Ordre souverain militaire hospitalier de Saint-Jean de Jérusalem, de Rhodes et de Malte

Ordre souverain militaire hospitalier de Saint-Jean de Jérusalem, de Rhodes et de Malte

38°43′30″N 8°08′36″O / 38.725, -8.14333

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Ordre souverain militaire et hospitalier
de Saint-Jean de Jérusalem,
de Rhodes et de Malte
Sovrano Militare Ordine Ospedaliero di San Giovanni di Gerusalemme di Rodi e di Malta (it)
Flag of the Sovereign Military Order of Malta.svg
Drapeau de l'ordre
Malteserkreuz.svg
Croix de Malte
Statut Ordre souverain
sujet de droit international
Langue officielle Italien[1]
Siège actuel Palais magistral à Rome Drapeau d'Italie Italie
Statut Monarchie élective
Prince et grand maître Fra’ Matthew Festing
Grand chancelier Jean-Pierre Mazery
Fondation 27 juin 1961[2]
Constitution Charte constitutionnelle
Diplomatie 100 ambassades[3]
Devise Tuitio Fidei et Obsequium Pauperum,
« Défense de la foi et assistance aux pauvres »
Hymne national Ave Crux Alba
« Je vous salue (Sainte) Croix blanche »
Fête nationale 24 juin[4].
Jour de la Saint-Jean
Territoire Palais magistral sur l'Aventin à Rome
Population environ 12 500 membres
+ 80 000 bénévoles réguliers non membres

L’ordre souverain militaire hospitalier de Saint-Jean de Jérusalem, de Rhodes et de Malte est la dénomination officielle et légale de l'Ordre. Ce nom est souvent abrégé pour des besoins de communication, mais aussi quelques fois dans des actes légaux ou diplomatiques en ordre souverain militaire de Malte, ordre souverain de Malte (OSM) ou plus couramment ordre de Malte[5].

C'est un des nombreux ordres issus de l'éclatement de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem, après la mort de Paul Ier de Russie, dernier grand-maître de facto des Hospitaliers. C'est un ordre religieux catholique et une organisation à vocation humanitaire qui se déclare souveraine et dont les statuts datent de 1961.

Aujourd’hui, le siège de l’ordre de Malte, le Palais magistral, se trouve à Rome, via dei Condotti près de la place d’Espagne ; ce palais jouit d’un statut d’extraterritorialité.

Ses actions humanitaires actuelles restent principalement tournées vers la pauvreté. L’ordre est également très actif dans la lutte contre la lèpre et plus globalement les soins médicaux ; de plus, on peut noter l’existence de missions ponctuelles de secourisme d’urgence lors de catastrophes naturelles ou d’aide humanitaire envers les réfugiés lors de conflits armés, ce qui assure actuellement sa présence dans plus de 120 pays à travers le monde[6].

La devise officielle de l’ordre, en latin, est « Tuitio Fidei et Obsequium Pauperum » (Défense de la foi et assistance aux pauvres).

Sommaire

Historiographie

Il y a un désaccord sur le point de savoir si l'ordre souverain de Malte actuel « est » ou « n'est pas » l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem, s'il en « prend » la suite ou s'il « reprend » sa tradition et son histoire.

L'expropriation de Malte de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem par Bonaparte en 1798, la confiscation des biens des grands prieurés, l'abdication du dernier grand maître Ferdinand de Hompesch en 1799, le refus de reconnaître l'élection de Fra' Caracciolo par le pape Pie VII en 1809, la perte définitive de l'île de Malte par le traité de Paris en 1814 et surtout l'éclatement de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem en plusieurs ordres se réclamant tous de cet ordre historique, permettent à des historiens anglais comme H. J. A. Sire [7], maltais comme V. Mallia-Milanes[8] et français comme A. Blondy[9] de considérer la disparition de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem comme effective.

Il faut attendre la création, en 1864, d’associations nationales ou de prieurés, le rétablissement de la charge de grand maître par le pape Léon XIII et l'élection de Giovanni Battista Ceschi a Santa Croce en 1879, la reconnaissance de la souveraineté de l'organisation par le tribunal cardinalice en 1953 et l'approbation en 1961, par le pape Jean XXIII de la charte constitutionnelle pour permettre aujourd'hui à l'ordre de Malte d'exister officiellement et canoniquement. La volonté de l'ordre de Malte n'aura de cesse de « reprendre » la tradition de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem[10] malgré l'éclatement de l'ordre historique en plusieurs ordres hospitaliers. Par exemple en présentant comme un « retour à la maison » la mise à disposition du fort Saint-Ange par la République de Malte, alors que l'Ordre disposait déjà d'une ambassade à Malte dans un cavalier des fortifications de La Valette et que le fort Saint-Ange n'est que prêté (pour une durée de 99 ans) à l'Ordre dans le but que celui-ci le restaure.

L'ordre de Malte se considère lui-même comme simplement « issu » des Hospitaliers et non comme « étant » les chevaliers de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem. L'article 1 de la charte constitutionnelle de l'origine et de la nature de l'Ordre dispose dans son paragraphe 1 : l'ordre de Malte, « issu des Ospitalarii de l’Hôpital de Saint-Jean de Jérusalem, [...] est un ordre religieux laïque, traditionnellement militaire, chevaleresque et nobiliaire[11] ».

Histoire de l'ordre de Malte

La fin de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem

L'ordre de Saint-Jean de Jérusalem est chassé de Malte par Bonaparte qui récupère la souveraineté de l'archipel. Le grand maître Ferdinand de Hompesch demande au tsar de Russie Paul Ier de devenir le protecteur de l'ordre. Après l'abdication de Hompesch, les 249 chevaliers de l'ordre exilés en Russie au palais Vorontsov de Saint-Pétersbourg proclament, le 10 octobre 1798, Paul 1er « grand maître de l'ordre de Saint-Jean ». Mais l'élection de Paul Ier soulève de nombreuses objections[12]. En effet, celui-ci est orthodoxe et marié. Cet évènement sans précédent dans l'histoire de l'ordre amène le Pape Pie VI à ne pas le reconnaître comme grand maître. C'est de l'abdication de Hompesch et de cette élection que certains historiens date la fin de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem.

Au décès de Paul Ier, en 1801, son fils Alexandre Ier de Russie, conscient de cette irrégularité, décide de rétablir les anciens us et coutumes de l'ordre catholique des Hospitaliers[12], par un édit du 16 mars 1801 par lequel il laisse les membres profès libres de choisir un nouveau chef. Néanmoins, étant donnée l'impossibilité de réunir l'ensemble des électeurs, le comte Nicholas Soltykoff assure l'intérim de la charge. Finalement, en 1803 pour tenter de sauver l'ordre, il est convenu que la nomination du grand maître incombera uniquement et exceptionnellement au Pape Pie VII. Le 9 février 1803[12], le pape choisit le candidat élu du Prieuré de Russie, le bailli Jean-Baptiste Tommasi comme premier grand maître nommé et non élu par des Hospitaliers.

L'Ordre cherche néanmoins à récupérer son territoire à Malte en vain ( une des clause du traité d'Amiens stipulait la restitution de Malte aux Chevaliers). Le grand maître Tommassi installe ce qui reste de l'Ordre à Messine en Sicile, puis à Catane en Italie. À cet « État sans territoire », le pape Léon XII accorde comme consolation un couvent et une église à Ferrare en Italie, en 1826[12]. En 1834, l'Ordre réduit à un état-major s'installe définitivement à Rome. Depuis 1805, à la mort de Giovanni Battista Tommasi, aucun grand maître n'est élu à la tête de l'ordre. C'est sur ces ruines que va se reconstruire l'Ordre de Malte.

Histoire de l'ordre depuis 1864

À partir de 1864, l'organisation internationale traditionnelle en « langues » de l'Ordre disparaît au profit de la création d’« associations nationales » ou de « Grand Prieurés ». En 1879, le pape Léon XIII rétablit la dignité de « grand maître » qui était vacante avec le nomination de Giovanni Battista Ceschi a Santa Croce. À partir de ce moment, l'ordre de Malte, crée à travers l'Europe (et plus largement le monde) des fondations locales (compétences territoriales) qui vont permettre de perpétuer les vœux initiaux des premiers chevaliers, c’est-à-dire « Défense de la Foi et Assistance aux Pauvres » :

Blason des activités

En 1951, le cardinal Nicola Canali, grand maître de l’ordre équestre du Saint-Sépulcre et grand prieur de l’ordre de Malte à Rome, essaye en vain de se faire élire grand maître de l’ordre de Malte [14],[15]; mais le cumul de ces fonctions avec celle du Saint-Sépulcre étant incompatible, on lui refuse donc la possibilité de se présenter. Non satisfait, le cardinal Canali cherche le soutien du Vatican afin de retirer à l'ordre de Malte son caractère souverain et le mettre sous l'unique tutelle du Saint-Siège. Ses desseins échouent, mais il en résulte un profonde crise qui conduit les membres de l'ordre de Malte à repenser leur Constitution. Et c'est finalement une nouvelle charte constitutionnelle qui est promulguée par les membres de l'ordre de Malte et approuvée le 27 juin 1961 par le pape Jean XXIII[16] ce qui met un terme à dix ans de tumultes.

Situation juridique

Type de relations des États avec l'ordre de Malte      relations diplomatiques (Ambassades)      autres relations (Associations, …)
Ambassade de l'Ordre à Budapest.
Croix de chevalier d'honneur et de dévotion (en haut)
Croix de chevalier profès (en bas)

L'ordre est reconnu par les nations comme un sujet de droit international public[17]. Cependant c'est une souveraineté limitée et en matière religieuse, l'ordre est incardiné au Saint-Siège.

L'Ordre entretient des relations diplomatiques avec plus de cent pays[3] par le truchement d'ambassadeurs. Il dispose d'un siège d'observateur permanent auprès des Nations unies[3], et également auprès de la Commission européenne[3] et des principales organisations internationales[3].

On dénombre environ 12 500 membres de l'ordre de Malte et 80 000 bénévoles réguliers à travers le monde qui font vivre les activités hospitalières. La fête de l'Ordre se déroule le jour de la fête de saint Jean Baptiste, soit le 24 juin[4]. À cette occasion, en France, les membres de l'association française des membres de l'ordre souverain de Malte se réunissent au château de Versailles[4].

L'ordre est organisé aujourd'hui en associations nationales au nombre de 47 : Allemagne (1859/1867), Royaume-Uni (1875), Italie (1877), Espagne (1886), France (1891), Portugal (1899), Pays-Bas (1911), Pologne (1920), États-Unis (1926), Hongrie (1928), Belgique (1930), Irlande (1934), Argentine (1951), Pérou (1951), Canada (1952), Cuba (1952), Mexique (1952), etc.

L'ordre aujourd'hui

D'ordre religieux, régulier et militaire à ordre laïc, séculier et civil

Les actuels membres de l'ordre n'ont que très peu de points communs avec ceux du passé. En effet, aux origines, les chevaliers de l'ordre étaient:
- tous des religieux, à part entière
- prononçant les trois vœux de chasteté, obéissance et pauvreté
- vivaient de façon conventuelle pour ceux qu'étaient soit Jérusalem, puis à Rhodes, puis à Malte. Le Couvent concernait à Malte toute l'ile. - et étaient soumis à la Règle de Raymond du Puy (vers 1130 et approuvé par le pape Calixte III en 1153), d'inspiration augustinienne.

Aujourd'hui, la quasi totalité des chevaliers sont des laïcs. Ils ne vivent plus du tout de façon régulière (c'est-à-dire soumis à une règle) ni retirés du monde ("du siècle"), ni même ensemble de façon conventuelle comme par le passé, mais totalement de manière sécularisée.

Aujourd'hui, on compte par exemple en France : 3 chevaliers profès (qui prononcent des vœux évangéliques: obéissance, chasteté et pauvreté) et un chevalier à vœux simples sur 542 chevaliers laïcs dont 23 chevaliers en obédience (qui prononcent une promesse d'obédience)[réf. nécessaire].

Le Grand Maître doit, toujours aujourd'hui, être un chevalier profès et noble.

De la même manière, les chevaliers étaient aussi des militaires et combattaient fréquemment. Aujourd'hui, les chevaliers sont des civils qui n'exercent plus le métier des armes et les grades dans l'ordre ne correspondent plus à des fonctions militaires mais sont purement honorifiques.

De plus, tous les chevaliers exerçaient divers emplois de santé et soignaient eux-mêmes les malades. Aujourd'hui, les chevaliers ne soignent plus les malades mais délèguent ces tâches à des professionnels de la santé en les finançant par le truchement des œuvres caritatives de l'ordre.

Les membres de l'ordre exercent aujourd'hui des services de bénévolat auprès des personnes vivant dans l'exclusion de la maladie, du handicap et de la pauvreté dans l'esprit de l'engagement qu'ils ont prononcé lors de leur admission.

Activités hospitalières nationales

L'ordre a aussi toujours officiellement un caractère militaire — même s'il n'est plus armé — et catholique mais il a surtout conservé sa mission hospitalière : « secourir et soigner » ; ce qui fait de l'ordre de Malte le plus ancien organisme humanitaire (environ 900 ans d'âge). Pour la mener à bien, il dispose d'un personnel en grande partie bénévole. Chaque association nationale organise elle-même ses propres œuvres, qu'elle gère selon les lois du pays où elle réside[18]. Ces associations financent elles-mêmes leurs activités médicales, hospitalières et humanitaires grâce à des cotisations, des dons lors de quêtes nationales ou encore grâce à de nombreux legs[18].

En France, l’ordre de Malte n'est pas reconnu comme réellement souverain et ne dispose pas à Paris d'un ambassadeur mais d'un « représentant officiel auprès de la France »[3]. Pour développer son action caritative, l'association française des membres de l'ordre souverain de Malte crée les Œuvres hospitalières françaises de l'ordre de Malte (OHFOM), une organisation caritative fondée en 1927. Cette association est très active dans la lutte contre la lèpre, dans les activités médico-sociales, dans l'exclusion sociale et la précarité ainsi que dans le secourisme et la formation d'ambulanciers. Pour l'ensemble de ses activités, elle a été reconnue d'utilité publique en 1928[19] par le gouvernement français. L'ordre de Malte-France (OHFOM) a reçu en 2007 le Grand Prix humanitaire de l'Institut de France[20].

Pour promouvoir son action auprès du public et lui permettre de faire appel au don en confiance, l'ordre de Malte-France (OHFOM), adhère au Comité de la Charte.

Diplomatie humanitaire internationale

L'ordre de Malte est présent dans plus d'une centaine de pays en permanence[6] et ses activités diplomatiques l'amènent à intervenir lors de catastrophes naturelles[18] ou lors de conflits armés comme en 1969 au Biafra, au Vietnam en 1974, en Ouganda en 1980 mais aussi, par exemple, en Yougoslavie dans les années 19951999[18].

Comité hospitalier international de l'ordre de Malte

En 2005, est créé au sein de l'ordre de Malte le Comité hospitalier international de l'ordre de Malte, placé sous la direction du grand hospitalier de l'ordre, et qui a pour mission de coordonner les efforts extra-nationaux humanitaires de chacune des associations maltaises[18].

Malteser International

On assiste également en 2005[21] au remplacement de l'ECOM (les Corps d’urgence de l'ordre de Malte) par le Malteser International afin de constituer un nouveau corps de secours international pour l'aide médicale et humanitaire d’urgence. Cette nouvelle structure a son siège à Cologne en Allemagne[21] et regroupe Vingt-trois associations[21] dépendant de l'ordre de Malte-Monde, à savoir l'Autriche, la Belgique, la Bohême, le Canada, la France, l'Allemagne, la Grande-Bretagne, l'Irlande, l'Italie, la Hollande, la Pologne, le Portugal, la Suisse et les trois associations des États-Unis. Le Malteser International hérite de la longue expérience de l'ECOM qui avait été présent, par exemple, au Honduras après le passage de l'ouragan Mitch en 1998/99, au Kosovo en 1999–2000, au Pérou après le tremblement de terre de 2001, en Afghanistan en 2002–2005. D’autres opérations à caractère médical et d’assistance ont eu lieu au Zimbabwe et en Angola en 2002, en Iraq en 2002–2003. Le Malteser International est actuellement présent dans trente-cinq pays[21].

Comité international de l'ordre de Malte

Le Comité international de l'ordre de Malte, également appelé CIOMAL, a été créé en 1958[21]. Il a pour mission de lutter contre la lèpre et de soigner plus globalement les malades. En 1999[21], cette mission a été étendue aux handicaps et aux maladies pouvant marginaliser comme le SIDA, par exemple.[réf. nécessaire]

Son siège est situé à Genève en Suisse[21].

Membres et hiérarchie

Les membres de l'ordre sont divisés en trois classes, suivant le degré d'engagement des membres, elles-mêmes subdivisées en catégories, soit avec ou sans preuves de noblesse ou encore clerc ou laïc. Dans chaque classe, il existe des différentes catégories[22]. Le prince et grand maître de l'ordre Frà Matthew Festing a été élu le 11 mars 2008.

Recrutement des membres

L'ordre de Malte examine chaque année environ 300 demandes d'admission.

Il compte près de 13 000 membres et 80 000 volontaires.

Les membres actuels de l'ordre sont majoritairement issus de vieilles familles aristocratiques : Bourbon, La Rochefoucauld, Polignac, Faucigny-Lucinge, Castelbarco-Rezzonico etc. ou encore l'ancien grand maître, Fra Andrew Bertie, qui descendait des Stuarts, « Difficile de trouver des people parmi eux, sauf à s'appeler Juan Carlos, Albert de Monaco ou Valéry Giscard d'Estaing qui, peu présent, s'enorgueillit tout de même dans le Who's Who d'être “bailli grand-croix d'honneur et de dévotion”. À l'ordre de Malte, on est plutôt bottin mondain que Paris Match, même si Emmanuel-Philibert de Savoie, l'époux de Clotilde Courau, en fait partie[23]. »

Critiques

De nombreuses critiques sont régulièrement formulées sur l'actuel Ordre de Malte.

Elles sont résumées par Philippe du Puy de Clinchamps :
« L’ordre dit de Malte, hors quelques œuvres charitables (notamment dans la lutte contre la lèpre), dépense surtout ses forces pour des questions de préséances et dans des querelles intestines. L’ordre, comme bien d’autres, joue principalement, dans la réalité, le rôle d’un refuge pour une assez désuète vanité nobiliaire. On sait qu’après avoir exigé seize quartiers de noblesse, c’est-à-dire la noblesse des seize trisaïeuls du futur chevalier, l’ordre de Malte ramena cette exigence à huit quartiers, la noblesse des huit bisaïeuls. Mais il est des accommodements avec le ciel. Il reste permis de racheter un défaut de noblesse par quelque aumône ; et Malte accueille ainsi dans son sein des chevaliers aux quartiers quasi tous roturiers y compris le pourtant indispensable quartier noble paternel. Cependant comme aux yeux de la société, assez restreinte il est vrai, qui s’intéresse encore à cette sorte d’association sans être très au fait de leur état réel, ordre dit de Malte sous-entend noblesse, on y entre pour paraître noble sans l’être le moins du monde et ceci, en France tout particulièrement ; certains pays, et notamment ceux d’Europe centrale, sont restés relativement exigeants quant aux preuves de noblesse à fournir. Aussi quand le Saint-Siège, désireux de mettre un terme aux interminables chicaneries qui divisaient l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem, songea à la suppression des anachroniques preuves, ou prétendues telles, de noblesse, entendit-on ce commentaire fait par un dignitaire de l’association : Dans ce cas, Malte n’aura plus de sens. Faut-il dire que tout cela est totalement étranger à ce qui fut la chevalerie médiévale ? Pourtant ces ordres internationaux de vanité plutôt que de chevalerie se parent de quelques apparences de cette dernière[24]. »

Ordre pro merito Melitensi

L'ordre de chevalerie pro merito Melitensi récompense les personnalités qui ont acquis des mérites particuliers envers l'ordre ou qui ont soutenu ou participé à ses œuvres hospitalières. Les décorés ne deviennent pas pour autant membres de l’ordre[25].

Article détaillé : Ordre pro merito Melitensi.

Émissions philatéliques

L'ordre émet des timbres depuis 1966[26] à partir de son petit territoire de la Via dei Condotti à Rome. Ces timbres sont très exactement produits par la Poste magistrale de l'ordre souverain de Malte[26] et grâce à un accord signé le 4 novembre 2004[26] avec l'Italie, elle est habilitée à acheminer du courrier avec ses propres timbres dans une cinquantaine de pays[26]. Le courrier affranchi avec des timbres de l’ordre peut uniquement être expédié depuis le siège de la Poste Magistrale à Rome[27].

L'émission de ces timbres procure à l'ordre des ressources non négligeables ; en particulier depuis qu'ils sont cotés par certains grands catalogues philatéliques italiens, comme le Sassonne ou l’Unificato. Néanmoins, en matière postale stricte, les timbres émis par l'ordre ne sont pas reconnus par l'Union postale universelle[27] (UPU).

Les timbres mettent en valeur les symboles de l'ordre ainsi que les périodes historiques marquantes de son histoire : on retrouve ainsi des bannières rouges à croix blanche, des portraits de grands maîtres, des scènes religieuses, les armoiries de l'ordre… Mais aussi depuis peu, des scènes représentant les actions actuelles des Œuvres hospitalières[26].

Sources

Notes

  1. Langues (Archive, Wikiwix, que faire ?) officielles de l'ordre de Malte sur le site du Quid.fr
  2. constitution de l'ordre de Malte
  3. a, b, c, d, e et f Relations diplomatiques sur le site de l'ordre de Malte.
  4. a, b et c Fête nationale de l'ordre sur Lexilogos.com
  5. Les noms de l'ordre site de l'Ordre
  6. a et b Présence dans le monde d'après le site de l'ordre
  7. H. J. A. Sire (2005) The Knights of Malta
  8. V. Mallia-Milanes (1992) Hospitaller Malta, 1530-1798: Studies on Early Modern Malta and The Order of St John of Jerusalem
  9. A. Blondy (2002) L'ordre de Malte au XVIIIe siècle, des dernières splendeurs à la ruine
  10. B. Galimard Flavigny (2006) Histoire de l'ordre de Malte
  11. Charte constitutionnelle de l'Ordre de Malte (1961) p. 9.
  12. a, b, c et d Quid, 2005, p. 693 c.
  13. a, b, c, d, e, f, g, h et i Bertrand Galimard Flavigny, op. cit., p. 333.
  14. Bertrand Galimard Flavigny, op. cit., p. 265.
  15. Les menées du cardinal Canali sont le sujet du roman Chevaliers de Malte de Roger Peyrefitte paru en 1957.
  16. Des chevaliers de l'hôpital de Saint-Jean-de-Jérusalem à l'ordre de Malte par Philippe Conrad, historien.
  17. Jonathan Riley-Smith, The Atlas of the Crusades, « Facts on File », Oxford, 1991, p. 170.
  18. a, b, c, d et e Bertrand Galimard Flavigny, op. cit., pp. 269–274.
  19. D'après le site de l'OHFOM.
  20. Le Grand Prix humanitaire de l'Institut sur le site de l'OHFM.
  21. a, b, c, d, e, f et g L'organisation internationale sur le site de l'ordre.
  22. Bertrand Galimard Flavigny, op. cit., p. 85.
  23. Sophie Coignard, Le Point, no 1740, 19 janvier 2006, pp. 38–45.
  24. Philippe du Puy de Clinchamps, La Chevalerie, collection Que sais-je ?, n°972, Presses universitaires de France, 1966 (1e édition 1961), p. 23
  25. Page traitant de cet ordre pro merito Melitensi sur le site de l'ordre de Malte.
  26. a, b, c, d et e Bertrand Galimard Flavigny, op. cit., p. 292.
  27. a et b Timbres de l'ordre de Malte.

Bibliographie

  • (fr) Bertrand Galimard Flavigny, Histoire de l’ordre de Malte (Perrin, Paris 2006 (ISBN 2-262-02115-5)) source principale utilisée pour la rédaction de l’article
  • (fr) Alain Blondy, Le Gallicanisme et l'Ordre de Saint Jean (L'Alliance française de Malte, 1992)
  • (fr) Claude Petiet, Ces messieurs de la Religion. L'Ordre de Malte au XVIIIe siècle ou le crépuscule d'une épopée, Éd. France Empire, Paris 1992.
  • (fr) Armel de Wismes, Les chevaliers de Malte, France Empire, 1998, (ISBN 2704808716), 234 pages
  • (fr) Francis Gutton, Sous l'emblème de la croix de Saint-Jean-de Jérusalem la chevalerie hospitalière et militaire de l'Ordre de Malte, éditions Lethielleux, Paris, 1980 (ISBN 2249601453), 248p.
  • (fr) Gilles d'Aubigny et Bernard Capo, Les Hospitaliers de Malte, neuf siècles au service des autres (Ordre de Malte-France, 1999)
  • (fr) Claire Éliane Engel, Histoire de l'Ordre de Malte (Nagel, 1968)
  • (fr) Olivier Matthey-Doret, du Moine hospitalier du XIes. au Citoyen engagé au XXIes. (Académie des Sciences Arts et Belles Lettres de Dijon, commission Héraldique et Numismatique) ;
  • (en) Noonan, Jr, The Church Visible: The Ceremonial Life and Protocol of the Roman Catholic Church (publié en 1996, 196 pages, (ISBN 0-670-86745-4)) ;
  • (fr) René Borricand, Malte: Histoire de l'ordre souverain militaire et hospitalier de Saint-Jean-de-Jérusalem, de Rhodes, et de Malte, Aix en Provence, 1981, (ISBN 2853970078) 207 pages
  • (fr) Claude Petiet, Au temps des chevaliers de Rhodes Fernand Lanore -Sorlot, 2000, 336 pages, (ISBN 2851571923) comprenant l'étude de Pierre Varillon, l'Épopée des chevaliers de Malte, Consultable en ligne
  • (fr) Géraud Michel de Pierredon, Ordre souverain de Saint-Jean de Jérusalem, de Rhodes et de Malte (Atlantica, Biarritz, 1999, (ISBN 2-84394-178-4)) ;
  • (de) Robert Prantner, Malteserorden und Völkergemeinschaft (Duncker und Humblot, Berlin 1974, IS) ;
  • (fr) Géopolitique du Catholicisme, de Patrick Levaye (Éditions Ellipses, 2007, (ISBN 2729835237)) ;
  • (fr) Robert Serrou, L'Ordre de Malte (Éditions Guy Victor, 1963) ;
  • (en) R.M.M. Wallace, International Law (1992, 76 pages)
  • (de) Adam Wienand (Hrsg.), Der Johanniter-Orden, der Malteser-Orden. Der ritterliche Orden des hl. Johannes vom Spital zu Jerusalem, seine Geschichte, seine Aufgaben (3. Auflage. Köln 1988, (ISBN 3-87909-163-3))
  • (fr) Les Statuts de l'Ordre de l'Hôpital (Bibliothèque de l'École de Chartres, Paris 1887)
  • (en) Paul Cassar, Médical History of Malta (Londres, 1964)

Voir aussi

Liens internes

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