Cathédrale Saint-Gervais-et-Saint-Protais de Soissons

Cathédrale Saint-Gervais-et-Saint-Protais de Soissons
Cathédrale Saint-Gervais-et-Saint-Protais de Soissons
Image illustrative de l'article Cathédrale Saint-Gervais-et-Saint-Protais de Soissons
Présentation
Nom local Cathédrale de Soissons
Culte Catholique romain
Type Cathédrale
Rattaché à Diocèse de Laon et Soissons (siège)
Début de la construction 1176
Fin des travaux 25 avril 1479
Style(s) dominant(s) Gothique
Protection  Classé MH (1862)
Géographie
Pays Drapeau de France France
Région Picardie
Département Aisne
Ville Soissons
Coordonnées 49° 22′ 51″ N 3° 19′ 31″ E / 49.3808, 3.325249° 22′ 51″ Nord
       3° 19′ 31″ Est
/ 49.3808, 3.3252
  

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Cathédrale Saint-Gervais-et-Saint-Protais de Soissons

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Cathédrale Saint-Gervais-et-Saint-Protais de Soissons

La cathédrale Saint-Gervais-et-Saint-Protais est une cathédrale française de style gothique classique. Elle est située à Soissons dans l'Aisne (à 99 km au nord-est de Paris).

La grande façade occidentale est relativement dénudée et fort dissymétrique avec une seule tour sur la droite du côté sud. Mais c'est loin d'être la plus belle partie de l'édifice. Encore mal connue du public, la cathédrale de Soissons est riche de plusieurs grands chefs d'œuvre de l'architecture gothique du Moyen Âge : le bras sud de son transept d'abord, joyau du sanctuaire, est un pur chef d'œuvre du gothique primitif ; le chœur en est un autre, mais du style lancéolé ; le bras nord du transept enfin et sa magnifique verrière doivent être considérés comme un des sommets de l'art gothique rayonnant.

Sommaire

Histoire[1],[2]

Le maître-autel de la cathédrale est entouré de deux statues de marbre blanc datant de la deuxième moitié du XVIIIe siècle et représentant l'Annonciation, œuvres de Michel-Ange Slodtz. À gauche, le trône de l'évêque.
La superbe verrière du croisillon nord. La rosace rayonnante date du début du XIVe siècle.

La construction de l'actuelle cathédrale de Soissons, la troisième dans l'histoire, commença en 1176, et se poursuivit durant trois siècles. La célébration de la dédicace par l'évêque Jean Milet eut lieu le 25 avril 1479.

C'est au IVe siècle que débute l'histoire du diocèse de Soissons, suite au démembrement de celui de Reims. Mais l'emplacement de la première cathédrale reste inconnu à ce jour. En 815, une deuxième cathédrale est consacrée et semblait se trouver à l'emplacement de la cathédrale actuelle. Cette cathédrale carolingienne subit en 948 un incendie provoqué par les troupes d'Hugues le Grand, père d'Hugues Capet, mais les documents d'archives nous donnent peu de détails quant à l'étendue des dégâts.

Les travaux de l'actuelle et troisième cathédrale semblent avoir débuté à la fin du XIe siècle, mais sur un mode fort mineur, et ce n'est qu'au milieu du XIIe siècle que débuta le chantier d'envergure, grâce à l'action de trois évêques : Josselin de Vierzy (1126-1152), Anscoul de Pierrefonds (1152-1158) et Nivelon de Quierzy (1176-1207).

Dès 1176, l'évêque Nivelon de Quierzy avait lègué au chapitre cathédral un terrain afin de construire le bras sud du transept, lequel constitue la partie la plus ancienne de l'édifice et se termine par une abside arrondie. À l'inverse du reste de la cathédrale, ce bras de transept a une élévation à quatre étages ou niveaux, et non trois. Il date de la fin du XIIe siècle et doit être considéré comme un pur chef d'œuvre du premier âge gothique.

Le chœur de la cathédrale très vaste et lumineux fut construit juste après, entre 1197 et 1212. Il est entouré d'un large déambulatoire sur lequel s'ouvrent cinq chapelles rayonnantes.

La nef à collatéraux nord et sud date des années 1212 à 1230.

La façade occidentale de l'édifice date du milieu du XIIIe siècle.

La construction du bras nord du transept commença à la fin du XIIIe siècle et se poursuivit au début du siècle suivant. Il en va de même de sa superbe verrière dotée d'une rosace.

Simultanément, la construction de la tour sud de la façade occidentale, inspirée de celles de Notre-Dame de Paris, avançait, mais très lentement, d'autant plus que les travaux se retrouvèrent au point mort au milieu du XIVe siècle siècle à cause de la Guerre de Cent Ans.

En 1414 les Bourguignons assiégèrent la ville et permirent aux habitants de piller le chantier pour leur usage personnel. Tant et si bien qu'en définitive la tour sud ne recevra jamais la flèche initialement prévue. Plus grave encore, la cathédrale sera privée définitivement de sa tour nord par manque d'argent.

Le 25 avril 1479, l'évêque de la ville Jean Milet, procéda à la dédicace de la cathédrale dans un édifice inachevé. Cette date est considérée comme la fin de la période de construction du sanctuaire.

À la fin du XVIe siècle, les Huguenots occupèrent Soissons et vandalisèrent atrocement l'édifice : le mobilier fut brûlé, le trésor pillé, le clocher qui s'élevait à la croisée du transept fut renversé et la statuaire des portails se retrouva très gravement endommagée. Suite à ces évènements, l'importante restauration nécessaire se fit attendre, mais n'a pas vraiment eu lieu. La cathédrale reçut cependant des nouvelles chapelles, tandis que le décor et le mobilier du chœur fut renouvelé entre 1767 et 1775 sous la direction du sculpteur Michel-Ange Slodtz.

À l'époque de la révolution la cathédrale subit de nouvelles dégradations. En 1798 les théophilanthropes détruisirent les derniers éléments de la statuaire des portails.

Sous le Premier Empire napoléonien, la cathédrale fut transformée en poudrière. En 1815 une explosion se produisit qui détruisit les vitraux de la nef. Ceux du chœur furent épargnés, de même que la verrière du bras nord du transept.

En 1862, la cathédrale fut classée parmi les monuments historiques[3], ce qui permit des réparations conséquentes.

Mais l'atteinte à l'intégrité de ce remarquable monument ne s'arrêta pas pour autant. À peine restaurée, la cathédrale servit de cible durant les combats de la Première Guerre mondiale. Au sortir des hostilités, la tour avait subi de sévères dommages ; il en allait de même d'une partie de la nef. Une longue restauration suivit, menée par l'architecte Émile Brunet, et qui se termina en 1937.

Plan de la cathédrale de Soissons

Dimensions

  • La cathédrale a une longueur extérieure de 116 mètres, ce qui la classe parmi les grandes cathédrales gothiques de France (Notre-Dame de Reims : 149,17 mètres, Notre-Dame d'Amiens : 145 mètres, Notre-Dame de Paris : 130 mètres).
  • Largeur extérieure de la nef : 26 mètres sans les chapelles latérales des travées 5 et 6
  • Largeur totale de la façade occidentale, contreforts latéraux compris : 38 m.
  • Largeur de la façade sans les contreforts latéraux : 32 m.
  • Largeur intérieure du vaisseau central : 11,5 m.
  • Taille des travées barlongues de la nef : 11,5 × 6 m.
  • Taille des travées des collatéraux : 5 × 6 m.
  • Largeur intérieure totale de la nef : 21,5 m.
  • Longueur intérieure du croisillon sud du transept : 13 m.
  • Longueur intérieure du croisillon nord : 11,5 m.
  • Longueur intérieure du transept : 46 m.
  • Largeur du transept sans ses collatéraux : 10 m.
  • Diamètre nord-sud des piliers de la croisée du transept : 2,9 m.
  • Hauteur sous voûte du chœur : 31 m. (Notre-Dame de Paris : 33,5 m.)
  • Hauteur sous voûte du croisillon nord du transept : 31 m.
  • Hauteur sous voûte du croisillon sud du transept : 23 m. (Paris : 33,5 mètres)
  • Hauteur de la tour : 66 m. (Notre-Dame de Paris : 69 mètres)
La tour de la cathédrale de Soissons est à peu près de même hauteur que les deux tours de façade de Notre-Dame de Paris
La face sud de la tour ne manque pas d'ornements

L'extérieur de la cathédrale

La façade occidentale

La façade occidentale de la cathédrale de Soissons apparaît d'emblée comme très robuste, mais assez austère. Elle comporte trois niveaux. Elle est totalement dissymétrique, la tour nord prévue au départ n'ayant jamais été construite et ayant de ce fait laissé un grand vide fort apparent. À la base de la façade, on retrouve les trois portails traditionnels. Mais ceux-ci, ravagés par le vandalisme des Huguenots, puis par des réfections désastreuses menées par l'un ou l'autre restaurateur incompétent non respectueux du gothique au XVIIIe siècle, enfin par les révolutionnaires, ont malheureusement perdu toute statuaire et ornement. Ils sont donc sans grand intérêt archéologique.

Au-dessus de l'étage des portails, on trouve, au centre, une belle rosace rayonnante soulignée par un grand arc brisé. De chaque côté de cette rosace, sous l'emplacement des tours, se trouvent deux grandes baies géminées surmontées chacune d'un oculus à six lobes.

Au sommet de la façade, au centre, une galerie ornée de fort élégantes arcatures géminées devait relier les deux tours.

Quatre puissants contreforts très marqués divisent verticalement l'édifice. Ils sont destinés à assurer la stabilisé tant de la façade que des deux tours initialement prévues. Et l'on peut dire qu'ils n'ont pas failli à leur mission puisque durant les combats de la Première Guerre mondiale, la tour endommagée au sommet par des tirs d'artillerie, a fort bien résisté[4].

La tour de la cathédrale

La partie sud de la façade supporte la seule tour existante. Celle-ci, de plan carré comme à Paris ne comporte qu'un seul niveau. Sa base est entourée par la continuation de la galerie supérieure du centre de la façade, et donc fort joliment ornée. Suivant un schéma classique en Île-de-France, chacune des quatre faces de la tour est percée de deux longues baies garnies d'abat-sons. Le sommet de la tour est constitué d'une terrasse entourée d'une balustrade. Dans l'angle sud-est de cette terrasse se dresse un petit clocheton abritant le haut d'un escalier à vis inscrit au sein d'un puissant contrefort.

La face sud de la tour, qui forme un tout avec le massif de façade sur lequel elle se dresse, ne manque nullement d'ornements. Elle est d'ailleurs plus décorée que celle de Notre-Dame de Paris. Pourvue de larges baies ainsi que de sa petite galerie d'arcatures qui prolonge la galerie du sommet de la façade, elle parait même fort élégante. Elle est flanquée à sa base d'une tourelle octogonale qui fait corps avec elle. Celle-ci, coiffée d'un joli toit conique est percée de meurtrières et héberge un escalier permettant d'accéder aux étages de la façade et de la tour.

Une tourelle identique existe par ailleurs au nord, bordant la face nord du massif de la façade occidentale.

Les façades latérales

La façade sud et le croisillon sud du transept

Le croisillon sud du transept est extérieurement d'une grande élégance. Sa structure, toute en courbes est fort agréable à contempler et forme un grand contraste avec le reste de la cathédrale. Entre les arcs-boutants fort discrets, on peut contempler trois jolies baies supérieures bien ornées ainsi que trois baies plus larges tout au long des deux niveaux inférieurs. La chapelle ronde attenant à la face orientale du transept est couverte d'un toit aux tuiles colorées de teintes diverses.

Côté sud de la cathédrale

A l'est du croisillon, dans l'angle formé avec le chœur, s'élève une longue tourelle quadrangulaire coiffée d'un toit conique pointu. Cette structure qui s'élève jusqu'à la base du toit du vaisseau principal nef-chœur abrite un long escalier à vis permettant d'atteindre les combles et le toit du long vaisseau.

Ce vaisseau principal est flanqué sur toute sa longueur de très robustes arcs-boutants à deux volées s'appuyant sur de massifs contreforts peu ornés. De l'ensemble, destiné à assurer la stabilité sans faille de l'édifice, se dégage une grande impression de force et de solidité.

Le portail du croisillon nord - à gauche : le chœur - dans le fond à droite : le croisillon nord du XIVe siècle

Le croisillon nord du transept

Soutenu par quatre arcs-boutants, deux à l'est et deux à l'ouest, le croisillon nord du transept est également dépourvu de portail vraiment digne d'intérêt. Son portail se situe non pas à l'extrémité du croisillon, mais sur sa face orientale. Le mur de fond ou d'extrémité du croisillon est orné en sa partie supérieure d'une rosace inscrite dans un arc brisé. A sa base, les écoinçons sont garnis de quatre lancettes. Le tout est surmonté d'un pignon orné d'un oculus aveugle.

La partie inférieure de cette façade, presque entièrement aveugle, percée de quatre méchants orifices rectangulaires grillagés et voisinant un gros mur en ruine, donne une triste impression de délabrement.

Le toit

La plus grande partie de la cathédrale est couverte d'ardoises. Seule la grande chapelle ronde qui flanque le croisillon sud du côté sud-est, est couverte de tuiles polychromes du plus bel effet.

La base de ce toit est longée par une longue galerie qui contourne le chevet à l'est et se prolonge à l'ouest jusqu'à la tour. Elle est flanquée d'une balustrade.

Le chevet et ses arcs-boutants

Comme la grande façade occidentale, le chevet n'est pas particulièrement attractif au premier abord. Les hautes baies des chapelles rayonnantes, dotées de vitraux, sont séparées par des contreforts très saillants mais peu élégants.

Les arcs-boutants du chevet de la cathédrale de Soissons sont particulièrement intéressants du point de vue de l'évolution de la construction gothique. Ils sont à double niveau et contrebutent la partie supérieure du chœur. Ils s'appuient extérieurement sur de grandes culées lourdes et massives. Leur tête (partie supérieure) vient s'appuyer contre des piles portées par des colonnes engagées dans le mur. Il est intéressant d'observer que le dernier claveau de chacun des deux arcs n'est pas engagé dans la pile et reste libre de glisser dans le cas où la voûte ferait un mouvement par suite d'un tassement des points d'appui verticaux, faute de quoi les arcs-boutants se briseraient.

L'arc-boutant supérieur prend appui sur la partie de la pile du chœur située au-dessus du centre de poussée des voûtes, là ou s'exerce la partie supérieure de la poussée. Il en va de même de l'arc-boutant inférieur qui contrebute la voûte au niveau de la partie inférieure de la poussée. L'ensemble de ces deux arcs-boutants assure une stabilité maximale aux voûtes de l'édifice. C'est une innovation importante qui sera perfectionnée à Notre-Dame de Chartres, cathédrale dont l'épaisseur et donc le poids des voûtes sont très importants.

Contrairement aux arcs-boutants construits ultérieurement (Notre-Dame de Chartres, Notre-Dame de Paris, et d'autres), le chaperon de l'arc-boutant supérieur ne sert pas encore de canalisation pour conduire les eaux des chéneaux du toit de l'édifice vers l'extrémité inférieure de l'arc, et donc les sommets des culées ne sont pas encore dotés de gargouilles.

L'ensemble très ramassé de ce chevet donne une impression de robustesse et de solidité à toute épreuve. Il n'est guère difficile de se convaincre que la cathédrale est capable de défier encore bien des siècles.

Le chevet, à l'est de la cathédrale. Remarquez la robustesse des arcs-boutants et la puissance des culées massives sur lesquels ils s'appuient. Ces arcs-boutants sont à double niveau. C'est une innovation importante qui sera perfectionnée à Notre-Dame de Chartres.
Les arcs-boutants du chœur de la cathédrale de Soissons. Dessin de Viollet-le-Duc.


L'intérieur de la cathédrale

Cette superbe vue de la nef et de la rosace occidentale, prise depuis le chœur de la cathédrale, met en relief toute la majesté de l'édifice et l'extrême pureté de ses lignes. Remarquez les énormes piliers qui, à l'avant-plan, encadrent la croisée du transept, et qui étaient destinés à supporter une tour-lanterne
Le croisillon nord du transept et sa magnifique verrière sont un chef d'œuvre du gothique rayonnant. L'ensemble date du règne du roi Philippe le Bel aux environs de l'an 1300.
Le croisillon sud du transept de la cathédrale avec ses tribunes. À l'arrière plan : la grande chapelle ronde qui s'ouvre du côté sud-est de ce croisillon
Le chœur avec sa belle clôture en fer forgé, et le déambulatoire au niveau du rond-point
Détail de la clôture du chœur en fer forgé

L'impression fort mitigée laissée par les portails dépourvus de leurs ornements passés, ne laisse pas présager l'impressionnante beauté du large et profond vaisseau bordé d'impressionnantes colonnades.

La nef

Si l'on excepte les croisillons, l'intérieur de la cathédrale est tout à fait symétrique. Ce superbe grand vaisseau est sobre, bien éclairé et extrêmement harmonieux. Rien de superflu ne parvient à rompre cette tranquille et reposante harmonie. La nef, constituée de sept travées, est précédée d'un narthex d'une travée. Son élévation comporte trois niveaux : grandes arcades, triforium et fenêtres hautes. Les baies du triforium sont à quatre arcades et sont surmontées de hautes fenêtres géminées, elles-mêmes surmontées d'oculi plurilobés. Les collatéraux possèdent de larges fenêtres. Les voûtes d'ogives quadripartites sont de plan barlongue[Note 1] dans la nef et à plan carré dans les deux collatéraux.

Une mention particulière doit être faite concernant les colonnes. Les ogives de la voûte et des arcades y retombent sous forme de faisceau, jusqu'aux chapiteaux. En dessous des chapiteaux, se trouvent des colonnes rondes dotées d'une unique colonnette engagée. Ce type de colonne porte le nom de pilier soissonnais ou colonne soissonnaise (voir photo dans la galerie).

Au nord de la nef, à hauteur de la troisième travée de l'édifice, se trouve un accès vers une très grande salle composée de trois vaisseaux de trois travées[5]. Enfin, au niveau de la cinquième et de la sixième travée de l'église, on a construit des chapelles latérales qui s'ouvrent dans le collatéral sud.

Les vitraux de la nef sont presque tous verts bouteille transparents suite à leur remplacement après l'explosion de 1815.

Le grand orgue de tribune a été construit par Victor Gonzalez en 1956.

Le transept

Le croisillon nord

Le croisillon nord du transept de style gothique rayonnant date du dernier quart du XIIIe siècle, après décision de reconstruire l'ancien bras nord qui était approximativement du même style que le bras sud actuel. Ce transept nord est un modèle du genre, fort belle réussite esthétique qui parvient à respecter l'unité de hauteur avec le chœur construit quelque 75 ans auparavant, tout en introduisant le gothique rayonnant dans la cathédrale de Soissons.

Il présente la même structure architecturale à trois étages que la nef. La partie la plus remarquable est l'extrémité nord qui est dotée d'une splendide grande verrière parée de magnifiques vitraux. Elle est composée d'une superbe rosace rayonnante, accompagnée d'une claire-voie à quatre baies surplombées par des gables. Entre les deux, dans l'espace entre la rosace et la claire-voie, se trouvent quatre fenêtres en lancettes supportant la partie inférieure de la rosace. L'ensemble est d'une grande élégance, et doit être considéré comme un chef d'œuvre de l'art gothique rayonnant.

Une peinture de Rubens, l'Adoration des Bergers orne le croisillon nord du transept, de même qu'une peinture de Philippe de Champaigne, la Remise des clés à saint Pierre datant de 1624[6].

Le croisillon sud

Le croisillon sud est d'architecture différente et constitue le joyau de la cathédrale.

Partie la plus ancienne de l'édifice, il est de style gothique primitif, à l'instar des cathédrales de Laon et de Noyon. C'est une véritable manifestation du premier art gothique par ses quatre niveaux d'élévation. Il présente en effet une élévation à quatre étages, et non trois comme c'est le cas pour la nef et le chœur. Outre les grandes arcades, le triforium et les fenêtres hautes, il possède en effet un premier étage de tribunes (comme Notre-Dame de Paris, laquelle en revanche n'a pas de triforium). Il se termine par une abside arrondie. L'ensemble est en forme d'hémicycle. Plus étroit que le croisillon nord, mais un peu plus profond, il est entouré d'un déambulatoire, lui aussi plus étroit que celui du chœur. Les grandes arcades sont étroites et séparées par une série de piliers soissonnais, en alternance avec de plus légères colonnettes (à raison d'un pilier puis deux colonnettes), les tribunes présentent trois arcades, tandis que le triforium en a six.

Du côté sud-est du déambulatoire du croisillon sud s'ouvre largement une grande chapelle ronde à étage. Le rez-de-chaussée de celle-ci est voûtée de 10 ogives convergeant au sommet en une fort belle clé de voûte présentant un agneau. L'étage ou chapelle haute s'ouvre sur les tribunes du transept.

La croisée du transept

La construction de la cathédrale qui avait débuté par le croisillon sud du transept se poursuivit par l'édification de la croisée du transept. C'est à ce moment que s'opéra le changement de style de la construction. Entamée avant l'achèvement du transept, la croisée vit disparaître les tribunes remplacées par des grandes arcades bien plus élevées.

En observant avec attention cette croisée, on remarque la présence de quatre énormes piliers d'un diamètre impressionnant. Ils étaient initialement destinés à supporter une tour-lanterne comme celles des cathédrales normandes et celle de la cathédrale de Laon. Cette tour-lanterne ne vit jamais le jour. Mais les dimensions de la croisée, plus monumentales, ont d'emblée servi de modèle au chœur (dont la construction débuta dès 1190, soit quelques années avant la cathédrale de Chartres), et aussi à la nef dont l'extrémité orientale fut mise en chantier au même moment que le chœur.

Le chœur

Le chœur est un des premiers chefs-d'œuvre du gothique lancéolé. Il présente la même architecture à trois étages que la nef. Entouré d'un large déambulatoire (de 5 à 6,5 m de large), il possède cinq chapelles rayonnantes peu profondes installées entre les piliers du chevet doublés des contreforts. Le chœur est constitué de quatre travées barlongues ou rectangulaire, plus l'abside ou rond-point. Au niveau des travées barlongues, le triforium est composé de baies à quatre arcades et supporte des fenêtres hautes géminées à deux lancettes. Au niveau de l'abside, le triforium n'a plus que trois arcades et les fenêtres hautes perdent une lancette.

Les chapelles rayonnantes ont une voûte commune avec la partie du déambulatoire qui les jouxte, dont la clé de voûte, située à la jonction entre les chapelles et le déambulatoire proprement dit, reçoit huit ogives. Quatre d'entre elles appartiennent en propre aux chapelles et deux à la voûte du déambulatoire, les deux dernières étant intermédiaires.

Les fenêtres hautes du chœur formées de deux lancettes présentent de très beaux vitraux des XIIIe et XIVe siècles, rescapés de la catastrophe de 1815. Une tapisserie du XVe siècle représente la vie des martyrs Gervasius et Protasius, les deux saints patrons de la cathédrale.

Le fort beau mobilier du chœur fut implanté entre 1767 et 1775. Une remarquable grille en fer forgé paré de dorures sépare le chœur du déambulatoire. Le maître-autel de la cathédrale, installé au fond de l'abside est entouré de deux statues de marbre blanc représentant l'Annonciation, œuvres du sculpteur Michel-Ange Slodtz. Plus à gauche, on peut voir le trône de l'évêque datant de la même époque.

L'orgue

Le contrat de construction de l'orgue est accordé en 1949 à Victor Gonzalez. Connu pour ses talents d'harmoniste et l'intérêt qu'il porte à l'orgue néoclassique, il signe là son dernier ouvrage. L'instrument est inauguré en 1956.

Sa traction mécanique, avec machine Barker, est une exception en ces années 1950. Victor Gonzalez est le dernier à faire usage de ce système qui tombera en désuétude après lui. La traction des registres est électrique pour permettre des combinaisons ajustables, de même qu'à la pédale pour autoriser deux séries de jeux en extension (flûtes et bourdon). La composition, établie par Norbert Dufourcq, est presque anachronique pour l'époque: nombreux jeux de fond de 8 pieds sans doute à la demande du titulaire de l'époque, le chanoine Henri Doyen, élève de Louis Vierne. Sur le plan de l'harmonisation, on remarque une tendance au raffinement, à la douceur, caractéristique du goût de l'avant-guerre. L'orgue de Soissons relève d'une esthétique déjà obsolète en 1956.

Vers 1985, l'orgue montre des signes de fatigue importants au niveau de la traction électrique des jeux. Un devis de remise en état fut demandé à la société Danion-Gonzalez qui a conclu à la nécessité d'une restauration totale. L'orgue a été seulement nettoyé et réparé.

Galerie

Visite virtuelle de la cathédrale

Vidéo : visite virtuelle de la cathédrale

Divers

Le carillon des heures : Maurice Duruflé composait son œuvre pour orgue Fugue sur le carillon des heures de la Cathédrale de Soissons op. 12 (1962)

Notes et références

L'Adoration des Bergers de Rubens orne le croisillon nord du transept

Notes

  1. La voûte d'ogives est dite barlongue lorsqu'elle forme, à chaque travée, un rectangle dont le côté le plus long est perpendiculaire à la nef. Voir aussi voûte.

Références

Voir aussi

Articles connexes

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Liens externes


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