée par une herse est doublée d'un guichet ogival. L'ensemble est couvert par les tours Paradis : deux tours semi-circulaires couronnées de mâchicoulis et coiffées de toitures en éteignoirs. À cette époque, les courtines qui se trouvent de part et d'autre sont encore flanquées de leurs tourelles gallo-romaines.
À l’intérieur des murs peu de constructions notables à part la chapelle de la Trinité dans laquelle la pieuse reine Anne ira se recueillir. La cité est surtout constituée de modestes habitations, la ville se développe jusqu'à s'étendre aux abords de l'enceinte. (À la fin du XVe siècle, on recensera 260 habitations, soit environ quelque 1 300 habitants.)
La reine et sa petite cour empruntent un chemin qui serpente au long d'un ravin au fond duquel se trouvent une fontaine et des lavoirs pour accéder à une poterne qui donne sur un ouvrage avancé nommé « fer à cheval ». À cette époque, il n’y a pas de quai. Cette construction est donc baignée par la mer. C’est de cet emplacement, qu’ils peuvent admirer La Cordelière. Remis à neuf à l'issue d’un carénage, La caraque amirale resplendit sous les murs du château. Le port n'abrite pas de flotte de guerre. Sa position excentrée par rapport aux grandes voies de commerce fait qu’il ne connaît qu'une faible activité. Mais la forteresse conserve son intérêt stratégique. Elle accueille environ 500 hommes et dispose de l'armement le plus important de Bretagne : 100 armes à feu dont près de 50 canons.
Quand la duchesse Anne y séjourne, le château n’est plus seulement une forteresse c’est aussi une résidence ducale moderne et spacieuse. On héberge les nobles visiteurs dans le donjon. C'est là que résident les ducs de Bretagne lors de leurs séjours à Brest. On y accède par un troisième pont qui franchit un fossé avant de parvenir au portail à l'architrave en arc brisé surbaissé, frappé du lion tenant l'écu de Bretagne. Mais la nombreuse suite est habituée à des demeures plus spacieuses. La tour du Midi, malgré la salle d'apparat et l'oratoire aux fenêtres gothiques, les cuisines seigneuriales et les vastes cheminées ne suffisent pas. La reine ne demeure donc pas longtemps à Brest.
En 1556 on établit la fortification avancée, comprise entre la porte et Porstrein[9], elle défend le front du château du côté de la mer. Quatre ans plus tard commence la construction du bastion Sourdéac. Il faudra attendre trente-sept ans pour que cet édifice qui enveloppe le donjon soit achevé.
la ligue
« La populace cruelle, barbare et endiablée du venin de la ligue, c'estoit armée au nombre de quinze ou vingt mil, et incommodoient infiniment la ville et le chasteau de Brest, de laquelle monsieur de Chasteauneuf estoit gouverneur, qui estoit la seule place de la Basse-Bretagne qui tenoit pour le service du Roy » (Mémoires de Montmartin).
Rosampoul, fils de Jérôme de Carné, prend la capitainerie le 12 juin 1580 se rallie à la Ligue. Mais il est peu apprécié de la population et doit céder rapidement le poste devant Guy de Rieux, seigneur de Châteauneuf, Ce lieutenant général du roi, se fait livrer la place grâce à ces relations dans la ville, à la fin de septembre 1589.
La fidélité de Guy de Rieux conserve Brest au parti du roi protestant Henri IV. La situation étant suffisamment sûre à Brest, le nouveau gouverneur part l'année suivante au siège d’Hennebont. Ses armes ornent aujourd'hui la tour Duchesse Anne. Le gouvernement de Brest revient à son frère René de Rieux, Seigneur de Sourdéac qui, à son tour, mène des opérations vigoureuses contre la Ligue.
En 1592, le siège de la justice royale est transféré à Saint-Renan. En juin, 5 à 6 000 ligueurs investissent Recouvrance, pour tenter de faire tomber la citadelle. Appuyés par les Espagnols, ils assiègent en vain le château pendant cinq mois. La garnison repousse les assaillants et met en pièces les assiégeants. Pour prix de leur fidélité, les Brestois reçoivent le 31 décembre 1593 le droit de bourgeoisie, « à l'instar des habitants de Bordeaux ».
Persuadés qu’un siège est voué à l’échec, les ligueurs décident au printemps suivant de bloquer l'accès de la rade. Ils comptent sur l'aide de leurs alliés espagnols présents en Bretagne depuis deux ans. Élisabeth d'Angleterre venant au secours d'Henri IV déploie 2 400 hommes dans le Léon. Sourdéac, qui n’est pas certain des intentions d’Élisabeth, refuse d'abriter une garnison anglaise égale à celle des Français et par là de respecter les termes du traité signé par le roi en garantie des sommes prêtées par l'Angleterre.
Douze vaisseaux espagnols débarquent au printemps 1594 à Camaret. Le colonel Don Juan del Aquila fait débarquer les hommes et le matériel nécessaires à l'édification d'un important ouvrage fortifié. Construit sur la pointe des Espagnols actuelle par Cristobal de Rojas[10] et nommé « Castilla de Léon », il possède une position stratégique face aux côtes anglaises. Son but est également de se rendre maître du château de Brest en bloquant son accès maritime par le goulet en son point le plus étroit. Ses feux se croisant avec ceux d'une autre batterie à construire sur la rive nord du goulet doivent interdire tout ravitaillement de Brest par la mer. L'armée royale avec à sa tête Jean, duc d´Aumont, maréchal de France, aidés de la flotte et de la troupe anglaise fait le siège du fort à partir de la mi-octobre. Il est solidement défendu par les 400 farouches Espagnols du capitaine Praxède. Malgré 3 000 Français, 2 000 Anglais, 300 arquebusiers à cheval et 400 gentilshommes, la place ne tombe que le 18 novembre 1594.
La citadelle de Vauban
En 1631, le cardinal de Richelieu, désireux de doter la monarchie d’une marine puissante, fait entreprendre des travaux à Brest qui a sa faveur. C’est à cette époque qu'est né un véritable port de guerre.
« …Brest, le grand port militaire, la pensée de Richelieu, la main de Louis XIV ; fort, arsenal et bagne, canons et vaisseaux, armées et millions, la force de la France entassée au bout de la France… »
— Jules Michelet, Tableau de la France, 1833
Mais c’est Colbert, ministre en titre de la Marine, qui donne à Brest son véritable essor avec le développement, à partir de 1669 de l'arsenal. L’intendant Pierre Chertemps de Seuil est le responsable des premiers programmes de construction de l’arsenal entre 1670 et 1680. Renforcé et modernisé, le château défend désormais le premier port de la marine du roi. En 1680, la batterie neuve complète le château au sud-ouest pour assurer la défense de l'entrée du port. Au nord-est un imposant front bastionné[11] « à la Vauban » protège les approches.
La population augmente alors nettement d’autant qu’elle s’est unie avec celle de Recouvrance en 1681. Le projet de Pierre Massiac de Sainte-Colombe trouve un début d'exécution cette année-là. Ce plan de modernisation de la défense de la ville, de son arsenal et de ses abords est repris et transformé par Vauban en mai 1683.
Vauban intervient donc, entre 1683 et 1695. Il fait détruire les dernières tours romaines et les toitures en poivrières du donjon. À cette époque, les défenses protègent efficacement le château d'une attaque directe par la mer. Mais la forteresse doit avant tout se protéger, d'un assaut terrestre après un débarquement éventuel de l’ennemi anglais sur la côte. Le château devient « citadelle » surveillant à la fois la ville, la campagne et le large.
Glacis, chemin couvert et demi-lunes prolongent la fortification du côté de la terre. Les parapets sont redessinés et dotés d'embrasures plongeantes. Pour constituer une vaste plate-forme adaptée à l'usage de l'artillerie, on relie par un nouveau bâtiment la tour Duchesse Anne et la tour Nord. Seules les tours Paradis conservent leur aspect médiéval. On élargit des courtines, tandis que la fausse braie renforce la muraille entre la tour Madeleine et les tours Paradis face aux tirs de canon. On aménage également des batteries à l’entrée du goulet (Camaret et Bertheaume). Après l’intervention de Vauban le château n’évoluera plus beaucoup.
La statue de Louis XVI
En 1785, Louis XVI lance un grand projet de construction en en lieu et place du château afin de marquer sa reconnaissance pour la ville. C’est le projet de Claude Jean-Baptiste Jallier de Savault qui est retenu. Il prévoit notamment d'ériger à l'endroit le plus majestueux de la ville une statue monumentale du souverain. Elle doit trôner à l'emplacement de la tour César.
« afin qu'aucun bâtiment, petit ou grand, ne pût entrer dans la rade, aucun mouvement se faire dans le port, aucun salut se donner ou se rendre, sans que le Roi les vît et y présidât en quelque sorte. »
— M. Jallier de Savault
Le projet comprend, au bas de la rue du château, une place d'armes de forme ovale, plantée d'arbres. Allant de cette place jusqu'à l'extrémité du Parc-au-Duc, la rue Royale, une large rue permet de se trouver face à la rade.
« le public verrait avec quelque émotion un monument à Louis XVI rendant les privilèges à la Bretagne et la liberté des mers, élevé sur les débris d'un édifice consacré à ce César qui l’ôta aux Romains et mit aux fers le monde entier. »
— M. Jallier de Savault
Ce projet manque de faire raser, sans regrets, le vénérable témoin de quatorze siècles d’histoire. Mais en avril 1788, le comte d'Hector, commandant la Marine déclare que le projet de M. Jallier de Savault est inconciliable avec les travaux que la Marine envisage sur le terrain du Parc-au-Duc[12]. Les événements à venir n’auraient de toute façon pas permis l’aboutissement de ce plan.
Le Fort-la-Loi
La nouvelle de la prise de la Bastille arrive à Brest, dans la nuit du 19 au 20 juillet 1789. La ville craint la réaction des aristocrates du château. Mais quelques jours plus tard, le commandant militaire de la place, et la Marine, en la personne du comte d'Hector, se rendent à l'hôtel de ville faire allégeance au nouveau pouvoir. L’esplanade devant le château est baptisée le 14 juillet 1790 « Champ de la Fédération ». Après l’enthousiasme des premiers mois de la Révolution la situation se dégrade. À partir de 1791, la production de l'arsenal est largement désorganisée, les équipages de la flotte se mutinent régulièrement et les officiers, d'origine noble émigrent massivement.
Avec la guerre qui éclate, les affrontements politiques qui n’en finissent plus et la nouvelle que Toulon est livrée aux Anglais, le moral est atteint. Face à la menace des armées étrangères et à celle des ennemis de l'intérieur, le château retrouve toute son utilité. le « Champ de la Fédération » devient la « place du Triomphe du Peuple » et la vieille forteresse est rebaptisée Fort-la-Loi. Elle redevient une prison. On y enferme les ennemis de la République. Des centaines de personnes vont y connaître les rigueurs de l'emprisonnement. Parmi eux on trouve notamment l’officier de marine Kerguelen[13] le découvreur des terres australes, mais aussi des prêtres réfractaires, des chouans comme Cadoudal[14], ou les suspects de sympathie avec les Girondins.
Puis vient l’époque de la Terreur. La guillotine s'installe en lieu et place de l'autel de la patrie[15], devant le château.
Jeanbon Saint-André, membre du Comité de salut public, a pour mission de réorganiser la Marine, fortement éprouvée par l'émigration des officiers, faire face à l'insubordination chronique des équipages. Il tente également de canaliser les excès de la Terreur et du Tribunal révolutionnaire qui s'est installé le 17 pluviôse an II (5 février 1794).
Le 3 prairial an II (22 mai 1794), en représailles de la fronde Girondine, 26 administrateurs du Finistère sont guillotinés sur la place du Triomphe du Peuple.
À la suppression du Tribunal révolutionnaire, il reste encore 361 prisonniers dans le Fort-la-Loi dont Kerguelen qui jure de son innocence et de sa fidélité à la République.
Seconde Guerre mondiale
Brest tombe aux mains de l’armée allemande le 19 juin 1940. La citadelle est occupée. Les tours Paradis servent une nouvelle fois de prison. On y enferme des condamnés à la déportation. Depuis un terre-plein gagné sur la mer en 1931, les Allemands creusent des souterrains dans la falaise d’où on peut accéder au château.
Après la retraite des troupes allemandes, qui fait suite au débarquement la « Forteresse Brest » devient l’une des « poches » de résistance voulues par le Führer. Elle est commandée par le général Ramcke, de la 2e division parachutiste. En août 1944, les troupes alliées arrivent devant les remparts de Brest. La population civile est invitée à évacuer le 7 août. La place du château est particulièrement touchée le 14 par les nombreux bombardements qui préparent l'assaut. Le 25, le général Ramcke rédige l'ordre du jour « Je compte que chaque parachutiste fera son devoir jusqu'au bout avec un zèle fanatique. La 1re division s'est immortalisée à Monte Cassino, la 2e va s'immortaliser à Brest ».
Le château est de nouveau touché par un bombardement le 2 septembre au début de l'après-midi. Le pont National est détruit le lendemain. Le drame de l'abri Sadi-Carnot survient dans la nuit du 8 au 9 septembre. Le siège de la ville dure quarante-trois jours. Brest tombe aux mains des troupes du général Middleton le 18. Après avoir refusé la capitulation, le général Ramcke part pour Crozon avec une poignée de fanatiques. Il finit par se rendre le 23 septembre.
Bien qu’ébranlé et portant les stigmates des combats, le château reste fermement établi sur son assise rocheuse. Les casernes bâties sur l’esplanade sont à terre et ne seront pas reconstruites.
Le château d’aujourd’hui
Les derniers bâtiments sont cédés à la Marine nationale en 1945. La restauration de l’ensemble du château est entreprise. On y installe la Préfecture maritime. Le siège du Commandement maritime était jusque-là hébergé dans l'hôtel Saint-Pierre[16]. Un nouveau bâtiment central, dû aux architectes Niermans et Gutb, est édifié. La Préfecture maritime de la deuxième région et du Commandement en Chef pour l'Atlantique s'y installe en 1953. La grande galerie conduisant à la salle du Conseil des Directeurs accueille les portraits des 150 prédécesseurs du préfet, depuis 1636.
La résidence du Préfet maritime remplace le sémaphore sur le Parc au Duc qui lui même est remplacé par la vigie construite au sommet de la tour César. Les souterrains creusés par les Allemands, abritent le commandement de la Marine nationale pour l’Atlantique et celui de la Force océanique stratégique.
Depuis 1955, le château accueille également les collections du musée national de la Marine. C’est en quelque sorte l’héritier de la salle de modèles de navires installée en 1826 au premier étage de l’atelier de sculptures de l’arsenal de Brest. Les collections évacuées à Morlaix pendant la seconde guerre mondiale, sont transférées en 1958 dans les tours Paradis. Une extension du musée dans le donjon est réalisée en 1985. Seuls le musée et les remparts se visitent.
Architecture de l’édifice
Tours Paradis
Fausse braie
Tour Madeleine
Tour Française
Tour César - XIIIe
La tour César qui date du XIIIe siècle a peut-être été érigée sur les ruines d’une tour gallo-romaine, d’où le nom qui lui est resté. Elle fit successivement office de prison, puis de magasin, avant d’abriter la vigie qui contrôle des mouvements du port.
Elle se dresse en avant de la façade sud-ouest à laquelle elle se rattache par deux courtines qui forment un réduit. Une poterne avec pont-levis permettait d’y accéder de l’extérieur du château. Bien que murée, cette poterne est visible depuis le jardin de la résidence du Préfet maritime.
Parc aux ducs
Batterie de la rose
Tour de Brest
Dernière grande tour du Château elle est construite au début du XVIeme siècle. Elle a subi peu de modifications. Les principales ont été réalisées par Vauban : le sommet de la tour est transformé en terrasse à canons et les salles intérieures voûtées. Le portail monumental construit à l'origine de la tour n'est plus visible depuis la construction de la Préfecture Maritime.
Ravelin - XVe
Après la porte de la fortification avancée, se présente le ravelin destiné à couvrir l'entrée principale du château. A l’origine un large fossé le séparait de l'ouvrage avancé, avec lequel il ne communiquait que par une porte ogivale, surmontée des armes de France et munie d'un pont-levis. Le pont-levis n'existe plus et les armoiries de France ont disparu. Ce ravelin casemate est percé de meurtrières. La forme de celles-ci indique qu'elles étaient destinées à recevoir de l'artillerie de petit calibre, tel des fauconneaux ou des arquebuses.
Donjon
Situé à l’angle nord-est de l'enceinte, le donjon est en fait l'ancienne citadelle de la ville close du Moyen Âge. Ce cœur de l'appareil défensif médiéval est à lui seul un petit château isolé du reste de la place
À l’origine il était composé de trois tours principales reliées par des courtines : au sud, la tour Duchesse Anne, au Nord la tour du Donjon, à l'ouest, la tour Azénor. L'accès principal se trouve à l’ouest. Il est constitué d'une porte charretière défendue par un ouvrage de fortification crénelé et d'un pont-levis franchissant le fossé qui séparait la citadelle du reste de la ville. Cet ensemble formait une cour polygonale, dont le niveau était situé à près de 2,20 m sous le niveau actuel. L'ensemble abrite un puits, des oubliettes et plusieurs salles souterraines.
Flanqué du bastion de Sourdéac, avec une tour du donjon renforcée, le donjon sera parachevé par Vauban à partir de 1683. Un mur et des salles voûtées viennent relier les tours du Midi et du Donjon. Les poivrières disparaissent au profit de vastes plates-formes destinées à de puissantes pièces d'artillerie. Enfin, au XIXe siècle, on perce des baies. Le premier étage abrite les salles principales des Archives du port, l'étage supérieur la bibliothèque de la Marine et l'oratoire.
La tour Azénor - XIIIe
La tour actuelle a été construite au XIIIe siècle, sur les ruines de l'ancienne. Les deux niveaux inférieurs sont accessibles depuis la cour par un escalier pris dans l'épaisseur du mur. Ils servaient de réserves et de magasins. Les deux niveaux supérieurs, réservés à l'habitation, sont pourvus de cheminées et on y accède depuis le chemin de ronde. À l’intérieur les salles octogonales dont les pans coupés ne superposent pas exactement d’un étage à l’autre. Elle a subi peu de transformations si ce n’est celles de Vauban qui en modifia la toiture. Elle est abandonnée au XIXe siècle et le seul accès se fait par les courtines, l'entrée principale étant délaissée.
Son nom provient de la légende de la princesse Azénor qui nous est rapportée par le dominicain Albert Le Grand, dans un ouvrage la « Vie des Saints » : « …Azenor estoit de riche taille. droite comme une palme, belle comme un astre, et cette beauté extérieure n'estoit rien en comparaison de son âme ». Even, seigneur de Brest, n’avait qu’une fille se nommant Azénor. Vers 537, Elle épouse le comte de Goëlo. Les jeunes mariés s’installent dans un château construit par le roi Audren (Châtelaudren). Devenu veuf, Even se remarie avec une marâtre qui n’eut de cesse de se débarrasser de sa belle-fille. Jalouse, elle jure la perte d'Azénor. Elle l’accuse d’adultère en s’aidant de faux témoignages. Le comte de Goëlo croit à cette calomnie, et la princesse est enfermée dans la plus sombre tour du château. Condamnée à mort, elle échappe au bûcher quand on apprend qu’elle est enceinte. Les juges, probablement achetés à prix d'or, la condamnent à être placée dans un tonneau et jetée à la mer. Le tonneau vogue ainsi pendant cinq mois. Chaque jour un ange visite la fille du prince de Léon et lui apporte le nécessaire. Au bout de sa périlleuse errance, Azénor accoste au rivage de Beauport, en Irlande. Elle donne naissance à un fils qui reçut le nom de Budoc « sauvé des eaux » qui deviendra un grand saint. La belle-mère meurt, durant son exode, en avouant la vérité à l’époux d’Azénor. Celui-ci décide de partir à sa recherche pour se faire pardonner et la ramener. Mais il meurt lors de leur retour après l’avoir longtemps cherchée, suivi peu de temps après dans la tombe par sa femme. Even recueille et élève son petit-fils.
La tour de la duchesse Anne (ou tour du midi) - XIVe
Cette tour constitua initialement la tour du logis du château du Moyen Âge. Elle tourne son front défensif vers l'intérieur de l'enceinte. A l’origine, cette tour sud était couronnée de créneaux et de mâchicoulis et couvert d’un toit. L’ensemble sera arasé pour aménager une plate-forme pour l'artillerie. L’emplacement des corbeaux reste néanmoins visible.
Elle comporte, sur chacun de ces quatre niveaux, deux salles : l'une rectangulaire, l'autre hexagonale. Sa construction et ses aménagements lui permettaient d'assurer une parfaite autonomie. Elle comportait une cuisine, des appartements, des celliers percés d'embrasures de tir, une galerie intérieure et des baies d'éclairage. La tour doit son nom au bref séjour de la duchesse Anne en 1508 de retour de son pèlerinage au Folgoët. Son aspect résidentiel se remarque aux éléments de confort comme la grande cuisine et son élégant passe plats, les cheminées, les latrines, les baies à coussièges et le soin apporté à l’oratoire. L’oratoire est, avec l’appartement du gouverneur, la pièce du château dont l’architecture est la plus soignée. Il comporte une Voûte sur croisée d’ogives qui surplombe le Gisant de Gilles de Texue. Les arcs reposent sur quatre consoles sculptées représentant chacune un des évangélistes : le lion de Marc, l’homme de Mathieu, le taureau de Luc, l’aigle de Jean. La Clé-de-voûte représente un homme accroupi.
Les armoiries de Guy de Rieux (1589)
En 1589, le gouverneur de la place embrasse le parti de la Ligue. Mais Guy de Rieux, capitaine de l'armée royale, se fait livrer Brest qui devient alors la seule ville bretonne favorable à Henri IV. Ses armoiries sont gravées dans la pierre du château (1589). Il meurt en mer en revenant du siège d'Hennebont (Morbihan) en décembre 1590. Son frère lui succédera. Ces armes sont trouvées, après-guerre dans les décombres à proximité du donjon. La pierre est incrustée dans la façade de la tour du Midi lors des travaux de restauration au cours des années 1950
Le bastion Sourdéac - XVIe
Plusieurs tentatives de débarquement anglais au milieu du XVIe siècle concrétisent la menace d’attaque du château. Elles incitent à parachever la fortification par l'édification du plus puissant ouvrage de la place. Œuvre de l’ingénieur italien, Pietro Fredance, ce bastion en forme de trapèze enveloppe le donjon au nord et le protège d'une attaque terrestre. La pose de la première pierre a lieu en décembre 1560. Sa construction dura trente-sept ans.
Il comporte une vaste plate-forme d'artillerie et des casemates souterraines dont les larges embrasures couvrent l'entrée du port. On y accède par un large escalier ouvrant dans la cour du donjon. Un petit escalier desservait un guichet aujourd'hui obstrué qui se trouve au pied du bastion, à l'aplomb de ces casemates. Une galerie de contre-mine contourne les assises de la tour du donjon à 15 mètres sous le terre-plein. Elle conduit à la seconde série de casemates, couvrant autrefois la porte principale et la courtine nord de la façade. Celle-ci se trouve aujourd'hui enterrée sous le remblai du parking. Des échauguettes placées à ses angles, telles des figures de proue, agrémente l’ensemble.
La tour du donjon - XVIe
La tour du donjon, fut érigée en 1597 par Sourdéac, à l'emplacement d'une tour ruinée, probablement gallo-romaine.
Les casernes (en 1894)
En 1964, le châteaux dispose d'un ensemble de bâtiments permettant d'accueillir les troupes qui y sont stationnés.
A. La caserne Paradis.
B. Les Bureaux de la place et de l'intendance, ancienne prison civile (1822-1859).
C. La caserne Esplanade, servant d'infirmerie, adossée à la courtine sud.
D. La caserne Plougastel est construite a l’intérieur du château par Sourdéac entre 1591 et 1624 pour loger les officiers de la places. Elle s'éleve entre emplacement du globe terrestre en bronze et l'extrémité de l'aile Sud de l’actuel Préfecture Maritime. Ses façades sont classés monuments historique en 1923 avant de disparaître sous les bombardements de 1944 lors du siège de la ville.
E. La Caserne Monsieur, servant de salle d'armes est située dans le prolongement de la caserne Plougastel. Ce bâtiment à galerie bâtie en 1822-1825 s'éleve sur l'emplacement d'une très ancienne caserne qui tombait en ruines.
F. La caserne César est construite en 1766 perpendiculairement à la caserne Monsieur, elle forme avec elle un angle droit et l'un des côtés de la place. le passage Entre ces deux bâtiments conduit à la porte du château donnant sur le Parc-au-Duc. la caserne tire probablement son nom de la tour dont elle est proche. En arrière et sur la même ligne se trouve des magasins qui sont adossés à la courtine qui relie la tour César à la tour de Brest.
G. La salle d'armes est bâtie en 1777 sur l'emplacement des logements du Major de la place et du lieutenant du Roi. Ces derniers disposent de deux jardins, l'un d'agrément, l'autre potager, s'étendant l'un et l'autre jusqu'à la courtine qui relie la tour de Brest au donjon. De ces jardins on pouvait descendre par un chemin en pente douce et en zigzag, jusqu'au bas du ravin où se trouvaient les lavoirs et la fontaine, ainsi que la poterne donnant sur la rivière. Ce ravin est comblé en 1777,
H. Magasins de l'artillerie, édifiés en 1777 et 1624 par Sourdéac (classée en 1923).
Le triomphe d'Amphitrite
Devenu un monument à part entière, le socle du « Triomphe d'Amphitrite, se trouve dans la cour de la Préfecture maritime. Ce piédestal[17] s’orne de trois tritons, fixés à une colonne, crachent un filet d'eau dans leur vasque. Il est l’œuvre de l’ingénieur Jean Bernard Tarbé de Vauxclairs.La statue de marbre blanc d'Antoine Coysevox, d’abord détournée des jardins de Marly[18] par le gouvernement Consulaire, est implantée par le Préfet maritime Caffarelli proche de l'emplacement actuel de la porte Tourville. Le monument gênant les évolutions sur ce terre-plein, le préfet Chaucheprat le fait transférer en 1912 dans les jardins de la Préfecture maritime, l’ancien hôtel Saint-Pierre[19]. En 1940, le patrimoine historique et artistique de Brest est mis à l'abri dans le château de Kerjean. À la Libération le piédestal est démonté et remonté dans le château ; quant à la statue elle demeure au musée du Louvre[20].
Le Musée national de la Marine
Le Musée de la Marine de Brest est l’un des quatre établissements décentralisés du Musée national de la Marine de Paris (Palais de Chaillot). Il présente une collection de figure de proues en bois, parmi lesquelles on peut voir les sculptures d’Yves Collet : Mars, Amphitrite, Minerve et Neptune qui montent la garde dans le chemin de ronde. La collection de modèles de navires du Musée évoquent l’art des charpentiers des arsenaux royaux, la collection rassemblée à Brest rappelle l’histoire de l’arsenal de Richelieu et des grandes flottes de haute mer à l’apogée de la voile. Les sculptures, peintures et autres objets y relatent le développement du port militaire, le bagne, et la vie maritime du Ponant.
On y évoque les grands évènements liés a la ville comme la victoire de la flotte de Grasse sur la flotte anglaise à la Chesapeake le 30 août 1781 qui mènera à l’indépendance de l’Amérique, le départ de l’Astrolabe et la Boussole de La Pérouse pour un voyage autour du monde dont elles ne reviendraient jamais ainsi que la Seconde Guerre mondiale avec un sous-marin de poche de type Seehund.
Annexes
- Localisation : Région Bretagne, département du Finistère, ville de Brest, boulevard des Français-Libres.
- Propriété de l'État.
- Enceinte fortifiée classée aux monuments historiques par arrêté du 21 mars 1923. Elle est principalement construite en gneiss et granit. La superficie qu’elle occupe est d’environ 5 hectares.
- Principaux auteurs du bâtiment : Sainte-Colombe (ingénieur) ; Philibert de L'Orme, Pietro Fredance (ingénieur italien), Sébastien Le Prestre de Vauban (ingénieur militaire) ; Amédée François Frézier (ingénieur militaire) ; Fautras (ingénieur militaire) ; Robelin (ingénieur militaire) ; Niermans et Gutb.
- Plans du château de Brest - dressés par les officiers du Génie et approuvés le 15 novembre 1859 par le colonel Livet.
Notes et références
- Géoportail Coordonnées vérifiées sur
- Ministère de la Culture, base Mérimée, « Notice no PA00089847 » sur www.culture.gouv.fr.
- E. Fleury - 1865
- Jean Froissart Oeuvres de Froissart - Chroniques, Tome Neuvième p. 506 Chroniques de Froissart, édition de Kervyn de Lettenhove
- (en)château de Rising - Site officiel du château
- En Bretagne, l’utilisation de l’artillerie n’apparaît pour la première fois qu'au siège de Bécherel, en 1373 - E. Fleury – 1865
- Tanguy de Kermavan ou Carman, chevalier banneret de l'évêché de Léon
- le capitaine Carreau Guillaume, seigneur de Chiré et de Courge
- Port situé au pied du château côté rade et disparu à la réalisation du terre-plein du port de commerce
- (es) Don Cristóbal de Rojas
- Prolonge et modernise les fortifications avancées de 1556 au-devant du bastion Sourdéac
- Terrain qui venait d’être concédé par le département de la Guerre.
- 1793 Rallié très tôt à la Révolution il est devenu contre-amiral en
- Jean de La Varende (1887-1959), Cadoudal, Paris, Éd. Française d'Amsterdam, 1952 p. 43
- 1839 La place restera le lieu des exécutions publiques jusqu'en
- 1797 Depuis le 23 septembre
- L’ensemble statue et fontaine est inauguré en 1803
- Élément de la cascade de Marly (1706) – Brest "Souvenirs…Souvenir…"
- Situé du côté sud de la rue de Siam (centre-ville) cet ancien hôtel particulier abrite la Préfecture maritime de 1800 à 1944.
- Fiche de la Statue Amphitrite sur le site du musée du Louvre
Voir aussi
Liens externes
- Présentation du château sur le site de la ville de Brest
- Le château de Brest in "Glad, le portail des patrimoines de Bretagne"
- Reconstitution du château en trois dimensions
Bibliographie
- La monographie du château de Brest (origines - Description - Documents), de M. Fleury.
- Le château de Brest, de François Bellec, Éditions de la Cité, 1978, (ISBN 2851860100).
- Finistère, collection : le patrimoine des communes de France, Éditions Flohic.
- Histoire de Brest, de Jim et Joël Sévellec, Éditions Le Télégramme, 1955.
- Brest mémoire océane, Alain Boulaire et Alain Coz, Éditions Le Progrès.
- Le château de Brest, les carnets de bord, Musée national de la Marine (ISBN 9782901421337).
- Brest face à la mer, trois siècles de marine et d’arsenal, de Bernard Cros, Jacques Littoux et Jacques Ronot, Éditions Le Télégramme 2005, (ISBN 2-84833-143-7).
- Brest Souvenirs…Souvenir…, Annie Henwood, René Le Bihan, (ISBN 2-9114340-1-3).
Catégories :- Monument historique classé en 1923
- Brest
- Résidence des ducs de Bretagne
- Château fort
- Château du Finistère
- Chantier de Vauban
- Monument historique du Finistère
- Musée du Finistère
- Patrimoine du XIIIe siècle
- Patrimoine du XIVe siècle
- Patrimoine du XVe siècle
- Patrimoine du XVIe siècle
- Patrimoine du XVIIe siècle
- Éperon barré
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