Avenue Montaigne

Avenue Montaigne
8e arrt
Avenue Montaigne
Position sur la carte
Carte de Paris
Arrondissements 8e
Quartiers Champs-Élysées
Début place de l'Alma
Fin Rond-point des Champs-Élysées
Longueur 615 m
Largeur 33 m
Création Voir texte
Anciens noms Allée des Veuves[1]
Géocodification Ville de Paris : 6376
DGI : 6450
Nomenclature officielle
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Paris avenue montaigne.jpg

L’avenue Montaigne est une avenue situé dans le « triangle d'or » du 8e arrondissement parisien. Longue de 615 mètres et large de 33 mètres[1], elle part de la place de l'Alma, en bordure de la Seine, et se termine au rond-point des Champs-Élysées.

Sommaire

Description

Cette avenue qui monte en pente douce vers les Champs-Élysées est agrémentée de jardinets entourés de grilles. Il s'agit, au même titre que la rue du Faubourg-Saint-Honoré située un peu plus au nord, d'un des hauts lieux de la mode parisienne. Après la deuxième guerre mondiale, l'installation de Christian Dior entraîne le développement du commerce de luxe dans l'avenue. Dans les récentes années, l'avenue Montaigne semble avoir connu un nouvel essor au détriment notamment de la rue du Faubourg-Saint-Honoré[2],[3]. On y trouve les boutiques de grandes enseignes de luxe telles que Chanel, Christian Dior, Gucci, Louis Vuitton, Armani, Prada, Versace, Valentino, Dolce & Gabbana, Nina Ricci, Ralph Lauren, Fendi, Bvlgari, Celine, Emanuel Ungaro, Salvatore Ferragamo, Jean-Louis Scherrer, Jimmy Choo, S.T. Dupont, Max Mara, Escada, Emilio Pucci, Krizia, Chloé...

L’avenue Montaigne présente des différences certaines avec l'avenue des Champs-Élysées toute proche : elle est moins animée et davantage tournée vers le luxe, en particulier vers la haute couture. Le prix des loyers commerciaux, en revanche, y est sensiblement moins haut, même s'il est l'un des plus élevés de Paris. Au premier semestre 2007, les loyers annualisés pour un mètre carré en pied d'immeuble s'étageaient entre 3 800 et 6 000 €, contre 5 500 à 10 000 € sur les Champs-Élysées[4].

Depuis 1911, l'avenue abrite le célèbre Théâtre des Champs-Élysées, exemple de style Art déco, et le Plaza Athénée, l'un des sept palaces parisiens. Depuis le 16 juin 1967, l'avenue Montaigne est jumelée avec la Madison Avenue à New York, depuis 1992 avec les quartiers Ginza de Tokyo et Sakae Machi de Nagoya, le 18 septembre 2008, intervient un nouveau jumelage avec le quartier de l'avenue Louise à Bruxelles, tous ces lieux regroupant le pôle Luxe de leur villes respectives[5].

(M) Ce site est desservi par les stations de métro Alma - Marceau et Franklin D. Roosevelt.

Histoire

En 1672, on trouvait à l'emplacement actuel de l'avenue Montaigne un simple chemin desservant les cabanes des jardiniers du marais des gourdes, terrain appartenant aux dames de la Visitation-Sainte-Marie, limité à l'ouest par le grand égout descendant de Ménilmontant vers la Seine (correspondant à l'actuelle rue Marbeuf), à l'est par le côté impair de l'avenue Montaigne, au nord par les Champs-Élysées et au sud par la Seine. Le mot gourde désignait une sorte de courge, car on y cultivait des légumes. On l'appelle aussi allée des Soupirs vers 1720 et avenue verte vers 1750.

Cette allée fut plantée d'une double rangée d'ormes en 1770 sur ordre du marquis de Marigny, directeur général des Bâtiments du Roi, et surnommée allée des Veuves, car on y rencontrait des femmes seules à la recherche d'une aventure galante en dehors de la ville. C'était un lieu mal éclairé et mal famé où l'on ne trouvait que quelques guinguettes louches à l'instar de celle qu'Eugène Sue y place dans Les Mystères de Paris (1838). C'est d'ailleurs au pied de l'un des ormes de l'allée des Veuves, situé devant la maison d'une certaine femme Brûlé, que furent enfouis les bijoux de la couronne dérobés à l'Hôtel du garde-meuble en septembre 1792[6].

En 1850, l'avenue est rebaptisée avenue Montaigne, en hommage au moraliste Michel de Montaigne. Lors de l'Exposition universelle de 1855, le Palais des Beaux-Arts, construit par l'architecte Hector-Martin Lefuel, est édifié avenue Montaigne. Des maisons élégantes commencent à se construire le long de l'avenue, qui change complètement de caractère et devient l'un des lieux à la mode du nouveau quartier des Champs-Élysées.

Bâtiments remarquables et lieux de mémoire

  • no 2 : Henri Rillart de Verneuil homme politique français, sénateur, y possédait un appartement à partir de 1895 ; il y décéda le 26 août 1948.
  • no 3 : « L'hôtel qui portait le no 3 était celui de la comtesse Véra de Talleyrand-Périgord. Quand je l'ai connue, Mme de Talleyrand donnait des dîners brillants où se retrouvait une élite composée d'aristocrates et de gens de lettres. La chère était délicate, car la maîtresse de maison était elle-même fort gourmande, pêché mignon qui lui avait valu d'acquérir avec l'âge un embonpoint assez considérable. [...] Véra de Bénardaky (Véra Bernardaky) avait été mariée, à dix-huit ans, avec le comte de Talleyrand, diplomate quinquagénaire. »[7] (V. Maison de Talleyrand-Périgord)
  • no 7 : Hôtel de Dampierre : Hôtel particulier du baron de Dampierre (en 1895). Il abrita la clinique orthopédique du Dr François Calot (1861-1944), spécialisée dans le traitement du mal de Pott.
  • no 9 : Hôtel de Durfort (construit en 1883) : La comtesse de Durfort (1876-1962), qui lui a donné son nom, née Chateaubriand, était la petite-nièce du vicomte de Chateaubriand, le célèbre écrivain, et la propriétaire du château de Combourg.«  L'hôtel de Mme de Durfort a été vendu à un grand industriel de la parfumerie et, peu de temps après, acquis par la "Sécurité sociale". »[8]
  • no 11 : Hôtel de Lesseps : Acquis par Ferdinand de Lesseps (1805-1894) au nom de la jeune femme qu'il a épousée en secondes noces en 1869, Louise-Hélène Autard de Bragard (1848-1909), qui lui donnera douze enfants s'ajoutant aux cinq enfants de son premier mariage, et habité ensuite par sa famille. Selon le New York Times du 17 avril 1886 : « M. de Lesseps est splendidement logé dans une nouvelle maison de l'avenue Montaigne, acquise grâce à l'argent gagné par Mme de Lesseps avec ses investissements dans le Canal de Suez. [...] Le hall de l'hôtel de Lesseps est parmi les plus grands des maisons modernes de Paris. »[9] Résidence en 1953 de la comtesse de Villiers-Terrage[10].
  • no 12 : Marlene Dietrich y habita de 1980 jusqu'à sa mort en 1992.
  • no 13 et 15 : Jusqu'en 1910 s'élevait à cet emplacement le vaste hôtel de Lillers où résida le roi Georges V de Hanovre avec sa famille, après l'annexion de son royaume par la Prusse en 1866[11]. Il a été détruit en avril 1910 et remplacé par le Théâtre des Champs-Élysées, fondé par Gabriel Astruc, inauguré en 1913.
  • no 25 : Hôtel Plaza Athénée, inauguré en 1911.
  • no 28 : Ancien hôtel de Saint-Vallier (en 1910). Surélevé et dénaturé. C'est dans cet hôtel, ou peut-être dans un hôtel édifié précédemment au même emplacement, que vint loger en 1857 la comtesse de Castiglione. « C'est là qu'une nuit, à 3 heures du matin, l'Empereur regagnant le petit coupé dans lequel il était venu, sans escorte naturellement, vit surgir trois ombres qui se jetèrent à la tête des chevaux et tentèrent de les arrêter. Grâce à la présence d'esprit du cocher qui cingla vigoureusement les bêtes, l'attelage s'enleva au galop, renversant les assaillants, et ramena aux Tuileries un souverain à qui sa liaison avec "la plus belle femme du monde" avait failli coûter la vie. »[12]
  • no 29 : Ancien hôtel de Gustave Schlumberger, membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres.
  • no 30 : Hôtel de Verneuil : Propriété de Mme Boselli en 1910[13]. Longtemps habité par Maurice Louis Alfred Millon d'Ailly de Verneuil, syndic de la Compagnie des agents de change[14]. Aujourd'hui maison Christian Dior (V. le no 32).
  • no 32 : Christian Dior a installé sa maison de couture dans cet immeuble en 1946 grâce aux fonds investis par Marcel Boussac.
  • no 33 : En 1910, habité par l'homme de lettre Fernand Vandérem et siège de la Société hippique française.
  • no 35 : Services consulaires de l'ambassade du Canada (immeuble récent).
  • no 45 : Dans cet immeuble a habité de 1922 à 1944 Luis Martins de Souza-Dantas (1876-1954), ambassadeur du Brésil à Paris (plaque commémorative).
  • no 46: Dans son appartement est décédée Soraya Esfandiari Bakhtiari en 2001.
  • no 50 : Hôtel de Lariboisière (en 1910) : « Dans l'hôtel aux lignes harmonieuses de la comtesse de Lariboisière, femme du sénateur, on entendait de belles musiques dans un salon réputé pour être un centre de grande élégance. »[14] Madeleine Vionnet installa en mars 1923 sa maison de couture dans cet hôtel particulier dont elle fit un lieu de grand luxe. Dans l'arrière-cour de l'hôtel, elle installa ses 850 ouvrières, réparties dans 28 ateliers, dans un immeuble de huit étages. « Aujourd'hui, écrit André Becq de Fouquières en 1953, transformé, agrandi, l'hôtel de Lariboisière ne flambe plus que des mille feux d'une importante société d'appareillage électrique – et ne résonne plus que de musiques débitées en grande série par des postes de radio. »[15] L'hôtel abrite aujourd'hui une boutique Ralph Lauren.
  • no 51 : « Au 51, écrit André Becq de Fouquières en 1953, scintillent les hautes verrières d'un restaurant. De beaucoup plus modestes proportions étaient les fenêtres du rez-de-chaussée qu'habitait John Audley, assez curieux personnage qui se voulait esthète, dilettante, original à tout prix. Il courait les antiquaires à la recherche de la pièce qui eut assuré sa réputation d'homme de goût. Or ses suffrages allaient plus volontiers aux objets d'apparence fastueuse qu'à l'œuvre d'art aux grâces discrètes. Chez lui, on était servi dans des assiettes de jade, sur une nappe tressée de fils d'or. Les rince-doigts eux-mêmes étaient taillés dans des blocs d'améthyste. Son service à café en or massif avait appartenu à la reine Victoria. Il avait été l'ami d'Oscar Wilde. Cet homme rusé, un peu fuyant, mais intelligent, qui excellait en formules lapidaires pour exalter ou exécuter la chose ou l'individu qu'il voulait définir, était digne de séduire l'auteur du Crime de Lord Arthur Saville. Il se disait Anglais, mais je crois, moi, qu'il était d'origine allemande. Il fit, sur le tard, un mariage qui surprit, épousant une Américaine qui n'était pas – de très loin – de la Cinquième Avenue... On rencontrait chez lui la société la plus hétéroclite. Ainsi, la première fois que je fus son hôte, il offrait un souper délicat à l'infant Don Luis, fils de l'infante Eulalie. Mais, à quelque temps de là, il me pria à un dîner où je rencontrai deux duchesses, puis quelques artistes, enfin... un boxeur ! Peu de temps avant sa mort il prit dans sa collection, pour me l'offrir, une clé de chambellan, symbole des grandeurs à la poursuite desquelles il avait consacré sa vie – poursuite qui, d'ailleurs, l'avait conduit à la ruine. »[16]

Bâtiments détruits

  • no 1 (ancien no 31) : À cet emplacement, entre les actuelles avenues Montaigne et George-V, à l'emplacement de la brasserie Chez Francis, se trouvait la « chaumière », longue maison rouge composée d'un rez-de-chaussée et d'un étage, où s'installèrent, après leur mariage en 1794, le conventionnel Tallien (1767-1820) et son épouse Thérésa Cabarrus (1773-1835). Surnommée « Notre-Dame-de-Thermidor », elle y tient un célèbre salon. En 1817, la maison est remplacée par une guinguette, L'acacia, près de laquelle, dans une ancienne dépendance de la chaumière, Tallien meurt de la lèpre le 16 novembre 1820, pauvre et depuis longtemps délaissé par son ex-épouse devenue princesse de Chimay.
  • no 7 : À cet emplacement fut construit pour l'Exposition universelle de 1855 le Pavillon du Réalisme, où Gustave Courbet exposa quarante tableaux dont L'Atelier du peintre[17]. Le Pavillon fut démonté en décembre 1855[18].
  • no 17 : Au no 17 se trouvait l'hôtel de Heeckeren (1856), remplacé par un immeuble moderne. Entre cette parcelle et le théâtre des Champs-Élysées, la voie en impasse s'appelait jusqu'en 1881, passage des Douze MaisonsAlphonse Daudet habita dans sa jeunesse, et auparavant passage du Marais-des-Gourdes.
  • no 16 et 18 :
    • Maison pompéïenne : Le prince Napoléon, fils du roi Jérôme et frère de la princesse Mathilde, rêvait de construire un palais pour sa maîtresse, la comédienne Rachel. Il fit l'acquisition d'un terrain de près de 4 000 m² compris entre l'avenue Montaigne et la rue Jean-Goujon, où s'élevait le Palais des Beaux-Arts durant l'Exposition universelle de 1855. De 1856 à 1860, il y fit bâtir, à proximité de l'hôtel Soltykoff[13], un petit palais inspiré d'une villa romaine, couramment appelé la Maison pompéïenne ou encore la Maison de Diomède. La construction fut d'abord confiée au jeune architecte Auguste-Jean Rougevin, que le prince envoya étudier les modèles originaux à Pompéi, mais qui décéda malheureusement sur place. Jacques Hittorff lui succéda mais se retira assez rapidement, peut-être à la suite d'un différend. La maîtrise d'œuvre fut dévolue à partir de février 1856, sur la recommandation de Hittorff, à l'architecte Alfred-Nicolas Normand. Le gros œuvre fut terminé en 1858, année de la mort de la comédienne, emportée en janvier par la tuberculose. La façade, pourvue d'un sévère péristyle, était rehaussée de couleurs rouge et jaune. Les décors intérieurs furent réalisés par Normand avec l'aide de l'ornemaniste Charles Rossigneux, qui s'inspira d'œuvres de différents musées européens. Au centre de la maison, un atrium était orné en son centre d'une statue en marbre blanc de Napoléon Ier figurant l'Empereur en toge tenant le Code civil, la tête laurée, un aigle à ses pieds, par le sculpteur Eugène Guillaume, entourée des bustes des membres de la famille impériale. Les décors peints sur toile marouflée furent confiés à Sébastien Cornu et Jean-Léon Gérôme qui ornèrent les murs de motifs pompéïens sur fond rouge antique ou noir. Le mobilier, en bronze ou en bois, imitait également l'antique. Le prince Napoléon plaça dans la maison sa collection de tableaux et d'antiquités égyptiennes. En 1862, s'y ajoutèrent les pièces d'orfèvrerie d'un service à dessert réalisé par Charles Christofle sur des dessins de Jules Dieterle. La maison fut inaugurée le 14 février 1860 par des fêtes à l'antique[19] en présence de Napoléon III, de l'Impératrice et de la cour. Mais le mariage du prince en 1859 avec la jeune Clotilde de Savoie, fervente catholique, rendait inenvisageable un emménagement dans une maison inspirée par une maîtresse. Le prince résida au Palais-Royal et se contenta d'organiser avenue Montaigne des fêtes ou des soirées intimes. La dégradation de ses relations avec l'Empereur le conduisirent à quitter la France pour sa résidence suisse de Prangins en 1865. Il se décida alors à vendre la Maison pompéïenne qui fut acquise en mars 1866 par un groupe d'acheteurs dont Arsène Houssaye et Ferdinand de Lesseps qui, profitant de la curiosité publique pour cette folie, en firent un musée d'antiques. « L'“impluvium” central servit quelque temps de bassin à un montreur de phoques savants »[20]. Arsène Houssaye et Théophile Gautier, familiers des lieux, en écrivirent le guide. Néanmoins, le musée n'eut qu'une existence éphémère, car la maison fut fortement endommagée en 1870.
    • Hôtel Porgès. Façade sur le jardin.
      Hôtel Porgès : La Maison pompéïenne fut acquise en 1892 par le diamantaire Jules Porges (1838-1921) qui se porta également acquéreur de la parcelle du no 14, propriété de Pierre Jean Cros, petit terrain de 230 m² qui supportait quelques modestes bâtiments. Il fit abattre le tout, non sans permettre à l'architecte Normand de prélever quelques éléments de son œuvre dont certains furent donnés à la Ville de Paris[21], et commanda à l'architecte Ernest Sanson un vaste hôtel particulier où puisse s'exprimer la passion de son épouse, une jolie Viennoise née Anna Wodianer (1854-1937), pour le XVIIIe siècle français. L'hôtel présentait sur l'avenue un mur orné de refends et percé de larges baies cintrées ainsi que de deux portes cochères surmontées de masques de lion. La cour d'honneur était de forme rectangulaire. Le principal corps de bâtiment était placé perpendiculairement à l'avenue et s'inspirait étroitement du château d'Asnières, construit vers 1750 par Mansart de Sagonne pour le marquis de Paulmy. Le rez-de-chaussée, orné de refends, était percé de baies légèrement arrondies en anse de panier, ornées d'agrafes, tandis que le premier étage présentait de hautes fenêtres en plein cintre ornées de mascarons. Au-dessus d'une corniche à modillons, une balustrade de pierre agrémentée de groupes d'enfants et de vases dissimulait en partie le comble mansardé. Sur le jardin, un avant-corps central en demi-lune sommé d'un fronton triangulaire orné d'un haut-relief allégorique était agrémenté d'un balcon de ferronnerie au premier étage et, au rez-de-chaussée, d'un long balcon supporté par des consoles sculptées et également agrémenté d'une rampe de ferronnerie terminé par deux escaliers permettant de descendre dans le jardin à la française orné d'une fabrique de treillage formant perspective, qu'Achille Duchêne avait pu aménager en 1894 grâce à la démolition de bâtiments voisins. Sur la cour d'honneur, un perron menait à un vestibule rectangulaire, puis un second de plan carré précédant un vaste escalier d'honneur décoré de marbres et couvert d'une coupole. À gauche se trouvait une salle de billard et la chambre de Jules Porges et à droite les appartements de son épouse et de sa fille. Au premier étage, la galerie de tableaux, renfermant une collection réputée comptant plusieurs toiles de Rubens, Van Dyck, Rembrandt, Bruegel de Velours et Le Lorrain, fut disposée parallèlement à l'avenue Montaigne, à proximité d'une vaste salle de bal. Un ascenseur desservait l'ensemble des niveaux. Les écuries, la sellerie ainsi que des logements de domestiques furent aménagés au no 40 rue Jean-Goujon. Selon l'architecte, la construction revint à la somme de 4 millions de francs. D'après André Becq de Fouquières : « L'ambassade [d'Autriche] avait à Paris une véritable annexe officieuse : l'hôtel Porgès, avenue Montaigne. Mme Jules Porgès, qui était viennoise, avait fait construire ce vaste hôtel d'allure majestueuse et de style incertain dont les salons, emplis de toiles anciennes autant que des salles de musée, servirent de cadre à bien des fêtes. [...] Le comte de Khevenhuller, l'ambassadeur d'Autriche-Hongrie, le baron de Vaux, les secrétaires de l'ambassade étaient chez eux avenue Montaigne, mais aussi le comte Chevreau [...] L'hôtel Porgès avait été acheté avant la guerre par une société et les Allemands s'y installèrent en arrivant à Paris. Ils édifièrent dans le jardin un fabuleux blockhaus qui n'est guère moins haut que l'hôtel lui-même et qu'on a renoncé à faire sauter. Ce rocher de béton commence, grâce aux mousses et aux lichens, à acquérir quelque patine. »[22] Après la mort de Mme Porges en 1937, l'hôtel fut vendu. Dans les années 1960, il fut rasé et remplacé par un immeuble moderne.
  • no 19 : Hôtel Goury de Roslan : V. no 1, rue du Boccador.
  • no 20 : A cet emplacement avait été bâtie par l'architecte Lassus la maison gothique du comte de Quinsonas. Elle fut ensuite remplacée par l'hôtel du banquier Edgar Stern, qui fit construire le château de Villette à Pont-Sainte-Maxence. Mme Edgar Stern, dont le portrait a été peint par Carolus-Duran en 1889[23], « y avait réuni une belle collection d'objets et de meubles Louis XVI »[24]. Pendant la Seconde Guerre mondiale, l'hôtel fut occupé par les Allemands et pillé[25]. Après avoir appartenu, de même que l'hôtel Porgès du no 18, à la Compagnie de Saint-Gobain[24], l'hôtel Stern a été détruit et remplacé par un immeuble moderne.
  • no 22 : Ferdinand de Lesseps s'était fait construire à cette adresse, en fond de cour, un Pavillon mauresque où il logea brièvement l'émir Abd-El-Kader lorsque celui-ci vint passer quelques jours à Paris après sa libération par Napoléon III le 16 octobre 1852. En 1947, il fut transformé en un cabaret marocain, le Ismaïlia Folies, par le chanteur et entrepreneur de spectacles Salim Hilali. Il a été détruit et remplacé par un immeuble moderne en 1959 construit par Rhône-Poulenc, qui a été un temps le siège de la société Antenne 2 avant d'abriter depuis 2000 celui du groupe LVMH
  • no 31 : Hôtel de Mme A. Magne (1910)[13].
  • no 35 : Hôtel de Mme Legrand de Villers (en 1910)[13].
  • no 47 : Emplacement de l'ancienne impasse Ruffin (au XIXe siècle), aujourd'hui fermée.
  • no 49 à 53 : Emplacement où se trouvait le fameux Bal Mabille, fondé en 1835. Frappé par deux obus en 1870, il ferma ses portes en 1875 et fut démoli en 1882.
    • no 53 : Ruelle de la Buvette-Champêtre en 1813[26].

Habitants célèbres

Notes et références

  1. a et b Les voies du « Triangle d'or », <http://etudiant.univ-mlv.fr/~vschaff/montaigne.html#Etymologie_>
  2. (en) Paris's Avenue Montaigne is reborn - International Herald Tribune
  3. A new lease on luxury: Top designers open boutiques on Avenue Montaigne
  4. CCIP
  5. Article sur le site RTL.be
  6. Becq de Fouquières, Op. cit., p. 81
  7. Becq de Fouquières, Op. cit., p. 81-82
  8. Becq de Fouquières, Op. cit., p. 82
  9. (en) Article du New York Times du 17 avril 1886
  10. Becq de Fouquières, Op. cit., p. 83
  11. Il mourut en 1878 no 7, rue de Presbourg dans le 16e arrondissement.
  12. Becq de Fouquières, Op. cit., p. 86-87
  13. a, b, c et d Rochegude, Op. cit., p. 104
  14. a et b Becq de Fouquières, Op. cit., p. 87
  15. ibidem
  16. Becq de Fouquières, Op. cit., p. 87-88
  17. Paris, Musée d'Orsay
  18. Source : Gustave Courbet (catalogue de l'exposition du Grand Palais, Paris), Paris, Réunion des musées nationaux, 2008, p. 433-434
  19. Un tableau de Gustave Boulanger, Répétition du "Joueur de flûte" et de "la femme de Diomède" chez le prince Napoléon dans l'atrium de sa maison pompéienne 1860 (Château de Versailles) montre la préparation des comédiens pour la représentation prévue à l'occasion de l'inauguration de la maison.
  20. Becq de Fouquières, Op. cit., p. 84
  21. Selon André Becq de Fouquières : « Quelques vestiges, paraissant dignes d'être conservés, furent transportés à l'hôtel de Sully, rue Saint-Antoine » (Op. cit., p. 84).
  22. André Becq de Fouquières, Cinquante ans de panache, Paris, Pierre Horay, 1951, p. 315. Selon le même auteur : « Le banquier Jules Porgès commanda à Samson (sic), l'architecte élu alors par le gratin, l'hôtel qui devait remplacer la Maison Pompéïenne. Hôtel qu'on voit encore aujourd'hui, mais déshonoré par le blockhaus que les Allemands y ont dressé pendant l'occupation. Inexpugnable, l'énorme monstre de béton n'aurait pu être dynamité sans danger pour les demeures voisines. L'hôtel Porgès connut une période brillante. La maîtresse de maison donnait des fêtes somptueuses, accueillant avec une infinie bonne grâce ses invités en haut du magnifique escalier de marbre. Tout se déroulait selon les rites d'une cérémonie assez pompeuse, mais ce que ces réunions eussent pu avoir d'un peu solennel était joyeusement animé par la présence de l'ambassadeur de la Double Monarchie, le comte de Khevenhuller, hôte régulier et plein de séduction de Mme Porgès, par les jeunes diplomates austro-hongrois, tous incomparables valseurs, par l'ami espagnol de la maison, le comte de Casa-Sedano, qui apportait là sa bonne humeur et son entrain. Au cours d'une de ces soirées, je conduisis le cotillon avec la fille de Mme Porgès, la marquise de La Ferté-Meun. Après la mort de Mme Porgès, l'hôtel fut vendu, puis ce fut la guerre. » (Mon Paris et mes Parisiens. Vol. 1, Paris, Pierre Horay, 1953, p. 84-85)
  23. Paris, Petit Palais
  24. a et b Becq de Fouquières, Op. cit., p. 85
  25. « Après l'armistice, parmi les œuvres d'art volées à Mme . Stern et qui purent être récupérées, on découvrit un buste de Sophie Arnoult, par Houdon. En témoignage de gratitude pour leurs trésors retrouvés, Mme Stern et ses enfants en firent don au musée du Louvre. » (Becq de Fouquières, Op. cit., p. 85)
  26. a et b Rochegude, Op. cit., p. 103
  27. Journal de la Société des Américanistes, année 1906, vol. 3, p. 156

Sources

  • André Becq de Fouquières, Mon Paris et mes Parisiens. Vol. 1, Paris, Pierre Horay, 1953
  • Andrée Jacob et Jean-Marc Léri, Vie et histoire du VIIIe arrondissement, Paris, Éditions Hervas, 1991, p. 39-40
  • Félix de Rochegude, Promenades dans toutes les rues de Paris. VIIIe arrondissement, Paris, Hachette, 1910
  • Gérard Rousset-Charny, Les Palais parisiens de la Belle Époque, Paris, Délégation à l'action artistique de la Ville de Paris, 1990, p. 124-131.

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