Goulags

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Goulag

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Le Goulag (acronyme venant du russe Главное Управление Лагерей, Glávnoïe Oupravlénïé Laguereï, « Direction principale des camps (de travail) ») était l’organisme gérant les camps de travail forcé en Union soviétique.

Souvent, on peut entendre parler de goulag en tant que camp (plus spécifiquement Camp correctionnel de travail, en russe : Исправительно-трудовой лагерь). Il s'agit d'un abus de langage, l'appellation d'un tel camp étant « camp du Goulag ».

Considérés comme caractéristiques de l’exercice du pouvoir par le régime soviétique, les camps de travail du Goulag ont reçu quantité de victimes du système social, le communisme réel[1], et de criminels, des dissidents ou des opposants de toutes sortes — jusqu’en 1953 (voir infra)[2]. Un grand nombre de camps se trouvaient dans les régions arctiques et subarctiques, comme les camps célèbres de l’Oural septentrional : Vorkouta et le réseau du bassin de la Petchora, les îles Solovetski en mer Blanche, et un grand nombre en Sibérie (notamment ceux de la Kolyma).

Au total, probablement 10 à 18 millions de personnes passèrent par les camps du Goulag[3],[4] et plusieurs autres millions furent exilées ou déportées dans d'autres régions de l'Union soviétique[5],[6].

Scène de travail d’un camp du goulag, en 1936-1937.
Prisonniers d’un camp du goulag, en 1936-1937.
Réunion dans une cellule, dessin d' Eufrosinia Kersnovskaya.

Sommaire

Histoire

Sources et historiographie

Accès à la documentation

La recherche historique a été pendant longtemps entravée par le régime soviétique : effacement des preuves des crimes, propagande intérieure et à destination de l’Occident[7], censure et terreur ont rendu problématique le traitement des documents historiques. Il fallut attendre la Glasnost pour que les informations sur les goulags se multiplient en Union soviétique. Avec l’ouverture de la Russie, les archives ne sont plus secrètes et les universitaires peuvent travailler plus librement sur les comptes et les rapports du Goulag.

Devant le manque relatif de documents[réf. nécessaire], les historiens font appel aux témoignages des survivants pour reconstituer la vie dans les Goulags.

L’intérêt du sujet

Même si le terme « goulag » est peu employé avant 1973 et la parution de L’Archipel du Goulag d'Alexandre Soljenitsyne, des témoignages et études sur les camps de travail forcé en URSS apparaissent dès la fin des années 1920[8], puis au cours des années 1930 et 1940. Ce travail est souvent le fait de militants occidentaux peu nombreux, de gauche ou d’extrême gauche, résolument anti-staliniens, étant parfois en lien avec des dissidents russes.

Mais jusque dans les années 1960, en Occident, les témoignages sur les exactions du régime soviétique ne sont souvent pas crus, alors qu'ils étaient fondés, et surtout ces témoignages ne touchent pas réellement le grand public.

En 1967, paraît le témoignage d’Evguénia Guinzbourg. Mais, c’est dans les années 1970 avec Alexandre Soljenitsyne que le sujet atteint vraiment le grand public, et avec la glasnost dans les années 1980 que l’étude se systématise.

Si la littérature soviétique n'a pu approcher que clandestinement le sujet jusqu'à la perestroïka, hors d'URSS la littérature a peu abordé le sujet (citons par exemple le roman de Martin Amis, Koba the Dread (2002). En URSS, circulant sous le manteau, sous la forme de samizdat par exemple, les textes les plus importants sont souvent à la frontière entre le témoignage et la reconstruction fictionnelle d'événements réels et de vies détruites. Ce sont ainsi le roman d’Alexandre Soljenitsyne Une journée d’Ivan Denissovitch, publié en 1962 par la revue Novy Mir ou les textes de Varlam Chalamov évoquant les camps de la Kolyma ou de l'Oural : Récits de la Kolyma[9], Vichera[10].

Les débats historiographiques

La comparaison entre les camps nazis et les camps soviétiques a donné lieu à controverse[11]. Pour certains historiens (Stéphane Courtois[réf. nécessaire]), les points communs ne manquent pas : notamment, le goulag est contemporain des camps de concentration allemands. Hitler faisait enfermer et déporter des hommes pour ce qu’ils étaient (« asociaux », Juifs, homosexuels, opposants) et ce qu'ils faisaient (résistants, saboteurs pendant la Seconde Guerre mondiale) ; le régime soviétique a déporté des minorités ethniques, comme les nationalistes Ukrainiens, des Pays Baltes et de Biélorussie[12] dans les années 1930-40 (puisque susceptibles de s'allier à l'Allemagne contre la Russie), puis les Juifs du Comité juif antifasciste[13] en 1946 ; des « ennemis du peuple », catégorie vague qui englobait les anciens aristocrates, les bourgeois, les koulaks, dissidents, opposants et renégats[14].

D'après les études d'Alexandre Zinoviev sur la société communiste, le phénomène communaliste pourrait également jouer, en dehors de la politique et des phénomènes extraordinaires, un grand rôle dans cette concentration importantes de prisonniers. En effet de nombreuses personnes ont été emprisonnées au camp de Goulag pour des faits que l'on pourrait qualifier d'anecdotiques, absurdes et sans intérêts. Cette concentration n'est pas issu d'un programme d'extermination comme ce fût le cas pour les camps nazis, mais de causes sociologiques du communisme réel sous sa forme stalinienne avec des conséquences sociologiques dans ces cellules de population de ce type.

Les deux systèmes ont cherché à déshumaniser les victimes dans le langage[15] utilisé aussi bien que dans les méthodes visant à l’humiliation. Cependant, le Goulag se démarquait des camps nazis sur plusieurs points : d’abord, le système concentrationnaire soviétique a duré beaucoup plus longtemps que le système nazi. Ensuite, tous les prisonniers soviétiques n’étaient pas maltraités et beaucoup ont même été libérés par les autorités.

Dans un appendice à Si c’est un homme, en 1976, l'écrivain rescapé des camps nazis Primo Levi apporte d'autres éléments : le fait d'être condamné à une peine prédéfinie pour le Goulag (ce qui n'était pas le cas dans les camps de rééducation chinois), ou encore le taux de mortalité largement supérieur dans les camps nazis que dans ceux d'Union soviétique. Levi indique à ce sujet : « En Union soviétique, il semble que dans les pires moments la mortalité ait atteint environ 30 % du total des entrants, et c'est déjà un chiffre intolérablement élevé ; mais dans les Lager allemands, la mortalité était de 90 à 98 % ». Pour Levi, « il n'était pas prévu d'autre issue que la mort » dans les camps nazis, alors qu'au Goulag la mort n'était pas « un but déclaré » : c'était « un accident assez fréquent, accepté avec une indifférence brutale, mais qui n'était pas une conséquence expressément voulue ».

Par ailleurs, des témoignages de prisonniers de guerre allemands ou italiens en URSS (par exemple, Eugenio Corti dans Le Cheval Rouge), décrivent des conditions de vie n'ayant rien à envier à ceux des prisonniers russes en Allemagne.

Ou, par exemple, l'écrivain russe Evguénia Guinzbourg raconte avoir rencontré en prison des communistes allemands ayant échappé aux nazis et espérant trouver refuge en URSS, qui constataient la similitude des méthodes entre celles de la Gestapo et celles du NKVD.

L’autre débat historiographique concerne le nombre des victimes du Goulag. L’historien et dissident Roy Medvedev affirmait que, durant les Grandes purges de 1937-1938, le nombre de détenus au Goulag avait augmenté de plusieurs millions, et que cinq à sept millions de personnes avaient été victimes de la répression.

Grâce à l’ouverture des archives soviétiques, des données fiables existent pour la période du 1er janvier 1934 au 31 décembre 1947 : elles montrent que, dans l’ensemble des camps du Goulag, 963 866 prisonniers[réf. nécessaire] sont morts. Ce chiffre, qui concerne l’ensemble des détenus, est loin des sept millions avancés par Medvedev.

Soljenitsyne évaluait à 10 millions le nombre de personnes étant passées dans les camps soviétiques ; aujourd’hui, les historiens parlent de 15 à 18 millions de détenus au total[3]. Mais il faudrait aussi tenir compte des gens morts pendant le transport et des exilés spéciaux. De son côté, le chercheur Nicolas Werth indique que la grande majorité des personnes déportées dans les années 1930 étaient des condamnés de droit commun, c'est-à-dire des innocents pris pour compléter les quotas de déportation, qui purgeaient, sauf exception, des peines n’excédant pas cinq ans.

Il s’agissait d’une abondante main-d’œuvre gratuite pour les gigantesques chantiers de l'URSS stalinienne. Le renouvellement considérable de la population des camps a conduit à des confusions entre le nombre total de personnes déportées pendant la période stalinienne et le nombre de personnes détenues à un moment donné, ce qui a produit des estimations très exagérées du nombre de victimes, même chez des auteurs dont le sérieux est indiscutable, mais qui ont travaillé avant 1991, comme Rudolph Joseph Rummel[16], professeur émérite à l’université d’Hawaï.

Les camps soviétiques, vus de l’Occident

En mai 1944, le vice-président américain Henry Wallace se rend dans la région de la Kolyma. Les autorités soviétiques lui font visiter la ville de Magadan en prenant soin de cacher les prisonniers. Des membres des jeunesses communistes se déguisent en mineurs et répondent à ses questions. Il repart admiratif, mais trompé, et les États-Unis continuent à envoyer de la nourriture et du matériel à son allié soviétique pour terminer la guerre. Avec la guerre froide, les choses changent : en 1949, la bibliothèque du Congrès et l’AFL présentent un rapport à l’ONU dénonçant les goulags[17].

En France, une partie de la gauche a longtemps refusé de reconnaître les crimes soviétiques : en 1945, Staline apparaît comme le libérateur de l’Europe de l’Est. Par aveuglement idéologique, cette gauche refuse de voir la réalité des camps de travail forcé et refuse de croire les survivants des goulags. En 1946, Victor Kravtchenko, haut fonctionnaire soviétique, publie J’ai choisi la liberté aux États-Unis où il est réfugié. Il y décrit la terreur stalinienne et les goulags. En France, l’éditeur reçoit des menaces et les Lettres françaises traitent l’auteur de menteur et l’attaquent en justice[18]. David Rousset, ancien déporté, crée en octobre 1950 la Commission internationale contre le régime concentrationnaire (CICRC), qui entreprend des enquêtes sur les situations espagnole, grecque, yougoslave et soviétique. Pour la première fois en France, il utilise le terme de Goulag pour désigner le système concentrationnaire soviétique. Ceci lui vaudra d’être traité de « trotskyste falsificateur » par les Lettres françaises à qui, il intentera un procès qu’il gagnera en 1951. Lors des audiences, la députée communiste Marie-Claude Vaillant-Couturier déclare : « Je considère le système pénitentiaire soviétique comme indiscutablement le plus souhaitable dans le monde entier »[19].

À la lecture du rapport secret du XXe congrès du Parti communiste d’Union soviétique publié dans le journal Le Monde en juin 1956, Maurice Thorez et Jacques Duclos crient au faux grossier[20].

Il faut attendre les années 1960 pour voir se développer les critiques à l’encontre du Goulag soviétique. Les écrits d’Alexandre Soljenitsyne, les mémoires des détenus paraissent en Occident et décrivent les conditions de vie des zeks. Les procès de plusieurs écrivains russes soulèvent l’indignation : l’internement de Jaurès Medvedev en hôpital psychiatrique provoque de nombreuses protestations. La dissidence soviétique informe le public au moyen des samizdats qui sont des journaux clandestins. Dans les années 1970, les rapports d’Amnesty International révèlent la réalité du système concentrationnaire. Les États-Unis défendent les refuzniks et dénoncent les atteintes aux Accords d’Helsinki. Le 9 octobre 1975, le prix Nobel de la paix est attribué à Andreï Dmitrievitch Sakharov.

Du Katorga tsariste au Goulag soviétique

Article détaillé : Origines du Goulag.
Félix Dzerjinski, chef de la Tcheka, instigateur des premiers camps

L’évolution du goulag a suivi l’histoire du pays. Les premiers « camp de concentration »[21] sont créés par les deux camps en lutte aux cours de la guerre civile russe, bolcheviques et Russes blancs[22]. Les camps mis en place par les bolcheviques étaient situés à l’extérieur des villes et destinés à accueillir les « éléments peu sûrs » (aristocrates, marchands, etc.) pour un régime menacé par la guerre civile. Les protagonistes du conflit reprenaient ainsi à leur compte le système carcéral des camps de travail, les katorgas, qui existaient déjà dans la Russie tsariste. L’Empire russe utilisait en effet depuis le XVIIe siècle des brigades de travail forcé en Sibérie[4]. Les objectifs assignés aux camps de travail n’avaient pas changé depuis l’époque impériale : éloigner les opposants politiques[23], et sous Staline, les marginaux, peupler de façon autoritaire les régions vides, exploiter les ressources de l’immense Russie et terroriser la population. Staline ajouta aussi la fonction de rééducation : le travail forcé devait transformer le monde ancien et forger un « Homme nouveau ».

La Terreur rouge

Pendant la guerre civile russe (1918-1921), la Terreur rouge, en réaction à la Terreur blanche, expédie dans les camps un total de 150 000 à 400 000 personnes qualifiées d’« ennemis du peuple » : mencheviks, contre-révolutionnaires, membres déviationnistes du parti communiste, victimes de l’épuration politique.

Le monastère de l’île Solovetski, archipel des Solovetski
Affiche soviétique des années 1920: Le Guépéou frappe les saboteurs de la contre-révolution à la tête.

Lénine engagea la répression pour sauver la Révolution russe et maintenir au pouvoir les bolchéviques. Il décide en janvier 1918, en accord avec le gouvernement révolutionnaire, « l’arrestation des saboteurs-millionnaires, qui voyageaient en train dans des compartiments de première ou deuxième classe : « Je suggère de les condamner à six mois de travaux forcés dans une mine »[24]. Les catégories arrêtées par la police politique (la Tchéka) sont dès le départ très floues et aléatoires : l’expression « ennemi de classe » est employée de manière arbitraire, comme sous la Terreur de la Révolution française. Les condamnations des tribunaux révolutionnaires se font dans la précipitation. Des banquiers, des marchands, des prêtres sont alors expédiés dans les prisons qui sont vite surpeuplées. Trotski puis Lénine décident d’utiliser des « camps de concentration » (kontslaguer) en reprenant l’infrastructure des camps de prisonniers de guerre qui viennent d’être vidés après le traité de Brest-Litovsk (3 mars 1918).

Le 15 avril 1919, le décret n°45 paraît dans le n°81 des Izvestia, l'organe du gouvernement soviétique, sous le titre « Au sujet des camps de travaux forcés ». Il est signé par le chef théorique de l'État, Mikhaïl Kalinine. Sa rédaction est du chef de la Tchéka, Félix Dzerjinski, appliquant la directive de Lénine et du gouvernement. L'article 5 stipule : « La gestion des camps de travaux forcés, sur l'ensemble du territoire de la République soviétique fédérale de Russie, sera assurée par une direction centrale des camps instituée par le commissariat du peuple à l'Intérieur (NKVD). Cette direction centrale prendra le nom de Goulag. »[25]

Entre 1920 et 1923, la Russie soviétique compte 84 camps[26] regroupant environ 25 000 prisonniers, soit un peu plus du tiers de la population carcérale en Russie soviétique estimée à 70 000 détenus[27]. Mais bientôt, la place venant à manquer, il fallut créer des camps spécifiquement soviétiques : en 1923, les camps des îles Solovetski deviennent un modèle pour le régime. Soljenitsyne utilisera par ailleurs le mot « archipel » pour désigner le goulag. Afin de stimuler la production, les rations alimentaires sont distribuées en fonction du travail effectué[28].

Le Goulag soviétique

Chantier du canal de la mer Blanche à la mer Baltique

L’arrivée au pouvoir de Staline en 1927, aggrave encore la situation. La collectivisation et la planification de l’économie marquent un « grand tournant » dans l’histoire soviétique. Le régime passe à une répression systématique et organisée. En 1928, la commission Ianson est chargée par le politburo de réfléchir à l’organisation générale des camps de travail. Leurs travaux vont être largement infléchis par les nouvelles orientations du camp "laboratoire" des Solovki, sous l'influence d'un ancien déporté, devenu en moins de trois ans chef de camp, Naftaly Frenkel. Selon Anne Applebaum, même si Frenkel n'a pas inventé chaque aspect du système, il a trouvé le moyen de faire d'un camp de prisonniers une institution économique rentable, et il le fit à un moment, en un lieu et d'une manière qui ne pouvaient qu'attirer l'attention de Staline[29].

Selon ce système, le travail se payait en nourriture à partir d'une distribution très précise des vivres. Frenkel divisa les prisonniers du SLON en trois groupes :

  1. ceux considérés comme capables d'un travail lourd (800 gr de pain et 80 gr de viande),
  2. ceux capables seulement d'un travail léger (500 gr de pain et 40 gr de viande),
  3. les invalides (400 gr de pain et 40 gr de viande).

Chaque groupe recevait des tâches différentes, des normes à satisfaire — et une ration leur correspondant et établissant des différences drastiques entre les déportés[30]. En somme, les invalides recevaient une ration réduite de moitié par rapport aux déportés les plus forts[31]. En pratique, le système partageait les prisonniers très rapidement entre ceux qui survivraient et les autres.

Sous les ordres de Frenkel, la nature même du travail réservé aux prisonniers changea, depuis l'élevage de bêtes à fourrures ou la culture de plantes tropicales vers la construction de routes ou l'abattage des arbres. Dès lors, le régime du camp changea également et évolua vers la rentabilité du travail et le SLON se développa au-delà de l'archipel des Solovki[32] jusque dans la région d'Arkhangelsk, sur le continent, et de là à des milliers de kilomètres des îles Solovetski, où Frenkel envoya des équipes de forçats[33]. En revanche, tout ce qui ne contribuait pas directement à l'économie du camp fut abandonné : ainsi, toute prétention de rééducation tomba — fait général aux camps du Goulag à partir des années 30.

Par un décret officiel en date du 7 avril 1930, Staline et ses collaborateurs fondent l’institution que l’on connaît sous le nom de Goulag, confiant successivement sa gestion à la Guépéou, au NKVD, puis enfin au MVD. Des camps sont ouverts en Russie d’Europe et en Sibérie, en Biélorussie, Ukraine, Kazakhstan, Mongolie, et plus tard en Tchécoslovaquie, Hongrie et Pologne. Staline s’intéressa de près à l’administration et aux performances des camps, en particulier ceux des canaux et ceux de la Kolyma. Les prisonniers travaillant sur le canal de la mer Blanche sont vite appelés « zek » du sigle du chantier (« z/k » pour zaklioutchonny) qui sera par la suite attribué à tous les détenus du goulag.

L’industrialisation rapide voulue par Staline donne lieu à des erreurs qui sont imputées aux « saboteurs » de toutes sortes. Le stakhanovisme ne supporte aucun échec et les ouvriers qui ne travaillent pas assez sont envoyés au goulag. L’exploitation des mines d’or de la Kolyma par les prisonniers répond à la volonté de Staline de faire de l’URSS une puissance industrielle. Face aux menaces de boycott des produits soviétiques à l’étranger[34], Staline décide de renommer les camps de concentration (kontslaguer) en « camps de redressement par le travail ».

Dès la fin des années 1920, des milliers de communistes — notamment de la gauche liée à Léon Trotski — qui s’opposent à la dégénérescence bureaucratique de l’URSS, sont déportés ; beaucoup sont exécutés durant les années 1930.

La dékoulakisation

Article détaillé : dékoulakisation.

L’instauration du Goulag rend la répression encore plus féroce. Ainsi, le premier Plan quinquennal donne le coup d’envoi de la collectivisation des terres. Les paysans russes résistent et Staline veut la liquidation des koulaks, les paysans aisés. La loi du 7 juillet 1932 prévoit la peine de mort ou le goulag pour « toute escroquerie au préjudice d'un kolkhoze ». En 1930-1932, 2 millions de paysans (soit 380 000 foyers) sont déportés dans des villages d’exilés[35], 100 000 dans les camps du goulag[36]. On évalue à 10% par an la mortalité des "déplacés spéciaux"[37].

« L'opération koulak » définie par le décret n°00447 du 30 juillet 1937 fit le plus grand nombre de victimes. Elle visait les éléments socialement nuisibles et appartenant au passé : les ex-koulaks enfuis cherchant du travail (Les sources policières indiquent 600 000 ex-koulaks assignés à résidence). Pour cette opération, des quotas par régions et des catégories (la première catégorie signifiant l'exécution, la seconde, une peine de dix ans de camp) furent établis par Staline auprès des dirigeants du Parti. Les quotas furent largement dépassés par les responsables locaux voulant afficher leur zèle. Les suppléments demandés furent souvent ratifiés par le Politburo. Devant l'engorgement des prisons, la catégorie n°1 fut augmentée. Au lieu des 4 mois prévus, l'opération en dura 15. Les quotas initiaux furent pulvérisés:

387 000 personnes furent fusillées et non pas 75 950,

380 000 déportées et non pas 193 500.

Selon les chiffres du NKVD, des opérations similaires entre juillet 1937 et novembre 1938 comptabilisèrent l'arrestation de 335 513 personnes, dont 75% furent classées catégorie n°1[38].

La Grande Terreur et les purges (1936-1938)

En 1936-1938, Staline décide d’éliminer ses ennemis (réels et supposés) par une vague de répression. Durant la Grande Terreur, c’est surtout l’élite soviétique qui fut visée ; les victimes du goulag ont aussi été des fonctionnaires, des membres du PCUS, des militants du KPD ayant fui le nazisme, des officiers, des journalistes, des scientifiques et des historiens, la plupart des militants communistes qui ont fait la révolution. La période est marquée par les procès de Moscou et animée par la volonté de tuer des prisonniers directement ou indirectement : « Dès 1937, il [Staline] signa des ordres adressés aux patrons régionaux du NKVD, indiquant des quotas de gens à arrêter (sans préciser la cause) dans telle ou telle région »[39]. Les purges staliniennes de ces années ont fait 35 000 morts et ont envoyé 700 000 personnes au goulag, dont 140 000 Polonais[40], 172 000 personnes d'origine coréenne de la région de Vladivostok[41], et 30 000 citoyens soviétiques d'origine finlandaise de la province de Leningrad[42].

La Seconde Guerre mondiale

Article détaillé : Massacre de Katyń.

Suite au Pacte germano-soviétique d'août 1939, l'URSS entre en guerre le 17 septembre 1939. Elle occupe la moitié-est de la Pologne, et, en 1940, les Pays baltes, la Bessarabie et la Bukovine du nord. En janvier 1941, 500 000 habitants de ces régions sont déjà déportés.

Lavrenti Beria, chef du NKVD entre 1938 et 1953


En juin 1941, l’Allemagne nazie envahit l’URSS : le 28 août 1941, les Allemands de la Volga sont internés. Une partie des Ukrainiens voyaient les Allemands comme des libérateurs. Face à la progression allemande, le chef du NKVD Lavrenti Beria ordonna le déplacement de centaines de milliers de prisonniers vers l’est du pays, loin du front. Plusieurs usines durent être déménagées et reconverties pour fabriquer du matériel militaire. La répression et la propagande de guerre s’accrurent et des milliers de citoyens soviétiques furent emmenés au goulag pour « propagande défaitiste » ou « sabotage de l’effort de guerre ».

Pendant la Seconde Guerre mondiale, la mortalité augmenta fortement dans les goulags soviétiques : pendant l’hiver 1941-1942, 25 % des décès dans les camps étaient dus à la famine[43]. Les historiens estiment qu’il y eut deux millions de morts dans les camps et les colonies du Goulag[43]. Comme dans le reste du pays, les pénuries de toutes sortes se firent sentir.

Lorsque Staline reprend l’avantage sur les nazis et reconquiert les régions perdues, il fait déporter les peuples accusés de trahison. Entre l'été 1941 et l'automne 1944, les troupes spéciales du NKVD avaient organisé la déportation par vagues successives de peuples entiers au nom de la lutte contre l'ennemi intérieur.

Dès les premiers mois, 82% de la population allemande d'URSS soit 1,2 million de personnes, principalement installés dans les alentours de la Volga, sont déportés.

Entre novembre 1943 et juin 1944, 900 000 Ukrainiens, Tchétchènes, Ingouches, Tatars de Crimée, Karatchaïs, Balkars, Kalmouks, arrivent dans les goulags. À l'automne 1944, 130 000 Grecs, Bulgares, Arméniens, Turcs et Kurdes sont arrêtés et déportés[44].

En 1944, le gouvernement crée un département spécial pour les prisonniers de guerre, distinct de la bureaucratie du Goulag. En 1945, on estime à quatre millions le nombre de prisonniers de guerre en Union soviétique[45].

Après la guerre, le nombre de zeks augmente encore. En 1946, le NKVD change de nom et le Goulag passe sous le contrôle du ministère des Affaires intérieures (MVD) qui dirigera le système carcéral jusqu’à la fin de l’URSS. Dans les pays contrôlés par l’Armée rouge, des camps de concentration[46] sont créés sur le modèle soviétique.

En 1946, les 4,2 millions d'anciens prisonniers de guerre soviétiques dans le Troisième Reich sont suspectés d'avoir collaboré. Si la majorité de ces anciens détenus rentrèrent chez eux, 8,5% furent envoyés au Goulag[47] pour trahison de la patrie. Parmi les déportés figure le général Andreï Vlassov, qui s'était engagé du côté allemand.

Apogée du Goulag (1945-1953)

L’administration du Goulag est réorganisée : en 1946, le NKVD est scindé en deux et le Goulag dépend désormais du MVD, le Ministère des Affaires Intérieures. Les années qui suivent la Seconde Guerre mondiale marquent l’apogée du système concentrationnaire : le nombre de détenus augmente jusqu’en 1950 pour dépasser les deux millions. La course aux armements déclenchée par la Guerre froide nécessite une quantité de main d’œuvre servile toujours plus importante. La fermeture du pays aux influences occidentales, en particulier américaines, entraîne des mesures radicales à l’encontre des étrangers. Des camps spéciaux sont mis en place et accueillent les prisonniers politiques condamnés à de longues peines. Le régime crée des lagpounkts disciplinaires. Dans la compétition qui oppose Staline aux États-Unis, les grands travaux sont relancés pour le prestige de l’URSS (port de Donetsk, grands canaux, barrages, etc.) pour lesquels les zeks sont réquisitionnés. Les révoltes, les grèves du travail ou les grèves de la faim secouent les camps. Durant l’hiver 1949-1950, les prisonniers de la Kolyma se soulèvent. La fin de règne de Staline est marquée par le complot des blouses blanches qui provoque l’arrestation de centaines de médecins juifs.

Mort de Staline, fin du Goulag ?

Khrouchtchev succède à Staline de 1953 à 1964. Il amorce la déstalinisation, condamnant surtout le caractère dictatorial et répressif du pouvoir stalinien. L’attaque la plus sérieuse a lieu lors d’une séance de nuit du XXe congrès du Parti communiste d’Union soviétique (24 et 25 février 1956), il lit un rapport dévastateur sur les crimes et les écarts de Staline par rapport à la légalité socialiste. Les grèves et les rébellions[48] dans les camps poussent également le Goulag à la réforme.

Les grands équipements pharaoniques sont suspendus et la discipline dans les camps est assouplie. Le temps de travail est réduit et les camps spéciaux supprimés. Plusieurs complexes de travail sont démantelés. Surtout, des amnisties de masse sont prononcées : ainsi, le 27 mars 1953, 1,2 million de détenus sont libérés[49]. On réhabilite des centaines de milliers de personnes. Mais ceux qui sortent des camps ont du mal à retrouver une vie normale par manque d’argent et subissent la méfiance des autres citoyens.

En 1958, le Goulag est rebaptisé « colonie de redressement par le travail », et placé cette fois-ci sous la tutelle du ministère de la justice de l’URSS. La direction centrale des camps est dissoute. Bien que la proportion de prisonniers politiques ait très largement diminuée, elle n'est pas nulle. Ainsi Leonid Brejnev (1964-1982) utilisait régulièrement le système concentrationnaire pour faire taire les opposants. Les dissidents (militants des droits de l’Homme, religieux) tels que Joseph Brodsky, Andreï Sinyavsky, Alexander Ginzburg ou Iouli Daniel sont condamnés aux travaux forcés. Mais le goulag stalinien n’existe plus : les dissidents sont condamnés au cours de procès publics, savent pourquoi ils sont incarcérés, et peuvent faire valoir des droits (par exemple, entretien privé sans limite de temps avec un avocat, visites de la famille, et même sortie des colonies dans certains cas). Leur sort intéresse davantage l’Occident grâce aux témoignages d’anciens prisonniers (Soljenitsyne, Chalamov) et aux samizdats. Le travail est moins pénible en général que dans les années 1930-1950 : les prisonniers travaillent dans des ateliers ou des usines, et perçoivent une rémunération. Pourtant, les grèves de prisonniers existent toujours dans les années 1960 et 70. Enfin, plusieurs centaines de dissidents sont enfermés en hôpital psychiatrique (psikhushka) relevant du MVD : l’écrivain Jaurès Medvedev ou le général Pyotr Grigorenko sont internés pour « schizophrénie larvée »[50] (ou « torpide »[51]). Les hôpitaux psychiatriques spéciaux comme celui d’Orel sont gardés comme des camps et protégés par des barbelés. On cherche à obtenir la rétractation des prisonniers au moyen de drogues et d’électrochocs[52].

Pendant la première moitié des années 1980, l’URSS vit l’une des périodes les plus répressives de l’ère post-stalinienne : la dissidence est peu nombreuse, surveillée et réduite au silence[53].

Mémorial en l’honneur des victimes du Goulag, Moscou

Il faut attendre l’arrivée au pouvoir de Mikhaïl Gorbatchev et la glasnost pour que tous les camps de prisonniers politiques soient supprimés. Des milliers d’opposants sont libérés des hôpitaux psychiatriques. La censure des écrits dissidents est levée et les réhabilitations se multiplient. Andreï Sakharov, jusque là tenu en résidence surveillée à Gorki, est libéré en décembre 1986. La Déclaration des droits et libertés de l’individu est adoptée en 1991. Aujourd’hui, de nombreuses prisons russes offrent toujours des conditions de vie déplorables, mais le travail forcé est officiellement aboli. Les débats publics sur le Goulag restent rares et les mémoriaux sont encore peu nombreux : celui de la place Dzerjinski à Moscou est constitué d’une pierre provenant des îles Solovetski, berceau des camps de concentration soviétiques. Il n’existe aucun musée national dédié aux camps de concentration. La commission nationale de réhabilitation continue son travail.

Le Goulag a entraîné des avatars dans d'autre pays. Au Viêt Nam, après 1975 et pendant de nombreuses années ont existé des camps dits de « rééducation par le travail ».

Les camps

Géographie

Partie du "Projet 503", destiné à la construction d'une voie de chemin de fer reliant Salekhard à Igarka près de Touroukhansk sur le Ienisseï

Il existait plusieurs types de camps, spécialisés dans un secteur de l’économie :

Quelques exemples de complexes du goulag en URSS sous Staline[54]

Camp Région Activités Effectifs (max.)
Bamlag Sibérie Chemin de fer
180 000
Vorkoutlag République des Komis Charbon
70 000
Dmitlag nord de Moscou Canal
200 000
Belomorkanal République de Carélie,
Oblast de Leningrad
Canal
170 000
Siblag Sibérie Chemin de fer
63 000
Oukhtpetchlag République des Komis Charbon et pétrole
17 852
Sevvostlag Kolyma Mines
200 000
Norilsk Nord de la Sibérie centrale Mines
69 000
  • Le BAMlag : aménagement de la voie ferrée du lac Baïkal au fleuve Amour : le Baïkal Amour Magistral fut construit en plusieurs fois. Un tronçon de Tayshet à Bratsk fut construit dans les années 1930 ; il mobilisa 180 000 détenus et fit 10 000 morts[55]. Mais la plus grande partie du tracé oriental fut l’œuvre des prisonniers du goulag pendant les années 1944-1946.
  • le Vorkoutlag produisait en 1938 plus de 188 000 tonnes de charbon et utilisait 15 000 détenus[56].

Les détenus ont également construit de nombreuses villes (Komsomolsk-sur-l’Amour, Petchora, Inta, Magadan, Vorkouta, Norilsk, etc.).

Administration et fonctionnement du goulag

Nikolaï Iejov, chef du NKVD de 1936 à 1938

Le goulag constituait une direction administrative du NKVD ; il était subdivisé en directions principales par branches économiques qui étaient sous les ordres de l’administration centrale située à Moscou. En 1953, le goulag gérait 146 camps de travail correctif (Ispravitelno Troudovoï Lagpunty, abrévié « ITL ») ainsi que leurs filiales et annexes. Les complexes regroupant plusieurs camps étaient désignés par un nom d’activités ou de lieu auquel on ajoutait le suffixe « lag » ( Dmitlag, Dallag, Steplag, Minlag, Intlag, Birlag, Karlag, etc.). Le goulag administrait également quelque 687 colonies de travail correctif (Ispravitelno Troudovaïa Kolonia – abrévié « ITK ») pour des condamnés à des peines inférieures à cinq ans. Il avait enfin la garde des zones spéciales et des villages de travail destinés à accueillir les déportés.

Les camps dépendaient de directions régionales (par exemple la Direction sibérienne des camps ou Siblag OGPU). Des formations paramilitaires (« commandements » ou komendatury en russe) administraient les colonies spéciales et jouissaient d’un statut d’exterritorialité[57].

Nicolas Werth estime que 200 000 personnes étaient employées par le goulag vers 1953[58]. Le contrôle de Moscou sur les camps se renforça avec Staline, en particulier pendant la Seconde Guerre mondiale : cela entraîna un renforcement de la bureaucratie et des visites des inspecteurs venus de la capitale. En principe, les zeks avaient le droit de se plaindre des mauvais traitements aux commissions des camps. Mais en réalité, un petit nombre de ces plaintes aboutissaient finalement à des sanctions à l’encontre du personnel encadrant. Les procureurs du goulag étaient chargés de faire connaître les rapports d’inspection des camps.

Description des camps

Ruines du camp 503 près de l’Iénisseï, de nos jours

Diversité

Il existait une grande variété de camps de travail en URSS : il est donc difficile de dresser une typologie complète de plusieurs centaines de goulags. Les plus grands camps pouvaient concentrer plusieurs milliers de détenus. D’autres étaient plus petits et isolés dans la taïga (les « lagpoukts »). La nature des camps dépend également de leur activité : certains étaient liés à une usine, au travail agricole, d’autres étaient temporaires (pour la construction d’une route ou d’une voie ferrée).

Plan général

La plupart des camps des années 30 avaient un plan carré ou rectangulaire. À l’entrée se trouvaient le poste de contrôle et un panneau annonçant un slogan : déjà aux Solovki, on pouvait lire « D’une poigne de fer, nous conduirons l’humanité vers le bonheur ! »[59] ou encore « Par le travail, la liberté ! »[60], à rapprocher de la devise « Arbeit macht frei » à l’entrée des camps nazis. La zone carcérale (« zona ») est entourée d’une clôture, de barbelés ou de murs, et surveillée par des miradors. Toutefois, aux Solovki, par exemple, cette forme n'a pas grand sens : tout l'archipel constitue le camp, les baraquements construits peu à peu pour accueillir une population toujours croissante viennent s'ajouter aux nombreux bâtiments monastiques et ermitages dispersés sur les îles et utilisés soit comme logement soit comme bases par les différentes équipes de travail, quand ce n'est pas comme isolateur[61].

Les gardes ont l’ordre de tirer sur les fugitifs. Les tentatives d’évasion ont existé[62], mais, dans les camps sibériens, les zeks étaient découragés de s’enfuir par l’isolement des camps et les contraintes naturelles.

Les baraquements

Il subsiste bien peu de baraquements de l’époque stalinienne et il faut recourir aux témoignages de détenus pour s’en faire une idée. Les prisonniers vivaient dans des baraques en bois ou en pierre (dans la toundra). Certains abris n’avaient que des sols en terre battue, d’autres disposaient de plancher en bois.

Les bains, les latrines, l’infirmerie, les entrepôts et les ateliers

Ils étaient séparés des baraquements.

Le cachot

Les cachots ou « isolateurs disciplinaires » (abréviation : CHIZO) étaient construits en pierre ou en brique. Il isolait totalement les prisonniers réfractaires au travail ou les auteurs de délits et de crimes dans le camp. Au siège du complexe concentrationnaire se trouvait un bloc central, c’est-à-dire une grande prison. Enfin, il existait des camps disciplinaires, parmi lesquels celui du Dalstroï (Kolyma) était l’un des plus redoutés[63].

Efficacité économique des camps

Chantier du canal de la mer Blanche

Après l'invasion allemande du 22 juin 1941, Béria décrète la loi martiale au Goulag. Les conditions de détention se dégradent : la journée de travail s'allonge jusqu'à 10 heures, les jours fériés sont supprimés. Les éléments suspects sont systématiquement « épurés ». Le travail s'intensifie : les camps fournissent le front en charbon, munitions, uniformes, céréales… En 1943, le bagne est créé pour des coupables de haute trahison (12h/jour, rations réduites). Dans certains camps la journée de travail est estimée à 16h/jour (par exemple au Viatlag). Pour équilibrer les pertes au front, des détenus et des gardes y sont envoyés (975 000 détenus et 93 000 gardes).

Jean-Jacques Marie estime à 40 % le poids du Goulag dans l'économie de l'URSS. Mais le Goulag n'atteint que 1,2 % de la production industrielle nationale et 12 % de la production du bois. Les détenus n'ont qu'une faible productivité, inférieure à celle des travailleurs libres ; cette productivité ne compense même pas le peu que coûte la main-d'œuvre. Les camps coûtent davantage à l'État qu'ils n'apportent de bénéfices. Le sabotage, l'encadrement coûteux et la négligence en sont partiellement les causes. Seulement 70 % de détenus travaillent : certains d'entre eux sont enfermés en isolateurs, d'autres sont handicapés, la pègre tout comme l'administration ne travaillent pas. Les mauvaises conditions de vie ne font qu'affaiblir les détenus. Certains chantiers se révèlent impraticables et vains. Staline fait exécuter plusieurs hauts dirigeants du Goulag pour sabotage.

La mort de Staline et la prise de consciences des défauts dans le fonctionnement et la contestation croissante dans les camps accélèrent son démantèlement. En 1953, Béria décrète une amnistie partielle et les détenus sont relâchés dans un grand chaos et sans mesures d'accompagnement. Elle est suivie en 1955 d'une amnistie quasi générale, ne concernant pas les collaborateurs condamnés à plus de dix ans de prison. Le Goulag perd ainsi sa fonction économique et ne se cantonne plus qu'à sa fonction répressive. Les camps du Goulag sont renommés « camps de redressement par le travail », où on continue d'interner des opposants politiques sous Brejnev. L'autre moyen de neutraliser les dissidents est de les enfermer dans des hôpitaux psychiatriques.

Le système concentrationnaire soviétique n’a jamais été assez efficace pour les dirigeants. Les causes de cet échec sont diverses : corruption des gardiens, vols, règles non appliquées, conditions extrêmes, manque d’équipement moderne, mauvaise gestion, pénuries, etc. Au total, le travail est rarement productif malgré les efforts des autorités. Avec le « Grand Tournant » de 1929, Staline cherche à accroître les rendements et impose des cadences infernales aux prisonniers[64]. Au cours de la « Grande Terreur » (1937-1938), il fait exécuter plusieurs hauts responsables du goulag[65] pour « sabotage ».

Le manque de préparation, d’ingénieurs, de techniciens et de spécialistes dans les camps explique un gaspillage important du travail : de grands projets comme le canal de la mer Blanche ou le port du cap Kammeni à l’embouchure de l’Ob se sont finalement révélés inadaptés. Quant à la voie ferrée Salekhard-Igarka entre l'Ob et l'Ienisseï, appelée « route de la mort », on se rendit compte après plusieurs mois de travaux qu’elle était irréalisable du fait des contraintes naturelles de la toundra. Le projet fut abandonné en 1953 après avoir fait des dizaines de milliers de morts et coûté 40 milliards de roubles[66].

La vie dans les goulags sous Staline

Les prisonniers

Évolution du nombre de prisonniers du goulag (1930-1953)[67]

Statistiques

D'après l'historienne Anne Applebaum, 18 millions[4] de personnes sont passées par les goulags sous la dictature de Staline. Les effectifs des prisonniers n’ont jamais dépassé les deux millions sur une année, prisonniers de droit commun et politiques confondus. Cela s’explique par un renouvellement constant des détenus alimenté par des libérations[68] compensées par de nouvelles arrestations. Les zeks pouvaient quitter les camps pour intégrer l’armée, parce qu’ils étaient invalides ou incapables de travailler (femmes enceintes). Mais un à deux millions de personnes n’ont pas survécu.

L’analyse du graphique ci-contre montre la fluctuation des effectifs détenus dans les goulags sous Staline : en 1941, on assiste à une augmentation qui est la conséquence de l’invasion du territoire soviétique par les nazis. La fin du règne de Staline marque l’apogée du système avec plus de 2,5 millions de détenus et 2,75 millions de « déplacés spéciaux »[69].

Sociologie

Dans l’URSS de Staline, la grande majorité des zeks[70] était des gens ordinaires, paysans ou ouvriers condamnés pour sabotage, espionnage ou crimes contre-révolutionnaires.

  • Prisonniers politiques et élites : officiers, membres du PC, etc.
  • Criminels et délinquants
  • Saboteurs : ouvriers, paysans, mais aussi cadres d’entreprises, responsables économiques
  • Deux millions de koulaks déportés en 1930-1932[35]
  • Déportations ethniques pendant la Seconde Guerre mondiale : Polonais, Ukrainiens, Baltes, Moldaves, Bessarabiens en 1939-1941 ; Allemands de la Volga en 1941 ; Tatars de Crimée en 1943 ; Tchétchènes en 1944. Mais ces populations avaient plutôt le statut d’exilés ou déportés spéciaux. La plupart étaient assignés à résidence dans des villages surveillés[4].
  • Pendant la Grande Terreur, les femmes des ennemis du peuple sont déportées, par exemple, dans le camp de Temnikovski en Mordovie.
  • étrangers : communistes polonais et occidentaux, Chinois ayant franchi illégalement la frontière, ressortissants de l’Axe (Japonais, Allemands) ; les étrangers se trouvaient isolés par la barrière de la langue (Japonais, Chinois) ; les Polonais, les Ukrainiens et les Baltes se regroupent entre eux et constituent des réseaux de solidarité à l’intérieur des camps. Cependant, la grande majorité des détenus étaient des Russes.
  • religion : orthodoxes, protestants, Témoins de Jéhovah et sectaires
  • juifs au moment du complot des blouses blanches

Varlam Chalamov, dans ces Récits de la Kolyma, témoigne de la diversité sociologique des détenus :

« Il ne faut pas avoir honte de se souvenir qu’on a été un « crevard », un squelette, qu’on a couru dans tous les sens et qu’on a fouillé dans les fosses à ordures [...]. Les prisonniers étaient des ennemis imaginaires et inventés avec lesquels le gouvernement réglait ses comptes comme avec de véritables ennemis qu’il fusillait, tuait et faisait mourir de faim. La faux mortelle de Staline fauchait tout le monde sans distinction, en nivelant selon des répartitions, des listes et un plan à réaliser. Il y avait le même pourcentage de vauriens et de lâches parmi les hommes qui ont péri au camp qu’au sein des gens en liberté. Tous étaient des gens pris au hasard parmi les indifférents, les lâches, les bourgeois et même les bourreaux. Et ils sont devenus des victimes par hasard[71]. »

Arrestation et transport des prisonniers

Ossip Mandelstam photographié lors de son arrestation par le NKVD

La plupart des prisonniers arrivaient dans les camps après un passage en prison. Ils étaient interrogés et avouaient leur « crime » sous la pression, le harcèlement ou la torture. Les procédures judiciaires étaient rapides ou truquées. Les chefs d’accusation étaient souvent absurdes ou vagues : sous Staline, la liste des « suspects » comportait les étrangers[72] (espionnage) ou les personnes en relation avec des étrangers (collectionneurs de timbres, espérantistes[73]). Les Russes pouvaient être condamnés à une peine de camp pour avoir raconté une blague sur Staline[74] ou pour « crime contre-révolutionnaire »[75]. La délation ou le simple soupçon envoyaient des innocents au Goulag. Les arrestations et les perquisitions avaient lieu souvent la nuit. Pendant la Seconde Guerre mondiale, un retard à l’usine pouvait envoyer l’ouvrier dans un camp pour plusieurs années. Beaucoup d’étrangers, et surtout les ressortissants des pays de l’Axe, ont été emprisonnés. Après 1942, lorsque les Soviétiques repoussent les Allemands, les rafles dans les territoires occupés par l’Armée rouge ont particulièrement touché les Polonais, les Ukrainiens et les ressortissants des pays baltes.

Le transport des prisonniers se faisait par train

La mortalité était très forte pendant le transfert des détenus vers leur camp de travail : ainsi, dans les années 1930, sur les 16 000 prisonniers envoyés dans la région de la Kolyma, seuls 9 928 étaient arrivés vivants[76]. Dans les trains de prisonniers, le manque d’eau, de nourriture et d’hygiène affaiblissait les passagers[77]. Le voyage pouvait durer plusieurs semaines. Pour rejoindre leur camp, les convois utilisaient le bateau sur les fleuves sibériens ou en Extrême-Orient. Les témoignages décrivent des conditions effrayantes : promiscuité, viol des femmes, indifférence des gardiens, froid, etc.

À leur arrivée au camp, les prisonniers étaient dans un état physique et psychologique déplorable : certains devaient d’abord passer par la quarantaine pour récupérer. Les autres étaient entièrement rasés et lavés. Ils recevaient un uniforme déchiré ou trop court, afin de les humilier, comme en témoigne Anna Andreïevna, épouse de l’écrivain Daniel Andreïev et condamnée au camp de travail :

« Ils [les gardes] nous avaient dépouillé de tout ; ils nous privèrent de nos noms, tout ce qui fait la personnalité de quelqu’un et nous habillèrent, je n’arrive même pas à le décrire, d’un truc informe[78]. »

Les prisonniers étaient ensuite classés en catégories de travail, en fonction de leurs capacités physiques et de leur crime.

Le travail au quotidien

Diversité du travail 
La condition d'un prisonnier du goulag dépend de la région où il se trouve enfermé, du contexte national, de son crime, mais aussi de son travail : les hommes utilisés pour construire le canal de la mer Blanche n’ont pas les mêmes chances de survie que les ingénieurs ou les techniciens employés dans l’aéronautique ou l’armement. Certains scientifiques emprisonnés vivaient dans un certain confort[79] au sein des charachkas (Lev Kopelev, Andreï Tupolev, Vladimir Petliakov). Certains détenus travaillaient pour le camp : ils effectuaient diverses tâches (organisation du travail et des chantiers, préparation des repas, nettoyage, soin, etc.) au service du goulag et les autres zeks les appelaient les « planqués ». Leur travail était en effet considéré comme moins pénible et on estimait qu’ils étaient au service du système concentrationnaire. Ils étaient choisis et destitués par l’administration et travaillaient dans l’enceinte du camp. Pendant les périodes de guerre (1918-1921 et 1939-1945), les détenus soviétiques doivent participer à l’effort de défense nationale en creusant des tranchées et en fabriquant des armes.
Durée du travail 
La durée et les horaires de travail varient en fonction des périodes, de la saison et du commandement des camps. Pour répondre aux besoins économiques engendrés par la Seconde Guerre mondiale, le temps de travail est allongé, pour les zeks comme pour les travailleurs libres. Dans le Grand Nord sibérien, les journées de travail sont réduites en hiver, à cause du froid et de la nuit. La direction centrale du Goulag tente de limiter le temps de travail. Mais ces directives ne sont pas souvent respectées et les prisonniers doivent terminer leur tâche avant de pouvoir se reposer : dans les années 1930, les zeks travaillent douze heures par jour[80]. Au Viatlag, la durée quotidienne du travail pendant la guerre est de 16 heures de travail[81]. Certains zeks se mutilent, feignent d’être malade ou fou pour passer quelque temps de repos à l’infirmerie[82]. Enfin, le mécontentement des détenus pouvait tourner à la grève de la faim ou à l’émeute.
Travail forcé sur une route de la Kolyma
Sécurité 
Le travail forcé dans les usines, les pêcheries, les mines, les chantiers ou dans la taïga est pénible, surtout en hiver. Les conditions de sécurité ne sont pas toujours assurées si bien que des milliers de prisonniers trouvent la mort dans des accidents. En 1939, les premiers zeks qui extraient l’uranium des mines de la Kolyma n’ont pas de combinaison de protection[83]. Le manque de nourriture et de soins rendent les journées difficiles. Certains prisonniers se mutilent, d’autres se suicident pour échapper à leur sort[84].
Encadrement du travail et propagande 
Les chefs de brigades ou « directeurs de travaux » étaient choisis parmi les zeks pour diriger les équipes et veiller à atteindre les objectifs de production. Il existait deux catégories de travailleurs : ceux des « travaux généraux » et les « planqués ». Les performances au travail étaient affichées et les meilleurs ouvriers récompensés. Les affiches et les slogans répétés à longueur de journée incitaient à travailler toujours plus. La section culturelle et éducative (KVTCH)[85] assurait cette propagande dans le camp. Les règlements édictés à Moscou prévoyaient la présence d’une bibliothèque, d’un club de théâtre et des concerts pour chaque camp. En réalité, ces infrastructures étaient plutôt rares, et, lorsqu’elles existent, elles sont un instrument d’embrigadement ou d’émulation. En raison de la pénurie de papier, les journaux sont rares ou réservés au personnel libre. Enfin, la section culturelle et éducative organise des parties d’échecs, des matchs de foot et des concours de travail. Elle recueille aussi les doléances des zeks. Le courrier était censuré et beaucoup de colis envoyés par les familles étaient volés par les gardes.

La vie des zeks en Sibérie

Des conditions de vie plus ou moins bonnes

Les conditions de vie variaient en fonction des époques et surtout des catégories de prisonniers : si le taux de mortalité est en moyenne de 4 % par an sous Staline, il atteint 20 % à 25 % pendant la Seconde Guerre mondiale[86]. Sous Lénine, les prisonniers politiques socialistes étaient relativement bien traités : dans les camps des îles Solovetski, ils profitaient de la bibliothèque, des pièces de théâtre jouées par les autres détenus, des colis envoyés par les familles[87]. Au Vichlag, les détenus pouvaient profiter du cinéma[88]. Les plus fortunés réussissaient à améliorer leur sort en soudoyant les gardes. Les meilleurs travailleurs, les invalides et le médecin du camp étaient mieux logés que les autres. Les conditions d’existence dépendaient également de la cruauté des gardes et des dirigeants du camp : certains utilisaient la torture[89]. En outre, la plupart du temps, le travail permettait aux prisonniers les plus zélés d’obtenir des privilèges (nourriture meilleure, vêtements, colis, visites).

Activités dans le camp

Les prisonniers devaient entretenir le camp (préparer les repas, nettoyer les toilettes, faire la vaisselle, enlever la neige, etc.). Les rixes et les violences étaient nombreuses, étant donné que les prisonniers politiques étaient mélangés avec les criminels et les délinquants. Les zeks occupaient leur temps libre à jouer aux cartes, écrire des poèmes, nettoyer leur baraquement, fabriquer ou sculpter des objets ou encore dessiner[90]. Enfin, les détenus assistaient à des messes organisées dans les baraquements par les prêtres déportés.

Mortalité

Le taux de mortalité annuel est estimé à 40 pour mille et jusqu'à 200 pour mille en 1941-1942[91]. En 1941, l'Allemagne fait la guerre à l'URSS.

Ainsi, les décès dans les camps augmentaient avec la famine, le froid, les épidémies (typhus) ou encore les vagues d’exécutions. Les cadavres étaient enterrés dans des fosses communes ou dans les cimetières du camp. Edward Buca témoigne de ces inhumations collectives :

« On les chargea [les cadavres des prisonniers] nus, sur des traîneaux, tête à l’extérieur et pieds dedans. Chaque corps portait une plaquette de bois, une birka, attachée au gros orteil du pied droit, et indiquant son nom et son matricule. Avant que le traîneau ne franchisse le portail du camp, le nadziratel, un officier du NKVD, prenait un pic qu’il enfonçait dans chaque crâne. Il s’agissait de vérifier que nul ne sortît vivant. Une fois hors du camp, les corps étaient jetés dans une transeïa, une des grandes fosses creusées au cours de l’été à cette fin[92]. »

Dormir, se laver, manger

L’intérieur d’un baraquement confortable (1936-1937)

Lorsque les constructions manquaient, les détenus dormaient sous des tentes ou construisaient leurs propres abris pour la nuit : dans le complexe du Siblag, certains détenus dormaient dans des gourbis sans aucun confort, creusés dans la terre[93]. Les plus chanceux dormaient dans une couchette individuelle, mais le plus souvent, les zeks partageaient un même matelas ou dorment à même le sol. Malgré la présence de poêles métalliques et de quelques lampes, l’intérieur des baraquements était froid, humide et mal éclairé. Les détenus font leurs besoins dans des tinettes pour éviter de sortir dans le froid. Normalement, les vêtements des zeks devaient être bouillis régulièrement par mesure d’hygiène.

Les détenus disposent d’un petit savon pour se laver et faire leur lessive. Thomas Sgovio décrit les bains dans son camp de la Kolyma :

« Le froid de canard à l’extérieur, en attendant que les autres sortent, puis le vestiaire, où on se gelait, les désinfections obligatoires et la fumigation, où l’on jetait nos guenilles en tas […], les bagarres et les insultes […], le choix de sous-vêtements communs et humides, pleins d’œufs de poux dans les coutures, le rasage de tout le corps par le barbier du camp … puis, quand arrivait enfin notre tour d’entrer dans les bains, nous prenions un baquet de bois et recevions un bock d’eau chaude, un bock d’eau froide et un petit bout de savon noir qui empestait[94]. »

Les repas sont pris dans un réfectoire : une bouillie à base de céréales est servie le matin, une soupe le midi et le soir. L’approvisionnement et la gestion des denrées alimentaires restent souvent problématiques. En Sibérie, les provisions gèlent en hiver et pourrissent en été. Pendant la Seconde Guerre mondiale, certains camps ne reçoivent aucune marchandise pendant plusieurs jours, ce qui aggrave les pénuries. Si bien que de nombreux camps créent leur propre kolkhoze pour assurer leur ravitaillement[95]. Les zeks souffrent de malnutrition voire de faim et développent des maladies liées aux carences (pellagre, scorbut). Les rations sont proportionnelles aux efforts fournis dans le travail forcé.

Séparation entre hommes et femmes

En principe, les hommes et les femmes sont séparés dans des zones ou des camps différents[96]. Les femmes étaient minoritaires et très peu nombreuses dans les goulags du Grand Nord. Cependant, il arrivait que certaines femmes tombent enceinte dans les camps : elles accouchaient dans les hôpitaux des complexes concentrationnaires. Il existait des crèches dans certains camps puis les enfants étaient envoyés dans des orphelinats. Les foyers accueillaient les enfants des camps ou les enfants des zeks. Les enfants délinquants et criminels étaient enfermés dans des colonies spéciales[97].

Le personnel du camp

La VOKHR (garde armée des camps) était composée d’hommes libérés du Goulag ou d’anciens membres de la police secrète tombés en disgrâce. Pendant l’ère stalinienne, on envoie les incompétents, les suspects ou les ivrognes encadrer les camps[98]. L’encadrement des camps a toujours souffert du manque de volontaires ; cette situation s’explique par les conditions de vie difficile et le manque de prestige de la fonction. La ration reçue par chaque garde était proportionnelle à son grade[99]. Les journées de travail étaient interminables et les maladies touchaient tout le personnel du camp. Cependant, certains commandants de complexes concentrationnaires pouvaient vivre dans le luxe. Les comptables, les techniciens, les normeurs, les médecins ou les instructeurs du camp de la KVTCH vivaient sans doute un peu mieux que les gardes.

La direction du Goulag chercha constamment à limiter les mauvais traitements sur les prisonniers. La propagande poussait les gardiens à détester les « ennemis du peuple ». Les objectifs de production devaient être réalisés par tous les moyens. Enfin, les gardes les plus méritants pouvaient monter en grade.

Prisonniers célèbres et témoignages sur les camps soviétiques

Prisonniers célèbres

Témoignages

Le livre d’Alexandre Soljenitsyne l’Archipel du Goulag (1973) a porté son témoignage à la connaissance d’un très large public en Occident, et a valu l’exil à son auteur. Il y décrit les conditions de vie dégradantes dans les camps (travail forcé, froid, faim, gardiens inhumains), mais aussi la volonté de rééduquer le détenu par le biais de « sections politiques et éducatives » (des brigades politiques et éducatives) destinées à « remplacer aumôniers et services religieux des prisons d’antan ».

  • Varlam Chalamov, Récits de la Kolyma, Éditions François Maspero, 1980 (réédition Éditions Verdier, 2003)
  • Jacques Rossi, dans son Manuel du Goulag publié en 1997 écrit : « Le goulag servait de laboratoire au régime soviétique, dans le but de créer une société idéale : garde-à-vous et pensée unique. »
  • Raymond Duguet, Un Bagne en Russie rouge, 1927.
  • Margarete Buber-Neumann, Déportée en Sibérie, Paris, Seuil, 1949.
  • Jules Margoline, La Condition inhumaine, Paris, Calmann-Lévy, 1949.
  • Joseph Czapski, Terre inhumaine, éditions Îles d’Or, 1949.
  • Evguénia Guinzbourg, Le Vertige (2 tomes) et la suite Le Ciel de la Kolyma, Seuil, 1967
  • Elinor Lipper, Onze ans dans les bagnes soviétiques, Nagel, 1950.
  • Alexander Dolgun avec la collab. de Patrick Watson, Alexander Dolgun's Story : An American in the Gulag, New York, Alfred A. Knopf, 1975; trad. franç. de Gilles Garnet, Histoire d'Alexandre Dolgun, un Américain dans le Goulag, Paris, Albin Michel, 1976.

Bibliographie

Articles et ouvrages en français

  • Les Amis de la vérité sur l’URSS (Boris Souvarine et al.), Bilan de la terreur en URSS : faits et chiffres, Librairie du travail, 1936.
  • Anne Applebaum, Pierre-Emmanuel Dauzat (trad.), Goulag : Une histoire, Paris, éditions Bernard Grasset, 2003, 2005. (ISBN 2246661218)
  • Paul Barton, L'Institution concentrationnaire en Russie (1930-1957), Plon, 1959, 516 pages.
  • Stéphane Courtois (dir.), Le Livre noir du communisme. Crimes, terreur, répression, Paris, éditions Robert Laffont, 1997, 1998. (ISBN 2221088611)
  • Raymond Duguet, Un Bagne en Russie Rouge. Solovki : l’île de la faim, des supplices, de la mort, Paris, Balland, 2004. (ISBN 2715814895)
  • Tomasz Kizny, Goulag, Paris, éditions Solar, 2003, (ISBN 2735702413), recueil de photos d’archives et actuelles sur les camps du Goulag.
  • Joël Kotek, Pierre Rigoulot, Le Siècle des camps : emprisonnement, détention, extermination, cent ans de mal absolu, Paris, éditions J.-C. Lattès, 2000. (ISBN 2709618842)
  • David Rousset, Le Procès des camps de concentration soviétiques, D. Wapler, 1951.
  • Olga Adamova-Sliozberg et alii, L’Aujourd’hui blessé, Lagrasse, Éditions Verdier, collection « Slovo », 1997 : recueil de témoignages de femmes emprisonnées dans les camps soviétiques.
  • Jacques Rossi, Le Manuel du goulag, Paris, Le cherche midi 1997. (ISBN 2-86274-532-4)
  • Sergueï Sigatchev, Le Système des camps de redressement par le travail en URSS, réalisé et édité par le « Centre d’information scientifique et de vulgarisation Memorial », Moscou, 1998.
  • Michel Heller, Le Monde concentrationnaire et la littérature soviétique, Paris, L’Âge d’Homme, 1974.
  • Jean-Jacques Marie, Le Goulag, Paris, PUF, 1999.
  • Guy Vinatrel, L’URSS concentrationnaire, éditions Spartacus, 1949.
  • Marie Jégo, « 7 avril 1930, le bureau politique instaure le Goulag », dans Le Monde du 03/03/2003, [lire en ligne]

Articles et ouvrages en anglais

  • Gustaw Herling, A World Apart: Imprisonment in a Soviet Labor Camp During World War II, Penguin, 1996, 284 pp. (ISBN 0-14-025184-7)
  • Paul Gregory, Valery Lazarev, The Economics of Forced Labour: The Soviet Gulag, Stanford, Hoover Institution Press, 2003 (voir aussi).
  • Zemskov, article Gulag - istoriko-sociologiceskij.

Notes et références

  1. cf les livres d'étude sociologique d'Alexandre Zinoviev sur la société soviétique et du système du communisme réel
  2. C’est-à-dire la mort de Staline ; il y avait alors 476 complexes composés de milliers de camps : voir N.G. Okhotine, A.B. Roginski, Sistema ispravitelno-troudovykh laguerei v SSR, 1923-1960 : spravotchnik, Moscou, 1995.
  3. a  et b Marie Jégo, « 7 avril 1930, le bureau politique instaure le Goulag », dans Le Monde du 3 mars 2003, [lire en ligne]
  4. a , b , c  et d Anne Applebaum, Goulag : Une histoire, 2005, p. 9.
  5. (en) The Other Killing Machine
  6. (en) Les victimes oubliées de Staline prisonnières du Goulag.
  7. Propagande par des mises en scènes sur les photographies ou sur les films ; dénigrement de Soljenitsyne, traité de fou et d’ivrogne : lire à ce sujet D.M. Thomas, Alexander Solzhenitsyn : A Century in His Life, Londres, 1998, p. 489-495.
  8. Dans La Révolution prolétarienne « dès 1928, une rubrique est ouverte : "Emprisonnés, déportés". Cette constance de l'antistalinisme est longtemps considérée par les militants de La Révolution prolétarienne comme une fidélité à l'idéal communiste trahi. » (Dictionnaire des intellectuels français, Seuil, 1996, p. 965). De même, en janvier 1928, Le Bulletin communiste de Boris Souvarine (communiste anti-stalinien) publie un article : « Au secours des déportés de Sibérie ».
  9. Varlam Chalmaov, Récits de la Kolyma, traduit du russe par Sophie Benech, Catherine Fournier et Luba Jurgenson, Lagrasse, Verdier, 2003
  10. Varlam Chalamov,Vichera, traduit du russe par Sophie Benech, Lagrasse, Verdier, 2000
  11. Collectif, Le Livre noir du communisme, 1998, p. 21-22.
  12. Deux pour cent de la population de chaque pays d'après David, E. Murphy, Ce que savait Staline, l'énigme de l'opération Barberousse, éd. Stock, 2006.
  13. Le Monde diplomatique Pourquoi Staline liquida le Comité antifasciste juif, décembre 1995.
  14. Alexandre Zinoviev, Les confessions d'un homme en trop, éd. Folio, 1991.
  15. Staline utilisa les mots « purification » ou « vermine » : lire Anne Applebaum, Goulag : Une histoire, trad. P.-E. Dauzat, éd. Grasset & Fasquelle, 2005, p. 32.
  16. Présentation de l’auteur en anglais
  17. Anne Applebaum, Goulag : Une histoire, 2005, p. 500.
  18. Jean Sévilla, Le Terrorisme intellectuel, Paris, Perrin, 2004, (ISBN 2262017727) , p. 25-26.
  19. Ibid., p. 29.
  20. Ibid., p. 32.
  21. Selon Jean-Jacques Marie, « A l'époque il est banal, voir courant, de nommer camp de concentration un camp d'internement ou de prisonniers. C'est le terme qu'utilisaient les représentants de l'amiral monarchiste Koltchak pour désigner les camps de Sibérie où croupissaient encore en 1919 166 000 prisonniers allemands et autrichiens de la guerre terminée, otages d'une guerre civile à laquelle ils n'avaient aucune part, ravagés par le typhus et la famine. », Le Goulag, PUF, p. 25.
  22. Les blancs finlandais ouvrent les premiers camps de la guerre civile en mai 1918 après leur victoire contre les socio-démocrates russes, voir Jean-Jacques Marie, « Trotsky et les camps de concentration ». Le premier « camp de concentration » bolchevique est créé en septembre 1918 à l’instigation du chef de la Tcheka, Dzerjinski, voir George Leggett, The Cheka : Lenin’s Political Police, Oxford, 1981, p. 102-120.
  23. Le pouvoir tsariste utilisa d’ailleurs l’internement contre les bolcheviks avant la Révolution de 1917.
  24. Mikhaïl Geller, Kontsentratsionny mir i sovetskaïa literatoura, Londres, 1974, p. 23-24.
  25. Texte du décret 45 au 15 avril 1919
  26. Anne Applebaum, Goulag : Une histoire, 2005, p. 10.
  27. Jean-Jacques Marie Le Goulag, PUF, collection Que sais-je ?, p. 31-33.
  28. Juri Brodsky, Solovki : Le Isole del Martitio, Rome, 1998, p. 75.
  29. Anne Applebaum, Goulag, une histoire, Paris, Grasset, 2005, p. 71 et sq.
  30. Ibid., p. 73
  31. Brodsky, Juri, Solovki: Le Isole del Martirio, Rome, 1998, p. 75
  32. Anne Applebaum, Goulag, une histoire, Paris, Grasset, 2005, p. 74
  33. Archives nationales de la République de Carélie, 690/6/(1/3)
  34. En 1930, le gouvernement américain interdit l’importation de produits fabriqués par les prisonniers du goulag (Tariff Act).
  35. a  et b Collectif, Le Livre noir du communisme, 1998, p. 14.
  36. Anne Applebaum, Goulag : Une histoire, 2005, p. 84.
  37. Nicolas Werth, « Goulag : les vrais chiffres », L'Histoire, n° 169.
  38. Nicolas Werth, « Repenser la Grande Terreur », Le Débat, n° 122, nov-déc. 2002, extraits ici.
  39. Anne Applebaum, Goulag : Une histoire, 2005, p. 132.
  40. Anne Applebaum, Goulag : Une histoire, 2005, p. 178.
  41. Terry Martin, The Affirmative Action Empire. Nations and Nationalism in the Soviet Union, 1923-1939.
  42. Catherine Gousseff, Les déplacements forcés des populations aux frontières russes occidentales (1914-1950).
  43. a  et b Anne Applebaum, Goulag : Une histoire, 2005, p. 22 et 460.
  44. Jean-Jacques Marie, Les Peuples déportés en Union soviétique, 1955.
  45. Anne Applebaum, Goulag : Une histoire, 2005, p. 478.
  46. Les spetslagueria est-allemands, Reczk en Hongrie, Lovech en Bulgarie, etc.
  47. Sabine Dullin, Histoire de l'URSS, La Découverte, 2003.
  48. À Norilsk, à Vorkouta et dans les camps spéciaux.
  49. Nicolas Werth, « La Russie soviétique : révolution, socialisme et dictature », dans L’Histoire n° 223, juillet-août 1998, p. 21.
  50. Lire à ce sujet Vladimir Boukovski, Un nouvelle maladie mentale en URSS : l’opposition, Paris, Seuil, 1971 ; Anne Applebaum, p. 595.
  51. L'éthique : de la recherche à la pratique - Docteur Jean Garrade - 24 avril 1997
  52. Prisoners of Conscience in the USSR. Their Treatment and Conditions, Amnesty International, 1975, p. 197-198.
  53. Martin Walker, The Waking Giant : The Soviet Union under Gorbatchev, Londres, 1986, p. 12.
  54. D’après les données d’Anne Applebaum, Goulag : Une histoire, 2005, p. 110-127 et p. 152.
  55. Anne Applebaum, Goulag : Une histoire, 2005, p. 113-114.
  56. N.G. Okhotine, A.B. Roginski, Sistema ispravitelno-troudovykh laguerei v SSR, 1923-1960 : spravotchnik, Moscou, 1995, p. 192.
  57. Jean-Paul Depretto, « Un grand chantier du premier plan quinquennal soviétique : Kuznetskstroï », dans CAIRN, n° 39, 200/2, [lire en ligne]
  58. Nicolas Werth, article « goulag » dans Dictionnaire historique et géopolitique du XXe siècle, La Découverte, 2002.
  59. K. P. Gourski, Mémoire inédit, Archives du Mémorial, 2 / 1 / 14-17.
  60. Anne Applebaum, Goulag : Une histoire, 2005, p. 216.
  61. L'isolateur principal se situait dans la tour-phare de l'église qui couronne le mont de la Hache.
  62. Le Goulag en a recensé 10 440 en 1947, Archives nationales de la Fédération russe, 9414/1/2632.
  63. Surnommé « la Serpentine », ce camp se trouvait près de la ville de Magadan et servit de lieu d’exécution en 1937-1938 ; lire Anne Applebaum, Goulag : Une histoire, 2005, p. 288.
  64. Par exemple pour la construction du canal de la mer Blanche.
  65. Guenrikh Iagoda, Edouard Berzine, Matvei Berman, Izraïl Pliner, etc.
  66. N.G. Okhotine, A.B. Roginski, Sistema ispravitelno-troudovykh laguerei v SSR, 1923-1960 : spravotchnik, Moscou, 1995, p. 220-221 et 341-343.
  67. Source : Anne Applebaum, Goulag : Une histoire, 2005, p. 630.
  68. En 1927, une grande amnistie libère 50 000 prisonniers de droit commun. En 1941, Staline décide de libérer les Polonais qu’il avait fait arrêter au début de la guerre. Une autre amnistie eut lieu pour les prisonniers de droit commun en 1946.
  69. Nicolas Werth, « La Russie soviétique : révolution, socialisme et dictature », dans L’Histoire, n°223, juillet-août 1998, p. 20.
  70. Anne Applebaum, Goulag : Une histoire, 2005, p. 335 et 337.
  71. Extrait des Récits de la Kolyma de Varlam Chalamov, 1978. (ISBN 2864323524)
  72. Les communistes étrangers subirent les purges staliniennes : en 1937, 5000 communistes polonais ont été exécutés ou déportés dans les camps soviétiques : lire Jeremy Agnew, Kevin McDermott, The Comintern, New York, 1997, p. 143-149.
  73. Keith Sword, Deportation and Exile: Poles in the Soviet Union, 1939-1948, New York, 1994 ; Anne Applebaum, Goulag : Une histoire, 2005, p. 164.
  74. Considéré comme « agitation antisoviétique » : Anne Applebaum, Goulag : Une histoire, 2005, p. 165 et 338.
  75. Article 58 du Code pénal.
  76. John Stephan, The Russian Far East : A History, Stanford, 1994, p. 227.
  77. Anne Applebaum, Goulag : Une histoire, 2005, p. 204-206.
  78. Entretien d’Anne Applebaum avec Anna Andreïevna, Moscou, 28 mai 1999 ; cf Anne Applebaum, Goulag : Une histoire, 2005, p. 217 et 690.
  79. Anne Applebaum, Goulag : Une histoire, 2005, p. 33.
  80. David Nordlander, Capital of the Gulag. Magadan in the Early Staline Era, 1929-1941, thèse, UNC Chapel Hill, 1997, p. 159.
  81. Viktor Berdinskikh, Viatlag, Kirov, 1998, p. 24-43.
  82. Les stratégies de survie et de fraude des zeks s’appellent la « toufta ».
  83. David Nordlander, Capital of the Gulag. Magadan in the Early Staline Era, 1929-1941, thèse, UNC Chapel Hill, 1997.
  84. Anne Applebaum, Goulag : Une histoire, 2005, p. 73.
  85. Anne Applebaum, Goulag : Une histoire, 2005, p. 272-283.
  86. Nicolas Werth, Article « goulag » dans Dictionnaire historique et géopolitique du XXe siècle, La Découverte, 2002 ; voir aussi Anne Applebaum, Goulag : Une histoire, 2005, p. 224.
  87. Anatoli Tsigankov, Ikh nazali KR, Petrozavodsk, 1992, p. 196-197 ; voir aussi Anne Applebaum, Goulag : Une histoire, 2005, p. 58-59.
  88. Anne Applebaum, Goulag : Une histoire, 2005, p. 123.
  89. Les gardes de Solovetski attachaient les prisonniers dans la forêt nus : ils mouraient de froid en hiver ou étaient piqués par des myriades de moustiques en été : lire Anne Applebaum, Goulag : Une histoire, 2005, p. 61.
  90. Pour voir ces réalisations, consulter le site du Memorial museum
  91. Jean Radvanyi, La nouvelle Russie, Collection U, Armand Colin, 2004, 3e édition mise à jour, (ISBN 2200266871), p.58
  92. Edward Buca, Vorkuta, Londres, 1976, p. 152.
  93. Une zemlianka, des zemlianki, lire Anne Applebaum, Goulag : Une histoire, 2005, p. 143 et 236.
  94. Thomas Sgovio, Dear America, Kenmore, New York, 1979, p. 175.
  95. Anne Applebaum, Goulag : Une histoire, 2005, p. 250.
  96. Olga Adamova-Sliozberg et al., L’Aujourd’hui blessé, 1997.
  97. Anne Applebaum, Goulag : Une histoire, 2005, p. 372-373.
  98. Ibid., p. 303.
  99. Ibid., p. 305.

Voir aussi

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